Comme ces deux passions ne passent dans l’esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l’Evangile, que pour de nobles maladies de l’âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes : les Poètes se rendant d’abord les esclaves de ces maximes pernicieuses, en composent tout le mérite de leurs Héros. […] Cette estime pour Cornélie que le Poète a voulu donner en cet endroit aux Spectateurs, après l’avoir conçue lui-même, vient du fond de cette même corruption qui fait regarder dans le monde comme des enfants mal nés et sans mérite, ceux qui ne vengent pas la mort de leurs pères, ou de leurs parents, en sorte que le public attache souvent leur honneur à l’engagement de se battre contre les meurtriers de leurs proches ; qu’on les élève dans de si horribles dispositions, et qu’on mesure leur mérite à la correspondance qu’on trouve en eux, au sentiment qu’on prétend leur donner ; que ces sortes de représentations favorisent encore d’une manière pathétique, et qui s’insinue plus facilement que tout ce qu’on pourrait leur dire d’ailleurs. […] Il faudrait un volume pour tous les exemples qu’on en pourrait donner presque dans toutes les Pièces, comme il en faudrait un autre pour combattre cette passion autant qu’elle mérite de l’être.
Il me semble effectivement qu’un but réel et utile, si faire se peut, doit être le premier mérite de tout écrit. […] Je suis sûr que le titre militaire qui décore ce nom inspirera d’abord quelques doutes au lecteur sur le mérite de l’ouvrage.
Il en a joué tous les rôles, il doit être bon Comédien ; mérite à la mode, dans un siecle qui n’en estime point d’autre. […] Une piece de théatre mérite peu d’occuper les savans. […] Ce livre, dont le stile n’est pas mauvais, n’a pas fait fortune, il est oublié & mérite de l’être. […] Je suis las d’adopter ce mérite stérile. […] Que de gens qui quelquefois se repentent de s’être mariés, & sont désabusés trop tard, du mérite, de la fortune d’une épouse !
Les Critiques envieux, qui cherchent à ternir la gloire de notre Théâtre, lui disputeront ce nouveau mérite avec encore plus de chaleur que celui d’être l’ouvrage du gout & de la réfléxion.
de leur nouveauté : Nous sommes un objet neuf : voila le plus grand mérite des femmes.
Il est descendu dans son cœur sans doute ; pouvait-il y trouver rien qui lui dît qu’il mérite cet effort, & le sentiment qui l’a produit ?
On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros.
Je suis fâché que le Poète, homme de mérite et de bon goût descende à de si énormes bassesses. […] Le Prologue des Captifs est à observer : Appliquez vous à cette Pièce, dit le Poète ; les paroles qui suivent apportent la raison pourquoi elle mérite de l’attention : « Non enim pertractate facta est… neque spurcidici insunt versus immemorabiles. […] Mais nos Poètes font aujourd’hui comme ils l’entendent ; ils mettent impunément et le mérite et la naissance à aussi bas prix qu’il leur plaît. […] Quel lustre n’en reçoit pas le mérite » etc. […] Enfin, si c’est un mérite que d’infecter l’esprit et de corrompre le cœur, que d’apporter dans les familles la honte, les maladies, l’indigence ; je conviens que les Poèmes de nos Auteurs sont au-dessus de tous les éloges : mais s’il n’en est pas ainsi, il me semble qu’on devrait traiter ces ouvrages tout autrement qu’on ne fait.
Il est même à remarquer, et c’est une chose qui mérite d’être bien considérée, que nous ne lisons jamais dans les Livres sacrés, qu’il se soit fait aucune assemblée d’hommes et de femmes pour cet exercice.
« Ce fut encore plus par l’habileté des acteurs que par le mérite des drames que le théâtre des Romains attirait tant de spectateurs.
Ceux que nous proposons ici pour modèle, parlaient dans des actes publics qui étaient vus de tout le monde, et ils ne faisaient point de difficulté d’y témoigner que ce qui causait leur joie dans2 l’Election de leur Pasteur était qu’il avait autant de mérite que celui qui venait de leur être enlevé, et qu’ils espéraient de retrouver dans le Successeur le même avantage qu’ils venaient de perdre avec le défunt, « Ut quidquid boni in illo amisimus, in hoc nos invenire indubitabiliter confidamus.
Mais comme les raisons contenues dans la Lettre, dont il s’agit ici, quoique frivoles et peu solides, sont néanmoins assez plausibles ; et que le nom fastueux de Théologien Illustre, non moins par sa qualité, que par son mérite, est capable d’imposer aux esprits faibles, et peu éclairés ; des personnes qui tiennent un rang assez considérable dans l’Eglise, ont jugé à propos de le donner au Public.
L’amour de Théâtre des Anciens était scandaleux, et les Modernes ont bien fait de le proscrire ; mais le prétendu amour honnête, que les Modernes ont introduit, ne mérite pas plus de grace ; parce que, tel qu’il est, non seulement il ne peut jamais corriger, mais il sera toujours très pernicieux et de mauvais exemple, malgré le verni d’honnêteté dont on veut le couvrir.
Je n’en veux cependant qu’à l’ouvrage : mais comme il est bien difficile de le combattre, sans attaquer l’Auteur, et que ce serait trahir les intérêts dont je me charge, que de ménager ceux de M.F. j’userai toujours avec lui de la distinction qu’il mérite personnellement. […] un faux Philosophe rempli de lui-même, qui se complaît dans le mérite sauvage de détester l’humanité ; mais qui ne la déteste que sur des vains prétextes, et qui ne reproche à son siècle que des défauts superficiels, plus intéressants pour la société que pour les mœurs. […] ) « Sur quel fond de mérite et de vertu sublime Appuyez-vous en lui l’honneur de votre estime ? […] Vous êtes-vous rendue avec tout le beau monde Au mérite éclatant de sa perruque blonde ? […] Que de son cuisinier il s’est fait un mérite, Et que c’est à sa table à qui l’on rend visite.
observe que chez les anciens Germains c’étoit le seul mérite qui faisoit les Chefs, Duces ex virtute, & qu’on leur obéissoit par admiration, admiratione præsunt. […] Telle est la différence d’une belle Tragédie & de la Farce la plus amusante : celle-ci peut être aussi parfaite en son genre que la Tragédie dans le sien : le mérite de l’imitation leur est commun, & le plaisir doit être égal à cet égard. Mais l’une l’emporte sur l’autre, (& il me suffit même qu’elle en differe) par le mérite ou par la nature de la chose imitée. […] J’ajoute encore que le plus grand mérite & le plus haut degré de l’imitation quand elle est parfaite, est de se cacher elle-même, & de rendre l’illusion si forte & si dominante, que l’esprit tout occupé de l’objet imité n’ait pas le loisir de penser à l’art de l’imitation. […] Nous considérons les Auteurs qui s’exposent à sa censure, comme autant de Clients de notre raison & de notre goût, qui attendent avec une inquiétude flatteuse pour nous, l’arrêt par lequel nous allons décider de leur mérite.
Cette vie si courte, ne mérite pas que nous en soyons tant occupés, & un Etre immortel ne doit travailler que pour l’Eternité. […] Il a défini lui-même dans sa Rhétorique la Pitié, l’affliction que nous causent les malheurs d’une personne qui ne les mérite pas. […] Il ne prétend pas qu’on ne doit jamais mettre sur le Théâtre un Personnage souffrant des maux qu’il ne mérite pas. […] Ainsi nous sommes touchés de la mort de Britannicus ; mais quoiqu’il ne mérite pas ses malheurs, nous nous rappellons ses imprudences : ce qui adoucit la douleur de sa mort, & nous instruit. […] Voilà ce que j’appelle la Morale d’une Piéce, & j’avoue que peu de Tragédies ont ce mérite.
Tout s’y est porté de bonne grace, on s’en est fait un honneur & un mérite, tout cela ne suffisant pas encore, les Pénitens, dont il y a une confrérie à Saint-Pons, ont prêté leur sac & leur capuchon, & le Chapitre ses aubes, & en particulier une aube très-belle, qu’on avoit acheté pour solemniser la fête du Sacré Cœur de Jesus. […] Et faite même de la comédie un devoir & un mérite : Quod divos decuit cur mihi turpè putem ? […] Le seul qu’on ne lui donne pas, & qu’il mérite, est celui de Lieu de débauche, sa situation est avantageuse, on y arrive par une longue allée plantée d’ormeaux, & il est entouré d’autres arbres de haute futayé, dont le feuillage met à l’abri du soleil ; une magnifique salle s’éleve dans le fond ; l’architecture en fait honneur à l’artiste, & la décoration superbe & très agréable, en fait beaucoup au peintre, il y a de tous côtés des caffés bien distribués, on y trouve toutes sortes d’amusemens & de rafraîchissemens, & d’occasions de péché.
Puisqu’il est plus difficile de faire passer une partie de l’Histoire de son Hèros dans un même endroit, il en réjaillit un nouveau mérite sur le Poète qui sçait le faire avec art ; & par conséquent sa gloire en est plus grande. […] En un mot, le nouveau mérite qu’on ajouterait aux Pièces de Théâtre, en suivant le conseil que je donne ici, se démontre sans peine. […] Le Roi & le Fermier mérite d’être cité pour éxemple à ce sujet ; non-seulement son action ne dure qu’autant de tems qu’il en faut pour sa représentation, mais encore elle est supposée se passer dans le même tems qu’on la représente : c’est joindre deux éxcellentes qualités ensemble, dont une seule suffirait pour rendre une Pièce parfaite.
Ils ne s'en défendent pas ; ils se font un jeu, un mérite, ils s'applaudissent de leurs extravagances, ils les appellent sagesse : Être fou et se réjouir, c'est être sage ; être sage sans se réjouir, c'est être fou. […] C'est à peu près tout le mérite de Scarron, chez qui la création ou l'assemblage de quelques mots, ou l'union de quelques idées qui ne sont pas faites l'une pour l'autre, présentent un burlesque, qui après avoir fait rire deux o trois fois, ennuie et le fait mépriser : mérite méprisable dont se piquent ordinairement les Poètes comiques, qu'ils appellent talent de peindre par les sons, par mots pittoresques, et qu'ils empruntent le plus souvent des harangères, nation féconde en sobriquets, la plupart aussib as que celles qui les donnent et ceux qui s'en servent.
Mais rien ne prouve mieux son mérite réel, indépendamment des Editions multipliées qui en ont été faites, que l’empressement qu’on témoigne depuis long-tems d’en voir paroître une nouvelle.
Si vous voulez répondre à mes objections, prenez la peine de le faire de bouche, parce qu’autrement cela traînerait à l’infini ; mais surtout, trêve aux louanges, je ne les mérite point, et n’en veux point, j’aime qu’on me lise, et non qu’on me loue.
