Il faudrait, ajoute-t-il, pour représenter ce spectacle, les tragédies d’Echyle et de Sophocle, encore même ne pourraient-elles pas atteindre à l’excès de ces maux : « Quæ Carthaginenses passi sunt Æschilis et Sophoclis tragediis egerent, atque horum quoque linguam vinceret malorum magnitudo. » Cette ville si puissante, si riche, qui a longtemps disputé à Rome l’empire du monde, qui a mis Rome à deux doigts de sa perte, qu’à peine Rome a pu vaincre après trois grandes guerres, est aujourd’hui le jouet des barbares : « Illa a Romanis vix capta, quæ cum maxima Roma de principatu certaverat, eamque in summum discrimen deduxerat, modo facta est ludibrium barbarorum. » Ses célèbres Sénateurs, errants et fugitifs dans toute la terre, attendant pour vivre quelque aumône des gens charitables, arrachent les larmes des yeux, et présentent le plus triste tableau de l’instabilité des choses humaines : « Orbe toto errantes, vitam ex hospitalium manibus sustentantes, cient spectantibus lacrimas, et rerum humanarum instabilitatem declarant. » Cet Auteur ajoute que peu de temps auparavant, les habitants de Trèves, après avoir vu trois fois piller, saccager et brûler leur ville par les Francs, eurent la folie de demander des spectacles pour toute consolation et tout remède à leurs maux : « Quis æstimare hoc genus amentiæ possit qui excidio superfuerant quasi pro summo deletæ urbis remedio, circenses postulabant ? […] peut-on, sans frémir, passer de la tranchée à la comédie, de l’hôpital au ballet, d’une bataille gagnée ou perdue à un spectacle, et voir dans le même camp élever des monceaux de cadavres et des décorations de théâtre, entendre les gémissements d’une province désolée et les folies d’un Poète comique ? […] On n’a jamais eu besoin d’interdire ces folies si opposées à la discipline militaire.
C’est une des folies de la scénomanie de s’imaginer que le théâtre enseigne tout, qu’il décide tout, qu’il est tout, que comme les héros y jouent toute sorte de rôles, ils y deviennent orateurs, philosophes, jurisconsultes, savants, gens d’esprit, et ont toutes les qualités des grands hommes qu’ils représentent. […] On ne va à la comédie que pour s’amuser, on ne s’y remplit que de passions de bouffonnerie, la foule ne goûte et n’est capable de goûter que les folies qui la font rire ; elle attend la soubrette avec impatience, quand le héros parle raison sur la scène, vouloir en faire une école de bon goût, c’est une chimère. […] quel nom donner à ces folies ? […] Encore, ces folies sont-elles plus tolérables dans la bouche d’un amant que dans celle d’une héroïne. […] Dans la religion, c’est la folie des esprits forts ; dans les sciences, la vanité des demi-savants ; dans la société, la hauteur et l’indépendance.
Tous ces divertissements qui sont si agréables aux gens du monde leur sont une viande fade, dont ils ne sauraient manger, parce qu'ils n'y voient que du vide, du néant, de la vanité et de la folie; et qu'ils n'y trouvent point le sel de la vérité et de la sagesse.
Tous ces divertissements, qui sont si agréables à ceux qui aiment le monde leur sont une viande fade, dont ils ne sauraient manger; parce qu'ils n'y voient que du vide, du néant, de la vanité et de la folie, et qu'ils n'y trouvent point le sel de la vérité et de la sagesse; ce qui leur fait dire avec Job, qu'ils n'en sauraient goûter : « An poterit comedi insulsum quod non est sale conditum ?
quelle folie de vouloir leur y donner des leçons ! […] C’est une folie. […] Mais c’est un fou qui parle ; mais celui qui compose, celui qui débite, celui qui écoute ces abominables folies est-il sage ? est-il de plus grande folie que d’outrager la Divinité, de s’étudier à produire, de s’efforcer à bien représenter, de se plaire à lui voir faire ces outrages ?
Nos faiblesses, nos folies mises en action, nous font rire de nos propres égaremens. […] D’ailleurs, les folies dont il nous guérit, ou qu’il nous fait craindre d’étaler au grand jour, sont plus importantes que l’on ne croit.
LA fable des amours de Cupidon & de Psiché, inventée par Apulée, dans son âne d’or, mise en vers par la Fontaine, dont Moliere a fait un mauvais drame, & Thomas Corneille un mauvais opéra, que Lulli réchauffa des sons de sa musique, & que l’Abbé Basnier dans sa mythologie, traite avec raison de conte puerile ; cette fable vient d’être rajeunie dans un poëme en huit chants, avec des notes, comme si elle en valoit la peine, pour servir de suite aux fables de l’Abbé Aubert, & qui assurément doit en empêcher le fruit, en remplissant l’esprit du lecteur d’une multitude de folies amoureuses, dont le fonds est très-licencieux, & les images dangereuses. […] C’est un vrai conte de vieille, dont on a tiré plusieurs contes des Fées qui n’en valent pas mieux, Il fut inventé, du moins mis au jour par Apulée vieux debauché du Paganisme, des plus licencieux dans son Anedor, qui n’est qu’un amas d’absurdités, & de folies, où il entremêle quelque fois de la morale & de la philosophie ; car il étoit Platonicien. […] Mais les Écrivains qui enfantent, qui rapportent toutes ces folies,. […] La Magicienne Medée me rappelle la magicienne Circé sa parente, dont les avantures galantes ornent l’Odissée d’Homere, & les Métamorphoses d’Ovide, deux célebres Romans aussi pleins de folies que nos Contes des Fées : mais aussi bien écrits dans leur langue, & utiles quelquefois par la bonne morale qu’ils renferment ; je veux le croire, tachons donc d’en tirer du fruit. […] Le théatre n’étoit pas connu du tems d’Homere, mais il l’a peint d’avance, & la plupart des piéces sont prises dans cet élégant magasin de folies.
