/ 288
61. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques «  Analyse et sommaire du présent Traité  » p. 63

Ce que Dieu appelle abomination ne doit être permis aux Chrétiens : Le déguisement du sexe, par les habits, est appelé abomination devant Dieu : Donc il ne doit être permis aux Chrétiens.

62. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VII.  » p. 461

 » Ce qui marque que ceux qui vivent de la vie des sens et dans les plaisirs du monde sont souvent consumés par des passions dont l'effet est insensible au commencement comme celui de la tigne l'est sur les habits, et qu'ils attirent, comme dit un Prophète, l'iniquité dans leurs cœurs par ces vains amusements : « Vae qui trahitis iniquitatem in funiculis vanitatis.

63. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Venir en visite amoureuse avec une jambe toute nue, un chapeau désarmé de plumes, une tête irréguliere en cheveux ; en habit qui souffre une indigence de rubans, quels amans sont ce là ! […] Je n’attends que le désordre de ses habits & de la coeffure lui fera perdre l’éclat de sa beauté, elle y est cent fois plus aimable. […] Une Reine pleine de vanité porte des habits tout massifs d’or, & en changera quatre fois par jour. […] On se dégoûta des cheveux, on se prit de belle passion, pour le poil des animaux, on garnit ses habits de fourrures, on envelopa la tête de peau bien travaillée, & marquetée, de chien, de chat, de renard, de mouton, de lapin, d’hermine, de vair, de contrevair ; (il a passé dans les armoiries.) […] On a l’uniforme blanc, avec une livre de poudre ; on va jusqu’à poudrer les habits.

64. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

On a vû dans plusieurs pieces, dont le Mercure en 1764 a fait l’extrait avec complaisance, on a vû sur le théatre une troupe de Sultannes au-tour du Prince (les plus jolies Actrices, les plus éveillées, très-propres à jouer leur rôle d’après nature), dans l’habillement du sérail, pour suivre le costume, ce qui n’est rien moins qu’un habit de vierge. […] Le vice est un Comédien, c’est-à-dire un imposteur : il se déguise sous les habits & les façons du jour ; il est servi chez les grands avec respect dans une coupe d’or, chez les petits familierement dans une écuelle de terre. […] la modestie se contente-t-elle de dire, n’allez pas sans habits, comme les Nègres de la Guinée & les Caraïbes de l’Amérique, & toute justice est remplie ? […] Ce sont de vraies pieces de théatres, des scènes, des décorations, des habits, des masques. […] Entre autres il y a deux choses singulieres : un serpent représenté par un homme habillé en Arlequin : une simphonie, tantôt gaie, tantôt lugubre, dans un temps où il n’y avoit ni instrumens de musique, ni gens pour en jouer ; on donne des habits blancs à Adam & Eve, & à la scène 6 on dit qu’ils sont nuds, &c.

65. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] On n’en voit point à nos spectacles ; combien crieraient-ils au blasphème, s’ils voyaient Abraham, Jacob, David, Salomon, sous un habit de Comédien ! […] Les Comédiens ont quelquefois enfreint la défense de porter des habits ecclésiastiques et religieux, en faisant paraître des Abbés déguisés et des Prêtres juifs ou Païens habillés à peu près comme les nôtres. […] Mais ce qui m’étonne ici, c’est que tandis qu’on interdit les rôles et les habits ecclésiastiques, on permette les rôles des Patriarches, des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, la tiare, le rationnell, les autres habits des souverains Pontifes, consacrés et ordonnés par Dieu même.

66. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Naumachies. » pp. 100-111

Le second iour il parut dans un habit moins guerrier, mais plus galant & aussi riche, & fit quelques courses dans un chariot attelé de deux superbes chevaux. […] Ainsi les uns profiterent en cette largesse, d’une certaine & raisonnable quantité d’aliments, d’habits ou de meubles ; les autres de vases d’or, de chevaux ; desclaves & de mille autres choses qui peuvent estre données.

67. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

De ces habits qu'il n'y a que le Démon qui ait inventés ? On y voit un jeune homme qui ayant rejeté tous ses cheveux derrière la tête prend une coiffure étrangère, dément ce qu'il est, et s'étudie à paraître une fille dans ses habits, dans son marcher, dans ses regards, et dans sa parole. […] On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant un Peuple ; qui ont fait une étude de l'impudence, qui par leurs regards, et par leurs paroles répandent le poison de l'impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les voient, et qui les écoutent, et qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne à détruire la chasteté, à déshonorer la nature, et à se rendre les organes visibles du Démon, dans le dessein qu'il de perdre les âmes ; enfin tout ce qui se fait dans ces représentations malheureuses ne porte qu'au mal : les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison tout y respire l'impureté.

68. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Les loges ont beau être dorées, et étaler des pierres précieuses et de riches habits, ce sont de petites armoires qui renferment des colifichets. […] Jamais les Français n'ont été si frivoles que depuis son règne : ameublements, habits, équipages, mignaturesy, jargon, modes, études, ouvrages, etc. tout s'évanouit en colifichets. […] Si ses habits ne sont pas magnifiques, ce qui ne convient ni à certains états, ni à certaines circonstances, qu'ils soient du moins propres et décents.

69. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — Avis de l’Éditeur, Sur les Notes suivantes. »

Dans [L], des Habits de Théâtre, XIII.

70. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Or quels sont ces accessoires, sinon la situation particuliere où doivent se mettre les Acteurs, leurs habits, le lieu de la Scène, les décorations, & même les instrumens ? […] Ils n’épargnent ni peine, ni soins, ni frais pour attirer le public. « C’est assez l’ordinaire, dit l’Auteur du Comédien, que des enfans adoptifs, aient plus d’attention que nos vrais enfans, à se rendre dignes de notre tendresse. » Les connoisseurs poussent si loin la délicatesse sur ce point, que les habits même des Acteurs les réfroidissent, s’ils savent qu’on leur en ait fait présent, ou que l’Acteur, mal dans ses affaires, n’ait pas du en avoir de si magnifiques.

71. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Toutes les bourses, fermées à l’aumône, s’ouvrent pour la comédie, et étalent à l’avidité du Publicain une fausse richesse qui irrite sa soif ; les frais de la construction, de la décoration, des habits, de l’entretien, s’imposent sans difficulté, se lèvent sans peine ; on ne trouve pas un sol pour les pauvres. […] Essayons, pour les faire mieux goûter, de dépouiller la raison et la vertu de ces habits lugubres, et de les parer des agréments de la gaieté.

72. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

J’ai toujours regardé la forme de l’habillement des femmes, comme une suite et comme une conséquence de cette modestie dont le sexe fait profession ; aussi voyons nous que, dans tous les pays, quelque différence que l’usage ait introduit dans les habits, ceux des femmes ont été respectés ; et, malgré les variations infinies de la mode, elles sont restées couvertes depuis les épaules jusqu’aux pieds ; il y a même des pays où elles sont enveloppées en entier dans une mante, en sorte qu’elles ne laissent entrevoir qu’un œil pour se conduire ; mais dans les pays même où les femmes ont le plus de liberté, la décence exige qu’elles ne laissent voir précisement que leur visage et leurs mains ; encore ont elles soin de porter toujours des gants. Les Actrices, dont les rôles se bornent à représenter dans les Tragédies ou dans les Comédies, peuvent conserver dans leurs habillemens toute la modestie et toute la décence que le sexe et la société exigent : il n’en est pas de même des Danseuses ; en supposant du moins qu’elles sont forcées de faire ce qu’elles font, c’est-à-dire de porter des habits très courts, et souvent d’avoir la gorge découverte, c’en est assez, sans en dire d’avantage, pour prouver que la modestie ne peut s’accorder avec cette profession.

73. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

l’aide des habits des femmes : per mulieres. […] Pour être reconnus ils portaient des habits bigarrés de différentes couleurs.

74. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Qu’on dépouille la tragédie de ses décorations, de ses habits, de la poësie, de la nudité des actrices ; qu’on exécute sans appareil les mêmes choses, on ne sauroit voir sans horreur ce qu’à travers le verre on contemple avec délices. […] On le conduisit avec ce cortége à l’hôtel-de-ville, à travers une double haies de la milice bourgeoise en habits neufs & sous les armes, au bruit du canon qui ne cessoit de tirer, & des acclamations de Vive le Roi, vive Monsieur. […] La piece qu’on joua sur le théatre de la ville étoit neuve, & composée exprès pour la fête par un homme du métier, comme les habits uniformes de la milice bourgeoise. […] C’est un prodigue qui croit briller par des profusions monstrueuses : la magnificence du spectacle, la richesse des habits & des décorations, le Prince Auguste qu’il célebre, lui ont fait une fortune momentanée. […] Peres, ont condamné les spectacles, en fasse les frais, en offre l’hommage à un prince étranger, & pour lui faire honneur, y assiste en habits de cérémonie, comme à une these savante soutenue sur les bancs.

75. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

 » Dans cette même Pièce ; Hancourt est en habit de Théologien ; Alithée ne le croit point ce qu’il paraît ; mais Dameret voudrait lui ôter son soupçon : P. 35. […] Il dit dans un à parte, qu’il doit mesurer son style à son habit ; et en conséquence de cet axiome il prend le langage d’un impertinent et d’un fat. […] Avez-vous pensé à un habit pour Mellifont ? […] Le Chevalier Jean Brute paraît en habit Ecclésiastique,Dans la femme provoquée, p. 45. etc. […] brillent dans le champ de Mars par l’éclat de leurs armes et par la richesse de leurs habits.

76. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Habits & Décorations [L] [L]. Le Théâtre national, ne négligera rien, pour avoir les Habits & les Décorations les plus convenables. […] Quant aux Habits, il est à propos que chaque Acteur ait le sien. […] La convenance dans les habits d’hommes sera règlée par les Directeurs : les Directrices, de leur côté, décideront de la parure des Actrices-Citoyennes ; & jamais une jeune personne ne se montrera sur le Théâtre que sous l’habit & les accompagnemens qu’elles auront approuvés. […] Aussi lorsque je considère l’agrément des voix & du chant, le charme des Danses, la forme des habits, &c. je ne trouve nulle part ce que j’ai nommé l’Actricisme, dangereux comme à l’Opéra.

77. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

On feint les mœurs et les humeurs de toutes sortes de personnes, de toutes conditions, âges, voix, gestes, habits ; des maquereaux, des gardes, des parasites, des jeunes et vieux, des hommes et femmes. […] Qui est-ce donc qui se pourrait tenir assuré contre le danger, parmi celles qui ne parlent pas de choses saintes, mais feintes et vaines, non en habit modeste, mais en un déguisement lubrique, et avec gestes impudiques ? […] Car l’habit convenable à chacun selon son sexe, est requis pour la conservation de la pudicité. […] Ce qui ne se fait pas par les acteurs mercenaires, qui mettent tout dehors sans antidote, et y ajoutent les gestes, les habits, et les charmes de la voix, pour mieux empoisonner les auditeurs. […] Le luxe s’accroît et à mesure que nous diminuons en forces et en moyens, la somptuosité se fait plus grande, en habits, en festins, en banquets, et en toutes superfluités.

78. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] Il est même déjà quelques Religieux, qui pensent que leur habit de pénitence exige qu’ils arborent cette sainte parure. […] L’état de Baigneur, Coëffeur étoit considérable à Rome, comme il l’est en France ; mais il ne le devint que quand les mœurs s’y corrompirent ; à peine connus auparavant, le Luxe les fit sortir de la misere & de l’obscurité, on les appelloit Cinerarius & Cinisto, comme nous l’apprend Varron ; parce qu’ils faisoient chauffer leur fer à friser dans des cendres chaudes, il n’y a pas un siécle que cette lie du peuple a commencé de jouer un rôle, & elle veut aujourd’hui aller de pair avec les Seigneurs ; elle forme un corps nombreux, fait valoir des Privileges, arbore le luxe des habits, & la parure de la tête comme un modele, une poupée vivante qu’elle présente ; le Théatre lui forme un grand crédit, la grande regle du bon goût est la parure d’une Actrice. […] Si être vain & extravagant en habits, se farder le visage, s’entortiller & friser les cheveux, être chargé d’or & d’argent, & de Pierreries, couverts de rubans & de dentelles. […] Tout le théatre n’est lui même qu’une espece de fard, non seulement parce que acteurs, actrices, danseuses, figurantes, & tout ce qui y paroit, est réellement fardé, & même un grand nombre des spectateurs & des spectatrices, jusqu’aux personnages des peintures & des tapisseries ; mais parce que tout l’appareil de la scéne & tout l’art Dramatique n’est que du fard ; geste, déclamation, chant, danse, habit, décoration, tout cela ne fait que farder quelques pensées communes, qu’il fait valoir, & qui dépouillées de tout cet extérieur imposant se réduisent à rien.

79. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Une jeune fille se renferme pour toute sa vie dans un couvent, elle élève entr’elle & le monde une barriere impénétrable, elle renonce à toute sorte de parure, de luxe, de magnificence, ensevelit tous ses charmes sous des habits simples, grossiers & embarrassans, elle cache la moitié de son visage, qu’elle couvre encore d’un voile quand elle parle à des étrangers, & toujours à travers des grilles hérissées. […] Comparez une Actrice avec une Religieuse, & pour mieux sentir le contraste, imaginez une Religieuse sur le théatre au milieu des Actrices, une Actrice dans un chœur de Carmelites au milieu de la Communauté ; comparez cette guimpe, ce bandeau, ce voile, ce scapulaire, cette robe ; avec ce rouge, ces cheveux frisés, ces riches habits, ces parfums, ces pierreries, cette immodestie ; comparez ces yeux baissés, ces regards modestes, ce maintien honnête, ces démarches mesurées, cette voix douce & ferme, avec cette légèreté, ces transports, cette mollesse, ces langueurs, ces regards passionnés, ces yeux perçans, ces tons efféminés, ces attitudes séduisantes ; comparez leurs actions, leurs discours, le chœur où l’on chante les louanges de Dieu, le théatre où l’on célèbre la Déesse d’Amathonte, ces cellules où se pratiquent tant de mortifications, ces coulisses où se prennent tant de libertés, ces parloirs où l’on ne reçoit que des visites de charité ou de bienséance, ces loges où l’on donne des rendez-vous à ses amans, ces discours pieux où l’on ramène tout à Dieu, ces entretiens licencieux qui ne respirent que le plaisir, la débauche, la malignité, ces repas dissolus, ces soupers fins, poussez bien avant dans la nuit, cette vie sobre & frugale, austere même, où la loi du jeûne laisse à peine le nécessaire. […] Elles ont leurs habits marqués, leurs exercices réguliers, leurs chapitres fréquens. […] Leurs yeux se repaissent de luxe, de faste, de magnificence : quoi de plus pompeux que les décorations théates, les habits des Actrices, les ornemens des spectatrices dans les loges ? […] On les suit dans toutes leurs démarches, toilette, jeu, bal, spectacles, visites, compagnies, habits, parure, fard, lettres, portraits, intrigues, passions, &c. elles y sont anatomisées, & toujours ridiculement : aucun de leurs défauts qu’on n’y retrace, laideur, âge, affectation, mollesse, dépenses, fainéantise, emportemens, esprits faux, médisance, malignité, caprices, bizarrerie, infidélité, tout y est représenté ; il n’y a point de comédie où on n’en dise quelque mal, où le mari, le frère, les enfans, les domestiques les voisins, les étrangers, les amans n’en fassent des portraits hideux.

80. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

., soit afin qu’elle ne soient pas confondues avec les personnes de condition par des ornements et des habits si peu assortis à la bassesse de leur métier, et qu’elles affectent plus que d’autres, soit pour arrêter leurs folles dépenses et celles de leurs amants. […] Nous n’entrons pas ici dans le détail des désordres du luxe, ni dans celui des lois somptuaires faites en divers temps sur les habits et les parures, dont on trouve un recueil dans la police de Lamarre (T. […] Ces lois, faites pour tous les états, ont une application naturelle aux Comédiens, soit par rapport à leur état et à leur personne, puisque étant dans la dernière classe, ils n’ont droit à aucune prérogative, et doivent être habillés de la manière la plus simple ; soit par l’abus qu’ils en font et qu’ils en font faire, personne ne porte plus loin les excès du luxe des habits, et par le goût et l’exemple rien n’est plus contagieux dans le public. […] Un de nos Rois, défendant les habits somptueux aux honnêtes femmes, les permit aux femmes publiques, pour les faire distinguer par leurs excès. […] Augustin ni les canons, en débitant cette édifiante morale : « Vitium est immane dare Histrionibus. » Tout cela ne regarde que les présents médiocres d’habits, meubles, bijoux, argent, qui n’ont point de suite ; car toutes les donations, même par testament, faites à des Comédiennes, sont absolument interdites et cassées par les lois, les coutumes et les arrêts.

81. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Il sait que nos paroles sont comme des vêtements, dont nous couvrons nos pensées pour les faire entrer dans l’oreille de celui qui nous écoute : Pour être proprement vêtu, il faut que l’habit soit juste ; c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop court, ni trop long : il en est de même de nos discours ; combien se trouve-t-il de discoureurs qui donnent un habit de géant à un nain ? […] Toute l’année se passa à danser jour et nuit sans aucune relâche, sans boire, sans manger, sans user leurs habits. […] Sanctia prit l’habit de son mari, mais ce fut pour le couvrir du sien, et le tirer de la prison, d’où il ne fût point sorti que pour aller porter sa tête sur un échafaud. […] Le Roi en voulut être : Leur habit était velu, de couleur de cheveux, bien gommé et bien poissé ; après avoir dansé jusqu’à se lasser, comme tout allait à la fin, un de leurs vêtements prit feu. […] NDE carrousel = tournoi où des chevaliers partagés en quadrilles distingués par la diversité des livrées et des habits, se livrent à différents jeux et exercices.

82. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Dans tous les grands Collèges, la Flêche, Toulouse, Lyon, Rouen, etc. on y bâtit des théâtres à demeure, pour y représenter régulièrement tous les ans, on y forme des magasins d'habits. […] Ignace dans ses constitutions, les pièces, toutes en Latin, sur des sujets pieux, sans aucun habit, sans aucun rôle de femme, n'étaient que des exercices littéraires. […] Il est pourtant vrai que cette différence ne consiste que du plus au moins : même pièce, même rôle, mêmes habits, même chant, même danse, mêmes décorations, même spectacle, c'est toujours l'esquisse du tableau, l'essai de la représentation, l'imitation de la réalité, le commencement de l'orage, le prélude de l'acte, le germe de la volupté, l'ébauche de la passion. […] Ils doivent dans le service porter des habits magnifiques, mais être chez eux vêtus fort simplement.

83. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Que diriez-vous, mais que ne dittes vous point tous les jours de ces Ecclesiastiques, qu’on a tant de peine à distinguer des personnes les plus prophanes, qui affectent une propreté si mondaine, des habits si vains, des ajustemens si ridicules, des maniéres si peu seantes à leur êtat ? […] Rouler de quartier en quartier sous un habit de teatre, & avec une impudence de Comediennes, pour être vûës de tous les yeux, & pour voir dans un jour tous les visages d’une ville.

84. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Canons du IVe concile de Carthage, an 398 ; « 2° L’évêque aura sa chambre ; et pour les services les plus secrets, des prêtres de bonne réputation, qui le voient continuellement veiller, prier, étudier l’Ecriture sainte, pour être les témoins et les imitateurs de sa conduite ; ses repas seront modérés, et on y verra des pauvres ; il n’aimera ni les oiseaux, ni les chiens, ni les chevaux, ni les habits précieux, et s’éloignera de tout ce qui tient au faste ; il sera simple et vrai dans tous ses discours, et méditera continuellement l’Ecriture sainte, pour instruire exactement son clergé et prêcher aux peuples selon leur portée. […] Idem., can. 24 ; « 11° Défense aux évêques et aux clercs de loger avec des femmes, de porter des habits séculiers ou de grands cheveux.

85. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Dix-huit ans après on la fit reparoître avec un habit neuf. […] La piece est comme l’Acteur qui en changeant d’habits, joue toute sorte de rôles. […] leurs anciens habits font un contraste risible avec leur état présent. […] La drapperie, la couleur des habits, tout est noir, & vraiment ombres. […] Les Acteurs & les Musiciens sont en grand nombre, & leurs habits fort riches.

86. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Celles qu’on nommait à manteaux, ou à patins ; où le sujet & les Personnages étaient Grecs, aussi-bien que les habits ; l’on s’y servait du manteau ou robe-longue, & des patins, sorte de chaussure grecque. 5. […] Les Acteurs y paraissaient avec l’habit de cérémonie nommé Trabée, & y jouaient des Triomphateurs, des Chevaliers. […] Ce qui se pratiquait aux funérailles des Grands & même des Empereurs, où un Personnage couvert d’habits semblables à ceux du mort, ayant sur le visage un masque qui lui ressemblait parfaitement, précédait le corps, & représentait sans ménagement les actions de sa vie les plus connues, de quelque nature qu’elles fussent, semble donner une idée de ce que l’on pouvait exprimer dans ces Pièces, qui, devraient être fort libres, ou même des Satyres sanglantes & personnelles].

87. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Le parloir, le réfectoir, le dortoir, les cellules se réforment avec les habits, & commencent à bannir les visages maigres & livides, les habits pauvres & grossiers, les pieds ensanglantés, les yeux extatiques des saints fondateurs, pour arborer ces teints frais, ces ris, ces jeux, ces graces, ces yeux brillans, ces images riantes de la dévotion à la mode. […] A quoi sert le peu d’habits qu’elles gardent encore ! […]  3, le mauvais commerce d’un jeune homme avec une fille, à la faveur de son déguisement en habit d’eunuque, ce qui présente les idées les plus sales. […] Point de grotesque, d’histrion ridicule par leurs habits ou leurs masques, de lutteurs, de gladiateurs se battant, s’entrelassant indécemment : Ridiculi vestitu & vultibus histriones. […] Ces filles ayant vu des portraits des Chaldéens avec leurs habits & leurs coëffures galantes, en deviennent amoureuses.

88. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Thalie en habit de deuil, comme veuve de Moliere, & Momus en médecin, viennent, par ordre de Jupiter, découvrir s’il y a sur la terre un nouveau caractère comique, après un siècle, à présenter à Moliere ; voilà un si long veuvage. L’habit de deuil est il bien convenable le jour de son apothéose, où on lui décerne l’immortalité ; cette idée est tout à fait hétéroclite, il y a cent caractères comiques, que Moliere n’a pas traités, & tous les jours il en naît de nouveaux, le ridicule est inépuisable ; n’y eût-il que les entousiastes, ils sont vraiment comiques. […] Ces mesquines minuties jurent avec les appartemens superbes, les habits magnifiques, les domestiques nombreux, les équipages élégans des enfans de Moliere. […] Il y eut plusieurs ballers dans ce goût, au commencement du dernier siécle, on y ajoutoit les habits, les décorations, la simphonie ; c’étoit une dépense énorme, quoique sans goût. […] La mode en est passée, il en reste quelque vestige dans ce qu’on appelle divertissement, qu’on entremêle en entr’acte dans les piéces ; mais il a été défendu par les capitulaires de Charlemagne, sous de très grandes peines, & par les Ordonnances des Rois, d’employer aucun habit ecclésiastique ni réligieux ; ce seroit prophaner les choses saintes, & le jouer de la Réligion.

89. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

De sorte qu’au jugement même de leurs adorateurs, Melpomène et Thalie ne sont que des misérables couvertes de haillons, qui ont un habit pour les jours de fête, en ore n’est-ce qu’un habit d’arlequin, composé de pièces rapportées, où l’on trouve un morceau d’étoffe de prix, quelque joli compartiment, ou quelque couture bien liée. […] Ce goût théâtral influe sur tout, de proche en proche depuis son règne : ameublements, équipages, habits, miniatures, tout s’évanouit en colifichets. […] Les anciens chaussaient le cothurne pour se hausser, prenaient un masque pour renforcer la voix et grossir les traits, déployaient des paniers et une étoffe immense pour agrandir le volume des habits. […] Les gestes sont l’habit des pensées. […] Si ses habits ne sont pas magnifiques, ce qui ne convient pas à tous les états, qu’ils soient du moins propres et décents, et qu’il ne se familiarise pas.

90. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

« Elle se sert pour plaire, de la douceur des vers, de la beauté des expressions, des habits, des gestes, de la voix, des accents, ravit l’esprit et charme les sens. […] Le théâtre, comme tout le reste, doit sans doute, selon le génie des nations ou des siècles, le goût de la Cour ou de la ville, la diversité des modes, la variété des circonstances, le caractère des Auteurs, prendre des tons différents de modération ou de débauche, de différentes nuances de décence ou d’effronterie ; mais ce n’est que changer d’habit, le fond est toujours le même, c’est toujours une troupe de gens sans religion et sans mœurs, qui ne vit que des passions, des faiblesses, de l’oisiveté du public, qu’il entretient par des représentations le plus souvent licencieuses, toujours passionnées, et par conséquent toujours criminelles et dangereuses, et qui enseigne et facilite le vice, le rend agréable, en fournit l’objet, et y fait tomber la plupart des spectateurs. […] Quelle apparence de traiter également un Conseiller rempli de mérite, et un autre qui porte les habits d’un saltimbanque, un Magistrat enfariné à la mode (poudré) ! […] Le premier, sous les habits de Reuchlin, fameux grammairien, maître de Melancthon, porta au milieu de l’assemblée un fagot mal lié composé de branches tortueuses qui ne pouvaient s’arranger ensemble.

91. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Vous, Païens, dit-il, avez aboli les lois les plus sages, dont vos ancêtres étaient scrupuleux observateurs, telles que les lois somptuaires, qui défendaient tous les excès du luxe et de l'intempérance ; celles qui distinguaient les états, en interdisant au peuple les habits des gens de condition, et aux honnêtes femmes les parures des courtisanes ; celles qui prescrivaient aux femmes la modestie et la sobriété, jusqu'à leur défendre de boire du vin, et de porter de l'or sur leurs habits ; en particulier les lois qui proscrivaient le théâtre, et le faisaient partout détruire, comme le corrupteur des bonnes mœurs : « Leges quæ theatra stuprandis moribus orientia destruebant. […]  » Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes,  de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] Il donne sa malédiction à celui qui prend des habits de femmes ; que pensera-t-il d'un Acteur efféminé qui en affecte même les parures, la démarche, la mollesse, et de ceux qui se font crever les yeux, meurtrir le visage à coups de ceste ?

92. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

La couleur ordinaire des habits n’est pas un divertissement comme au théatre, elle est moins opposée à la tristesse que le jeu des Acteurs, qui n’est fait que pour faire rire. Quel spectacle plus ridicule, un parterre, des loges, tout en noir, écoutant des bouffonneries, des pleureuses & des éclats de rire, des crêpes & l’habit d’Arlequin ! […] Le renversement de la fortune fait taire ses louangeurs, le bruit s’achete, le mérite ne s’achete pas ; il en est comme des meubles, des équipages, des repas, des habits ; on s’affuble de gloire comme d’un bel habit. […] Dans le bal un fort incommode désordre est un effet du délire, mais tout cela embelli avec la plus délicate élégance & la plus brillante magnificence, décoration, lustres, bougies innombrables, habits, parures, parfums, rafraichissemens, symphonie.

93. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VII. Des Carozels. » pp. 191-195

Ie veux seulement en profiter, & faire entendre à nos Cavaliers, que la richesse des habits, la fierté des Chevaux, & le nombre des Soûtenans n’eust pas eû tout son éclat, si le sujet & le dessein n’eussent esté accompagnez d’un esprit secret & d’une fine intelligence, tant au choix & à la distribution de ses diverses parties, qu’à l’expression & qu’à la justesse de la representation.

94. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent. […] Ils doivent s’en réjouir comme le sectaire se réjouit de voir souiller et vilipender les attributs distinctifs de la secte qu’il combat, comme les impies et la roture révolutionnaire se sont réjouis il y a vingt-cinq ans de voir des polissons et des animaux courir les rues couverts des ornements du sacerdoce et des décorations de la noblesse, ou comme des criminels condamnés et subissant leur peine se réjouiraient de voir jeter parmi eux des coupables vêtus de l’habit de leurs juges.

95. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

quels sont ces cris diaboliques & ces habits dont l’indécence est l’ouvrage de l’enfer ? Un jeune homme se pare & se frise comme une coquette, & par les regards, les habits, les airs efféminés, s’étudie à paroître une fille, & à démentir son sexe. […] Les paroles, les habits, la parure, la démarche, les gestes, les intrigues, le style des pieces, tout y est plein du poison de l’impureté.

96. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Décorations, paroles, habits, acteurs, tout eût été du goût des Païens. […] La magnificence des habits et des décorations flatte la concupiscence des yeux. […] Cette femme et cette bête prononcent mille blasphèmes, ils sont écrits sur son corps et sur ses habits, le théâtre en retentit perpétuellement.

97. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXIII. Impossibilité de réformer entièrement les spectacles. » pp. 191-194

Les rôles de femmes et les habits de ce sexe y étaient inconnus, et l’usage en était très rare.

98. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Mais Dion parle d’un habit particulier, qui n’était pas un habit de femme. […] Il honora les Comédiens, leur donna des habits de soie, et sans se mettre en peine de l’infamie attachée à leur profession, il en choisit un pour être Préfet du Prétoire. […] Ceux qui avaient travaillé aux décorations, les Lutteurs, les Histrions, et les Musiciens eurent en présent de l’or et de l’argent, et des habits de soie. […] , et fondé sur saint Thomas, ou plutôt sur la loi du Deutéronome, qui défend si expressément de prendre les habits d’un autre sexe. […] On représentait les unes et les autres avec les habits que portait chaque nation.

99. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Des habits différens, quelques circonstances différentes varient la scene. […] Au reste ces morceaux d’étoffe ne sont pas sans agrémens, ils n’auroient point déparé l’habit où on vouloit les coudre. […] L’on change de nom & d’habit, tout est Comte, Marquis ou Baron, & ne dit que les mêmes choses. […] Il a également travaillé pour de l’argent dans le sacré & dans le prophane, passant de l’Orchestre à l’Eglise, & de l’Eglise à l’Orchestre, comme un Tailleur qui du même ciseau coupe les habits du théatre & un ornement Sacerdotal ; & ayant le même succès dans l’un & dans l’autre, il inspire tout-à-tout l’amour & la devotion.

100. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Il n’est pas moins semblable à lui-même en morale qu’en dénouement ; il ne fait que se répeter en d’autres termes & sous d’autres habits, & par-tout la sainteté du mariage est sacrifiée à ses bouffonneries. […] La charité du vieux Tobie, son démêlé avec sa femme, sa guérison miraculeuse, l’apparition de Raphaël sous l’habit d’un voyageur, & à la fin la reconnoissance, le départ, le retour, le mariage du jeune Tobie, l’entrevûe de Gabelus, le repas des noces, l’entrée de la jeune épouse à la maison de son mari, la conversation avec une belle-mère, &c. auroient fourni bien des scènes intéressantes. […] Abandonner sa maison à des domestiques, livrer sa famille à des nourrices ou des gouvernantes, ou plûtôt être sans enfans, car ils sont à charge, on crir le bal & les spectacles, passer la nuit en parties de plaisir, le jour au lit ou à la toilette, faire grand’chère, jouer gros jeu, toûjours belle compagnie & quelque amant, porter les plus riches habits, avoir un appartement différent du mari, s’embarrasser fort peu de lui, le connoître à peine, traiter avec mépris son beaupère & sa belle-mère, en vivre séparé, &c. voilà le bon ton, la belle morale, la noble conduite du théatre. […] Plagiaires éternels les uns des autres, & d’eux-mêmes, les pieces, les rôles, les scènes, sont comme les Acteurs, qui ne font que changer de noms ou d’habits, se placer à droit ou à gauche, sur-tout pour le mariage, qui est le fond de toutes les comédies.

101. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Les plus augustes cérémonies, les habits sacerdotaux les plus riches, les décorations les plus pompeuses annoncent la grandeur des Déesses qu'on y adore. […] L'orgueil brille, dit-on, sur vos pompeux habits. […] En parlant de son habit, et de son état, cet Abbé dit avec la plus insolente indécence : « Cet habit-là, Madame, et rien, c'est à peu près la même chose ; on le prend pour tromper les yeux.

102. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

C’est un Tailleur qui ne fait point d’habit neuf, mais qui ramasse de pieces d’étoffe qu’il a l’adresse de bien coudre, & de couvrir toutes les coutures d’un joli galon. […] Tout y paroît sous des habits étrangers. […] c’est-à-dire, à la Princesse, dont le nom change avec l’habit. […] Corneille n’étoit ni noble ni riche, homme d’ailleurs très-simple en tout, dans son langage, ses manieres, ses meubles, ses habits, sa table. […] Statues, médailles, tableaux, bas reliefs, inscriptions, livres, meubles, habits, armes, outils, ustencilles, provisions, des cadavres entiers dessechés, &c.

103. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

C’est une Princesse qu’on dépouille de ses habits royaux pour la couvris de haillons. […] On trouve de la galanterie sous un habit dévot. […] Il a trouvé encore cette galanterie qui le charme sous l’habit dévot des femmes mahométanes d’Afrique. […] Il est des assemblées où chacun prend l’habit de quelque nation. En Danemarck on fait les même jeux, que Regnard appelle Viscor : mais chacun prend l’habit de quelque métier ; le Roi de Danemarck y parut en charbonnier.

104. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

200 Article sept, Habits & Décorations. […] 420 La convenance des Habits fait le sujet de la Note [L].

105. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Rien ; sinon tout l’appareil de la Comédie, c’est-a-dire, les Acteurs, les Sujets, les habits, les postures, bref tout le reste de ce honteux attirail. […] C’est que si l’on en ôtait tout cet appareil odieux que nous avons dit, que les Joueurs et Joueuses y parussent en leur habits ordinaires, le Théâtre sans ce qu’ils nomment décoration, Il ne se pourrait rien voir de plus inepte et risible, ni de plus sottes gens que ceux-là.

106. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Les habits que mon époux me donnera, je les recevrai avec reconnoissance, m’en parerai pour lui plaire, & quels qu’ils soient je m’en contenterai. […] Toutes les personnes distinguées de la cour & de la ville y étoient en habits de différens caracteres, analogues aux personnages qu’elles devoient représenter. […] Ces bizarres réjouissances, le mêlange absurde du tribunal & des tréteaux, sont comme si on donnoit un combat de taureaux dans une fête turque, des habits chinois, des turbans, la coëffure des plumes des sauvages dans une fête italienne. […] Dans un moment d’ivresse, il voulut la faire peindre sans habit par le fameux Apelles. […] Il ne manque ici que de faire dépouiller les actrices : mais il n’en est gueres besoin, l’immodestie de leurs habits, la licence de leurs gestes, de leurs mouvemens, de leurs œillades, favorisent le vice autant & peut-être plus que la nudité des actrices romaines.

107. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Punctum Unicum. » pp. 5-6

Et le prophète Amos : Malheur à vous qui cherchez les viandes exquises et délicates, les vins délicieux ou les chansons mondaines, la pompe des habits et les démarches étudiées et fastueuses5 !

108. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Il a dansé, chanté, représenté des comédies ; son plus grand plaisir a été de jouer le rôle d’un infâme baladin, de remporter une couronne d’acheb chez les Grecs, de se livrer aux regards de l’amphithéâtre : « Gaudentis fœdo peregrina ad pulpita saltu, prostitui Graiœque apium meruisse coronæ. » Allez donc, illustre Héros, arborer vos glorieux trophées, mettez vos couronnes aux pieds de la statue de votre père Domitien, le masque et l’habit d’Acteur que vous portiez quand vous faisiez le personnage d’Antigone et de Thyeste, et suspendez votre luth à la statue colossale que vous vous êtes fait élever : « Ante pedes Domiti longum tu pone Thyestæ syrma, et de marmoreo citharam suspende colosso. » Voudrait-on vous excuser par l’exemple d’Oreste, qui tua sa mère ? Du moins Oreste ne s’est pas oublié jusqu’à monter sur la scène : « In scena nunquam cantavit Orestes. » Quand Néron fit mettre le feu à Rome, il prit son habit de Comédien, monta sur la haute tour de Mécène, pour mieux voir ce qu’il appelait un bel embrasement, une vive image de l’incendie de Troie ; et pour mieux représenter le premier rôle qu’il jouait dans cette affreuse tragédie, il chanta un poème qu’il avait composé sur la prise de Troie. […] Jourdain, un maître à danser, à chanter, les bretteurs, les grammairiens ; et la chute d’un Marquis qui redevient maître Jacques, et qui comme lui ne fait que changer d’habit, pour être tantôt valet, tantôt Prince, ne le céderait pas au Mufti.

109. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Personne ne fut admis : & dès que j’eus quitté mes habits de Représentation, nous nous échapames : un carosse de place, dans lequel Agathe m’attendait, nous remit chez Mle *** ; d’où je me rendis chez moi sur-le-champ. […] Dès que son Rôle fut achevé, elle se débarrasse de ses habits de Théâtre (qui étaient ceux de la ***) s’échappe adroitement, & se hâte de se rendre chez son mari, qu’elle avait démêlé parmi les Spectateurs.

110. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Je sais bien que si les vrais et faux dévots paraissent ensemble, que s’ils avaient un même habit et un même collet et qu’ils ne parlassent point, on aurait raison de dire qu’ils se ressemblent ; c’est là justement où ils ont une même apparence. Mais on ne juge pas des hommes par leur habit, ni même par leurs discours ; il faut voir leurs actions, et ces deux personnes auront à peine commencé d’agir que l’on dira d’abord : « Voilà un véritable dévot.

111. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Il leur donna un masque et des habits décents. […] Héliogabale alla jusqu’à les honorer, et leur donna des habits de soie ; il en choisit même un pour être préfet du prétoire.

112. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte.

113. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

défendu en la loi, que les hommes ne vêtent point les habits de femme, et que ceux qui le font sont maudits : c’est bien plus grand crime, de non seulement prendre et vêtir les accoutrements des femmes, mais aussi avec ceb, représenter et exprimer les gestes déshonnêtes, et efféminés des femmes, selon que cet art impudique l’enseigne.

114. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Mais l’impudicité règne dans leurs Ouvrages, quoi qu’elle y paraisse sous les habits de la vertu.

115. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Son mari l’emportoit sur tous les ambassadeurs par les équipages, la table, les habits, les ameublemens : mais tout cela n’étoit pas le Duc de la Rochefoucault, l’homme de son temps le plus spirituel & le plus aimable. […] Peu après la Reine, avec affectation, va faire ses dévotions aux Carmélites, où la Duchesse vouloit prendre l’habit, pour lui reprocher son changement. […] Qu’ils sont sont petits les plus grands acteurs, quand ils rentrent dans les coulisses, & qu’ils dépouillent les habits de théatre ! […] Toute la grande affaire de la Fronde n’étoit dans le fonds qu’une guerre de femmes : les hommes qui y figuroient n’en différoient gueres que par l’habit. […] La ville de Bourges, pour se signaler, monta sur le théatre en habit d’Arlequin.

116. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

En effet, les Masques, dont les Latins se servaient sur le Théâtre pour grossir les têtes à proportion de la figure que l’on grandissait aussi, et les desseins de ces mêmes Masques qui nous restent dans les manuscrits de Térence, nous font assez connaître que c’étaient des hommes qui faisaient le personnage des femmes et qui en portaient les habits.

117. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PLAN. DU THEATRE. et autres Règlements, Qui sont la suite de ce qu’on a déjà vu, page 106 de l’Ouvrage. » pp. 329-337

.… d’un autre côté la Ville achetera le fonds de l’ancien Théâtre, et des deniers de la Caisse on payera les habits des particuliers, étant juste que tout ce qu’on achetera de l’ancienne Troupe soit payé argent comptant : d’autant plus que les Comédiens qui se retireront, de même que ceux qui prendront leur place, n’en auront plus besoin et trouveront dans le nouveau Magasin tout ce qui leur sera nécessaire.

118. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c. […] Il lui donna des habits de peau, dont il est vrai-semblable que les Patriarches ont conservé & transmis la forme au peuple Juif. […] Dieu ne lui donna pas des habits dans l’état d’innocence : les passions soumises ne faisoient courir aucun risque ; le péché faisant naître les dangers, força d’élever la barrière de la modestie. […] On défendoit aux anciens athlètes de porter des habits, pour éviter toute supercherie, & ne rien laisser qu’à la vigueur & à l’adresse : l’artifice & le grand avantage des nouveaux athletes est de s’en dépouiller, contre toutes les loix qui le leur défendent.

119. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

La Parodie-Dramatique, ordinairement faite sur une Pièce entière, peut réunir toutes ces espèces de Parodie, auxquelles elle en ajoute une nouvelle, la Parodie des Habits ; telle que celle dont ont fait usage Aristophane & Molière, en habillant leurs Acteurs comme la personne qu’ils voulaient jouer.

120. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Il me semble voir le Sénat des femmes établi par Héliogabale pour juger des modes, des habits des coëffures, du fard, de la beauté des femmes ; car ici les actrices sont assises sur les fleurs de Lys, ce ne sont pas les moins fiéres, les moins tranchantes. […] C’est l’habit qui pare l’homme, il est vrai, qui en impose, qui dans un monde frivole en fait tout le prix ; mais qui n’ôte, ni ne donne aucun mérite.

121. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Les Corses se donnent le spectacle guerrier d’une bataille simulée, qui leur rappelle les exploits de leurs ancetres, fort exposés aux incursions des Sarrasins, dans une grande pleine où des rentes dressées offrent la vue de deux camps ; on voit des troupes en bataille, d’un côté en habit de Turc, & de l’autre en habit du Pays. […] Au bout de la table, à droite, le Temple des Arts & de la Guerre, (deux choses qu’on n’a jamais fait aller de pair) couronné par Minerve, en habit guerrier ; le bouclier passé dans le bras, position ridicule, qui suppose un bouclier percé, dans lequel on passe le bras, (c’est peut être une méprise du confisseur) ayant à ses pieds des instrumens de Mathématique, de Musique &c. autre ridicule.

122. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Sans doute les Pénitens, Directeurs de l’opéra, en sac & en corde (c’est leur habit d’ordonnance), présideront & figureront à l’orchestre, aux machines, au théatre, aux coulisses, aux foyers, pour inspirer l’esprit de pénitence qui les anime, & par leur décoration religieuse feront de l’opéra une œuvre de dévotion que quelque mauvais plaisant traitera de farce. […] Le récipiendaire s’avance humblement vers lui, se met à genoux, & lui demande le saint habit ; il prononce une formule de consécration à la pénitence, endosse le sac, & même, selon les statuts dressés par le Roi Henri III, qui étoit Pénitent, ils doivent prendre la discipline, ce qui aujourd’hui ne s’observe plus. […] Ce qu’on vient de rapporter suffit pour faire sentir combien l’esprit du théatre corrompt les choses les plus saintes, porte l’irréligion & le vice jusque dans le sanctuaire ; dégrade les Ministres qui en prennent le goût, fait mépriser les mysteres, les cérémonies, les exercices pieux, les images, les habits, les lieux, les livres saints, tout ce qui tient au christianisme, dont il est le renversement, & en abuse, pour les tourner contre la religion & la vertu.

123. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

La seconde, estoit de les tenir sous les Armes long-temps, soit en Hyver soit en Esté, pour rompre leur delicatesse, & pour les accoustumer au froid, au chaud, au poids, & l’embaras de leur habit Militaire.

124. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

Il semble qu’il suivrait de là que ce sont les murs et les loges du Théâtre public, les décorations, les habits des Comédiens, les Symphonistes, etc. qui attirent la censure des personnes graves que nous entendons déclamer tous les jours contre les Spectacles, et qu’elles ne condamnent pas la représentation en elle-même, ni la nature des Pièces que l’on représente ; ce qui serait absurde et insoutenable.

125. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Personne encore ne les a apperçus ; mais on le prouve par ce grave dicton qu’on a mis sur le portail : Castigat ridendo mores, que le fameux Arlequin Dominique obtint d’une autre espece d’Arlequin, le fameux Santeuil par une foule d’arlequinades qu’il alla faire avec son habit & son masque, dans la cellule du Poëte Victorin, comme on le voit dans le Santoliana que Dominique fit prendre pour enseigne à sa troupe. […] Rousseau dans la Préface où il prétend excuser ses obscenes Epigrammes, dit avec raison : Les contes de la Fontaine tous licentieux qu’ils sont, sont incomparablement moins dangereux que les Eneïdes d’Ovide, & les Opéras de Quinaut, qui n’ont pourtant rien de licencieux, ni même d’équivoque ; mais, dit-on, ce ne sont pas ses propres sentiments qu’exprime l’actrice, ses propres foiblesses qu’elle détaille, ce sont ceux du personnage qu’elle joue ; qu’importe l’habit dont elle est couverte, le nom qu’on lui donne, est-ce moins l’objet du vice ? […] Ce n’étoit qu’or & argent, riches habits, pierres précieuses ; on ne pouvoit rien ajouter à la magnificence, dit Josephe, qui en fait la détail. […] Le second jour Herode Agrippa vint de bon matin se montrer sur le théatre avec un habit magnifique, dont le fonds étoit d’argent, & travaillé avec tant d’art, que lorsque le soleil levant le frappa de ses rayons, il éclata d’une si vive lumiere, qu’on en étoit ébloui.

126. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

La compagnie n’y étoit pas nombreuse, à la vérité, & il n’y avoit point de masque, Adam & Eve n’avoient pas même d’habits ; mais la beauté du lieu devoit rendre la salle fort agréable. […] Il a fait mettre à la tête du chapitre une estampe qui représente l’enfer ; on y voit une troupe de personnes des deux sexes, dont le feu a brûlé les habits : elles se tiennent par la main, & dansent & sautent en rond au milieu des flammes, ayant un diable à la tête qui mene la danse, & bat la mesure à grands coups de fouet sur les danseurs, tandis que deux autres diables jouent du violon. […] On a pu y mêler des gestes de toute espèce, & s’en servir pour caractériser certaines personnes, un paysan, un arlequin, une furie, &c. on y a joint des habits appropriés à leur caractère. […] Le théatre a fait de la danse un art véritable & fort étendu, de grands maîtres, d’habiles élèves, des plans réguliers, un système suivi, une vraie académie, une science profonde ; tout y est choisi, préparé, combiné, symmétrisé ; uniformité de parures, assortimens de décorations & d’habit, égalité de tailles, ressemblance de traits, harmonie & cadence, symmétrie des pas & des figures, dextérité, légèreté, souplesse, force, tendresse, tous les agrémens imaginables, par conséquent tous les traits de la séduction ; tout y peint la volupté, met la passion en action, & y fait naître un vif intérêt, sur-tout lorsqu’adroitement combinée avec la piece représentée, elle fait avec elle un vrai tableau, naît-des événemens, les prépare ou les accompagne, comme l’a fait souvent le voluptueux Quinaut dans ses opéra, & que tâchent de faire ceux qui le suivent, car l’opéra est le vrai trône de la danse, le trône des danseuses, des figurantes.

127. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Agitée de toutes les passions à la fois, elle se détermine tout à coup à prendre aussi l'habit religieux, pour vivre auprès de lui, l'enlever à son état, « et oser être d'un Dieu l'orgueilleuse rivale ». […] Je ne parle pas des défenses faites depuis les premiers Empereurs Chrétiens, et cent fois renouvelées par les ordonnances de nos Rois et les arrêts des Parlements, de jamais porter des habits ou introduire sur le théâtre des rôles ecclésiastiques ou religieux : le respect pour les lois et la religion est inconnu au théâtre. Je dis que la pièce elle-même est pleine d'une morale impie, d'un esprit hérétique, de passions honteuses, dans la bouche et sous les habits des Religieux les plus austères, pour faire mépriser leur état et leur vie austère. […] Dans une estampe de l'héroïde on voit Adelaïde maîtresse du Comte, tenant et baisant le portrait de son amant, qu'elle avait conservé sous son habit religieux, comme dans la tragédie le Comte a conservé celui d'Adelaïde, et le baise.

128. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Et si le Père veut nous convaincre de son religieux sentiment, ne doit-il pas nous prouver qu’il n’y a pas moins de justice et d’innocence dans nos Comédies, que de crime et d’injustice dans les dépenses excessives qu’on fait en bâtiments, en peintures, en meubles, en habits, en repas, ou du moins qu’il n’y a ni plus ni moins à la Comédie que dans un repas modéré. […] Il nous fera voir que cette femme qui donne quatre Louis pour une loge, et pour entendre des « fadaises » durant trois heures, ne fait pas trop de dépense ; que le pauvre sans pain, sans toit, et sans habit n’a rien à dire là ; qu’enfin le temps et l’argent de cette femme sont également bien employés : il y joindra même si l’on veut de quoi rassurer les consciences sur le jeu, le luxe, et la bonne chair. […] Il compare nos Spectacles avec des festins qui se font pour satisfaire à certains usages, et par une sorte de bienséance, avec des meubles et des habits proportionnés au rang et à la dignité, avec les jeux de dés et de cartes, qui à la vérité sont un peu décriés ; mais pourtant où l’on ne peut trouver à redire, quand le désir du gain et ce qui l’accompagne n’y règne pas. […] Qu’un homme quitte l’habit de Prêtre, ou de Religieux pour prendre celui d’un Bateleur ; et représenter, en mascarade un Saint qui est dans la gloire, cela n’est que ridicule ; mais que des âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ, destinées à la mortification et à la pénitence enfantent un attirail propre à corrompre les cœurs, et s’arment, pour ainsi dire, contre la Croix et l’Esprit de Jésus-Christ, c’est l’excès de l’abomination.

129. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

.° un triomphe en forme comme ceux des anciens Romains ; elle fit faire un char magnifique couvert d’or & de pierreries, sur lequel elle monta, tout e Parlement, tous les Officiers de la Cour ; tous les corps de Londres à cheval formoient autour d’elle une brillante & nombreuse cavalcade ; toutes les rues étoient illuminées, tapissées, ornées de tableaux ; jonchées de fleurs, remplies de bourgeois rangés en haie ; d’espace en espace, on avoit érigé des arcs de triomphe sous lesquels elle passoit ; tous les corps de métiers habillés à neuf, & chacun dans son uniforme portoient les drapeaux pris sur l’ennemi ; la Reine sur son char entra dans la ville, & parcourut les principales rues avec tout ce cortège ; les étendards, les pavillons Espagnols voltigeoient autour d’elle, elle semble être au milieu d’une armée ; les rues retentissent des acclamations du peuple & du bruit de l’artillerie, & enfin elle arrive à l’Église de Saint Paul, où l’Evêque revêtu des habits pontificaux, la reçoit avec son Clergé ; un Prédicateur fait son éloge, & le Te Deum est chanté pour remercier Dieu de la victoire. […] Elle étoit alors habillée de blanc, en habit de théatre, fort découverte à son ordinaire. […] Charles IX fut payé de retour par une autre comédie dans le même goût après sa mort, Elisabeth lui fit faire à Londres de superbes sunérailles, à la mode Anglicane, auxquelles fut invité l’Ambassadeur Catholique de France ; on tapissa de noir la grande Eglise de Saint Paul, on dressa au milieu un magnifique cataphalque environné des armes de France, & surmonté de la statue du Roi défum ; Elisabeth s’y rendit à pied en habit de deuil traînant, précédée de quatorze Evêques & de soixante Seigneurs qui conduisoient chacun galamment une Dame par la main ; c’étoit le plus beau & le plus dévot de la procession, le cérémonial Romain n’est pas si dévot ; la Reine demeura à toute la cérémonie, & à l’oraison funèbre, & portale deuil pendant trois mois, rien ne l’y obligeoit, & tout devoit l’en détourner. […] Le massacre de la Saint Barthelemi, dont en bonne Protestante, elle devoit avoir horreur, étoit tout recent, mais c’étoit une occasion d’étaler du faste, & de montrer sa beauté sous un habit de deuil qui lui étoit favorable ; le théatre change de décoration, c’est une pièce nouvelle, où elle joue le plus beau rôle. […] Quand la Reine eut passé soixante ans, son esprit baissa sensiblement, fatiguée de tant d’affaires dans un si long règne, elle ne pensoit plus à rien, ne se mêloit de rien, étoit lasse de tout, mais son faste & sa vanité ne la quittèrent jamais, toujours pompeusement habillée, & soigneusement parée comme dans sa jeunesse ; sa toilette la suivit au tombeau ; on se moquoit d’elle, elle ressemble au Paon , disoit-on, dont la chair devient dure dans la vieillesse, mais qui n’est pas moins amoureux de ses plumes, quoique son esprit s’affoiblisse, son corps est toujours vigoureux ; elle en a grand besoin pour soutenir le poids de ses riches habits dont une autre seroit accablée .

130. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Il n’y avoit pas une honnête femme, mais toutes les plus jolies filles de la ville ; le théatre bien éclairé & décoré, les habits galans, l’orchestre excellente. […] Cette idée s’étendra, on la portera sur des tabatieres, des pommes de canne, des boutons d’habit, des éventails. […] Habits, décorations, machines, tout y est neuf : il n’y a que les Actrices qui ne le sont pas entierement.

131. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Les comédiens, pour marquer leur reconnoissance & leur regret par un trait de leur métier, formerent le convoi depuis le palais jusqu’au tombeau ; &, dans tout le chemin, ils jouerent réellement la comédie, en représentant toutes ses actions, en vrais pantomimes, contrefaisant sa voix, copiant ses manieres, imitant son style, couvert de l’habit impérial, comme Moliere joua Georges Dandin & Pourceaugnac avec leur habit.

132. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

On y voit une Veuve si sage et si réservée quitter ses modestes habits, ajouter à sa beauté naturelle tout ce que l’artifice et l’orgueil mondain peut inventer de pompeux et de charmant pour surprendre et pour séduire, aller au Camp des ennemis avec cet équipage, exposer sa vertu à la brutalité d’un vainqueur barbare, l’attendrir par le langage le plus engageant, et le plus flatteur.

133. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Lactance Firmien y condamne le changement d'habits d'un sexe à l'autre : il nous avertit aussi que le sens de l'ouïe nous est donné pour entendre les enseignements de Dieu, et pour ouïr chanter ses louanges.

134. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Mais le Maréchal Poninski, qui s’est prodigieusement enrichi dans les troubles dont-il est un des principaux auteurs, y a paru avec le plus grand éclat ; ses habits, ses équipages effaçoient par leur magnificence tout ce qu’on voit de plus somptueux. […] A ce coup de théatre tout charge si bien & si subitement, qu’ils sont chassés de leurs maisons, quoique peuplées de bons sujets, qu’on vend leurs effets, qu’on prend l’argenterie de leur églises, sans leur donner ni cabanes, ni habits, ni pension, à cinq ou six près accueillis dans leurs familles. […] On prétend que cette fête a coûté plus de cent mille livres au Milord : il y avoit des habits qui coûtoient plus de deux mille livres.

135. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Il est vrai que dans ce siecle le goût du spectacle est extrême ; non-seulement on y mène les jeunes gens, mais on les forme dès l’enfance à la déclamation théatrale, comme faisant partie de la bonne éducation, on joue des pieces dans les Collèges, les Séminaires, les Couvents, chez les Seigneurs, chez les Bourgeois, & par une inconséquence de conduite incroyable les mères les plus sévères, qui ne vont ni ne laissent aller leurs filles à la comédie, y assistent & leur laissent voir représenter sur les théatres de société les pieces de Moliere, & même des parades plus licentieuses que la comédie publique, comme si c’étoient les murs, les décorations, les habits, qui méritent leur censure, non les pieces où se trouve le plus grand danger, & qui ont le plus besoin de réforme, pour en faire un divertissement innocent & même instructif. […] Le public doit fournir les fonds nécessaires à ces dépenses, & acheter les habits & décorations jusqu’à ce que la caisse de la recette puisse y pourvoir. […] La forme extérieure, la grandeur, la magnificence des bâtimens, l’appareil, la richesse des décorations & des habits sont différens.

136. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

On l’a bien peint en habits d’Auguste Empereur Romain, donnant des loix au monde, couronné de laurier avec les attributs de souverain Pontife, & une pompeuse inscription. […] Les habits plus lestes, plus élégans, embarrassent moins, & plaisent davantage. […] Comme l’habit de Soldat, plus il est aisé & commode, plus il court lestement à l’ennemi.

137. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Ce n’était pas du moins dans les habits des Actrices : était-ce bien dans leurs mœurs ? […] Gaudron, fort surpris de cet accès de dévotion, et fort embarrassé de l’exécution de son entreprise, demanda que le dévot Ramponeau fût du moins condamné à lui payer le dédit de cent pistoles, et des dommages et intérêts pour les frais faits en décorations, habits, impressions d’affiches, estampes (car on avait fait graver le grand Ramponeau couronné de lierre). […] Les Princes leurs prédécesseurs avaient accoutumé de faire des présents à ces gens-là, et de leur donner leurs vieux habits (quels présents !)

138. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

La dépense en décoration, habits, rafraîchissement, fut énorme. C'est sans doute une exagération d'amateur enthousiaste (pag.  170.) : « On peut juger si ce spectacle devait avoir de l'éclat, par l'estimation des plus experts Joaillersu qui avaient attaché les diamants sur les habits ; leur valeur ne pouvait aller au-dessous de dix millions. […] Une nouvelle ridicule, une réflexion bizarre, un mot, un geste, un habit, une parure en rompt le fil et tourne ailleurs tous les esprits.

139. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Il leur donna un masque & des habits décens ; il leur fit porter une chaussure haute, appellée cothurne. […] Il y avoit à Rome deux especes de Tragédies ; l’une dont les mœurs, les personnages & les habits étoient Grecs ; elle se nommoit palliata : l’autre, dont les personnages étoient Romains ; elle s’appelloit prætextata, du nom de l’habit que portoient à Rome les personnes de condition. […] La Comédie Romaine se divisoit aussi en deux especes ; la Comédie Grecque ou palliata, & la Comédie Romaine ou togata ; parce qu’on s’y servoit de l’habit de simple Citoyen. […] « Les Fondateurs d’Ordres Religieux, dit-il, n’eurent que de bonnes intentions, en formant les divers Instituts qu’on trouve dans le sein de l’Eglise ; & il n’y eut pas jusqu’aux habits qu’ils donnerent à leurs disciples, & que le monde juge bizarres, qui ne prouvent leur sagesse & leur piété. […] Villani rapporte que le Dante qui mourut au commencement du quatorzieme siecle, fut enterré magnifiquement en habit de Poëte39.

140. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Ce ne seront ni leurs villes détruites, ni leurs campagnes ravagées, ni la muraille de séparation élevée à grands frais, qui les contiendront ; il faut les rendre voluptueux pour les rendre dociles : « Ut homines rudes et belle faciles per voluptate assuescerent. » Il leur fit prendre de beaux habits, faire de grands repas, construire de belles maisons, des bains, des portiques, et les prit par les amorces du vice : « Paulatim discessum ad delinimenta vitiorum, porticus, balnea, conviviorum elegantiam. » Ils sont à nous, et ne peuvent plus nous résister ; aveugles, ils prennent pour humanité, ils traitent de politesse ce qui fait leur servitude. […] On dirait, à vous entendre, que l’élégance des habits, la délicatesse des repas, la somptuosité des bâtiments et des meubles, le faste et l’étalage d’un nombreux domestique, nuisent au bien du service, altèrent la discipline militaire, et détruisent le guerrier.

141. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

La Comédie représentée est encore accompagnée de la pompe du Théâtre, de la vue des Comédiens, de la magnificence des habits, des danses, des instruments de musique ; ce qui la rend aussi dissemblable de la lecture, qu’un corps vivant est différent d’un corps mort qui a des yeux sans feu, des pieds sans mouvement, des membres sans action. […] » Le Comédien ne doit jamais exprimer la tendresse d’un amant, ni par paroles ni par gestes, non pas même pour faire voir le sort infortuné de l’impureté ; le moindre haleine se communique, les esprits dissipés n’entendent pas en sûreté l’histoire des passions d’autrui : qu’aucune femme ne monte sur le Théâtre, que son habit même n’y paraisse pas.

142. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Est-ce la pompe et la magnificence des habits ? […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.

143. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits  » ; Item l. 5. eod. tit.

144. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

Tous sont renfermés dans celui du mois de Janvier 1560. aux Etats d’Orléans ; il fait défenses à tous Joueurs de farces, « Bateleurs, et autres semblables gens, de jouer les jours de Dimanches et de Fêtes, aux heures du Service divin ; de se vêtir d’habits Ecclésiastiques, et de jouer des choses dissolues, ou de mauvais exemple ; à peine de prison, et de punition corporelle : il fait aussi défenses à tous Juges de leur donner permission de jouer que sous ces conditions. » Ces mêmes défenses furent réitérées par Arrêt du Parlement du 15.

145. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Parlant du purgatoire, le brevet du Général des Cordeliers, dit-il, qui permet de se faire enterrer en habit de Cordelier, n’est pas une simple politesse, si S. François fait régulierement chaque année une descente en purgatoire, pour en tirer les ames de ceux qui sont morts dans l’habit de son ordre. […] Ce fougueux Pontife fut joué aux halles de Paris sous le nom de Prince des sots, accompagné de la mère sotte, qui se faisoit passer pour l’Eglise ; elle avoit la thiare en tête & étoit revêtue d’habits pontificaux. […] Tous ces Ouvriers, tous ces Marchands sont dans le même cas, chacun cherche à faire valoir son commerce, & l’on peut abuser de tout ; du Serrurier, on fait de fausses clefs ; du Tailleur, on fait des habits immodestes ; du Peintre & du Sculpteur, on fait des statues & des tableaux très-indécens.

146. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Je suis avec un très profond respect Ab annis decem aut duodecim Latinum mihi in Comœdiam scriptum excidit, in quo, prævio non habit rei, de qua agerem, maturo examine, juvenilis animi levitate elatus, ab illius vindicandæ partibus stabam, quo eam more Parisiis haberi mihi finxeram, cum nulli unquam adfuissem, et ex aliorum relatione nonnunquam auditâ illius mihi in mentem effigiem induxissem puriorem.

147. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Sa conversation étoit gaie & amusante, mais bientôt elle tomboit dans l’extravagance : il jettoit sa perruque, quittoit ses habits, se mettoit presque nud au milieu de la plus grande compagnie, & continuoit à parler en insensé. […] Je l’ai vu déguisé en fripier : il avoit pris dans la rue des Fripiers une boutique pleine de vieux habits dont il avoit paré le devant, & se tenoit assis sur la porte, avec un tablier devant lui, comme pour attendre les acheteurs : il y fut attrapé. Un officier faisant semblant de ne pas le connoître, essaya & marchanda un habit, s’enfuit & le lui emporta. […] Dumont, on dépouilla ces princes, ces princesses de leur riches habits, que l’on vendit Brioché s’en alla ouvré comme lui, & s’en vengea bientôt. […] Il est pris dans les contes de Lafontaine, qui a tout puisé dans Bocace, Rabelais, Arioste, source bourbeuse qui n’exhale que la corruption, & dont la vertu n’ose remuer le limon insect, Tous ces poëtes ne font que donner un habit neuf aux vices.

148. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Les acteurs, il est vrai, se cottisoient pour les fraix des habits, des décorations, des rafraichissemens, faisoient quelquefois, par reconnoissance, quelque présent au Régent qui avoit composé, dirigé, exercé. […] Les calendriers ne different pas moins ; ici un Saint, ailleurs un autre, le Diocèse étoit un Echiquier où chaque Paroisse faisoit sa case différente. l’habit d’arlequin n’est pas plus bisarrement découpé : telle est l’Eglise de France, les Diocèses sont entr’eux comme les Paroisses du Querci. […] Dans la petite ville de Figeac, où se trouve une riche Abbaye, un Chapitre fort pauvre, & un petit Sénéchal ; on s’est avisé de dresser un théatre de société, dont cinq ou six Dames, autant de Chanoines & autant de Magistrats, qui font à peu près toute la Ville, ont fait les honneurs, & joué quelque rôle ; entr’autres le Procureur du Roi, premier acteur, a donné ses conclusions sur la scéne, en habit d’arlequin ; on auroit bien souhaité jouer quelque piéce de Sophocle ou d’Aristophane, ce théatre se seroit rendu célebre par un air d’érudition, & on auroit fait honneur aux Lascaris pour qui on y a beaucoup de vénération, ce fameux savant, qui, lors de la prise de Constantinoble par Mahomet, apporta en Occident, parmi bien d’autres, les manuscrits Grecs de ces poëtes ; cette fête a duré trois ouquatre mois, à la grande satisfaction des graces qui y ont étalé le chef-d’œuvre de la toilette ; mais hélas, il s’y est mêlé du tragique, dont le funeste dénoument a dispersé les acteurs, & interrompu le spectacle !

149. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Une fille d’une famille honnête ayant passé la nuit chez le Comte, attendoit le matin pour s’en retourner sans être connue, lorsque la maison fut investie pendant le siège qu’il soutint, ayant des affaires plus pressées que la sortie de sa maitresse ; il la confia à son valet-de-chambre, qui crut ne pouvoir mieux la faire évader que de la déguiser en homme, lui donner un habit de son maître & la descendre avec une corde dans un jardin voisin. Les assiégeans, qui la virent descendre, reconnurent l’habit du Comte. […] Le jour pris pour la fête, l’auteur envoya à Aurore un habit d’une richesse immense (ce sont les termes de l’historien), & une garniture de diamant d’un grand prix, un écrin en contenant aussi de magnifiques, & une caleche des plus galantes pour elle & plusieurs autres pour les dames de la cour.

150. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

C’est un habit de chasse, un portrait, un bal où le mari est masqué, une compagnie de libertins, un mari adultère dont on surprend les lettres & dont le crime n’est qu’un jeu, une comédie jouée dans sa maison, où le mari & la femme ont des rôles. […] Elles sont moins économes : jamais assez d’habits, de meubles, d’équipages, de domestiques ; trop d’honneur à un mari qu’on veuille bien le ruiner. Elles sont moins laborieuses : non chalamment renversées dans un fauteuil, elles font des nœuds, décident du bon goût d’un habit, médisent de tout le monde.

151. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

On se plaît dans les jardins émaillés de fleurs, dans la richesse des habits, la somptuosité des meubles, la magnificence des bâtimens, un coup de sifflet en fait dans un instant le pompeux étalage ; l’art & la nature me prodiguent à l’envi leurs chef-d’œuvres. […] Les habits les plus brillans, la parure la mieux entendue & la plus lascive font adorer les Dieux & les Déesses qui habitent ces lieux enchantés : Feci mihi hortos, & pomaria ædificavi, &c. […] On devoit représenter dans leur Couvent la Zaïre de Voltaire, les rôles étoient appris, les Actrices exercées, les habits préparés, la ville invitée, lorsque l’Evêque, Prélat rempli de religion, & de la plus grande régularité, en fut instruit, & défendit de la représenter.

152. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Là, jadis vingt salles de spectacles s’élevaient en moins d’une heure sur cet emplacement, avec la permission du commissaire du quartier, qui n’avait point encore de loge dans chaque construction, qui consistait en une douzaine de perches et une cinquantaine d’aunes de toile ; un rideau, de même étoffe que l’habit du bouffon obligé, servait de portière à l’édifice dans lequel on était admis pour la bagatelle de deux sous. […] Je fus arraché à cette idéale félicité par les sons discords d’une trompette d’empirique, qui assemblait les passants autour d’un cabriolet, dans lequel figuraient une jeune femme, couverte de plumes et de diamants, un jeune homme, portant l’habit d’officier de santé (sans épée), et un mauvais bouffon qui, par de misérables lazzis et des fanfares, plus fausses que les grandes protestations de certains amis… servait seul d’orchestre et de valet à cet Esculape de carrefours. […] Malgré la résolution où j’étais, en partant le matin, de faire le tour de Paris, je bornai là ma promenade extra-muros ; et dans la crainte de trouver encore un spectacle à la barrière d’Aulnay51, des masques de douleur sur des visages hypocrites, de longs habits de deuil sur des corps gonflés de joie, rien que de l’ostentation dans les derniers honneurs !

153. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Le théatre n’a point fait les dieux, il est vrai ; mais il les a célébrés ; il étoit une partie de leur culte ; il a enseigné, il a représenté leurs actions ou plutôt leurs crimes ; il a été comme la chaire où on a prêché leur doctrine ; il leur a donné des habits, & comme fait leur toilette ; il a formé leur cortége & leur pompe, & prononcé leurs oracles ; il a donné des pampres & le thyrse à Sylene & Bacchus, sur les treteaux de Thespis, qui couroit les champs couvert de pampres & barbouillé de lie ; il a donné la licence à Venus, à l’Amour, la nudité aux Graces, la fraicheur à Hébé, des plumes de paon à Junon ; sa décoration est devenue celle des temples, & la parure des actrices leur plus bel ornement.

154. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

Mademoiselle *** est rentrée ; elle raportait les habits que j’avais quitté chez mon oncle.

155. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

On en excepte celles qui se font dans les Collèges pour l'exercice de la jeunesse ; « Leurs Règlements portent que les Tragédies, et les Comédies qui ne doivent être faites qu'en latin, et dont l'usage doit être rare, aient un sujet saint, et pieux ; que les intermèdes des actes soient tous latins, et n'aient rien qui s'éloigne de la bienséance ; et qu'on n'y introduise aucun personnage de femme, ni jamais l'habit de ce sexe. » Rat.

156. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

Il l'exhorte à retourner dans la solitude, et lui représente les avantages de sa vie qu'il a quittée : « Souvenez-vous, lui dit-il, que par le Baptême vous êtes devenu soldat de Jésus-Christ ; dès lors vous avez fait serment de lui être fidèle, et de n'avoir égard ni à votre père, ni à votre mère quand il s'agirait de son service …… Quelques caresses que votre petit neveu vous fasse pour vous retenir ; quoique votre mère les cheveux épars, et les habits déchirés vous montre le sein qui vous a allaité, pour vous obliger de demeurer, quoique votre père se couche sur le seuil de la porte pour vous empêcher de sortir : foulez-le courageusement aux pieds, et sans verser une seule larme, allez promptement vous ranger sous l'étendard de la Croix.

157. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

et étant persuadé que leur donner les beaux habits qu’il quittait, c’était sacrifier aux démons.

158. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

La République en réprima la licence ; mais la Comédie, en se corrigeant, n’abandonna pas son premier motif : sans nommer les particuliers, elle se contenta de les désigner avec le masque et avec les habits.

159. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Elle a joué le désintéressement, elle-même qualifia de comédie son abdication tant vantée, arrivée à la frontière de Suède, & ayant pris les habits de son nouveau personnage, elle s’écria comme Auguste mourant : j’ai joué mon rôle, personam egi . […] Je me représente l’assemblée des États où cette abdication fut reçue comme une véritable farce de la foire, une salle magnifiquement ornée, un trône superbe ; tous les États affublés de leurs habits de cérémonie, couverts de leurs fourrure ; la Reine la couronne sur la tête un globe à la main comme la maîtresse du monde (quoique la Suède n’en soit pas la centième partie, mais ridicule d’usage, plusieurs Rois en sont décorés) elle monte gravement sur son trône pour annoncer sa volonté suprême & dernière ; les États qui le désiroient avec ardeur lui font des protestations de fidélité & des prières pressantes de ne pas se demettre. […] Ce regret fait peu d’honneur à sa vertu, & même à son esprit ; les loix de l’honnéteté & de la décence étoient respectées des Payens même, elle dût aisément s’en consoler : le reste du joug qu’elle conserva étoit peu gênant ; dès qu’elle fut arrivée à un petit ruisseau qui sépare la Suède du Dannemarck ; elle quitta ses habits de femme, & en prit d’homme, sous lesquels elle courut le monde ; elle renvoya toutes ses femmes qui en furent très-choquées, & revenant à Stocholm ne publioient rien moins que les éloges de sa vertu ; elle ne garda à son service que quelques hommes avec lesquels comme Don Quichote, avec Sancho-Pansa, elle alla chercher des avenures. […] Quel spectacle qu’une femme à demi nue sous les habits d’un homme, une gorge découverte & un chapeau avec un plumet, & une perruque à la Cavalière, un mouchoir noué autour du cou, un juste au corps & une épée !

160. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

C’est un tailleur qui découd un habit espagnol & en taille un habit françois, un peintre qui ramasse des tableaux, & en changeant quelques traits du visage, quelques plis des habits, les vend pour les portraits de ceux qui les paient. […] & ceux qu’ils se donnent, Arlequin, Scaramouche, &c. la beauté de la salle, la richesse des habits, la magnificence des décorations, la nombreuse compagnie, enflent leur ame, & leur donnent d’eux-mêmes des idées gigantesques.

161. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Voilà qui décele le caractère des hommes, chacun s’arrange selon son goût ; les meubles & les habits sont une espece de Physionomie, qui peint les inclinations. […] Parce qu’elle est un péché, & que le péché est opposé à la sainteté ; si l’immodestie étoit une chose indifférente, elle pourroit au gré des peintres, être comme la couleur des habits, attribuée aux gens de bien, comme aux autres.

162. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Molière sembla avoir le dessein de la ressusciter de nos jours, par le soin qu’il avait que ses Acteurs portassent les mêmes habits, & eussent les mêmes manières que les originaux qu’il dépeint dans ses Drames. […] On divisait à Rome la Comédie en trois classes, distinguées par les habits que portaient les divers personnages, & par les roles plus ou moins éminens qu’ils représentaient : les décorations servaient encore à les indiquer.

163. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Il y avoit à … un fou agréable qu’on appelloit le Pape futur, parce qu’il disoit & croyoit de bonne soi, qu’au premier Conclave il seroit Pape ; le Pape futur alla un jour à la comédie, dans une loge, il vit sur le théatre trois ecclésiastiques distingués, en habit de couleur, & à boutons d’or. […] Les Dames avoit pris les habits de Reines, Princesses, Soubretes, &c. ce qui faisoit l’effet le plus singulier ; il est vrai que la marche fut un peu dérangée par le mauvais tems : Nihil est ab omni parte beatum. […] Cette même cour favorise si fort les spectacles, & les croit si nécessaires, que peu de tems après, les grands Vicaires permirent de travailler toute la semaine sainte & les trois fêtes de Pâques, que le théatre vaquât, à réparer la salle, les décorations, les habits, &c. pour pouvoir représenter d’abord après les fêtes, afin que la comédie ne manque pas un seul jour, & pour adoucir l’abstinence du spectacle pendant la quinzaine ; abstinence plus rude que celle du carême, qu’on ne connoît pas.

164. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

dit qu'elle commençait toujours par l'honneur des Dieux, et que c'est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple ou un Sanctuaire et la procession qui se faisait dans Athènes aux Bacchanales pour sacrifier à Bacchus le Bouc dont on avait honoré le Poète vainqueur en la dispute de la Tragédie, était estimée si religieuse, que Plutarque se plaint de ce que la pompe orgueilleuse de son temps avait corrompu la simplicité de son origine ; Car il n'y avait au commencement qu'une cruche pleine de vin, et un cep de vigne au-devant du Bouc, suivi de celui qui portait une corbeille pleine de figues, avec quelques marques de l'impudence de cette superstition ; mais par le cours des années la pompe en était devenue si superbe, que sans s'arrêter aux vieilles cérémonies, on y voyait une infinité de gens masqués, grand nombre de vases d'or et d'argent, de riches habits et des chariots magnifiques, dans la croyance qu'ils honoraient ainsi plus dévotement que leurs aïeux cette Divinité chimérique : Et comme l'institution et la célébration de Jeux du Théâtre n'avait point d'autre fondement que la dévotion des Païens envers leurs Dieux, ils y ont presque toujours représenté leurs personnes, et les miracles qu'ils avaient faits.

165. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.

166. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Ces efféminés démentent ce qu'ils sont, et s'étudient à paraître des femmes dans leurs habits, dans leur marcher, et dans leurs gestes lascifs.

167. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Il est vrai que ces histoires étant mortes touchant d’abord beaucoup moins, que celles que la voix, l’action, l’habit, les mouvements des personnages animent dessus les théâtres.

168. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Celles dont les Sujets étoient Grecs furent nommées Palliatæ, à cause de l’habit Grec que les Acteurs portoient : & celles dont les Sujets étoient Romains, furent à cause de la toge, nommées Togatæ. Quand l’Action de celles-ci se passoit entre des Magistrats, la Piéce étoit nommée Prætextata, à cause de leur robbe bordée de pourpre : si elle se passoit entre des Chevaliers, elle étoit à cause de leur habit, nommée Trabeata ; & elle étoit appellée Tabernaria, quand elle se passoit entre ces personnes viles, qui habitoient ce que les Romains appelloient Tabernas.

169. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Elles furent admirées ; les voix, les habits, les décorations, tout y parut surprenant. […] L’autre relation, que les Centuriateurs et la plupart des Protestants ont préférée, sans pourtant la donner pour certaine, est chargée d’événements romanesques et de circonstances ridicules ; le Pape qui s’enfuit déguisé en cuisinier, qui est découvert par hasard travaillant dans un jardin ; le fils de l’Empereur, fait prisonnier, qui oblige son père à faire le paix pour le délivrer ; le Pape qui met le pied sur la tête de l’Empereur prosterné, en lui disant ces paroles, « super aspidem et basilicum ambulabis » ; le Pape, l’Empereur et le Doge sur un théâtre ; le Pape donnant des indulgences autant qu’il peut tenir de grains de sable dans une poignée à deux mains, accordant au Doge, en récompense de ses services, un cierge de cire blanche, le droit de porter des fanons à son bonnet, comme une mitre d’Evêque, de sceller ses lettres avec du plomb, et d’avoir ses étendards bigarrés de diverses couleurs, comme un habit d’Arlequin.

170. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On n’oublie pas de répondre à l’argument tiré des Tragédies des Collèges, par les règles de l’Université, qui défendent d’y rien représenter que d’édifiant, et d’en exclure les personnages et les habits de Femmes ; par les Statuts des Jésuites qui portent que les Comédies et les Tragédies seront Latines, qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnages de femme, ni de fille ; enfin par la quatrième Assemblée générale de l’Oratoire, qui renouvelle le règlement contre les personnages de Femmes et de Filles sur le Théâtre de leurs Collèges. […] Ainsi les Hommes y prenaient l’habit, et faisaient les personnages de Femmes.

171. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Les Héros de Théâtre sont obligés de prendre les ornemens de la vanité ; n’importe que ce soit des Saints, on les dépouille sur la Scéne, des habits obscurs de l’humilité chrétienne, pour leur faire chausser le cothurne romain : ils doivent s’exprimer avec autant de fierté que les prétendus grands hommes du Paganisme.

172. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais nos conquêtes ayant étendu notre domaine, agrandi notre ville, augmenté nos richesses, la vertu disparut, le libertinage regna ; & par une suite nécessaire, la licence s’empara du théatre, de la poësie, de la musique, accessit numerisque, modisque, licentia major  ; tout prit le goût & le ton de la débauche : des chants rendres, un langage efféminé, des gestes lascifs, des habits traînans, l’art dramatique ne fut plus que l’art de la corruption, sic prisca motumque & luxuriam addidit arti tibicen, traxitque vagus per pulpita vestem eloquium insolitam, &c.

173. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Depuis combien de temps la fidèle Thalie Dans un Habit lugubre est-elle ensevelie, Le front ceint de Cyprès, les yeux baignés de pleurs, Sans qu’un autre Molière appaise ses douleurs ?

174. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Sans doute, la fortune de l’amour est toute faite en France, sous quelque habit qu’il se montre. […] Un acteur doit se transformer dans son personnage, & ne laisser voir que lui, & ici au contraire on transforme le personnage dans l’actrice, on ne voit que l’actrice sous l’habit du personnage. […] C’est un tailleur qui fait un habit, il prend ses mesures sur les personnes qu’il veut habiller.

175. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Son habit sembloit n’être fait que pour exciter les desirs. […] La bonne chere, les habits, l’argent ne me manquoient pas. […] Le besoin d’argent me le fit pourtant reprendre pour quelques jours ; je fis de l’orviétan, & j’allois de bourg en bourg, de village en village, avec mon valet monté sur un palefroi, couvert d’un habit antique, débiter mes remedes.

176. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Il composa, selon la tâche des jeunes Régens, une comédie qu’il fit jouer au Collége : elle déplut aux Peres, on lui en fit des reproches ; au lieu de se corriger, il quitta l’habit, composa contre la Société un libelle diffamatoire des plus outrés & se livra au théatre. […] Ce Gacon qui avoit quitté l’Oratoire, & qui, sur la fin de ses jours, prit l’habit Ecclésiastique, valoit encore moins & par ses talens & par sa conduite ; il se convertit aussi, & abandonna le métier de Satyrique, branche du Théatre ; Nous avons souvent parlé de l’Abbé de Chaulieu, ce libertin trop célébre qui deshonora la noblesse de sa naissance & la saintete de son Etat, de ses maîtresses, de ses débauches, de ses ouvrages obscènes, de la profanation des revenus de ses riches Bénéfices, à la gloire de qui, pour quelques vers délicats, élégans & faciles, des chrétiens sacrifient la religion & les mœurs, au lieu de publier, imprimer & réimprimer ce qui n’auroit pas dû voir le jour ; la vertu demandoit que ses poésies fussent ensevelies avec lui dans le même tombeau.

177. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

L’ordre estoit de visiter les vns & les autres, de les faire dépoüiller & marcher tous nuds, pour éviter la supercherie que les habits peuvent faire en faveur des membres defectueux ou mutilez. […] On leur enjoignoit mesme de porter un habit particulier pour les distinguer des Personnes de qualité, & mesme des honnestes gens du vulguaire.

178. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Qu’une Dame, dont la malheureuse tâche est de se faire aimer jusqu’à la passion, qui n’est pas honteuse de permettre cent legéres libertés ; qu’une Dame, dont les yeux, les paroles, les habits, l’air vain & coquet cinquante fois par jour étudié au miroir montrent, qu’elle n’a aucun soin de son salut, aille à la Comedie : elle ne sera coupable que de ses propres pechés : mais celles, que vous me peignez en vôtre lettre, ont assez de reputation de vertu, pour servir par leur exemple de prétexte aux autres, qui s’exposent évidemment au peché : & par consequent on ne peut plus doûter qu’elles ne pechent, quand elles vont à la Comedie ; & que les Anges Gardiens des personnes, auxquelles elles auront été une occasion de chute, n’en demandent un jour vengeance à la Justice Divine. […] De quelle maniere elle se fera coeffer ; quel habit & quelle garniture elle prendra ; à quoi elle passera la journée ; s’il y a lieu d’esperer de la bonne compagnie.

179. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

.° La servilité de l’œuvre n’est pas douteuse pour tous les ouvriers qui travaillent au théâtre, aux décorations, aux habits, aux machines, aux chandelles, à habiller, parer les Acteurs et les Actrices les heures, les journées entières, et pour des objets qu’on ne peut certainement traiter d’absolument nécessaires ; pour tous ceux qui enseignent à chanter, à danser, à réciter, à jouer des instruments. […] Il faut de l’esprit et du talent pour bien rendre un personnage, comme il en faut pour faire un habit de goût, un ameublement bien entendu, une menuiserie, un équipage, etc.

180. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Mais après cela, je voudrois aussi qu’on eût un peu plus d’égard que l’on n’a à leur s interests, qu’on favorisast leur gain, c’est à dire leurs portes, qu’on les secourut de quelque chose de la part du public, pour les aider à soustenir avec plus de courage la despence des habits, des decorations, & mille faux frais, dont ils ne peuvent se dispenser, & qui les ruïnent & les consoment.

181. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

« Que les tragédies et les comédies qui ne doivent être faites qu’en latin, et dont l’usage doit être très rare, aient un sujet saint et pieux : que les intermèdes des actes soient tous latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance, et qu’on n’y introduise aucun personnage de femme ni jamais l’habit de ce sexe. » En passant, on trouve cent traits de cette sagesse dans les règlements de ce vénérable institut : et on voit en particulier sur le sujet des pièces de théâtre qu’avec toutes les précautions qu’on y apporte pour éloigner tous les abus de semblables représentations, le meilleur est, après tout, qu’elles soient très rares.

182. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Après avoir terrassé le lion de Nemée, Hercule s’étoit fait un habit de sa peau, qu’il portoit par-tout. […] Ce sont des libertins qui se réunissent pour se réjouir, faire de bons repas, s’aider dans leurs amours, s’entretenir librement, en se gardant un grand secret qui y répand un assaisonnement plus piquant ; le lieu de l’assemblée bien fermé, & éclairé par des bougies, est un vrai théatre où l’on joue assis autour d’une table ; le tablier, la truelle, l’équerre font un habit d’Arlequin. […] On le coucha dans un lit de cabaret, on emporta ses habits sans qu’il s’en apperçût.

183. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Ce théâtre, avec ses accessoires, foyers, coulisses, loges, Parterre, orchestre, occupe six cents cinquante toises superficielles, ce qui fait environ 4000 pieds, sans compter les logemens des Acteurs, & les magasins immenses d’habits, de décorations, de machines ; on y employa les meilleurs ouvriers & les plus habiles artistes en tout genre. […] On joue les actes de la passion en pleiue rue ; le chant, la couleur, les habits, tout est en deuil.

184. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.

185. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Grande dépence en habits. […] Ie ne sçais s’il est moins blâmable de voir des hommes trauestis en femmes & prendre l’habit d’vn autre sexe que le leur, ce qui hors de pareilles occasions, & des temps ácordez aux rejouissances publiques, est punissable & defendu par les Loix. […] On fait sonner bien haut en Espagne le zele de la Religion, & toutefois en Espagne on void introduire sur les Theâtres publics des personnages en habit Ecclesiastique, ce qui ne seroit soufert en France en quelque maniere que ce fust. […] Grande depence en habits. […] Il y a peu de pieces nouuelles qui ne leur coûtent de nouueaux ájustemens, & le faux or, ny le faux argent qui rougissent bien tost n’y estant point employez, vn seul habit à la Romaine ira souuent à cinq cens escus.

186. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Ce jour à jamais mémorable étant venu, tout le corps illustre des comédiens fut en mouvement, les trois théatres se réunirent, danseurs, danseuses, musiciens, musiciennes, officiers, jusqu’au moucheur des chandelles, le grave conseil en robe, tous les acteurs dans leurs plus beaux habits, & leurs plus riches parures ; la plus élégante toillette avoit prodigué ses trésors, la décoration étoit la plus brillante, & les amateurs sans nombre, tous s’écrioient en chœur : Grand Voltaire ce jour est un grand jour pour vous. […] La sagesse de Minerve, la fierté de Junon, la force de Mars, la chasteté de Diane, les graces de Venus, pour lesquelles on avoit choisi les plus jolies danseuses ; ensuite venoient à la file, les héros & les héroïnes de ses pieces qu’il avoit si heureusement ressuscitées, chacun avec les habits de son rôle : Mahomet, César, Brutus, le Duc de Foix, Zaïre, Alzire, Marianne, Merope, &c.

187. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

    Mais les habits, dit-on, sont faits du bon Tailleur, De ses cheveux tappés l’élégante frisure D’un toupet arrangé releve la parure ; Il pousse l’inventeur des modes aux abois. […] Et cet habit superbe, avorton de la mode, Qui plus il paroît beau, plus il est incommode, Savez-vous qui l’a fait, ce n’est pas le Tailleur, Qui toisant votre corps, sur son moule façonne Le drap anné, coupé, recousu qu’il galonne.

188. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Il n’en est point parlé dans les premiers chapitres de la Genese, d’où on a pris le poëme d’Abel, & il faut convenir qu’avec le peu d’habits dont les premiers hommes étoient couverts, ces licences eussent été bien dangereuses ; & sur le Théatre où les actrices, comme les premieres femmes, sont à demi-nues, ce seroit pour elles, les acteurs & les spectateurs des tentations bien délicates, & un péché inévitable. […]   De peur que sa maîtresse ne lui échappe, il l’attache avec un ruban à la basque de son habit.

189. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

une ariette, une scène, une danse, une fête, un spectacle, c’est un habit d’Arlequin. […] C’est comme si le même Auteur changeoit d’habit, jouoit tous les rôles ; il porteroit à tous la même voix, les mêmes traits, la même taille, les mêmes allures ; on le reconnoîtroit par-tout.

190. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Après chaque Représentation, l’Actrice qui aura fait le principal Rôle, quittera ses habits de Théâtre, déposera tout ce qui pouvait l’embellir, & viendra sur le Théâtre avec des haillons de bure, en sabots, gros linge, &c. elle demeurera dans cet état debout sur le devant de la Scène jusqu’à ce que la petite Pièce commence. […] A l’égard des femmes, les peines qu’on leur infligera, seront très-humiliantes : on ne peut aller trop loin de ce côté-là : on en a fait pressentir les raisons : Pour des fautes légères, elles seront condannées aux excuses à genoux, ou bien aux Baladins : Pour de plus graves, aux derniers emplois de la cuisine, & aux autres fonctions basses des Servantes, & à paraître avec les habits de ces états sur le Théâtre, après les Représentations, &c.

191. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Et quoique toute la France ait l’obligation à feu Monsieur le Cardinal de Richelieu, d’avoir épuré et purifié le théâtre de la comédie, et d’avoir réformé jusqu’aux habits, et aux gestes de cette courtisane effrontée. […] Il appelle ces habits somptueux, ces nudités, ces pruderies, ces rubans, ces frisures, ces cadences, ces bals et tous ces divertissements mondains, des escadrons de concupiscence.

192. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

les décorations de théâtre, les habits magnifiques des Comédiens ; les mélodies et les concerts des divers instruments ; le concours du grand monde ; enfin les parures si affectées des Dames ; cette pompe, et cet assemblage du beau monde, et toutes les autres choses qui s’y trouvent ne concourent-elles pas à faire sortir les Spectateurs d’eux-mêmes, à les séduire, et à leur faire croire que le monde a quelque chose d’aimable ; quoi qu’en comparaison des biens ineffables du Ciel, tout cela ne doive effectivement passer que pour des rêveries et des songes. […] Car c’est toujours un très dangereux spectacle, que de jeunes et belles filles qui paraissent sur le théâtre avec tous les agréments naturels et recherchés, et avec tout le luxe et toute la pompe des habits à quoi l’on a renoncé par les vœux du Baptême.

193. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

 13.) contre l’affectation des parures, les habits de couleur, les galons d’or et d’argent, les étoffes riches, les modes nouvelles ; (C. […] Il existe au milieu du Palais un corps formé de ses propres suppôts, qui non seulement dans ses cavalcades, ses habits d’ordonnance, le titre pompeux de ses Officiers, donne au public un spectacle comique, mais qui encore a été pendant deux ou trois siècles une troupe de Comédiens, représentant des pièces de théâtre, et obligé de les représenter certains jours de l’année à l’honneur du Prince et de ses amis et féaux les gens tenant la Cour du Parlement, auxquels ils allaient les inviter par des réveille-matin et des aubades, avec des fanfares et des instruments de musique.

194. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

convient-il qu’il quitte son habit ? convient-il qu’il y paroisse avec son habit ?

195. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

L’Ignorance & l’Erreur à ses naissantes Piéces En habit de Marquis, en robes de Comtesses Venoient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouoient la tête à l’endroit le plus beau.

/ 288