Saint Thomas d’Aquin, dont les mœurs valaient bien celles de Calvin et du Père Quesneli, Saint Thomas, qui n’avait jamais vu de bonnes Comédies, qui ne connaissait que des malheureux Histrions, devina pourtant que le Théâtre peut être utile : il eut assez de bon sens et de justice pour sentir le mérite de cet art, tout informe qu’il était : il le permit, et il l’approuva.
L’argent des autres est ignoble, ce sont des ignorans & des aveugles, qui ne savent pas aprétier le mérite de la Henriade ; encore faut-il, pour que leur argent soit de poids, que par des ouvrages avoués du public, ils fassent preuve de noblesse littéraire . […] Le principal empire de Voltaire est le Parnasse, c’est là qu’assis sur un trône d’or, il prononce des oracles, il donne des loix en souverain, il pese le mérite des auteurs, il apprécie leurs ouvrages, il distribue l’immortalité, il sourit aux jolies actrices, & leur adresse ses vers ; il foudroye ses envieux, il écrase les reptiles, il enrichit les libraires, & met un impôt sur les éditions qu’il multiplie à l’infini, & qu’il fait voler ses productions & celles des autres, sous son nom, au-dela des mets, dans les terres australes. […] Il fait ensuite l’éloge de la Hénriade, qui à bien des égards, mérite des éloges ; mais qui dans la totalité, quoiqu’elle soit la huitiéme merveille du monde, a plus de défauts, que de beautés. […] Ce qui est le vrai, le grand mérite, & dans la vérité, le plus réel de Voltaire.
Quel mérite donc suppose une longue queue ? […] Ils ont la naissance, le mérite, l’élégance qui y donnent droit ; ils portent à leurs écussons la mitre & la crosse, on ne leur dispute pas le tapis, le carreau, le fauteuil ; il y auroit de l’humeur de leur refuser la queue. […] On a cru que le mérite de voir se mesurer à l’aune, & que la quantité d’étoffe en étoit le garand. Il est très-commode de pouvoir se fournir de mérite chez le marchand.
Il fait le plus grand éloge du théatre de Voltaire, qui en mérite à bien de regards. […] Quoi qu’il en soit du nom, sur lequel nous ne disputons pas, du moins quelque élevé que soit un amateur du théatre, qui a composé les œuvres du Philosophe de sans souci, nous avons à lui opposer un autre Ecrivain, qui ne lui est inférieur, ni pour la naissance, ni pour le mérite. […] Il ne mérite point de distraire ses soins. […] Et ce qu’on pourroit appeler comique, si l’objet étoit moins important, il veut faire un mérite de ces opinions, un titre de sainteté supérieur à toute la perfection du Christianisme.
La Conversion de Josaphat par Magon ne mérite aucune attention. […] Le Polyeucte du même Auteur, a eu le plus grand succès, et le mérite à bien des égards. […] Ce cœur double marche par des voies différentes ; cet Acteur me bénit dans la bouche, me maudit dans le cœur, ses discours sont chrétiens, ses œuvres Païennes, sa créance impie, il ne mérite que mes anathèmes : « Væ homini nequam, ingredienti duabus viis. » Le Sage fait dans ses proverbes deux comparaisons qui ne sont pas flatteuses, 1.° Les bonnes maximes dans la bouche d’un fol sont comme des épines dans la main d’un ivrogne : 2.° Comme il est inutile à un boiteux d’avoir la jambe belle, ainsi les sentences sont déplacées dans la bouche d’un insensé. […] Ces deux suffisent pour faire sentir le mérite théologique de ce visionnaire, à qui la place qu’il donne aux Jansénistes et aux Molinistes conviendrait aussi bien que son exclusion de l’Académie française, ne fût-ce que pour cet ouvrage qui par l’assemblage du solide et du chimérique, ne mérita pas moins que les autres le titre de rêves d’un homme de bien, que lui donnait le Cardinal du Bois.
Que l’impureté qui les souille prophane sa maison, & mérite les plus grands chatimens ! […] Après la victoire, portez cette tête à Minerve pour lui en faire hommage, c’est-à-dire, à la sagesse & à la vertu, qui seule en mérite la gloire, comme elle en a ménagé le succès. […] Cette poësie si dangereuse fait le plus grand mérite du 4. livre de l’Enéide. […] Et malheureusement, loin de servir leur avilissement, la plupart s’en font un jeu & un mérite. […] L’amant dont elle mérite la conquête est un Holopherne qu’elle s’efforce de seduire, pour en faire sa proie, ce qui n’est pas bien difficile : il est pris au premier coup d’œil, il va au-devant de ses fers, il étale le plus grand lune pour plaire.
M. le Duc de Montausier, Gouverneur du grand Dauphin, fut par sa probité, son courage, sa religion, ses vertus, un homme d’un mérite rare, il passoit à la Cour pour rude & sauvage, parce qu’il étoit d’un abord froid, grave & sérieux, & qu’il ignoroit la flatterie, la molesse, la frivolité des courtisans ; il étoit inviolablement attaché à ses devoirs, disoit & défendoit la vérité sans respect humain, avec une droiture inflexible. […] Quelques vers du Marquis de la Faré, qu’on trouve à la suite des Poésies de Chaulieu son intime ami & son compagnon de débauche, n’ont d’autre mérite que le libertinage & l’irréligion, il les appelle lui-même présens de la seule nature enfantement de mon loisir ; dans son Ode à la paresse sa bonne amie ; mais c’est un grand mérite, il a fait dire par un Poëte sous le nom d’Apollon : je chantois, la Fare écrivoit . […] Cette cause célèbre qui fera briller les plus grands Avocats, qui embellira les Registres & le Journal du Palais, n’est pas encore jugée, nous en attendons la décision avec tout l’empressement que mérite l’importance de l’objet. […] Le crime est un mauvais titre ; mais s’ils font payés, qui mérite mieux d’en profiter ? […] Ces drames n’ont dû leur succès ephemère qu’au libertinage qui les a enfantés, & qui peut seul les goûter ; le suffrage de Robinet ne doit pas imposer, ce personnage frivole est absolument oublié, ne mérite lui-même aucune estime en aucun genre.
Il ne fit aucun progrès chez des Peuples qui ne s’appliquaient qu’à la guerre, & dont tout le mérite était de copier les Nations qu’ils subjuguaient : ils le laissèrent presque dans le même état qu’ils l’avaient trouvé. […] Francœur & Rébel, par un choix généralement applaudi, qui fait tout à-la-fois l’éloge de leur mérite & de la place qu’ils occupent ; MM. […] On a jetté sur le Poète un ridicule dont le Machiniste, ou le Décorateur, mérite seul d’être couvert. […] Le dessein des nouveaux Directeurs achève de nous prouver que l’homme de mérite se plaît toujours à encourager les Lettres. […] Afin de mieux faire sentir le mérite de l’un & de l’autre ; afin de mieux faire connaître quel est celui qu’on doit préférer, fesons un parallèle éxact des deux Spectacles.
Elle aspire au mérite de passer pour avoir du goût. […] Ou ils en feront en faveur de l’Acteur, pour que leur ouvrage ait au moins cette espéce de mérite.
Est-ce Turcaretk qui ira juger du mérite de nos ouvrages dramatiques ? […] [NDA] Dans le Chat Botté le jeune Foignet attire et mérite l’attention, par la manière dont il remplit un rôle si varié, que c’est une espèce de Protée.
Qui dira qu’aux fleurs de jeunesse Tu produis les fruits de vieillesse Mûris au Soleil du Printemps, D’un mérite qui te réserve Jeune, fils aîné de Minerve, Un triomphe dessus le temps.
Mais si Justinien ne suivait que ses vastes conseils qu’une réussite prompte courronnait, pourquoi refuser à sa mémoire le juste éloge que mérite sa cendre ? […] La Grèce, je l’ai déjà dit, faisait plus de cas des Acteurs & des Poètes de Théâtre ; ils possédaient des charges honorables, récompense des Hommes de mérite. […] Dans les premiers temps du Théâtre, les Actrices guidées par le desir de plaire par leur propre talent, n’achetaient point les applaudissemens par la prostitution comme je l’ai vu souvent ; le mérite seul était récompensé ; on vénérait les talens & la conduite, au lieu que dans ce temps où la débauche est au dernier point, une malheureuse renommée par le libertinage & le nombre d’illustres Amans va ravir la palme due à l’Actrice de mérite, décorée de la sagesse. […] Conserve-moi toujours ton amitié ; celle d’un Homme tel que toi, illustre tout Mortel qui la mérite ; heureux si tu m’en trouve digne, tu sais que c’est-là mon ambition. […] n’étaient-ils pas diffâmes, si l’Art mérite de l’être ?
Permettez-vous à un homme qui s’intéresse vivement au mérite, de s’informer de l’état de votre fortune : il peut, sans incommoder la sienne, vous offrir les dons de l’amitié ; & si, comme on le dit, le Théâtre n’a pour vous que de faibles attraits, vous assurer l’indépendance.
Ceux-là ont une idée bien fausse de la Pénitence Chrétienne, qui croient qu'elle ne perd rien de son mérite parmi les divertissements du Théâtre.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.
Des Rituels de Diocèses très réglés les mettent au nombre des personnes que les Curés sont obligés de traiter comme excommuniés ; celui de Paris les joint aux Sorciers et aux Magiciens, et les regarde comme manifestement infâmes : les Evêques les plus saints leur font refuser publiquement les Sacrements ; nous avons vu un des premiers Evêques de France ne vouloir pas par cette raison recevoir au mariage un homme de cet état ; un autre ne vouloir pas leur accorder la Terre sainte ; et dans les Statuts d’un Prélat bien plus illustre par son mérite, par sa piété et par l’austérité de sa vie que par la pourpre dont il est revêtu, on les trouve avec les concubinaires, les Usuriers, les Blasphémateurs, les Femmes débauchées, les Excommuniés dénoncés, les Infâmes, les Simoniaques et autres personnes scandaleuses mis au nombre de ceux à qui on doit refuser publiquement la Communion.
Virginie, fille noble, & d’une vertu reconnue, ayant épousé un Plebeyen, homme de mérite, voulut entrer dans ce temple. […] Cette aisance, ou plutôt cette impudence est le fin de l’art, & le vrai mérite d’un Comédien. […] L’effronterie d’un Prédicateur comédien, dont on se fait quelquefois un faux mérite, dépare l’Evangile, scandalise l’auditeur, decrédite la parole & le Ministre. […] L’austerité, qui s’en prive, a sans doute son mérite. […] Rien de plus horrible à ses yeux que ce qui fait les charmes & les délices du monde, & le mérite des femmes coquettes.