« On14 fait (dit-il) quelquefois dans les Eglises des jeux de Théâtre, où non seulement paraissent des personnes masquées et travesties (ce qui est monstrueux) mais les Ecclésiastiques même prennent part à ces folies.
Les romans, les poëtes, les pieces de théatre sont pleins de ces folies. […] Les hommes effeminés à leur exemple ont à peine la moitié du pied enfermé, ce qui avec les boucles, les brillans, les broderies, les rubans, les talons de toute couleur, composent à nos petits-maîtres une chaussure bisarre qu’ils croient élégante, de qui on peut dire avec l’Ecriture, le pécheur est couvert de péchés & de folies depuis la tête jusqu’aux pieds. […] Ces folies ne sont pas nouvelles. […] Mais en Europe, où ils sont rares & les autres métaux communs, faire des souliers, des fers de cheval, des ustencilles, soit de cuisine, soit de garderobe, des serrures, des clefs, d’une matiere qui est le prix de tout & qui peut soulager les pauvres ce n’est pas magnificence, c’est une folie de luxe.
Au reste ces idées cent fois ressassées, de Mémoires & Lettres Persanes, Juives, Chinoises, Cabalistiques, Péruviennes, Espion Turc, &c. où sous le nom, les mœurs, les sentimens, les usages d’un étranger, on fait la satyre des nôtres, & on veut faire passer les folies, les horreurs de l’impiété & de la débauche, sous un masque qui la déguise, n’ont plus de sel aujourd’hui, & n’en imposent à personne. […] Mais ce qui n’est pas pardonnable, il cherche par préférence ce qu’il y a de plus obscène ; il roule continuellement sur des nudités, des grossieretés, des crimes réels ou inventés, marche de l’imagination la plus libertine, tout cela mêlé des folies, des débauches, des Prêtres idolâtres, appliqué aux Papes, aux Evêques, au Clergé séculier & régulier ; & afin qu’on ne se méprenne pas dans l’application, il substitue, contre la vérité & le costume, autant que contre la religion & la décence, aux noms du pays, Bonze, Derviche, Talapoin, &c. […] Le décorateur dans l’un, le graveur dans l’autre, sont donc les vrais Auteurs, ils ont fourni le dessein ; ces célèbres écrivains n’ont fait que répandre les couleurs & coudre des folies. […] Et s’il y a une premiere vie, la difficulté de l’origine du mal reste toujours la même, Cette folie ne satisfait à rien.
Ce n'est presque jamais celui de la comédie, le vice y est ordinairement couronné ; les intrigues de galanterie, les passions, les folies, les entreprises des jeunes gens, les fourberies des confidens et des valets, réussissent toujours, et aboutissent au mariage désiré, toujours projeté par les passions, et ordinairement ménagé par des voies criminelles. […] Le Mercure et les affiches, parmi cent folies théâtrales qu'ils ont l'exactitude de ramasser, et dont ils ont la bonté de régaler périodiquement la France, ont rapporté avec enthousiasme, comme un événement très important à l'Etat, qu’on avait peint la Clairon, seule à la vérité et sans amants, car pour les mettre tous il eût fallu un tableau comme ceux des batailles d'Alexandre ; que pour répandre un portrait si précieux, on l'avait fait graver par les plus grands maîtres ; et que partout les estampes étaient enlevées. […] Je n'envisage pas ici toutes ces folies du côté de l'impureté, dont elles attisent le feu criminel, mais du côté de la vanité. […] Là se débitent et se composent les vaudevilles et les airs bachiques : l'ivrognerie est une gentillesse de Silène, les folies des Bacchantes sont des divertissements.
Il faut donc faire envisager le misanthrope comme un fou, & tâcher de corriger les hommes de cette folie, par le portrait des excès auxquels cette folie peut conduire.
C’est pourquoi quand même vous seriez assez chastes pour n’être point blessés par la contagion de ces lieux, ce que je crois impossible, vous ne laisserez pas d’être sévérement puni de Dieu, comme étant coupables de la perte de ceux qu vont voir ces folies, & de ceux qui les représentent sur le Théâtre.
