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92. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Car la voix étant enfoncée en une partie, demeurait quelque peu de temps, avant que elle fût épandue parmi l’air, comme étant retenue du larmier des murailles : et par ainsi parvenait plus doucement aux oreilles des écoutants, et plus clairement, et était beaucoup mieux entendue.

93. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle avoit une taille fine, une démarche majestueuse, & dansoit noblement, une voix harmonieuse, parloit & chantoit agréablement, & s’exprimoit avec dignité ; ses gestes étoient décens & pathétiques, son air modeste, ses regards tendres & insinuans, elle écrivoit bien, surtout des dépêches pour ses affaires. […] Cette conduite galante n’étoit pas du goût de Philippe second, le plus sérieux des hommes, dont elle méprisoit les cheveux blancs & l’air peu petit-maître ; elle ne contribuoit pas à détruire les soupçons qui se formerent sur ses galanteries & son intrigue avec Dom Carlos. […] On sent combien le défit de faire sa cour, l’espérance d’une brillante fortune, l’air & les maximes, & l’exemple du grand monde, l’élévation de ceux dont on leur ordonnoit de faire la conquête, le penchant de la nature, la foiblesse du sexe, des passions naissantes & bien cultivées, le désir de plaire, & la coquetterie naturelle à toutes les femmes devoient faire écouter ces écolieres avec avidité, & goûter avec plaisir des leçons si agréables, & faire les plus grands progres dans leur art. […] On ne peut disconvenir qu’un théatre, où on ne donneroit que de pareilles pieces ne fut infiniment moins dangéreux que celui où on ne représente que les amours des Dieux, les intrigues de la jeunesse, toute sorte de galanteries, avec des Actrices, dont l’air immodeste est aussi analogue aux sujets prophanes que la modestie convenoit à des sujets pieux. […] Leurs habillemens de cheval, leurs chapeaux étoient bien garnis de plumes, qui enrichissoient encore la grace ; si que les plumes volantes en l’air représentoient à demander amour ou guerre .

94. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

Il avoit comme dit l’Abbé d’Aubignac, la précaution de reduire la thèse à l’hypothèse ; c’est-à-dire, d’en faire des applications particuliéres, qui leur ôtoient ce qu’elles avoient de choquant, le ton didactique & l’air d’enseignement.

95. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

En effet, il ne faut pas attendre de l’homme qu’il réprime ses injustes penchants, ni qu’il renonce à ses plaisirs, quand nul motif ne l’engagera à se faire ces violences : il ne se mettra guère en peine de la vertu, si elle est sans récompense : la voix de la conscience ne l’inquiétera guère, si ce n’est qu’une idée en l’air, un fantôme, un effet de la mélancolie.

96. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

Tu ne nous offres rien que de grand, de pompeux ; Tu sais le présenter d’un air majestueux : Et l’on sort de chez toi toujours l’âme attendrie.

97. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Le parterre, les loges, le théatre, les coulisses, les salles étoient trop petites pour contenir ce majestueux cortege, & toutes les rues des environs pour tous les chars que Thalie avoit fait voler à l’apothéose de Voltaire, pendant sa vie, par les gens de lettres de son tems  ; cependant tous les instruments font retentir les airs de la plus agréable simphonie : violes, violons, violoncelle, clavecin, timpanon, flutes, hautbois, flageolet, trompettes, timbales, &c. mêlés aux cris des admirateurs, & aux siflets de plusieurs autres. […] Un cheval Pégase, de carton, qui ne fut jamais retif à Voltaire, y voloit dans les airs, porté sur un nuage, par la main d’une actrice ; l’hypocrene & le permesse couloient à grands flots sur la toile, & enivroient de leurs eaux sacrées tous les Voltairistes ; les neuf muses, la divine Uranie & sa dévote Epitre, Melpomêne & ses Cothurnes, Thalie & ses Masques, &c. […] La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] après ce sacrifice dont le parfum flattoit l’odorat de la nouvelle Divinité ; elle lui met de sa main charmante, accoutumée à porter tant de sceptres, une couronne de laurier sur la tête, alors tous les violons, violes, violoncelles, flutes, haubois, flageolet, fifres, trompettes, timballes font rétentir les airs, tous se prosterne aux pieds de la statue, & de toute part on s’écrie vive le grand, l’immortel, le divin Voltaire.

98. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Tout ce qu’on affecte, pour se donner un air de mérite, s’attirer des éloges, des honneurs, tout cela est du précieux & du précieux ridicule ; même principe, même motif, même effet. […] L’un s’éleve sur des Patins, pour montrer sa taille, l’autre se forge une généalogie pour étayer sa noblesse ; celui-là affecte un air panché, un sourire enfantin, une mole délicatesse, &c. tout autant de précieux, pire que le Neologisme. […] Dans les scénes suivantes, il leur dit, à elles-mêmes : il est bien nécessaire de faire tant de dépense pour vous graisser le museau  ; elles se moquent d’un homme simple, mais très-bon parti qui les demande en mariage : ils n’ont point cet air qui donne d’abord bonne opinion des gens. […] Les uns aimoient les cheveux blonds, couleur douce & agreable ; d’autres noirs, couleur qui donnoit un air mâle & martial ; mais on méprisoit les cheveux blancs, comme annonçant la vieillesse : aujourd’hui on les veut tous blancs, ce qui couvre-tous les défauts des cheveux roux, cendrés, & même le mélange des cheveux postiches.

99. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Si le lieu de l’action, est une Place, alors les Coulisses, ouvertes, anglées ou colonadées, représenteront les Rues ; la Scène en plein air, vaste, majestueuse, pourrait être décorée de Statues, de Fontaines, & terminée par un Palais. […] Comme il n’en faudra qu’un seul à chacun d’entr’eux, ils pourront en faire la dépense : On observera que ces Habits répondent exactement au caractère & à la fortune du personnage que l’Acteur doit représenter, & qu’ils contribuent à l’illusion par leur air de vérité. […] La Musique est l’art auquel tout se rapporte dans l’Opéra : on peut donc y sacrifier un peu de vraisemblance, & saisir toutes les occasions de faire entendre de beaux airs. […] impossible : on ne court à l’Opéra-Comique que pour entendre & retenir de petits airs charmans, qui rendent un homme délicieux auprès des femmes : pourrait on jamais être insensible au plaisir de les leur chanter, de les apprendre d’elles, de les répéter avec elles ? […] Les airs mêmes, qui devraient avoir l’effet de ces aria si puissans en mélodie, des Opéras Italiens, affectent à peine chez nous.

100. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Je conviens par la malignité qui caractérise l’esprit humain, que c’est un très-grand plaisir de voir son semblable tourné en ridicule, & de pouvoir se mettre au-dessus de lui : je conviens qu’on jouit avec satisfaction de l’embarras d’un jeune provincial qui se présente d’un air gauche dans un cercle brillant, qui salue d’un air timide, & qui perd contenance : je conviens qu’on est charmé de voir un homme qui se laisse duper comme un sot : pourquoi cela ?

101. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Un air de mode impose à nos François plus que toute autre chose, dit Rousseau dans une de ses Epîtres. […] Je prouverois que la plupart des Comédies sont des écoles du vice, au lieu d’être des écoles de vertu ; on y verroit un fils apprendre à se moquer de son pere, un jeune homme à insulter un vieillard, une femme à tromper son mari avec adresse, des domestiques à voler leurs maîtres : on y verroit la vertu, la probité, la franchise sans cesse aux prises avec l’air du jour, le ton & les manieres à la mode, & toujours au-dessous de ces frivolités.

102. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Leur Orchestre ne se fesait point scrupule de jouer autrefois dans les entre-Actes d’une Tragédie des airs extrêmement gais, & dans ceux d’une Comédie, des Symphonies nobles & sérieuses ; mais depuis quelque tems, tout ce qu’il éxécute est lié au genre & même au sujet de la Pièce représentée, autant que la vraisemblance le permet. […] Bien des gens auraient tort de conclure de ce que je dis ici, que l’aimable Spectacle disparaîtra comme un feu follet ; comme ces Météores brillans qui se dissipent bie-tôt dans les airs.

103. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Si Lulli a excellé dans son art, il a dû proportionner, comme il a fait, les accents de ses chanteurs et de ses chanteuses à leurs récits et à leurs vers : et ses airs tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions les plus décevantes, en les rendant les plus agréables et les plus vives qu’on peut par le charme d’une musique, qui ne demeure si facilement imprimée dans la mémoire, qu’à cause qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur.

104. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

L’explosion fit sauter le plancher et une chambre qui était au-dessus, et mit le feu à la couverture, qui, en tombant, renversa une partie des murs et embrasa le théâtre ; la plupart des spectateurs sautèrent en l’air avec l’édifice, ou furent ensevelis sous ses ruines embrasées.

105. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Ces Dragons étaient communément peints en drapeaux et banderoles, lesquelles branlées au vent semblaient comme siffler, et montrer une gueule de Dragon béante et enflée, à mesure que le vent s’entonnait ès replis, et que les banderoles voletaient en l’air, comme Claudian, In tertio consulatu Honorij. — picta Draconum Colla levant multusque tumet per nubila serpens Iratus stimulante Noto.

106. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

« Tous les Savans en l’Art, dit l’Abbé d’Aubignac, nous apprennent que les Fables polymythes, c’est-à-dire, chargées d’un grand nombre d’incidens, ou sont vicieuses, ou ne sont pas des meilleures. » C’est parce qu’elles sont toutes occupées par les actions, qui ne laissant point de place au discours, tiennent le sujet comme étouffé, sans air & sans mouvement.

107. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Elles sont incomparablement moins retenues ; l’air de la scene perce par tout. […] Il a raison, la pudeur est étrangere sut leurs terres, malgré l’air de pruderie qu’on arbore quelquefois. […] Il ne l’attaqua pas brusquement, un air de modestie, de religion, & de prudence la firent respecter ; mais il la prépara par un grand repas, & la fit sonder par son confident, qui n’y fit pas tant de façon. […] Le cœur s’épanouit & respire un air de plaisir & de liberté ; telle une femme parée s’empare des sens, & fait glisser la volupté. […] Mais quoi, le plus grand des hommes n’a t il pas mille autres vertus, qui méritent la préférence, si même c’est une vertu pour l’ambassadeur du Très Haut, qui doit faire honneur à son ministere par l’air de dignité avec lequel il le remplit ?

108. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Les accidens de la Comédie en sont l’appareil & les accompagnemens, c’est-à-dire, les Intermèdes, les Farces, les Danses, la Musique, l’air & le jeu des Acteurs, le concours & la disposition des Spectateurs. […] Leur air n’annonce que trop leur caractère & leur profession.

109. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Eschyle dans le chœur jetta les personnages ; D’un masque plus honnête habilla les visages, Sur les airs d’un Théâtre, en public exhaussé, Fit paroître l’Acteur d’un brodequin chaussé. […] Cette haute idée d’eux-mêmes, échauffoit leur esprit ; ils n’avoient pas, comme ceux qui les ont suivis, de précautions à prendre pour ne pas ressembler, n’y d’efforts à faire pour trouver dans des sujets rebattus, des faces nouvelles, & capables de donner à leurs ouvrages, cet air de fraîcheur qu’on exige même de nos jours.

110. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Mais comme vous pourriez vous retrancher, en me disant deux choses, & que ces pieces ne se joüent pas tous les jours, pour soüiller toûjours le theatre, & que toutes les personnes qui ont plus de Christianisme, ont coûtume de s’en abstenir ; je vous l’accorde, quoy que cela se pourroit assez disputer : Laissons donc ce theatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce theatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire que l’air de l’amour, qui en enseigne si delicatement tous les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux que l’autre. […] C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant été banny du Theatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.

111. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Les accidens de la Comédie en sont l’appareil & les accompagnemens, c’est à-dire, les Intermèdes, les Farces, les Danses, la Musique, l’air & le jeu des Acteurs, le concours & la disposition des Spectateurs. […] Leur air n’annonce que trop leur caractère & leur profession.

112. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Pour les hommes, leurs continuels éloges me fatiguaient ; je n’y répondais que par quelques révérences, qui me donnaient un air passablement emprunté. […] Sans être une beauté régulière, la *** avait un air de vivacité, un nez voluptueux, des yeux noirs pleins de feu, de belles dents, beaucoup de blancheur, une gorge appétissante, des mains faites pour caresser l’amour, en un mot, elle était en tout point un objet séduisant.

113. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

L’enceinte des Théâtres était circulaire d’un côté, & carrée de l’autre : les grands Théâtres avaient toujours trois rangs de portiques élevés les unes sur les autres ; de sorte que l’on peut dire que ces portiques formaient le corps de l’édifice : on entrait non-seulement par-dessous leurs arcades de plain-pied dans l’Orquestre, & l’on montait aux différens étages du Théâtre, mais de plus les degrés où le Peuple se plaçait étaient appuyés contre leur mur intérieur ; & le plus élevé de ses portiques, à l’abri du soleil & des injures de l’air, était destiné aux femmes. […] Ces machines avaient assez de rapport avec celles de nos ceintres ; car aux mouvemens près, les usages en étaient les mêmes, & les Anciens en avaient comme nous de trois sortes en général ; les unes qui ne descendaient point jusqu’en bas, & qui ne faisaient que traverser le Théâtre ; d’autres dans lesquelles les Dieux descendaient jusque sur la Scène, & de troisièmes qui servaient à élever ou à soutenir en l’air les personnes qui semblaient voler.

114. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Ne seroit-ce pas comparer ces Globes lumineux, & bienfaisans, qui promenent leur immensité au plus haut des airs, avec ces atômes, dont la petitesse échappe aux regards, & d’un souffle est replongée dans le néant.

115. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

La meilleure musique, celle qui doit nous charmer davantage, est, selon moi, la musique Française ; c’est-à-dire, celle qui ne contient que des airs légers, & celle dont la noblesse & l’énergie nous frappe, & qui prend toujours la Nature pour guide.

116. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre III. Du Bal. » pp. 178-183

Comme cette affeterie dont ie parle, n’est qu’vne espece d’air & de tour que l’on donne à ce que l’on fait ; c’est une violence à la nature, & un desordre d’intention, quand elle passe plus outre ; & loing de rendre la Danse gracieuse, elle la rend grimaciere & contrefaite.

117. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

La nouvelle fut plus rafinée, sur-tout quoique dans le fond aussi corrompue, & en devint plus dangereuse ; elle arbora un air de décence, & voila, ou plutôt gâza le vice, pour séduire plus aisément la vertu, & fut le fruit de la molesse, qui naturellement moins bruyante, non par vertu, mais par paresse & amour du plaisir, se couvre d’une fausse politesse, pour être moins traversée : Insana est principum & populorum in ithiones pecuniæ collatio, quâ homines infames de turpitudine sua, & de suo scandalo lucrantur & gloriantur, majol. dies canicul. collat. […] C’étoit sa place, elle fut d’abord comique : ou si l’on veut une scéne d’opéra ; où l’on est enlevé dans les airs par des cordes ; mais elle devint tragique pour la N. lorsque la corde se rompit, & Junon, au lieu de monter au Ciel ; se cassa la tête. […] Ce mauvais Chrétien pour prouver ses erreurs par un miracle promit de voler comme les oiseaux ; il fut en effet enlevé dans les airs par le Démon, auquel il s’étoit donné & s’écrioit, Je m’en vai au ciel parmi les Dieux d’où je vous ferai mille biens. […] & seq. veut que les Pantomimes soient très-utiles, non pour enseigner les regles de la vertu, ils ne parlent point ; mais pour amuser une multitude de spectateurs dans les Fêtes publiques ; qui ne pouvant pas entendre, pensent voir de fort loin, (la finesse du geste, du coup d’œil, des traits du visage, &c. ne vont pas plus loin ni si loin que le son, ce n’est peut-être que de gros Lazzis ;) on ne connoît pas les grandes ressources du génie pantomime, on peut en faire un spectacle intéressant, (il faudroit être fort habile pour en faire autre chose que de l’amusement,) il est vrai qu’il veut le faire accompagner d’une musique de génie représentative, & très expressive ; car les airs, dit-il, ne sont que l’expression d’une passion cachée, il faut en représenter le motif & la cause, ce qui met dans la nécessité d’un recitatif joué par le pantomime, ce qui eut ramené non les paroles, mais seulement, & même rarement le sentiment.

118. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

De même dans le moral l’hypocrisie, un air, un langage dévot, des apparences de regularité, une multitude de bonnes œuvres, étalées pour se faire estimer, comme chez les Pharisiens, c’est un fard, un vrai crime que Dieu punit. […] On laisse les Comédiens dans leur état de bassesse, on les a à juste prix, on les reprime quand ils s’écartent ; nos Actrices sont fort cheres, & se donnent un air d’importance qui va jusqu’à l’insolence. […] Garderez-vous long-temps cet air de reserve, si deplacé dans le mariage, & qu’on ne pardonne qu’aux aspirantes ? […] Tacite dit en parlant du cruel Domitien, qui voyoit sans rougir & avec délices les exécutions de ceux qu’il faisoit mourir, & qui pour cacher les altérations de son visage s’enluminoit comme une femme : Vous n’aviez pas besoin de prendre ces précautions, l’air de férocité qui vous est naturel en dit assez : Sufficeret tuns ille vultus & rubor que te contra pudorem muniebas cùm suspiria morientium scriberentur.

119. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Nos doctes Parfumeurs dans les Traités qu’ils ont donnés, auroient dû faire un Commentaire du texte d’Athenée, ils y auroient appris bien des recettes pour de nouvelles odeurs, & marquer savamment la ressemblance de l’ancien odorat avec le notre, & auroient décoré leurs écrits d’un air scientifique. […] La marche partit à la pointe du jour, & dura toute la journée, des troupes innombrables de gens de toute nation & de tout état, des animaux de toute espèce, de jeunes garçons, de jeunes filles, des Faunes, des Satyres, des Nymphes, des Bacchantes, des danseurs, des danseuses, des Musiciens, des joueurs d’instrumens sur des théatres élevés sur des roues, traînés par des chevaux, qui dansoient, chantoient, jouoient continuellement, & faisoient retentir l’air ; des statues de tous les Dieux & de toutes les Déesses, avec leurs autels, leurs Temples mobiles, leurs Prêtres & Prêtresses, leurs victimes & sacrifices traînés par des lions, des tigres, des éléphans ; des forêts ambulantes, des parterres, des champs, des vignes, des tonneaux immenses comme des foudres d’Allemagne, remplis de vin & de lait, qui dans toute la marche en faisoient couler des fontaines ; des cuisines, des tables mouvantes pour donner à manger ; toute sorte de meubles, d’armes, d’ustenciles, tous les habits d’or ou de soie, tous les effets d’or ou d’argent, on eût dit que c’étoit la marche de la Nation entiere ; son Roi à la tête, qui avec sa Cour & sa Famille la terminoit. […] Des fleurs naissent sous ses pas, l’air en est embaumé, &c. […] Aucune odeur sur les mers, sur les rivieres, dans les élemens, le feu, l’air, l’eau, la terre, les métaux, les fruits, le pain, les viandes ; les poissons n’en ont que par la cuison & l’assaisonnement, elle est bientôt passée.

120. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Supposons une ville aussi infectée de la contagion qu’un Hôtel de comédie est infecté de la dépravation des mœurs, on la bloqueroit, on tireroit des lignes de circonvallation pour empêcher tout commerce avec elle & sauver les provinces voisines, & vous osez commercer avec le théatre, user de ses marchandises, en respirer l’air, vous nourrir de ses alimens ! […] Voilés d’un air de modestie, & perçant la gaze légère qu’une artificieuse pruderie a tissue par les mains de la coquetterie, ils disent tout, en affectant de ne rien dire. […] Les prisonniers du Fort-l’Évêque se plaignirent que l’air y étoit mauvais ; & comme on ne veut pas les rendre malades, on les transféra dans les prisons de S. Germain des Prés, où l’air est bon, & où pendant ne mois ils ont donné au public une espèce de farce deux sois la semaine.

121. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

La voilà cette mâle & fiere Actrice, qui s’avance avec fermeté, qui déclame avec force, qui soutient sans sourciller, les plus longues, les plus vives scènes, quelquefois les plus galantes, & répond avec la plus galante légèreté en femme instruite & expérimentée, aux yeux d’une foule de spectateurs ; elle chante les airs les plus difficiles, elle exécute les plus hautes danses, seule & en compagnie ; qui voltige, qui cabriole, qui fait des entrechats comme la Camargo ? […] Nos petites maîtresses semblent avoir pris à tâche de décrier leur sexe ; les femmes de théatre sont les respectables modèles d’après lesquels elles se forment ; elles en ont emprunté l’indécence dans l’air, l’habillement & le maintien ; la plûpart en ont pris jusqu’aux mœurs. […] Ce panégyrique perpétuel de tout ce qui porte le nom d’Académicien est écrit d’un air simple & naïf qui séduit le lecteur, & lui fait croire toutes ces merveilles, il supprime toutes les taches, il ne laisse voir que le bon ; encore n’a-t-il pas plu à tout le monde, quoiqu’il n’ait rien négligé pour lui plaire. […] ce sont les chefs-d’œuvre des plus grands maîtres ; que chante-t-on dans les maisons que les airs qu’on y a appris ?

122. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c. […] Les Avis à son fils & à sa fille, sous un air empesé, peut-être trop sententieux, sont pleins de sagesse ; mais elle n’est pas suspecte de bigoterie. […] Que vos airs sont déplacés, & vous fiéent mal !

123. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

.° On retient dans le désordre ; l’esprit rempli de ces idées, l’imagination pleine de ces images, le cœur pénétré de ces sentimens, on porte par tout le théatre, on y pense le jour, on y rêve la nuit, on en respire l’air, on en entend les chants, on en voit les danses : cette habitude se forme & se perpétue ; qui se corrige ? […] L’éloge de Baron, Acteur célèbre dans les rôles de Prince, porte : Il conservoit son rang aux pieds de ses Maîtresses, & se donnoit les airs de tromper les Duchesses. […] Leur emploi est de régler les concerts, d’apprendre à leurs élèves à jouer des instrumens, & fournir de nouveaux airs aux Reines & aux Princesses, car chacune à sa troupe. […] C’est un composé d’activité & de léthargie, de désœuvrement & d’embarras, auquel on attache un air d’importance & de noblesse, de satisfaction & d’aisance, un titre d’esprit & de bon goût, & de mépris pour tout le reste.

124. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

De la vivacité, une certaine volubilité de langue, un air familier, un goût d’intrigue, voilà où se réduisent les grands talents d’une soubrette : avec cela elle pourra être dans le particulier ennuyeuse & ridicule ; les actions qui détraquent la machine pourront ne lui pas causer la moindre émotion, ne lui pas faire tomber la navette des mains. […] Plus ils ont eu soin de donner un air de nouveauté à leurs poëmes, plus ils ont eu de difficultés à franchir  ; & c’est un mérite de plus.

125. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Laissons donc ce Théatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce Théatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire, que l’air de l’amour, qui en enseigne si délicatement toutes les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sçachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux, que l’autre. […] C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant esté banny du Théatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.

126. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] » « Jésus-Christ aimerait une bouche d’où sortent des airs profanes ou lascifs !

127. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

C'est une grande faute de jugement, que de demander partout le même caractère et le même air : et c’est avec beaucoup de raison que l’auteur des Hérésies imaginaires, bien loin de « vouloir attraper ce genre d’écrire », comme vous lui reprochez à perte de vue, a pris une manière plus grave et plus sérieuse. […] Mais peut-on nier que cette traduction ne soit un excellent moyen pour conserver la pureté et l’innocence de ceux qui ne cherchant dans cet ouvrage que ce qu’on y doit chercher, qui est d’y prendre une teinture de l’air et du style de cet auteur, et d’y apprendre la pureté de sa langue, se tiennent à ce que la traduction leur explique, et sont détournés de lire le reste où le secours de cette traduction leur manque, par la peine qu’ils auraient à l’entendre ? […] Ces dernières nous émeuvent d’ordinaire tout autrement, parce qu’elles sont prises sur notre air et sur notre tour ; que les personnes qu’elles nous représentent sont faites comme celles avec qui nous vivons, et que presque tout ce que nous y voyons, ou nous prépare à recevoir les impressions de quelque chose de semblable que nous trouverons bientôt, ou renouvelle celles que nous avons déjà reçues.

128. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Elle a d’abord ramassé tous les vers & demi-vers qui ont un air de maxime, dans Shakespear, les a cousus ensemble comme un centon, les a distribués sous divers titres ; & de cet ouvrage de marqueterie, elle a dit, voilà un Evangile. […] C’est un siffleur qui, avec toutes les ustensiles de cuisine, un coûteau, une fourchette, une grille, une poële, une pipe, &c. joue toutes sortes d’airs, de la maniere la plus mélodieuse, comme avec une flûte, un violon. […] L’envie de dormir ouvre plus la bouche, on bâille plus aisément, & d’un air si naturel qu’on entraîne les autres, & on a moins envie de rire. […] Deux objets donnoient un air comique à ce drame cruel : d’un côté sur le théatre, un homme sérieux, sombre, refrogné, chagrin de n’être point un des acteurs, jugeant de leurs coups, & croyant bien les valoir. […] Ce nouveau monde a son théatre au milieu des nuages, dans la moyenne région de l’air, les météores sont les acteurs, ils donnent du relief, de la dignité aux tragédies de la terre.

129. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

On court en foule à la Comédie & à l’Opera, mais incognito : la mode d’y aller pour s’y montrer est passée ; les loges de distinction y sont cachées, basses, élevées, coupées & grillées ; celles du rang des premières sont désertes, & jettent sur la scéne un air froid & inanimé, qui dissipe le prestige & détruit l’illusion. […] Sous Louis XIII, on vit en 1614 le ballet de Dreux dansé par les petits Seigneurs, lors auprès du Roi jeune encore : en 1515, le triomphe de Minerve, ballet dansé par Madame sœur aînée du Roi, dans la grande salle de Bourbon, avant son départ pour l’Espagne ; dans lequel Malherbe a composé le récit de berger, houlette de Louis, & les paroles de l’air, cette Anne si belle, &c. […] Il y avoit encore la salle du jeu de paulme du bel air, rue de Vaugirard près le Luxembourg, où l’on commençoit à jouer les Opéra de Quinault & de Lulli. […] se demande-t-il ensuite à lui-même : au contraire, il en faut beaucoup ; c’est dans les Républiques qu’ils sont nés, c’est dans leur sein qu’on les voit briller avec un air de fête. […] On entend aussi, dans cet opéra, chanter sur la breche de la forteresse que l’on vient d’emporter d’assaut, un air commençant par ces mots : Dans ces asiles doux & tranquilles, &c.

130. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Afin de donner d’avantage à mon Livre un air de nouveauté, je ferai rapporter une partie de mes raisonnemens au Spectacle moderne.

131. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Le Parodiste détourne donc à un autre sujet & à un autre sens une Pièce sérieuse, par le changement seul de quelques expressions, si c’est de la déclamation, ou de quelques expressions & de quelques airs, si c’est une Pièce chantante ; au moyen de quoi, il rend le grand & le pathétique, burlesque, ridicule, ou tout au moins bas & trivial.

132. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

4. « Par la complaisance qu'on a pour tous ces airs languissants et amoureux quand on serait même exempt de passion.

133. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

Ce n’est pas qu’il n’ait fait tout ce que la brièveté du temps et ses occupations de devoir lui ont permis, pour donner à son discours l’air le moins contraint, le plus libre et le plus dégagé qu’il a pu; mais, comme il n’est point de genre d’écrire plus difficile que celui-là, il avoue e bonne foi qu’il aurait encore besoin de cinq ou six mois pour mettre ce seul discours du Ridicule non pas dans l’état de perfection dont la matière est capable, mais seulement dans celui qu’il est capable de lui donner.

134. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

Ainsi outre les autres inconvénients des assemblées de plaisir, on s’excite et on s’autorise, pour ainsi dire, les uns les autres par le concours des acclamations et des applaudissements, et l’air même qu’on y respire est plus malinq.

135. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

Rien n’est plus ordinaire dans les disputes même les plus sérieuses, que de voir des écrivains, répondre par des airs de mépris et par des injures, à des écrits victorieux ; mais le public n’est pas la dupe de ces ridicules triomphes.

136. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Quelque attention qu’ils ayent à se tenir sur leurs gardes, à peine peuvent-ils se préserver de l’infection du mauvais air qu’ils y respirent : quelles peuvent être les plaies & les chutes de ceux qui menant une vie toute sensuelle, s’exposent à des dangers dont les plus forts n’entreprendroient pas de se tirer ? […] C’est un malheur d’être engagé de se trouver à de pareils divertissemens, & une grande imprudence, de ne pas se précautionner contre l’air empesté qu’on y respire.

137. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Ce cortége fut un jour entier à parcourir les rues de Moscou, au bruit épouvantable de toutes les cloches, trompettes, timbales, tambours instrumens de musique, de deux cens pieces de canons, de plusieurs milliers de mousquets, des airs redoublés de cinq ou six cens mille habitans ; on n’auroit pu entendre le tonnerre. […] Toute l’artillerie des vaisseaux & de la ville ne cessa de tirer, le même carillon se fait entendre, tambours, trompettes, instrumens de musique, les cris perçans d’un peuple immense font retentir les airs sur la terre & sur l’onde, les échos en mugissent au loin.

138. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Au retour du spectacle, vous méprisez vos femmes modestes, pieuses, si différentes des airs lascifs, des gestes, des visages des Actrices. […] Objets séduisans, scènes agréables, décorations pompeuses, habits magnifiques, mysteres d’amour ingénieusement expliqués, air languissans, faits pleins de tendresse, Acteurs poussant les plus doux traits de la passion, concerts harmonieux, voix pénétrantes, actions empoisonnées, enchantemens diaboliques, inventions funestes de l’enfer, examinez quelle impression tout cela fait sur votre cœur, en quelle disposition se trouvent alors vos sens, jugez-en par le présent, par le passé ; & si vous êtes de bonne foi, je m’assure que vous direz que sans avoir égard aux autres, tout cela est pour vous une occasion prochaine de péché.

139. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Quand vous voyez ces spectacles, quand vous entendez ces airs lascifs, ces scènes amoureuses, quand vous voyez sous ce masque qui déguise les deux sexes, des hommes en femmes, ou des femmes en homme représenter leurs criminelles passions, qui est-ce qui au milieu de tant d’objets voluptueux peut demeurer chaste ? […] C’est une vrai fournaise en effet, dans laquelle le démon vous jette, c’est lui qui en allume les flammes ; ce n’est pas, comme les tyrans, du bitume, de la poix, des étoupes qu’il y emploie, mais des alimens plus combustibles & plus funestes, des ris dissolus, des discours obscènes, des airs lascifs, des objets indécens, des femmes immodestes, Les premiers feux étoient allumés par des mains barbares, & ceux-ci le sont par de mauvaises pensées, des désirs criminels.

140. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Il fait beau voir cette honnête personne écouter nonchalamment dans quatre-vingt vers les plus honteuses déclarations, entremêlées de plusieurs libertés criminelles, & se contenter de dire d’un air indifférent : D’autres prendroient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion veut se faire paroître. […] Qu’elle est peu intraitable quand elle est si peu émue sur la perte d’un trésor si fragile & si précieux, & qu’en souffrant, d’un air aisé & en riant, les plus coupables attentats, elle enhardit, elle invite, elle fait tout espérer, & se met soi-même dans le plus grand danger ! […] Toûjours notre pudeur combat dans ces momens, On trouve à l’avouer toûjours un peu de honte ; On s’en défend d’abord, mais de l’air qu’on s’y prend, On fait connoître assez que notre cœur se rend ; Qu’à nos vœux par honneur notre bouche s’oppose, Et que de tels refus promettent toute chose.

141. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Il faut qu’on l’air senti, on lui fait baisser le voile. […] Quand il revient si souvent, il fatigue, & marque la stérilité de l’Auteur, qui ne sachant pas finir, se donne un air mystérieux, pour se dispenser de rien dire. […] Pourquoi cet air antique de lampes sépulcrales ?

142. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Il est pour moi d’une complaisance… Il ne m’en a jamais autant marqué… Il me regarde quelquefois de cet air timide & pendard que les hommes savent si bien prendre au commencement d’un passion… Dis donc, ma sœur, s’il allait m’aimer ? […] Nous verrons ; je l’observe, je l’encourage par un air d’amitié, de confiance…… il sera du moins persévérant à changer… Ne serait-il fidèle que pour nous desespérer ! […] En effet, on persiffle Mondor, qui le mérite, & dont le personnage est odieux pour plus d’une raison ; & l’on ne condamne dans d’Ormilli que sa jalousie : sa ridicule vivacité, ce vice de caractère qui rend les hommes d’un commerce difficile, souvent insupportable, loin de lui nuire, lui donne un air plus piquant.

143. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Un petit Drame sans musique, rempli de couplets sur des airs connus, s’appelle Opéra-Comique.

144. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

Lorsqu’on m’a peint cet air touchant, enchanteur, ce charme inexprimable répandu sur toute sa personne, j’ai senti combien vous deviez l’aimer ; qu’il n’était dans le monde aucun homme qui pût résister à la douceur de ses regards.

145. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Il avoit peu besoin de justification, à l’exception d’une ou deux, toutes ses piéces n’ont pu faire grand mal, à peine ont-elles eu deux ou trois représentations, il crut se donner un air d’importance, en justifiant ce que personne n’accusoit. […] Ces nouveaux athlétes, ont pris un ton dévot, un langage de Théologien, de casuiste, des airs de Prince. […] Etoit-ce à la Fontaine à prendre un air de piété & de modestie, dans les tems qu’il donnoit au public ses contes scandaleux, où les loix de la pudeur & de la Réligion sont également violées par une licence sacrilege que foulent aux pieds l’une & l’autre ? […] Il vit tout-à-coup, dit Josephe un hibou, oiseau de mauvaise augure, perché sur une corde tendue en l’air pour le jeu de quelque machine.

146. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Psiche transportée par le zéphir du haut d’une montague, à travers les airs dans le Palais de l’amour, bâti, meublé, délicieux, magnifique, & d’un coup de baguette, y goûte tous les plaisirs. […] Cette fureur a été de tous les tems, comme de tous les pays ; César dit que les Bretons se servoient du Pastel, pour se donner un air terrible, & les femmes un air mâle ; glusto se inficiunt carnuo colore horridiores aspectu  ; Martial se moque d’une femme qui se fardoit, ainsi ; barbara depictis venit baccauda britannis  : baccauda, veut dire un ange à laver la vaisselle, à laquelle il compare cette femme, le bleu étoit alors la couleur cherie des Bretons, comme aujourd’hui le blanc & le rouge ; Pline prétend qu’on régardoit le bleu comme une couleur céleste, dont par réligion on peignoit les Dieux, & dans leurs fêtes ; les femmes pour les imiter, s’en enluminoient tout le corps. […] La plus probable est celle-ci : Les herbes, les drogues de Medée, les eaux de Jouvence, qui rajeunissent, ne sont que le fard dont se servent les femmes, pour donner à leurs cheveux, à leurs yeux, à leur peau, des couleurs vives, pour remplir les creux des rides, & répandre un air de fraîcheur & de jeunesse : c’est une espece d’enchantement, on fait venir des pays les plus éloignés, les drogues, les liqueurs, les pommades, les essences, les pâtes, &c. le secret ne réussit pourtant pas toujours : bien loin d’embellir, ordinairement il tue la beauté, en rendant plus laides celles qui s’en servent.

147. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

L’ardente vanité se disputoit ses vœux, C’étoit Agamemnon que l’on rendoit heureux : Il conservoit son rang aux pieds de ses maîtresses, Et se donnoit les airs de tromper les Duchesses. […] Il fait semblant de les condamner en autrui, il se donne un air d’honnêteté par quelques mots, quelques tournures plus élégantes ; mais la vertu n’y gagne rien. […] Le sieur Dorat qui, dans ses ouvrages, parle comme lui & enchérit même sur lui, se donne ce bel air, & quelques pages après dément son panégyrique par des portraits affreux. […] Moi-même ému de tes propos lassifs, Je crus sentir, plein d’une aimable yvresse, Un air plus doux & des charbons moins vifs, De tes accords, l’harmonieuse adresse, Humanisa ma sombre austerité, Et sur mon front, siege de la tristesse, On vit, dit-on, briller la volupté.

148. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Ces scénes si déplacées, que le goût du théatre & son air contagieux sont souvent donner, par des hommes d’ailleurs estimables, ne doivent porter aucune atteinte à la Réligion. […] Tels ont été Dominique, Arlequin, Pantalon, & quelques-uns de leurs successeurs ; ce qui est fort rare, & ne peut se trouver que dans les grandes villes, tout le reste n’est bon que pour la populace ; aussi tâche-t-on d’y suppléer par des danses, des chansons, des décorations, ou si l’on est réduit à des pieces sérieuses & régulieres, l’habitude qu’on a du reste, unie à la noblesse & à la finesse du jeu, & les auteurs qui travaillent pour eux n’ont qu’un succés passager & médiocre ; soit que regardant le génie comme un avilissement de la scéne, ils ne travaillent que foiblement leurs pieces ; soit que voulant conserver l’air de licencé & de tabarinage, propre aux Italiens, ils se licentient ; il y a très peu de bonnes pieces, tout le reste, malgré l’immense recueil de Cherardi & de ses continuateurs, à quelques farces près, tombées bien tôt dans l’oubli, qui se souvient des noms de deux cents auteurs qui ont écrit pour les Italiens, il n’y a guere qu’Apostolo-Zeno & l’Abbé Metastasio, qui aient mérité l’attention du public. […] Pour les opéras comiques, le théatre de la foire, branche des Italiens, c’est un amas d’obscénités, en France comme en Italie ; les libertins se repaissent de leur licence, le peuple de leur grossiereté, on en chante les jolis airs ; mais les honnêtes gens, les gens d’esprit les méprisent ; il est vrai que comme ils sont en petit nombre, & que la foule porte de l’argent, on se passe de leur suffrage quand la caisse du receveur est bien remplie. […] & il est certain que, soit que l’on compose un air sur des paroles, ou des paroles sur un air ; ces deux choses sont si liées, si analogues, qu’elles influent beaucoup l’une sur l’autre.

149. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Mais dans des temps si éloignés, qu’on appelle avec raison, des temps fabuleux, dont un si grand nombre de circonstances ajoutées, toutes ridicules & sans vraisemblance qui le défigurent, c’est faire beaucoup d’honneur à Hésiode, à Ovide, & aux autres Historiens du Parnasse de faire des recherches, & former des conjectures pour lui donner un air de vérité. […] Le goût du luxe, l’amour des Actrices rend ainsi ravisseur & prodigue ; on dissipe son patrimoine, on prend de toutes mains, on s’accable de denes, pour fournir aux folles dépenses, & se donner des airs de grand Seigneur, & on rougit d’appartenir à des parons pauvres dont on affecte de se distinguer par une noblesse chimérique. […] Elle fait la prude, elle arbore un air de modestie & de désintéressement. […] Rien de si beau que la Hus, personne n’a les graces de la Guimard, l’air, la taille de la Rangour, le jeu, les sentimens de la Clairon ; qui chante comme la Fel ? […] Il ne disparoît ni au vent, ni à la pluie, ni à l’air, ni au soleil, ni au froid, ni au chaud, &c.

150. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

La monotonie est si grande, que sur cent chanson il n’y a que deux ou trois airs différens ; c’est toujours l’air de Joconde, l’air des Jaloux. […] Chacun d’eux peut donner le même air à sa maniere, ou différens airs si l’on veut, mais de même caractere.

151. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

L’écuyer me riant au nez & me regardant d’un air de pitié, me répondit, êtes-vous fou ? […] Désormais l’acteur, loin de trancher du ton du prince, sans air protecteur, recevra le modeste auteur. […] Il se fait connoître, lui déclare sa supercherie, elle lui pardonne, & l’aime enfin à son gré, Cette idée n’est pas nouvelle : il y a nombre de contes & de pieces comiques où, sous un nom, un masque, une figure empruntée, un mari se fait aimer de sa femme, qui en aimoit un autre ; il n’y a de nouveau que l’idée de sylphe, & un air de furie & de merveilleux qui le rend sans vraisemblance & ridicule. […] On met dans la confidence un foule de personnes, un coup de baguette fait trouver dans l’appartement de madame des robes, des fleurs, des odeurs ; cette dame est transportée dans les airs à sa maison de campagne, couchée dans un bosquet de son jardin, sans s’en appercevoir ; son sylphe lui parle, lui chante derriere la tapisserie, derriere une charmille, cette femme, jeune folle spirituelle, est comme furieuse de voir son sylphe, prend tout cela pour un rêve, n’a pas la curiosité d’aller regarder derriere la tapisserie & la charmille ; ne connoît pas la voix de son mari qui l’aime à la folie, & ne néglige rien pour se faire aimer, &c. […] Aussi ont-ils tous un air de fierté, de présomption, d’arrogance, qui les décele au premier coup-d’œil, sans attendre leur conversation qui ne les trahit pas moins.

152. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Vous gourmandez d’un air sévére & grondeur notre connivence avec nos passions. […] Mais enfin si en écartant bien loin tout air licentieux ou indécent, nous analysons la Danse, que reprendrez-vous dans cette Analyse ? […] Rappellez vous ce que vous fûtes au beau siécle de vos peres ; quel air & quelle ame d’Amazone aussi chaste que courageuse vous donna Eschile ; de quelle mâle & severe dignité vous orna Sophocle ; quelle humaine & tendre compassion vous inspira Euripide, Qu’estiez-vous alors ! […] Avec son air enjoué elle semble se feliciter de sa destinée presente, bien superieure (dit-elle) à son ancienne fortune. […] Je les réduis aux airs sensés.

153. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Je le trouve honnête homme et d’un air assez sage. […] Ce sont choses pour moi que je tiens de tout temps Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux à mon gré que ne fait aucun livre. […] Loin de travailler à détruire par les preuves la sagesse d’un règlement, qui au fond n’a rien d’impossible ni de bizarre, il a cru qu’il aurait plutôt fait, pour en dégoûter les gens du monde, de le faire passer à leurs yeux pour des statuts de Religieux, et de lui donner un air de Couvent. […] Faut-il que tout ce qui touche au Théâtre public ait pour plaire un air de débauche et de libertinage ? […] Celles-ci font toujours plus d’effet, parce qu’elles sont prises sur notre air et sur nos manières ; que les personnes qu’elle nous représente sont faites comme celles avec qui nous vivons ; et que presque tout ce que nous y voyons, ou nous prépare à recevoir les impressions de quelque chose de semblable que nous trouverons bientôt, ou renouvelle celles que nous avons déjà reçues.

154. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Il aurait bien dû considérer qu’elle va à son but d’une manière enjouée, & en répandant sur tous les objets un air de plaisanterie, afin de faire une impression plus facile, plus douce, ou qui soit différente de celle qu’on éprouve aux Drames des Corneille.

155. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Outre que ces comédiennes coûtaient peu, le peuple assistait au spectacle en plein air ; et, puisque la santé ainsi que l’économie contribuent au maintien des mœurs, on conçoit cette exclamation de plusieurs sages publicistes : Qui nous rendra la morale du bon temps !

156. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

On a consulté Justelipse, Bullinger, Rosinus ; on s’est donné à peu de frais, un grand air d’érudition sur les anciens théâtres d’Athènes & de Rome ; on n’a pas même négligé les savants traités d’optique, de perspective, de statique, d’acoustique, avec l’ornement à la vérité peu divertissant, de quelques formules algébriques, pour déterminer les proportions les plus propres à la propagation du son, à la distribution de la lumiere, au jeu des machines ; on a même voyagé exprès en Italie, pour lever le plan des théâtres de Rome, de Venise, de Naples, de Florence, de Parme, de Milan, pour en fondre toutes les beautés dans celui de Paris, à qui l’on doit solemnellement donner le glorieux titre de théâtre de la Nation. […] On a pratiqué quatre rangs de loges ; ce qui peut contenir avec le parterre 2500 spectateurs ; elles sont en fer & en bois richement ornées très-solides, d’une forme agréable, & avec cet air de légèreté que l’on veut par-tout, elles ne sont point divisées par des potaux, comme des petites cases ; elles forment un seul balcon à chaque rang, ce qui est plus élégant. […] Ce fait est exactement vrai ; & dans le génie du peuple Anglois, l’auteur de la relation d’Angleterre, intitulée Londres, qui le rapporte, & y ajoute une circonstance qu’on dit fausse, & qui a tout l’air de l’être : il dit que le jour de l’entrée, Garrik s’étant présenté pour faire quelque excuse, il fut traité comme un homme qui auroit attenté à la Majesté du peuple Anglois, & qu’on exigea de lui sous peine de démolition totale de son théâtre, qu’il demandât pardon à genoux, qu’il le fit, mais qu’il n’a plus depuis reréparu sur la scene.

157. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Chrétiens, ne fuirez-vous point ces sièges des ennemis de Jésus-Christ, cette chaire de pestilence, cet air tout infecté par ces voix exécrables ? […] Il y a plus de doctrine dans nos Exercices ; Les vers y sont plus beaux, les sentences plus solides, les airs plus agréables, les voix plus charmantes : au lieu des fables, vous y trouverez des vérités, au lieu des fourberies, une sainte simplicité ; Vous y verrez l'impureté bannie par la Chasteté ; la perfidie détruite par la Foi ; la cruauté abattue, par la Miséricorde; l'insolence chassée par la Modestie.

158. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

La Peinture est une Poésie muette qui immortalise les grands hommes, qui nous fait voir leurs sentiments sur leurs visages, et qui nous représentant leur air et leur port, nous représente quelque chose de leur esprit.

159. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Elle avoit fourni des pensées, donné des couplets & des airs, composé des vaudevilles, & même la musique. […] Pavanne est le nom d’un air & d’une danse, autrefois en vogue, aujourd’hui peu connue ; danse grave, où l’on dansoit avec l’habit de cérémonie : un Magistrat avec sa robe du Palais, un Militaire en cape & en épée, une Femme avec une robe fort ample & traînante. […] Les Auteurs de ces bagatelles, le Sieur Galland & le Sieur Petit de la Croix, habiles dans les langues Orientales, ne se donnent que pour traducteurs, afin de piquer davantage la curiosité en donnant un air étranger à ses héros, & s’ouvrir une plus vaste carriere en mettant des intrigues de Serail, qu’ils n’auroient pu placer en Europe. […] Sur les six heures du soir il fut conduit à l’Opéra, dans un carosse superbe à huit chevaux magnifiquement encharnachés ; soixante valets de pied, portant chacun un flambeau, éclairoient cette marche ; quarante coups de canon, un cortege brillant, lui donnoient un air de triomphe.

160. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Ses mots qui auroient été fort communs dans la bouche d’un autre, devenoient piquans & passoient pour des bons mots par le tour qu’il leur donnoit & l’air dont il les embélissoit. […] Quand Abeille fut reçu à l’Académie, Racine homme très-caustique, mais que la dévotion corrigea, & que l’air de la Cour polit, lui fit cette épigramme très-plaisante rapportée dans le livre des trois siecles. […] L’Abbé Italien en respirant l’air philosophique de Paris, n’a pu manquer d’y prendre le ton du jour, & en particulier le mot de ralliement, l’entousiasme pour Voltaire ; il a dédié son livre à cet homme célèbre, plus proné par l’irreligion qu’il ne le mérite pour ses talens, & lui a écrit la lettre la plus flatteuse, cette dédicace, cette lettre est le Prospectus du Libraire où les éloges sont à l’envie portés jusqu’à la fadeur, ont d’ailleurs des choses plaisantes. […] Les fadeurs puériles sont semées de quelque jeu de mots qui sont rire, de quelques bons airs qui plaisent, & de traits de satyre qui piquent, ç’en est tout le mérite.

161. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Ainsi les impiétés de Cassandre n’ont nullement l’air de la vraisemblance ; elles sont tout à fait contraires aux mœurs du pays. […] Le Jeune La Mode dans la page suivante prie Bulle de se hâter d’aller trouver le Chevalier Ventre-de-tonne ; le Chapelain répond d’une manière peu conforme à son état : « Je fends les airs, je vole pour m’y rendre. […] Avec cet expédient, ils sauvent leur stupidité sous un air de verve Comique ; et leur malice y trouve son compte aussi bien que leur paresse. […] Créon accuse Tirésias de haute trahison, et d’avoir formé le dessein de vendre son Prince à prix d’argent : le Prêtre soutient alors sa dignité, répond d’un air grave et majestueux à l’injuste accusation, appelle le Roi, son Fils ; et lui annonce son infortune prochaine.

162. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Sa lyre ou plutôt la musette ressemble au gosier du serin, son gasouillement est agréable, mais répéte toujours le même air ; son pinceau est une bouquetiere qui fait un bouquet avec les mêmes fleurs. […] Un inconnu vint lui présenter une satyre manuscrite anonime contre lui-même, avec un air de confiance & d’amitié, afin qu’il prit des mesures pour en empêcher l’impression. […] Comme une partie du Diocèse de Spire est en France, cet Envoyé prétendu, qui par ce nom se donne un air d’homme d’Etat, n’est qu’un Grand-Vicaire résidant à Paris, comme ceux que se donnent plusieurs Evêques de France.

163. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Quelque air de sagesse qu’on lui donne, elle a toujours trop d’empire sur le cœur pour ne pas faire des blessures mortelles. […] Il n’y a que la corruption du siecle qui air pu faire tolérer l’amour de Mithridate. […] Nos petits théatres sont commodes, nous n’y sommes pas exposés au grand air, on voit, on entend facilement ; l’Acteur agit & parle naturellement, & peint tous les sentimens par le ton, le geste & le visage ; tout y fait une sensation bien plus vive.

164. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Le Couvreur, les succès de cette admirable Actrice, sont, après l’exemple de Démosthène, une preuve, que le travail opiniâtre surmente la nature : sa voix était sourde ; elle sut la faire trouver douce & pathétique ; elle n’était pas grande ; la majesté de son air suppléa ce qui manquait à sa taille ; & joignant à ces avantages, un jeu rempli d’intelligence & de naturel, elle acquit & conserva la réputation de la plus excellente Actrice qui ait paru au Théâtre Français. […] LUZI, 1764 : minois séduisant, air fin, taille finie, voix délicieuse, débit aisé, jeu délicat, ensemble charmant… Encore quelques pas, belle Mignone, & vous atteignez Dangeville. […] Beaupré : De la vivacité ; de la finesse ; l’air coquet ; une jolie voix, mais déja cessante.

165. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Voyez-vous dans ce miroir fidèle toutes les passions, qui se remuent, ce bouillonnement de cœur, ces émotions, cette impétuosité de nature, ces agitations du corps, cet air sombre et mélancolique, ces paroles piquantes et injurieuses, ces blasphèmes exécrables, qui sont quelquefois dans la bouche même des plus beaux joueurs. […] L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi. […] elle leur fait voir ce que Dieu et les Anges y voient, elle leur découvre un massacre horrible d’âmes qui s’entretuent les unes les autres ; elle leur montre des femmes en qui le Démon habite, qui font à de misérables hommes mille plaies mortelles ; elle leur fait voir un air contagieux, qui se répand par tous les sens, et un poison subtil qui se glisse dans tous les cœurs ; enfin elle leur fait paraître une infinité d’esprits malins, qui se moquent de ces malheureux, et qui se raillent de leurs illusions et de leurs aveuglements.

166. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Je frémis en prononçant ces mots ; ils ont un air de blasphème et d’impiété : qui sera assez téméraire pour en jouer le rôle, et recevoir des adorations ? […]  13.) de fermer la bouche aux lépreux, de peur que leur haleine pestilentielle n’infectât l’air. […] Une courtisane prend un air de prude, un vernis de décence, un hérétique enseigne quelque bon principe de morale, un médisant lâche quelque louange, pourquoi ?

167. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

En affectant un ton de voix, un air, une démarche, on s'y naturalise, on en est le premier la dupe. […] L'Acteur y ajoute le coloris des gestes, des airs, des inflexions de voix, de la parure, avec un art infini et continuellement exercé, qui met sous nos yeux de la manière la plus pittoresque, ou plutôt réalise toutes ces passions de la manière la plus séduisante, et s'y donne la plus libre carrière. […] La liberté, l'indépendance, la galanterie, voilées d'un air de politesse, règnent sur la scène Française.

168. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Ce Spectacle n’a peut-être pas eu dans la Grèce, & chez les Romains la même forme qu’il a de nos jours ; il me suffit de montrer qu’on ait pu l’accueillir du tems d’Éschyle ; qu’importe de sçavoir l’air & les traits qu’il avait alors ?

169. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

La loi mettait au rang des animaux immondes ces oiseaux amphibies qui nagent et qui volent, et vivent en deux éléments, dans l’air et dans l’eau.

170. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Ajoutons que le Théâtre moderne mérite toute préférence, par la commodité qu’il procure aux Acteurs, aussi bien qu’aux Spectateurs : les premiers peuvent exprimer les sentiments et les passions dans les tons convenables et naturels : les seconds sont à portée de concevoir toute la force et toute la finesse de l’expression ; puisque les Théâtres modernes ne sont pas, à beaucoup près, si vastes que les Théâtres des Anciens, ni exposés au grand air, comme ils l’étaient.

171. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Ce changement sur-tout consiste à rendre les airs plus voluptueux & les paroles plus galantes, il n’en vaut pas mieux, l’ouvrage est très-foible, il vaut moins, il est plus indécent ; il faut par-tout de la galanterie aux François. […] Les Bénédictins qui ont donné la relation de cette fête, & dirigé les exercices pieux qu’on y a fait, peut-être fourni le prix sans vouloir être connu, ont aussi composé les couplets qu’on y a chanté & qui valent bien aux oreilles de la vertu, tous les Vaudevilles de Panard & les ariettes de Gluck & Gretri ; les voici : Sur l’air : O ma tendre Musette !

172. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

On disait des Ouvrages du dernier : C’est une prairie émaillée de fleurs, où l’on aime à respirer un air pur ; sa Muse ressemble à une honnête-femme  : & du premier : La Muse d’Aristophane ressemble à une femme perdue ; c’est une bacchante, pour ne rien dire de pis, dont la langue est détrempée de fiel. […] Les prétentions déplacées & les faux airs font l’objet principal du Comique-Bourgeois : le progrès de la politesse & du luxe, l’ont rapproché du Comique noble, mais ne les ont point confondus.

173. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

L’assiduité à ses devoirs est insupportable ; enchanté du plaisir, ébloui de l’éclat, plein des grands airs qu’on vient d’admirer et de goûter, de quel œil voit-on la petitesse de sa maison, la modicité de sa fortune, ses habits, ses repas, ses meubles ? […] C’était des chansons tendres, semées d’équivoques : que sont nos vaudevilles, nos ariettes, nos airs d’opéra ?

174. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Il est impossible qu’il n’ait un certain air de nouveauté.

175. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

On peut, dans le Promethée d’Eschyle, considérer la Tragédie naissante & informe, un Spectacle fait pour amuser le Peuple par des Décorations & des Machines, des Personnages apportés dans les airs, & une fille que le Chœur appelle Fille cornue ; c’est Io, moitié Vache, qui se croit piquée par une mouche, qui la poursuit, & qui crie, α, α, ε, ε, εα, εα, ιω, ιω, &c.

176. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Mais s’il l’eut traité dans ce stile tout poëtique de Phedre, il y eût répandu un air profane, au lieu qu’il a voulu traiter un Sujet tiré des Livres sacrés, dans leur stile simple & sublime. […] C’est cette mélodie que tache d’imiter le Musicien qui compose un Air triste : s’il est bien composé, nous le chantons avec plaisir, en goûtant l’imitation de la tristesse, mais un homme plongé dans une douleur véritable ne le chanteroit pas, & même ne voudroit pas l’entendre chanter. […] Je réponds qu’elle agit sur nous par les vibrations de l’air agité suivant une certaine mesure : elle produit ses effets, par des instrumens, & elle les produit encore mieux par la voix Humaine, dont les sons nous frappent plus agréablement que tous ceux des instrumens de Musique. […] C’est pour cela qu’il faut que la voix sorte par un bel organe ; les mêmes paroles chantées avec la même justesse, les mêmes Modulations, ne nous feront pas la même impression, si les oreilles ne sont pas frappées d’un si beau son, au lieu que nous n’exigeons pas le bel organe du Déclamateur ; la voix d’Antoine que Cicéron trouvoit si propre à émouvoir, étoit, dit Quintilien, une voix rauque, & l’Auteur d’Athalie a possédé plus que personne, le talent de la Déclamation, quoique la Nature ne lui eût pas donné une belle voix, & qu’il fût incapable de chanter un seul air avec justesse ; il ne savoit pas prendre les tons du Musicien, & en déclamant il prenoit toujours ceux de la Nature.

177. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Ce que j’aime dans Jean-Jacques, c’est qu’en voulant prouver une chose, il se détruise lui-même (« les discours de sagesse, d’honneur, &c. ») la Comédie traite donc la morale la plus saine, puisque les Actrices au sortir de l’avoir débité, prennent un air non nuisible à leurs intérêts. […] Ne dirait-on pas que la nation entière la prie de prendre sa défence de l’air dont il parle, comme s’il s’agissait de sa ruine totale ? […] En effet, une Femme vertueuse à la Comédie, est un monstre pour les libertins ; elle y est persécutée, & si les honnêtes gens ne la soutiennent pas, c’est souvent par crainte de se donner un ridicule : car protéger la pudeur dans notre siècle, ce n’est pas être du bon ton, ce serait le moyen d’être sifflé de nos gens du bel air, dont le suffrage fait tout le mérite : c’est donc la faute du Public s’il n’en est point. […] Une danse de gens égayés par un long repas semblerait n’offrir rien de fort intéressant à voir, cependant l’accord de cinq ou six cens hommes en uniforme, se tenans tous par la main, & formans une longue bande qui serpentait en cadence & sans confusion, avec mille tours & retours ; mille espèces d’évolutions figurées, le choix des airs qui les animaient, le bruit des Tambours, l’éclat des flambeaux, un certain appareil militaire au sein du plaisir : tout cela formait une sensation très-vive qu’on ne savait supporter de sang froid. […] Rappelle-toi cet air du Devin de Village qui t’a tant ennuyé ainsi que le reste de l’ouvrage ; c’est à Frèron que je suis redevable de l’avis que je te donne : puisque c’est lui qui a découvert que les airs du Devin étaient des Cantiques pillés aux habitans de Genève, auxquels il a changé quelques notes pour leur donner un air de nouveauté : puise ainsi que lui dans ce magazin évangélique, seul moyen de te satisfaire.

178. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

 192) dans un nouveau jour & avec un air de triomphe la Comédie à Rome est toute diffèrente de la vôtre, Mademoiselle, elle n’est ouverte que pendant le Carnaval, & aucune femme ne paroît sur le Théâtre.

179. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Rien n'est moins propre à produire cet effet que les récits passionnés, et les airs tendres, qui ne font tant de plaisir, que parce qu'en les entendant, l'âme s'abandonne à l'attrait des sens.

180. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

– Auprès de l’un quel maintien de fausse pudeur, quel visage dédaigneux, quel air de haute protection.

181. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Il y est même beaucoup moins répandu et fréquenté qu’en France, où chaque bourgade croit du bel air de jouer la comédie, sans penser qu’elle la donne en la jouant.

182. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Grandeur, ainsi que l’illustre Monsieur Pirot, qui l’a vu depuis peu par votre ordre vous en peut rendre témoignage, aussi bien que de la différence d’expression qu’il y a entre la Lettre et mon écrit au sujet des Rituels, que la Lettre semble traiter d’un air qui ne marque pas d’assez grands égards pour des Livres aussi dignes de respect que le sont des Rituels, en parlant de cette manière, certains Rituels, au lieu que je dis simplement dans mon écrit, quelques Rituels : Nonnulla Ritualia aliquarum Diœceseum.

183. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Aussi je me figure que les Démons apaisèrent la peste qu’ils causaient à Rome, lorsque selon leurs Oracles, on institua les jeux Circenses, d’autant qu’ils faisaient plus de mal aux hommes, par les lascivetés des théâtres, que par les contagions de l’air.

184. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Celui de sa fille, qui en naissant respira cet air, ne fut guere moins tyrannique ; mais il fut entremelé d’intermedes comiques qui diversisioient la scene tragique. […] Tout le monde convenoit qu’elle avoit plus l’air d’une Comédienne que d’une Reine. […] Il parloit bas, mais d’un air animé. […] Elle avoit pour principe : Sibi soli vivere ; mais aussi elle étoit inépuissable en promesses, en caresses, en espérances, dont elle amusoit tout le monde au dedans & au dehors, sans rien tenir ; car elle étoit populaire, familiere, d’un air ouvert & obligeant, se laissant aisément voir & approcher, disant le mot pour rire, faisant à propos un éloge, mais nulle severité pour les mœurs & la religion ; tolérant tout, ne s’appercevant de rien, à l’exception de la religion Catholique, qu’elle persécuta cruellement ; car elle étoit cruelle & sanguinaire. […] Mais le caprice, le libertinage, la cabale, l’intrigue, les fourberies, la médisance, que le public ne voit pas, voilà les ressorts, les poids, les cordes, qu’Elizabeth fait mouvoir derriere le théatre, qui enlevent son mari dans les airs, comme Phaëton, & le laissent tomber.

185. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

On y trouveroit vingt autres contes du même goût, dont on pourroit faire des tragicomedies ou des comitragedies, des comédies héroïques ou des tragédies bourgeoises au dessous du comique larmoyant, qui du moins conserve le caractere de la bourgeoisie, au lieu que le ton tragique, les airs héroïques, les meurtres, les suicides, en sont fort éloignés. […] Rien de plus juste ; tous ces discours malins, téméraires, irréligieux, ne sont qu’un air d’esprit fort, qu’on veut se donner. […] Pesez ces mots, dit-il d’un air menaçant, craignez le jugement de Dieu. […] Si on se bornoit à dire, il n’est pas permis de punir un innocent, cette proposition modifiée seroit vraie ; mais cette proposition absolue, nul être, quel qu’il soit, est une absurdité qui renverse la Religion & l’Etat, & l’air philosophique, le ton d’oracle dont on l’accompagne, décelle la mauvaise doctrine plutôt que la mauvaise dialectique. […] On lui donne d’abord un air d’érudition, on lui fait citer des passages d’Ezechiel, qu’elle n’a jamais vu, & dont on rapporte mal le latin au bas de la page finde parietem, fendez la muraille (il faut dire fode percez).

186. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

On a voulu donner un air d’importance à cet événement méprisable, pour avoir occasion d’exposer les tableaux les plus obscenes, d’autoriser le vice, de décrier la vertu, de décréditer le Clergé, par l’exemple des gens à qui on ne donne du mérite que pour relever l’Apologie des passions, & en illustrer la licence. […] Mais tout ces petits combats n’ont rien de décisif, la vraie, la grande victoire fut remportée par l’un des premiers & des plus riches Bénéficiers, qui a prononcé l’oracle le plus tranchant ; & du plus grand poids ; il a assuré que la comédie est si bien permise en Italie, & en Espagne, que tous les Réligieux, & jusqu’aux Capucins, y vont habituellement, & même déguisés en femmes, mascarade fort inutile, s’il leur est permis d’y aller ; il a chez lui un concert où l’on chante les airs d’opéra, les arriettes Italiennes, où les Dames sont très-bien reçues, & plusieurs y tiennent leur partie d’une maniere brillante ; enfin ce pieux Ecclésiastique s’étoit chargé de former les actrices de la comédie bourgeoise ; il les exerçoit avec soin, & tenoit pour elles, école de déclamation, & ne manquoit pas aux représentations d’aller juger du fruit de ses leçons. […] Dans la petite ville de Figeac, où se trouve une riche Abbaye, un Chapitre fort pauvre, & un petit Sénéchal ; on s’est avisé de dresser un théatre de société, dont cinq ou six Dames, autant de Chanoines & autant de Magistrats, qui font à peu près toute la Ville, ont fait les honneurs, & joué quelque rôle ; entr’autres le Procureur du Roi, premier acteur, a donné ses conclusions sur la scéne, en habit d’arlequin ; on auroit bien souhaité jouer quelque piéce de Sophocle ou d’Aristophane, ce théatre se seroit rendu célebre par un air d’érudition, & on auroit fait honneur aux Lascaris pour qui on y a beaucoup de vénération, ce fameux savant, qui, lors de la prise de Constantinoble par Mahomet, apporta en Occident, parmi bien d’autres, les manuscrits Grecs de ces poëtes ; cette fête a duré trois ouquatre mois, à la grande satisfaction des graces qui y ont étalé le chef-d’œuvre de la toilette ; mais hélas, il s’y est mêlé du tragique, dont le funeste dénoument a dispersé les acteurs, & interrompu le spectacle !

187. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Il y porta cet air et ce style de théâtre qui amuse et fait mépriser, et continua à mener une vie fort dissipée dont il avait pris l’habitude. […] Alors un honnête homme pourra les épouser, à condition qu’écartant tout air de clandestinité, le mariage soit public et constaté par un contrat et une dot convenable. […] Ces embarras, cette rapidité de justification, cet air de tristesse qui ne veut pas plaisanter, même en parlant des gentillesses des Comédiens, sont véritablement dans le ton de cette multitude de jeunes gens que nous voyons si souvent se récrier au théâtre, et des parents qu’ils ont volé pour quelque Acteur ou quelque Actrice, et qui véritablement ne sont pas trop d’humeur d’en plaisanter.

188. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

On ne trouve dans la piété, ni ce brillant du style, ni cette harmonie des vers, ni cette émotion de l’âme, ni cet amusement de l’esprit, ni cette légèreté de la danse, ni cette mélodie des airs vifs ou tendres qui enchantent sur le théâtre. […] C’est que la mollesse de leur chant avait, des louanges de Dieu, fait des airs de théâtre ; ce qui dérangeait même à l’Eglise les gens les plus pieux, par mille occasions de dissolution et de péché : « Cantus suavitate velut scenicis cantibus, ad extimulandas libidines, in dissolutionem et peccati occasionem cessit. » Dira-t-on que ces airs tendres et efféminés sont moins dangereux au théâtre, où tout favorise, où rien n’arrête la passion ?

189. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Fuyez donc cette mer de malheurs, ce fleuve de feu, cet air empesté du théatre, qui allume le feu de l’enfer. […] Un jeune homme se pare & se frise comme une coquette, & par les regards, les habits, les airs efféminés, s’étudie à paroître une fille, & à démentir son sexe.

190. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le jeu du chat, qui est proprement dit, le jeu du veau d’or ; c’est une mascarade tout à fait profane, composée de plusieurs individus qui représentent des Juifs et en particulier Moïse, tenant le livre de la loi avec le grand-prêtre des Israélites, revêtu du pectoral et de la tiare ; un autre Juif porte le veau d’or, et un camarade fait sauter en l’air, aussi haut qu’il lui est possible, un malheureux chat, qui est tourmenté de la manière la plus impitoyable ; tous ces prétendus Juifs font des contorsions épouvantables et sont couverts d’une têtière, qui est un masque, qui enveloppe généralement toute la tête. […] Ils ont tous à la main droite un petit bâton orné de plusieurs rangs de rubans ; ils font mouvoir de la main gauche à leur gré cette figure de cheval ; ils forment une danse variée sur l’air consacré aux chevaux frux qu’on attribue au bon René, comte de Provence et roi de Naples. […] Les lazzis et niaiseries de ce personnage, que le peuple nommait grimpe sur l’air, faisaient rire tous les assistants, qui confondaient leurs exclamations avec le chant de la messe. […] Les airs lugubres, que jouent les instruments de musique, répondent à cette triste décoration. […] A la suite des saintes de la loi nouvelle, on voit paraître celles de l’Ancien Testament, représentées par plusieurs matrones, qui joignent à un air grave et respectable la fraîcheur et les agréments de la jeunesse.

191. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

« L’Auteur des représentations en Musique leur annonce une décadance certaine, si au lieu d’exprimer les savantes manieres & les grandes passions en quoi les anciens excellerent, on ne faisoit que des chansons tendres, des petits airs, & de semblables bagatelles.

192. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté.

193. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Il aurait tort de ne suivre cette règle éssentielle, que dans des sujets historiques & tout-à-fait vrais ; il s’en faut de beaucoup qu’il puisse s’abandonner à son caprice, dans ceux-mêmes dont il est l’inventeur ; ils doivent toujours avoir un air de vérité.

194. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Je voudrais que la Parodie chantante fût composée de couplets sur des airs communs.

195. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

Les trio, quatuor & quinqué n’ont, ainsi que le duo, un air de vraisemblance qu’en arrivant tout-à-coup lorsqu’un violent sujet de colère, de joye ou de surprise, viendra s’emparer des Acteurs.

196. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Une expérience journaliere ne laisse ignorer à personne que c’est la source du mal, qu’on y respire l’air le plus contagieux, que ses plus grands amateurs sont plongés dans la débauche, & que les acteurs causent les plus grands désordres dans tous les états, & en tous genres. […] Les preuves qu’il donne de l’air le plus touchant, car personne n’est plus décidé, ses preuves ne sont que des petits contes, de bons mots de son temps, des vers de quelque Poëte, une érudition vague & incertaine qui n’est qu’une réminiscence de ce qu’il a lu, ou de ce qu’il a vu dans les diverses contrées où il a voyagé son expérience & sa propre autorité ; car il se donne pour un oracle ; personne ne fut plus infatué de soi-même ; c’est l’Egoïsme le plus universel, le plus fier, le plus ridicule ; il n’a pas même l’adresse de se déguiser, & il le dit hautement sans détour. […] Le célebre Farinelli jouoit le rôle d’un héros captif ; il imploroit d’un air si touchant sa grace & celle de sa maîtresse, auprès d’un tyran farouche qui les avoit fait prisonniers, que l’acteur qui représentoit le tyran fut tellement attendri, qu’au lieu de refuser, conformement à son rôle, la demande du héros, il fondit en larmes, l’embrassa tendrement, & lui rendit la liberté. […] (Le théatre,) amour philosophie, là les Turcs amoureux soupirent les maximes, débitent galamment ; Seneque, mis en rimes, fût-il Scithe ou Chinois dans un traité sans titre, converse galamment par geste & par chapitre, le plus sourd chansonnier de l’opera comique, prête à son Apollon un air philosophique.

197. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Votre attention, mon amie, pour le moral, vous fait quelquefois oublier le physique : ce dernier a son importance : voici ce que j’ai lu quelque part : « Dans les lieux où il y a beaucoup de monde assemblé, comme aux Spectacles, l’air se remplit en peu de temps d’exhalaisons animales très-dangereuses par leur prompte corruption : au bout d’une heure on ne respire plus que des exhalaisons humaines ; on admet dans ses poumons un air infecté sorti de mille poitrines, & rendu avec tous les corpuscules qu’il a pu entrainer de l’intérieur de toutes ces poitrines, souvent corrompues ». […] Les moissons sont heureusement finies : l’aire du Père-de-famille regorge de froment : les travaux de la récolte ont été rudes ; on a supporté le poids de la chaleur : le repos succède, une Fête l’annonce : le premier objet de cette Fête, c’est Dieu : le Père-de-famille compose un Cantique d’actions de grâces : il en arrange les paroles avec une certaine régularité, parce qu’il est plus facile de faire des paroles qu’un air, & qu’il veut que son Cantique, prolixe comme toutes les productions des Vieillards, puisse se mettre sur le ton du premier Couplet. Il mesure une Strophe ; voila la Poésie : il le chante ensuite, répète l’air pour ne perdre pas de vue ses sons primitifs ; voila la Musique. […] On sent bien que ce n’est pas le Vieillard qui doit exécuter : ses organes rauques & cassés sont peu propres à cette fonction : mais il a des fils, & surtout des filles, dont la voix gracieuse & flexible doit donner un nouveau prix à l’air qu’il a composé : les fils & les filles chantent alternativement sans doute ; voila déja, le Poème, la Musique & les Chœurs, avant qu’il y eût même des Temples. […] Air des Bouviers dans nos Provinces.

198. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

pourvu qu’on en impose par un air de grandeur ? […] Cela donne un air de singularité qui distingue. […] Je ne sais ce que vous entendez par les femmes du meilleur air. […] Mais quand aime-t-il à aller respirer cet air ? […] Voilà tout obstacle levé ; on ira à la Comédie, et; on respirera l’air pur des petites retraites.

199. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Une amante affligée exprime sa langueur, une autre avec des yeux vifs et un air passionné dévore des yeux son amant, qui la dévore de même. […] Les uns obérés de dettes, et réduits à la misère par la débauche, allaient y chercher du pain, d’autres, pour faire la cour à des Princes qui se plaisaient à ces jeux infâmes, un grand nombre par l’indigne plaisir, ou plutôt par l’ivresse du spectacle, par un air de petit-maître, une sorte de galanterie qui les faisait aimer des femmes (tous les siècles se ressemblent).

200. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Votre sensibilité lui paraît imaginaire ; les Rituels des Diocèses sont mis d’un air moqueur au rang de certains Livres dont il ne faut pas faire grand cas, et tout ce qu’on prêche passe chez lui pour « de belles paroles d’un Orateur austère Page 35. […] , De quel air penses-tu que ta sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces Danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces Discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la Vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer : Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa des sons de sa Musique.

201. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Il y eut en Moscovie nombre de séditions quand le Czar Pierre voulut les obliger à raser leur barbe ; les Arabes sont extrêmement jaloux de la leur, il y auroit bien du sang répandu si l’on vouloit y toucher ; les François ne seroient pas plus patients, si on vouloit les forcer à laisser croître leur barbe comme les Capucins, on la portoit autrefois, il y eut de la peine à le faire raser, ce ne fut que par degrés, en conservant des pointes, des moustaches, &c ; on est bien plus attaché aujourd’hui à l’air galant d’une barbe bien rasée. […] 12.° Tout est fardé sur la terre, tout n’est que fard dans le monde : la politesse dans la société, les complimens dans les conversations, l’appareil fastueux de la dignité, l’air imposant de la grandeur ; la femme qui se farde n’est pas plus coupable. […] Parmi toutes les drogues de la matière médicale, il y en a de singulières : les perles calcinées dont les cendres appliquées sur la peau lui donnent un air perlé ; la poudre de diamant très-brillante, le secret de Salomon, le nexaphar, l’eau d’Escargot & sa bave & la bile du Tusc qu’il appelle la pierre philosophale du fard, & cent autres folies.

202. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

On se poursuit, on s’évite, on se prend, on gagne ; il faut de l’invention & de l’adresse pour ménager & varier des danses & des airs qui caractérisent chaque piece, & la fassent marcher à propos. […] Après s’être quelque temps embarrassés avec un air de surprise, ils se divisent en plusieurs pelotons ; chacun s’en va de son côté pour chercher une nouvelle terre. L’orchestre joue des airs de fuite, qui diminuent peu à peu comme venant de loin, & ne laissent qu’un bruit sourd, qui cesse enfin après quelque temps de silence.

203. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

En effet, quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion, elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des hommes, pour ne pas faire une impression dangereuse sur les Spectateurs.

204. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Il avoue ensuite qu’il avait fait une Dissertation Latine sur la Comédie, depuis dix ou douze ans, et qu’il y avait pris le parti de la justifier sans avoir mûrement examiné la matière, et par une légèreté de jeunesse ; il déclare qu’on a ajoute à son Ecrit ce qu’il n’y avait pas énoncé, savoir l’Approbation tacite de Monseigneur de Paris, et l’air méprisant avec lequel on a traité les Rituels dans la Lettre du Théologien ; il reçoit avec soumission la discipline des Rituels, et la doctrine qui en fait le fondement. […] Il ajoute que les Airs de Lully tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions décevantes, en les rendant plus agréables et plus vives, plus capables par le charme de la Musique de s’imprimer dans la mémoire, parce qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur.

205. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Messieurs les Avocats, dont les rolles d’écriture sont taxés, contractent l’habitude de multiplier les paroles : Saint Gregoire de Nazianze les compare à ces oiseaux qui font de grands circuits en l’air, avant de fondre sur leur proie.

206. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

airs efféminés de quelque opéra.

207. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Que de jeunes gens, l’espoir de la Religion et de la Patrie, ne sont devenus des sujets inutiles ou dangereux, que pour avoir respiré cet air contagieux qui pervertit le jugement, et ôte le goût de toute application solide ! […] Jésus-Christ aimerait une bouche d’où sortent des airs profanes et lascifs ? […] Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules peuvent, à leur aise, se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure et de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés et vertueux, si les écrivains dignes de servir la Religion, si les âmes honnêtes et pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu, avec cette satisfaction pure que fait naître la Vérité, dès qu’elle se montre… L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par mes Ouvrages, et de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir.

208. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Sifler, dans le simple, a bien des significations diférentes, on sifle les oiseaux, on sifle des airs, on sifle pour appeller, les voleurs siflent pour s’avertir, &c. ; mais persifler ne s’applique qu’à la moquerie, il se prend toujours en mauvaise part, on ne s’y sert pas de siflers, ce n’est pas un siflement proprement dit, ce n’est qu’une expression figurée, qui exclut le vrai siflet : c’est la définition, le vrai caractère du théatre. […] Le foible pour le sexe est à Paris plus général, plus vif qu’ailleurs, il est délayé dans des complimens & des airs de respect, qui sont le style de la France. […] On passe du rouge au blanc, dont on se barbouille, & qu’on a grand soin de forcer & d’épaissir ; tant on craint que l’artifice n’en soit pas découvert : quoiqu’il fasse paroître jaune, donne un air de famille, & vieillesse avant le tems, &c.

209. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Que peut-il exhaler d’un cœur paîtri de vice, que l’air le plus empesté ? […] On ménage mieux une santé délicate, un tempéramment foible, un petit corps qui n’est pas encore formé, on ne l’expose pas au grand air, on ne le surcharge pas d’un poids accablant, on ne lui sert pas des alimens nuisibles ; l’ame, plus délicate & plus foible, peu instruite, peu formée, sera-t-elle abandonnée sans ménagement au plus grand danger, le sera-t-elle par ceux même qui sont chargés de la conserver & de la former à la vertu ? […] Les formalités qu’il observe ne sont que pour couvrir son jeu, & donner à ses jugemens un air de régularité ; dans le fonds c’est l’amour qui tient la balance, & qui prononce.

210. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

L’étude constante & le grand art du théatre est de détruire la modestie, pour faire regner l’air & le feu de toutes les passions. […] La réserve donne un air de nouveauté ; l’habitude émousse les traits & affadit les graces. […] des airs de Prince, & à peine un morceau de pain sur la table.

211. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Leur air n’annonce que trop leur caractere & leur profession. […] Pourquoi, peuvent-ils dire, faut-il que tout ce qu’on expose sur les Théatres, ait pour pouvoir plaire à la multitude, un air de débauche & de libertinage ? […] Et quel est l’homme raisonnable qui puisse envisager d’un air tranquille tant de désordres inouis ? […] Dorat dit de l’air envenimé de Paris : « Le désordre y est autorisé par l’exemple ; la foiblesse ou plutôt le vice s’y trouve en quelque sorte indispensable. […]  … … … … …  Rien ne distingue un homme de naissance Tout le monde se donne un air de qualité.

212. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

que ces gens-là voulant se donner un air de littérature & de beaux esprits, & se mettre à la mode de Paris, ont bâti un théatre qu’ils décorent du grand nom de Théatre National, qu’ils y représentent des pieces, qu’un d’entr’eux, qui fait des vers, a composé une tragédie, qu’ils ont jouée ; mais quelle piece, mais quel succès, mais quels applaudissements ! […] Cette cérémonie superstitieuse est fondée sur la persuasion où l’on est, que toutes les malignes influences de l’air & des esprits malfaisans, tomberont sur cette femme.

213. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Les Jésuites même, qui d'abord commencèrent par ces pièces déguisées, avaient trop d'esprit, pour ne pas en sentir l'indécence : ils abandonnèrent cet air puérile de dévotion porté sur le théâtre, où tout le dément, et jouèrent toute sorte de pièces, qui en effet malgré l'apparente sainteté sont toutes dans le même goût. […] Sa philosophie l'en éloignait par principe de vertu ; et par zèle pour sa religion, ne pouvant l'interdire à tout le monde, il voulait du moins que les Prêtres Païens s'en abstinssent, pour donner du crédit au paganisme par cet air de piété, à l'exemple des Chrétiens, qui n'y allaient jamais, et auxquels dans son système de persécution il n'eût pas manqué de défendre d'y paraître, s'ils l'eussent fréquenté, pour se moquer d'eux, ou d'ordonner d'y aller, pour les corrompre, s'il eût espéré d'être obéi.

214. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

eh, mais, vraiment, vous en avez tout l’air.

215. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Peut-on rendre avec plus de vérité l’air important et l’épaisseur du génie de la plupart de nos Crésus modernes ?

216. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Et toutefois il y a là une grave erreur ;  car si l’on suit avec attention l’histoire dramatique des siècles postérieurs, il devient évident que c’est par une fâcheuse méprise qu’on a cru voir le berceau de nos comédiens modernes parmi ces troupes d’histrions anathématisés dès les premiers âges de l’ère chrétienne ; qu’on ne peut, sans mauvaise foi, les regarder comme les successeurs de ces derniers, et qu’il serait tout au plus permis de considérer comme tels ces acteurs en plein air, dont les parades précèdent dignement la représentation en cire de la Chaste Suzanne ou du Jugement de Salomon.

217. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Il fut plus fréquent d’abord par air, ensuite par goût, rapprocha les gens dans les loges, & précipita la décadence du goût & des mœurs. […] La gazette d’Avignon, 3 mai 1776, raconte sérieusement qu’on a joué à Rome un opera sur les airs de l’abbé Antossi, maître de chapelle du Vatican en survivance. […] On a voulu, par cette plaisanterie, donner à la scène un air de légitimité & d’importance qu’elle n’obtient jamais du S. […] Cette pensée commune qu’on trouve en cent endroits, ne vaut pas la peine d’être volée : un air d’impiété en fait tout le sel.

218. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Par air de modestie, elles font semblant de ne pas les appercevoir, ou d’y être indifférentes : elles sont aussi indifférentes à les entendre sur leur propre immodestie, & en réalité sur la scene & dans les loges, & en peinture, sur les décorations. […] Il avoit fait draper & mutiler quelques statues fort immodestes, que le Cardinal qui n’étoit pas si dévot, soit par goût, soit par air, avoit acheté à grand frais. […] Le Concile a si peu cru que Flore, Venus, Mercure dussent produire cet effet religieux, qu’il les condamne séverement, & dit expressément qu’on y évite toute sorte d’immodesties ; omnis lascivia vitatur, il ne veut pas même qu’on donne aux figures un air galant, des atours de toilette, une élégance immodeste : Procæci venustate non Fingantur.

219. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Le déguisement abusa le public dans tous les tems , & voilà le crime de Moliere, il a masqué la vertu, la montrant ridicule, & haissable ; il a masqué le vice, le montrant excusable, & agréable ; la dévotion, la traitant d’ypocrisie ; les peres, les meres, les tuteurs, les traitant de tyrans, l’adultere, n’en faisant qu’un jeu, la galanterie, la donnant pour le bon air du monde ; il a tant déguisé, & par ses déguisemens, a trompé les hommes, & corrompu les mœurs de la nation. […] Est-il bien généreux de quêter le public avec un air de gueuserie, pour faire les frais des sunerailles de son pere ? […] Ce n’est que depuis peu de tems que le théatre se donne un air d’importance, & que ses antousiastes divinisent tout ce qui y joue un grand rôle, c’est surtout à l’Académie Françoise que Moliere est redevable de sa tardive fortune, après un siécle de mépris & d’oubli.

220. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Le premier représente Achille, qui remplit l’air de ses cris, et qui se désespère, non pas de la mort de son ami Patrocle, mais de ce que les mouches s’attachaient à son corps, et suçaient le sang de ses plaies. […] Il est vrai que les Pères ont terriblement déclamé contre la Comédie ; et que l’on trouve en plusieurs endroits, des Satires sanglantes contre les Chrétiens relâchés, qui assistaient aux Spectacles : Mais l’on peut dire que les Comédies de ce temps-là ne ressemblaient guère à celles que l’on représente aujourd’hui sur nos Théâtres ; c’étaient des spectacles de turpitude, où l’on n’observait nulle bienséance, et où la pudeur était offensée par des postures et des représentations indécentes ; au lieu que les Comédies d’aujourd’hui, bien loin de blesser les bonnes mœurs, contribuent à réformer les vices ; nous l’avons connu par expérience, depuis trente ans : L’air précieux avait infecté Paris et les Provinces ; on s’était fait un jargon ridicule et plein d’affectation, qu’on avait toutes les peines du monde à entendre : On affectait des manières qui jetaient les gens hors de leur naturel, et qui les travestissaient absolument : Toutes les raisons qu’on apportait pour faire sentir le ridicule de cet air précieux, ne faisaient que blanchira : La Comédie de Molière, qui exposait à la risée du public les Précieuses ridicules, les ramena au bon sens ; et les fit rentrer, malgré elles, dans leur naturel.

221. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

En voici quelques-unes : Son œil (de Vesta) toujours ouvert ne connoît ni le temps, ni bornes, ni distance, & perce également l’épaisseur de la terre & le cristal des airs. On dit le vague de l’air ; jamais on n’a dit le cristal, même lorsqu’on admettoit en philosophie un ciel cristallin.

222. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Voire ce même second jour de l’action les acteurs étant sur le théâtre, l’air brouillé demeura menaçant de pluie plus d’une grosse heure et demie, de quoi s’apercevant quelques-uns bien avisés firent doubler des toiles sur leurs têtes pour être préservés contre l’eau, quand elle tomberait. […] En effet, il semble que sur cette enclume ce cyclope ait principalement martelé son carreau de foudrebw et de calomnie, car il tient à si grand crime qu’on ait représenté le jugement, le paradis, et l’enfer, que pour cebx l’air en ait dû être troublé, et en soient arrivés les esclandres par lui ci-devant mentionnés, et menteusement controuvésby.

223. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

La Comédie d’un air enjoué, nous présente un tableau naif de nos ridicules ; tel s’amuse de la copie d’un petit maitre, d’un dissipateur, d’un méchant, dont il est souvent l’original.

224. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Suivant Homere une Furie, qui n’est occupée qu’à nuire aux hommes vole toujours dans les airs : la Déesse Até marche sur la tête des hommes cherchant à les écraser.

225. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Elle eut la bonté de me receuoir auec cet air engageant qui luy gagne les cœurs de tout le monde, & particulierement des Etrangers, qu’elle ne renuoye jamais que tres satisfaits. […] Comme on peut se prendre de deux manieres pour paruenir à ce but, & s’y rendre par deux chemins differens, il estoit à propos qu’il y eust pour cela deux sortes de Societez ; les vnes qui traîtassent les choses d’vn air graue & serieux, les autres qui les prissent d’vne maniere enjoüée, pour s’accommoder à tous les esprits. […] L’hiuer ils tiennent par tout grand feu, ce qui ne s’obsernoit pas anciennement ; & il ne resteroit plus qu’à chercher l’inuention de donner l’Esté quelque rafraîchissement, ce qui n’est pas facile, parce que tout est fermé, & que l’air ne peut entrer. […] Ie les ay connus particulierement l’vn & l’autre, ils ont laissé chacun vne famille tres spirituelle & bien eleuée ; & comme ils auoient l’air noble & toutes les inclinations tres belles, comme ils estoient polis, genereux & d’agreable entretien, toute la Cour en faisoit grand cas. […] Quoý que sa taille ne passe guere la mediocre, c’est vne taille bien prise, vn air libre & degagé, & sans l’ouir parler, sa personne plaist beaucoup.

226. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Cependant malgré toutes ces réformes, ce grand Patriarche de l’Eglise Grecque ne laissa pas que de crier encore contre ces jeux de théâtre, comme contre un scandale public, qu’il appelle des écoles de libertinage & d’adultére, non pas à la vérité pour les choses obscénes qu’on y représentât, puisqu’on les en avoit retranchées, mais parceque les comédiens de l’un & de l’autre sexe affectoient des gestes, des postures & des airs efféminés, capables d’amollir les cœurs les moins sensibles & les plus purs. […] Nos ennemis invisibles, c’est le démon qui se sert de notre propre chair & de la pente que nous avons pour le mal, afin de nous faire pécher ; & c’est à tous ces différent ennemis que nous donnons de puissantes armes pour nous combattre, singuliérement au démon, dans ces spectacles profanes, où par ses suggestions malignes il parle secrétement à nos cœurs, pendant que le monde y flatte les oreilles par des récits séduisans & enchanteurs, & par des airs languislans & tendres d’une musique efféminée, composée à ce dessein.

227. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

C’est là que…. égale à Terpsicore, Les pas étudiés, les airs luxurieux, Tout excite aux désirs nos sens voluptueux. […] Il n’écrit , dit-il, que pour s’amuser  ; je veux le croire, quoiqu’il ait un air de prétention.

228. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

 La beauté se passe,  Le temps l’efface,  L’âge de glace,  Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-temps. » On voit après cela dans cette jeune Damoiselle des manières toutes mondaines, et des airs entièrement immodestes : Elle ne se soucie plus de ses parents ; elle a lu dans le Malade Imaginaire,Act. 11. […] Ce sont vos beaux attraits, vos yeux perçants et doux, Votre grace, et votre air sont les biens, les richesses Qui vous ont attiré mes vœux et mes tendresses.

229. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Jourdain non seulement est ridicule mais il est vicieux : c’est un homme vain, aveuglé par ses richesses, à qui son amour libidineux fait souhaiter d’être Gentilhomme ou tout au moins d’en avoir les airs. […] Nées Bourgeoises, elles ne veulent d’autres sociétés que celles des gens de Cour : tout cela, pour être ridicule, n’en est pas moins vicieux, et c’est l’orgueil impertinent des Bourgeoises qui se donnent des airs de qualité, autant que la fatuité du jargon des beaux esprits femelles de son temps, que Molière a joué avec tant de succès dans sa Pièce.

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