Le texte d’Erasme mérite d’être rapporté : Sicut non decet in familiâ audiri sermonem lascivum, ita nec convenit tabulas habere lascivas. […] Ce n’est plus le même homme, il est difficile que pour avoir pris cette habitude, dont on se fait un mérite, on ne la conserve, & qu’on ne porte le théatre dans la société. […] Le théatre ne connoît dans le sexe d’autre mérite que celui de la tendresse & de la beauté, & n’a que des couronnes de myrthe à lui distribuer. […] On est allé plus loin, en 1774 M. de P… dans une nouvelle comédie sur le même sujet, a totalement dénaturé la Rosiere, en faisant couronner une amoureuse sans décence, une libertine, une folle, qui ne mérite que le mépris. […] C’est un petit maître étourdi & peu délicat, qui dispose despotiquement de la rose, contre l’avis des sages vieillards établis pour Juges, & qui la donne à celle qui la mérite le moins.
Le Poète s’applaudit sur tout des coups de Théâtre qu’il s’éfforce de faire entrer dans un Drame, comme si le mérite de l’action Théâtrale était de n’attâcher qu’un instant, & de ne causer qu’une surprise momentanée. […] Ce Spectacle mérite toute l’attention des Poètes qui veulent en par courir la carrière. […] La sincérité que je fais paraître ici persuadera qu’elle m’accompagne toujours lorsque je vante le mérite de notre Opéra.
Ce Chrétien se plaisait auparavant à considérer les frivoles merveilles des hommes ; Qu'il s'arrête maintenant aux merveilles de Dieu; Qu'il les contemple, et qu'il les admire, puisque ce sont des miracles d'une magnificence e d'une sagesse toute divine qui mérite d'être toujours également un sujet d'admiration. […] Quiconque vit bien et ne se laisse pas emporter aux tempêtes du temps, montre qu'il attend cette gloire, et qu'il mérite de la recevoir. […] L'on renonce donc premièrement au Diable, afin que l'on croie en Dieu, d'autant que quiconque ne renonce pas au Diable ne croît pas en Dieu ; et partant quiconque retourne au Diable, méprise et quitte son Dieu: Or les Démons se trouvent dans les Spectacles et dans les Pompes solennelles, de sorte que quand nous y retournons nous quittons la Foi de Jésus-Christ: Le mérite des Sacrements de notre Religion se perd en nous; tout ce qui suit dans notre Symbole est choqué, et tout ensemble affaibli ; Car le moyen de s'imaginer qu'une chose puisse demeurer debout quand son appui est à bas : Dis-moi donc, ô Chrétien, qui que tu sois, ayant perdu par tes mépris et par ta rébellion les principes de ta croyance, comment pourras-tu faire état de sa suite ?
Il en est une autre qui ne mérite pas moins d’attention ; c’est la haute idée qu’on a communément de la professession de Comédien.
D’ailleurs, une chose qui ne plaît qu’aux gens de l’Art, n’a pas un mérite général.
Cependant après plus de vingt années de silence, un Particulier a entrepris de justifier la Comédie par une Lettre qu’on a voulu faire passer pour une Réponse faite au sieur Boursault, Auteur d’un Volume de Pièces de Théâtre, qui feint d’avoir consulté un Théologien illustre par sa qualité et par son mérite, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou si elle doit être absolument défendue.
Si la lecture muette guerdonne les travaux d’un Hercule, d’un Bacchus, d’un Thésée, et les rend satisfaits d’avoir un étudiant témoin de leur valeur ; la récompense que nous leurs donnons n’est-elle pas beaucoup plus excellente, publiant leurs mérites en la présence des plus rares esprits de ce siècle, qui contemplent et l’histoire et le geste, représentant au vrai les effets de l’ancienne générosité ?
Un Ministre, Moine Apostat, Concubinaire, excommunie quelque femme pour avoir dansé ou assisté aux danses : Mais où ont-ils trouvé en l’Ecriture que danser est un péché qui mérite Excommunication ?
Le sieur Linguet, dans son Siécle d’Alexandre, qu’il a fait sur le modele de celui de Louis XIV & de Louis XV de Voltaire, dit sur les spectacles de la Grece : ce n’étoit pas le Licée ni Phiné qui décidoient du mérite d’Œdipe ou d’Aluste ; les premiers Magistrats de la République prenoient eux-mêmes la peine d’examiner les pieces, (non-seulement comme censeurs pour les mœurs & la doctrine, mais comme critiques pour la partie littéraire.) […] Aucun spectacle, dit-il, ne mérite l’attention du sage, le sage prouve la force, la vertu, (la santé) de son ame, quand il les méprise autant que le vulgaire les admire : Epist. famil. […] Clement ; mais que l’on croit du troisiéme siécle, qui quoique avec bien de défauts ne sont pas sans mérite, parlent souvent du théatre. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
Si on est encore assez aveugle pour les défendre, assez téméraire pour les fréquenter, on ne mérite que le mépris & la pitié ; & que méritent, que doivent bien-tôt mériter les femmes qui les fréquentent ? […] Il ne restera plus que la comédie Françoise, & de bonne foi mérite-t-elle l’apothéose, sur-tout dans les petites pieces qui suivent les tragédies, & dédommagent de leur sérieux ? […] Leur vanité est flattée des éloges : ici tout les encense, tout est épris de leurs graces, tout retentit de leur mérite. […] Tous les applaudissemens que lui attire son talent, ne valent pas les éloges que mérite son aumône.
Leurs progrès ont bien répondu à votre zèle, et à votre habileté ; aujourd’hui que votre fils a atteint quinze ans, et votre fille quatorze, vous revenez à Paris pour leur faire acquérir à l’un et à l’autre ces agrémens, cette fleur de politesse si nécessaire au mérite le plus solide. […] Le Parvenu, au lieu d’être comme ses pareils, si bien peints dans Turcaret, un homme dur, hautain, sans mérite, est un agréable qui joint à son élégance la probité délicate et les sentimens philosophiques. […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique. […] Ils ne peuvent que concevoir une haute opinion d’eux-mêmes et se former une fausse idée de ce qui constitue le vrai mérite, lorsque les femmes perdues, avec lesquelles ils vivent habituellement, et qui souvent deviennent éprises d’eux, les louent sur quelques minces avantages qu’ils possèdent, ou même sur quelques défauts que des femmes estimables n’ont pas toujours le courage de haïr, savoir, l’étourderie, le faste, l’arrogance, les grands airs.
Je ne vois pas qu’il soit impossible de déterminer leur mérite intrinséque, avant d’avoir fixé leurs effets. […] Qui vous forçoit d’y aller, si vous n’y rencontriez pas tous les agrémens dont ce Spectacle est susceptible par lui-même et; par le mérite de ses sujets ? […] Heureusement on lui rend la justice qu’il mérite. […] Vous finissez l’examen de cet Ouvrage par une phrase qui mérite bien d’être rapportée dans toute son étendue. […] Cette observation mérite certainement plus d’attention qu’on ne s’imagine.
Les Romains la trouvèrent dans cet état, & l’y laissèrent : selon les apparences, tout le mérite de ces peuples guerriers était de conquérir des Royaumes, & de copier les arts des Nations qu’ils subjugaient : sans Homère aurions-nous Virgile ; & Cicéron sans Démosthène ? […] Il n’est point gâté par des ornemens étrangers, toujours désagréables, parce qu’ils ternissent ce beau simple, qui en fait le seul mérite.
Telle est cette petite brochure, aujourd’hui tombée, & qui ne mérite pas un meilleur sort. […] Le célèbre Gresset, homme d’un tout autre mérite que le sieur Fagan, dans le moral & dans le littéraire, répondra d’une maniere bien convaincante à son apologie. […] La vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses, la scène, cette prétendue école des mœurs, où l’amour propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités le plus lumineusement présentées n’ont que le stérile mérite de délasser un moment le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger le vices, ni à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres & le ridicule de tous les rangs.
Que deviendrait sur-tout la musique Italienne, si elle était dénuée de ces agrémens, de ces roulades si fréquentes, qui en font le principal mérite ? […] Il semble d’ailleurs que le travail du Poète a plus de mérite lorsque ses Vers sont d’une mesure égale ; il est alors à supposer qu il a eu plus de peine à rendre sa pensée. […] M Rousseau prouve-t-il beaucoup le mérite des roulades, lorsqu’il nous dit dans son Dictionnaire de Musique ; » les roulades qui, dans les airs pathétiques, paraissent si déplacées, ne le sont pourtant pas toujours : le cœur pressé d’un sentiment très-vif l’èxprime souvent par des sons inarticulés plus vivement que par des paroles ».
Il est vrai que ce n’était pas, comme Richelieu, jusqu’à l’honneur du cothurne ; il se vantait seulement d’avoir fait beaucoup de vers galants qui avaient réussi : mérite dont un Prélat, sans faire tort à sa gloire, eût pu ne pas se décorer. […] Après s’être fait un triomphe de la critique du Cid, une affaire sérieuse du succès de Mirame, il pouvait se faire un mérite de ses sarcasmes contre Ferdinand et Philippe. […] L’Empereur comptait beaucoup sur les grâces de ce joli Prélat, qui sans doute de son côté était fort content de sa personne et de son mérite théâtral.
Lettre d’un Théologien illustre par sa qualité et par son mérite. […] Il congratule le Révérend Père Caffaro d’avoir désavoué la Lettre du Théologien, d’où il conclut que le Théologien, sous le mérite duquel on a voulu mettre à couvert la Lettre favorisant la Comédie, n’est qu’un fantôme que les Comédiens ont fait paraître. […] On finit par des décisions des Pères Guzman et Mariana Jésuites, qui soutiennent que les Comédies sont mauvaises et nuisibles, et qu’il ne faut pas déférer au sentiment des personnes de quelque mérite et condition qu’ils fussent, s’ils osaient justifier les Comédies.
Est-ce que Corneille ignorait que la vertu fût préférable à la naissance, que les respects exigés par le pouvoir ne sont dus qu’au mérite, que les Grands, si sottement enorgueillis d’une longue suite d’illustres aïeux, en sont moins ennoblis que dégradés, s’ils cessent de leur ressembler ? […] Il savait qu’une erreur ancienne devient sacrée ; qu’avec de l’esprit, on peut faire goûter aux hommes quelques vérités ; mais qu’avec plus d’esprit encore, on s’abstiendrait de les leur découvrir toutes : il savait que ces préjugés de naissance, que cette chimère, plus ridicule que celle des Fables, née de l’orgueil, nourrie par la flatterie, défendue par l’opinion, et couverte du voile épais des siècles, ne pouvait être attaquée impunément : il savait que les Grands lui pardonneraient de peindre leurs vices et leurs ridicules, et non de les dépouiller d’un éclat étranger, mais imposant, qui leur tient lieu du mérite qu’ils n’ont pas : il savait enfin qu’on aimait le merveilleux au théâtre, et c’est peut-être ce qui l’a déterminé à donner au vertueux Dom Sanche un père couronné. […] Ce n’est point ici le vice forcé à reconnaître l’empire de la vertu ; c’est la vertu mise aux épreuves les plus cruelles, luttant contre elle-même, triomphante par ses propres forces, et supérieure à l’infortune : il faut lire la scène même, pour en bien concevoir tout le mérite.
