/ 352
97. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PREFACE CONTENANT L’HISTOIRE DU DIX-SEPTIEME SIECLE, SUR LA COMÉDIE. » pp. -

C’est pourquoi il composa un Livre in 4°. plein de preuves et de faits les plus solides que l’on puisse désirer.

98. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Tertullien traitait d’idolâtres les Chrétiens qui prononçaient seulement les noms des fausses divinités des Païens, et il ne pouvait souffrir que les Maîtres d’Ecole enseignassent les Poètes à leurs Disciples, à cause qu’ils sont pleins de ces fausses divinités, quel sentiment aurait-il de nos Poètes Français, qui se sont imaginés qu’on ne saurait faire de bons vers, si on ne les relève par les noms de ces divinités ?

99. (1764) Comédie pp. 252-254

Parce que si un seul regard jeté sur une femme, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie triomphe impunément. 3°.

100. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « Chapitre XIV. Des règlements ou avertissements particuliers » pp. 381-625

Que trouvent-ils tant à redire à faire le Roi boit, et le Mardi gras, eux qui autorisent en leur rime de Marot, Ps. 23.5. « Et jusqu’aux bords pleine Tasse me donnes » ?

101. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

.), s’il faut en croire un ouvrage plein d’irréligion & d’indécence : A l’égard des Acteurs & des Actrices qui courent en troupes comme ailleurs, ce n’est ni le préjugé de la nation ni le genre des pieces qu’ils représentent qui jette comme par-tout le mépris & l’infamie sur leur état, ce sont leurs mœurs & leur conduite, toujours plus dépravées que dans les autres classes des citoyens. […] L’Ami des femmes, ouvrage ingénieux & sage, en parle ainsi : Nos spectacles semblent consacrés à perpétuer les mystères de la ridicule idolâtrie des femmes ; l’opéra sur-tout est une liturgie d’amour, pleine d’hymnes dévotes, & d’une dévotion bien chaude pour ce petit Dieu. […] tout en est plein ; tous, il est vrai, ne sont ni constans ni sincères, mais les Dieux n’étoient pas mieux servis ; on se repaît toujours de la chair des victimes, & dans la foule il est toujours quelque cœur qu’on s’attache ; n’est-on pas faite pour les enchaîner tous ? […] Si elle étoit morte Actrice, tous les Poëtes auroient à pleines mains jeté des fleurs sur son tombeau ; la rose, le lys, le laurier, le myrthe, auroient cru d’eux-même au-tour de son urne ; Melpomène & Thalie, les amours & les graces, l’auroient arrosée de leurs larmes, & bien peu d’Actrices l’ont autant mérité, Mais l’aimable Gaussin, retirée de la scène & du monde, vivoit obscurement à la Villette près de Paris.

102. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

On peut justement appeler le théâtre une chaire de pestilence ; ces assemblées sont pleines de confusion et d’iniquité. […] » Ceux qui s’y plaisent en reviennent l’imagination pleine des plus vives images de ces folies : « Evidentes domi imagines imprimant. » Ceux même qui en sont peu touchés perdent du moins leur temps à des plaisirs fort inutiles. […] » L’esprit du démon s’est emparé de ces lieux infâmes, ils sont pleins du démon et de ses anges : pourriez-vous vous y plaire ? […] Son ouvrage est excellent, très bien écrit, plein d’érudition et de bonne morale, de beaux endroits des Auteurs de toute espèce, des traits d’histoire bien choisis, etc.

103. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

« Tu scis Domine quia numquam concupivi virum, et mundam servavi animam meam ab omni concupiscentia : numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui in levitate ambulant. » Et Job cet homme si droit, et si plein de grâce, marque très expressément, que la danse n’est pas une des moindres parties du dérèglement des pécheurs, lors qu’il dit, « Que leurs enfants s’assemblent, et que dans des assemblées ils jouent, et ils se réjouissent au son du tambour, et des autres instruments, mais qu’enfin ayant passé leur vie dans le plaisir, ils descendent en Enfer dans un instant. » Job. 21. […] Et Salvien Evêque de Marseille les blâme, avec un cœur plein de zèle, et avec une éloquence très mâle et très forte, disant, que c’est une imitation du dérèglement des Païens ; et traitant les Chrétiens qui aiment et qui recherchent ces divertissements, comme des apostats, qui après avoir renoncé à Satan et à ses œuvres, se joignent à lui de nouveau, et suivent derechef son esprit.

104. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre. […] On ne peut disconvenir que les spectacles ne soient pleins de périls.

105. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Le Journaliste, plein du Théatre dont il parle toujours avec effusion de cœur, se sert du même pinceau pour sa Vénus qui brille de même à ses yeux. […] Effacez ces grands mots qui vous gênoient sans doute, Ces mots de plein pouvoir qu’on hait & qu’on redoute. […] Ce poëme didactique, long, difficile, métaphysique, d’un style sec, roide, dur & souvent très-poëtique, ne pouvoit être du goût d’un homme toujours pleins de bouffonneries.

106. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Il n’y a personne qui n’y fût attrapé, et on ne se serait jamais avisé qu’on pût prouver qu’il y a trop de pointes dans les Épigrammes de Catulle, parce que celles de Martial en sont pleines. […] Quand on est plein de la douleur d’une telle injure, il n’est pas aisé de s’en défaire. […] on ne se lasse point de lire les écrits de théologie « pleins de longues et de doctes périodes », où l’on ne fait que « citer les Pères » ; et où l’on « justifie sa conduite » par « leurs exemples » ?

107. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

J’avais une passion démesurée pour les spectacles du théâtre, plein des images de mes misères, et des aliments du feu de ma concupiscence : « Spectacula theatrica plena imaginibus miseriarum mearum et fomitibus ignis mei. » D’où vient qu’on aime à sentir la douleur que cause la représentation de quelque chose de funeste et de tragique qu’on ne voudrait pas souffrir ? […] » Les Romains, moins conséquents, mais plus décents, en laissant subsister un culte qui faisait leur religion, ont déclaré les Comédiens infâmes, les ont même exclus du rang de citoyens et de toutes les tribus, comme remarque Cicéron :  »Romani suæ dignitatis memores et pudoris cum artem ludicram scenamque totam probro ducerent, etiam tribu moveri voluerunt actores. » O cœur vraiment Romain, plein de sagesse et de noblesse, digne de toutes les louanges ! […] Lorsque après la pièce on voit cet antre profond du théâtre vomir une foule de gens perdus de vices, pleins des folies qu’ils viennent de voir, se repaissant, s’applaudissant de choses, non seulement inutiles, mais pernicieuses et empestées, qui rencontrent des serviteurs de Dieu, ils en ont pitié, et s’écrient qu’ils sont malheureux d’être privés de ces plaisirs.

108. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Comme la galanterie et les aventures extravagantes sont le sujet le plus ordinaire de ces productions, comme d’ailleurs le style qu’on y emploie est loin de ressembler au style des affaires sérieuses, il s’ensuit que nous y puisons insensiblement des sentiments extraordinaires et romanesques ; bientôt la tête n’est pleine que de héros et d’héroïnes. Les femmes, voyant les adorations qu’on ne cesse d’y prodiguer à leur sexe, se pénètrent tellement de ces idées nouvelles, s’enfoncent tellement dans cette nouvelle atmosphère, que bientôt elles prennent en dégoût les affaires de leur famille et les choses de la vie commune : lorsqu’elles rentrent chez elles, l’esprit plein de ces brillantes extravagances, tout leur déplaît, et surtout leurs maris qui, occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours d’humeur à leur prodiguer ces complaisances ridicules dont elles sont les objets dans tous les romans, dans toutes les pièces de théâtre et dans tous les ouvrages où une vie idéale est substituée à la vie véritable. […] Or, on ne peut nier que cette opinion ne soit accréditée en grande partie par les pièces de théâtre, qui sont pleines de ces maximes funestes.

109. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Les Moines qui les enlevoiens, soutenoient un siege plutôt que de rendre leur proie ; & s’ils se voyoient trop pressés, ils portoient sur la brêche des reliques de quelque Saint, & les assaillans pleins de respect se retiroient. […] Les traités de féodale en sont pleins. […] Pour justifier les Anglois sur leur grande charte, qui déprime si fort la royauté, & sur la déposition de leur Roi Jean sans terre, il avance cette doctrine : Le regne d’un Roi foible & méprisable peut quelquefois devenir un bien ; le peuple reprend ses droits & ses franchises, qui ne sont que trop souvent de nulle considération sous des regnes glorieux & pleins de succès. […] Les paroles de son prétendu sermon, qu’assurément cet Ecrivain n’a pas vu, ne sont point du tout de son style, plein de noblesse dans ses réponses, plein d’onction dans ses ouvrages de piété ; c’est le style de Poisson, principal Acteur de la Colonie.

110. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Il étoit sombre, de mauvaise humeur, plein de causticité ; le Misantrope, son chef-d’œuvre, n’est que lui-même ; il auroit dû l’intituler Moliere. […] Son style est bas, grossier, ses constructions dures & vicieuses, sa poësie mauvaise, ses vers pleins de fautes, tout est semé de juremens, de quolibets, de mots grotesques de sa façon, de dictons, de proverbes des hales ; ses scenes sont des conversations de Harangères, sur-tout dans ses premieres pieces, car l’air de la Cour l’avoit un peu poli sur la fin de sa vie. […] Plein de l’esprit du monde, & voulant faire sa cour aux grands, il a dû dépouiller le vice de ce qu’il a d’odieux, lui donner une sorte de gloire & de mérite, écarter, décrier ceux dont les yeux trop perçans, la piété trop austere & trop ferme, pouvoient démêler ses artifices, & traverser l’accommodement. […] Dans un jardin plein de fleurs il ne faut que couper & arranger ; avec un esprit tourné à la plaisanterie, il est aisé de faire rire aux dépens des gens pleins de ridicule, qu’ils n’ont l’adresse ni de connoître ni de cacher.

111. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Quelle tête qui serait pleine de ces rapsodies ! […] Pour moi, qui ne suis pas tout à fait si enthousiasmé, je ne prends pas pour pur un or plein d’alliage, et je fais cribler le froment dont je me nourris. […] A l’entendre, tout est plein de fautes. […] On a beau les enchasser dans des vers harmonieux et des mots sonores, la dégradation de la majesté divine, l’avilissement de la majesté royale, la rage du suicide loin d’être grandeur d’âme, ne sont qu’un délire ; tout est plein de ces radotages. […] Aussi les stupides écrivains qui ne respirent pas l’air subtil de ce riant climat, n’ont qu’une maussade et ennuyeuse solidité, tandis que les jolis officiers de la toilette des actrices sont pétris de grâces, et sèment à pleines mains dans leurs ouvrages, les fleurs qu’ils y ont cueillies.

112. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

La cruauté qu’Ulysse exerça contre Astyanax ; les massacres que Pyrrhus fit des enfants de Priam, les parricides d’Atrée et de Tantale ; toutes ces actions pleines d’horreur, qui étaient si fort au goût des Anciens, ne seraient pas maintenant souffertes sur notre Théâtre, et il faut les dérober aux yeux du spectateur. […] Cette Princesse conçoit un amour violent pour Hippolyte, fils de Thésée, son mari : Après bien des combats, elle prend enfin la résolution de découvrir à son Amant une flamme si criminelle : Ce jeune homme, plein de vertu, bien loin de répondre à cet amour incestueux, est épouvanté d’une déclaration si peu attendue : L’amour de Phèdre se change en fureur, et dans la crainte d’être prévenue, elle se hâte d’accuser son Amant, et se résout à le perdre par une calomnie horrible ; enfin elle se livre toute entière à son désespoir, et se donne à elle-même la mort qu’elle n’avait que trop méritée. […] Si le Poète fait le portrait d’un Tyran, il n’est pas nécessaire qu’il lui attribue toutes sortes de vices ; mais cependant qu’il y ait quelque imperfection, même dans ses bonnes qualités ; que son courage soit cruel et féroce ; sa prudence artificieuse ; sa complaisance pleine de perfidie ; que s’il fait des libéralités à quelques-uns, qu’il ravisse impunément le bien des autres ; qu’il soit défiant, fourbe, infidèle, ennemi des personnes de mérite, dont les bonnes mœurs sont un reproche continuel de ses vices. […] Il est vrai que les Pères ont terriblement déclamé contre la Comédie ; et que l’on trouve en plusieurs endroits, des Satires sanglantes contre les Chrétiens relâchés, qui assistaient aux Spectacles : Mais l’on peut dire que les Comédies de ce temps-là ne ressemblaient guère à celles que l’on représente aujourd’hui sur nos Théâtres ; c’étaient des spectacles de turpitude, où l’on n’observait nulle bienséance, et où la pudeur était offensée par des postures et des représentations indécentes ; au lieu que les Comédies d’aujourd’hui, bien loin de blesser les bonnes mœurs, contribuent à réformer les vices ; nous l’avons connu par expérience, depuis trente ans : L’air précieux avait infecté Paris et les Provinces ; on s’était fait un jargon ridicule et plein d’affectation, qu’on avait toutes les peines du monde à entendre : On affectait des manières qui jetaient les gens hors de leur naturel, et qui les travestissaient absolument : Toutes les raisons qu’on apportait pour faire sentir le ridicule de cet air précieux, ne faisaient que blanchira : La Comédie de Molière, qui exposait à la risée du public les Précieuses ridicules, les ramena au bon sens ; et les fit rentrer, malgré elles, dans leur naturel. […] Saint Louis, plein de zèle pour la véritable piété, chassa de son Royaume tous les Comédiens, comme gens pernicieux et capables de corrompre les bonnes mœurs de ses Sujets.

113. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

Quelques Auteurs célèbres, & plusieurs personnes pleines d’esprit, s’amusent encore quelquefois à composer de petites Pièces dans ce même goût.

114. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

On nous a objecté que le Cid plein de défauts, ne se soutient que par la Poësie. […] Je ne connois guère de Poëtes, dont les vers soient aussi pleins de choses.

115. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Le Philosophe qui a médité sur l’Art, & le Poëte qui y a excellé, ne s’accordent pas en tout ; le Poëte plein de respect pour le Philosophe, le contredit quelquefois : & qui avoit plus le droit de contredire Aristote que Corneille ? […] Si donc la Tragédie Grecque, en comparaison de la nôtre, est pleine d’horreurs, de meurtres, d’incestes, de parricides, la premiere raison est la différente Religion des Spectateurs, & la seconde leur différente condition.

116. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Voyez cette femme effrontée dans ses mouvements, « procaci motu » ; mollement énervée par les délices, « infracto per delicias incessu » ; ses yeux pleins de feu lancent en se jouant mille traits, ou plutôt mille pièges, « ludentibus jaculant palpebris retia ». Elle vous aborde d’un air engageant avec des discours pleins de douceur, et d’un ton de voix flatteur et insinuant, les cœurs des jeunes gens volent après elle, « facient juneaum avolare corda » ; méprisable par son immodestie, « pudore vilis », couverte de riches habits, les joues peintes de rouge, « genis picta » ; comme elle ne saurait avoir les grâces naïves de la nature, elle s’efforce, en se fardant, d’étaler une beauté empruntée, « aduiterinis fucis affectatæ pulchritudinis lenocinatur species ».

117. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

ce fut de son plein gré, sans y bien réfléchir, qu’il se constitua si imprudemment prisonnier, et qu’il présenta ses mains pour recevoir des chaînes de ceux-là mêmes qu’il avait offensés. […] On rit de pitié en apercevant les petitesses pleines de méchancetés de l’implacable jésuitisme, qui à Rouen a si mal accueilli le retour de l’illustre La Fayette, compagnon de Washington. […] Le nom de La Fayette passera plein de gloire jusqu’aux générations les plus reculées, à côté des noms immortels des Washington et des Bolivar.

118. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Les farces Françaises sont-elles pleines d’autres choses ? […] Mais le cœur ému par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesures ; dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, de vers tendres,délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de retenue. […] Vous remarquerez qu’il n’y en a presque point qui ne soient pleines des médisances et des calomnies les plus atroces, et qui ne soient des satires sanglantes, où l’on n’épargne ni la Personne sacrée des Souverains, ni celle des Magistrats, ni celle des personnes les plus innocentes et les plus pieuses.

119. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Les Auteurs de Romans, d’Histoires, d’Épîtres & particuliérement d’Héroïdes, loin d’être naturels dans leurs Ouvrages, & de chercher à dire des choses qui nous concernent au moins un peu, se perdent dans le pays de l’imagination, & n’écrivent que des chimères ; leur stile maniéré, plein d’un faux brillant, n’est qu’un vrai persiflage.

120. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

En effet, si quelqu’un veut prouver par l’éxemple d’un de ses Drames qu’il est trop bas & trop trivial, aussi-tôt on lui en oppose un autre plein d’esprit & de finesse.

121. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Dans le Royaume voisin, dans la Prusse le Prince alors régnant par un goût tout opposé aimoit les Géans, il faisoit chercher de toutes parts & achetoit fort chèrement les hommes les plus grands ; il trouva le moyen de composer ses Gardes & plusieurs Régimens de Goliaths, en sorte que ces deux Royaumes voisins étoient comme l’Isle de Lilliput & l’Isle de Bodin Brac, du Docteur Suifh, l’une pleine de petits hommes, & l’autre de Géans, ce qui faisoit rire toute l’Europe ; leurs successeurs ont d’autres idées, & ne veulent que des hommes ordinaires. […] Un livre aussi répandu & aussi plein d’objets de vice, ne peut qu’entretenir & répandre la corruption dans tout le Royaume. […] On ne verra par-tout que des visages ternis & plombés , c’est la paraphrase plutôt que la traduction de Saci ; à la lettre il y a deux sens : tout visage sera jeté dans l’enfer comme dans une marmite , pour marquer l’excès du tourment du feu où les hommes brûleront comme dans une chaudière, comme les Martyrs dans l’huile bouillante, le plomb fondu : tout visage deviendra comme une marmite , tout plombé, plein de noir de fumée, pour marquer l’excès d’accablement où la justice de Dieu jettera ses ennemis. Ces expressions qui dans notre langue paroissent tenir du burlesque ; dans le genie de l’Hébreu sont des portraits vifs & énergiques, pris des choses les plus communes, sérieuses & pleines d’images, d’expressions basses, dégoûtantes dans notre langue ; belles & nobles & frappantes dans le style oriental, celui-ci en particulier : quasi combusta facies eorum, facies denigratæ sicut carbonem .

122. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

On voit étalés à là porte de la comédie une foule de romans, de comédie, de cartes, d’estampes licentieuses, exposés en vente ; plusieurs boutiques aux environs en sont pleines. […] Cette femme idolâtre non seulement sera impudique, comme nous avons vu, mais indocile, fiere, livrée au monde, à l’humeur, au vice, engouée de sa beauté, pleine de l’esprit du théatre, n’apportera dans votre maison que le dégoût & l’ennui, en troublera le repos, en négligera les affaires, y voudra faire la loi, vous méprisera, se servira de vous comme d’un esclave. […] L’histoire en est pleine, toute la terre en est le théatre. […] Jamais on n’y parle plus fortement contre les vices des femmes & les excès de leur luxe, que ce sublime satyrique, de qui son rival disoit : Ses ouvrages tout pleins d’affreuses verités, étincellent pourtant de sublimes beautés. […] Comme un balon, elle est pleine de vents.

123. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Cependant l’Enseigne du Régiment, jeune homme hardi, bien fait, plein d’esprit, alla présenter son drapeau à la Reine & lui demanda permission pour lui & pour tous les Officiers, de baiser l’Abbesse & les Religieuses, & tout le Corps d’une commune voix demanda cette grâce en battant la générale ; cet assaut n’étoit pas si difficile que celui du Fort de la Cassotte, ils furent également vainqueurs : Madame de Maintenon qui ne s’attendoit pas à cet exercice militaire & ne savoit pas comment les assiégées prendroient ce nouvel assaut, fut surprise & embarrassée : Je n’ai rien , dit-elle, à ordonner à ces Dames, je ne puis que les prier de vous accorder cette faveur. […] Cet homme si indulgent pour lui-même & qui avoit en effet grand besoin d’indulgence, mécontent sans doute de la fortune, a fait sous le nom de Mémoires, une satyre pleine d’aigreur de la Cour de Louis XIV. Cet ouvrage est écrit d’un style aisé, libre, simple, d’un homme de Cour que donne l’usage du grand monde plus que l’étude, le travail & même le génie, mais plein de traits hardis & mordans contre tout ce qu’il y a de respectable : le premier y donne du poids, mais le second les décrédite, ils sont préférables à quantité d’autres Mémoires qui ne sont que des romans, il y a réduit en système la morale lubrique ; les principes des actions humaines ne sont pas, selon lui, le vice ou la vertu, la tentation ou la grâce, le bon ou le mauvais usage de la liberté, ce sont les appetits naturels ; les passions ou la raison, le tempérament ou la fortune & l’habitude ; un vrai méchanisme ; distinction peu philosophique, les passions ne sont que les appetits naturels portés à l’excès ; l’un & l’autre effet naturel du tempérament, c’est à quoi il attribue tout ce qui s’est passé dans les événemens qu’il raconte, il suppose dans la Cour de France le système suivi du despotisme absolu dont il attribue le principe à Henri IV, malgré sa popularité souvent poussé trop loin par Richelieu, par Mazarin, & enfin consommé par les Colberts & Louvois & autres Ministres de Louis XIV pendant un long règne qui y a accoutumé pour toujours un peuple foible & docile. […] Pendant les troubles du Royaume & la prison des Princes, les deux Princesses leurs femmes n’en passoient pas moins leur temps en comédies, jeux, bals, ballets, chansons & conversations galantes ; & la Duchesse de Longueville depuis devenue dévote à Port Royal, alors fugitive hors du Royaume, faisant l’Amazône à la tête des troupes qui combattroient contre le Roi sous les ordres du Vicomte de Turenne, entretenoit un commerce de galanterie avec le Duc de la Rochefoucauld son amant, qu’elle avoit entraîné dans la revolte, & qui l’adoroit comme une Divinité ; toutes étoient pleines d’intrigues, au milieu des horreurs de la guerre civile, chaque Dame avoit sou amant, chaque Seigneur sa maîtresse ; le Duc de Bouillon qui en fut le chef à Bordeaux, entretenoit une femme, le Duc d’Epernon, Chef du parti contraire, avoit la sienne, & l’Auteur Ministre de la Princesse, le sieur Lenet avoue qu’il en avoit une à Paris. […] qui est du Jurisconsulte Ulpien, ennemi & persécuteur des Chrétiens ; il y est dit que le loyer des maisons, quand même il viendroit d’un lieu de débauche, doit être remis à l’heritier, comme le reste des biens ; car il y a plusieurs honnêtes gens chez qui il se fait des commerces infâmes (à leur insu sans doute), ce qui étoit fort aisé dans les vastes Palais des Seigneurs Romains, pleins d’affranchis & d’esclaves qu’à peine ils connoissoient : pensiones venient licet à lupanari perceptæ  ; comme il est dit ailleurs des maisons où à l’insu du maître on fait la contrebande, la fausse monnoie, dont les loyers ne sont pas moindres, quoique la loi n’approuve ni l’un ni l’autre l. 1, c. de fals. mon.

124. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Ce n’est point là l’éloquence passionnée d’un Jeune homme plein d’audace, de courage, d’amour, & proscrit par sa Maîtresse, qui n’attend que sa mort pour se jetter avec joie dans les bras sanglans de son meurtrier. […] Ainsi donc Pyrrhus plein d’amour & de présomption, a pû penser & dire ce que penseroit & diroit à sa place un homme né à Paris. […] Dans Sophocle, le jeune Hémon plein d’un amour effréné pour Antigone, se poignarde lui-même dans le tombeau où cette malheureuse Princesse, enfermée toute vivante par l’ordre de Créon, venoit de s’étrangler de ses propres mains. […] C’est ainsi que dans la mort de Pompée on est tout plein de ce héros, sans le voir sur le Théatre. […] De combien de Tragédies nouvelles n’ai-je point lû dans les extraits qu’on en donne, ou dans les éloges qu’on en fait, qu’elles sont fortement écrites, que le style en est fort, que les Vers en sont pleins de force !

125. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Dans le monde tout est plein de piéges : on y risque autant qu’au théâtre.Tout est plein dans le monde de piéges & d’écueils ; mais en conclurez-vous qu’il soit permis d’en augmenter le nombre ? […] Vous oserez fixer sur l’auguste Tabernacle, sur la Victime sans tache, ces yeux éblouis encore de la pompe du spectacle, & tout pleins peut-être de l’action d’un déclamateur passionné ? […] Ils en reviendront, dites-vous, plus propres à la société, pleins d’horreur pour les vices qui défigurent l’honnête homme, pleins d’amour pour les vertus qui font la douceur du commerce du monde. […] Dans le monde tout est plein de piéges : on y risque autant qu’au théâtre.

126. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

D’autres auteurs ayant le talent de la versification, répandent les fleurs & les figures à pleines mains, dans leurs ouvrages.

127. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Lui dira-t-il, Seigneur, j’ai passé quarante ou cinquante années à composer des pièces pleines d’amour, d’ambition, de vengeance de bouffonneries, etc.

128. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Suite du Clergé Comédien, L E plus illustre ecclésiastique comédien a été Julien l’apostat : il aimoit le théatre à la fureur, son palais étoit plein de comédiens, il en avoit toujours des troupes à sa suite, dans ses voyages. […] Il est vrai que Racine ne fit depuis que deux tragédies, Esther & Athalie, pleines de sentimens de religion, où il n’entre point de galanterie : mais tout est lié au théatre, d’une piece sainte on passe aisément à une piece profane ; & dans la piece sainte même, le goût du spectacle que l’on prend, la décoration mondaine qu’on étale, ne sont gueres moins dangereuses dans Esther & Athalie, que dans Phedre & Bérénice : Clairon est Clairon par-tout.

129. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Cicéron n’est-il pas tout plein de ces joyeuses rencontres, et ne confesse-t-il pas d’avoir formé son action même sur les actions de ceux qui étaient célèbres en la Comédie ? […] Tout travail mérite récompense ; et qui ne voit qu’il faudrait détruire le commerce, si les choses se donnaient pour rien : au contraire, il faudrait avouer que les Comédiens seraient infâmes, s’ils prenaient votre argent sans vous donner du plaisir, ou s’ils vous donnaient du plaisir pour rien, qui ne les estimerait gens pleins de grand loisir ?

130. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] Oser dire que les grandes villes ne sont pleines que de scélérats, c’est être soi-même partisans du vice, c’est lui donner le principal attribut de la vertu : elle seule fait le lien des hommes : le crime les désunit : une société qui subsiste, présente nécessairement l’idée d’urbanité et de mœurs : L’oisiveté et la fainéantise se trouvent dans les forêts, le travail et l’industrie dans les villes.

131. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

En effet il y avait peu d’apparence de réduire à trois remarques la critique d’un ouvrage si plein de défauts ; et l’on peut dire qu’une indulgence entière aurait été moins suspecte de complaisance qu’une censure si peu sévère.

132. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

La réponse de Bossuet à Louis XIV qui lui demandait son sentiment sur les spectacles, est courte, décisive et pleine de sens : « Sire, les Spectacles ont pour eux de grands exemples ; mais ils ont contre eux des raisons invincibles. » Les maximes et les réflexions de ce grand Homme sur le même sujet, ne méritent pas moins d’être approfondies. […] » « Le Monde, dira-t-on, est plein de dangers inévitables… Il faut en convenir. […] Gresset, ce Poète plein de grâces et de goût, a publiquement manifesté son repentir, des succès qu’il a obtenus en parcourant la carrière du Théâtre. […] « Il est impossible, dit à ce sujet Madame de Maintenon, que de jeunes cœurs ne soient sensibles à des paroles pleines d’une morale qui fait consister le bonheur dans le plaisir.

133. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Les feuilles périodiques en sont pleines, début d’une actrice, déclamation d’un acteur, ariettes, pas de trois, décoration, c’est la nouvelle de chaque jour ; les affaires de l’Etat intéressent moins. […] Mr. l’Abbé Schrone, auteur de l’Apothéose de Moliere, est un Ecclésiastique plein de zèle, qui se prepare à faire dans la chaire de vérité, l’apothéose des Saints, par des savans & dévots panégyriques : celui de Moliere sur le théatre en est le prélude & l’essai. […] Le Mercure fait l’analise & la justification de la mere jalouse, du sieur Barthe, avec tant d’affectation & de zèle, qu’on ne peut guere douter que ce ne soit l’ouvrage de son auteur, cette comédie méritoit de réussir, elle est pleine d’esprit & de vérité, & très bien faite ; elle échoua pourtant, tandis que dans le même tems Azor & Zemire, piéce très médiocre, malgré les deux Z.  […] La Chaussée, est sur-tout le poëte, ou plutôt l’adulateur, l’idolâtre des femmes ; ses sujets, ses plans, ses scénes, son langage, tout chez lui leur est subordonné, tout leur rend hommage ; elles plaisent, regnent, instruisent, réunissent tout l’intérêt, toutes sont vertueuses, tendres, pleines de graces & de beauté, toutes spirituelles, courageuses, élevées, enfin des modeles de perfections.

134. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Il faut de temps en temps deployer sa robe & avec ses bras étendus, faire comme la roue du Paon, d’où vient le mot se pavaner, s’étaler, se complaire en soi même ; & Bernardin plus severe les compare à la queue des animaux dont parle l’Ecriture ; à la queue du serpent & du scorpion, pleine de venin ; à celles des renards, auxquelles Samson attacha des flambeaux allumés pour bruler la moisson des Philistins ; à celle du dragon de l’Apocalipse, qui en tombant du ciel entraîne avec sa queue la troisieme partie des étoiles, c’est-à-dire, les Anges qu’il a séduit : comme une actrice allume le feu, séduit les cœurs, les entraîne dans ses filets : Va qui trabitis iniquitatem in funiculis. […] Leurs magasins ou garderobes sont pleins de queues. […] Tantôt parlant du grand Dragon Bechemot, le livre de Job, pour faire sentir la force de sa queue, la compare au cèdre du Liban ; & dans l’Apocalipse on dit que les ennemis de l’Eglise sont comme des scorpions, dont la queue pleine de vénin donne la mort par sa piqeure.

135. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Les romans, les poëtes, les pieces de théatre sont pleins de ces folies. […] Tout le pays de Cithere est plein de ces chiffres & de ces portraits, sur-tout les toilettes ; tous les bijoux, les boites, les petits outils en sont ornés. […] Les plafonds, les décorations, les loges sont pleins de chiffres galans, de portraits de quelque héroïne, d’amours qui tirent des flêches, de cœurs blessés, de flambeaux allumés, & jusqu’aux danses.

136. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Moliere & tous les comiques en sont pleins. […] Un Acteur qui en est plein, & qui veut plaire, peut-il toûjours forcer son penchant & ne jamais s’échapper ? […] Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu.

137. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

« Il faudra que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière. […] On en appelle à cent autres pièces pleines d’infamie, et à la conduite des Acteurs qui y répond, et souvent à cent autres endroits de la même pièce, qui détruisent le peu de bien qui s’y est glissé. […] Le divin Homère et tous les Poètes sont pleins de ces extravagances : Amphytrion lutte avec Jupiter, Mercure avec Sosie, Mars se bat avec Diomède, Vénus est blessée par Ajax, etc., et on les invoque, on les adore, on leur offre des sacrifices !

138. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

« O démon plein d’appas ! […] Les Historiens du temps en donnent plusieurs raisons, ou plutôt les imaginent. 1.° Les pièces composées dans le bureau de l’Eminence, et par elle en partie, étaient, comme de raison, pleine d’éloges flatteurs « du Ministre, du ministère, du pouvoir absolu des Rois, même sur leurs plus proches », la Reine douairière, le Duc d’Orléans, le Comte de Soissons, (Bibliothèq. de Sorel) : quels sons plus harmonieux pour son oreille ! […] Autre preuve que ce ne fut point une affaire d’état, de religion, de mœurs, quoiqu’ils y fussent les plus intéressés, c’est que le Cardinal payait une pension à Corneille, qu’il aurait dû punir, s’il eût agi par ces vues supérieures : « Il récompensait, comme Ministre, dit Fontenelle, ce même mérite dont il était jaloux comme Poète : ses faiblesses étaient réparées par quelque chose de noble. » Tacite dirait, voilà l’homme jusque dans ce qu’on appelle grand homme, un être plein de contradiction.

139. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

La vertu, détachée des vanités du monde, et pleine de l'esprit de Dieu, bien mieux que la morgue philosophique, dédaigne les jeux de l'enfance et les amusements de la passion, pour s'occuper de ses devoirs. […] On en prend si bien les allures, on en parle si bien le jargon, que tout en est plein : emplois, études, travail, prière, tout est négligé. […] Quand j'entre dans quelqu’une de ces compagnies, il me semble voir une volière pleine de petits oiseaux, ils montent, descendent, s'agitent, s'élancent, chantent, béquettent ; la vue en est fatiguée.

140. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Il n’y en a que trop ; des milliers de volumes en sont pleins ; on en seroit une bibliotheque nombreuse. […] Toute la piece est pleine de ces traits, & forme un miroir fidele. […] Tout y est plein de sel & d’agrément, & même de décence, pour exprimer les mœurs les plus indécentes. […] Cette piece est décente & pleine de bonne morale : en cela bien différente du Tartuffe de Moliere, ouvrage licentieux & impie. […] Pour achever de les mettre dans leur tort, il a prononcé dans leur assemblée un discours plein de modération.

141. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175

C’est pourquoi il composa un livre in-4°. plein de preuves, et de faits les plus solides que l’on puisse désirer.

142. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [Chapitre 2] » pp. 78-82

Mais ces personnes étaient sans doute « de ces petits esprits dont le monde est plein » ; ils n’ont que le sens commun en partage ; ils ne savent pas qu’il y a un véritable bon sens qui n’est pas donné à tout le monde, et qui est réservé à ceux qui connaissent le véritable sens de Jansénius.

143. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Ce Seigneur plein de religion fait une infinité de bien dans ces deux Paroisses. […] (La Marquise de Segur,) destinée au soutient des mœurs & à venger ce siecle du reproche qu’on lui fait de les corrompre, méritoit de paroître dans une Paroisse où des hommes pleins de sagesse & de zele donnent l’exemple & la leçon de toutes les vertus, qui illustre un Ordre aussi precieux à l’Eglise qu’à l’Etat, (les Bénédictins qui ont une maison à saint Ferjeux,) le suffrage éclaïré, impartial & libre de vos compatriotes, vous défère la couronne.

144. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Il faut qu’un Poëte dramatique soit naturellement menteur ; il ne sauroit enfanter tant de mensonges, s’il n’en avoit le germe dans son cœur ; il ne sauroit leur prêter ces couleurs de vérité, s’il n’étoit plein de duplicité. […] Une tête si pleine d’impostures conserve-t-elle quelque idée de probité ?

145. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

, soit par le souvenir des premiers Spectacles qui n’estoient que pour les yeux, soit que les vers & les chants qui en faisoient la nouveauté, eussent besoin de quelques choses de plus que des paroles, pour avoir un plein effet ; soit enfin que les objets entrent dans l’ame plus fortement par les yeux que par les oreilles. […] Car l’ovale pleine laissoit un parterre, ou pour parler comme les Romains une cave ou lieu vuide, où ne paroissoient que les Atheletes qui devoient combatre, ou les bestes qu’on devoit chasser.

146. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Ils sont assurés de faire finir celles de leurs héros et de leurs héroïnes avec le cinquième acte, dit le prince de Contiu, et que les comédiens ne diront que ce qui est dans leurs rôles : mais le cœur, ému par cette représentation, n’a pas les mêmes bornes ; il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; et souvent, après avoir résolu de ne pas pousser les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, et de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de se retenirv. […] Lorsque vous revenez chez vous plein de l’image et épris des charmes d’une femme étrangère, votre propre femme vous paraît sans agréments, vos enfants vous sont à charge, vos serviteurs incommodes, votre maison ennuyeuse ; les soins journaliers de vos affaires vous fatiguent et vous pèsent, tous ceux qui vous approchent vous choquent et vous blessent.

147. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

L’histoire Romaine est pleine de ces extravagances. […] Le nouveau ton où l’on se monte, la nouvelle éducation qu’on croit du bel air de donner à la jeunesse, le débordement de danseurs, chanteurs, joueurs d’instruments, Peintres, Poètes, baigneurs, coiffeuses, etc. dont tout est plein, et qu’entraîne la comédie, et qui sont autant d’amis, de compagnons, d’exemples, de confidents, de corrupteurs ; tout cela, j’ose le dire, a changé la face de la nation.

148. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

A son mariage, à celui de ses sœurs, à celui de ses favoris, il jetoit l’argent à pleines mains. […] On ne seroit pas surpris de voir à Catherine des mœurs dépravées ; le vice étoit héréditaire chez les Medicis, elle n’avoit vu que des objets & des exemples d’incontinence, sa famille étoit toujours farcie d’enfans naturels, dont plusieurs furent élevés aux premieres dignités, Les femmes n’étoient point en sûreté à Florence pendant la vie de son pere, ses palais étoient pleins de tableaux & de statues obscenes, on n’y respiroit que la volupté, la vie s’y passoit en fêtes & en comédie, c’étoient de vrais théatres ; on ne pouvoit plaire à cette Cour qu’en favorisant ce goût. […] Les histoires sont pleines de ces traits qui font peu d’honneur aux deux parties, & à la personne qu’on met en œuvre. […] Cathérine donnoit à ses enfans des fêtes infâmes, où à la place des Officiers ordinaires, elle les faisoit servir par les plus belles femmes de la Cour, demi nues, qui en portant les plats, & leur offrant des coupes pleines d’un vin délicieux, mettoient sous leurs yeux les objets les plus capables de les faire tomber dans une double ivresse. […] Le grand Empereur Charlemagne faisoit des Cours grandes, & pleines de Ducs, Comtes, Barons & des Dames leurs femmes & Demoiselles leur filles, & plusieurs autres de leurs contrées.

149. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

Et plus bas : « Mais quoique nous défendions toutes ces œuvres serviles par la considération de ces jours, qui sont si saints, et si pleins de religion, et qui doivent être célébrés dans le repos de l’esprit ; nous ne souffrirons pas néanmoins qu’aucun s’adonne à la recherche des plaisirs terrestres, et des voluptés sensuelles.

150. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Je ne te réponds pas, qu’au retour moins timide, Digne écolière enfin d’Angélique et d’Armide, Elle n’aille à l’instant, pleine de ces doux sons, Avec quelque Médor pratiquer ces leçons. » Boileau, Sat. 

151. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Ne vouloit-on pas aussi placer le mausaulée de Crébillon à Saint-Roch, si le Roi plein de Religion n’eut défendu ce sacrilége ? […] L’homme célebre qui en est plein n’a-t-il pas là bien pes titres à l’immortalité dramatique ? […] Il y a aucune étincelle de bon goût (dit Voltaire), aucune connoissance des regles : ce ne sont que des absurdités barbares, des irrégularités grossieres, des obscénités révoltantes, où étincellent des morceaux pleins de force, de sentimens nobles, de situations touchantes, des scènes supérieures, des écarts brillants, dont les anglois sont enthousiasmés, qui font, selon eux-mêmes, oublier les défauts de bienséance, de vraisemblance, d’irrégularités, & en dédommagent parfaitement. […] Son langage est obscur, incorrect, ignoble, son style d’une familiarité basse, la plus populaire ; boursouflé & gigantesque quand il veut s’élever, plein de rebus, de jeux de mots, de mauvaises pointes, de bouffonneries de Tabarin jusques dans la bouche des héros de ses tragédies les plus sublimes.

152. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Voilà un homme qui est intrépide, & qui à ce même Officier plein de foi, reproche son peu de foi, & lui fait une vive réprimande. […] On sait par Abner, qu’Athalie est pleine d’agitation,   La superbe Athalie Dans un sombre chagrin paroît ensevelie. […] C’est parce que sa conscience lui reproche tout ce qu’elle a fait, & par la même raison elle fait encore à Josabet un long détail des meurtres que la vengeance lui a fait ordonner, & à son récit plein de fureur, Josabet se contente de répondre, Tout vous a réussi, que Dieu voye, & nous juge. […] Elle est pleine de piété & de timidité : elle craint même de voir Joas, de peur que son trouble ne revéle le secret.

153. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est aux Pauvres à qui tout gain honteux appartient de plein droit, c’est-à-dire, celui que l’on a reçu pour une cause illicite.

154. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Leur attitude est courbée dans la région dorsale avec élévation des épaules et renfoncement de la tête et du cou ; leur démarche est étudiée, leur pas, lent et léger ; leurs gestes, souples et insinuants ; leur visage, empreint d’un sourire forcé ; leur regard, humble, faux et agité d’une secrète anxiété ; leur élocution, recherchée ; leur voix, adoucie et pleine de déclamation.

155. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Elle disoit que sa garderobe en étoit pleine, comme le magasin du théatre, pour habiller les acteurs selon le costume. […] Ses sujets, pleins de zele, vouloient bruler le tableau, & courir après le Peintre pour le punir. […] Sa vie est pleine de pirateries : vaisseaux enlevés par ses Corsaires, vaisseaux saisis dans ses ports par ses Officiers, sans avoir jamais voulu rien rendre. […] C’étoit le Cavalier le mieux fait, plein de courage & de valeur, & même de fierté, ne manquant pas d’esprit. […] Le héros François, honnête homme, plein de probité, ne fut jamais pyrate ; l’héroïne prenoit de toute main, sans scrupule.

156. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Les dames qui, par dévotion, se chargent de cet emploi, sont communément des dames distinguées, pleines de mérite & de vertu ; & les Sœurs grises sont toutes des filles très-pieuses qui se consacrent volontairement au service des pauvres, & n’y sont reçues qu’après de grandes épreuves. […] Là de jeunes beautés dansent sous les ombrages ; leurs pas pleins de noblesse irritent mes désirs, leurs bras voluptueux m’invitent aux plaisirs. […] Presque tout l’ouvrage, sur-tout le quatrieme chant sur l’hiver, est plein de cette pernicieuse philosophie. Les notes qui la répetent, la développent & l’étendent, confirment en prose ces pernicieux enseignemens dont l’auteur paroît infatué ; & où, malgré les mots d’étiquette, humanité, bienfaisance, vertu, honnêteté, repandus dans son livre, il se montre un vrai débauché ; mais sérieux, triste, pesant, parfois acariâtre, plein d’idées champêtres, qu’il ne fait que ressasser cent & cent fois, en cinq ou six façons. […] M. de Saint-Foix étoit l’homme le plus plein de lui-même ; à l’entendre, ses pieces étoient parfaites, aucune qui n’ait eu le plus brillant succès : si quelqu’une a d’abord essuyé quelques revers, le lendemain tout a été glorieusement réparé, la cour & la ville ont également applaudi ; si le public a trouvé quelques obscénités, le magistrat n’a trouvé que de la décence.

157. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Bacchus avec ses bacchants, Venus avec ses graces, Apollon & ses muses, ne montrent que des scènes rustiques : de-là ce jargon pastoral, ces ruisseaux, ces bocages, ces fleurs, ces troupeaux, &c, une cinquantaine de mots qu’on attache l’un à l’autre, à la faveur desquels on plaît surement aux femmes, on se donne un air galant, on fait des vers pleins de fraicheur, dit-on, & on acquiert à peu de frais la réputation de bel-esprit. […] Après la représentation d’Atrée, tragédie de Crébillon pleine d’horreur, on demandoit à l’auteur pourquoi il avoit adopté ce genre terrible ? […] Je l’ai vu déguisé en fripier : il avoit pris dans la rue des Fripiers une boutique pleine de vieux habits dont il avoit paré le devant, & se tenoit assis sur la porte, avec un tablier devant lui, comme pour attendre les acheteurs : il y fut attrapé. […] Je fais que les comparaisons avec les animaux sont d’un usage journalier : la fidélité d’un chien, le travail d’un bœuf, la douceur de l’agneau, la diligence de la fournit, le manége d’un cheval, la tendresse de la poule, la fureur du lien, la malice du serpent, &c. l’Ecriture sainte en est pleine. […] On se moque avec raison des contes des fées, des mille & un jour, du château de cristal, quoique plein de morale aussi bonne que les fables.

158. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Croiroit-on que ce même Siege de Calais, si recommandable par les sentimens de fidélité pour le Prince, est pourtant plein d’un esprit républicain, & très-peu respectueux pour les Rois ? […] Tel est l’enthousiasme dramatique ; un Poëte, plein de son sujet, s’imagine que tout en est, tout en a été, tout en sera aussi occupé que lui & tient dans l’univers la même place que dans son imagination. […] Une Troupe de Comédiens étant venus dans la ville de… offrir au public ses Actrices, s’imaginant qu’en flatant les Protestans dont cette ville est pleine, le parterre & la bourse seroient mieux remplis, annonça l’Honnête-Criminel. […] La Préface est pleine de traits bien peu réfléchis, pour ne rien dire davantage. 1.° L’Auteur veut justifier le Huguénotisme, parce que ce fut la religion d’Henri IV. […] Ce rapport plein d’indulgence, & même de connivence, ne laisse pas douter que ce drame ne donne des leçons de duel, n’en soit l’apologie & l’éloge, comme une chose dictée par l’honneur, exigée par nos mœurs.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Plein des agitations de la Ligue, qui avait bouleversé tant de têtes, et dont il avait vu les restes mal éteints, et de celles de la Fronde, qu’il vit en entier, naturellement dur et fier, incapable de jamais plier, enflé par ses succès et sa supériorité décidée sur tous ses rivaux, aigri par la querelle puérile que lui fit le Cardinal de Richelieu, il ne respire que vengeance, hauteur et indépendance, et ne connaît le joug de la monarchie que pour le secouer. […] Il annonce la lettre d’un Docteur de Sorbonne qui fait la censure théologique de cette épître, comme pleine de mauvais principes, et avec raison. […] Qui de sa dignité dépositaire habile, Plein de faste à l’Autel, auprès des Grands servile, Sur l’espoir de leurs dons mesure sa ferveur, Et n’adore en effet que la seule faveur. » La pièce elle-même fait foi que sur un mauvais Prêtre il y a cent mauvais laïques. […] Tous les Acteurs, chacun à sa manière, plein des mêmes principes, tient le même langage, tout ne parle que de meurtres, de trahisons, de séditions. […] Tout est plein de tyrannicide dans les bouches des Acteurs les plus respectables.

160. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Vous oserez fixer sur l’auguste Tabernacle, sur la Victime sans tache, ces yeux tout éblouis de la pompe du spectacle, & tout pleins peut-être de l’action d’un Déclamateur passionné ? […] Ils en reviendront, dites-vous, plus propres à la société, pleins d’horreur pour ces vices qui déshonorent l’homme, pleins d’amour pour ces vertus qui font la douceur du commerce du monde.

161. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Cet écrit , comme dit Boileau, est plein d’affreuses vérités. […] Le théatre, selon lui, est l’école du vice ; les auteurs & acteurs des corrupteurs des hommes, des instrumens du Diable, le théatre Anglois est plein d’indécence, de mauvaise morale ; la vie des auteurs, acteurs & actrices très-déréglée. […] Leurs pieces sont si simples. si courtes, si monotones, pleines de lazzis, & non de choses.

162. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Ce mot gesticulatio voulant dire Danse pleine de gestes. […] Quand nous faisons attention à toutes ces choses, pouvons-nous nous vanter d’avoir une Langue harmonieuse, lorsque les Romains, en se comparant aux Grecs, se plaignoient d’avoir une Langue rude, pleine de lettres tristes & sauvages ? […] Par tout ce que je viens de dire de l’attention des Anciens au plaisir des oreilles, & de cette prononciation pleine d’inflexions de voix, d’élévations & d’abaissemens, pour faire sentir non seulement la quantité des accens & des syllabes, mais la différence entre breves & breves, longues & longues ; il est aisé de comprendre que toute Déclamation publique avoit une harmonie musicale : mais il est vrai qu’il étoit aisé dans cette espece de chant très-agréable, de se laisser emporter jusqu’à un véritable chant très-vicieux.

163. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Cet homme, Monsievr, tout plein du Louure, de Fontainebleau & de Saint Germain, ne parloit que Cercles, que Rüelles & que Cabinets. […] C’est vne bonace pleine de charmes, & l’image d’vne heureuse paix, dans laquelle il est bien moins aysé à l’esprit humain de se retenir, estant, comme il est, naturellement ambitieux & inquiet, que d’exciter des troubles & du tumulte, & de faire le mauuais & le violent.

164. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Tout est plein dans l’Écriture des consolations spirituelles que Dieu promet à ses serviteurs : Venez à moi, & je vous soulagerai : Mon joug est doux, & mon fardeau léger : Venez, & voyez combien le Seigneur est doux : L’accomplissement de la loi est plus délicieux que le miel le plus exquis : Le cœur qui m’aime est dans une fête continuelle, tandis qu’il n’y a aucune paix à espérer pour l’impie. […] Qu’y a-t-il de plus délicieux que l’amour de Dieu, la connoissance de la vérité, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort tranquille & sainte, le mépris même de la volupté, les victoires remportées sur soi-même, l’union avec Dieu, & le bonheur de lui obéir & de lui plaire ?

165. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

S’il falloit lire une mauvaise piéce, ou un livre plein d’un bout à l’autre de beautés de même force, je choisirois le premier.

166. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre V. De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. De la Musique récitative & à plusieurs parties. » pp. 80-93

Pour nous délasser, il n’est pas toujours nécessaire d’un plein repos.

167. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Les frais journaliers de notre Théâtre se montent actuellement à 400 liv. la Recette ordinaire est de 2000 livres ; à pleine Salle, 4000 livres ; ce qui n’arrive guères qu’aux premières Représentations des Pièces nouvelles.

168. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Cet Apôtre distingue ici la conception d’avec l’enfantement du péché ; il distingue la disposition au péché d’avec le péché entièrement formé par un plein consentement de la volonté : c’est dans ce dernier état qu’il « engendre la mort », selon Saint Jacques, et qu’il devient tout à fait mortel.

169. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Quelle apparence, en effet, qu’on soit en état de prier Dieu, et de mediter sur les verités du salut, quelle apparence qu’on puisse lire sa parole avec quelque fruit, lors qu’on a la teste pleine de ces folies ?

170. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Il me semble qu’il serait aussi naturel et plus touchant encore, que l’amour rappelât un criminel à la vertu, que d’entraîner dans le crime un cœur plein de candeur et d’innocence.

171. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Ajoutons que cette troupe deviendrait bientôt la meilleure de l’Europe ; plusieurs personnes, pleines de goût et de dispositions pour le théâtre, et qui craignent de se déshonorer parmi nous en s’y livrant, accourraient à Genève, pour cultiver non seulement sans honte, mais même avec estime un talent si agréable et si peu commun.

172. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Le fils trop occupé de ses plaisirs pour s’embarrasser des sciences ; trop dissipateur pour avoir dequoi leur faire de grands biens, pouvoit tout au plus leur faire quelques caresses ; car il avoit le tâlent singulier de courtisan, il étoit caressant, insinuant, plein de grace dans la conversation & dans sa personne, & gagnoit les cœurs. […] Son livre est plein de lamentations sur la mort de la chere moitié, & de marques de la plus vive tendresse. […] Tout est plein en Italie, de monuments antiques & de pratiques réligieuses ; il n’est pas surprenant que ce peuple qui en est justement flatté, en repande par-tout l’empreinte : qui peut n’être pas flatté d’une si glorieuse préférance ! […] Ils sont pleins de Concetti, de tours épigrammatiques, comme dans les églogues de Fontenelle.

173. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Jeu de mots qui ne signifie rien en lui-même, comme s’il y avoit un Être qui tient le milieu entre les deux sexes ; elle devoit aimer les arbres qui ne sont point femmes, c’étoit assez maladroitement écarter le soupçon du vice, elle affectoit une grosse voix, marchoit avec précipitation, rioit à gorge déployée, elle faisoit profession de mépriser les femmes à cause de leur ignorance & de la frivolié des choses dont elles ont coutume de parler, & de la futilité de leur caractère ; mais elle prenoit plaisir de s’entretenir avec les hommes, & sur des choses mauvaises plutôt que sur des bonnes, sa conversation étoit fort licencieuse, pleine de gros mots & de juremens ; car quoiqu’elle entendit & parlât assez bien le François, elle avoit retenu, je ne sais quoi de grossier qui sentoit son Suédois & l’indécence de ses manières. On croyoit qu’elle s’habilloit en homme, & en prenoit les allures pour cacher ses défauts ; elle étoit petite & contrefaite, n’avoit rien de fin dans ses traits, rien de délicat dans son tein, chantoit & dansoit mal, n’avoit aucune des grâces de son sexe, son air plein de hauteur & de fierté, de mauvaise humeur & de brusquerie, y ajoutoit encore de la rudesse & de la grossiéreté. […] Aujourd’hui tous les journeaux, les gazettes, les feuilles périodiques seroient pleines du nom de Christine. […] Il y en a cinquante encore pleines de fadeurs, que leur excès même rend ridicule : Pictoribus at que Poetis quidlibet audendi semper suit æqua potestas.

174. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Leur esprit républicain et naturellement caustique jetait à pleines mains les sarcasmes sur tout le monde. […] Lucien dans ses dialogues est plein de traits mordants, mais trop justes, contre tous les Officiers de Thalie.

175. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Racine mécontent de Port-Royal, qui l’avoit condamné, écrivit deux lettres pleines d’esprit & de sarcasmes, plutôt pour se vanger que pour justifier son théâtre. […] Dans sa vie édifiante qu’a donné de son pere, Racine le fils, malgré l’analise, l’éloge, l’apologie qu’il fait de ses ouvrages, du côté du style, du langage, de la composition, foiblesse qu’il faut pardonner à la tendresse filiale, dans un homme plein de Réligion qui travailla utilement pour elle, quoique ses préjugés ayent quelquefois répandu des ombres sur la vérité. […] Ces deux Princes sont l’image du monde, pleins d’ambition ; de cupidité, de faste, de mépris pour la vertu.

176. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Henri IV qui avoit l’esprit vif, & plein de feu, a disans doute mille choses agréables, des bons mots de railleries fines, de saillies de gascon ; mais tout ce qu’il a dit n’est pas également bon. […] Il faut croire qu’on insera leurs noms dans les registres de l’Hôtel-de-Ville de Toulouse, pour en conserver la mémoire ; car trois siécles après, il a plu à Goudouli, poëte Toulousain, de célébrer ce grand événement dans son patois eu style de Scarron, qu’on trouve plein d’agrément dans le pays. […] Il lui dit fort chrétiennement, que toute pleine des philosophes Anglois Loke, Clarke, qui la fortifient & l’éclairent, elle n’ a trouvé dans Loke que ses propres sentimens, & l’histoire de ses pensées .

177. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Moliere, La Fontaine sont pleins de platitudes, on croit avoir des chefs d’œuvre jusques dans leurs Errata. […] Dans le poëme du Remede de l’amour, il fait voir que si une parure recherchée peut être un piége dangereux pour les cœurs, autant la négligence de tous ces ornemens étrangers en est un remede, l’expérience en est la démonstration ; on ne voit donner des si grands soins à la parure, qu’à ceux qui ont des prétentions sur les cœurs ; un homme exempt de passions, en méprise les artifices : Nec compone comas, quando venturus ad illam, nec toga sit lano conspicienda sinu  ; il se moque de ces vains ornemens, tout est couvert, dit-il, d’or & de pierreries, la personne & la plus petite partie d’elle même ; pars minima est ipsa puella sui , & parmi tant de belles choses, vous cherchez l’objet de votre amour ; sæpe ubi sit quod ames, inter tam multa requires , un des grands remedes de l’amour c’est de surprendre les femmes dans leur négligé, ou quand elles se fardent, leurs graces sont perdues, elles évitent avec grand soin ces facheuses rencontres où elles sont désarmées ; deprehendes tutus inermem cum collinet ora veneris , vous trouverez la toilette couverte de boëtes pleine de drogues, de pommade, des essences de mille couleurs, qui font soulever le cœur ; pixides invenies celantes mille colores, non semet in stamocho nulla facta meo  ; enfin, dit-il, évitez avec soin le théatre ; ut tibi sit tanti non indulgere theatris . […] La Magicienne Medée me rappelle la magicienne Circé sa parente, dont les avantures galantes ornent l’Odissée d’Homere, & les Métamorphoses d’Ovide, deux célebres Romans aussi pleins de folies que nos Contes des Fées : mais aussi bien écrits dans leur langue, & utiles quelquefois par la bonne morale qu’ils renferment ; je veux le croire, tachons donc d’en tirer du fruit.

178. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Le Roi envoya pour quatre à cinq cents mille francs de pierreries à la femme d’un Ambassadeur parfaitement belle, pleine d’esprit, très-insinuante, qui étoit fort bien avec tous les Ambassadeurs. […] Sa conversation étoit pleine d’esprit. […] Depuis long-temps on joue à Londres l’Opéra des Gueux, & avec la plus grande vogue, parce qu’il est plein d’obscenités.

179. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Mauvais ragoût pour une actrice jeune, belle, pleines de graces, courue de toute la cour, qu’il travailloit à rendre infidelle, comme de concert avec ses amans. […] des Noyers, toute pleine du Théatre, comme il paroît par ses écrits, étoit digne d’avoir ce goût. […] Le Journal Œconomique, très-utile quand il se borne à l’agriculture ; mais plein de paradoxes & de choses dangereuses, quand il sort de sa sphere, & se mêle de finance, de morale, de religion, de gouvernement, matieres qui ne sont point de son ressort.

180. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Il eût pu faire des volumes : les histoires sont pleines des délires des hommes ; on en voit tous les jours ; et sans sortir de sa famille et de son cœur, chacun pourrait faire une collection considérable. […] Si les Ecclésiastiques et les Religieux doivent s’abstenir des spectacles, les gens qui font une profession particulière de piété, qui sont censés plus recueillis, plus mortifiés, plus attentifs à leurs devoirs, éloignés des plaisirs du monde, en garde contre les occasions du péché, pleins de respect pour les choses saintes, ne scandalisent-ils pas quand ils prennent part à ces plaisirs pour le moins suspects ? […] Je le tiens à ceux qui par un esprit de religion voulant des pièces pieuses, doivent être pleins de ces sentiments.

181. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Je dis que la pièce elle-même est pleine d'une morale impie, d'un esprit hérétique, de passions honteuses, dans la bouche et sous les habits des Religieux les plus austères, pour faire mépriser leur état et leur vie austère. […] Les Chartreuses et la Trappe sont pleines de ces victimes insensées de la religion et de la passion. […] Toutes les tragédies, tous les romans sont pleins d'aventures et de décorations lugubres ; le tragique lui-même n'est qu'un sombre, il ne représente que des objets tristes et terribles, capables d'inspirer la terreur et la pitié (il n'y a que ceux là qui l'inspirent), de saisir, de déchirer, de faire verser des larmes.

182. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Mademoiselle Chanmêlé, cette brillante Elève de Racine, avoit une voix sonore, pleine & harmonieuse même dans le haut.

183. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Rome était pleine de Professeurs, qui enseignaient cet art à une foule de Disciples, & qui trouvaient des Théâtres dans toutes les maisons.

184. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement.

185. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « Il était tard, les femmes étaient couchées, toutes se relevèrent : bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfants même éveillés par le bruit accoururent demi-vêtus entre les pères et mères : la danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses : il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que dans l’allégresse universelle on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher.

186. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Elle parut sur le perron avec la Duchesse de Bouillon , dit le Cardinal de Retz, spectateur, & si grand acteur lui-même ; ces deux femmes plus belles en ce qu’elles paroissoient négligées, quoiqu’elles ne le fussent pas, tenoient chacune entre leurs bras un de leurs enfans beaux comme leurs meres, la Greve étoit pleine de monde jusques dessus les toîts, les hommes jettoient des cris de joie, les femmes pleuroient de tendresse. […] Ils trouverent tout l’appartement plein de danseurs, de musiciens, d’instrumens de musique, & de guerriers en écharpes bleues, qui venoient de se battre, auprès des dames. […] On jura de ne pas poser les armes qu’on n’eût une pleine satisfaction. […] Son rafinement, son style embarrassé, tout plein de Rambouillet, de Port-Royal & de la Cour, ne permet pas de douter que ce ne soit son ouvrage.

187. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

En cet état, elle pouvait facilement accompagner les Chœurs de nos Tragédies, & elle avait assez de son pour remplir, sans peine, un Théâtre qui n’était pas trop grand, & où on n’allait pas en foule ; car le peuple était encore alors peu nombreux, sage, pieux, & plein de pudeur. […] Lucius qui était l’aîné, homme hardi, fier & cruel, eut une femme d’un esprit doux, raisonnable, pleine de tendresse & de respect pour son père ; Aruns qui était le cadet, beaucoup plus humain & plus traitable que son aîné, trouva dans la jeune Tullie une de ces femmes entreprenantes, audacieuses, & capables des crimes les plus noirs. […] Ce fut lui qui introduisit les Muses sur la scène, & qui prêta la parole à ces beautés qu’on voit briller dans les Pièces des habiles de son temps : mais alors ces Muses étaient chastes, retenues & pleines de pudeur. […] Ceux au contraire des Comédies se tiraient de l’agriculture & des actions les plus communes de la vie humaine ; le tout assaisonné de sentences pleines de sens & de gravité. » [Théât. des Grecs par le R.P. […] Bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnèrent un nouveau zèle aux Acteurs ; elles ne purent tenir long temps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfans même éveillés par le bruit, accoururent demi vêtus entre les pères & mères.

188. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Pour ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée, ou qui y assistent de leur plein gré, quoiqu’ils ne soient pas si coupables que les Comédiens : néanmoins les mêmes Docteurs ont décidé qu’on doit leur refuser l’Absolution, si les uns et les autres ne veulent point se corriger et changer de conduite, après avoir été suffisamment avertis. […] Mais on demande s’il faut passer pour honnêtes, les impiétés et les infamies, dont sont pleines les Comédies de Molière, qui remplissent encore à présent tous les Théâtres des équivoques les plus grossières.

189. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

ne déclame pas moins fortement contre les spectacles, et dit que ces sortes d’assemblées sont honteuses, et pleines d’iniquité. « Magna confusione et iniquitate hi cætus pleni sunt. […] Car enfin si un seul regard jeté sur une personne d’un sexe différent, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie, et l’impudence triomphent impunément ?

190. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Nous sommes pressés de deux désirs contraires, l’un est de savoir, l’autre est de produire et de débiter ce que nous savons : Comme le premier veut toujours acquérir, le second est d’inclination à toujours donner ; l’un n’est jamais plein, l’autre n’est jamais vide. […] Prenez-la le matin, prenez-la le soir ; faites-la longue, faites-la courte ; que ce soit pour peu, que ce soit pour longtemps ; allez lentement, allez vite ; montez, descendez ; allez de plein pied : Si vous aimez l’air sortez, si vous le craignez ne sortez pas, prenez la promenade dans une salle, prenez-la au jardin, prenez-la à la campagne, elle est utile partout. […] L’odorat n’y respire que des vapeurs d’eau d’ange ou d’essence de rose : On donne encore au goût tout ce qui le peut contenter : L’hypocras, la limonade, les confitures y manquent moins que chez les Apothicaires ; le sens du toucher, qui est le plus brutal et le plus violent y est comme dans un plein pouvoir. […] Pourrait-on dire avec vérité, qu’un homme de Palais qui a la tête pleine d’une confusion de procès, ou qu’un Marchand qui a été fort occupé à liquider son trafic, ne pourrait trouver aucun soulagement à sa peine en lisant un beau livre ? […] Il y va sans que le danger l’étonne, et comme s’il ne travaillait que pour le contentement de son maître, ayant arrêté la proie, il la lui vient mettre entre les mains, et lui déférer tout l’honneur de sa victoire : Le succès de la bataille qu’il a remportée, ne le fait point oublier de sa servitude ; il retourne de son plein gré aux liens et aux chaperons.

191. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Moliere en est plein.

192. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Les Chrétiens d’ailleurs les plus zélés, s’assemblaient la nuit devant la porte des Temples la veille des grandes Fêtes, & là pleins d’un zèle saint, ils dansaient en chantant les Cantiques, les Hymnes & les Pseaumes du jour.

193. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

[NDE] Chapitre au sujet des fêtes : que les jours fériés consacrés à la majesté suprême, nous voulons qu’ils ne soient occupés d’aucun plaisir; ce même jour la scène théâtrale ne réclamera rien pour elle, ni le combat du cirque ou les spectacles pleins de larmes des femmes.

194. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Il vous semble que les Auteurs qui ne peuvent faire tenir le même langage à leurs Héros, feraient mieux de les choisir dans un Pays où l’on ne les ait pas tant mis en œuvre ; et vous dites qu’un Grand-homme de notre France dont la Vie serait pleine de belles Actions, et qu’on ferait parler comme naturellement les honnêtes Gens y parlent, ferait pour le moins autant de plaisir à voir, que des Héros dont les Noms paraissent tout usés à force de les entendre répéter.

195. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

Malheureusement les Poètes ont pris un autre chemin, qui sans contredit s’éloigne infiniment du but de la farce, et qui cependant réussit quelquefois, parce qu’ordinairement leurs Pièces sont pleines de traits de médisance sous le nom de critique ; Et par la raison que la passion d’amour la plus irrégulière plaît sur le Théâtre aux Spectateurs corrompus, de même la médisance ou la satyre y et applaudie et y fait rire, à cause de la méchanceté du cœur humain qui n’aime que trop à entendre déchirer son prochain.

196. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Car nous sommes déja convenus que notre Ame est toute pleine de ces sortes de contrariétés. […] Tout au contraire il excelle, & son génie le porte naturellement à peindre une Ame troublée & pleine de discorde & d’agitations, ce caractere étant bien plus susceptible d’imitation. […] Et au lieu que vous reteniez en vous ce qui vous excitoit à vouloir faire rire les autres dans la crainte de passer pour bouffon, vous le lachez alors, & lui donnant pleine liberté, vous succombez aux occasions & vous faites insensiblement le Personnage de Farceur. […] Eschyle à la vérité dans Aristophane, appelle une de ses Piéces un Ouvrage tout plein de Mars.

197. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Le théatre en est plein. 3.° L’Eglise y fait renoncer en recevant le baptême, & des qu’ils l’avoient reçu, tous les chrétiens s’en abstenoient. […] Le mal est fait quand le remede arrive, on en sort tout plein de l’amour & le cœur corrompu. […] Mais Thalie souille tout ce qu’elle touche, elle répand la corruption dont elle est pleine, presque sur tout ce qui est fait pour la condamner.

198. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Le sieur Sahalin, plein de reconnoissance pour les auteurs, appuie tous ses titres sur le Théatre. […] V. le Mentor du Marquis de Carracciolli, p. 67, ouvrage médiocrement bien écrit, mais plein de raison & de religion, comme la plupart de ceux de cet écrivain respectable ; bien éloigné de la puérile déclamation dont il a enflé la vie du dernier Pape Clément XIV. […] Leur vie est pleine de traits comiques, de caracteres plaisans, d’intrigues toutes faites : la mine est inépuisable, il seroit aisé de l’exploiter.

199. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

) avoit-il tort de dire : Pour avancer qu’aujourd’hui la comédie n’a rien de contraire aux bonnes mœurs, il faut donc que nous passions pour honnêtes les impiétés & les infamies dont sont pleines les comédies de Moliere, qui remplit tous les théatres des plus grossieres équivoque dont on ait jamais souillé les oreilles des Chrétiens. […] Toute cette piece si vantée est pleine de phrases les plus louches, de termes grossiers, d’idées triviales, de répétitions, de mauvais mots, de rimes fausses, de tours vicieux, de fautes de poësies, &c. de caractères outrés : De chaque caractère il passe les limites.

200. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Panard disoit dans une chanson : L’Actrice pleine de l’amant s’occupe bien moins de son rôle qu’elle ne pense au dénouement. […] Cette lettre, quoique pleine de vérités, est sans vrai-semblance ; on ne se décrie à ce point que dans la confession sacramentelle, parce que la loi de Dieu y oblige, & qu’on est sûr du secret ; mais il n’est guere probable qu’on aille faire à un amant sans nécessité un tel aveu par écrit.

201. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Le même Lycurgue fit aussi élever des Statues de bronze aux trois Grands Poëtes, mais les Statues n’étoient pas rares dans la Grece : les Villes en étoient pleines : on en élevoit à des Poëtes très-médiocres, aux Vainqueurs dans le Jeux Olimpiques, & à leurs chevaux. […] Un Comédien qui récitoit à cette fête quelques morceaux des Tragédies d’Euripide, saisit la tête de Crassus, & plein d’enthousiasme, chanta les Vers qu’Euripide avoit mis dans la bouche d’Agavé portant la tête de Penthée.

202. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Quelle esperance pourra avoir cette personne, que le raison de la celeste lumiere éclairera son esprit dans l’oraison, & que la dureté de son cœur sera amollie par l’operation du Saint Esprit, tandis qu’elle ne remporte de la Comedie qu’une tête pleine de douces & charmantes idées, remplie de toutes les passions folles & imaginaires, que la declamation d’un Comedien folâtre lui a pû représenter ? […] Tout concourt à fournir un fond inépuisable des reflexions toutes également criminelles, objéts corrupteurs ; recits pleins de tendresse, Poësies lascives, maximes d’amours ingenieusement exprimées, airs languissans, spectateurs repetant les plus malignes paroles, les appliquants ; Concerts harmonieux, voix penetrantes, danses passionées, actions animées, diaboliques enchantemens, & le Chef d’œuvre de l’enfer.

203. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Il faut donc que ce soit une representation spirituelle & sensible tout ensemble, que le dessein en soit ingenieux, le tissu regulier & artiste, & l’execution pleine de force & de relief. […] Un Sujet plein & substantiel donne moins de peine à l’imagination, égaye l’ouvrage, & accelere le succez. […] Voyons si le corps est droit, plein, bien proportionné : S’il n’y a rien de forcé, d’obscur ou d’extravagant. […] Les livres sont cõmuns & sont pleins des descriptions des uns, au lieu qu’il ne reste des autres presque point de monument, ny en peinture ny en relief, si ce n’est en quelques Medailles, dont le sçavoir est aussi bizare que spirituel, & encore plus suspect que curieux ; car les Medailles bien conservées jettent d’abord quelque soupçon de modernité, s’il m’est permis de fabriquer ce mot ; & si elles sont fort antiques, elles sont effacées, & ne peuvent rien découvrir de leurs desseins, pour faire discerner aucuns traits qui puissent fonder une connoissance bien asseurée. […] Neanmoins depuis long-temps, on y a travaillé avec tant de succez, & on a rendu cette Partie, si belle que la joye des Spectateurs semble estre pleine ou imparfaite, selon que les Vers ont reussi ou échoüé.

204. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Le Théatre doit verser le sel à pleines mains.

205. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Cette Comédie est très pernicieuse et pleine d’impiété ; car non seulement elle représente les vices les plus horribles, mais elle apprend à les commettre.

206. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Les Economies royales sont pleines des mandemens du Roi pour des dépenses inutiles, & d’édits bursaux portant exaction de mille petits droits. […] La vie de ce Prince pleine de galanteries & d’aventures, de déguisemens, de plaisanteries, peut fournir la matiere de vingt drames. […] La Henriade ressemble au Roland le furieux de l’Arioste : roman plein d’aventures ridicules & sans vraisemblance. […] Ce nom fut attribué à Louis XV. d’une voix unanime, lors de sa maladie à Mets, pendant laquelle il n’est point de marques d’affection que toute la France ne lui ait données : les gazettes, les papiers publics, les mandemens des Evêques, la Poësie, la Chaire, le Barreau, le Théatre, les Académies, tout a été plein de ce nom.

207. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

« Ces mouvements pleins d’impudence que l’on voit dans la personne des Comédiens, quel autre effet produisent-ils que d’enseigner le mal à la jeunesse ? […] On peut lire aussi quelque chose de cette abominable coutume de paraître nu sur le Théâtre, dans les Œuvres de saint Chrysostome, de saint Jérôme, et de saint Augustin : le premier ne fait point de difficulté de comparer ceux qui de son temps allaient à la Comédie, de les comparer, dis-je, à David, prenant plaisir à regarder Bethsabée toute nue dans son bain, et de dire que le Théâtre est le rendez-vous de tous les crimes, que tout y est plein d’effronterie, d’abomination et d’impiété. […] Pourquoi donc y en aura-t-il dans une Profession toute pleine d’esprit ; et qui est aujourd’hui, par les soins que tant d’habiles Gens se sont donnés, moins l’Ecole du Vice que celle de la Vertu ? […] Voilà, Monsieur, ce que sans trahir la vérité, et sans croire blesser ma conscience, je puis vous répondre pour mettre la vôtre dans un plein repos.

208. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Basile : Il nous doit suffire, que les Tragédies sont pleines d’horreurs, de meurtres, parricides, incestes ; d’exécrations, et invocations des Dieux Païens : Or l’Ecriture défend en termes exprès, non seulement de jurer par les noms des Dieux étrangesy, mais de les prononcer par notre boucheExo. 23. […] Or tout n’est que trop plein de fables et mensonges, de quelque côté qu’on se tourne, et n’est besoin de dresser des Echafauds, de faire des assemblées exprès, pour les y enseigner. […] En premier lieu, ils voudraient bien faire trouver ce Commandement cérémonialao ; et partant non applicable aux Chrétiens, le renvoyant par ce moyen aux Juifs, et l’abolissant totalement, en tant qu’en eux estap : Mais quand il est question, de rendre raison de cette interprétation, ou d’en amener quelque témoin, ils se trouvent plus muets que poissons, voire leur donnant le choix, entre tous les témoins, qui sont capables de témoigner, Anciens, ou Modernes ; Juifs ou Chrétiens ; Grecs ou Latins ; Pères, ou Scoliastiques, de l’Eglise Romaine, ou de la Réformée : Aussi cette opinion ne peut tomber, qu’en un faible cerveau, en une étrange fantaisieaq : Si ce Commandement est cérémonial, il est certain, qu’il n’appartenait qu’aux Juifs, et qu’il a pris fin par la venue de Jésus Christ, et que les Chrétiens, ou ne le doivent plus observer du tout ; non plus que les autres Cérémonies légales ; comme la Circoncision, les Sacrifices, etc., ou le peuvent laisser, et garder, quand bon leur semble, ayant pleine et entière liberté, de l’un et de l’autre : comme ils peuvent librement manger du lièvre, et du pourceau, ou bien s’en abstenir, selon que bon leur semble : Si le premierar ; tous ceux qui portent habits convenables à leur sexe, Judaïsent ; et n’y aura plus de vrais Chrétiens, que les Bateleurs, qui se déguisent ; Ceux que les lois politiques déclarent infâmes, que l’on ne daignait enrôler au nombre des Citoyens à Rome, auquel lieu toutefois y avait tant de milliers de méchants garnements jouissant de ce droit, seront seuls bourgeois de la cité de Dieu, seuls héritiers du règne céleste, et cohéritiers de Jésus Christ ; mais encore ne sera ce, qu’à la charge, qu’ils soient perpétuellement sur l’Echafaudas ; ou pour le moins, qu’ils se transformeront toujours par les habits, d’hommes en femmes : Si le secondat ; Il est donc en la liberté d’un Ministre, de monter en chaire, en habit de femme, tout aussi librement, qu’en habit d’homme ; comme ils veulent, qu’il soit libre, à un Menestrierau, de monter sur l’Echafaud, en habit déguisé : Et vouloir astreindre le Ministre, à se vêtir d’habit d’homme ; ce sera le contraindre de Judaïser ; ce sera lui ravir la liberté Chrétienne. […] Les délicats qui trouvent notre langage trop âpre, et rude, diront qu’il est plein de flatterie, s’ils daignent le comparer avec le style de cet Evêque, appelé de son temps le Maître des Evêques.

209. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Mais, à les prendre comme elles sont dans l’état actuel de nos mœurs et à les envisager au point de vue pratique, avec toutes leurs circonstances concomitantes, elles sont le plus souvent pleines d’écueils et de dangers pour l’innocence et la vertu. […] A cela Bossuet répond, car l’objection n’est pas nouvelle : « Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière ».

210. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Elle eut encore de plus faibles commencements que la Tragédie ; ce ne furent d’abord que des chansons pleines de railleries et de médisances, qui se chantaient dans les places publiques des Bourgs et des Villages.

211. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il faudra que nous passions pour honnêtes les impiétés & les imfamies dont sont pleines les comédies de Moliere, des pieces où la vertu & la piété sont toujours ridicules, ta corruption toujours excusée & toujours plaisante, la pudeur toujours offensée & toujours en crainte d’être violée par l’image des objets les plus dangereux, auxquels on ne donne que l’envelope la plus mince, &c. […] M. de Champfort ne trouvera pas mauvais que la balance penche en faveur de ces grands hommes, & qu’on ne regarde pas comme un grand Philosophe celui qui donne des leçons pernicieuses aux mœurs, un Auteur dont les ouvrages sont pleins d’impiétés & d’infamies, où la vertu est toujours ridicule, la corruption excusée, la pudeur toujours offensée.

212. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Et pour ce qui regarde l’amour, un des plus malicieux artifices du démon, est de faire représenter ce qui se passe dans le commerce d’une passion illégitime, sous le prétexte d’un mariage espéré, afin que les compliments étudiés qui se font, les messages, les Lettres pleines de douceurs et de tendresses qui s’écrivent, soient moins suspectes à des âmes simples et sans expérience. […] Il faut donc que les vertus dont il prétend parler, et dont il dit que la Comédie est l’Ecole, soient celles-ci : une fierté pleine d’orgueil ; un mépris dédaigneux de tout le monde, un amour prodigieux de soi même, un désir insatiable du bien, de l’estime et de la gloire ; ces vices que Dieu punira éternellement dans l’enfer, sont les vertus éclatantes qui plaisent aux Amateurs de la Comédie, dans leurs Héros et leurs Héroïnes, et dont ils ne tâchent que trop, à la perte de leurs âmes, de se rendre les copies vivantes.

213. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Cet ouvrage singulier, plein d’esprit et de raison, a été traduit en Français ou plutôt en Gaulois (dans le seizième siècle), d’une manière pleine de grâce dans sa naïveté.

214. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

C’est pour ce sujet qu’il a fait bâtir des théâtres dans les Villes, et qu’il a appris tant de sottises aux Comédiens ; afin de tâcher de répandre partout le poison dont il est tout plein. » « Vous ne savez ce que c’est que le Christianisme,Hom. 57. in c. 9. […] Car en y allant, après y avoir renoncé, n’avouez vous pas que c’est de votre plein gré, et avec une entière connaissance que vous vous engagez une seconde fois dans ses liens ? […] O que sera terrible ce spectacle d’un Dieu descendant du ciel ; non plus dans un état de bassesse et d’humiliation, comme il a paru dans son premier avènement ; mais dans une majesté toute Divine, et tout plein de gloire.

215. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Quant aux deux préceptes d’Horace : le premier qui enseigne que rien n’empêche de dire la vérité en riant, ne peut avoir aucune application à la Comédie ; il ne regarde que ceux qui étant chargés de la conduite d’autrui, doivent être pleins de douceur & de bonté pour leurs éleves.

216. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Des Auteurs sans forces, sans idées ; des Ouvrages sans goût, sans moële, sans sauce, pleins de longueries d’aprêt, comme s’exprime Montagne ; des corps, sans nerfs, sans substance, sans ame.

217. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Augustin, que je ne me lasse point de citer, les appelle tantôt l’impureté d’une folle compassion, et tantôt une démangeaison d’amour propre, qui n’est pas fâché qu’on lui égratigne la peau, pour ainsi parler ; parce que cette satisfaction passagère lui cause une enflure pleine d’inflammation, d’où il sort du sang corrompu et de la boue.

218. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Enfin Dieu même loue le Pasteur d’une Eglise (car ce n’est que la dignité d’Evêque qu’il désigne par le nom d’Ange) de ce qu’encore qu’il fût plein de haine pour les méchants, et qu’il les reconnût pour les avoir mis à l’épreuve, il les supportait pour le nom de Jésus-Christ. 

219. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Elle en tira même souvent des moyens pleins d’élévation, pour déployer, aux yeux de ses ennemis & des Etrangers, son courage & sa fermeté.

220. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Comment donc une personne qui frequente le theatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrétien, ne raportant de-là, qu’une tête pleine d’idées douces & charmantes, & de toutes les passions folles & imaginaires, que la declamation d’une Comedien luy a pû presenter.

221. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Sans être une beauté régulière, la *** avait un air de vivacité, un nez voluptueux, des yeux noirs pleins de feu, de belles dents, beaucoup de blancheur, une gorge appétissante, des mains faites pour caresser l’amour, en un mot, elle était en tout point un objet séduisant.

222. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Il créa le Théâtre Anglais, par un génie plein de naturel, de force & de fécondité, sans aucune connaissance des règles : on trouve dans ce grand génie le fond inépuisable d’une imagination pathétique & sublime, fantasque & pittoresque, sombre & gaie ; une variété prodigieuse de caractères, tous si bien contrastés, qu’ils ne tiennent pas un seul discours que l’on pût transporter de l’un à l’autre.

223. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Ce n’était qu’une espèce de danse de village au son de la flûte, et à la suite de la danse venait un histrion qui récitait des vers rudes et sans art, pleins de traits de raillerie lancés au hasard sur les spectateurs, selon qu’ils se montraient plus ou moins ridicules.

224. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Car ces péchés ne sont pas médiocres, puisqu’on y voit des femmes qui ont perdu toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant le peuple, qui ont fait une étude de l’impudence, qui par leurs regards et par leurs paroles répandent le poison de l’impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les regardent et qui les écoutent : enfin tout ce qui se fait dans toutes ces représentations malheureuses ne porte qu’au mal ; les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets même et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison, tout y respire l’impureté.

225. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

L’écrivain amateur, & plein du théatre, a parlé naturellement son langage, sans songer qu’il auroit du faire parler Abaillard, comme on parloit de son tems 2°. […] La plainte pleine de blasphêmes contre la Providence, sur ce qu’après un mariage secret, que son honneur, & la volonté de sa famille ont rendu nécessaire ; arrive la mutilation de son mari, qu’on traite du plus grand des malheurs, du plus cruel assassinat ; exclamation qui décéle honteusement ce que l’on cherche dans l’amour ; se peut-il que Dieu qui a toléré avec indifférence, nos plaisirs, avant le mariage, les empêche après que le Sacrement les a permis, & fasse subir à un mari, des châtimens qui ne sont dus qu’à l’adultere ?

226. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires. […] Ce n’est pas seulement dans les palais des Grands, c’est tous les jours dans les conversations que le fard des caresses, des complimens, des protestations, se repand à pleines mains.

227. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Réponse pleine d’esprit & d’adresse qui sauve l’Évêque & le courtisan, quoique le courtisan l’emporte sur l’Évêque. […] La Clairon ravie, extasiée, hors d’elle-même, laissant dans ce palais enchanté tous les habitans ravis, extasiés, hors d’eux-mêmes, est allée en Provence, où les rayons d’un soleil brulant lui préparent des têtes faciles à enthousiasmer, cueillir à pleines mains de nouveaux lauriers malgré les ordonnances Iroquoises du Docteur de Genève, sans craindre de les voir changer en ciprès.

228. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

La duegne, Dona-Severa, feint long-tems de résister aux instances du Marquis, et se rend, enfin, lorsqu’elle a entendu le son d’une bourse pleine d’or ; elle récommande aux deux avanturiers de se déguiser en femmes, elle se charge du reste. […] Fagan, cet aimable mélancolique, cet infortuné pere de famille, qui mourut de détresse et de chagrin ; cet auteur d’une petite Comédie pleine de goût, de décence et d’urbanité, s’annonce-t-il avantageusement dans le rustique badinage des Eveillés de Poissy, et dans l’Esclavage de Psiché, ou l’Amour fait son confident de Pierrot, qu’il métamorphose en Zéphir ?

229. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

C’est à peu près toujours la même chose ; peinture des passions, surtout de l’impureté, pour inspirer et pour plaire ; mélange des sexes, femmes indécemment vêtues et parées, ornatu meretricio ; gestes, attitudes, chants, danses, conversations dissolues, personnes de mauvaises mœurs, prêtes à tout, ne cherchant qu’à séduire, communément très séduisantes ; mauvaise compagnie, parterre et loges pleines de libertins, que le vice y rassemble. […] Les comédies de Plaute et de Térence sont pleines de ces traits, toujours les verges à quelque esclave.

230. (1674) Le Theâtre François pp. -284

On se hazarde à juger des choses sur la foy d’autruy, il faut auoir vn peu de bonne opinion de soy-mesme, & ne rien áprouuer ou condanner qu’auec pleine connoissance & le discernement que nôtre raison sçait faire du bien & du mal. […] Celles qui ont fait le plus de bruit en France furent les pompeuses machines de la Toison d’or, dont vn Grand Seigneur d’vne des premieres Maisons du Royaume, plein d’esprit & de generosité fit seul la belle depence pour en regaler dans son Château toute la Noblesse de la Prouince. […] Il a sceu l’art de plaire, qui est le grand art, & il a chastié auec tant d’esprit & le vice & l’ignorance, que bien des gens se sont corrigez à la representation de ses ouurages pleins de gayeté ; ce qu’ils n’auroient pas fait ailleurs à vne exhortation rude & serieuse. […] La Cour de ce Grand Prince estant tres polie, & pleine de gens d’esprit, la Comedie y est bien goustée, & les Comediens, s’ils n’estoient habiles, n’y plairoient pas. […] Pour preuenir cet accident, on a soin de tenir toûjours des muids pleins d’eau, & nombre de seaux, comme l’on en void dans les places publiques des Villes bien policées, sans attendre le mal pour courir à la riuiere ou aux puits.

231. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Il faut qu’un fils soit bien dénaturé pour tuer sa mere avec pleine connoissance, lors même que pour le fléchir elle emploie la voix de la nature. […] Selon vous, Alceste est un homme plein de droiture et; de sincérité, qui n’a pas tort de se déchaîner contre les hommes. […] Votre censeur pourroit même faire rire par mille Epigrammes pleines de sel. […] Il n’est donc point, cet objet si plein de charmes ? […] Le sexe toujours craintif, et; plein de candeur, quand nous ne l’avons pas corrompu, s’effarouche à notre approche, il veut nous éviter.

232. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Comment donc une personne, qui fréquente le Théatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrêtien, ne remportant de là, qu’une teste pleine d’idées douces, & charmantes, & de toutes les passions foles, & imaginaires, que la déclamation d’un Comédien luy a pû representer ?

/ 352