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159. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

empruntant pour la faire aimer jusqu’à des noms pompeux, n’essaie-t-on pas d’en cacher la honte & le crime ? […] Ce qu’on peut en conclure, dit un célébre Auteur, c’est tout au plus qu’il faut les mettre au nombre des maux qu’elle ne cesse de défendre, & qu’on aime toujours. […] Vous aimez le péril ; malheureux, vous y périrez : l’oracle est ancien, confirmé mille fois par une triste expérience, & cependant personne n’en convient. […] Chrétiens, s’écrioit Tertullien en finissant le beau Traité qu’il a écrit sur cette matiere, Chrétiens, si vous aimez les spectacles, si vous ne pouvez vous en passer, nous en avons à vous donner. […] Aimez-vous à être attendris, à voir des objets qui frappent, des morts, du sang versé ?

160. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Vous aimiez à voir et à entendre ces filles de Babylone, qui chantaient les cantiques de leur pays. […] Ecoutez la voix du Pasteur, qui vous exhorte et vous sollicite, qui aime mieux devoir votre obéissance à ses charitables conseils, qu’aux censures que l’Eglise lui a mises en main.

161. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

On aima comme les femmes, le Comte d’Essen ne prit pas son vol jusqu’aux chœurs des Anges. […] J’aime mieux , disoit-elle, un Prince que je fasse Roi, qu’un Roi qui me fasse Reine  ; & le Parlement l’ayant inutilement sollicltée de se marier, la pria dans un âge avancé, du moins de se choisir un Successeur. […] Un mari qui auroit gouverné une vieille Reine, auroit tyrannisé le peuple, & dépouillé le Royaume, se seroit emparé des finances & de l’autorité sans donner d’héritier ; elle ne l’avoit pas voulu quand elle le pouvoit ; elle ne le put quand elle le voulut, il est vrai qu’elle n’insista pas, & se rendit de bonne grâce ; à son âge pouvoit-elle se flatter d’être aimée ? […] Le Parlement affaisonna ses oppositions par les éloges les plus flatteurs ; jamais la Reine ne fut plus belle, plus heureuse ; plus aimée, plus respectée. […] ah qui la faite mourir cette Sœur que j’aimois !

162. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

J’aime la bonne foi du Journal de Trévoux. […] » La raison en est simple encore : on aime le théâtre ; a-t-on pu le censurer et le dépouiller de ses beautés ? […] Qu’on est à plaindre, si l’on aime à éprouver les sentiments qu’ils inspirent ! […] Assassinat, non seulement impuni, mais encore récompensé par le mariage de l’assassin avec la Princesse qu’il aime, et malgré l’arrêt du Conseil souverain qui le condamne à la mort, tout fondé sur les mêmes principes. […]  (Phocion) J’appelle un Roi Tyran quand il aime le crime : Ce nom dans un Tyran n’est plus sacré pour moi.

163. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

avec quelle force ne devons-nous pas leur représenter que le Dieu qu’ils servent est un Dieu jaloux, qui veut être aimé uniquement, qui ne souffre point de partage dans les cœurs qui se donnent à lui, & qui rejette enfin comme indignes de lui, des hommages qu’on rend également au monde son ennemi ? […] Mais c’est à vous, mes Frères, qui connoissez notre sainte religion, qui l’aimez, qui aspirez aux récompenses qu’elle promet, & qui croyez pouvoir concilier, avec les devoirs qu’elle prescrit, l’assistance à ces spectacles pernicieux ; c’est à vous que je veux prouver que vous ne pouvez les fréquenter, sans vous exposer à votre perte éternelle. […] Autant vous avez de goût pour les Spectacles, autant vous avez de mépris pour ceux qui vous les donnent ; & il n’est personne parmi vous qui n’aimât mieux voir ses enfans dans le tombeau que sur le théâtre. […] Jésus-Christ vous ordonne d’oublier les injures, de pardonner sincèrement à vos ennemis, de les aimer ; & vous applaudissez à un héros de théâtre qui vient se vanter d’avoir lavé dans le sang une insulte faite à sa gloire, & qui fait trophée de cette vengeance barbare. […] Car, mes Frères, c’est un principe certain & fondé sur la nature même de notre cœur, que nous ne pouvons aimer la représentation d’un objet odieux.

164. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

sans doute un tel spectacle vous semblerait la chose la plus désagréable et la plus dégoûtante ; preuve, dit Saint Chrysostome, que vous ne recherchez au Théâtre, que les maximes du monde, et que vous n’aimez que tout ce qui vous les rappelle, et tout ce qui vous les représente. […] Eh que diriez-vous si l’on vous présentait tout à coup sur ces Théâtres que vous aimez tant, l’image de l’Homme-Dieu cloué sur une croix, percé d’une lance, couronné d’épines, et tout couvert du sang qu’il répandit pour vous et pour moi ? […] Cependant, mon Frère, c’est là ce que vous devez toujours envisager, si vous voulez remplir les engagements de votre Baptême ; c’est là ce qui doit faire l’objet de vos espérances et de vos consolations ; c’est là ce que vous rechercherez en mourant, et la seule chose à laquelle vous attacherez votre bouche et vos yeux, comme à un trésor que vous avez malheureusement oublié, et qui seul mérite d’être aimé. […] Je sais, avec le grand Apôtre, qu’il y a des choses qu’on ne doit pas même nommer parmi le peuple de Dieu, nec nominetur in vobis ; que le portrait même du vice est un objet dangereux ; et que c’est en quelque sorte participer au crime, que de le représenter avec des couleurs capables de le faire aimer. […] Si vous ne les trouvez pas assez touchants, et si vous aimez ces événements qui intéressent l’âme qui remuent le cœur et qui arrachent des pleurs, ah !

165. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Quand vous entendez des blasphemes, vous en frémissez, vous bouchez vos oreilles, parce que vous n’aimez pas le blasphème. Vous en feriez de même pour les obscénités, si vous ne les aimiez pas ; nous croirions que vous ne les répérez pas, si vous ne pouviez souffrir de les entendre. […] Vous avez en aversion ce que vous devriez aimer, & vous aimez ce que vous devriez avoir en horreur.

166. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XV. » p. 68

Mercure avait promis de les avertir, mais n’ayant pas de quoi les contenter tous, il aime mieux s’absenter et ne point paraître.

167. (1675) Traité de la comédie « III.  » p. 277

Or ce qui y sert le plus est une certaine horreur que la coutume et la bonne éducation en impriment ; et rien ne diminue davantage cette horreur que la Comédie, parce que cette passion y paraît avec honneur et d'une manière qui, au lieu de la rendre horrible, est capable au contraire de la faire aimer.

168. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Le pécheur le plus stupide a toujours des titres et des couleurs pour se maintenir dans la possession de ce qu’il aime, « il veut, dit saint Augustin, que ce soit la vérité », chaque passion fournit les siennes. […] Sinon un vain plaisir qui sera d’autant plus vif que la pièce tracera plus fidèlement le portrait de nos maladies secrètes, dont elle est l’attrait et la pâture, « plena, comme dit saint Augustin, fomitibus miseriarum mearum », j’avoue que l’histoire intéresse de même le lecteur dans les actions qu’elle représente, et qu’il est malaisé de lire la Romaine, sans détester les cruautés de Marius et de Sylla, la profonde dissimulation de Tibère, aimer la clémence d’Auguste, sans grossir le parti de Pompée contre César, mais quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de décrire les méchantes actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre des passions tendres, agréables, délicates, d’une manière qui en fasse goûter le plaisir, ne doit-on pas avoir quelque honte de confondre deux choses si opposées ? […] Il faudra effacer des Epîtres Canoniques ces paroles de saint Jean, « n’aimez point le monde, ni tout ce qui est dans le monde, parce que ce n’est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie », et de saint Paul, « ne vous conformez pas au siècle présent, mais reformez-vous sur l’homme nouveau »Rom. 12.

169. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Un des plus grands plaisirs de la Scène c’est quand il arrive par le cours de l’action que quelqu’un de ceux qui l’aiment doit être son mari, car alors sans feinte, sans masque et sans déguisement ils la courtisent sur le théâtre et font voir clairement avec combien de passion ils adorent cette beauté, et elle relevant son teintg et baissant ses yeux augmente sa beauté par sa pudeur et sa modestie : et en même temps elle est aimée de tous les spectateurs comme une vivante image de vertu. […] Mais quand il arrive que Fadrique (dont elle est véritablement aimée) est encore son amant en la Représentation, alors c’est un esteufh entre deux beaux joueurs et il n’y a rien d’égal aux ardeurs de l’un et aux froideurs de l’autre, c’est la figure du mont Etna où la flamme et la glace sont contiguës.

170. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

» « Jésus-Christ aimerait une bouche d’où sortent des airs profanes ou lascifs ! […] N’essaie-t-on pas d’en cacher la honte et le crime sous des noms pompeux qu’on emprunte pour la faire aimer ? […]   « Nous en avons un bel exemple dans Alipe, ami de saint Augustin : il avait autrefois passionnément aimé les spectacles, et saint Augustin l’avait guéri de cette passion.

171. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — X. Ses impressions sont réelles, quoique non apperçues. » p. 22

Conduisez vous donc de même à l’égard des choses qui blessent la pudeur ; & si vous voulez que nous croyions que vous en êtes ennemis, n’aimez pas à les écouter.

172. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — section »

Madame Des Tianges & sa sœur jouirent d’une égale félicité : le volage D’Alzan, sûr que son épouse pouvait tout charmer ; qu’elle possédait les grâces les plus séduisantes & tous les talens, l’aima par goût, par vanité, par tous les motifs imaginables ; eh !

173. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

On était complaisant, caressant, empressé ; l’on me marquait ces préférences délicates, qu’on n’a que pour une Maîtresse ; & je suis sûre enfin que ce n’est pas moi qu’on aime, puisqu’on ne saurait cacher la joie qu’on a de retourner à Paris, de me quitter… Si ce n’est pas moi… dis, Ursule, c’est donc ma sœur. […] Adieu, la plus aimée des femmes.

174. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

toujours aimée ! […] Vous la verrez, vous l’aimerez ; & j’espère que vous ferez sa conquête, comme vous avez fait pour toujours celle de votre sincère & respectueux ami, D’Alzan.

175. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Ecoutez ce que dit saint Jean : « Je vous écris, pères… Je vous écris, enfants… Je vous écris, jeunes gens… N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde… Car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie, ce qui ne vient point du Père, mais du monde. » « Omne quod est in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ, quæ non est ex Patre, sed ex mundo est. » 1. […] Comme dans le monde, tout y est sensualité, curiosité, ostentation, orgueil, et on y fait aimer toutes ces choses, puisqu'on n'y songe qu'à y faire trouver du plaisir. » Bossuet Reflex[ions] sur la comédie. p. 42.

176. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Nous nous en approchons avec plaisir, toutes ses actions nous intéressent, elles deviennent en quelque façon personnelles ; il aime comme nous, nous voulons agir comme lui ; la réflexion n’y a point de part. […] Un Auteur ne se rendrait-il pas plus estimable, s’il nous faisait aimer la vertu par la vertu même ?

177. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

L’Avare a deux enfants, un fils et une fille : le fils aime éperdument la maîtresse de son père ; et la fille, de son côté, aime un jeune Cavalier, qui s’est introduit dans la maison sur le pied de domestique, et qui passe tranquillement ses moments à côté de sa maîtresse.

178. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Je considère sa personne : j’admire ses talents : j’aime ses ouvrages : je suis sensible au bien qu’il a dit de mon pays : honoré moi-même de ses éloges, un juste retour d’honnêteté m’oblige à toutes sortes d’égards envers lui ; mais les égards ne l’emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale consiste en apparences. […] Douce obscurité qui fit trente ans mon bonheur, il faudrait avoir toujours su t’aimer ; il faudrait qu’on ignorât que j’ai eu quelques liaisons avec les Editeurs de l’Encyclopédie, que j’ai fourni quelques articles à l’Ouvrage, que mon nom se trouve avec ceux des auteurs ; il faudrait que mon zèle pour mon pays fût moins connu, qu’on supposât l’article Genève m’eût échappé, ou qu’on ne pût inférer de mon silence que j’adhère à ce qu’il contient.

179. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

C’est une abondance, une gentillesse, une galanterie, un enjouement, un air d’homme du monde & d’homme de plaisir, que vous aimeriez sûrement. […] Qui peut l’empêcher d’aimer la bonne amie qu’il a épousée sans flambeau, qui est bien la meilleure créature, qui ne le peut quitter, & entortille le fil de ses jours à la corde des siens ? […] La Péruvienne de Boissi est une aventure mise en vers d’une fille étrangère extrêmement belle qui parut quelques jours à Paris & fut courue avec fureur, mais qui, toujours sage & pieuse, aima mieux retourner dans sa province & se faire religieuse, que de faire dans le monde la fortune brillante que ses charmes lui promettoient. […] L’Auteur aime les révolutions, les conjurations, les élans de la liberté & de l’indépendance : sujets peu propres à réussir, dit Voltaire, quoique fort dans son goût. […] Ces Messieurs aiment les corrections aux perdrix.

180. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Un tel homme étoit fait pour aimer le théatre. […] Jamais ce Pape n’a autorisé le théatre qu’il a se sort aimé, il ne l’a même jamais protégé, encore moins la majesté tragique, puisqu’il n’aimoit que les bouffonneries & les farces. […] Aimer les plaisirs, les farces, les bouffonneries, protéger les courtisans, les bouffons & les comédiens, est-ce aimer & protéger les sciences ? […] Je ne suis entré dans ce détail que pour faire sentir combien est mal fondé l’apologie du théatre, par l’approbation & l’exemple de Léon X ; jamais il ne l’a approuvé, & s’il l’a aimé, son exemple en est une nouvelle & éclatante condamnation. […] avec des bonnes pensions, & s’en fit beaucoup aimer ; il éléva dans son art le fameux Abbé Metastasio, qui lui a succedé, ou plutôt l’a debusqué, & effacé par des talens un pathétique, un stile, une élégance, qui ont rendu l’éléve fort supérieur à son maître.

181. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Cet homme unique avoit dans sa jeunesse aimé les spectacles & tous les plaisirs, il fut même Poëte, médiocre à la vérité, mais bon pour le temps. […] Montausier étoit trop grand & trop vertueux pour aimer le théatre, il le méprisoit souverainement : un jour que Louis XIV lui demandoit son sentiment sur une pièce où ce Prince étoit fort loué. […] Huet son confrère n’a jamais aimé les spectacles. […] Il y a donc & il y aura toujours dans le monde deux partis sur le théatre ; l’un des gens de bien qui le condamnent & le fuient : l’autre des libertins qui l’aiment, le fréquentent ou qui jouent la comédie. […] Germain), à qui tout bonheur je désire, vint aussi aux Italiens bien aimés de nos citoyens ; c’étoit le beau Festin de Pierre, & qui feroit rire une pierre, &c.

182. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

J’aime passionnément mon Dieu, mon Roi, ma Maîtresse & moi-même. Comme si Dieu ne devroit pas être aimé par-dessus toutes choses, comme si l’amour de Dieu souffroit l’amour d’une maîtresse, c’est-à dire, du crime. […] Il ne cessa jusqu’à sa mort d’aimer, de boire & de chanter l’amour & la débauche. […] Il rapporte, pour prouver son mérite, quelques petites pieces assez médiocres & très-licencieuses, qu’il dit excellentes, par ironie apparemment ; car il n’aime pas un auteur qui a médit de Voltaire, & très-injustement. […] Il aime des Laponnes, des Polonnoises, des Normandes, &c.

183. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

On se fait en mesme temps une conscience fondée sur l’honnesteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage.

184. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VI. De ceux qui dansent avec quelque danger de tomber en péché. » pp. 28-29

Car l’Ecriture dit, « Que celui qui aime le danger, perdra infailliblement dans ce même danger qu’il ne craint pas, et qu’il recherche. » « Qui amat periculum, peribit in illo. » Eccles 3 .

185. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle ne se plaignit jamais de ses infidélités ; quoiqu’elle l’aimât bien peu, elle l’accabloit de caresses. […] Il commençoit à l’aimer sincérement quand il mourut, quoiqu’il ne la laissât se mêler de rien, ce qui lui déplaisoit beaucoup. […] Elles aiment mieux les flêches de Cupidon que les arquebusades des Huguenots. […] Elle n’a commencé de l’aimer qu’après sa mort. […] Cathérine ne passa-t-elle pas pour avoir trop aimé son troisieme fils Henri III.

186. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Ceci d’abord est contraire au précepte de Boileau, que j’aime mieux en croire ; ensuite, absolument faux en tous ses points. […] Toucher, attendrir, faire desirer d’aimer & de l’être ? […] Rousseau : O Jean-Jacques, bon Jean-Jacques, dont j’aime tant les Ouvrages, considérez je vous prie de quels plaisirs vous privez vos Genevois ! […] Je suis bien sûr que non ; vous aimerez le bon effet que produit la médisance, mais vous détesterez celle qui médit. […] Qu’on aime véritablement, & l’amour ne fera jamais commettre de fautes qui blessent la conscience ou l’honneur.

187. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Louis XIV ne parut plus sur les théâtres, & ne dansa plus dans les ballets, quoiqu’il aimât la danse, & qu’il dansât bien. […] On y est reçu ; on y est aimé ; on n’y fait fortune qu’à proportion de sa corruption. […] Peut-on, si l’on aime son salut, ne pas préférer le parti le plus sûr, qui est de n’y pas aller ?

188. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Approbation qui peut servir de Preface. » pp. -

Que tout Chrêtien lise donc cette Dissertation Epistolaire : rien n’y est contraire à la Foi, ni aux bonnes mœurs ; elle sera utile à toutes les ames, qui aiment leur salut, puisqu’elle leur fera connoître les maximes du Christianisme à l’égard de ces sortes de divertissemens.

189. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XII. Son opposition aux vœux du Batême. » p. 25

Qu’y a-t’on promis en effet, sinon de détester tout ce que le Théâtre chérit, & de n’aimer que ce qu’il hait ?

190. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Un caractère vif, malin, brusque, libertin, qui aime la débauche, se plaît dans l’ordure, & s’endort aux fades déclarations des Rolands, des Atis, des Amadis, &c. […] De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] L’Espagnol est trop grave pour aimer ce tas de futilités & d’indécences. […] Et je ne doute pas que leur décence n’ait contribué à les faire tomber : on n’aime que ce qui peint naturellement & fait saisir vivement l’objet des passions criminelles, suit leur marche, excite leurs sentimens, en fait goûter le plaisir, en assure les progrès, aiguise leurs traits émoussés par la satiété, en un mot, allume, ranime, entretient les ardeurs de la concupiscence & le foyer du péché. […] La maison d’Autriche n’a jamais paru aimer le théatre ; il n’y a que l’Impératrice régnante qui a fait passer le Rhin aux spectacles François, que ses ancêtres avoient aussi peu goûté que la nation.

191. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

On les fait paroître sur la scène au moment précis où après bien des préludes licencieux ils vont derriere la toile commettre le crime, & chantent ensemble en y allant : Livrons notre ame aux transports les plus doux, aimons-nous à jamais. […] Quatre petits Amours viennent leur reprocher leurs manieres vives & brusques (on devroit dire leur débordement & leur impudence), & leur enseigner comment il faut s’y prendre pour plaire & se faire aimer (belle leçon de vertu ! […] Mais à Dieu ne plaise que nous souillions cet ouvrage par de pareilles preuves, superflues d’ailleurs pour tout homme de bonne foi qui aime la chasteté ! […] C’est un corsaire qui arbore le pavillon ami pour venir sans résistance à l’abordage, c’est une amorce où la simplicité du poisson se laisse prendre, & où le cœur corrompu aime à être pris. […] le théatre fait tous les frais, il ne faut que voir & écouter, & le répéter à l’objet qu’on aime ; la conversation est toute faite par les Acteurs.

192. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Les cœurs les plus vifs, les plus sensibles, qui s'enflamment plus vivement et plus aisément, aiment et goûtent plus agréablement le spectacle : ils y devraient moins aller. […] On vient d'être enchanté d'une Actrice, en aime-t-on mieux sa femme, ses enfants, ses amis, ses domestiques ? […] on en aime la réalité, ou la trouve à demi dans l'action de la pièce. […] Si l'on avait sincèrement horreur du péché, en fréquenterait-on le séjour, en aimerait-on le souvenir, en parerait-on l'image, en diminuerait-on la difformité, en émousserait-on les remords ? […] qui certes n'a rien de réjouissant, à moins qu'on n'aimât à faire des hommes autant de marionnettes, et des lazzis des mouvements d'un joli petit chien.

193. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Av Roy. » pp. -

Je luy rendray ailleurs un meilleur conte de ce miracle Politique, & de cette genereuse alternative, où Elle aime mieux perdre ce qu’Elle a gagné, que retenir ce qu’Elle a promis, & faire de tant de Victoires, des liberalitez que des Conquestes.

194. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

Plaise au ciel que la vertu reprenne ses droits sur des cœurs faits pour l’aimer et la pratiquer, et que le gouvernement se déclare contre son ennemi secret et le plus dangereux, je veux dire l’ennemi de la religion et de la vertu.

195. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 11

Enfin, si vous êtes fille, vous convoitez les jeunes hommes, ou vous vous plaisez à leurs cajoleries ; vous êtes ravie d’être regardée, aimée et admirée ; vous êtes curieuse de vous ajuster à cette intention, vous êtes animée d’envie contre vos compagnes qu’on estime plus belles, plus braves et plus muguetéesb que vous.

196. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Dans Mahomet & dans Alzire, il a sû déployer, avec une énergie jusques-là inconnue des François, cet amour de l’humanité, cette haine du fanatisme, cette passion pour la tolérance qui fait aimer ses beaux ouvrages autant qu’on les admire. […] On peut lui reprocher d’avoir médiocrement aimé la liberté. […] Faut-il regarder les Représentans de la Nation Françoise comme des enfans lâches & paresseux, qui n’aiment point l’esclavage ; mais qui pourtant demeurent esclaves, par la raison qu’il faudroit se donner trop de peine pour être libres ? […] Je serai toujours persuadé que le but de ce genre si important est de faire aimer la vertu, les loix & la liberté, de faire détester le fanatisme & la tyrannie. Si cela est incontestable, il est aussi incontestable que le vrai moyen de faire aimer la vertu, que le vrai moyen de faire détester le fanatisme & la tyrannie, c’est de les représenter fidèlement.

197. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Tout le monde danse naturellement, aime à voir danser. […] Il est plus rare encore que les mariages qui s’y font, soient jamais heureux ; ce n’est pas là que se rendent les gens sages : & quel est l’homme sage qui n’aime mieux épouser une fille modeste, retenue, pieuse, qu’une danseuse, fût-elle aussi légère que la Camargo, aussi voluptueuse que la Sallé ? […] Chacun y apporte sa marchandise, on l’y étale, on l’y fait valoir, on l’y livre ; les emplettes s’y font à vil prix ; c’est même un marché d’esclaves, comme il s’en tient dans l’Orient, où l’on expose les hommes en vente ; on y vend les ames pour un moment de plaisir, avec cette différence malheureuse, que bien loin d’en gémir, elles aiment leur esclavage, courent se livrer à leur tyran, & se forgent à elles-mêmes leurs chaînes : Saltationes sunt dæmoniorum comercia. […] Mais vous, vout êtes un homme foible, malade, cent fois vaincu, qui ne savez ni ne voulez vaincre, qui aimez votre défaite, qui ne savez ni ne voulez manier les armées, ou plutôt les prenez contre vous-même, qui vous jetez en téméraire au milieu des coups, qui donnez des forces à vos adversaires, les invitez à vous attaquer, applaudissez à leur triomphe, les aimez davantage quand ils vous ont perdus : Væ soli, quia cùm ceciderit non habet sublevantem se : Si dormierint duo fovebuntur mutuo : Funiculus triplex difficilè rumpitur. […] peut-on sagement l’aimer avec passion, s’en occuper sans cesse, se faire une affaire bien sérieuse d’aller, venir, sauter, pirouetter, remuer ses pieds & ses mains, s’agitter comme une espèce de convulsionnaire, comme un malade que la fievre jette dans le délire ?

198. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Allumer le feu pour l’éteindre, faire boire le poison pour le tirer du sein qui l’a reçu, faire aimer pour faire haïr l’amour ! […] Tout apprend à aimer. […] Tels font les discours que les Celadons & les Artamenes font redire aux échos, en poussant des soupirs sur les bords d’une fontaine, dans un bocage, au milieu des oiseaux, protestant qu’il ne briseront jamais leurs fers, qu’ils aiment mieux mourir que cesser d’aimer. […] Tout tente au théatre, & à force de goûter ce qui plaît, on aime le piege, on se sait bon gré d’y être pris, on s’y apprivoise aisément ; malgré le danger, la douceur du poison en fait oublier les funestes suites. […] Guimenius rejette avec raison une opinion si relâchée, qui même ne sauveroit pas la comédie, puisque celui qui y va volontairement, non-seulement ne fuit pas, mais cherche l’occasion du péché, ce que tout le monde condamne : car qui aime le péril y périra.

199. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Tout le monde pense de même : quel père, quelle mère, pour peu qu'il aime sa famille, voudrait avoir la comédie à sa porte ! […]   3. rapporte qu'un célèbre Philosophe, pour corriger un de ses disciples qui aimait éperduement le théâtre et négligeait l'étude, ce qui en est la suite ordinaire, lui recommanda de lire chaque jour avec attention le problème d'Aristote, l'un des plus grands philosophes de l'antiquité, qui attribue aux spectacles la dissolution et la corruption des mœurs. […] Quoi, disais-je en moi-même, il me serait aisé d'être aimé de cette Chimène qui a tant de fierté pour Rodrigue ! […] Tous ceux qui vont au spectacle n'aiment pas le vice, plusieurs en ont horreur ; mais ils l'aimeront bientôt, et du moins est-il impossible qu'ils n'en ressentent machinalement l'impression en le voyant, ce qui produira tôt ou tard l'affection volontaire, et qui rend déjà coupable, en se mettant librement dans la nécessité de le ressentir. […] Cette double signification du mot affection d’une chose et à unec hose n'est pas Française ; ce mot ne se prend que dans l'actif aimer un objet, non dans le passif, en être affecté, mais la pensée est vraie, et d'un grand usage pour les mœurs.

200. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Nous n’aimons pas à voir la scène ensanglantée, et nous sommes en cela beaucoup plus humains, que les Anciens, qui faisaient massacrer leurs Héros sur le Théâtre. […] Les Grecs qui aimaient à se lamenter, étaient bien aises de voir, sur leur Théâtre, des personnes malheureuses pour compatir à leur douleur, et pour donner des larmes à leurs infortunes. […] Le Théâtre des Anciens doit nous faire conclure, que leurs mœurs étaient sauvages et barbares ; ils aimaient à voir sur la scène des carnages et des massacres : Nos mœurs sont maintenant plus douces, plus polies, plus humaines ; nous ne pouvons voir qu’avec horreur la scène ensanglantée ; il faut que l’on ménage nôtre délicatesse par des récits, qui nous apprennent le détail de ces actions barbares, dont nous ne pouvons souffrir la vue. […] La Comédie a été inventée pour rendre le vice odieux, et pour faire aimer la vertu ; pour contenir les méchants par la terreur des supplices ; pour porter les hommes à la vertu, par l’espérance de la gloire, et des récompenses qui y sont attachées. […] Il serait inutile de vous dire plus nettement ce que je pense sur cette matière ; mon suffrage n’est pas d’un grand poids, et je n’aime pas à décider : Mais si vous vouliez absolument, Madame, que je vous en parle selon mon cœur, je crois que les Chrétiens sont obligés de s’abstenir du Théâtre, comme de bien d’autres plaisirs : Il faut apporter tant de précautions pour conserver son innocence, que le plus sûr est d’y renoncer entièrement.

201. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Approuvera-t-il contre le commandement de Dieu, les superstitions qu'il aime, lors qu'il en est spectateur ? […] En s'accoutumant à voir la représentation des crimes, il apprend à les commettre, ainsi l'on aime tellement tout ce qui est défendu, qu'on se remet devant les yeux, même ce que le temps avait couvert.

202. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Elles sont des caracteres que grave la divine Miséricorde, pour faire lire aux personnes qui ont trop aimé leur teint, que c’est une fleur sujette à se flétrir devant que d’être epanouïe, -qui par conséquent ne mérite pas qu’on la compte au rang des choses que l’on peut aimer. […] Sa sœur, amante & aimée du Roi, ne peut l’obtenir, quitte le Connétable son époux, court le monde, & termine ses voyages dans une prison. […] Il vouloit la tirer de cette vie orageuse qui n’etoit pas de son goût : mais elle, qui en faisoit ses délices, refusa d’y venir, & aima mieux s’aller confiner dans une province éloignée. […] Après bien des combats & des résistances, la grace remporta enfin la victoire, le voile tomba, tout ce qu’elle avoit aimé ne lui parut qu’un songe. […] Mad. de Longueville, qui ne les avoit pas moins aimés & ne les détestoit pas moins, applaudit hautement à sa conduite & à ses ouvrages, & y mit le sceau par ses exemples.

203. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Heureux par le bonheur de tant d’êtres qu’il aime. […] Amour, vous êtes des mortels la volupté suprême & le plus grand bienfait du Dieu qui nous aime. […] La philosophie prouve la nécessité de la vertu, le théatre l’inspire, la fait aimer. […] Mon rival est moins heureux que moi, il est moins aimé. […] Son ame est sans idée, & n’a que des désirs ; vous vivez, vous aimez & j’aime.

204. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

Faire une guerre ouverte aux vices qui désolent la société, inspirer aux spectateurs des sentimens de vertu, leur faire respecter le Souverain & aimer leur patrie, voilà son but.

205. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « [Introduction] » pp. 4-5

Vous le devez trouver bon, Mes Pères, pour peu que vous ayez de Christianisme, et prendre pour une marque que l’on vous aime, de ce que l’on vous fait cette charité, selon cette belle parole de S.

206. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Qu’on s’attende de voir paraitre un Tiran, un Usurpateur, un Prince mal’heureux, une Princesse qui aime & qui hait ; on ne se trompera pas de beaucoup. […] Non, j’aime mieux croire que d’Aubignac s’est trompé. […] Les Anglais, les Allemands, les Hollandais & les Dannois, aiment les intrigues compliquées, & des Spectacles prodigieux.

207. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Les ministres des autels qui affichent l’indépendance, qui s’opposent aux volontés du prince, qui cherchent continuellement à empiéter sur les droits des souverains et qui font tous leurs efforts pour usurper sur terre une puissance temporelle et soumettre les gouvernements à l’autorité sacerdotale, non seulement sont rebelles à la parole de Dieu, transmise par le saint apôtre que nous venons de citer ; mais encore ils sont criminels aux yeux du christianisme, en foulant à leurs pieds, avec autant d’audace que d’impiété, les divins préceptes de Jésus-Christ, qui a dit, et j’aime à le répéter : « Mon royaume n’est pas de ce monde…. […] Déjà les journaux sont courbés sous la loi de tendance du 17 mars 1822, qui heureusement n’a pas pris naissance sous le règne de Charles X, de ce roi franc et loyal, qui jamais n’aimera les lois inquisitoriales ; mais si une pareille loi, était dirigée contre les auteurs, elle serait terrible contre eux et pourrait un jour servir à condamner tout écrivain, qui déplairait à l’infâme société de Loyola. […] « Nemo servus potest duobus Dominis servire : aut enim unum odio habebit, et alterum diliget : aut unum sustinebit, adhærebit, et alterum contemnet : non potestis Deo servire et mammonæ. » « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera et se soumettra à l’un et méprisera l’autre.

208. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Voilà le goût qui fait aimer le théâtre, et que le théâtre entretient, un goût frivole de colifichet. […]  » On est à plaindre dans la littérature et dans la société, comme dans la religion, quand toute la vie ayant aimé et joué la comédie, le bel esprit va s'ensevelir dans l'éternité de l'oubli, comme le Chrétien, dans l'éternité des supplices : triste dénouement, qui n'est que la juste récompense et de la pièce et de l'Auteur. […] Aime-t-on, respecte-t-on ce qu'on se croit en droit de ridiculiser ?

209. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXI. Réflexion sur le Cantique des cantiques et sur le chant de l’Eglise. » pp. 76-78

Ce cantique ne respire qu’un amour céleste, et cependant parce qu’il y est représenté sous la figure d’un amour humain, on défendait la lecture de ce divin poème à la jeunesse : aujourd’hui on ne craint point de l’inviter à voir soupirer des amants pour le plaisir seulement de les voir s’aimer, et pour goûter les douceurs d’une folle passion.