Qu’on se garde bien de mettre un tel homme sur la scène, il est bien éloigné de mériter cet honneur, c’est un Original qui n’existe pas, et qui ne mérite pas d’exister : c’est une chimère métaphysique injurieuse à la nature, c’est un monstre qu’il faudrait étouffer puisqu’incapable de bien et de mal, il serait également insensible à l’un comme à l’autre, qu’il regarderait du même œil la prospérité et le malheur d’autrui et trouverait également ridicule qu’on rît ou qu’on pleurât, par conséquent il ne serait pas plus disposé à soulager les malheureux qu’à participer aux plaisirs des gens contents. […] Quoi, parce que l’on aura donné à Britannicus une âme délicate, un amour pour Junie fondé sur le mérite, les grâces et les vertus de cette Princesse ; qu’on aura, dis-je, uni dans une âme généreuse ce sentiment louable à la fierté Romaine, il s’ensuivrait que ce Héros ne serait plus digne de l’oreille des sages ? […] Ils transforment au contraire cette passion en sentiment, ils veulent toujours qu’elle soit subordonnée à la Vertu, qu’elle soit justifiée par le mérite et la sagesse de la personne aimée : si cette passion est telle dans les mœurs des Français, assurément les Auteurs auraient grand tort de la peindre comme criminelle, mais si cette passion n’est pas encore telle et n’est qu’un tribut que les Auteurs imposent aux cœurs bien faits en faveur de la Vertu, loin de changer les mœurs, ils veulent apprendre ce qui manque à leur perfection. […] « Je connais tels de mes écoliers, dit le maître d’armes dans Timon Le Misanthrope, qui n’oseraient jamais se battre s’ils n’étaient sûrs de le faire sans péril. »ak Si les Spadassins sont haïssables vous m’avouerez que les lâches ne le sont pas moins ; la valeur est le seul rempart que la nature ait accordé aux hommes contre la violence : c’est l’unique obstacle que les Rois puissent opposer à l’ambition de leurs voisins ; c’est à la valeur qui menace et fait trembler les Machiavels, qu’on doit le salut et la tranquillité des Etats : tout homme qui n’a pas cette qualité de l’âme, peut avec raison être méprisé : on ne mérite pas la part que l’on a dans les biens de la Patrie quand on n’a pas le courage de la défendre. […] On vit par le Public un Poète avoué S'enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui, dans un chœur de Nuées bb D’un vil amas de peuple attirer les huées.
Loin de trop présumer de mes forces, en mettant au jour cet abrégé des règles les plus nécessaires au Théâtre, je n’ai cherché qu’à montrer avec quel zèle je saisis les occasions d’être utile ; & combien je serai flatté d’écrire désormais dans un genre qui distingue l’homme de Lettres, & qui lui mérite seul ce nom respectable.
S’il en paraissait un dénué de bonnes qualités, & dont le principal mérite fut d’être frivole, divertissant ou nouveau, il faudrait le rejetter avec mépris, comme un Phénomène inconnu jusqu’à présent.
un pareil discours dans la bouche d’un Chrétien, est un raisonnement insensé, qui ne mérite pas qu’on y réponde : « Ne respondeas stulto, dit le Sage, juxta stultitiam suam », Prov. 26.
Nous pouvons donc nous vanter de posséder de nos jours, des sujets du premier mérite dans tous les genres.
Ce Prince, scrupuleux observateur de la foi qu’il avoit donnée, relève encore ce mérite, par une acction digne du plus généreux Monarque, pour manquer à sa parole par caprice, & sans autre motif que sa volonté ! […] Il est inutile de s’étendre sur cette prétendue régle ; au premier coup d’œil on en sent tout le mérite.
Voilà pourtant l’objet de vos espérances, votre trésor, votre bonheur, votre modèle, que vous chercherez, que vous baiserez avec respect en mourant, qui seul mérite d’être aimé. […] Pour le Saint des Saints, dont la vie est notre modelle, la morale notre règle, les mérites notre espérance, trouvera-t-on rien dans son Evangile qui n’en soit la condamnation ?
On vit par le public un Poëte avoué S’enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui dans un chœur de nuées, D’un vil amas de peuple attirer les huées. […] Les libelles sur toute sorte d’objets font gémir la presse, ils se débitent rapidement, ils font la fortune des Lioraires, on se les arrache ; il y a trente ans qu’aux dépens de la religion, de la décence, de la vérité, il se débite régulierement chaque semaine dans toute la France, au vû & au sû de tout le monde, une gazette dont la malignité fait tous les frais, tout le succès & tout le mérite. […] Voilà son vrai mérite, voilà ce qu’on y dévore, ce qu’on en retient, ce qu’on en débite, & dont on se fait honneur.
Il ne reste donc que la classe des choses indifférentes dont on peut se faire un mérite & une vertu. […] Je comprends que les gens de bien qu’on forceroit à y aller, que leur charge obligeroit d’y accompagner le Prince, comme Naaman, par l’avis du Prophète Elisée, accompagnoit le Roi de Syrie son maître au temple des Idoles, pourroient, en détestant ce culte sacrilège, élevant leur cœur à Dieu & l’adorant seul, être excusables & acquérir des mérites en faisant les fonctions de leur charge, de même que plusieurs Vierges Martyres ont remporté de grandes victoires jusque dans les lieux infames où les tyrans les faisoient traîner. […] Les pénitens sont obligés de déclarer, & les Confesseurs d’entendre les choses les plus infames, & le sont avec mérite.
En un mot, de fortes raisons nous convaincraient, s’il le falait, que les tableaux naïfs de notre Opéra sont dignes d’être applaudis, & que c’est de sa simplicité qu’il tire son principal mérite.
On doit remarquer que c’est l’historien du grand saint Ignace qui a proclamé le mérite de Molière, en disant : « Les Français rougiront un jour de leur ingratitude envers cet auteur et ce comédien célèbre. » Le vénérable évêque d’Avranches, M.
Si un pareil Ouvrage avait pour Auteur un homme grave et respectable par son état ou par sa dignité, il n’en serait pas pour cela plus à couvert de la critique ; elle serait seulement plus ménagée, et se ressentirait des égards que mériterait l’Auteur : mais qu’il vienne de moi qui, pendant plus de quarante ans, ai exercé la profession de Comédien, qui ne suis ni savant ni homme de Lettres, et qui par conséquent ne mérite ni égard ni ménagement ; c’en est assez pour me faire craindre que mon Livre soit mal reçu, ou qu’il fasse peu d’impression sur mes Lecteurs.
Il est certain que rien n’intéresse plus essentiellement la République que l’éducation des enfants ; et je suis persuadé que, si on y donnait toute l’attention que mérite une chose de cette importance, presque tous les hommes vivraient conformément aux sages institutions que la Loi nous prescrit, et qu’il n’y aurait pas un si grand nombre de Prévaricateurs.
on dirait sûrement que l’Auteur fait le contraire de ce qu’il doit faire : qu’il ne sait pas son métier, puisqu’il va contre les règles de la raison et du bon sens : qu’il blesse les bonnes mœurs, loin de les faire respecter : qu’il mérite d’être regardé comme un séducteur qui approuve le vice, en confirmant le vicieux dans le mal par le succès, enfin qu’il faut le bannir comme un ennemi de la République.
Il n’en est que plus flatté d’avoir su vaincre par son mérite un préjugé qui lui étoit défavorable, & d’honorer par la supériorité de ses talens, un état qui n’honore personne. […] En France, où les comédiens savans & vertueux sont en très-petit nombre, & où encore moins d’actrices cherchent la célébrité par la régularité des mœurs ; les protecteurs des foyers passent condamnation, & n’ont garde de demander pour leurs protégés, les considérations personnelles ; les gens du bel air, & du bon ton, en France, n’ont pas assez de logique pour d’istinguer l’homme de l’artiste, & la profession du mérite. […] En voici des présages, le Curé de … homme de mérite, confessoit depuis plusieurs années les Religieuses, de… ces Dames voulurent représenter une comédie, en firent les préparatifs, & l’exécuterent, elles & leurs pensionnaires, sans lui en rien dire, il le sur, les blama hautement, & menaça de refuser l’absolution ; il ne savoit pas que les Religieuses avoient pris leur précaution, & obtenu la permission de la cour Episcopale, un peu moins scrupuleuse. […] Le mercure d’Août 1770, p. 173 rapporte que Madame la Dauphine a signalé son entrée en France en donnant une médaille d’or à Gardin, acteur de la comédie Italienne, dont le mérite est un jeu naturel & vrai.
Cet Ecrivain qui n’étoit pas sans mérite ; mais Poëte dramatique assez médiocre, s’avisa de donner au public son théatre, qu’on a depuis sa mort porté à trois volumes. […] Des piéces sans nombre qui n’enseignent, ne représentent, ni ne respirent que les passions & singuliérement l’impureté, des génies singuliers, éloignés de nos éloges, s’ils faisoient un bon usage de leurs talens, des voix luxurieuses ; des femmes à demi-nues, des peintures lascives, des paroles équivoques, des danses lubriques, l’empire du luxe, en un mot un assemblage recherché de tous les plaisirs & de tous les dangers à la fois, un élixir de tous les vices, un chef-d’œuvre de séduction toujours subsistant & multiplié à l’infini, qui fait par-tout les plus grands ravages : y a-t-il d’objets plus importans dans la Réligion & les mœurs, & peut-il y avoir deux avis dans le Christianisme sur les anathêmes qu’il mérite. […] Caffaro, homme pieux & savant, qui mérite toute une autre attention que le verbiage de Moliere, de Racine & de la Fontaine. […] L’Avocat, son auteur, homme d’esprit & de mérite, quoiqu’obligé par l’intérêt de sa cause de la justifier dans le for extérieur, où en effet il est toléré, se livre aussi-bien que nous à l’anathême dans le for de la conscience.
