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189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Chaque Ville un peu considérable aurait-elle brigué la gloire d’avoir un Colisée, ou lieu propre pour représenter des Drames, si l’on avait régardé cet amusement utile comme un vain plaisir, défendu par la sagesse, & qu’on ne peut goûter sans remords ? […] Nos faiblesses, nos folies mises en action, nous font rire de nos propres égaremens.

190. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Ils chercherent les Sujets les plus propres à les émouvoir, comme une fille immolée par son Pere, deux freres qui s’entretuent, un Mari égorgé par sa Femme, un Fils assassinant sa Mere, ce Fils poursuivi ensuite par les Furies, & quel Spectacle que celui de cinquante Furies si hideuses, que plusieurs femmes enceintes se blesserent de frayeur ! […] Ce n’étoient que gémissemens, que larmes ; & les Poëtes choisissoient le plus qu’ils pouvoient des Femmes pour composer les Chœurs : les Femmes qui sont pleureuses, étant plus propres que les Hommes à repéter les αἶ, αἷ, ϕευ, ϕευ, οττοτὸι.

191. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Une fois délivrés du joug honteux des jésuites, les ministres d’état, libres alors de faire le bien, et en suivant chacun sa propre impulsion, se distingueront par une noble émulation, pour profiter des avis et des réflexions que tous les partis également comprimés, sans qu’aucun ait la préférence, s’empresseront à l’envi de leur offrir. […] En effet, indépendamment des préjugés qui leur sont propres et auxquels ils ne sont que trop souvent asservis, ils doivent encore caresser ceux des différents partis qu’ils ont promis de servir et auxquels ils doivent leur élévation ; ils sont de plus obligés de respecter, jusqu’à l’adulation même, les opinions du prince qui leur accorde sa confiance et qui seul a droit de les nommer et de les renvoyer selon son bon plaisir.

192. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

En effet, « peut-on se délasser en allant se renfermer pendant trois ou quatre heures dans une salle, dont l’air infecté par les haleines et le désagréable luminaire, ne peut être que très-préjudiciable à la santé, et par conséquent peu propre à affecter utilement des organes fatigués par le travailbg ?  […] Ceux-ci se reconnaîtront coupables, non-seulement de leurs propres excès, mais encore d’une multitude innombrable de crimes auxquels ils ont donné lieu.

193. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Il fit mourir plusieurs Seigneurs de sa Cour, & son propre frere Frederic, sous prétexte de conjuration contre lui. […] Henri chassé, vint en France, obtint un pareil secours, donna bataille à son frere, le tua de sa propre main, monta sur le trône, où sa postérité a long-tems régné. […] Cette histoire n’est pas propre au théatre, ce ne sont que des attrocités & des révolutions alors faciles, sans intérêt théatral, & sans unité ni d’action, ni de lieu, ni de tems. […] La fuite d’Henri qui étoit de leur parti, & sa révolte est-elle bien propre à les justifier ; mais fût-il un tyran, eroit on en France qu’il sois permis de détréner & de tuer les tyrans, & d’aider le rebelle qui les détrône & les tue, & d’en faire l’éloge sur le théatre, comme d’un exploit héroïque ? […] Il lui dit fort chrétiennement, que toute pleine des philosophes Anglois Loke, Clarke, qui la fortifient & l’éclairent, elle n’ a trouvé dans Loke que ses propres sentimens, & l’histoire de ses pensées .

194. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Jason s’offrit même de retrancher plusieurs années de sa propre vie, pour les donner à son pere. […] A-t-elle tué ses propres enfans pour le venger d’un infidele ? […] Les forfaits des Medées ont toujours paru si propres au théatre, (tant les vices mêmes les plus attroces ont quelque chose de théatral,) qu’on en a fait quantité de piéces en tout genre : La Toison d’or, Medée, Jason, Jason & Medee, &c. […] Tout cela qui est très-édifiant dans le sage Ulysse, dans le divin Homere, & la sage d’Acier, est servi sur des tables & dans des Urnes d’argent, & des coupes d’or ; il boit cependant la liqueur enchantée, il est aussi libertin que les autres ; mais il se possede mieux, il obtient le rétablissement de ses compagnons ; ils furent comme lui, mis dans le bain par les Nymphes, qui selon le modeste homme étoient par leur beauté, dignes des vœux de tous les mortels, & par consequent plus propres que d’autres à être les baigneuses de cette troupe guerriere. […] Se farder c’est vouloir imposer, vouloir se donner pour ce qu’on n’est pas ; c’est un vrai mensonge d’action, si les femmes ne vouloient que se plaire à elles-mêmes, & s’embellir à leurs propres yeux, permis à elles de suivre leur goût, dans le choix de leur ajustement, & de leur parure ; mais si c’est pour plaire aux hommes qu’elles se fardent, & s’enluluminent ; j’ai recueilli les voix, & je leur prononce, de la part de tous les hommes, que le blanc & le rouge les rend affreuses & dégoutantes, les vieillissent & les déguisent ; qu’ils haissent autant de les voir avec de la ceruse sur le visage, qu’avec des dents à la bouche, & des boules de cire, qu’ils protestent sérieusement contre tout l’artifice dont elles usent pour se rendre laides, & qu’il semble que Dieu leur réserve ce dernier & infaillible moyen de les guerir des femmes ; si elles étoient telles naturellement, qu’elles le deviennent par artifice, que leur visage fût aussi allumé, & plombé, qu’il le devient par la peinture, elles seroient inconsolables ; elles sont assez foles pour le conserver dans la vieillesse.

195. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Qu’il ne croit nullement, que la Comédie soit propre à corriger les crimes & les vices … On peut même assurer, dit-il, que rien n’est plus propre à inspirer la coquetterie, que les piéces de Moliere &c &c. […] Bossuet atteste, à la face de l’univers, de l’avoir vu pleurer sur ses propres ouvrages. […] Une coquetterie perpétuelle, un Théatre, où il n’est question que d’intrigues d’amour, & où le public ne veut que les nudités du Corrége &c &c, sont-ils bien propres à exciter à la vertu & à l’horreur du vice ? […] Pourquoi donc ne voulons-nous jamais devenir sages, qu’à nos propres dépens ? […] Aussi Athalie & Esther, ces deux chefs-d’œuvre de Racine, n’ont-ils été dabord régardés par le Public, que comme des sujets de dévotion propres à amuser des enfans.

196. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XX. Exemples de pratique. » pp. 48-50

Montrons-leur la République Romaine abattant de ses propres mains, sur les représentations fortes & pressantes de Scipion Nasica, le Théâtre qu’elle avoit fait construire.

197. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Des Spectacles des Grecs. » pp. 3-6

Tout ce qui leur estoit propre & particulier & qui les distinguoit des autres, fut l’ouvrage & le soin des esprits de ce temps, qui composerent diverses Chansons à l’honneur de ce Dieu, & qui pour en mieux conserver la memoire voulurent faire d’annuelles representations de son combat auec le serpent, quoy que fabuleux : Mais ils y employerent tant d’industrie, qu’ils persuaderent enfin les Peuples, & qu’ils establirent parmy eux leurs imaginations pour des mysteres.

198. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Pendant cette altercation le Public s’érigea en Juge ; et ne consultant, à son ordinaire, que son propre goût, il décida que le Théâtre était un soulagement nécessaire pour les esprits occupés, et une occupation décente pour les paresseux.

199. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Je fais observer qu’Aristote au commencement du morceau qui suit, ne parlant que de la Tragédie excellente καλλίςης, ne prétend pas parler de ce qui est essentiel à la Tragédie, mais de ce qui la rend plus belle, c’est-à-dire, plus propre à émouvoir les Hommes. […] S’il s’agit d’exciter en lui une Crainte & une Pitié conforme à la Raison, quelle Tragédie plus propre qu’Athalie ? […] Et pourquoi chercher à guérir & même a modérer dans les hommes, les Passions plus propres que les autres à les porter à la vertu, & que la nature a rendues plus communes parmi nous que les autres, parce qu’elle nous a faits pour être vertueux, comme dit Quintilien, natura nos ad mentem optimam genuit ? […] De pareilles Tragédies étoient bien propres à purger la Pitié. […] Après que cette Magicienne a tiré de sa Rivale, & du pere de sa Rivale, la vengeance la plus affreuse, elle déchire ses propres enfans, sans autre motif que celui de désespérer son mari : & couverte de tant de crimes anciens & nouveaux, elle paroît protégée du Ciel, puisqu’elle est enlevée dans les airs sur un char.

200. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Dans la plus-part des Fables que nous auons veuës, nous n’auons rien veu qui leur fust propre, rien qui fust pur, rien qui fust reconnoissable. […] Les particuliers peuuent estre aussi gens de bien & aussi sages que les Souuerains ; mais ils ne doiuent pas estre si hardis ny si ambitieux : Il y a des deuoirs qui leur font communs ; Il y en a qui leur font propres. […] Ils en ont gasté l’essentiel & le propre, pour en vouloir purifier le materiel & le terrestre : Ils en ont perdu le corps, pour en vouloir extraire l’esprit.

201. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Le propre de la comédie est, dit-on, d’exciter les passions ; mais les excite-t-elle en effet ? […] « Seroit-ce que pour devenir tempérant & sage, il faut commencer par être furieux & fou. » Il voit plutôt le contraire : il voit que la peinture qu’on fait d’elles les rend préférables à la vertu ; que les plus grands scélérats jouent sur le théâtre le plus beau rôle ; qu’ils y paroissent avec tous les avantages & tout le coloris des exploits des héros ; que les Mahomet y éclipsent les Zopire, & les Catilina les Cicéron ; que de semblables portraits ne sont propres qu’à faire revivre les originaux. […] Cromwel, sans périr sur la scène, mais toujours tourmenté par sa propre conscience, toujours environné de spectres, toujours défiant & livré à une agitation plus cruelle que la dissolution même de son être, ne seroit-il pas un sujet théâtral ?

202. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

L’Abbé d’Aubignac les définit : des propositions générales, qui ne tiennent à l’action théatrale que par application & par conséquence ; où l’on ne trouve que des discours qui sont seulement propres pour instruire le spectateur aux régles de la vie civile, & non pas pour expliquer quelques intrigues du théatre.

203. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

Toutes ces qualités supérieurement réunies dans ses autres Ouvrages sont bien propres à faire desirer qu’il en veuille donner la Collection complette.

204. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Je dois encore avertir ici, que je n’ai point hésité à rendre les termes d’Amant et de Maîtresse en d’autres plus propres et plus expressifs : et je ne suis pas convaincu que j’aie péché en ceci contre la politesse bien entendue.

205. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions. » pp. 29-31

Dès lors que l’amour exclut de son commerce la prudence et la raison, il est plus propre à former un engagement indécent qu’à produire un mariage heureux q » ; il jette le trouble dans l’âme et dans les sens, il enlève la fleur de l’innocence, il étonne et détruit la vertu, il avilit et dégrade l’homme, il le met au-dessous de lui-même, il ternit sa réputation, la honte marchant presque toujours à sa suite.

206. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Ces divisions, qui par les différentes espèces développent les diverses branches de l'art dramatique, nous paraissent propres à en dévoiler le dangereux crime.

207. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Les gens de talent et de goût diront sans doute que c’est un grand malheur de ne pas trouver des expédients pour corriger ces deux Pièces, qui du côté de l’art et du génie, sont des modèles si parfaits et si propres à servir d’Ecole aux Poètes : peut-être même me reprochera-t-on de ne l’avoir pas tenté ; mais je réponds qu’après les avoir examinées avec soin je les ai trouvées telles que je les avais d’abord envisagées, c’est-à-dire non susceptibles d’aucune correction ; quant aux Poètes qui les regretteront, je les exhorterai à les étudier dans leurs cabinets, à condition néanmoins qu’ils proposeront ces deux Comédies, autant comme des modèles à fuir par rapport aux mœurs, qu’à imiter par rapport au talent.

208. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Pour expliquer toutes ces mervilles on a donné au public l’admirable Traité de la Chymie du goût & dé l’odorat par un Marchand de liqueurs & de parfums, qui par ses idées burlesques essaye de donner du débit à sa marchandise ; le reste de son livre a son utilité, c’est un recueil des espèces différentes de liqueurs & des parfums, de leurs bons ou mauvais effets, de leur composition, recette, manipulation, distillation, &c. ce qui se trouve dispersé dans quantité d’autres ouvrages, & qu’il a réuni dans celui-ci, y ajoutant ses propres découvertes ; ce livre peut aider ceux qui composent les Traités des Arts & des métiers que donne l’Académie des Sciences. […] C’est acheter bien cher la volupté d’autrui par sa propre incommodité, tanti emitur voluptas aliena , dit Pline le naturaliste ; il faut donc alors doubler la dose comme dans les liqueurs & les ragoûts, à force de boire des liqueurs fortes, d’user de viandes épicées ; le palais, les nerfs olfactoires sont si blasés qu’il n’y a plus rien d’assez fort pour piquer les organes ; la volupté punit de même ses insensés amateurs. […] Cambise fils de Cirus, élevé mollement, & pensant bien différemment de son père qui vivoit le plus durement ; Cambise étoit plongé dans les délices, & noyé dans les odeurs ; il envoya une ambassade au Roi des Éthiopiens avec des riches présens, & entr’autre des vases précieux remplis de parfums : le Roi accepta tout le reste, mais refusa les vases ; ils ne sont bons , dit-il, qu’à des femmes, & ne sont propres qu’à rendre efféminés & ma Cour & moi-même . […] Quelques Auteurs ont prétendu que chaque Nation, & même chaque homme avoit son odeur propre comme la physionomie ; elle est sensible chez les Juifs & chez les Sauvages, dans certain tempérament, dans les excès de bouche ou de volupté.

209. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Les cafés, le théatre, le jeu, le vauxhal, sont-ce-là les lieux propres à délibérer sur les affaires, & à s’armer de zele, de cette vigilance, de cette fermeté si digne de l’homme public, sans lesquelles on n’arrêtera jamais la contagion ? […] La capitale est une ville neutre qui ne prend aucune part aux disgraces de ses voisins, ou plutôt une ville ennemie qui s’en réjouit, une ville insensée qui triomphe de ses propres malheurs, & se croit pleinement dédommagée par quelques farces. […] Ce prince plus cruel qu’Hérode le tua de sa propre main. […] L’Amérique au contraire pense en barbare : les colonies angloises, qui ne veulent point se soumettre aux Bils du Parlement, & ne craignent pas la guerre civile, dans le congrès général tenu à Philadelphie, où se sont réunies les provinces, parmi plusieurs règlemens qu’on a cru nécessaires pour entretenir les vertus guerrieres, & se bien défendre contre les entreprises de la metropole, on a expressément défendu de souffrir dans tout le pays aucune sorte de théatre, opéra, comédie, farce, &c. comme uniquement propre à énerver les corps & les esprits, & à rendre les habitans incapables de soutenir les fatigues de la guerre.

210. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Ce serait après ces Exercices publics qu’on ferait un triage des Sujets qui ne seraient pas propres au Théâtre : les Garsons mis au rejet après la troisième année deviendraient Soldats ; & les Filles, Ouvrières dans des métiers utiles : on continuerait l’éducation des autres, que le sort de leurs Camarades rendra plus ardens & plus attentifs. […] A treize ans, le sort des jeunes Actrices sera décidé, puisqu’elles auront alors accompli les trois années d’Exercices propres à déveloper le talent : mais on attendra que les Garsons aient accompli seize ans, tant pour la voix que pour l’actricisme. […] Elle avait les Rôles tendres dans le Tragique & dans le Comique : le Ciel l’avait douée d’un organe propre à remuer les cœurs, avec une beauté qui se les attachait ; son nom signifie encore, tout ce que l’on peut imaginer de plus touchant. […] BELLECOUR, en 1747 : Les rôles de Soubrette, avec cette facilité, cet enjoûment propres à son genre.

211. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Je vais m’emparer à mon tour du Tribunal, interroger le Public, et le laisser répondre avec toute la naïveté qui lui est propre. […] Il est odieux qu’un fils vole son père, il est odieux qu’il lui manque de respect ; mais ne m’avouerez-vous pas que cela est mille fois plus excusable quand le père en est cause, que quand un fils est porté à ces excès par sa propre corruption ? […] Si Alceste se fût contenté de dire brusquement, « Votre Sonnet ne vaut rien », son caractère y aurait perdu ces traits admirables, on n’aurait vu qu’un homme grossier, on n’aurait pas vu Alceste, et cette grande véracité que vous lui prescrivez n’est guère le propre que des rustres, des ivrognes, ou des insolents parvenus : au lieu qu’Alceste est un homme de naissance, à qui les sottises offensantes doivent coûter quelque peine à proférer. […] Dancourt reprend la traduction qu’en donne Boileau dans son propre Art poétique (N. 

212. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Le quiétiste, content de jouir de sa propre fermeté, ne met pas à l'épreuve la vertu des autres, ne remue pas leurs passions ; le théâtre est plus zélé, il travaille à remuer, à flatter les passions de tout le monde. […] Les passions théâtrales sont si inutiles à la vertu, qu'elles ne produisent pas même dans l'occasion l'effet qui leur est propre, et qu'elles en produisent de tout contraires. […] l'ennemi qu'on fuit, qu'on combat, qu'on a vaincu, renaît de ses propres cendres, livre de nouveaux combats aux héros ses vainqueurs, et quelquefois les terrasse. […] L'Encyclopédie, au contraire, cet élixir de sagesse, cette quintessence de religion et de vertu, se déclare hautement pour la comédie, fait le procès à Genève, parce qu'elle ne lui accorda jamais le droit de bourgeoisie, et à Rousseau qui s'obstine à ne pas recevoir dans sa patrie cette vertueuse citoyenne si propre à former les mœurs de ses habitants.

213. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

D’ailleurs c’étoit un Poëte de Théatre ; il défendoit sa propre cause. […] Mais qui est-ce qui n’est point prévenu pour sa propre cause ? […] Un pareil amusement est plus propre à donner de l’activité aux passions, qu’à les amuser. […] L’une a je ne sçais quoi d’aimable & de charmant, propre à se faire rechercher ; l’autre a je ne sais quoi d’odieux & de sombre propre à se faire fuir. […] Et l’on doit en conclure que nos Spectacles, loin de pouvoir retirer les jeunes gens de la débauche, ne sont propres qu’à y exciter.

214. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Elle l’habille richement, la pare de ses propres mains, frise ses cheveux, attache les rubans, tient le pinceau, regle les nuances du rouge, fait sa toilette, ne rougit pas d’être sa femme de chambre. […] Un mari aussi aveugle pour les goûts de sa femme, & les autorisant, y fournissant abondamment, quelque fois exigeant d’elle le luxe de parure, ce mari ne croit pas qu’il agit contre ses propres intérêts. […] Il faut donc pour y fournir, s’épuiser, s’endetter, negliger sa famille, déranger ses affaires pour achêter la paix, & empêcher qu’on ne se fasse justice par ses propres mains, ou qu’on n’ait recours à un amant libéral, qui payera les faveurs par les frais de la parure. […] On dit avec dédain aux misérables, comme le Pharisien : Je suis beau, je suis paré, je suis propre, ne me touchez pas, vous derangeriez ma parure : Noli me tangere, quia mundus sum. […] Ne nous flattons pas, l’étendard du Seigneur est la croix ; il fut imprimé sur notre front au Baptême, à la Confirmation, cent fois par nos propres mains.

215. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Il tâche de séduire la femme de son bienfaiteur ; il obtient d’Orgon la promesse d’épouser Marianne sa fille ; il persuade à Orgon de lui donner tout son bien ; & quand il est parvenu à le dépouiller de tout ce qu’il avoit, il l’oblige de sortir de sa propre maison. […] Moliere nous a bien fait voir dans cet ouvrage qu’il connoissoit le vrai but de la Comédie ; & s’il ne s’y est pas conformé dans toutes ses pieces, c’est qu’il a plutôt voulu plaire qu’instruire, ou peut-être, ce qui est plus vrai, c’est qu’il a appris par sa propre expérience qu’il y a quelques persécutions à essuyer, quand on tente sérieusement la réforme des Mœurs Il est d’autant plus admirable dans le Tartuffe, qu’il a su y joindre l’utile & l’agréable, & tirer l’un & l’autre du fond de son sujet.

216. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu. […] Racine est correct, élégant, tendre, insinuant, aimable, il l’est partout ; c’est une femme propre, bien mise, qui ne se montre jamais qu’après une toilette très-bien faite : elle plait sans être belle.

217. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Mais ne parlons que de ce qui est absolument le propre de leur Sexe : Quelles obligations n’ont-elles pas à Jésus-Christ pour les avantages qu’elles trouvent dans le mariage Chrétien ? […] Faire tourner la tête à un homme par le charme de l’amour, ç’a été de tout temps l’art trop naturel des femmes, qui ont même quelquefois ce malheur contre leurs propres intentions ; mais qu’elles entreprennent de lui brouiller la cervelle le verre à la main ; je ne l’avais pas ouï dire depuis le bon homme Loth qui y fut vilainement attrapéd : moins coupable cependant en un sens, que ne sont ceux qui feignent de l’être pour se divertir des mauvaises suites.

218. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Parce que le propre de la vertu, est de régler et réprimer les sales passions les soumettant à la raison : où la Comédie les produit et les étale de toute leur force, en approuve tous les succès, et y donnent des récompenses. […] et ce, tant pour leur propres péchés, que pour ceux où ils auront induit les autres par l’éclat de leur mauvais exemples.

219. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

De quelle joie serois-je transporté moi même dans une circonstance aussi propre à lui faire agréer un hommage public de mon respect, moi qui ai l’honneur d’être attaché à son service ! […] Il est clair que l’esprit qui les inspire ne parle qu’en leur propre & privé nom, & qu’ils ne sont les interprêtes ni d’un Etat ni d’une Religion, qui se réunissent (voyez ci-après page.. […] Il n’est pas même jusqu’aux Auteurs qui, travaillant pour le Théatre, ne désavouent leur propre ouvrage, j’en atteste le grand Racine qui interrompoit le sien pour s’écrier : « Hélas ! […]  caracteres propres à vous priver de nos plaisirs, que nous ne vous voyons pas partager avec nous, & à saisir sans nous les pratiques austères de la dévotion , que vous êtes heureux ! […] Les playes de l’une & de l’autre sont également profondes, & les remèdes propres à les guérir ne peuvent se prendre que dans les Loix de la Religion, (p. 21.)

220. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

Notre siècle s'attachant à des fables e à de vains amusements, ne prostitue pas seulement les oreilles et le cœur à la vanité ; mais il flatte aussi son oisiveté par les plaisirs des yeux et des oreilles ; et il allume le feu de l'impureté cherchant de toutes parts ce qui est propre à entretenir les vices.

221. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

A quoi tels Diables déchaînés, autres Silènes et Satyres peuvent-ils être propres ?

222. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Dans l’intérieur du pays, il y a divers peuples sauvages & féroces, sans religion & sans mœurs, toujours prêts à se battre, même avec leurs propres enfans. […] Chaque état a ses attributs, son cérémonial, ses divertissemens propres ; le militaire tire le canon, l’église fait des processions, les académies débitent des ouvrages, les comédiens jouent des pieces de théatre. […] Ce systême n’est-il pas une modification uniquement propre à la substance indivisible & immatérielle ? […] L’auteur n’a pas mieux ménagé sa propre gloire, la peignant & la chargeant d’obscénité, pour mieux souiller l’imagination de ses lecteurs, par une amorce trompeuse de vertu. […] Et pour l’agriculture, n’avons-nous pas son propre ouvrage des Saisons, où il en donne tant de regles, où il loue si fort nos campagnes, nos paysans ; la culture de nos terres ?

223. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Pour qui venge son père il n’est point de forfaits. » Qui jamais a plus fortement avancé la doctrine du tyrannicide que Cinna en parlant à Auguste de son propre père, sans que le Prince ni personne dans la pièce le contredise ? […] Voici encore de la bonne morale, bien propre à faire respecter les Rois. […] Faisons que son amour nous venge de Phocas, Et de son propre fils arme pour nous le bras. […] leur mort eût-elle été un acte de justice, et un Ligueur qui sur ce prétexte aurait fait mourir son propre fils, eût-il été un héros ? […] On ne doit pas épargner ses propres enfants.

224. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Il ne cesse de réprésenter des objets propres à révolter les sens, que pour en peindre d’autres aussi criminels & presque aussi contagieux.

225. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Deux choses sont nécessaires pour introduire des personnages sur la Scène sans préjudice de leur réputation ; l’une, qu’ils n’y soient point décriés par autrui, et l’autre qu’ils ne s’y décrient pas eux-mêmes : cette dernière voie de flétrir les gens est la pire ; parce qu’il semble alors qu’un homme soit de son propre fonds ce qu’on le fait paraître. […]  » Mais afin que l’on entre encore mieux dans sa pensée ; il change de style et use, sans allégoriser, des termes propres du Christianisme. […] il eût été beaucoup plus propre à faire Jean de Leyden. […] Tout ce qui appartient en propre à l’auteur du Relaps, c’est P. 97. […] Et ceux-là sont-ils propres à corriger l’Eglise qui ne sont pas jugés dignes d’y être admis ?

226. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

, « qu’il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à des Docteurs propres à satisfaire leurs désirs. […] L’on peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la Coquetterie que ces Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants.  […] Qu’il est condamnable par ses propres principes, pour avoir prétendu justifier la Comédie contre la discipline de l’Eglise clairement exposée dans les derniers Conciles de France, dans les Rituels presque de tous les Diocèses, principalement dans celui de Paris, et dans les Statuts Synodaux même les plus récents, tels que ceux de Besançon en 1676. titre 2.

227. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Ce Livre a été regardé comme propre à prévenir la jeunesse contre une passion qui est l’idole favorite de notre siecle. […] On m’a dit qu’ils n’étoient propres qu’à allumer, fomenter, & nourrir les passions. […] Chaque siecle a eu sa maniere de couvrir les idées propres à flatter la volupté. […] Charles Borromée corrigeoit de sa propre main des Pieces destinées à la déclamation. […] Loin de s’accorder avec le Christianisme, il n’est pas même propre à former des Citoyens & des hommes.

228. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

On met très souvant les Diables en jeu ; & c’est dans ces endroits là que le Poëte s’excite le plus, & qu’il met principalement en œuvre son industrie ; mais il soutient mal les caracteres, & au lieu d’inspirer de l’horreur, il étoit plus propre à faire rire. […] Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.

229. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

En effet, Messieurs, quand vous raisonnerez de la sorte, nous n’aurons rien à répondre, il faudra se rendre, car de me demander comme vous faites, si je crois la Comédie une chose sainte, si je la crois propre à faire mourir le vieil homme, je dirai que non, mais je vous dirai en même temps, qu’il y a des choses qui ne sont pas saintes, et qui sont pourtant innocentes : je vous demanderai si la Chasse, la Musique, le plaisir de faire des Sabots, et quelques autres plaisirs que vous ne vous refusez pas à vous-mêmes, sont fort propres à faire mourir le vieil homme, s’il faut renoncer à tout ce qui divertit, s’il faut pleurer à toute heure ?

230. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Voilà les deux points qu’il faut unir dans la comédie ; c’est-à-dire, dans l’imitation des actions, des sentiments, des discours, et dans la peinture des événements, ou agréables, ou fâcheux de la vie humaine ; c’est au ministère à unir toujours ces deux points, de manière que le spectacle, non seulement ne soit jamais nuisible aux bonnes mœurs, mais au contraire qu’il soit propre à inspirer aux spectateurs des sentiments vertueux, ou du moins opposés au vice. […] Les parodies de nos Opéra, lorsqu’elles sont bien faites, sont très propres à tourner en ridicule les maximes lubriques, dont Despréaux fait mention ; Don Quichotte en parodiant finement nos romans a fait cesser en Espagne et même en France, la folie de ce que l’on nommait autrefois Chevalerie qui faisait mépriser les devoirs ordinaires de la vie pour courir après une réputation chimérique et mal entendue.

231. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Tels on verroit auprès de nos Magistrats, les Comédiens accablés sous le poids de leur orgueil infructeux, se perdre dans leur propre bassesse.

232. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Quel crime dans un enfant de Dieu de se tuer ainsi de ses propres mains, de se dégrader lui-même & de devenir entre les mains du démon un instrument dont il se sert pour perdre les ames !

233. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

D’ailleurs, elle est beaucoup plus propre à représenter tout ce qui a du mouvement, tout ce qui est susceptible de quelque bruit, que les agitations de notre âme.

234. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

C’est avec cette créature qu’ils goûtent tous leurs plaisirs : ceux d’une union légitime sont devenus sans piquant & sans saveur ; ils ne sont plus connus que d’un petit nombre d’honnêtes gens, assez heureux pour avoir rencontré de ces femmes rares tendres sans fadeur, plus propres que magnifiques, belles sans hauteur, caressantes sans importunité ; qui, faites pour le plaisir, sont aussi réservées & plus vertueuses que les froides.

235. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

L’Expérience a toujours fait connaître que le Théâtre est une très méchante école de la vertu ; et que les moyens que les Poètes semblent employer pour corriger les hommes de leurs vices, sont plus propres à les y entretenir, qu’à les en délivrera

236. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Celui-ci a plus fait, il a composé sur le même sujet un long poëme où il a fondu ceux d’Ovide, & y a ajouté son propre libertinage, avec moins de grossiereté que le poëte latin : car la langue françoise plus chaste ne s’accommoderoit pas de la naïveté & de l’énergie de la langue latine. […] Tout parsemé de questions licencieuses, de contes lascifs, de peintures séduisantes : c’est un traité complet d’éducation galante, tout propre à former d’excellentes actrices & des libertins consommé. […] Bientôt il vola de ses propres aîles. […] On mit sur son tombeau une épitaphe aussi profâne, qui ne parle que de ses satyres, ses comédies, son Roland : titres fort déplacés dans une église, panégyrique bien différent de ceux des saints qu’on y prononce, très-peu propres à procurer les prieres des fideles qui les liront. […] Voici quelques traits propres à caractériser cet homme de théatre.

237. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

Ils se trouvent dans celles qui sont les plus propres à leur porter les coups les plus mortels ; à rouvrir des plaies qui avoient été longtems à se fermer, & on demande froidement s’ils sont coupables !

238. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

La passion ne saisit que son propre objet : la sensualité est seule excitée, et s’il ne fallait que le saint nom du mariage pour mettre à couvert les démonstrations de l’amour conjugal, Isaac et Rébecca n’auraient pas caché leurs jeux innocents et les témoignages mutuels de leurs pudiques tendressesd.

239. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Conclusions générales. » pp. 371-378

On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.

240. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

L’esprit de prière, comment le conserver, après que tant d’objets profanes ont fait sortir l’âme d’elle-même, quand elle n’est remplie que de fantômes ; et la prière qu’on adresserait à Dieu au sortir de ces représentations, supposé qu’on en fît, ne serait-elle pas plus propre à l’irriter qu’à le fléchir ?

241. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Que si les mondains s’appliquent particulierement en ce temps, à satisfaire tous leurs sens, par les objets qui leur sont propres, l’on peut dire qu’un de leurs plus agreables divertissemens, celuy qu’ils recherchent avec plus de passion, & qui les occupe le plus agreablement, est la comedie, le bal, les danses, & les autres spectacles, qui sont souvent criminels, & toûjours dangereux ; spectacles opposez à l’esprit du Christianisme, & à la profession que nous avons faite si solennellement de renoncer aux pompes & aux magnificences du monde, puisque c’est s’y r’engager publiquement, que de courir avec tant d’ardeur aux spectacles publics, jusque-là que c’étoit autrefois une marque d’apostasie de sa Foy, & de sa Religion, comme assûre l’éloquent Salvien, Est quædam in spectaculis apostatatio fidei . […] Ce qui fait que l’employ de ceux qui les representent, a toûjours été flétri de quelque marque d’infamie par toutes les loys, comme n’étant propre qu’à corrompre les mœurs. […] Les personnes mondaines, sur qui l’on ne prend point exemple, ne sont coupables que de leurs propres pechez ; mais ceux qui ont quelque reputation de vertu, ou qui ont quelque rang, & quelque authorité, servent par leur exemple de pretexte aux autres, qui pechent sur leur compte, en s’authorisant de leur nom. […] Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui luy plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.

242. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Rien , dit il, n’est plus propre que la comédie, à faire des connoissances, à former des intrigues, à faire goûter le poison de la séduction  ; cette satire qui a eu de la réputation dans son tems, passe pour un portrait fidele du monde, le peintre l’a tracé d’après son expérience. […] L’Académie de Parme distribue plusieurs prix, elle a donné en 1770, pour prix de l’architecture, le plan d’un théatre magnifique, propre à toute sorte de représentations, qui réunisse les différences parties de la distribution, & décoration antérieure & extérieure, la forme & les dimensions de l’orchestre, des loges, de l’amphthéatre, pour les changements de scéne, la pompe de la représentation dans toutes sortes de drames liriques, tragiques & comiques ; tout le théatre est mis sur le trône littéraire. […] Les acteurs & actrices qui ne veulent de directeur que Venus & Plutus, s’étoient réunis pour demander l’administration de leur tripot, comme les comédiens François ont celle de leurs affaires, & pour cela ils avoient déposé six cent mille livres pour cautionnement ; (qui le croiroit, une troupe de gueux qui n’auroient pas du pain chez eux,) mais malgré les charmes des actrices, & ceux de leur argent, un reste d’amour du bon ordre l’a emporté : l’expérience des acteurs de l’Hôtel de la comédie Françoise & Italienne, livrés à leur propre direction, a fait tout craindre pour l’opéra. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.

243. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

La liberté de sa propre maison ne dispense pas plus de la modestie. […] Non : si elle se connoît, elle ne le tient pas à quelqu’un qui la connoisse, Fût-elle un prodige de chasteté, son indécence la rendroit suspecte aux yeux de tout le monde, & à ses propres yeux ; la confiance en sa vertu la lui seroit perdre, la présomption fait négliger toutes les mesures ; plus on s’expose au danger, moins on est en état d’en sortir avec succès. […] Fussiez-vous à l’abri des hommes, n’êtes-vous pas sous les yeux des Anges, sous les yeux de Dieu, sous vos propres yeux ? […] La véritable pureté ne craint rien tant que ses propres regards : Vera virginitas nil magis timet quàm se ipsam : Oculos suos pati non vult, confugit ad velamentum.

244. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Que si les mondains s’appliquent particulierement en ce tems, à satisfaire tous leurs sens, par les objets qui leurs sont propres, l’on peut dire qu’un de leur plus agreables divertissemens, celui qu’ils recherchent avec plus de passion, & qui les occupe le plus agreablement, est la Comedie, le Bal, les Danses, & les autres spectacles, qui sont souvent criminels, & toûjours dangereux ; spectacles opposez à l’esprit du Christianisme, & à la profession que nous avons faite si solemnellement de renoncer aux pompes & aux magnificences du monde, puisque c’est s’y r’engager publiquement, que de courir avec tant d’ardeur aux spectacles publics, jusque-là que c’étoit autrefois une marque d’apostasie de la Foi, & de sa Religion, comme assûre l’éloquent Salvien, Est quædam in spectaculis apostatatio fidei . […] Ce qui fait que l’employ de ceux qui les representent, a toûjours été flétri de quelque marque d’infamie par toutes les loys, comme n’étant propre qu’a corrompre les mœurs. […] Les personnes mondaines, sur qui l’on ne prend point exemple, ne sont coupables que de leurs propres pechez ; mais ceux qui ont quelque reputation de vertu, ou qui ont quelque rang, & quelque authorité, servent par leur exemple de pretexte aux autres, qui pechent sur leur compte, en s’authorisant de leur nom. […] Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui lui plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.

245. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Le fonds, comme vous voyez, est bien intéressant ; vous n’avez pas d’idée des détails ; la mère de Colette dit : « je veux qu’elle ait un mari à son aise ; si elle épouse un gueux, ne la voilà t’elle pas bien propre ? […] Un Marquis françois, accompagné de l’Olive, son valet, rode autour de la maison où le barbare Violento tient sa propre sœur, Inés, étroitement renfermée ; il s’agit d’être introduit auprès de la belle. […] Mais aujourd’hui, mais depuis que Monnet, le premier, eût décoré ses loges élégantes de taffetas bleu, bordé de franges d’argent, depuis que ces tréteaux ont eu des orchestres réguliers, qu’on y a eu recours à des danses volupteuses, à des évolutions militaires, à des patomimes ; depuis qu’on a eu la liberté de formes des troupes de comédiens-enfans, depuis enfin qu’au fonds des pièces qui a été constamment le même, c’est-à-dire, essentiellement ridicule, on a ajouté des accessoires propres du moins à flatter les passions, la bonne compagnie a appris le chemin du Préau de l’Abbaye, du fauxbourg Saint-Laurent et de la rue de Richelieu. […] Peu importe que vous soyez tenté encore de m’accuser de tomber dans l’hyperbole, que vous riez de l’expression trop franche ou trop énergique de mon zèle ; je pense qu’en exposant vous-même, vos enfans à périr par des accidens très-possibles, à se gâter l’esprit, le jugement & le goût, à perdre leurs mœurs, à subir toutes les peines et tous les malheurs attachés à une vie déréglée, ce seroit de votre part, monsieur, non-seulement renoncer à la qualité de guide et de pere, mais devenir leur propre corrupteur et leur assassin.

246. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Cependant les Italiens sont peu propres à travailler dans ce genre : ils sont loin d’avoir les qualités qu’il éxige. […] Je crois pourtant qu’elle deviendra propre au Spectacle moderne.

247. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

propre, parce qu'ils y ont été célébrés les premiers ; et cette intelligence résulte des termes de la Novelle de Justinien qui y est conforme ; et de ce que les uns et les autres de ces Empereurs conjoignent ces Jeux avec les Combats de l'Arène, où la cruauté régnait comme l'impudence aux Jeux Scéniques, et sans que l'on y lise un seul mot concernant les Poèmes Dramatiques. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs.

248. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Il est aisé à voir que vous plaidez votre propre cause, et que ce que vous dites sur ce sujet ne vous a guère coûté. […] Croyez-vous que la lecture de leurs ouvrages soit fort propre à faire mourir en nous le vieil homme, à éteindre les passions, et à les soumettre à la raison ? […] Trouvez-vous que cette réserve et cette modestie si chrétienne de M. le Maître, soit fort propre pour autoriser les égarements de Desmarets ?

249. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Quelle folie et quel péché (de peccato et vanitate) de négliger des études utiles, pour m’occuper des aventures de je ne sais quel Enée, tandis que j’oubliais mes propres égarements, et de pleurer la mort que se donna Didon pour son amant, tandis que je vois d’un œil sec la mort de mon âme ? Quoi de plus misérable qu’un malheureux qui n’a pas pitié de ses propres misères, tandis qu’il verse des larmes pour des fables ! […] Il parle d’abord des infamies qui se commettaient sur les bords du Tibre dans la fête de la grande Déesse, et il remarque que les Comédiens étaient chargés de ce cérémonial, et s’en acquittaient si bien que leurs propres mères (c’est beaucoup dire) auraient eu honte d’entendre dans leurs maisons ce qui se disait dans les rues : « Scenicos ipsos domi suæ proludendi causa coram matribus suis agere pudet, etc. » Il passe de là au théâtre.

250. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Il remarque que si l’on observait tout ce que ce saint Evêque ordonne à ceux qui veulent aller à la Comédie, les Théâtres seraient bientôt fermés, et il trouve son discours aussi propre à en détourner que ceux des saints Pères, par les dangers qu’il y fait voir ; de même qu’un homme sage ne voudrait pas manger d’une viande, si celui qui la lui présenterait, l’avertissait qu’elle est capable de lui faire un mal considérable. […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les Pères et les Mères prennent de s’opposer aux engagement amoureux de leurs enfants.  […] On a écrit de Rome, que les Comédiens de Paris qui se présentèrent à la Confession au Jubilé de l’année dernière 1696. croyant que c’était un temps de grâce pour eux, comme pour les autres pécheurs, parce que les Confesseurs avaient le pouvoir d’absoudre des cas réservés ; surpris néanmoins que les Confesseurs leur eussent refusé l’absolution, s’ils ne promettaient par écrit de ne plus monter sur le Théâtre, avaient présenté une Requête au Pape, dans laquelle ils remontrent qu’ils ne représentent à Paris que des Pièces honnêtes, purgées de toutes saletés, plus propres à porter les Fidèles au bien qu’au mal, et inspirant de l’horreur pour le vice et de l’amour pour la vertu ; et ils prient le Pape de répondre si les Evêques ont droit de les excommunier.

251. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Il est vrai, que les anciens Pères, en parlant de la sorte, avaient principalement en vue certains jeux de théâtre, qu’on appelait Majuma, dont les Empereurs firent retrancher ce qu’il y avait de plus dissolu, et de plus honteux : mais quelque réforme qu’on y ait fait, saint Chrysostome ne laisse pas de les appeler des écoles d’adultère et de libertinage : non pas qu’on représentât des actions sales sur le théâtre, ce que ces pieux Empereurs n’auraient pas souffert ; mais parce que les Comédiens de l’un et de l’autre sexe ne s’étudiaient qu’à se servir de paroles et de gestes affectées, qui n’étaient propres qu’à remplir l’esprit de mille idées impures et le cœur de mauvais désirs. […] que la différence qu’il doit y avoir entre les habillements ordinaires qui sont propres aux deux sexes, et qu’il ne spécifie pas le changement qui s’en fait dans la représentation des pièces de théâtre ; mais la maxime qu’il établit, en disant, que c’est une chose mauvaise de sa nature, de se vitiosum est, que les hommes se travestissent en femmes, ou les femmes en hommes, suffit pour condamner cette pratique, excepté dans le cas de nécessité, où la Loi n’oblige pas. […] A plus forte raison doit-on dire, qu’il ne leur est donc pas permis de s’en dépouiller pour se revêtir d’habits de théâtre, ni même d’en couvrir les leurs en les mettant par-dessus leurs robes : ces habits n’étant propres qu’à des gens que l’Eglise regarde comme excommuniés.

252. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Un auteur dramatique, un romancier, comme les trois derniers, est propre à écrire l’histoire, qui dans ses mains, sera un roman & une comédie.

253. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VII. » pp. 36-41

Ce n’est pas que sur le pied où en sont aujourd’hui les choses, il ne soit difficile que sa Sainteté en fasse éclater son juste ressentiment avec fruit ; mais le Héros n’en sera que plus à plaindre, et les gens de bien, mes Pères, au lieu de prendre part à la joie profane de votre ridicule Ballet, gémiront de voir un homme qui selon l’expression de l’Ecriture, « abandonne son propre lieu, et devient comme un oiseau qui quittant son nid », court risque d’être foulé aux pieds des passants.

254. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Les unes viennent d’un mouvement de grâce, et sont rapportées au culte de Dieu, comme celles que nous avons marquées au Chap. précédent ; et les autres de l’inclination de la nature vers son propre plaisir, que le S.

255. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIII. Passages de Saint Basile sur le sérieux de la vie chrétienne. » pp. 132-135

S'il faut pousser ces maximes à toute rigueur et dans tous les cas, ou s’il est permis quelquefois d’en adoucir la sévérité, nul homme ne doit entreprendre de le décider par son propre esprit.

256. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Quant aux sujets qui sont le fond et la base de la comédie, sans compter les bouffonneries, les extravagances, les sauts et les gestes dissolus ; ces femmes et ces Acteurs qui exposent leur vie en se balançant, en voltigeant indécemment sur des cordes, que voit-on dans le reste, qu’une peinture des passions, plus propre à les exciter qu’à les éteindre.

257. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

La comédie a toujours été regardée comme le délassement le plus digne de charmer les nobles loisirs des souverains, et des grands hommes : elle est encore le divertissement des hommes d’état, des grands seigneurs, des gens polis, et l’amusement du peuple ; elle est propre à rectifier les mœurs, en employant le plaisant et le ridicule ; elle a pour but de faire rire et d’instruire le spectateur.

258. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

En quoi Dieu est-il offensé par un exercice agréable, salutaire, propre à la vivacité des jeunes gens, qui consiste à se présenter l’un à l’autre, avec grâce et bienséance, et auquel le spectateur impose une gravité dont on n’oserait sortir un instant ? […] Ce serait, au contraire, affaiblir le mérite de la citation, et j’aurais peut-être dû, avec plus de générosité, m’abstenir d’en tirer avantage ; il est par trop malheureux de se voir accablé sous le poids de ses propres armes.

259. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Nous ne répéterons point ici ce que tant d’Auteurs ont écrit sur les sujets propres à la Tragédie, sur ceux que le Poéte invente, & sur ceux qu’il tire de la Fable où de l’Histoire, sur les changemens qu’il peut faire aux uns & aux autres, soit en retranchant des événemens, soit en y en ajoutant. […] Dans l’Œdipe du même Auteur, Philoctète, parent de Laïus, lié encore à sa famille & à Jocaste, par les nœuds de l’amitié, ignore la mort de Laïus, la victoire d’Œdipe sur le Sphinx, le mariage du Vainqueur avec Jocaste, & le Trône de Thebes perdu pour sa propre maison.

260. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Bien loin d’avilir ce lien, inspiré par la nature, rien n’est plus propre à en faciliter le succès. […] Vous parlez d’un ridicule réformé par le théâtre, & je vous ai déjà dit qu’il étoit propre à cela.

261. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Quoi de plus propre à décourager les bons, à faire valoir les mauvais, & à les obliger de se dégrader jusqu’à consulter le goût d’une troupe insolente, dont on veut ménager les suffrages ? […] Une Compagnie est un corps respectable, de membres distingués par leurs fonctions, ou leur mérite : Compagnie de Magistrats, Compagnie d’Académiciens, &c. c’est en vérité les profaner que d’en approcher les comédiens, c’est comparer les globes lumineux qui roulent dans les vagues des Cieux, avec les atômes dont la petitesse échape aux regards, & qu’un souffle emporte & annéantit ; tels les comédiens, accablés sous le poids d’un sot & infructueux orgueil, vont le perdre dans leur propre bassesse ; la beauté de la représentation ne fait pas le mérite de la piéce, elle la tout entier par elle-même, soit qu’on la lise ou qu’on la voie jouer.

262. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Quoique la Comédie fût encore habitante des Villages, les Poëtes avoient été obligés d’inventer un spectacle propre à délasser le Peuple, que le sérieux ennuie bientôt, & qui d’ailleurs n’entendant plus parler de Bacchus, le Dieu des Spectacles, s’écrioit souvent, Que fait cela à Bacchus ? […] Dans ses Harangueuses cependant, Piéce jouée après la guerre du Peloponese, son sel est encore très-mordant, puisque le Gouvernement d’Athenes y est donné aux Femmes, comme plus propres que les Hommes à débrouiller ce qui est très-embrouillé, puisqu’elles ont l’adresse de démêler les écheveaux. […] Tous les malheurs qui depuis la guerre du Peloponese arriverent à ce Peuple si spirituel, si amateur de tous les beaux Arts, & si propre a y exceller, font voir combien peut devenir funeste la passion demesurée de ces Amusemens dont on ne doit être, comme disoit Agesilas, ni trop, ni trop peu curieux.

263. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

par ses propres forces ? […] Qu’une Dame, dont la malheureuse tâche est de se faire aimer jusqu’à la passion, qui n’est pas honteuse de permettre cent legéres libertés ; qu’une Dame, dont les yeux, les paroles, les habits, l’air vain & coquet cinquante fois par jour étudié au miroir montrent, qu’elle n’a aucun soin de son salut, aille à la Comedie : elle ne sera coupable que de ses propres pechés : mais celles, que vous me peignez en vôtre lettre, ont assez de reputation de vertu, pour servir par leur exemple de prétexte aux autres, qui s’exposent évidemment au peché : & par consequent on ne peut plus doûter qu’elles ne pechent, quand elles vont à la Comedie ; & que les Anges Gardiens des personnes, auxquelles elles auront été une occasion de chute, n’en demandent un jour vengeance à la Justice Divine. […] Faute de crainte, on n’a point d’idée du malheur qui peut arriver à l’ame, & par consequent point de mouvement d’aversion pour le mal : faute de défiance, loin de se ténir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on y apporte une imagination vive, un esprit dissipé, un cœur volage, des sens ouverts & subtils, dispositions fatales & propres à donner de l’entrée au peché.

264. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Cet écrivain a poussé l’insolence jusqu’à prétendre que ce grand Roi était l’ami des jésuites, et comme un lâche hypocrite, il ose citer les propres expressions de ce bon prince, tandis que notre écrivain jésuite sait bien lui-même que la crainte seule avait arraché de tels compliments de la bouche de ce monarque effrayé du crédit des jésuites, puisqu’il avait traité avec eux comme de puissance à puissance, et qu’il espérait les ramener vers lui par la douceur ; mais ce fut bien en vain qu’il crut adoucir ces tigres féroces, altérés du sang des Bourbons. […] Cette volonté forte, en proie à ses propres caprices, ainsi qu’aux influences funestes de l’esprit de parti qui cherche à l’égarer, renferme toujours un germe de la destruction et toujours opère beaucoup plus souvent le mal que le bien. […] L’illustre écrivain, homme d’état et homme de lettres, que j’ai déjà cité (page 74), a donc eu raison de dire avec une sorte d’éloquence, et je le répète, que ce guerrier si prodigue du sang de ses propres soldats gagnait ses batailles à coups de générations ou à coups d’hommes, autant que je puis m’en souvenir, car je n’ai pas sous les yeux l’ouvrage dont j’ai tiré cette citation.

265. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Nous ne nous permettrions jamais ce parallèle, propre à faire rougir la religion, s’il n’était encore plus propre à faire rougir l’impiété. […] j’y trouve le vice de votre propre volonté, qui les dépare.

266. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Rien ne serait plus capable de faire croire ce caractère amphibier qu'on impute bien ou mal aux Jésuites, rien du moins n'est plus propre à inspirer le pyrrhonisme dans la morale que leur conduite à l'égard du théâtre. […] On peut donc y aller presque toujours, car le théâtre est aujourd’hui sur un ton de politesse qui bannit les grossièretés, et sans avoir égard ni à la proscription générale des uns, ni à l'improbation conditionnelle des autres, les Jésuites partout font représenter par leurs écoliers toutes les mêmes pièces qu'on donne au théâtre Français ; Corneille, Racine, Molière, Regnard, Crébillon, Voltaire, etc. sans compter leurs propres ouvrages, y règnent également. […] Qu'on mette dans la bouche d'un Acteur, surtout d'une Actrice bien faite, les propres paroles des plus odieux tyrannicides, ce qui était détestable en Latin sous l'écorce hérissée de chapitres et d'articles, sera admirable en dialogue versifié.

267. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Il est vrai que la Comédie nous offre aussi des Drames tout-à-fait enjouées, & d’autres qui sont plus graves ; mais encore une fois, le fond de ses Poèmes ne perd jamais le caractère propre à la Comédie.

268. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

Pour les Excuser, je veux croire qu’ils manquent plûtost d’habitude que de cœur, que leur defaut vient plustost de leur Ecole que de leur naturel ; & qu’enfin ils sont plus propres à la Galanterie qu’à la Guerre, parce qu’ils ont esté plus assidus à la Ruelle qu’au Camp, & qu’ils ont employé plus de temps à faire l’Amour qu’à faire leurs Exercices.

269. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

J’ai toujours pensé que le Théâtre était plus propre à exciter les passions qu’à les corriger, comme ses Protecteurs le prétendent.

270. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Concluez donc avec moi qu’il faut que l’envie ou le besoin de rire ait bien du pouvoir sur les hommes pour les porter si obstinément, malgré l’épreuve du contraire qui les accable, à regarder comme propre à corriger les mœurs le moyen le plus puissant de tourner toutes les vertus en ridicule, de tout corrompre ! […] C’est pourquoi je n’hésite plus de conclure que l’autre mode d’animad-version est plus susceptible d’être légitimé, qu’il y aurait moins de risque de commettre des injustices, et qu’il serait plus propre à la réforme des mœurs de désigner exclusivement les coupables sur le théâtre, comme cela se pratique extra, de les attaquer directement de la manière vigoureuse dont M. […] Pour dissiper parfaitement et sans retour les anciens préjugés existants contre cette profession diffuse et disloquée, et en ennoblir les fonctions, donner toute considération à ceux qui les exerçent, et les mettre dans la seule situation propre à en remplir dignement le plus important objet, en un mot, pour arrêter dans sa principale source le mal que les spectacles font, je ne crois pas qu’il y ait de moyen plus naturel et plus sûr que d’affilier ou aggréger l’école théâtrale au grand corps d’instruction et d’éducation nationales, à l’université, qui doit en effet toujours être le centre, former l’unité de toutes les écoles publiques de morale.

271. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Les tenants de cette erreur insoutenable, sont un parti puissant ; les littérateurs en sont les chefs, distribués en petites sociétés, dont chacune se donne pour le public & croit l’être, ils présentent leurs opinions d’un ton décisif, qui leur est propre ; elle fait fortune à la capitale & dans les provinces, où les Académies menacent de devenir aussi nombreuses que l’étoient jadis les confréries ; ce public en mignature fait du théatre un nouveau collége de docteurs, qui consacrent leurs talens à l’instruction publique ; & la nation doit gémir de l’aveuglement du peuple, du préjugé du Clergé, de l’opiniâtreté des magistrats, pour qui ces respectables pédagogues sont toujours des comédiens. […] La peinture trop naïve des foiblesses humaines est plus propre à réveiller la passion qu’à l’éteindre, de quelque précepte qu’on l’assaisonne. […] Ce Prince avoit pourtant promis à la Sorbonne, qu’il étoit allé voir par curiosité, de travailler à réunir son Clergé & son peuple à l’Eglise Latine ; on avoit eu la facilité de le croire, & de lui fournir des mémoires, & tous les efforts aboutirent à tourner en dérision le Pape & le sacré Collége, plus maussadement que les Anglois qui brûloient un Pape de paille ; & même sa propre Réligion Greque, en prophanant dans la Cathédrale de Moscou, le Sacrement de mariage que les Grecs reconnoissent, & le ministere d’un prêtre dont ils réverent le caractère, par des bouffonneries aussi plates qu’indécentes, plus digne d’un Tabarin, sur le Pont neuf, que d’un Empereur qu’on dit philosophe, & à qui cette conduite puérile & sacrilége, n’en assure que trop le titre. […] Quelqu’un a dit de ce reméde si singulier que c’est à l’exemple de Loth, qui pour empêcher la Sodomie offrit ses filles aux habitans de Sodome ; ou comme le scorpion & la vipere qui servent de reméde à leur propre venin.

272. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Un jeune Duc, dont le pere s’étoit ruiné par ses débauches, & qui par son propre libertinage couroit à grand pas à la même fortune, en fut instruit. […] Il fut dévoré par ses propres chiens. […] Il étoit peu propre à négocier la paix ; le mari n’entend pas raillerie. […] Tout cela est-il bien propre à le faire détester, comme le plus grand des malheurs ?

273. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

L’Auteur du scandale se donne du scandale à lui-même, & se blesse le premier de ses propres traits, non-seulement parce que ses propres regards trouvent en lui comme les autres un aliment de péché, mais parce que le luxe produit d’abord sur lui les plus mauvais effets en flattant sa chair, il entretient sa sensualité en étalant les grâces, il entretient sa vanité en excitant l’impureté dans les autres, il se repaît de leur passion, s’expose à leur invitation, à leur poursuite, & multiplie les occasions & les facilités : vestis libidinem nutrit ; vestis fomitem peccati succendit . […] Si vous savez que la graine ou la fiente d’un crocodille est propre à blanchir le cuir, il faudroit aller jusqu’au Nil pour en avoir. […] condamne avec tous les Auteurs, comme un péché, l’usage & la vanité du fard par les raisons ordinaires & les passages de l’Écriture & des Pères que nous avons cités ; il en ajoute qui lui sont propres, que nous allons examiner.

274. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

C’est le systême du Roi de Prusse, nouveau maître de la partie maritime de la Pologne ; lors de l’invasion la saxe de l’enlevement des manufuctures & de la prise de Dresde ; ce grand Philosophe fit ouvrir le théatre le même jour qu’il y entra, & força la famille royale d’aller avec lui à la comédie pour les consoler de la fuite de l’Électeur, de la défaite de son armee, de la désolation du Pays, du pillage des archives & de sa propre captivité. […] Le nouvel impôt du Palatin de Gnesne a quelque chose d’odieux, il étoit inconnu en Pologne, on l’établit dans le temps le plus misérable de la République où les jeux du théatre sont les plus indécens & les plus onéreux ; c’est un des articles de la nouvelle législation, chargée de rétablir l’ordre dans le Royaume, & qui y établit le désordre à demeure, qui par un abus incroyable de l’autorité qu’on lui a confiée, en fait une loi, un privilège exclusif pour lui-même ; qui l’établit dans son propre Palais, & s’oblige de lui fournir tous les appartemens dont on aura besoin. Ces circonstances sont uniques dans l’histoire ; les grands Seigneurs Romains donnoient les spectacles à leurs propres frais, le Seigneur Polonois devient monopoleur pour se les faire payer, & se rend ainsi Marchand du vice par l’autorité des loix qui ne sont faites que pour le corriger & le punir. […] Malgré les apothéoses de Voltaire & les éloges couronnés de l’Académie Françoise, le théatre n’eut pas encore de son temps cet accès facile auprès des grands, cette familiarité, cette espèce de respect des Seigneurs, cet attachement de libertinage pour les Actrices, ces grands airs de luxe, ce faste, cette opulence plus propre à rendre ridicule qu’à élever une engeance aussi méprisable par le vice que par la bassesse, plus propre à corrompre les mœurs qu’à donner un moment de plaisir par les jeux.

275. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Tout cela est suivi d’un cœur & d’une danse de jeunes nymphes à demi nues, autour du jeune homme & de la religieuse ; danse bien propre à inspirer la virginité. […] Les parens du danseur sentirent qu’il n’étoit pas propre à un état si sérieux, & lui acheterent une autre charge. […] Un enthousiaste du spectacle, un comédien, un romancier, un poëte comique est-il bien propre à rendre la justice ? […] Et, pour leur propre honneur, devroient-ils montrer un si mauvais goût ? […] Ce qui est aussi peu croyable & plus indécent, un conseiller au parlement, M.F.C.D.L.P.D.T., oubliant ce qu’il doit au public & à lui-même, a composé, fait jouer, donné au public, & débiter sous son propre nom cette absurde folie ; un autre magistrat chargé de la librairie, l’a approuvée & permis d’imprimer.

276. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Saint Jean Chrysostome, parce qu’elles sont des obstacles à la conversion des ames & à leur salut ; saint Augustina, parce que c’est un crime énorme que de donner son bien aux Comédiens qui sont des gens infames, que plus un homme est vertueux & plus il doit s’éloigner du theâtre ; & que l’on n’eût jamais approuvé les Comédies & les crimes qu’elles representent sur le theâtre, si les mœurs des hommes qui estoient soüillez des mesmes vices ne l’eussent soufferte ; saint Isidore de Damiéteb, parce que les Comédies d’elles-mêmes & de leur nature, ne peuvent estre que pernicieuses & nuisibles ; saint Bernardc, parce qu’elles ne sont que vanité ; enfin Jean de Salisberi Evêque de Chartresd, parce qu’elles sont propres à entretenir les vices, & sur tout l’oisiveté, qui est l’ennemie de l’ame & qui la dépoüille de toutes ses inclinations vertueuses, & qu’en y assistant on participe aux crimes des Comédiens, à qui l’Eglise a interdit la sacrée Communion. […] Qu’y a-t-il de plus aimable & de plus propre à nous donner une extréme joïe, que d’estre reconciliez avec Dieu ; que d’estre éclairez de sa verité ; que de connoître les erreurs qui lui sont opposées ; que d’estre assûrez du pardon de tant de crimes que l’on a commis ? […] La nature a revêtu chaque sexe d’habillemens qui leur sont propres. » Ce déguisement a paru aussi tellement étrange à Saint Augustin, qu’il a crû que ceux qui le faisoient étoient infames, & incapables de faire des Testamens & de servir de temoins en justice. […] Voici les propres termes de ce Synodea : « A cause des danses & dissolutions qui croissent & pullulent par toutes les Eglises, a esté avisé que les Consistoires seront exhortez au nom de Dieu de bien pratiquer l’article du Synode de Figeac, & d’en faire lecture publiquement au nom de Dieu & en l’autorité de cette Compagnie, & les Colloques & Synodes chargez de censurer les Consistoires qui n’y auront fait, & n’y feront leur devoir. » Le Synode de Figeac, dont il est ici parlé, fut tenu en 1579.

277. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Ils ne conviennent pas à des soldats de Jésus-Christ, qui doivent être revêtus d’armes spirituelles ; mais ils ne sont propres qu’à des gens qui sont à la solde du démon. […] et ceux qui sachant l’obligation qu’ils ont de les fuir, ne laissent pas de les rechercher contre leur propre lumière. […] Car quoi que ces accidents, dit ce Père, soient un effet naturel de notre faiblesse, ç'a été pourtant notre propre volonté qui nous a fait approcher du feu, dont nous ressentons les ardeurs. […] Tout de même en allant volontairement à la comédie, l’on devient coupable de toutes les mauvaises pensées qu’on y peut avoir par hasard, et de tous les péchés qu’on n’aurait pas dessein de commettre ; parce que c’est de sa propre volonté et de plein gré qu’on y est allé. […] Il ne faut point juger du péril qu’il y a en général d’aller à la Comédie, par les dispositions toutes singulières qui se peuvent trouver dans un très petit nombre de personnes ; mais par la multitude de ceux à qui l’expérience a fait connaître qu’on ne peut aller à ces assemblées du grand et du beau monde, sans un extrême danger de la pureté, de la piété et du salut ; et par conséquent sans crime, car je veux que la pièce soit si innocente, si modeste et si honnête, qu’on la pourra avoir et entendre sans que la pureté des yeux, des oreilles et de l’esprit en ressente aucune maligne impression (quoique cela soit très difficile dans la pratique) ce sera la pompe du siècle, l’empressement pour la satisfaction des sens et pour les plaisirs ; l’ardeur pour se remplir l’esprit et le cœur de l’estime et de l’amour de ce que le monde a de plus charmant et de plus propre à faire oublier Dieu et l’éternité, qui feront tout le mal, dit le P.

278. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Dieu punira sans doute les Grands à proportion de l’étenduë & du nombre des crimes qu’ils commettent, ou par leur propre action, ou par leur negligence, qui est une de ces causes, sans lesquelles les choses ne se feroient pas, & que la Philosophie considere en effet comme des causes. […] Ce ne peut pas estre le sentiment d’un Magistrat Chrestien, il a plus de déference pour un Dieu, qui nous ordonne de preferer le salut à la fortune, à la vie, à toutes les autres choses, & qui a preferé en effet nostre salut à sa propre vie. […] Dieu declare luy-mesme aux Puissances de l’Eglise, & du monde, qu’il ne leur pardonnera point une complaisance si contraire à leur devoir, au bien public, & à sa propre gloire. […] Nous pouvons ajoûter que les Puissances ne peuvent les souffrir sans desobeïr à Dieu, sans éloigner ses graces, sans manquer à l’Estat, sans se rendre responsables à Dieu de ses propres outrages, du deshonneur & de la corruption de l’Estat, & des malheurs qu’on a sujet d’en craindre. […] Que je serois heureux, si je contribuois par ce Discours à une reforme, & à un établissement, pour qui je n’épargnerois pas mon propre sang.

279. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Cette réponse ne permet pas de douter que toutes les Religions ne lui fussent indifférentes par un système qui lui étoit propre, qu’elle s’étoit faite elle-même, & qu’on n’a trouvé nulle part ainsi dévéloppé. […] La religion d’Élisabeth, plus libre que celle de Henri son père, conserva la Confession sacramentelle sans l’ordonner, les Fêtes, les jeûnes, les abstinences sans y obliger ; la présence réelle de Jesus-Christ dans l’Eucharistie sans impanation ubiquite ni transubstantation, la Hiérarchie ecclésiastique d’Évêques, Curés, Chanoines, Prêtres, Diacres, sans Chef universel de l’Église chrétienne, mais seulement un Chef particulier de l’Église d’Angleterre, & se donne elle-même hardiment pour Chef & Gouvernante de son Église ; la Communion sous les deux espèces sans nécessité de le recevoir ; le Clergé, sans dîmes, sans privilège qui les distingue des Laïques ; elle avoit grande envie de conserver des Cardinaux pour se faire à elle-même un sacré collège en écarlate ; elle vouloit encore conserver les images sans honorer ni invoquer les Saints ; elle croyoit les images propres à orner les Églises, & utiles à instruire les peuples ; mais les Protestans rigides s’y opposèrent si vivement qu’elle se rendit enfin avec peine. […] Elle en plaisantoit ouvertement, & en effet cette qualité ridicule est opposée non-seulement au Christianisme qui n’a jamais connu qu’un Chef universel, mais à son propre système d’indifférence ; car si on est libre d’embrasser la Religion que l’on veut, selon la conscience, comme nous avons vu. […] Elisabeth elle-même ne conspira-t-elle pas deux fois contre sa propre sœur, & n’est-ce point le Roi Catholique qui la sauva ? […] Écrivain médiocre, autant que Prince médiocre ; ses ouvrages ne valent pas mieux que ses sentimens, mais l’esprit de la secte & l’enthousiasme d’un savant éteignirent en lui les sentimens de la nature & de l’honneur, il en fut puni dans sa postérité qui a perdu le trône de la Grande Bretagne dans la personne de son petit-fils détrôné par son propre gendre ; il en fut puni dans son fils & son successeur Charles I qui périt sur un échaffaud comme sa mère, ainsi par un évenement unique dans l’histoire, le Roi Jacques, ou selon l’expression des Anglois la Reine Jacques, Regina Jacobus, qui le premier des Stuart abandonna la Religion Catholique & acheva de la perdre dans ses Etats, se trouve placé entre deux morts les plus tragiques qui furent jamais, de sa mère par Elisabeth, de son fils par Cromvel.

280. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

L’Académie est à plaindre ; quoique sans doute pleine de religion, ses propres enfans exitent des orages, & répandent des ombres sur ses sentimens. […] Parle-t-il en Payen, en voilà le ton & le langage, c’est un autre délire ; élever un homme jusqu’à la divinité, c’est dégrader la divinité jusques à l’égaler aux hommes, c’est une impiété, une extravagance, c’est déprécier son propre éloge & en faire disparoître le merveilleux ; si les Dieux sont au niveau des hommes est-il fort merveilleux qu’on leur ressemble ? […] Il eût été bien-tôt forcé, s’il se fût retranché dans ses propres œuvres ; mais la déroute seroit entiere, s’il avoit eu l’imprudence de choisir sa vie pour son champ de bataille. […] Il épousa la fille de sa maîtresse, que tout le monde croyoit être sa propre fille, sans cesser d’entretenir commerce avec d’autres Comédiennes, ce qui causa les plus grandes brouilleries avec sa femme. […] Il n’ont rien de bien merveilleux ; c’est une satyre amere contre les Empereurs ses prédécesseurs, la ville d’Antioche & sa propre famille.

281. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Quand M. votre Pere enchantoit par ses Tragédies la Cour, la Ville, & toute l’Europe, le Théatre étoit comme il l’est de nos jours, une école toute propre à porter le trouble & le ravage dans de jeunes cœurs. […] On est rarement injuste dans sa propre condamnation. […] Outre ces mœurs générales, chaque homme a ses mœurs propres, son caractère particulier. […] Au moins est-il certain que dans ses Tragédies les plus tendres, les plus propres à émouvoir les passions, il ne lui est jamais rien échappé de contraire à la bienséance, ni aux bonnes mœurs. […] Dans Sophocle, le jeune Hémon plein d’un amour effréné pour Antigone, se poignarde lui-même dans le tombeau où cette malheureuse Princesse, enfermée toute vivante par l’ordre de Créon, venoit de s’étrangler de ses propres mains.

282. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Et comme les monnayeurs, quand ils mêlent quelque autre matière avec l’or, disent, que c’est pour le rendre plus ferme et durable ; Aussi les hommes de ce siècle, tiennent que la parole de Dieu, plus désirable que l’or le plus affiné, ne se peut manier ni employer en l’usage commun, toute pure ; ains qu’il y faut mêler quelque peu de prudence humaine, pour la rendre propre à la pratique du monde, au cours du marché. […] Car comme les Rois gravent leurs faces sus les monnaies, et ordonnent le prix, et valeur à chaque pièce ; ainsi ce Roi des Rois, marque par sa parole, comme de son coin, toute action ; lui donnant le nom propre, et l’estimation qu’il sait lui être convenable. […] Ca. 5 bz , qui fit mettre secrètement sur l’Echafaud, le corps de son fils, mort peu auparavant, afin qu’étant incité par son propre deuil, il en représentât mieux celui, que portait son rôle ; ce qui lui advint, se trouvant saisi d’une si grande, et vive douleur, à la vue de ce corps mort ; qu’il en perdit contenance, et par ce moyen trompa généralement tous les spectateurs, les un en une façon, les autres en une autre : Tellement, que si c’est à bon droit, que Clément Alexandrinca, et quelques autres, appellent la peinture Art tromperessecb ; le métier des Comédiens mérite ce nom beaucoup plus justement ; Et si les Juifs comme témoigne Origène ne souffraient ni Peintre, ni Sculpteur, en leur République pour ne donner occasion à l’Idolâtriecc ; Les Chrétiens devraient encore moins endurer les farceurs en l’Eglise, pour ôter la matière, et l’occasion de tant de dissolution. […]  » Ce sont les propres mots de Salvien Evêque de Marseillelib. 6 cu , qui impute tous les malheurs, qui de son temps accablaient une partie de la France, à telles impuretés, et dissolutions : et tant s’en faut, qu’on l’appelât Docteur de nouveauté, ou fantasque ; que Gennadius, Suidas, Trithemiuscv, et autres, l’appellent le Maître des EvêquesSozom. li. 5 c. 16 cw . […] dk , que nul ne danse, s’il n’est ivre ; tellement qu’enfin, il ne se trouva autre réformation propre pour la danse, qu’une entière abolition : Tout de même, se trouverait-il fort peu de Comédiens, s’il ne leur restait de leur exercice que ce qui s’en peut permettre selon Dieu, et faudrait à la fin quitter tout ; ne plus ne moins, que celui qui aurait entrepris de nettoyer une masse d’ordure, il y trouverait toujours de l’ordure, et n’y aurait autre invention que de jeter le tout.

283. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Elles ont chacune leur manière propre d’émouvoir & de corriger les hommes.

284. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Il appartenait à un homme aussi justement célèbre d’examiner la théorie de l’art, et d’exposer, d’une manière et si noble et si judicieuse, les règles propres à former des orateurs qui pussent un jour lui ressembler.

285. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Et remarquez que Saint Paul nomme un tel discours de son plus beau nom : car il pouvait l’appeler βωμολοχία (bomolochia), qui est le mot propre que donnent les Grecs, et qu’Aristote a donné lui-même à la bouffonnerie, scurrilitas.

286. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

L’Obscénité du Théâtre Anglais dans le langage, page 1 Suite de cette licence de nos Poètes modernes, 3 L’obscénité ; contre le savoir vivre aussi bien que contre la Religion, 7 Le Théâtre Anglais scandaleux au souverain degré sur ce point, 11 La modestie, caractère propre des femmes, 13, et suiv.

287. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  dénombrement général du personnel et des revenus de l’ancien clergé séculier et régulier de france.  » pp. 351-362

Capucins, Récollets et Picpus réformés de l’ordre de Saint-François, au nombre de 21.000 sans revenus (quoiqu’il n’y eût peut-être pas une seule maison qui ne possédât en propre au moins un jardin potager d’un bon produit), ci.

288. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Mais, en supposant que les gouvernements ne puissent pas sans danger supprimer les théâtres, ni en diminuer le nombre, chose qui ne paraît pas croyable, ne courent-ils pas des dangers infiniment plus grands en s’exposant aux atteintes mortelles que leur portent chaque jour des pièces vraiment immorales, qui, à la faveur du plaisir qu’elles procurent, font couler dans l’âme des spectateurs le poison des plus désolantes doctrines, et qui, par des allusions perfides et adroitement ménagées auxquelles l’art des acteurs ajoute encore un merveilleux relief, ne sont propres qu’à nourrir et à fortifier cet esprit d’insubordination qui de nos jours a fait tant de ravages, et qui est encore bien éloigné d’être entièrement anéanti ?

289. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Et j’étais bien aise de voir qu’il les avait vaincu avec leurs propres armes, et qu’il avait montré que la vérité n’était pas seulement facile, mais favorable.

290. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

« Que l’assaut aux princes l’on donne ; J’y veux être en propre personne.

291. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Preuve, dit l’Ecrivain, du sentiment délicat, qui préside aux nobles amusemens de leur Altesse Electorale, de la protection éclairée qu’elles donnent aux talens & aux arts, & de l’éclat dont ils brillent, sous des auspices si propres à les faire fleurir ; & de la fadeur des éloges du Journaliste qui les publie. […] On a consulté Justelipse, Bullinger, Rosinus ; on s’est donné à peu de frais, un grand air d’érudition sur les anciens théâtres d’Athènes & de Rome ; on n’a pas même négligé les savants traités d’optique, de perspective, de statique, d’acoustique, avec l’ornement à la vérité peu divertissant, de quelques formules algébriques, pour déterminer les proportions les plus propres à la propagation du son, à la distribution de la lumiere, au jeu des machines ; on a même voyagé exprès en Italie, pour lever le plan des théâtres de Rome, de Venise, de Naples, de Florence, de Parme, de Milan, pour en fondre toutes les beautés dans celui de Paris, à qui l’on doit solemnellement donner le glorieux titre de théâtre de la Nation. […] Ce changement de situation a obligé le sieur Antoine a retoucher son plan pour l’ajuster aux nouveaux emplacemens ; il insinue qu’il lui donne la forme circulaire ; mais il déclare qu’il ne veut pas donner son secret, sur le détail des ornemens & des décorations ; c’est le propre des grands maîtres de garder pour eux le fin de l’art.

292. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

mêler & combiner tontes ces choses pour en faire un tableau, exprimer une passion & peindre un caractère, représenter l’agitation du public à l’occasion d’un évenement qui l’intéresse, assortir tous les traits qui caractérisent le personnage, la profession, la passion, l’événement, jusqu’aux habits & au costume, chacun à sa place propre & ses attributs, & s’en servit avec grace, le Matelot a la rame, le Soldat son épée, le Berger sa houlette, le Roi son sceptre, la Furie ses torches. […] Un des plus grands dangers des danses théatrales, c’est le mélange des deux sexes ; chacun y développe ses propres beautés, & agit sur les autres danseurs & sur les spectateurs de toute espèce. […] Le mariage, ce sacrement respectable, cette union sainte, établie de Dieu même, n’a d’épithêtes désavantageuses, bizarres, ridicules, si propres à en dégoûter toute la jeunesse, que celles que le théatre lui donne, parce qu’on l’y profane, & qu’on ne l’envisage que du mauvais côté qu’on lui prête, pour s’en jouer, & c’est un des grands désordres du théatre.

293. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Ne sont-ce pas de fort utiles Spectacles que ceux qui nous font admirer des exemples que nous rougirions d’imiter, & où l’on nous intéresse à des foiblesses dont nous avons tant de peine à nous garantir de nos propres calamités ? […] Mais en nous laissant ainsi subjuguer aux douleurs d’autrui, comment résisterons-nous aux nôtres ; & comment supporterons-nous plus courageusement nos propres maux que ceux dont nous n’appercevons qu’une vaine image ? […] Qui est-ce qui sçaura refuser à ses propres malheurs les larmes qu’il prodigue à ceux d’un autre ?

294. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Quant au choix des instruments propres à diriger l’opinion publique, c’est une autre question qu’il serait superflu de résoudre pour vous, et que ce n’est pas ici le lieu de résoudre pour la multitude. […] Un mélange de bassesse, de fausseté, de ridicule orgueil, et d’indigne avilissement, qui le rend propre à toutes sortes de personnages, hors le plus noble de tous, celui d’homme qu’il abandonne.

295. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Il y avoit contribué, extrêmement irrité de la perte du tabouret & du carrosse ; il versa son ressentiment dans un cœur qu’il possédoit, qui à son tour l’engloutit dans ses propres passions. […] Telle fut la source de ses foiblesses & de ses malheurs : elle fut la premiere, & rendit tout ce qui lui étoit dévoué, la victime des passions les plus propres à la dégrader. […] Elle lui point ses fils en prison, sa fille fugitive, sa belle-fille déguisée en femme-de-chambre, & son petit-fils en paysan ; elle déplore ses propres malheurs, dont le plus sensible c’est , dit-elle, d’être éloignée de ses sacrés genoux & de ses bonnes graces, & privée de sa vue & de sa bienveillance. […] Le Parlement casse ses propres arrêts & les déclarations enregistrées, déclare innocent ceux qu’il avoit déclarés coupables du crime de leze-majesté. […] Louis, fondatrice de cette communauté, qui disoit à son fils, j’aimerois mieux vous voir mourir que de vous voir coupable d’un seul péché  ; de quel œil verroit-elle une bâtarde à la tête de ses filles, ajouter au crime de sa naissance ses propres déréglemens ?

296. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Rien n’est plus propre à développer dans nos ames les idées de justice, à fortifier le penchant qui nous porte à la vertu, que les honneurs qu’on lui rend sur la scene. […] Le ridicule les surprend : leur amour propre est étonné de leur propre difformité ; ils n’étoient pas en garde contre ce trait inattendu : le mépris & l’indignation les auroient révoltés. […] Un tel art, loin d’être regardé comme nuisible, ne doit pas être mis au rang des amusemens indifférens, puisque de votre aveu le cœur de l’homme est toujours droit, sur tout ce qui ne se rapporte pas personnellement à lui-même , & que par conséquent il n’est pas à redouter, que les spectateurs se trompent dans les jugemens qu’ils porteront d’une action qui ne se rapporte pas à eux personnellement, & qu’au contraire il y a tout lieu d’espérer, que s’il se présente quelqu’occasion pareille, ils se jugeront comme ils ont jugé les autres, & feront sur eux-mêmes l’application de leurs propres maximes. […] Même intrépidité, même amour de la patrie, même oubli de sa propre conservation, lorsqu’il falloit la sacrifier à la défense commune. […] Ce ne peut être certainement sur le témoignage de votre conscience, vous ne pouvez les condamner que sur le témoignage des autres, sur des ouï dire, que devoit démentir, ou du moins balancer votre propre expérience.

297. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

On se voit soi-même, dans ceux qui nous paraissent comme transportés par de semblables objets : on devient bientôt un acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion, et la fiction au dehors est froide et sans agrément, si elle ne trouve au-dedans une vérité qui lui réponde.

298. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Toutes les Histoires peuvent-elles fournir rien de plus élevé et de plus propre pour la grande Tragédie que l’Histoire de Judith ?

299. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

La puissance temporelle est donc la véritable conservatrice d’une religion qui mérite tous nos respects ; car il est démontré, par des faits nombreux dont fourmille notre histoire, ainsi que celle de tous les peuples chrétiens, que si les prêtres n’avaient pas toujours rencontré dans la force et dans l’autorité séculière, une barrière contre leurs écarts, contre leur ambition et leur ignorance, cette même religion serait anéantie par les excès de ses propres ministres.

300. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Outre les raisons que nous en avons apportées, l’on peut encore considérer que ce plaisir est contre la nature des divertissements licites, qui est de fortifier l’esprit en le relâchant, et de le rendre propre à exercer avec plus de vigueur ses fonctions ordinaires, et particulièrement celles où la Religion l’engage.

301. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

Le Saint Evêque de Marseille, Salvian, parlant des spectacles, dans le sixième livre qu’il a fait du gouvernement de Dieu, est fort éloigné de les faire passer pour divertissements, puisqu’il les condamne avec tant de chaleur : voici ses propres termes : « Aller aux théâtres, dit ce Saint, est une espèce d’apostasie de la foi, une prévarication mortelle de ses Symboles et célestes Sacrements » : car, de grâce, quelle est la première confession que font les Chrétiens, lorsqu’ils sont admis au Sacrement salutaire du Baptême, si ce n’est dire et protester, qu’ils renoncent au diable, à ses pompes, aux spectacles que tu reconnais et confesses être des œuvres du diable ?

302. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

C’est que les deux vers du Cid, n’ayant été tournés en ridicule que parce qu’ils représentent un orgueil fort grossier, incivil et trop peu déguisé, ils sont par cette raison même assez propres pour exprimer l’orgueil intérieur tel qu’il est dans le fond du cœur où il ne se déguise point.

303. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Le Président Henault ne s’est pas brisé à cet écueil, sa plume fut sage ; mais après 50 ans de magistrature, est-ce bien ménager l’édification publique & sa propre gloire de rajeunir toutes ses anciennes frivolités. […]  1., qui ne finit point sur les éloges de Cicéron, ne dit qu’en passant un mot sur la latinité de Térence, & lui préfere le poëte Afranius, que nous n’avons pas, qu’il appelle excellent, pour le style, quoique très-blâmable pour la licence ; Plût-à-Dieu, dit ce grand instituteur de la jeunesse, qu’Afranius n’eût pas souillé ses drames par les amours des jeunes gens, peignant aussi sa propre corruption : Utinam juvenem amoribus poemata non fœdasset, mores suos &c. […] Il croit qu’il n’y a que peu à réformer dans Térence, pour en faire un aliment propre à la jeunesse ; il faudroit le résoudre en entier ; il est impossible de le purger suffisamment. […] Voltaire-même les a faites & plus fortement encore ; on seroit bien injuste de ne pas avouer que la galanterie a presque tout affoibli ; que d’environ quatre cent tragédies données au théâtre, depuis qu’il est en possession de quelque gloire en France, il n’en est pas dix ou douze qui ne soient fondées sur leur intrigue d’amour ; plus propre à la comédie qu’au genre tragique, c’est presque toujours la même piece, le même nœud formé par une jalousie, dénoué par un mariage, une coquéterie perpétuelle, une vraie comédie, où des Princes sont acteurs, & dans laquelle il y a du sang répandu pour la forme.

304. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Plus coupable qu’un autre de ne pas suivre ses propres lumieres. […] Un persiffleur est le plus souvent un mauvais plaisant, soit parce que tout n’est pas ridicule, tout ne donne pas prise, soit parce qu’il est beaucoup de mauvaises plaisanteries ; qu’il en est même peu de bonnes, même sur des sujets vraiment ridicules, soit parce que l’homme le plus railleur n’est pas assez fécond pour en trouver toujours de bonnes, à qui malgré ce dangereux talent, l’art de la plaisanterie est très difficile ; il y a pourtant des caractères tournés de ce mauvais côté, avec une liberté & une aisance qui leur est propre : cet esprit mauvais déplaît dans la société, & ne merite aucune confiance. […] Grand nombre de piéces, le Grondeur, le Distrait, l’Etourdi, le Négligent, l’Hypocrite, le Misantrope, le Méchant, le Medisant, &c. sont aussi volatils que le Persiffleur, prennent toutes sortes de masques, s’accommodent à tous les caractères, aux circonstances, aux événemens ; sont-ils moins propres à la comédie ? […] Le Christianisme leur donne la même liberté qu’aux hommes, les traite aussi favorablement, quelquefois même passe les bornes de l’égalité, par des privileges qui leur sont propres.

305. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Cruelle leçon que donnent la sœur d’Horace égorgée par son frere, Didon par ses propre mains ; Mahomet, Catilina, Rhadamiste : le théatre est un échaffaut paré, des bourreaux vétus de pourpre qui se désesperent élégamment en vers. […] qui l’avoit disgracié, fit une gazette fort seche & pleine de bassesses, sous le titre d’Histoire abrégée de Louis le Grand, qui n’est qu’une table, une nomenclature de noms & de dates, semée de complimens les plus outrés, & contre son propre sentiment. […] Ni Henri IV sur le pont-neuf, ni Louis XIII à la place Royale, ni Louis XIV à celle des Victoires, ni Louis XIV à celle des Victoires, ni Louis XV à celle des Tuileries, ni aucun des empereurs romains à qui on en a érigé sans nombre, ne sont allés en cérémonie honorer leurs propres figures : c’est mettre l’image au-dessus de la réalité. […] N’est ce pas une main bien propre pour tenir les rênes ?

306. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Il voulut voir les corps morts de Cailux & de Maugiron, les baisa tendrement, fit couper leur blonds cheveux, qu’il garda précieusement, & leur ôta les pendans d’oreille qu’il leur avoit donnés & attachés de ses propres mains. […] On rassemble de tous côtés les plus belles filles pour choisir une épouse au Prince, elles se préparent pendant plusieurs mois avant de paroître devant lui ; chacune emprunte de l’art tout ce qui lui paroît le plus propre à relever ses charmes. […] Quelque rares, quelque équivoques que soient les suffrages, on en est flatté, & pour plaire on étale, on rehausse tout ce qu’on s’imagine avoir d’appas, on est flatté de son propre suffrage, & celui-ci n’est pas douteux. […] On n’est pas impunément sa propre idole.

307. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Nos ennemis invisibles, c’est le démon qui se sert de notre propre chair & de la pente que nous avons pour le mal, afin de nous faire pécher ; & c’est à tous ces différent ennemis que nous donnons de puissantes armes pour nous combattre, singuliérement au démon, dans ces spectacles profanes, où par ses suggestions malignes il parle secrétement à nos cœurs, pendant que le monde y flatte les oreilles par des récits séduisans & enchanteurs, & par des airs languislans & tendres d’une musique efféminée, composée à ce dessein. Suivre le monde & se conformer à la coutume, c’est suivre un mauvais guide ; puisque c’est cette coutume qui perd tous ceux qui ont le malheur de se perdre ; & que faire le mal, parcequ’on le voit faire aux autres, c’est consentir à sa propre condamnation ; parceque les autres ont coutume de la damner. […] Votre second ennemi visible, c’est votre propre chair & la violence de vos passions, qui par la seule témérité à vous exposer comme par autant d’armes que vous leur fournissez contre vous-mêmes, triompheront tôt ou tard de votre cœur.

308. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Cette passion violente, qui renferme toutes les autres passions, l’emporta sur le bien de l’Etat, sur l’intérêt de sa famille, sur sa propre fortune. […] L’Ambitieux n’est pas propre pour la même raison ; aussi n’ai-je prétendu faire qu’une tragi-comédie d’un goût nouveau, qui alliat les traits sublimes de la tragédie avec le plaisant de la comédie. […] Il a suivi ses propres regles.

309. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Et votre femme entendra les fleurettes… Les divertissemens, les bals, les comédies Sont propres à former l’esprit des jeunes gens. […] Elle lui fait faire le conte le plus déshonorant de sa propre sœur, on lui prête un rendez-vous infame dont elle est seule coupable. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que Moliere faisoit en cela sa propre apologie.

310. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Voici les propres termes de l’Auteur immortel de tant de Tragédies célèbres : « Ce n’est pas même connaître le cœur humain de penser qu’on doit plaire davantage en présentant des images licencieuses ; au contraire, c’est fermer l’entrée de l’ame aux vrais plaisirs. […] Qu’un sujet indécent rendu public, n’est aucunement propre pour le Théâtre. […] C’est Dame Gertrude qui s’emporte contre Nuto, parce qu’il prend congé d’elle : Mais tu fais bien, Et tu te rends justice ; Pour le service, Tu n’est plus propre à rien, à rien.

311. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Il existe au milieu du Palais un corps formé de ses propres suppôts, qui non seulement dans ses cavalcades, ses habits d’ordonnance, le titre pompeux de ses Officiers, donne au public un spectacle comique, mais qui encore a été pendant deux ou trois siècles une troupe de Comédiens, représentant des pièces de théâtre, et obligé de les représenter certains jours de l’année à l’honneur du Prince et de ses amis et féaux les gens tenant la Cour du Parlement, auxquels ils allaient les inviter par des réveille-matin et des aubades, avec des fanfares et des instruments de musique. […] On ajoute que si les Trésoriers de la basoche fournissaient quelque somme pour les représentations, ils en répondraient en leur propre et privé nom, et seraient punis exemplairement. […] L’uniformité du style, la répétition fréquente d’expressions singulières, l’adoption des mêmes idées, et sa propre lettre, font connaître évidemment que le tout est l’ouvrage du même homme, suivant qu’il en a été convaincu dans la première assemblée, du moins il y a avoué avoir vu et retouché les Mémoires à consulter, et autres pièces, avoir écrit le tout de sa main, et avoir corrigé les épreuves.

312. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Car, comme l’a dit M. l’Abbé Vatry 2, de tous les Dieux, celui sans contredit qui étoit le plus propre à faire inventer la Tragédie & la Comédie, étoit Bacchus. […] Ce mauvais naturel ne fit que le rendre plus propre à suivre la loi générale du genre comique, qui exige que le Poëte se conforme à l’inclination dominante du Peuple. […] Lisinius Stolo, qu’on vit venir à Rome d’Etrurie, des Farceurs, dont les jeux parurent, propres à appaiser les Dieux, & à détourner une peste qui ravageoit la Ville. […] Elles se sont approchées des Romans Grecs du moyen âge, où l’on trouve les descriptions les plus propres à inspirer la volupté de l’amour vicieux. […] L’Auteur, qui étoit maître des événemens, a garanti son héroïne d’un adultere : mais une femme qui sera dans le cas de la Princesse de Cleves, & qui à son exemple croira pouvoir concilier l’amour d’un amant avec ce qu’elle doit à son mari, sera-t-elle de même la maîtresse de résister à tout ce que la passion a de plus séduisant, & à sa propre foiblesse ?

313. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Tous ceux, dit-il, de qui le pain d’autrui dépend, ces supérieurs de toute espèce sont d’autres pères de votre création ; achevez donc votre ouvrage ; rendez-les propres à leur destinée ; assurez aussi à leurs enfants ce qu’ils leur doivent ; comme la nature, en formant les siens, a imprimé dans le fond de leurs cœurs des lois auxquelles ils ne peuvent résister sans remords ; ainsi, en formant les vôtres, imposez-leur des devoirs auxquels ils ne puissent manquer sans châtiment.

314. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Rapportons les propres mots de l’Oracle des Sçavans : « La Comédie doit son origine à ces chansons obscènes, autorisées par la coutume & par les loix, qui se chantent encore de notre tems par les Villes. » On voit donc que notre Opéra subsistait, au moins en partie, long-tems avant que les autres Théâtres fussent en usage.

315. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [Chapitre 2] » pp. 78-82

C’est bien assez pour lui de prononcer ; il n’importe que ce soit dans sa propre cause ; l’intérêt n’est pas capable de séduire de si grands hommes ; ils sont les seuls infaillibles.

316. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Ces Jeux et ces Spectacles, que l’autorité publique avait abolis, ou qui avaient cessé d’eux-mêmes, sans que depuis on les eût protégés, peu à peu ont été rétablis par les peuples, de leur propre mouvement ; mais, en les rétablissant, on les a déguisés ; et on y a ajouté du nouveau, sans leur ôter néanmoins tout ce qu’ils tenaient de leur première origine.

317. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Nous avons parlé ailleurs de la Fête êtablie depuis peu par le Comte & la Comtesse de Roule dans leur terre de Rouville en Beausse à l’instar de celle de Salenci, qui vient d’être honoré du témoignage public, d’approbation de Monsieur & de Madame (le Comte de Provence, frere du Roi ;) ils ont donné à un établissement aussi propre à inspirer l’amour de la vertu ; en conséquence la Marquis de Noailles, premier Gentilhomme de la Chambre de Monsieur, & la Duchesse de Lesparre, Dame d’atour de Madame, s’étant rendu le 22 septembre 1776 au Château de Rouville, remirent de la part de Monsieur un Cordon bleu qu’il avoit porté, & de la part de Madame une Couronne de rose pour la Rosiere de Rouville. […] Ils sentoient qu’en inspirant aux filles l’émulation de la vertu, on leur préparoient des épouses vertueuses & dans la suite des enfans vertueux & c’eut été combattre leurs propres vues & l’esprit de la fête, si, comme Favard & Pesé, ils avoient admis la galanterie à leurs jeux.

318. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Voici ses propres paroles. […] C’est un mérite qui leur est propre, qu’on ne leur disputera jamais, & qui est tout à la fois unique & bisare.

319. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Quels spectacles sont propres aux Chrétiens. […] Quels spectacles sont propres aux Chrétiens.

320. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Le propre de la tragédie est d’inspirer la terreur et la pitié : elle manque son but, si elle n’excite ces mouvements tendres qui arrachent les larmes, ces violentes agitations qui font frémir à la vue d’un grand danger ou d’un grand malheur. […] Ce nom Hébreu serait peu propre à la rime et à la mélodie, il rendrait les vers et les chansons barbares ; ne lui a-t-on pas heureusement substitué les mots harmonieux d’Amathonte, de Flore, de Pomone, de Bacchus, d’Adonis ?

321. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Voici un témoignage non suspect et une réflexion bien sage de la Gazette de France du 4 novembre 1763, art. de Dresde : « L’Electeur et l’Electrice de Saxe continuent à faire les arrangements économiques les plus propres à leur concilier l’amour de leurs sujets et l’estime des Puissances voisines. […] Quelle nécessité que tant de monde apprenne si fort à danser, à chanter, à jouer des instruments, le dispute aux danseurs et aux musiciens de profession, emploie à grands frais les années entières à des exercices pour le moins inutiles, et néglige les études sérieuses, les devoirs de son état, ses propres affaires ?

322. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

 » Ses inclinations naturelles allaient à la vertu : et outre les dons de la Grâce, il avait reçu de la nature une beauté, et une force d’esprit toute extraordinaire : il exprimait ses pensées d’une manière si agréable, si nette, et si propre à persuader, que les personnes les plus habiles ne pouvaient l’entendre sans l’admirer. […] Qu’ils doivent rapporter à Dieu la gloire de toutes leurs bonnes actions, et ne s’attribuer à eux-mêmes que leurs propres fautesIdem liber 7 indict. 1 épitre 136. […] C’est sur ce même principe que j’ai rapporté, qu’il a travaillé si heureusement pour éteindre la fureur des duels, n’ayant point trouvé d’expédient plus propre pour cet effet, que de tenir fortement la main à l’exécution des Ordres de sa Majesté, obligeant tous les Gentilshommes de son Gouvernement de confirmer par leur propre seingb, la promesse qu’il tirait d’eux, de ne se battre jamais plus en duel. […] Toutefois la Providence de Dieu qui sait tirer le bien du mal, et tourner toutes choses à sa gloire, a fait que la connaissance que ces Philosophes ont eue de la vérité, a servi aux Chrétiens pour combattre la superstition et l’idolâtrie des Païens par le témoignage de leurs propres auteurs. […] (où l’on représente la Comédie) il n’est point propre à y prendre des leçons ; et il est absurde de lui donner le nom d’école ; car ce n’est point aux Théâtres où les Précepteurs doivent aller pour instruire leurs disciples ; puisque les Théâtres ne sont établis que pour le plaisir, et le divertissement.

323. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Le masque servait aux Anciens, à faire faire à des hommes les Rôles de femmes ; à représenter au naturel les différentes Nations, & quelquefois, comme dans les Pièces d’Aristophane, à jouer, sous leurs propres traits, des personages vivans.

324. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « X. » pp. 47-54

Croyez-vous qu’un Ballet profane et follement idolâtre soit bien propre à persuader au monde que M. le Cardinal Grimaldi ait été de ces Pasteurs négligents et lâches qui n’ont nul soin de faire la guerre aux vices, et qui au lieu de faire régner la paix et la vérité parmi leurs peuples les laissent assiéger, comme vous dites, et enchaîner par les vices ?

325. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Croira-t-on une mere capable de livrer son propre Fils à la mort, pour élever sous ce nom le fils de l’Empereur mort ? […] L’Auteur à leur exemple a soin, autant qu’il est possible, de ne faire chanter que des choses propres à être chantées, des prieres, des vérités morales, des réflexions. […] C’est pour cela qu’il faut que la voix sorte par un bel organe ; les mêmes paroles chantées avec la même justesse, les mêmes Modulations, ne nous feront pas la même impression, si les oreilles ne sont pas frappées d’un si beau son, au lieu que nous n’exigeons pas le bel organe du Déclamateur ; la voix d’Antoine que Cicéron trouvoit si propre à émouvoir, étoit, dit Quintilien, une voix rauque, & l’Auteur d’Athalie a possédé plus que personne, le talent de la Déclamation, quoique la Nature ne lui eût pas donné une belle voix, & qu’il fût incapable de chanter un seul air avec justesse ; il ne savoit pas prendre les tons du Musicien, & en déclamant il prenoit toujours ceux de la Nature. […] Saint Evremond écrivoit ainsi contre l’Opera, Spectacle que nous avons reçu des Italiens, dans le tems que nous en étions le plus enchantés, ce qui lui faisoit dire, qu’il prenoit le parti du Bon sens abandonné, & qu’il suivoit la Raison dans sa disgrace, à quoi il ajoutoit, ce qui me fâche le plus de l’entêtement où l’on est pour l’Opera, c’est qu’il va ruiner la Tragédie, qui est la plus belle chose que nous ayons, la plus propre à élever l’ame & la plus capable de former l’esprit.

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