210. (1823) Instruction sur les spectacles « Table des chapitres. » pp. 187-188

Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. 51 Chap. 

211. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

J’aime mieux attribuer au défaut de mémoire l’omission que je vous reproche : vous avez oublié une partie du Cathéchisme que vos parens chrétiens n’ont pas négligé de vous inculquer dès l’enfance ; ce grand nombre de Vers que vous sçavez par routine se trouveroit embarrassé des maximes de notre sainte Religion ; c’est un contraste qu’on ne peut soutenir long-temps, & l’on retient plus volontiers les choses dont le poids est moins pénible. […] Le sieur de la M… a cruellement abusé de votre patience, Mademoiselle, il auroit dû ménager d’avantage la délicatesse de vos oreilles ; les Tragédies de Corneille vous ont fait aimer la précision ; c’est un goût qui mérite des égards, & vous pouvez les attendre de moi.

212. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Le Poëte François dont j’ai examiné les Ouvrages, ayant eu le bonheur de plaire à sa Nation, en suivant dans ses Tragédies, comme dans sa Comédie, les traces des Poëtes Grecs dont il s’étoit nourri dès sa jeunesse ; son succès doit inspirer à ceux qui ne connoissent point le Théâtre Grec, la curiosité de savoir si c’est chez les Grecs qu’il faut nécessairement chercher les vrais Principes de la Poësie Dramatique, & si ces mêmes Principes ont été également suivis par les autres Nations qui ont aimé & cultivé le même genre de Poësie.

213. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

Vous n’en aimeriez pas moins la sincérité, en permettant aux autres de lui rendre leurs hommages, cela ne diminueroit rien de votre portion de gloire & de vertu : c’est un héritage, où la division peut avoir lieu, sans préjudicier aux intérêts de ceux qui s’en sont mis en possession, & l’on vous passeroit sans murmurer votre fastueuse devise.

214. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Le penchant d’un sexe pour l’autre est naturel à tout le monde, mais ce penchant a pour objet de s’en faire aimer & de goûter les plaisirs que la nature a attaché à leur union. […] Elle ne s’en cachoit pas, mais se faisoit honneur de cette comédie : J’aime les hommes , disoit-elle, non parce qu’ils sont hommes, mais parce qu’ils ne sont pas femmes. […] Ce contraste seul en est une, mais à la honte de la Religion aussi déplorable que risible ; un Religieux la complimentant crut beaucoup la louer en lui disant qu’elle seroit mise entre les Saints à côté de Sainte Brigitte, Reine de Suède ; comme elle se moqua de cet éloge assez peu convenable en effet : J’aime mieux , lui dit-elle, être parmi les sages que parmi les Saints. […] Herminigilde qui aima mieux perdre son Royaume & la vie que de recevoir la communion d’un Évêque Arien, que son père lui avoit envoyé. […] Mais le mariage est un joug, & Christine n’en vouloit pas ; le Palatin est un homme sérieux qui n’aime pas le libertinage du théatre, & qui la gêneroit dans ses passions, & Christine n’aime qu’un amant qui l’adore & lui laisse une entière liberté, elle ne veut pas se donner un maître, & les États ne veulent point une Actrice sur le trône, la liberté vaut mieux qu’une royauté esclave.

215. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Il nous dit encore que Celui qui aime le péril y périra 7. […] N’aimez point le monde, ni les choses du monde : car tout y est ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie 10 . […] « Quelle mère, s’écrie Bossuet, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau, que sur le Théâtre ? […] Ils savaient combien on aime à s’aveugler soi-même, et combien la passion est ingénieuse à se cacher ses progrès qui ne deviennent ensuite que trop sensibles. […] Jésus-Christ aimerait une bouche d’où sortent des airs profanes et lascifs ?

216. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Cette bienveillance peut aller jusqu’à les faire excuser, les faire aimer, diminuer l’horreur de leurs crimes, engager à les imiter. […] J’aime à rendre justice ; voici un autre extrait plus raisonnable ; Avril 1766. […] Cependant elle se décrie elle-même, s’avoue mariée, n’aimant point son mari, regardant comme le plus grand malheur d’en être aimée, entretenant des amours passageres, &c. […] Je crains bien, dit le Roi, qu’il n’aime beaucoup le bal, & que ma fille ne danse trop. […] On aime à voir ses triomphes représentés avec l’appareil théâtral & peint avec les couleurs de la poésie.

217. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Cette chanson est du moins dans l’esprit de la fête, dans le caractère du héros, j’ aime mieux Moliere, ou que j’aime mieux Moliere  ; ce refrain est assurément plus convenable que tous les traits augustes, que la couronne des mœurs, que l’immensité, que l’éternité, que l’espace attendus, que l’immensité resserrée, l’aîle du tems qui plane, la demeure du sort, & tout ce fatras où l’auteur ne s’entend pas lui-même, & dont Moliere seroit bien étonné de se voir offrir le burlesque hommage : Quid dignum tanto feret hic promissor hiatu, Parturient montes, nascetur ridiculus mus. […] On aime ce qui nourrit la corruption du cœur, pardonne t-on ce qui la combat, quoiqu’on sache dans le fonds à quoi s’en tenir ? […] La politesse des derniers siécles, & la galanterie de la France y ajoutent une supériorité ; une sorte d’empire qui a fait inventer, & qui justifie trop bien les noms inconnus à l’antiquité de Maîtresse, de Reine, de Déesse, prodigués à toutes les femmes qu’on aime, ou qu’on fait semblant d’aimer. […] Ces tableaux piquans des mœurs, annoncent un honnête homme, qui aime la vérité & la vertu.

218. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Sa naissance, le crédit de sa famille, ses talens naturels auroient pu le rendre utile ; il aima mieux vivre & mourir dans son Epicurisme & sa philosophie antichretienne, que St.  […] Procope Couteaux, d’abord Ecclésiastique, fut ensuite Médecin ; il n’eut l’esprit & la science, ni ne remplit les devoirs de l’un ni de l’autre ; mais il aima le théatre & composa des Comédies, & ne fut qu’un libertin qui passa une longue vie dans sa volupté, & de-là au jugement de Dieu auprès de qui le théatre ne prépare point des couronnes éternelles. […] On ne l’aime que dans la bouche des acteurs. […] Ses mœurs étoient douces ; il se fit aimer de la petite Paroisse dont il fut Curé, de la Princesse de Galles, qui ensuite le fit son Chapelain. […] La Fée méchante est amoureuse du Prince, Tarare Pompon qui aime Fleur d’Epine & en est aimée ; la bonne Fée protege leurs amours & les fait enfin réussir.

219. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14

Jean deffend d’aimer.

220. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465

C'est pourquoi quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images de dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne se remplissent de l'objet du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.

221. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XX.  » pp. 478-479

Il faut afin qu'il en puisse user sans péché, qu'il lui soit nécessaire en quelque manière, et que l'on puisse dire véritablement qu'il s'en sert avec la modération de celui qui en use, et non avec la passion de celui qui l'aime : « Utentis modestia, non amantis affectu.

222. (1675) Traité de la comédie « XI.  » pp. 288-289

C'est pourquoi, quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images des dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne s'y remplissent du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux, ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.

223. (1675) Traité de la comédie « XX.  » pp. 306-308

Il faut afin qu'il en puisse user sans péché, qu'il lui soit nécessaire en quelque manière, et que l'on puisse dire véritablement qu'il s'en sert avec la modération de celui qui en use, et non avec la passion de celui qui l'aime : « Utentis modestia ?

224. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Or, comment les aimer, s’y plaire, les rechercher avec passion, sans reprendre ce qu’on a quitté, & à quoy l’on s’est engagé de renoncer pour jamais ? […] Si donc c’est un crime & une espece d’Apostasie, comme nous avons déja dit, d’aimer & de rechercher les vanitez de ce monde, n’est-ce pas un sujet de craindre qu’on ne les aime, & qu’on ne s’y attache, que de s’y plaire, d’y courir avec ardeur, & d’en faire son plus grand divertissement ? […] Car enfin, qu’est-ce qu’aimer le monde ? (ce qu’on ne peut douter qui ne soit un état de damnation, aprés l’oracle de la verité même qui nous en assure,) sinon aimer les joyes du monde, l’éclat, la pompe, la vanité, & les divertissemens mondains ?

225. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

La le Couvreur, actrice célebre qui aimoit le Comte & en étoit aimée, instruite de la situation critique de son amant, lorsqu’il alla en Courlande faire valoir ses prétentions sur ce duché, avoit en sa faveur fait le sacrifice de son mobilier, dont elle tira 40000 liv. […] Je n’aime point cette cérémonie, qui me paroît injurieuse à Dieu : comme si quelqu’un alloit remercier un bon pere d’avoir eu le bonheur d’égorger ses enfans. […] Charles XII. est le seul qui n’ait jamais aimé : il en a été puni, il est mort fou & malheureux. […] Les prêtres disent qu’il est hérétique (ils ont grand tort, les luthériens ne le sont pas ; pour moi j’aime de pareils hérétiques à qui les actrices donnent le coup de grace), je souhaite que Dieu nous en envoie encore un semblable (pour faire honneur au célibat) En revanche, en place des honneurs religieux, son cadavre, qui n’étoit plus ambulant, fut comblé des honneurs militaires depuis Chambort jusqu’à Strasbourg, où, au bruit de l’artillerie, il fut pompeusement conduit & enterré dans une chapelle luthérienne. […] Le Roi en eut une joie infinie, il y crut voir sa ressemblance, & l’aima toujours.

226. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

On n’y est reçu, on n’y est aimé, on n’y fait fortune qu’à ce titre. […] Malgré la richesse des habits qu’elle y étale, aux yeux de la raison, de la religion, de la vertu, il n’est point de plus mauvaise compagnie, ni de plus fort préjugé contre le spectacle qui la rassemble, & est assez corrompu pour s’en faire aimer. […] Peut-on, si l’on aime son salut, ne pas préférer le parti le plus sûr de n’y pas aller ? […] Qu’un misérable est à plaindre, qui n’est pas touché de ses propres miseres, qui les aime, & de plus en plus les augmente ! […] Cet hypocrate peu galant, qui élevé dans les principes sauvages de la République, n’aime pas apparemment le théatre, a impitoyablement, sous peine de la vie, défendu à la Clairon d’y monter.

227. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Vn essain de flatteurs perfides, mais charmans, Qui sans vouloir aimer portent le nom d’amans, Brillent dans le balcon & volent au-tour d’elle. […] Les femmes sont trop paresseuses pour se donner tant de peine, & trop jalouses de leur beauté pour se défigurer par des mouvemens violens ; elles s’aiment trop pour s’exposer aux blessures & à la mort. […] Les femmes n’aimeront guère leur Ami, quoiqu’encore trop indulgent. […] Elles aiment la domination : tout y est empressé à leur plaire, même à le dire & à le redire, & ne s’occupe que des moyens d’y réussir. […] elles n’y vont & ne l’aiment pas moins, s’embarrassent fort peu de ce qu’on y dit, se jouent elles-mêmes, en rient les premieres.

228. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Jetons un voile sur ces horreurs ; bornons-nous à la licence dont on n’ose être l’apologiste que parce qu’on l’aime. […] vous l’aimez, vous le désirez, vous y courez ; je vois déjà la mer couverte de vos débris. […] Je n’en conteste point la possibilité, j’en loue la perfection ; on le doit à Dieu, si digne & seul digne d’être aimé pour lui-même. […] le sexe le plus fragile, le plus aisé à séduire, qui aime, qui cherche à être séduit, est-il donc invincible ? […] Qui aime le péril y périra, à plus forte raison qui le cherche, qui le fait naître.

229. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Cet homme célèbre, plein d’esprit & de politesse, qui écrivoit avec tant d’agrément & de légèreté les moindres bagatelles & les choses les plus sérieuses, qui a vécu trois ou quatre vies différentes, pour ainsi dire, homme, femme, abymé dans l’étude, livré au théatre, estimable par un courage apostolique, qui l’a conduit au bout du monde, méprisable par une coquetterie d’Actrice, toujours gouverné par le plaisir, se faisant aimer de tout le monde ; cette espèce de phénomène dans la société ne dissimule pas ses défauts. […] Elle se faisoit servir par des hommes, & ne pouvoit souffrir les femmes, disant : Je n’aime pas les hommes parce qu’ils sont hommes, mais parce qu’ils ne sont point femmes. […] Grand débat entre les deux amans ; des ruisseaux de larmes coulèrent : comment se séparer de ce qu’on aime ? […]  5. rapporte qu’un Grand d’Espagne devint amoureux de la Reine, & dans un carrousel où elle étoit, se masqua en Monnoyeur, avec un habit brodé de pieces d’argent qu’il avoit fait battre exprès, semblables à une monnoie qu’on appeloit réales, réaux, comme nos petits écus, qui portoient pour devise, mii amors son reales, mes amours sont royales : jeu de mots qui peut signifier, j’aime l’argent, comme qui diroit, les écus sont mes amours, ou bien, une personne Royale est l’objet de mes amours. […] Un cœur qui aime Dieu par-dessus toutes choses peut-il se réjouir de voir représenter l’offense de Dieu ?

230. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Or, comment les aimer, s’y plaire, les rechercher avec passion, sans reprendre ce qu’on a quitté, & à quoy l’on s’est engagé de renoncer pour jamais ? […] Si donc c’est un crime & une espece d’Apostasie, comme nous avons dêja dit, d’aimer & de rechercher les vanitez de ce monde, n’est-ce pas un sujet de craindre qu’on ne les aime, & qu’on ne s’y attache, que de s’y plaire, d’y courir avec ardeur, & d’en faire son plus grand divertissement ? […] Car enfin, qu’est-ce qu’aimer le monde ? (ce qu’on ne peut douter qui ne soit en état de damnation, aprés l’oracle de la verité même qui nous en assure,) sinon aimer les joyes du monde, l’éclat, la pompe, la vanité, & les divertissemens mondains ?

231. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

., n’ont jamais aimé le théâtre, goût bien différent des folies des derniers siècles, qu’on traiterait mal à propos de gothique. […] Elles sont naturellement bienfaisantes ; cependant elles n’accordent pas le don des richesses à ceux qu’elles aiment, elles les gardent pour elles. » Point d’Actrice qui ne travaille de toutes ses forces à confirmer cette idée ; les registres de la police sont chargés de leurs exploits ; la Salpetrière, les Madelonnettes, le Refuge, sont peuplés de ces héroïnes ; dans tous les quartiers où elles habitent, les voisins chantent leurs louanges. […] Quelquefois aussi elle impose la loi de n’aimer qu’en second, et de laisser équitablement la place à celui à qui la supériorité de ses largesses ou l’antériorité de sa possession a assuré le privilège ; elle sait même entretenir la paix dans sa cour, et les engager à se voir favoriser tour à tout, sans trouble et sans jalousie. […] L’Auteur des Lettres Juives, qui aime le théâtre, l’a fréquenté, le connaît bien, et n’est pas scrupuleux. […] Au souper qui suit le spectacle, on ne parla que des intrigues des Actrices, de dix amants ruinés, de trente trompés, de quarante assez imbéciles pour se croire aimés, etc. » Ne sont-ce pas bien là des objets dignes d’occuper le Conseil d’Etat, d’être soigneusement retenus dans leurs nobles fonctions, de n’obtenir que très difficilement la liberté de priver le public de leurs importants services ?

232. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

« De rebus criminosis voluptatem capit. » C’est les aimer que de les regarder : « Has amat cum spectat. » Ce sont des inventions du démon, non de Dieu : « Dæmoniorum inventa, non Dei. » Il y a renoncé au baptême ; aller au spectacle c’est renoncer à Jésus-Christ pour revenir au démon : « Dum in spectaculum vadit, Christo renuntiat. » Il parle ensuite des cruels spectacles des Gladiateurs et des bêtes féroces, qui furent abolis par Constantin, et revient au théâtre. […] » En voyant avec plaisir le tableau du crime, on perd la pudeur, on s’enhardit, on apprend à faire ce qu’on s’est accoutumé à regarder : « Qui oblectatur simulacris libidinis, deposita verecundia fit audacior ad crimina, discit facere quod consuescit videre. » Là un Acteur dissolu, plus efféminé qu’une femme (un pantomime), parle avec les mains : « Vir ultra muliebrem mollitiem dissolutus. » Toute une ville s’agite pour un personnage dont on ne sait s’il est homme ou femme ; on aime ce qui est défendu, et on rappelle les égaremens de la jeunesse que l’âge aurait dû faire oublier. […] Si vous aimez le chant, chantez, aimez à entendre chanter ses louanges. […] qu’aime-t-on mieux, le sermon ou la pièce, les bouffonneries ou l’Evangile, la vie ou la mort ?

233. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Ce feu saint, l’honneur des Vestales, Echauffe les âmes Royales, Des vertus qui la font aimer : Et comme la lampe divine, Qui brillant, éclaire, illumine Elle reluit sans consommer.

234. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

comme j’aimai ! Témoin les jours & les nuits qui suivoient en dansant sur vos pieds… Les soleils étoient las de nous regarder, & moi je n’étois point las d’aimer.

235. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Nôtre conscience est donc nôtre juge en cette matiere, & nous ne pouvons recuser ce juge incorruptible, & ce fidele témoin, lorsqu’il y va de nôtre salut : … ceux qui aiment le jeux, le bal, la comedie, les spectacles, & qui suivent le luxe, & la vanité du siecle, ne veulent point eutendre chrétiennement ces matieres, afin de pecher plus librement, & sans inquietude. […] une assemblée de personnes agréables, bien parées, qui ne songent qu’à se divertir a prendre leurs plaisirs ; ils y voyent des femmes, & des filles, qui font tout ce qui peuvent pour se faire admirer & pour plaire ; & des hommes, qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur temoigner qu’ils les admirent, & qu’ils les aiment.

236. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

On aime plutôt de risquer son salut, en agissant dans les doutes avec incertitude, sans demander jamais conseil, que de se voir exposé à la risée des insensés. […] Si j’entreprens de vous en dissuader la frequentation, vous ne me sçauriez voir de bon œil, & ma morale ne flattera pas vos oreilles, puisqu’elle devra tendre à ne vous pas permettre, ce qui est si agréable à l’ouïe : & peut être l’esprit & le cœur s’y revolteront, puisque je serai obligé de les piquer en ce qu’ils aiment, & le Sage m’apprend, Ecclesiastici 22.

237. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est pourquoi, il ne faut pas espérer de rien faire de régulier de la comédie, parce que celles qui entreprennent de traiter les grandes passions, veulent remuer les plus dangereuses, à cause qu’elles sont aussi les plus agréables : et que celles, dont le dessein est de faire rire, qui pourraient être, ce semble, les moins vicieuses ; outre l’indécence de ce caractère dans un chrétien, attirent trop facilement le licencieux, que les gens du monde, quelque modérés qu’ils paraissent, aiment mieux ordinairement qu’on leur enveloppe, que de le supprimer entièrement. […] Il ne faudrait donc que goûter ces douceurs célestes, et cette manne cachée, pour fermer à jamais le théâtre, et faire dire à toute âme, vraiment chrétienne : « Les pécheurs, ceux qui aiment le monde, me racontent des fables »Ps.

238. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Les Poètes et les Comédiens diront que ces Comédies ne se jouent pas souvent, et que s’il en échappe quelques-unes, c’est pour plaire au peuple qui les demande, et que pour eux ils aimeraient mieux tirer du profit des Pièces sérieuses quand elles sont en crédit, afin de se conserver en honneur et en estime, et qu’on n’eût plus rien à leur reprocher. […] On dit qu’un grand Seigneur aimait si fort ce divertissement, qu’il voulait faire établir un Professeur pour la Poésie du Théâtre, comme il y en a pour l’Eloquence et pour les Mathématiques ; Qu’il entendait que celui-ci instruisît les Poètes qui voudraient faire des Comédies ou des Tragédies, afin qu’ils n’y missent rien qui ne fût convenable.

239. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

am  ; ajoutant cette horrible menace, que celui qui fait cela, est en abomination devant Dieu : certes tout cœur, fût-il de pierre, ou d’acier, devrait ployer, se devrait briser, par l’éclat d’un tel tonnerre, par la violence d’un tel foudrean : Mais puisqu’il s’en trouve, qui aiment mieux combattre la vérité par quelque froide glose, que de renoncer à cette vanité ; voyons, et pesons leurs raisons. […] Le Sage condamne celui qui aime le périlEccl. 3 bs  ; lui dénonce, qu’il y périra ; mais S.  […] Gell. lib. 20. ca. 3 dq , pour détourner un de ses auditeurs de leur compagnie, qu’il aimait, lui envoie ce passage d’Aristote, et l’exhorte de le lire tous les jours. […] Personnage, fait assembler un Concile, pour le chasser  ; et il aime mieux retourner à son exil, que de flatter la plus grande Princesse du monde. […] Le Père des lumières, nous veuille éclairer par le flambeau de sa parole, adressant nos pas en ses voies ; à ce qu’au milieu des ténèbres, et confusions de ce siècle mauvais, nous y parachevions notre course sans achoppement, et que foulant aux pieds les vains plaisirs du monde, nous méditions assidument les joies1 Cor. … fg , que Dieu a apprêtées à ceux qui l’aiment.

240. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Première Lettre. De madame d’Alzan, À madame Des Tianges, sa sœur. » pp. 18-20

Mandez-moi ce que vous faites à Poitiers ; si vous y prenez quelques divertissemens ; si vous songez à moi, si vous m’aimez autant que le fait votre sincère Ursule d’Alzan.

241. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Ma sœur… Ah qu’Ursule vous aime !

242. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Qui étale, bien que ce soit pour le mariage, cette impression de beauté sensible qui force à aimer, et qui tâche à la rendre agréable, veut rendre agréable la concupiscence et la révolte des sens.

243. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

Elles abandonnent aux femmes du peuple la connaissance des détails que les mœurs réservaient aux mères de famille ; elles aiment mieux exercer ces talents séducteurs dont Salluste faisait un reproche à Simpronia, comme de savoir danser et chanter mieux qu’il ne convient à une honnête femme.

244. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Une amatrice du théatre n’aime que son jargon, ses airs, son luxe, joue toûjours quelque rôle. […] Ce menteur, que tout devroit chasser, par-tout fêté, loué, aimé, obtient enfin, des deux maîtresses qu’il a trompées, la plus belle & la plus aimée.

245. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Pourquoi approuve-t-il les superstitions contre Dieu, lesquelles il aime en les regardant ? […] Ainsi le diable cauteleux et ruséw pource qu’il savait qu’on a en horreur la nue et simple idolatrie, il l’a entremêlée de Spectacles, afin que sous ombre de passe-temps et récréation, elle fût aimée. […] Voilà comme on aime ce qui n’est pas licite, de manière qu’on propose ce que l’âge même avait caché, par ainsi tels impudiques sont tant débordés, qu’ils ne se contentent pas d’user de leurs maux présents, s’ils ne proposent aussi en public ce en quoi les anciens ont offensé longtemps devant.

246. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Del Monaco fait ici une belle morale aux Chrétiens qui aiment et qui cherchent des Confesseurs faciles et complaisants ; c’est la source des désordres du siècle. […] Tu blâmes ma douleur, tu l’osez nommer lâche, Je l’aime d’autant plus, que plus elle te fâche. » Enfin l’Auteur dit qu’on trouve dans presque toutes les Comédies et dans tous les Romans, les passions vicieuses ainsi embellies et colorées d’un certain fard, qui les rend agréables : d’où il conclut que s’il n’est pas permis d’aimer les vices, on ne peut pas prendre plaisir aux choses qui ont pour but de les rendre aimables.

247. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Combien de moments dans la vie où l’homme le plus vertueux oublie ses compatriotes et ses amis sans les aimer moins ; et vous-même, Monsieur, n’auriez-vous renoncé à vivre avec les vôtres que pour y penser toujours ? […] Ce n’est pas dans la prospérité ni dans l’élévation qu’on a besoin d’apprendre à l’aimer, c’est dans l’abjection et dans l’infortune. […] Je prendrai, Monsieur, pour vous répondre, l’exemple même que vous apportez de la Tragédie de Bérénice, où Racine a trouvé l’art de nous intéresser pendant cinq actes avec ces seuls mots : « je vous aime, vous êtes Empereur et je pars » ; et où ce grand Poète a su réparer par les charmes de son style le défaut d’action et la monotonie de son sujet. […] Quoique le Misanthrope divertisse les spectateurs, il n’est pas pour cela ridicule à leurs yeux : il n’est personne au contraire qui ne l’estime, qui ne soit porté même à l’aimer et à le plaindre. […] J’avoue que ce talent de peindre l’amour au naturel, talent propre à un temps d’ignorance, où la nature seule donnait des leçons, peut s’être affaibli dans notre siècle, et que les femmes, devenues à notre exemple plus coquettes que passionnées, sauront bientôt aimer aussi peu que nous et le dire aussi mal ; mais sera-ce la faute de la nature ?

248. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Arlequin vole un fromage de Parme, qu’il aime beaucoup, on lui fait sou procès, il est condamné à être pendu ; en montant l’échelle, il chante ces paroles & cet air d’Opéra, dont la morale le fait absoudre : Quand on obtient ce qu’on aime, qu’importe à quel prix ? […] Elle n’aime que les saints qui prêchent par leurs œuvres plus que par leurs paroles. […] Les femmes veulent par-tout des amans de ce caractere, aiment un de ces étourdis formé par nos tendres Laïs, qui chaque jour avec délices, vous entretient de ses coureurs, de son boudoir & des coulisses, & s’imagine avoir des mœurs parce qu’il est las des Actrices . […] Ces deux rivales s’aiment peu. […] Des Thespis, qui n’avoient pas donné la dignité à Melpomene, à cette heureuse folie selon les termes de Boileau, folie en effet, malgré ses brillans succès, qui l’eut fait passer au détriment des mœurs, aux vices rafinés & pernicieux, puisqu’en perfectionnant le vice & ses attraits, ils en augmentent les dangers & le font aimer.

249. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Est-il vrai-semblable que deux Princes se croyant toujours tous deux ce qu’ils ne sont pas, parce qu’ils ont été changés en Nourrice, s’aiment tendrement, lorsque leur naissance les oblige à se détester, & même à se perdre ? Ces choses ne sont pas impossibles ; mais on aime mieux le Merveilleux qui n’ait de la simplicité d’une Action, que celui que peut produire cet amas confus d’incidens extraordinaires. […] Si-tôt qu’on entend parler Roxane, on ne doute point que Bajazet ne soit très-malheureux d’en être aimé, & qu’il ne lui en coute la vie, s’il manque de complaisance pour une femme de ce caractere. […] Cependant un tel caractere ne paroît point théatral : nous aimons à voir dans les Heros de Théâtre, dans Pyrrhus, dans Mithridate, &c. les troubles, les agitations, le choc des passions : voilà les objets que nous aimons, & qu’il est bien plus facile à un Poëte de nous présenter. […] Sans être dans une grande douleur, sitôt qu’on n’a pas l’esprit tranquille, on n’aime ni le chant ni la danse, ce que je prouve encore par l’Opera même.

250. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

 Mon cœur trop prompt à s’enflammer, Apprit en vous voyant qu’une ombre peur aimer, Et n’a sçu résister au plaisir de le dire.

251. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « II. » pp. 9-11

Vous avez été sincères ayant mieux aimé supprimer sa mémoire que de démentir par quelque marque extérieure de regret les sentiments de votre cœur qui nageait dans la joie de se voir délivré d’un Prélat incommode, dont la vie était un reproche continuel de votre conduite ; semblables à ces femmes coquettes qui ne peuvent dissimuler la joie qu’elles ressentent à la mort de leurs maris, dont le joug ne s’accorde pas avec la malheureuse liberté qu’elles recherchent.

252. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

L’artisan, le crocheteur, le cocher, aiment mieux y porter leur argent qu’à la taverne.

253. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVII.  » pp. 486-488

Une des principales parties de la piété, et un des principaux moyens de la conserver, est d'aimer la parole de Dieu, et d'y trouver sa consolation.

254. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Mais les vrais habits auroient écarté l’idée de l’état religieux à qui on en vouloit, & on a mieux aimé sacrifier la vérité historique, aussi-bien que la vérité chrétienne, au plaisir de le livrer au mépris. […] On met Dieu en contraste avec les parens : Il faut servir les Dieux, & chérir les parens, car il n’est pas question d’aimer Dieu. […] C’est donc ici que je vais cesser d’être, d’aimer ! […] mettre le souverain bonheur dans la possession de son amour, dire que sa perte enchérit sur la perte de l’existence ; cesser d’aimer est un trait sublime.

255. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Est-il de personne passionnée qui ne les aime éperdument, qui n’attende avec impatience, qui ne voie avec transport dans une piece les intermèdes dansés ? […] La vanité & la volupté y sont également flattées, elles aiment la danse plus que les hommes, y réussissent communément mieux, y montrent plus de légèreté, de goût, de finesse, d’élégance, souvent même plus qu’il ne convient à une honnête femme, selon la remarque de Salluste : Saltat elegantiùs quam necesse est probæ. […] Un tyran, un lâche, un stupide, peuvent l’aimer aussi-bien & plus qu’un bon Prince ; c’est une affaire de tempéramment, d’éducation, de climat. […] Alphonse, Roi de Castille, se moquoit de la légèreté des François qui aiment la danse à l’excès.

256. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

On aime à compatir, dit S. […] Mais la compassion n’est point sans douleur : on aime donc quelquefois la douleur ?

257. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Quand j’allois, dit-il, aux Spectacles, j’aimois ces pointes de douleur qu’ils impriment. Je n’aurois pas aimé ce qui les auroit trop enfoncées ; mais ce que des malheurs en peinture avoient de piquant, ne faisant qu’effleurer la peau, soulageoit ma démangeaison, comme le soulagement qu’on trouve à se gratter.

258. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Cependant elle est d’une nécessité absolue dans un gouvernement bien réglé et surtout dans un gouvernement représentatif ; mais aujourd’hui le jésuitisme n’aime pas plus le gouvernement représentatif que la Charte : il n’aime que le gouvernement absolu.

259. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

C’est un bon homme , dit-il, que nous aimons tous ; mais morgué il a une maîtresse à qui il faut tant de robes, de rubans, de pierreries, que tout notre argent s’en va en bréloques. […] Ces lettres, ni pour l’esprit, ni pour les sentimens, ni pour le style, n’ont rien que de très-commun, & ne sont pas toujours décentes ; elles ne servent qu’à montrer les foiblesses de ce Prince, & à élever un nuage qu’on auroit pu lui épargner, supposé même qu’elles soient vraies, ce qui est fort douteux ; car on aime à justifier les passions par des grands noms. […] Un bon Prince, qui aime ses sujets, ne peut trop remedier à ce désordre, comme il n’est pas juste que les libertins jouissent du privilege des gens de bien, ce n’est qu’à ceux-ci qu’on permet de danser & de se réjouir. […] Faut il un bien vaste génie pour aimer les pompons, les biribis, le bal, les jupons, l’opéra, &c. […] L’univers a perdu la sublime Emilie, Elle aima les plaisirs, les arts, la vérité.

260. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Cette sorcellerie, de toutes la plus redoutable, n’est point redoutée ; elle est au contraire aimée, courue, admirée, favorisée, quoiqu’on y perde les blens, le corps & l’ame. […] Les Femmes de chambre, éperdues de voir un homme qu’elle aimoit, & de qui elle vouloit être aimée, témoin occlaire des ravages de la vieillesse, eurent beau se jetter à genoux avec lui pour demander grace. […] Il n’y a point d’actrice qui n’aimât cent fois mieux être vue toute nue que dans un état peu favorable à ses charmes. […] Non seulement on ne l’y aime pas, & la piéce la mieux faite, si elle est décente ; ne peut s’y soutenir, mais encore l’extreme délicatesse des spectateurs, ou plutôt leur corruption, voit le mal par-tout, parce qu’il l’y porte. […] Le feu est un acteur avec qui on n’aime pas à se jouer, & qui a bientôt fini le dénouement des intrigues.

261. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Aussi nous vous disons dans notre chaire apostolique : « Exécutez les commandements de Dieu, adorez et glorifiez notre Père qui est aux cieux, pratiquez la morale de l’Évangile, aimez votre prochain comme vous-mêmes, et vous aurez accompli la loi de Jésus-Christ. » Et nous ajoutons : « Vous êtes membre de la société pour laquelle vous avez été créés : si cette société vous impose des devoirs, en échange elle vous procure des jouissances et des plaisirs ; remplissez vos devoirs, et livrez-vous ensuite sans crainte aux jouissances et aux plaisirs qu’elle vous présente. […] « Peut-on imaginer un moyen plus honnête de ne point tromper autrui, du moins quant à la figure, et de se montrer avec les agréments et les défauts que l’on peut avoir, aux gens qui ont intérêt de nous bien connaître avant de s’obliger à nous aimer ? […] … Un jour la colère du peuple a éclaté « Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus…p. » Allez chez les Ursulines, et, du milieu de ces filles repentantes à qui il faut beaucoup pardonner parce qu’elles ont beaucoup aimé, se présentera un saint prélat attendant le martyre, et qui vous dira : Dieu vous assiste et vous bénisse… Il y a exagération, me dira-t-on, dans les conséquences que vous tirez des prédications menaçantes et des anathèmes des prêtres romains. […] « Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples, en leur disant : « Les scribes et les pharisiens se sont assis sur la chaire de Moïse. » « Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes, et ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt. » « Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues. » « Ils aiment qu’on les salue dans les places publiques, et que les hommes les appellent rabbin ou docteurs. » « Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; car vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous vous opposez encore à ceux qui désirent d’y entrer. » « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites parce que, sous prétexte de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves : c’est pour cela que vous recevrez un jugement plus rigoureux1. » « Malheur enfin à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, après qu’il l’est devenu, vous le rendez digne de l’enfer deux fois plus que vous !.

262. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « PRÉFACE. » pp. 3-6

L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.

263. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Le voilà pour lors dans la règle en partie ; mais, par un aveuglement inconcevable, ce même Public, qui se range, par caprice, du parti des bonnes mœurs, a une prédilection marquée pour la passion d’amour ; il n’en apperçoit pas les dangereuses conséquences, et il passe légérement sur tout ce qu’elle peut avoir de funeste ; parce qu’il aime cette passion, dans quelque état qu’on la lui présente.

264. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Ils aiment donc mieux s’appuyer d’un titre respecté mais injuste, que d’un titre mieux fondé mais qu’on peut faire valoir réciproquement contre eux. […] Un Législateur plus philosophe aurait montré aux hommes à s’aimer, et non pas à se battre. […] En effet, devait-on déroger en récitant des Poèmes destinés à faire aimer la Vertu ? […] Cet Edit n’empêcha pas Cicéron d’estimer, d’aimer et de défendre Roscius, ni les Ediles de le payer suivant son mérite. […] Il aima mieux faire une réponse impudente que de se mettre en état de faire de bonnes actions.

265. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Vous n’en êtes que plus coupables de les célébrer et de les imiter : les sages Païens n’y croyaient pas plus que vous, et ne les laissaient qu’en rougissant adorer au peuple, vous les leur faites aimer. […] Comment un vrai Chrétien peut-il souffrir, louer, aimer, représenter l’une et l’autre idolâtrie dans ces spectacles, qui sont toujours pour les hommes une source intarissable de péchés ? […] Denis, oui, c’est là que j’adore  L’esprit, les grâces, les appas : Je les aimai vivants, je les encense encore. » Est-ce un Chrétien qui tient ce langage ?

266. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Le besoin d’aimer Dieu passa pour nouveauté.

267. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Si vous voulez répondre à mes objections, prenez la peine de le faire de bouche, parce qu’autrement cela traînerait à l’infini ; mais surtout, trêve aux louanges, je ne les mérite point, et n’en veux point, j’aime qu’on me lise, et non qu’on me loue.

268. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions. » pp. 29-31

Il faut réfléchir avant d’aimer, de peur que le cœur ne subjugue la raison en lui déclarant qu’il ne peut échapper au feu qui le consume.

269. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXIII. Impossibilité de réformer entièrement les spectacles. » pp. 191-194

Lorsqu’elle veut faire rire, elle ne peut guère se dispenser d’être licencieuse ; et les gens du monde, quelque modérés qu’ils paraissent, l’aiment mieux de cette manière que si elle était entièrement chaste.

270. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Si après tout ce que nous avons dit pour en détourner les fidéles, il y a encore ici des personnes qui soient d’humeur à y retourner, ils remercieront le Pere de parler si fort à l’avantage de ce qu’ils aiment. […] On y censure les vices, dit-on ; mais c’est d’une façon à ne les rendre que plus aimables, par les descriptions agréables qu’on en fait : il n’y est parlé que d’intrigues & d’amourettes, qui enseignent à de jeunes cœurs l’art d’aimer avec politesse, & de faire de criminelles conquêtes. […] Tels sont les fruits de malédiction que portent partout ces indignes spectacles, & les péchés que l’on commet seulement pour en aimer le peril. […] Qu’il aime les spectacles de vanité, qui l’amusent sans le satisfaire, & qui le corrompent en le divertissant ; nous les fuirons comme des lieux de contagion & de scandale.

271. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Nous sommes plus indulgens, & nous croyons ne pas deplaire aux Dames, en comparant leurs graces à celles du papillon, & leurs habits aux aîles variées de tant de belles couleurs, si mieux elles n’aiment lui comparer leur visage, si artistement enluminé. […] La jeune Magistrature respecte trop les Dames pour ne pas suivre leurs traces ; elle aime aussi peu qu’elles l’habit long. […] Il n’y a que les pauvres Prêtres, & ceux qui aiment la simplicité, dont la soutane soit abbatue & sans queue. […] Pour mieux ressembler à ce qu’on aime, il semble qu’on affecte de changer de sexes.

272. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Personne sans doute n’adore Jupiter ; mais tout le monde apprend à ne plus croire, aimer, adorer Jésus-Christ. […] « Du temps de Charles I. dans les guerres civiles commencées par des rigoristes fanatiques, on écrivait beaucoup contre les spectacles, d’autant plus que Charles et la Reine sa femme, fille de Henri IV, les aimaient extrêmement. […] Elle lui dit plusieurs fois qu’elle l’a aimé tendrement et qu’elle l’aime encore, qu’elle n’a épousé Polyeucte que par devoir, que la vertu succombait en sa présence, etc.

273. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Il aime Célimene, & il souhaiteroit que sa maîtresse eût des perfections que tout honnête homme voudroit sûrement trouver dans la sienne. […] Rien en cela que de naturel : dira-t-on que quelques propos bizarres d’Alceste forment le fond du caractere du misanthrope, tels que ceux-ci : « J’ai un procès, je crois avoir raison, je voudrois pour la beauté du fait perdre ma cause… » & celui-ci, « Votre sonnet ne vaut rien, j’aime bien mieux la chanson, si le Roi m’avoit donné Paris sa grand’ville, &c.. » & cet autre, lorsqu’il est près d’être conduit chez les Maréchaux de France, pour l’injure qu’Oronte le faiseur du sonnet, prétendoit avoir reçue de lui : « Je n’en démordrai point, les vers sont exécrables ; » & plusieurs autres endroits de même nature que je pourrois citer ; croira-t-on, dis-je, que quelques petits ridicules prêtés à Alceste, soit dans ses manieres, soit dans ses paroles, donnent beaucoup d’éloignement pour son caractere ?

274. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

Pour nous épargner la vûe d’un tel spectacle, ne suffiroit-il pas de nous aimer (p. 12.) comme on aime les troupeaux à proportion du profit qu’on en retire  ? […] De quelle joie son cœur seroit-il transporté à la vûe du nouveau triomphe qu’elle vous verroit préparer à une Religion qu’elle aime tant, & à la quelle elle est si chere ! […] Que j’aime à voir l’Auteur Comédien que j’ai déja cité, mais que je ne citerai jamais assez, désavouer de lui-même (p. 23.) […] Je ne fais pas le bien que j’aime Et je fais le mal que je hais. » J’en appelle encore à témoin ce héros citoyen, qui semble ne vivre parmi nous que pour s’élever en témoignage contre nous.

275. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Le Journal cherche des couleurs pour diminuer la honte de cette chûte : Le public n’aime pas qu’on prévienne ses jugemens, il regarde ses décisions anticipées, comme un attentat sur ses droits, & une tentative pour soumettre son suffrage à l’autorité du petit nombre. […] Je ne sçais pourquoi M. de la Harpe, sans nécessité & contre toute vrai-semblance, a mieux aimé ensanglanter la scène bourgeoise. Il aime sans doute la haute galanterie qu’il a débitée dans ses Héroïdes. […] Dieu n’y appelle pas, il y a un vrai danger ; Dieu n’y a pas promis la grace ; qui aime le péril, y périra. […] Elle dit vrai, & cependant elle continue : Dans ce monde bruyant comment peut-on souffrir Que les distractions, les soins & les plaisirs De l’ame à tout moment éloignent ce qu’on aime ?

276. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

5 « J’aimois, dit-il, ces lieux cruels où l’on est sans cesse en proie à la jalousie, aux soupçons, aux craintes, à la fureur. […] Quand on versifie un Dialogue tragique, il ne suffit pas d’aimer, pour être en état de donner aux pensées & aux expressions la tournure & la vérité du sentiment. […] Le père de Chimène donne un soufflet au père de Rodrigue, Amant aimé de Chimène. […] Je n’aime point à voir la même Princesse écouter tour-à-tour les déclarations du Père & des enfans. […] La Fille d’Agamemnon, promise par son Père au jeune Achille, n’aime dans son Amant que l’Epoux qui lui est destiné.

277. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Que doit-il résulter de ce scandale inouï pour les jeunes spectateurs, ou pour les enfants qui, d’instinct, d’après le mouvement de leur cœur, et d’après leur éducation, doivent regarder comme de droit naturel le devoir d’aimer leurs parents, et le précepte de les respecter comme indispensable, absolu et tel que leur propre intérêt et la honte d’y manquer devraient du moins empêcher des enfants d’aller jusqu’à outrager ainsi l’auteur de leurs jours ? […] Je trouve que ce fut avec bien de la raison que d’autres ont encore dit avant moi que les comédies dirigées contre les vieux maris sont également pernicieuses aux mœurs, parce que les femmes qui ont vu applaudir toutes les ruses, les tours perfides et scandaleux, les infidélités qu’une épouse fait à son mari, à cause qu’il est trop vieux, ne doivent plus avoir de peine à se persuader qu’on peut en faire autant à un mari trop jeune, léger, volage, et toutes les fois, bien qu’il soit d’un âge convenable, qu’on ne jouit pas d’un plus grand bonheur, ou qu’on est plus malheureuse avec lui que s’il était vieux, ce qui arrive assez souvent ; comme quand il est ou qu’on le trouve froid, indifférent, d’un mauvais caractère, grondeur, bourru, méchant, contrariant ; quand il n’est ni beau, ni bien fait, ou qu’une maladie l’a changé, affaibli et vieilli ; quand il refuse de fournir toutes les choses nécessaires à la coquetterie ; en un mot, lorsque, par tant d’autres raisons, par sa propre inconstance à elle-même, l’épouse vient à se croire mal assortie, cesse d’aimer son mari jeune, et se trouve aussi malheureuse et dans la même position que celle qui n’a jamais aimé son mari vieux. […] Ceux qui ont mieux rempli l’objet de la leçon ont encore fait plus de mal ; ils se sont mariés, par les raisons de convenance recommandées, avec des femmes plus vieilles qu’ils n’aimaient pas ; mais comme, en général, ils appartenaient à la seconde et à la troisième écoles, et qu’ils n’étaient pas en état de renoncer aussitôt à leur goût pour les jeunes ils en ont pris pour maîtresses, et ont vécu avec elles dans un commerce doublement illégitime, d’où il est résulté des enfants adultérins, des bâtards, qui n’avaient pas d’état, que la société ne savait à quel rang placer ; qui déshonoraient ou troublaient les familles. […] … faut-il que je vous aime !

278. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d'y voir peintes des passions semblables aux siennes: car notre amour-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] Les femmes de qualité et de vertu en auraient de l'horreur, au lieu que l'état présent de la Comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d'un poison aussi dangereux et plus caché que l'autre qu'elles avalent sans le connaître, et qu'elles aiment lors même qu'il les tue. Mais pour pousser encore davantage cette matière sans sortir pour cela des bornes de la vérité, peut-on appeler tout à fait honnêtes des ouvrages dans lesquels on voit les filles les plus sévères écouter les déclarations de leurs amants, être bien aise d'en être aimées, recevoir leurs lettres et leurs visites, et leur donner même des rendez-vous ?

279. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Quel plaisir de tout pardonner à ce que l’on aime ! […] Je n’en sais rien : mais on m’a communiqué une Lettre, qui fait part à madame Du D** d’un trait tout semblable, arrivé depuis peu dans une Ville considérable de nos Provinces, & que je vais rapporter. — Mademoiselle de F***, élevée dès l’enfance dans le Couvent de C**, n’en était sortie que pour épouser un jeune Conseiller ; soit qu’il eût beaucoup de mérite, ou seulement celui d’être le premier objet capable de la toucher, qui se fût offert à sa vue, on dit qu’elle l’aima éperdûment.

280. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

1 » Je le serais sans contredit, si j’avais gardé le silence : j’aime mieux être accusé de trop de zèle, que soupçonné d’ame timide.

281. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

S’il est presque impossible actuellement que la Poèsie & la Musique se trouvent réunies dans une même personne ; il faut que chacun de ceux qui possèdent séparément ces deux Arts, s’aiment, s’estiment & soient toujours d’accord ensemble.

282. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Pour faire paraître votre Héros vigilant, vous le représentez comme un homme qui aime la danse, et qui la regarde avec attention, ce qui n’est pas moins indigne d’un Evêque que le défaut, que vous voulez éloigner de son caractère.

283. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Il aimera à s’en abreuver autant qu’à la fontaine du Parnasse. […] Nous aimons mieux ceder à la douceur qu’à la force. […] Nous aimons la brieveté. […] Faire aimer pour réprimer l’amour ! […] Nés libres, nous aimons, nous péchons avec liberté.

284. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

La corruption des cœurs n’en a pas chassé la pudeur ; ce n’est plus qu’un faible reste, il est vrai ; mais il se ranime encore, l’on aime au moins à s’en parer. […] Sont-ce ses grands canons qui vous le font aimer ? […] Elle aime à dépenser en habits, linge, et nœuds. […] Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il souffre, il hait, et lui-même est Acteur. […] Il a pu faire ses délices de Térence pour la pureté de sa diction, la beauté de son style, l’arrangement de ses phrases ; l’aimer comme savant, et le condamner comme Auteur comique.

285. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

celui qui aime le péril y périra  ?

286. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Reconnaissez que c’est une très-méchante chose que de mettre des enfants que l’on vous confie pour les élever Chrétiennement, en état de pouvoir aimer un jour ces divertissements dangereux, et que des Païens mêmes ont jugé indignes de personnes qui ne seraient pas folles, ou que l’excès du vin n’aurait pas mis hors de leur bon sens.

287. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.

288. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

une expérience journalière nous apprend qu’on perd le goût de tous les biens spirituels en s’abandonnant aux plaisirs grossiers des spectacles, que les actions même sérieuses et communes deviennent à charge, qu’on n’aime plus qu’à se satisfaire, et que ce désordre est si funeste à l’homme, qu’il ruine entièrement en lui toutes les qualités de l’esprit et du cœur, et devient la source de tous les vices.

289. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Mais continuons à confondre ceux qui nous accusent de petitesse d’esprit, parce que nous n’aimons pas les spectacles. […] Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je ! […] Charles Dupin dans un discours public. « Voyez, dit-il, les théâtres tenant école de corruption et de scélératesse…, foulant aux pieds les vertus les plus saintes avec l’intention patente de faire aimer, choyer, admirer le duel, le suicide, l’assassinat et le parricide, l’empoisonnement, le viol, l’adultère et l’inceste, préconisant ces forfaits comme la fatalité glorieuse des esprits supérieurs, comme un progrès des grandes âmes, qui s’élèvent au-dessus de la vertu des idiots, de la religion des simples et de l’humanité du commun peuple ! […] Or, supposé même que ce ne soit pas un péché mortel d’assister au spectacle, vous êtes au moins forcés de convenir que c’en est une occasion, et l’Esprit-Saint nous avertit que quiconque aime le péril y périra.

290. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

VOus aimez le péril ; malheureux, vous y périrez. […] Mais, Messieurs, vous tournerez, vous ornerez en vain la passion ; c’est toujours cette malheureuse concupiscence, que Saint Jean défend de rendre aimable, puisqu’il défend de l’aimer ; c’est toujours cette concupiscence, qui enflammée une fois ne souffre jamais ou presque jamais de regle. […] Chrétiens, s’écrioit Tertullien, en finissant le beau traité qu’il a écrit sur cette matiere, Chrétiens, si vous aimez les spectacles, si vous ne pouvez vous en passer, nous en avons à vous donner. […] Aimez-vous à être attendri, à voir des objets qui frappent, des morts, du sang versé ?

291. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Son ministère étant libre, il peut & doit rendre la cause dont il s’est chargé sans le savoir, & ne pas s’exposer à l’odieux dénouement de ruiner la personne qu’il aime, ou se rendre suspect à sa partie, si elle vient à connoître l’intrigue. […] Sa belle ame qui étoit faite pour la pratiquer, fut si frappée de ces discours, qu’il retira ses pieces, & renonça au théatre, que l’étourderie & les passions de la jeunesse lui avoient fait d’abord trop goûter, pour s’adonner à l’étude de la sagesse ; il ne permit, non plus qu’Aristote dans sa République, aucune représentation théatrale, parce qu’il n’en est aucune qui n’excite quelque passion, colere, vengeance, ambition, amour ; l’action suit de près les discours & la représentation, on se laisse aisément gagner lorsqu’on aime de voir & d’entendre. […] Y auroit-il de comédie si nous n’aimions le vice qu’elle représente, si elle ne représentoit le vice que nous aimons ?

292. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Il ajoute l’exemple de Sapho qui, toute amoureuse qu’elle étoit de Phaon, se fait un mérite d’un amour épuré, digne des héros, l’invite à l’aimer de même, & l’exhorte à mépriser comme elle les parfums dont les courtisannes sont si curieuses. […] L’un des traits qu’il donne à l’homme impudique, dans ces caracteres que la Bruyere a traduit & imité, c’est d’aimer les bonnes odeurs. […] On ne voit aucun saint qui les ait aimés. […] Il l’aime, il tâche de la justifier.

293. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Le Cardinal de N. homme d’esprit & de mérite, fort aimé en France & à Rome, y joue un des principaux rôles : Il est si dévot, dit-on, que la Sainte-Croix est toujours entre ses mains. […] Elle dit n’avoir jamais aimé Madame de Maintenon : elle fut pourtant son amie intime, & l’amitié ne tient pas ce langage. […] Pour Maintenon ; je ne l’aimai jamais. […] ) Rentré chez lui, il se prosterna, gémissant & frappant sa poitrine : Ayez pitié de moi, Seigneur, voilà une malheureuse actrice qui passe les heures entieres à s’ajuster, & met en usage tout ce qu’il y a de plus précieux & de plus séduisant pour se faire aimer des hommes.

294. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Il y déploroit amèrement la rigueur de son sort qui le tenoit éloigné d’une Souveraine qu’il avoit tant aimée : Moi qui avois accoutumé à la voir aller à cheval comme Alexandre, chasser comme Diane, se promener comme Vénus, semblable à une Nymphe dont les beaux cheveux se jouent au gré du vent sur ses joues vermeilles, chanter comme un Ange, toucher la lyre comme un Orphée, &c. […] Non : c’est pour amuser son éminence, Monseigneur le Cardinal grand Maître, pour les Baillis, les grands Croix, les Commandeurs, les Novices, la Religion entiere, qui aime fort le spectacle. […] Ceux qui fréquentent le théatre, à plus forte raison ceux qui l’aiment jusqu’à l’établir chez eux, sont déjà corrompus, ou au moment de l’être. […] Parler le langage du crime, paroître l’aimer, s’y déterminer, le commettre, en inspirer le goût en exprimer les mouvemens, en diminuer l’horreur, en excuser l’excès, le traiter presque de vertu, en étaler les objets, parler de tous leurs charmes, travestir les fureurs en héroïsme : quel scandale public !

295. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Ne sont-ce pas les personnes les plus impudiques qui aiment le plus les travestissemens, parce qu’ils y trouvent l’aliment de la concupiscence dans l’image de l’objet qu’ils aiment ? […] De la part des défendeurs fut dit au contraire que de tout temps & ancienneté, par la grace, pleine puissance, science & autorité d’amours, plusieurs beaux & grands privilèges, franchises, libertés & immunités avoient été accordés, à ce que les suppôts de la masquerie pussent plus franchement vaquer, étudier & profiter en la faculté & art d’aimer ; qu’ils sont notoires, ont été publiés & enregistrés en la cour & en tous les sieges d’amours ; qu’il s’en fait tous les ans lecture ès grands jours des Rois & Carême-prenant, & font passés en forme de coutume immémoriale ; par lesquels leur est permis d’être braves, emplumés, déguisés, découpés, musqués, masqués, parfumés, en tel habit & tonsure, entrer ès festins, banquets, danses, & toutes assemblées de damoiselles, y amener tabourin, de choisir telle damoiselle que bon leur semble, de disputer avec elle de l’art d’aimer, circonstances & dépendances, la mener en un coin, lui remontrer qu’il est son serviteur, qu’il désire son amour, & user de telle instruction, mémoires & remontrances qu’il croit devoir servir à cela, & ce au vu & su des maris & de tous autres ombrageux, tant & si long-temps que bon leur semble, sans que le mari leur puisse ni doive donner aucun trouble ni empêchement, d’être rêveur ou fâcheux.

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