Notre maison, comme toutes les autres, a eu des gens de mérite, mais plus d’imbécilles & de scélérats. […] La nouveauté en fait tout le mérite. […] Voltaire n’étoit pas si complaisant ; aussi je l’ai chassé, & m’en suis fait un mérite auprès de Maupertuis : mais dans le fond je craignois son esprit caustique & intéressé ; un écu de moins par année m’auroit attiré mille coups de patte : d’ailleurs il est difficile que deux beaux esprits respirent le même air. […] Je punis ou récompense selon le mérite, sans égard à la taille.
Il y a beaucoup plus de femmes vertueuses que d’hommes vertueux, c’est un fait ; j’en suis fâché pour vous et pour notre sexe ; mais il n’est que trop certain que le mérite et la vertu des femmes nous avilissent, et si vous y regardez à deux fois, vous serez contraint de m’avouer qu’il n’est pas moins étonnant qu’il y ait un si grand nombre de femmes estimables avec le peu d’éducation qu’on leur donne en général, qu’il est surprenant de voir si peu d’hommes estimables avec l’éducation qu’ils reçoivent. […] Ce n’est pas m’exposer à l’épithète de Papiste que de vous citer pour garant du mérite de quelqu’un un Pontife aussi éclairé, mais aussi pieux, aussi Philosophe, aussi connaisseur dans la partie des beaux-arts, et c’est sans doute confirmer la réputation d’une personne célèbre que d’apprendre au Public qu’elle a eu le docte, le sublime, l’ingénieux Lambertini pour juge et pour approbateur. […] Il m’est impossible de rendre toute l’énergie de son style, et je vous avoue que le mérite de sa Poésie m’oppose tant de difficultés, que j’ai cru devoir choisir non pas une des plus fortes scènes de sa Pièce, mais celle qui m’a paru la plus facile à traduire. […] C’est alors que vous changeriez d’avis, et que vous seriez forcé de reconnaître ce que l’éducation peut ajouter au mérite naturel des Dames.
On lui enseigne à voir les passions sans défiance, à se les justifier, à s'en faire un mérite, à former des intrigues, à tromper des parents, à lever les obstacles. […] L'éducation des filles mérite une attention particulière : elle est ordinairement négligée. […] Sulpice et le mérite de M. […] Il serait injuste de mettre tous ces défauts sur le compte de leurs maîtresses, qui pleines de mérite, de talents, de piété, ne leur donnent que de sages leçons et de bons exemples ; mais les liaisons de cette maison avec la Cour, qui y attire ce qu'il y a de plus grand, l'air de magnificence qui y règne, la familiarité avec des compagnes de la plus haute naissance, les idées de leur noblesse, tout peut et doit faire les plus vives impressions sur de jeunes cœurs susceptibles de tout.
Ce Prélat, homme du plus grand mérite, au jugement même des Protestans, en mourut de chagrin dans sa prison ; elle fit porter une loi injurieuse à la nation & contraire à l’humanité ; cette loi défendoit de parler en faveur de ceux qui étoient accusés de crimes d’état, dont le plus grand étoit le Papisme, & de travailler à les délivrer sous peine d’être eux mêmes réputés coupables de haute trahison, comme si on pouvoit empêcher un fils de faire voir l’innocence de son père, & de travailler à sa liberté ; jamais l’inquisition contre laquelle on crie tant ; ne fut si barbare. […] Mais être Protestant étoit un mérite, & avoir conspiré contre Marie n’étoit pas un crime aux yeux d’une femme qui s’en étoit deux fois rendue coupable. […] Apollon toujours équitable prétend qu’ils ont raison tous deux ; elle lui en fit les plus vifs reproches, & ses lettres contribuèrent à faire porter le fameux Édit de Nantes que Louis XIV s’est fait un devoir & un mérite de révoquer, Édit qui donne aux Huguenots plus qu’on ne leur avoit jamais accordé, il fut dressé part les Ministres Huguenots qu’Henri en chargea ; il n’en auroit pas fait davantage quand il étoit à leur tête, peut-être n’eut-il pas osé en faire tant. […] On réussit à en faire un espèce de Savant & un Roi d’un si mince mérite qu’on l’appeloit le Roi femme, tandis qu’on appeloit Elisabeth la femme Roi, Regina Jacobus. […] Mais à la balance de la justice & de la vérité, au tribunal de la Religion & de la vertu, ce ne fut qu’une Comédienne d’un mérite médiocre, mais rusée qui occupa la scène & y joua toute sa vie des tragédies, des comédies, des farces selon son intérêt & son caprice.
N ous avons dit que la Poësie de style ne fait pas seule le mérite du drame, mais sans l’en exclure ; elle lui sert au contraire d’un merveilleux accompagnement.
Mais j’ôse le dire, nous restreignons trop les sujets de la Comédie, en n’ayant pas actuellement la hardiesse de mettre sur le Théâtre des femmes mariées, trompant la foi conjugale, ou du moins dont la conduite mérite d’être reprise.
le beau geste, le bel accent, la noble démarche, l’élégance de la parure, les grâces de la danse et du chant, la légèreté du dialogue, etc. frivoles avantages, mérite unique de ses amateurs, qui ne forment à l’Etat, ni le Magistrat, ni le militaire, ni le commerçant, ni l’artisan, ni père, ni fils, ni mari, ni épouse, ni citoyens, qui au contraire nuisent à tous les états et à toutes les professions, lorsqu’on les affecte ou recherche trop. […] Ainsi leur caractère, quelquefois leur mérite, oblige à des différences proportionnées à la dignité. […] Quelle apparence de traiter également un Conseiller rempli de mérite, et un autre qui porte les habits d’un saltimbanque, un Magistrat enfariné à la mode (poudré) !
Le théâtre subsiste en entier : il est à bien des égards porté à un degré de perfection bien supérieur aux anciens théâtres, et malgré un vernis de politesse et de décence qu'on y a répandu, il ne mérite pas moins les anathèmes de l'Evangile, et l'horreur des gens de bien, que celui des premiers siècles. […] Quelque vifs que soient ces portraits, ils ne rendent que faiblement les Actrices de tous nos théâtres, et les Spectatrices, qui se font un mérite et une étude de les imiter. […] « 7.° Quoique l'origine et les cérémonies de tous les spectacles, à peu près les mêmes, soient pleines d'idolâtrie, l'appareil du cirque a quelque chose de plus pompeux qui lui mérite singulièrement le nom de pompe du Démon.
Mais, eût-il le mérite qu’on lui prête, en eût-il encore davantage, je ne saurois comprendre comme l’irreligion a pu adopter ce prétendu philosophe qui la déshonore, qui la combat 1°. […] On se souvient d’un autre sonnet qui mérite d’être conservé, par la vérité qu’il présente & le ridicule sur le suïcide, si commun au théatre & dans le pastoral, où sans cesse on veut se tuer, on ne peut pas survivre à son amant, à sa maitresse ; on va se jetter dans l’eau, se donner un coup d’épée, &c. qui heureusement ne passe ne passe pas le bout des levres.
Elles sont des caracteres que grave la divine Miséricorde, pour faire lire aux personnes qui ont trop aimé leur teint, que c’est une fleur sujette à se flétrir devant que d’être epanouïe, -qui par conséquent ne mérite pas qu’on la compte au rang des choses que l’on peut aimer. […] Benserade & Voiture donnerent peu après une autre scène par deux sonnets sur Job, sur le mérite desquels la Cour & la Ville furent partagées. […] Villefort, homme de mérite, écrivain habile, composa les Anecdotes de la Constitution contre les Jésuites. […] Elle avoit dans le temps la nomination de plusieurs Bénéfices, elle se fit une loi de n’en donner qu’au plus grand mérite, & jamais à ceux qui en demanderoient. […] Ce bonheur est bien rare ; la Sagesse & la Religion n’y compterent jamais, & la vie du monde, ni ne le mérite, ni ne le prépare.
C’est que le mérite & la Beauté brillant dans tous leur jour, ne courront plus risque de rester ensevelis dans la foule obscure. […] Le vrai mérite, dans les deux sexes, trouvera donc, par ce moyen, un établissement digne de lui. […] Par quel abus les Enfans, sans travail, sans mérite, sans talens le plus souvent, se trouvent-ils placés au-dessus des Pères-de-famille ; que dis-je ? […] De quel charme seront accompagnées les leçons ou les exemples de la vertu, transmis par une Citoyenne honnête, plus considérée par son mérite que par ses talens ! […] Ajoutez que Faydit, qui attaquait les mœurs des Prêtres, avait enlevé d’un Monastère une Fille de qualité, l’avait épousée, & que son mérite personnel le fesait bien recevoir par-tout.
[NDE] : Le père François Caffaro, « Théatin », auteur de la « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu » (dans Pièces de théâtre de Boursault, Paris : Jean Guignard, 1694, p. 1-75.)
La puissance temporelle est donc la véritable conservatrice d’une religion qui mérite tous nos respects ; car il est démontré, par des faits nombreux dont fourmille notre histoire, ainsi que celle de tous les peuples chrétiens, que si les prêtres n’avaient pas toujours rencontré dans la force et dans l’autorité séculière, une barrière contre leurs écarts, contre leur ambition et leur ignorance, cette même religion serait anéantie par les excès de ses propres ministres.
Il s’agissait en ce lieu là, non d’exprimer ce que l’on dit effectivement quand on est piqué de jalousie, mais de représenter le dépit intérieur que l’on sent quand on nous préfère quelqu’un à cause de son mérite.
Personne ne peut lui en disputer le mérite & la gloire, en joignant toutes ces qualités au talent du théatre qu’il avoit exercé dès sa jeunesse, il eût réussi mieux qu’un autre à remplir son projet d’histoire théatrale, & animer sur la scéne ce qu’il avoit dit dans son abrégé : nous aurions une histoire de France ; de la façon de Melpomene qui auroit usurpé les droits de sa sœur fameuse dans l’histoire. […] Le Mercure de Décembre 1771, fait un grand éloge non seulement du mérite littéraire de cet ouvrage, en quoi il peut avoir raison ; mais encore du principe de morale & d’éducation qui met ces comédies entre les mains des jeunes gens ; je doute qu’aucun Mentor chrétien lui en fasse des remercimens & profite de son travail, quoique ce soit un Ecclésiastique qui le lui présente, qui n’a pas ici consulté les Canons & les Peres. […] Cet Auteur a brillé sur le théâtre par plusieurs pieces dont la jalousie a trop exagéré les défauts & déprécié le mérite. […] Il a commencé par Eschile, celui de tous qui mérite moins la préférence.
