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5. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Il ne peut être nuisible de faire réciter ce qu’il est utile d’écrire. […] celui qui dans des écrits timides caresseroit leurs préjugés ? […] Il faut poser des loix écrites, des loix coercitives, des loix consenties par ceux qui représentent la Nation. […] Ils doivent obéir aveuglement aux loix écrites, comme l’automate de Vaucanson obéissoit à des loix mécaniques. […] Je consens que l’on dise de moi ; cet homme écrit mal ; il a fait un mauvais ouvrage : pourvu qu’on soit obligé de dire ; cet homme à raison ; cet homme écrit la vérité.

6. (1694) Lettre à l’abbé Menard « Lettre LIII. De remercîment à M. l’Abbé Menard. Il y est parlé de quelques Ouvrages dont ont porte le jugement. » pp. 62-63

Les fonctions des Pâques et du Jubilé, Monsieur, qui m’ont occupé jusques ici, m’ont empêché de vous remercier plutôt du soin que vous avez pris de m’écrire et de m’envoyer quelques ouvrages qui paraissent depuis peu sur la scène. Le manifeste du Prince d’Orange est assez bien écrit : il y a des endroits qui sont assez spécieux, d’autres faibles, et quelques-uns qui ne conviennent pas à la personne qui parle. Aussi je suis persuadé que c’est une composition de quelque bel esprit aventurier, et non pas un écrit du Prince d’Orange. […] Boileau, et je l’ai trouvée comme vous me l’aviez écrit.

7. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Aristote, dont le prodigieux sçavoir embrassa toutes les connaissances humaines, ne dédaigna pas d’instruire ceux qui voudraient marcher sur les traces de Sophocle & d’Aristophane ; l’ouvrage qu’il composa à ce sujet est aussi célébre que ses plus sublimes écrits. […] Le Traité de l’Art du Théâtre, que je présente au Public, est plutôt un essai qu’un écrit dans les formes. […] Loin de trop présumer de mes forces, en mettant au jour cet abrégé des règles les plus nécessaires au Théâtre, je n’ai cherché qu’à montrer avec quel zèle je saisis les occasions d’être utile ; & combien je serai flatté d’écrire désormais dans un genre qui distingue l’homme de Lettres, & qui lui mérite seul ce nom respectable. […] Qu’on ne craigne point de s’égarer en adoptant mes principes ; les Grands-Hommes qui ont traité des règles du Théâtre, seront presque toujours mes guides ; c’est à la lueur de leurs écrits que je ferai marcher les Poètes qui voudront me lire. […] Je puis donc me promettre de n’être pas sans cesse le copiste de ceux qui ont écrit avant moi les règles du Poème Dramatique.

8. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Voilà, Monseigneur, à quelle occasion ce Théologien a écrit la Lettre qui fait tant de bruit, et dans quel esprit j’ai pris la liberté, à son insu, de la mettre au jour. […] Il est rapporté dans les Ecrits du Cardinal Bessarion, Patriarche de Constantinople, dont Baronius fait mention dans ses Annales Ecclésiastiques, que le Pape Alexandre III, après avoir terminé ses différends avec l’Empereur Frédéric premier, surnommé Barberousse, accorda plusieurs privilèges aux Vénitiens, en considération de l’asile qu’ils lui avaient donné pendant la guerre ; et particulièrement le droit d’avoir la troisième place pour leur Duca au Théâtre du Papeb. […] S’ils ont excité un peu de curiosité ils ont bien causé des bâillements ; et le plus heureux fruit que puisse faire ce qu’ils ont écrit, c’est, Monseigneur, de leur inspirer une ferme résolution de ne plus écrire. […] » Le Cardinal de Richelieu qui était un grand Théologien, un grand Evêque, et un grand Ministre d’Etat, se serait-il si hautement déclaré le Protecteur de la Comédie, et de ceux qui écrivaient avec succès pour le Théâtre, s’il eût trouvé ce Divertissement indigne d’un Chrétien : et la Sorbonne, qui lui est redevable de tant de bienfaits, peut-elle condamner ce qu’approuvait ce grand Homme, sans donner une atteinte à sa mémoire ?  […] [NDUL] Boursault a dû tirer ce renseignement de l’écrit anonyme de l’abbé d’Aubignac : Dissertation sur la condamnation des théâtres, Paris, 1666, in-12, p. 100.

9. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Il aurait dû l’en faire tomber, si j’aspirais à l’honneur de bien écrire ; mais j’ose en rechercher un autre, dans lequel je ne crains la concurrence de personne. […] Du moins, tel est mon sentiment, et mes raisons sont dans cet écrit. […] Je n’ignore pas combien cet écrit, si loin de ce qu’il devrait être, est loin même de ce que j’aurais pu faire en de plus heureux jours. […] J’écrivais pour ma patrie : s’il était vrai que le zèle tînt lieu de talent, j’aurais fait mieux que jamais ; mais j’ai vu ce qu’il fallait faire, et n’ai pu l’exécuter. […] J’étais malade et triste ; et, quoique j’eusse grand besoin de distraction, je me sentais si peu en état de penser et d’écrire que, si l’idée d’un devoir à remplir ne m’eût soutenu, j’aurais jeté cent fois mon papier au feu.

10. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Ne pouvant lui parler à lui-même, je prends le parti de lui écrire. […] La fermentation passe du sang dans les écrits qui échappent ensuite. […] La France dévore ses écrits et condamne ses sentiments ; moi, j’examine son cœur, et je plains sa situation. […] Le monde vous importunait ; vous étiez malade ; vous vous êtes jeté dans la solitude, et c’est de là que vous écrivez ! Auriez-vous pu ne pas écrire avec humeur !

11. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Aucun de nos Poètes n’a rien écrit de supérieur pour la beauté et l’élévation des sentiments à ces deux morceaux de votre Epître, dont l’un commence, Trop insensé qui séduit par la gloire…, et l’autre encore plus précieux, Je veux qu’épris d’un nom plus légitime…. […] Non, non, l’esprit n’imagine point de si divines maximes : c’est la plume du cœur qui les écrit ; c’est lui seul qui les enfante, parce que lui seul en a le germe dans son sein. […] Jugement terrible que nous prononcerons contre nous-mêmes à l’instant de la mort, instant où tous les voiles tomberont, et où il sera trop tard, comme vous le dites éloquemment, pour brûler nos Ecrits suspects et indélébiles au flambeau de notre agonie. […] [NDE] La Chartreuse , pièce de Jean-Baptiste Gresset écrite en 1734 b. […] [NDE] Le Méchant, comédie en 5 actes écrite Jean-Baptiste Gresset en 1747.

12. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre prémier. Qu’on ne doit pas se figurer que la composition des nouveaux Drames soit aisée. » pp. 116-120

Le plus grand nombre de nos gens de Lettres, loin d’écrire avec art les bagatelles qu’ils composent, s’éxemptent même quelquefois de mettre du bon sens dans les Ouvrages un peu relevés que leur plume ose enfanter. […] Je ne crois pas que les Poètes qui se consacrent à ce genre ayent plus de facilité à composer du frivole qu’à produire des ouvrages sublimes ; mais quand même ils écriraient plus volontiers d’un stile lâche & rampant, il ne faudrait pas les mépriser ; au contraire, ils mériteraient d’avantage notre estime. […] J’ai cru pendant long-tems, je l’avoue à ma honte, qu’on pouvait composer un Poème pour le nouveau Théâtre avec autant de rapidité qu’on écrit des Chansons. […] L’homme de mérite dont je viens de parler m’assura qu’il était aussi longtems à s’occuper du plan d’une Comédie-mêlée-d’Ariettes, qu’à en écrire les Sçènes.

13. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Préambule J e sens bien qu’il y a à peu près autant d’imprudence, pour ne pas dire de ridicule, à écrire aujourd’hui contre les spectacles, qu’il y en aurait à blâmer l’usage du vin en présence de convives tout remplis de ses fumées ; mais je sais aussi que toute ivresse a des intervalles pendant lesquels on permet à l’homme de sang-froid, de s’efforcer d’en diminuer les trop grands excès. […] pouvez-vous vous taire, parler ou écrire, sans craindre qu’on ne donne une mauvaise interprétation à votre silence, à vos paroles, ou à vos écrits ? […] J’ai consulté, outre les lumières de la plus longue expérience de mes doyens d’âge, les différents genres de traditions historiques, les écrits authentiques et les mémoires secrets, les anecdotes et même les arts et leurs productions ; j’y ai observé les hommes et le cours de leurs vertus, de leurs vices, de leur langage, de leurs actions, les variations des principes et de l’esprit des sociétés ou des cercles et coteries, en un mot, le mouvement de l’opinion et des mœurs. […] C’est cette seule considération qui me porte à écrire après eux, à attaquer aujourd’hui cet ouvrage par rapport à ses résultats sur nos mœurs, et à montrer combien étaient justes les pressentiments de ces grands hommes, et comment l’objet de leurs craintes s’est réalisé avant, et sans l’influence des nouvelles théories philosophiques. […] Si cette considération ne renfermait pas une réponse suffisante, et que je fusse obligé d’en faire une au libelliste froid qui, à la vue de la plus grande misère, et du pouvoir commun à tous les hommes d’être immoral, m’a contesté l’affaire et le besoin pur d’écrire sur l’indigence et l’immoralité, et de traiter des moyens d’en détruire les causes, je pourrais y ajouter, qu’ayant vu dès mon enfance la maison de mon père, administrateur des pauvres, continuellement assiégée ou remplie de malheureux pleurant, souffrant la faim et le froid, marqués de tous les traits de la misère, ces tristes scènes, ont fait naître et laissé dans mon cœur un sentiment pénible que je n’ai pu soulager que par la composition de ce Traité ; et que ma mission fut, par conséquent, de la nature de celle que nous recevons tous de la pitié, pour tâcher de retirer notre semblable d’un abîme où nous le voyons périr.

14. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Un auteur dramatique, un romancier, comme les trois derniers, est propre à écrire l’histoire, qui dans ses mains, sera un roman & une comédie. […] On pourroit même, par de bonnes Lettres-patentes, duement enrégistrées, unir cette nouvelle dignité à la charge d’Historiographe de France, soit pour incorporer les faits du théatre à ceux de la Monarchie, dont le théatre est une partie si essentielle ; soit parce qu’un historien gagé n’est communément qu’un romancier & un dramatique, qui écrit en prose, sans distinguer les scénes ni les actes. […] L’Historiographe de l’Empire rassemble & lit tous ces écrits, & en compose son histoire. Les théatres seroient bien de mettre un pareil coffre ou tronc, au parterre, où chacun déposeroit librement ses écrits.

15. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

  L’Homme ennemi du Genre Humain,   Le Campagnard qui tout admire   N’ont pas lû tes Ecrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] 1 qui a écrit en particulier contre Moliere. Ainsi il ne me reste plus qu’à dire un mot de sa maniére d’écrire, & de représenter ses Piéces de Théâtre. […] Pradon ne sont pas les seuls qui ayent parlé dans leurs écrits du Misanthrope de Moliere comme de son chef-d’œuvre. […] Baillet qui a si souvent écrit pédérastie tout au long, n’a osé écrire Cocu.

16. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

J’ai lu jusqu’ici vos Lettres avec assez d’indifférence, quelquefois avec plaisir, quelquefois avec dégoût, selon qu’elles me semblaient bien ou mal écrites. […] Tout le monde n’est pas capable de s’occuper à des choses si importantes, tout le monde ne peut pas écrire contre les Jésuites. […] Mais en ce temps-là Desmarets n’avait pas écrit contre vous. […] Croyez-moi, vous n’y regarderiez point de si près, s’il avait écrit en votre faveur. […] Je vois bien que vous voulez attraper ce genre d’écrire.

17. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

Je sais que, depuis quelques siècles et presque depuis l’établissement du Théâtre moderne, tout ce qui a été écrit, soit pour blâmer les Spectacles en général, ou pour les corriger, n’a pas été favorablement reçu du Public : et que c’est une entreprise qui a toujours essuyé les plus vives contradictions : je ne serais donc pas surpris de voir le Lecteur indisposé contre moi sur le seul titre de mon Livre. […] Quand j’écrivis mon Histoire, j’étais encore au Théâtre ; et je ne pouvais en quelque sorte me dispenser de soutenir la Profession que j’exerçais ; j’étouffais peut- être mes véritables sentiments : mais, à présent que je me suis retiré, rien n’arrête plus ma franchise, et il m’est permis de m’expliquer librement. J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage. […] Voilà de quelle manière et par quels motifs j’en ai conçu l’idée ; et je crois que c’était précisément à un homme tel que moi qu’il convenait d’écrire sur cette matière ; et cela par la même raison que celui qui s’est trouvé au milieu de la contagion, et qui a eu le bonheur de s’en sauver, est plus en état d’en faire une description exacte, et de fournir les moyens de s’en garantir que tout autre qui n’en aurait pas éprouvé les funestes effets.

18. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

Mais il ne se l’imagine pas seulement, il l’écrit, il l’imprime, il le publie, et on le peut voir dans les endroits de ses livres que l’Auteur des lettres a cités. […] Que si depuis quelque temps les écrits ne s’adressent pas directement aux Jésuites, et s’ils ne sont plus comme vous dites que les Spectateurs du combat, c’est parce qu’on les a mis hors d’Etat de combattre. […] Ce ne peut être que par une raison fort mauvaise pour vous, n’obligez personne à la découvrir, et ne dites point de vous-même que l’Auteur des lettres a voulu écrire comme Monsieur Pascal. […] [NDE] « Un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles, qui se doit regarder comme coupable d’une infinité d’homicides spirituels, ou qu’il a causés en effet ou qu’il a pu causer par ses écrits pernicieux. » écrit Nicole dans la première des Visionnaires. […] Point du tout ; mais en ce temps-là Desmarets n’avait pas écrit contre vous » op. cit.

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