Peintre des Mœurs, moins sage que le Peintre des Visages, qui fut toujours dans une parfaite intelligence avec sa femme, & en eut une fille aussi distinguée par ses vertus & ses mérites, que par la noblesse de son alliance. […] Le danger & le crime du Théatre est de séduire jusqu’aux personnes de mérite, & d’avilir les gens de qualité. […] Mais il paroît que tout ne rouleroit que sur des critiques purement littéraires, aucune sur les mœurs & la décence que tout y blesse, & sur le mépris que mérite Moliere à ce titre ; lui qu’un aveugle enthousiasme voudroit canoniser, quoique l’intérêt même des mœurs ne permette pas qu’on accrédite un homme qui les a si peu respectées, & dans sa conduite, & dans ses ouvrages. […] Moliere comme un autre a été critiqué, & mérite de l’être, avec son talent suprême & son caractere frappant.
Il y a peu de mérite à détruire ; il ne faut pour cela, ni travail, ni vigueur d’imagination : édifions plutôt ; l’être fut toujours préférable au néant*. […] La Patrie, en les couronnant, recompensera le mérite en tout genre. […] A mesure qu’ils se marieront, ils feront place à d’autres ; les Acteurs d’un mérite distingué, seront conservés pour les différens Rôles qui demandent de l’expérience & l’usage du Théâtre ; ils s’exerceront aussi de temps-en-temps pour les Rôles de Vieillards, tant dans le Tragique que dans le Comique. […] Les honoraires des Auteurs des Drames seront fixés, en raison du genre dans lequel ils auront travaillé, & le nombre des Représentations marquera le degré de mérite. […] Les degrés de mérite dans chaque genre se trouveraient alors recompensés par le nombre de Représentations, & par les Reprises.
On en a fait un Conte de Fées, le seul honneur que cette fable mérite. […] C’est le grand mérite auprès des femmes, leur cœur tient rarement contre l’élégance, & ne connoît point de plus grandes affaires. […] C’est l’image de leur mérite ; leur esprit, leur talent, sur-tout leurs vertus sont des diamans du temple de cuivre doré ; luxe même inutile à la beauté qui n’en a pas besoin, & à la laideur qui n’en profite pas.
Les Acteurs & les Actrices ne pourront se marier que les uns avec les autres, sous le bon-plaisir de la Direction, qui se servira de ce moyen pour exciter l’émulation de la Troupe, en favorisant toujours le mérite, en cas de concurrence. […] Les Acteurs qui ne se formeront pas suffisament, quoique d’ailleurs ils aient quelque mérite, resteront toute leur vie dans les Troupes de province, où ils feront les derniers rôles, ou aux Théâtres des Baladins. […] Mais, je le répète, voila quels doivent être nos Acteurs, pour ne plus être dangereux, si nous ne voulons pas ennoblir & légitimer le Comédisme : il faut, ou qu’ils soient honnêtes, nos frères, nos égaux, nos amis ; bien plus, des Citoyens, élevés au-dessus du vulgaire, par leur mérite, leurs grâces, leurs talens ; que leurs mœurs soient les plus honnêtes ; qu’ils soient réellement des modèles enchanteurs : ou que les Comédiens soient si bas, qu’on ne puisse sans rougir descendre jusqu’à eux ; qu’avec une pureté de mœurs volontaire ou forcée, les Actrices soient pourtant avilies, & nous obligent, lors de la Représentation, à ne voir que l’Héroïne, parce qu’il ferait trop desagréable d’arrêter ses yeux sur l’être dégradé qui lui prête son organe : en un mot, qu’on voye le Comédien & la Comédienne presqu’aussi desintéressément que s’ils étaient des automates.
Impatient déjà d’expier son offense Au-devant de ton bras, je le sens qui s’avance Frappe. etc.. » bj Ce n’est point Phèdre directement, c’est Œnone sa confidente qui conduit la malheureuse intrigue qui cause la mort d’Hyppolite ; en un mot si l’on sent de l’horreur pour le crime de Phèdre, elle force en même temps le Spectateur d’aimer ses remords et sa vertu à l’exemple de ce Prélat si célèbre par les charmes de son éloquence, par la profondeur de son savoir et par l’éclat de ses vertus ; « Phèdre disait-il, toute incestueuse qu’elle est, me plaît par sa vertu. »bk Remarquez s’il vous plaît, que le Vice ne gagne rien à l’intérêt qu’on prend pour Phèdre, la vertu de celle-ci augmente au contraire l’exécration qu’Œnone mérite d’un bout à l’autre de la pièce. […] Un ouvrage qui développe et prouve trois vérités de cette importance, ne mérite-t-il pas bien d’être écouté ? […] Tel qui leur accorde sa bienveillance en sortant de la Comédie, ne mérite assurément celle de personne dans la société.
Laverdi, fameux Avocat, qui à en juger par son plaidoyer, rapporté dans les Causes célèbres, mérite bien autant que M. […] Ainsi, sans examiner la validité des vœux, la légitimité d’une acquisition, le défaut d’un mariage, etc., il suffit qu’un Religieux laisse passer le temps de la réclamation, le propriétaire celui de la prescription, qu’un étranger querelle un mariage, etc., sans entrer dans le mérite du fond, ils sont déclarés non recevables. […] Qu’on lui érige, si l’on veut, une statue sur le Parnasse de M. du Tillet, à côté de Sophocle et d’Euripide, quoique après tout deux ou trois pièces de quelque mérite sont un fort petit titre ; à la bonne heure, peu importe à la religion ; mais qu’on place aux pieds des autels le mausolée d’un Histrion, qui ne devrait pas y avoir la sépulture, pour canoniser en quelque sorte le théâtre, que la religion et les mœurs ne cessent de condamner, peut-on imaginer de plus indécente apothéose ?
Les hommes de mérite, les administrateurs et chefs dignes de juger et conduire leurs semblables, dont ils pèsent les droits avec impartialité, et dont ils ménagent avec attention la délicatesse et la sensibilité ; parce qu’en étant doués eux-mêmes, ils peuvent sentir pourquoi il faut en agir ainsi ; ces hommes que je respecte et chéris, concevront que j’attaque en général un désordre sur lequel ils gémissent sans doute les premiers, désordre qu’il est bien important d’arrêter enfin par quelque forme garantissante, comme par une loi de la discussion non fictive des causes de suppression et réforme, et par le rétablissement de l’ordre d’avancement, soutenu particulièrement ; ce qui laisserait l’envie et la faiblesse, toutes les coupables intrigues des protégés et des protecteurs, sans appât ou sans espérance.
Ce Philosophe semble le regarder comme beaucoup plus ancien que les autres Spectacles, Ainsi les Drames de Thalie & de Melpomêne n’auraient que le second rang dans l’esprit de ceux qui mettent le principal mérite des choses dans leur antiquité.
Dans cette Lettre on feint d’avoir consulté un Théologien illustre par sa qualité et son mérite, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou si elle doit être absolument défendue.
Ajoutons que le Théâtre moderne mérite toute préférence, par la commodité qu’il procure aux Acteurs, aussi bien qu’aux Spectateurs : les premiers peuvent exprimer les sentiments et les passions dans les tons convenables et naturels : les seconds sont à portée de concevoir toute la force et toute la finesse de l’expression ; puisque les Théâtres modernes ne sont pas, à beaucoup près, si vastes que les Théâtres des Anciens, ni exposés au grand air, comme ils l’étaient.
Si vous étiez élevé sur une haute montagne, les plus grosses villes vous paraîtraient à peine comme des hameaux, leurs Palais les plus superbes et les plus magnifiques comme des huttes et des cabanes, et les hommes des fourmis, si toutefois vous pouviez les apercevoir, tel est celui qui habite déjà dans le Ciel par l’ardeur de ses désirs ; toute la grandeur humaine n’est pour lui que bassesse, qu’un atome éclatant, un point qui en impose aux yeux par quelque apparence d’enflure, il a peine à comprendre l’excès de folie et l’ensorcellement des hommes qui se laissaient captiver et transporter par ces niaiseries, si quelque objet sollicite son cœur par quelque monstre de beauté pour s’en faire aimer, il le dépouille aussitôt de ce fard et de cette vaine apparence qui pourrait l’éblouir parce qu’il est homme, et lui dit vous n’êtes rien, vous n’avez qu’une faible lueur de cette lumière immense, de cette beauté originale qui est en Dieu, lui seul mérite d’occuper nos esprits et nos cœurs, adorons-le ; il lui tarde que nous soyons tous arrivés à ce jour qui sera le dernier de tous, où Dieu seul paraîtra grand, « exaltabitur Deus solus in die illa »Isai. […] Une telle présomption mérite seule que Dieu vous abandonne à vous-mêmes, et si vous n’êtes pas tombée aux yeux des hommes, vous l’êtes déjà peut-être aux siens.
Toute la dialectique de notre auteur Pygmée, est renfermée dans un cercle vicieux, qui se réduit à soutenir naïvement, que la vérité est vraie, et que celui qui ose nier la vérité de notre religion, qui est vraie, (et à cet égard son antagoniste ne le contestait pas), mérite sans rémission d’être puni dès ce bas monde, et d’y jouir par anticipation des douceurs de l’enfer. […] Ce crime consiste à être convenu du mérite incontestable et de la rare habileté de raisonnement de M.
Voltaire, qu’autorisait l’exemple d’Euripide, ne le suivit pas en tout ; plus délicat dans le choix de ses sujets, il rejeta en général ces grands coupables qui ne peuvent rapprocher de la vertu que par l’horreur qu’ils inspirent, mais qui peuvent aussi faire avancer dans le crime. « Il y a du bon dans cette pièce , disait un avare assistant à l’une des représentations de Molière, elle offre d’utiles leçons d’économie. » La répugnance de Voltaire à donner au public cette dangereuse instruction, mérite notre reconnaissance ; son respect pour les mœurs, nos éloges et notre admiration ; car, il faut le dire, le vice alors infectait la nation, et siégeait impudent au conseil de son roi. […] Je ne continuerai pas l’analyse de cette pièce dans laquelle il est impossible de ne pas remarquer une grande confusion ; point de liaison dans ses parties, et aucun mérite littéraire.
On a beau dire que le mérite des Drames modernes dépend plutôt du Décorateur que du Poète, plutôt du jeu du Comédien que de l’élégance du stile & de l’action représentée ; on se moque de pareils discours, & l’on ne charge pas moins la Scène de décorations éclatantes, & d’une pantomime difficile à bien éxécuter.
Deux Juges président à ces Représentations, pour décider du mérite de la Piéce.
Quel mérite éminent en effet ne faut-il pas avoir pour être digne d’être amoureux ? […] Personne n’ignore combien sa vie a été débordée ; mais ce sont des foiblesses si pardonnables, c’est un mérite aux yeux de notre chaste Ecrivain : elle étoit plus digne de sentir l’amour que Catherine de Médicis. […] Il étoit trop religieux, trop vertueux, trop sage, pour imiter un homme dont le principal mérite, qui l’a tant fait louer depuis quelques années, a été d’avoir toléré, favorise, soutenu, professé la religion protestante, ou plutôt de n’avoir pas eu de religion. Mais n’est ce pas le vrai mérite de ce siecle ?
Les Grecs qui étaient un peuple voluptueux et oisif, passaient toute la journée à entendre des Vers et des Harangues ; les Cordonniers, les Forgerons, les Tailleurs, les Maçons, ceux qui exerçaient les métiers les plus vils, confondus avec ceux qui remplissaient les premières Charges de la République, décidaient au Sénat et à l’Amphithéâtre, de l’esprit et du mérite des Orateurs et des Poètes, et faisaient valoir par leurs suffrages, ou décréditaient une Harangue, ou une Comédie. […] Le Poète ne doit pas donner à entendre, que son Héros est tombé dans le malheur, pour être sujet à quelque imperfection ; mais pour avoir fait quelque faute, qui mérite d’être punie. […] Si le Poète fait le portrait d’un Tyran, il n’est pas nécessaire qu’il lui attribue toutes sortes de vices ; mais cependant qu’il y ait quelque imperfection, même dans ses bonnes qualités ; que son courage soit cruel et féroce ; sa prudence artificieuse ; sa complaisance pleine de perfidie ; que s’il fait des libéralités à quelques-uns, qu’il ravisse impunément le bien des autres ; qu’il soit défiant, fourbe, infidèle, ennemi des personnes de mérite, dont les bonnes mœurs sont un reproche continuel de ses vices. […] Cette matière a été agitée depuis quelques années, par des personnes d’un grand mérite, qui n’ont rien épargné pour faire leur cause bonne, et pour donner de la probabilité à leurs sentiments.
Au reste un serment mis en œuvre n’est pas une médiocre ressource pour quantité de nos Dramatiques : c’est ce qui remplit le vide de la pensée, ce qui renfle une expression plate, ce qui donne de l’harmonie et de la rondeur à la période ; ce qui apprécie enfin l’éloquence et le mérite de ceux qui se signalent en l’art de jurer. […] Et quelle espèce d’homme est-ce que Longuevue, suivant l’appréciation que le Poète fait de son mérite ? […] « La Providence, comme tu vois, prend soin enfin des hommes de mérite. […] Hercule paraît dans une Machine, et fait connaître sa glorieuse destinée à Philoctète : il lui dit qu’elle est la récompense de la vertu et le prix du mérite ; et lui recommande d’être fidèle à remplir les devoirs de la Religion.
Monsieur, Vous m’avez prié de vous mander qui était l’Auteur d’une Lettre écrite en faveur de la Comédie, qui court depuis peu dans le monde ; si le Théologien illustre à qui on l’attribue, est un Docteur de notre Faculté, et ce que je pense enfin du mérite de cette Lettre. Quant à l’Auteur, Monsieur, on ne sait pas trop quelb il est ; on avait cru d’abord que c’était le Révérend Père Caffaro Theatin, qui est effectivement un Homme illustre, et par sa qualité et par son mérite ; mais il a détrompé le Public par un désaveu solennel qu’il a fait de cette Lettre, à laquelle il proteste « n’avoir eu aucune part». […] Pour moi, Monsieur, je m’en mets fort peu en peine, et je suis persuadé que la chose vous est aussi assez indifférente ; Mais puisque vous désirez que je vous dise ce que je pense du mérite de cette Lettre, je m’en vais vous le dire bonnement, et je le ferai même à l’heure qu’il est plus volontiers et avec plus de liberté, n’ayant plus d’Auteur à ménager. […] Mais enfin, il nous en découvre la source ; c’est dans l’incomparable Esope de son Ami qu’il s’est instruit du mérite de la Comédie ; c’est là où il a appris que « dans la Comédie il n’y a rien qui ne soit conforme au sentiment de tous les Fidèles ». […] Voilà, Monsieur, au plus juste, ce que je pense du mérite de la Lettre sur laquelle vous avez voulu que je vous expliquasse mes sentiments.
Les Poëtes se rendant d’abord les esclaves de ces funestes maximes, en composent tout le mérite de leurs Héros. […] Le projet fut exécuté avec un tel succès, qu’on excita le jeune homme à s’en faire un mérite auprès de sa Mere, à qui il en fit la lecture. […] En voici un autre qui n’est pas ancien, & qui par ses circonstances, mérite d’avoir ici sa place. […] Le mérite de ce vertueux Académicien est caractérisé dans les Lettres de Noblesse que Louis XVI lui a accordées. […] Cette idée se réfute d’elle-même, & ne mérite que d’être chargée de ridicule.
L’Opéra-Sérieux ne mérite-t-il pas d’être compté à part ?
Mais parce que la fin de la comédie est de délecter, et que les pratiques de la vertu ne sont pas celles qui plaisent le plus à notre nature, on les a quittées pour représenter ce qui peut être dans la complaisance des passions, et l’on se propose pour dernière fin, une volupté qui est l’amorce commune de tous les vices ; et d’autant que ces acteurs veulent donner de l’admiration, ils vous font voir des prodiges de méchanceté, des usurpateurs qui s’élèvent dessus les trônes par toutes sortes de crimes, en mettant sous leurs pieds, tous ceux qui ne peuvent servir autrement à leur fortune : des inimitiés éternelles ; des vengeances toujours extrêmes ; la cruauté n’épargne ni l’âge, ni le mérite, ni le sexe ; elle s’étend jusques aux derniers degrés d’une famille, et jusques aux cendres des défunts ; ce ne sont que duels, que guerres, qu’assassinats, où pour donner plus de compassion, l’innocence demeure toujours opprimée.
Il mérite cette origine. […] On y est parvenu par une route inondée de sang, & semée de crimes, qui n’avoit d’autre mérite que le libertinage du théatre. […] Chez les femmes la beauté est le plus grand mérite ; il efface tous les défauts. […] Un Envoyé des Protestans de France, s’en étant moqué, elle ne voulut plus le voir, quoique un homme de mérite, & accrédité dans son parti. […] Jeanne d’Albret, sa mere, persécutrice, il est vrai, des Catholiques, en haine du Pape, qui avoit privé sa maison du royaume de Navarre, avoit des mœurs & de belles qualités ; Anne de Boulen n’avoit d’autre mérite que la coquetterie, qui la conduisit à l’échaffaud.
Mais je rapporterai à ce sujet une Anecdote intéressante que tout le monde ne sait pas, & qui mérite d’être connue. […] Je suis fâché seulement que vous ayez diminué le mérite de sa modération, en passant sous silence l’étrange problème qui étoit le sujet de cette Déclamation violente & personnelle. […] Vers qui non-seulement ont le mérite de l’élégance & de l’harmonie, mais dans lesquels encore le choix heureux des expressions forme un tableau parfait des mœurs de la Cour, & du caractère des courtisans. […] J’ai lû depuis peu des Lettres ingénieuses sur M. de Fontenelle, dont je ne connois pas l’Auteur, & dans lesquelles on parle de moi avec des éloges qu’assurément je n’ai point recherchés, & que je ne mérite pas. […] Quand on veut prononcer sur le mérite d’une Nation dans quelque Art que ce soit, je pense qu’il est de la justice de n’en porter son jugement que sur les Ouvrages des meilleurs Artistes.
Mon zèle pour la personne sacrée des Rois me les ferait plutôt allumer, et bien loin de réclamer contre la juste sévérité des Magistrats, je suis persuadé qu’en bonne politique, même en matière de tyrannicide, ils ont trop d’indulgence pour les spectacles ; que cette doctrine pernicieuse qu’ils ont redoutée dans le théâtre Latin de Sénèque et del Rio, mérite encore moins de grâce dans les théâtres de Corneille, de Racine, Crébillon, Voltaire, Marmontel, Héros de la scène tragique, à qui l’Académie Française a donné des provisions de l’office de bel esprit utile à l’Etat : doctrine qui débitée publiquement, dans tout le royaume, dans des représentations et des volumes innombrables, avec toute l’élégance, la pompe et le pathétique possibles, doit produire sur tous les esprits un bien plus mauvais effet que la tragédie et le commentaire del Rio, que personne ne connaît. […] Si ces belles maximes dans une épître didactique méritent des couronnes littéraires, Buzembaun mérite-t-il le feu ? […] Dans le fils d’un Tyran l’odieuse naissance Mérite que l’erreur arrache l’innocence. […] Ce barbare tragique n’a pas sans doute oublié le langage affreux et facile de la rage et du désespoir, que l’on traite de sublime, parce qu’il attaque les Dieux et les Rois, et qui par cette même raison ne mérite que l’indignation et le mépris. […] Cet ouvrage doit-il ce prodigieux succès à son mérite dramatique ?
Guillaume Penn & Joseph Barclai, hommes d’un mérite supérieur, employerent tout leur bien, leurs travaux, leur crédit, pour établir les Quakers en Amérique, dans la Province qui porte le nom de Pensilvanie ; ils y fonderent une Eglise de leur Secte, & firent servir leurs talents pour séduire le peuple, & réduire en systême toutes les rêveries des Quakers ; ils y ont réussi. […] Ovide fait un mérite à Sapho de ne point employer ce moyen de plaire : Non arabo noster more capillus olet. […] Je vous envoie des cheveux & une tête, disoit Martial, à une femme à qui il donnoit de la pommade & du fard ; on en trouvera cent autres dans Aristophane, Arien, Properce, Athenée, Casaubon, &c. comme la folie de la parure est de tous les tems, les railleries qu’elle mérite ont aussi été de tous les pays & de tous les siécles.
Il en est comme le centre, & en fait couler toutes les passions & les illusions qu’il produit, les hommages qu’il usurps, les rangs qu’il confond, les têtes qu’il tourne, la fortune qu’il dérange, le mérite qu’il éclipse, les sots qu’il décore, la santé qu’il affoiblit, les mœurs qu’il corrompt, les devoirs qu’il néglige, les crimes qu’il occasionne, les ridicules où il fait tomber . […] Le mérite n’est pas moins éclipsé que le rang. […] Dans les Bagatelles de l’Abbé Coyer, Lettre à une jeune Dame, on voit un trait qui mérite d’avoir ici sa place.
Godeau, Évêque de Vence fut un Prélat habile, distingué par des vertus, des talens, & grand nombre d’ouvrages en prose & en vers, qui quoique médiocres, lui firent une réputation, parce qu’ils n’y avoit guère rien de meilleur de son temps, mais très-louables parce qu’ils font remplis de piété : mérite rare de nos jours ou plutôt vrai démérite ; il n’est pas surprenant que cet Écrivain condamne le théatre, la piété fut toujours son ennemie, comme le théatre fut toujours ennemi de la piété. […] Nous n’aurions parlé ni du livre ni de son éloge, production d’un mérite médiocre, s’il n’y avoit dans Petrus Aurelius une erreur singulière qui intéresse le théatre, que le Panegyriste n’excepte pas de l’éloge pompeux, absolu, général, indéfini qu’il en fait ; ce qui semble une approbation tacite que je n’attribue pourtant pas à M. […] Marot étoit un débauché & un impie, emprisonné pour ses crimes, il n’évita le dernier supplice que par la fuite, & alla mourir de misère en Piémont, il plut à quelque Prince & dût sa réputation à l’irréligion & à l’obscénité, il a des saillies, des tours ingénieux, des naïvetés agréables ; en élaguant ses poésies & en ramassant ce qu’il a de bon, on feroit une vingtaine de pages, tout le reste mérite le sort que sa personne avoit mérité ; il a osé toucher aux Pseaumes de David, & en a traduit quelques-uns, ou plutôt les a défigurés & prophanés, on n’en peut pas lire un seul, il n’est pas moins barbare qu’Hétérodoxe.
Il ajoute l’exemple de Sapho qui, toute amoureuse qu’elle étoit de Phaon, se fait un mérite d’un amour épuré, digne des héros, l’invite à l’aimer de même, & l’exhorte à mépriser comme elle les parfums dont les courtisannes sont si curieuses. […] Elles sont l’image du scandale qui a l’odeur contagieuse du péché ; le péché mérite toutes les peines ; elles servent à l’expier. […] Ainsi réduit au désespoir à charge à lui-même & à tout le monde, il demande vainement une grace qu’il ne mérite pas d’obtenir, & meurt dans l’impénitence.
Je n’attaque point les vivans, je veux croire qu’ils n’imitent pas les mœurs de ceux dont ils se font un mérite d’imiter les ouvrages. […] Il donne ainsi l’idée de son mérite, dont l’Affiche du 3 juillet 1765 fait un pompeux panégyrique, & qu’elle transmet à la postérité : Mon corps dont la structure a cinq pieds de hauteur Porte sous l’estomac une masse rotonde, Qui de mes pas tardifs excuse la lenteur, (il est en effet très-important au public de savoir que Panard avoit un gros ventre.) […] A peine l’eut-on annoncée, que le parterre, qui connoît Fretillon, & qui a pour elle le respect qu’elle mérite, s’écria par acclamation : Au cachot Clairon, Clairon au cachot.
L’homme de théatre est admis dans les plus nobles sociétés ; ses vains talens lui tiennent lieu d’ayeux & de mérite ; recherché, comblé de largesses, il s’en énorgueillit. […] Que feroit-on de plus pour l’homme du plus grand mérite & le plus utile à l’Etat ? […] César, qui connoissoit ses talens & sa rivalité avec Syrus, le voyant au spectacle, voulut, pour se divertir, les voir jouer tous deux, & juger de leur mérite.
Près de là, et vis-à-vis un jeu de paume, décoré jadis des armes d’un fils de France, où je jugeai plus d’un coup dans ma jeunesse, je vis un nouveau bâtiment, pour moi du moins, qu’on me dit être les anciens grands Danseurs du Roi58 qui, sous le titre de la Gaîté, titre qui n’engage à rien, ont enterré dans le coffre d’Arlequin mort et vivant59 les farces qui les soutinrent, pour singer, dans d’extravagantes actions, étayées d’une belle décoration, qui fait souvent tout le mérite de ce qu’on veut bien appeler un ouvrage, les premiers talents de notre scène tragique. […] Du reste, ce théâtre est heureux et mérite de l’être. […] [NDA] Acteur en tous genres et qui ne fut pas sans mérite.
On ne peut déshériter une impubère incapable par son âge de l’avoir mérité ; on ne peut de même déshériter un Comédien encore mineur, qui ne mérite ni l’infamie légale ni la disgrâce paternelle, par une faute qu’il a tâché de réparer. […] Pour la galanterie, Marmontel est de fort bonne composition ; il porte l’indulgence jusqu’à faire de l’amour physique, que M. de Maupertuis appelle Vénus physique, et que nous bonnes gens appelons grossièrement l’impureté, jusqu’à en faire un bien, un mérite, un besoin périodique, une nécessité publique et particulière. […] Qui peut ôter l’honneur, si on ne le mérite ?
Elle fait un mérite à quelques-uns de ses plus saints personnages d’avoir dansé au son du tambour. […] Le théâtre, dit-on, est défendu, & sans doute qu’il mérite de l’être.
La comédie de nos jours ne mérite pas plus de grace ; pour peu qu’on ait de bonne foi, on la reconnoîtra dans le portrait de celle de son temps. […] En louant ces folies, on s’en tend complice, on en devient l’auteur, en engageant à les dire, & l’on mérite les plus grands supplices.
Bannissez tant d’abus du Théâtre ; bannissez-en ces danses mesquines, qui ne peuvent avoir de mérite que sur des Théâtres inférieurs.
C’étoit le Théatre du Diable, comme aujourd’hui le Théatre de la Foire, le Théatre Italien, qui en un sens en mérite encore mieux le nom.
La coèffure des Actrices en général mérite le même reproche ; une simple Paysanne a-t-elle ses cheveux bouclés avec art, & porte-t-elle des pompons & des aigrettes ?
La Divine Providence nous en donne un exemple dans la personne de Messire Etienne le Camus Evêque de Grenoble, qui vient d’être élevé à la Pourpre sans qu’on puisse dire qu’il ait fait la moindre brigue pour cela, ni la moindre recherche, sans qu’il ait été nommé, ni recommandé par aucune Puissance ; En un mot par son seul mérite, et par la bonne odeur de sa piété et de sa science.
Anéantir le mérite, n’est pas le métier d’un honnête homme.
Si vous la jugez deshonorante, pourquoi mérite-t-elle vos applaudissemens ? […] Vous vous parez de titres de Chrétienne & de Citoyenne ; ces qualités font le mérite essentiel de l’homme ; on vit par elles devant Dieu & dans la société civile.
Il n’est pas surprenant que ses talents supérieurs, alors peu développés, et sa science encore médiocre, ne lui aient pas obtenu la préférence sur son concurrent, homme formé, connu, et, à en juger par son style, bien plus agréable et plus intrigant, et qui d’ailleurs n’était pas sans mérite, comme il paraît par ses ouvrages, où l’on trouve une grande connaissance du droit, beaucoup d’érudition et de subtilité. […] Il mérite mieux qu’Octavien d’être nommé l’Empereur Auguste, et puisque, selon Orphée, il a les clefs du ciel et de l’enfer, comme le Pape, il peut, aussi bien que lui, déposer les Rois et les Empereurs, et a souvent fait perdre des royaumes : « Sic summus Pontifex privat Reges et Augustos imperio », parce que, dit-il, la tradition des clefs est un transport d’autorité et de domaine : Traditio clavium operatur dominii translationem. » (L.
C’est un homme du monde, qui a le double mérite, & d’oser dire la vérité, & de sçavoir la bien dire. […] Mais si ce Livre mérite de persuader ses Lecteurs, nous aurions trop à perdre pour le desirer sincerement. […] Je ne prétends pas m’en faire un mérite auprès de M. […] Ce sont ceux qui prétendent y aller pour juger du mérite de la Piece. […] Mais quand j’aurois assez de mérite pour pouvoir en porter mon jugement, devrois-je y aller ?
Il est surprenant que l’abbé Aubert homme d’esprit & de mérite, qui dans son journal observe les loix de la décence, & n’a aucun besoin d’ajouter à sa couronne le foible fleuron du conte de Psiché, ait perdu son tems à mettre en vers cette extravagance, d’ailleurs si peu convénable dans son état. […] C’est pousser bien loin l’enthousiasme, pour une production dont la moitié ne mérite pas d’être lue. […] La vertu survit à tout, son mérite, & les graces durent toute la vie, & vous assure un amour éternel : Longum probitas perdurat in ævum, hinc pendet amor.
Les jeunes gens, les gens du monde sont dans une si grande ignorance, une si fausse conscience, un préjugé si aveugle, que bien loin de traiter la danse de péché, ils se font un honneur, un mérite, un devoir d’en fréquenter, d’en tenir les assemblées, & d’y paroître avec tout l’éclat & toutes les graces qu’ils peuvent se donner. […] Tout le reste mérite l’oubli total où il est tombé. […] Le jeu, dit le proverbe, ne vaut pas la chandelle, c’est-à-dire, l’objet ne mérite pas cet attachement.
Cette pièce si vantée n'est qu'un verbiage ou un tissu d'erreurs : « Sunt verba et voces, prætereaque nihil d. » Cet Abbé, qui fut toujours à la Trappe un homme d'un mérite distingué, ne sait pas même les premières règles de son métier : il révèle les confessions. […] Se respecte-t-on soi-même, lorsqu'on s'en fait gloire, ou qu'on en fait un mérite ? […] Finissons, n'en voilà que trop pour faire sentir le mérite de ce phénomène d'indécence.
Ce sentiment intime nous engage à nous humilier devant lui ; à reconnoître que cet Etre suprême demeure dans une lumière inaccessible pour nous ; & que l’homme qui, conduit par ses propres lumières, prétend nous donner une définition exacte de cet Etre suprême, des qualités qui lui sont propres, de ce qui est possible en Dieu, & de ce qui y est impossible, mérite autant le titre d’insensé que celui qui dit dans son cœur, il n’y a point de Dieu 8.
Si la distance des tems n’est pas encore assez grande pour que nous ayons pu oublier ses ouvrages, ne peut-on pas sans s’aveugler sur le mérite de ceux qui suivent ses traces, rendre à leurs poëmes la justice qui leur est duc ?
Combien de grands traits, de beautés se sont présentés à la plume, que la crainte que le Comédien ne les rejettât, ou qu’il ne développassent pas son mérite à son gré, a fait sacrifier !
Nous ne sommes peut-être pas capables de décider sur le mérite de gens que nous n’avons pas vu représenter ; mais nous ne pouvons pas révoquer en doute le témoignage de tant d’Auteurs de l’antiquité, qui parlent de l’excellence & du succès de leur art.
Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le Théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du Poète, et qu’elles ont été unies à dessein avec les vertus et le mérite dans des personnes que la Scène nous représente comme des Héros.
Je pense que pour en ôter le mauvais exemple, et pour décharger Elise du blâme qu’elle mérite pendant toute la Pièce, cette première Scène devrait être tournée tout différemment de ce que Molière a fait.