Certes ce n'est pas tant une folie, qu'une infidélité d'aimer des choses si basses, ou plutôt des choses de néant, et d'estimer si peu cette gloire que nul œil n'a vue, que nulle oreille n'a ouïe, que nul esprit humain n'a imaginée, ces biens et ces trésors que Dieu a préparés pour ceux qui l'aiment.
Quelle folie, je vous prie, que le Diable auteur des spectacles, comme le nomme TertullienDe Spectaculis.
Le théatre fût-il un remede & l’art dramatique un art utile, ce qui est bien éloigné de la vérité, ce seroit toujours une folie de s’empoisonner pour user d’un antidote. […] La magistrature n’est-elle pas après l’Eglise le corps le plus grave, le plus sérieux, le plus éloigné des folies du théatre ? […] Qu’on ne dise pas que ce sont des folies de jeunesse ; ses drames, son poëme des Saisons, fruits d’un âge mûr, comme il l’avoue, renferment beaucoup de tableaux tracés par un pinceau voluptueux, qui n’est rien moins que dirigé par la saine morale : ce n’est pas le hasard ou quelques saillies qui défigurent ses œuvres par la licence des images. […] Les sexes confondus, la décence & la retenue bannies, la Folie & Momus dirigeant tout. […] Apelles troublé, éperdu, hors de lui-même, par l’excès de sa passion, crayonne, esquisse, efface, revient, efface encore, essaye différentes postures, l’habille en Pallas, en Diane, en Flore : il n’est jamais content ; il se perd dans ce labyrinthe de beautés ou plutôt de folies, où le licencieux danseur s’égare encore plus que lui.
Ainsi les bons esprits ne verront dans ces fêtes que l’occasion de faire le bien, ne rougiront pas d’y paroître, & la folie aura été du moins une fois d’accord avec la raison. […] La raison n’est donc pas d’accord avec la folie. […] Mais la folie a voulu se couvrir du nuage de la raison ou plutôt de la religion & de la charité, pour se jouer de l’un & de l’autre, & se procurer plus d’argent par cette voie. 3°. […] Il se donne sans honte les plus mauvaises qualités, & raconte ses duels, ses folies, ses prisons, ses disgraces. […] On le voyoit dans les rues chanter & danser avec le premier venu, comme les bohémiens & les chantres du Pont-neuf ; il devenoit amoureux de toutes les jolies filles, se déguisoit de mille manieres, il faisoit cent folies pour leur plaire ou tromper leurs parens, en officier, en magistrat, en marchand, &c.
Col. 4. 1 Th. 5 co , de ne nous conformer point au monde, de fuir toute folie, vilénie, plaisanterie ; de nous garder de paroles oiseuses, de confire les nôtres en sel avec grâce ; de nous abstenir de toute apparence de mal, etc. […] Voire à ces premiers commencements, il n’appert point, qu’il y ait eu déguisements de sexe, par les habits ; et ne fut la chose rédigée en art, que bien longtemps après ; Ainsi ce qui du commencement était sain, ce dit Tite LiveLib.7 dc , se tourna enfin en une folie intolérable : Qu’en peut-on espérer à présent, que nous en avons tant de préceptes, et d’exemples, que l’art en est au suprême degré de perfection ? […] ee ; « Si, dit-il, après l’Eglise, nous retournons à voir les courses des chevaux, et autres assemblées des Païens ; qu’est-ce autre chose, sinon que le Diable nous surmonte, et possède. » TertullienApolog. cap. 38 ef . « Nous renonçons aussi bien à vos spectacles, qu’à leurs origines, que nous savons être nés de la superstition, nous n’avons rien de commun avec la folie des lices, avec l’impudicité du Théâtre, avec la cruauté du sable, avec la vanité du portique des gladiateurs ; En quoi vous faisons-nous tort, si aimons mieux d’autres voluptés, nous réprouvons les choses qui vous plaisent. […] » eu Item répondant à ceux qui criaient qu ’on les voulait empêcher de se réjouir, il dit, « Rions tant d émesurément que nous voudrons, et nous éjouissons toujours, pourvu que ce soit sans pécher : Quelle forcènerie et folie est ceci, d ’estimer que la réjouissance et ris ne soient bien parfaits, si Dieu n’y est injurié ; je dis offens é et injurié en toute extrémité ; Car ès spectacles publics, il y a une certaine apostasie, et dévoiement de la foi, et prévarication pestilente des articles et Saints Sacrements d’icelle. […] [NDE] île de la mer Egée, célèbre pour son ellébore, qui est censée guérir la folie.
On aime, on estime toutes les folies du monde.
Il est sans vraissemblance qu’à l’âge de treize à quatorze ans, où l’on ne sait ce que c’est que l’amour, Britannicus ait formé une passion violente, capable de braves l’Empereur ; que Néron, qui ne voyoit en lui qu’un concurrent dangereux à l’Empire, dont il songeoit à se défaire, se soit avisé d’être jaloux de sa maîtresse, & que cette prétendue maîtresse, bien plus âgée que lui, qu’il n’avoit peut-être jamais vu, puisqu’elle est absente depuis plusieurs années, soit une libertine décriée, déjà mariée à une autre, par lui répudiée pour ces incestes, & chassée d’Italie ; cet amour puéril dans le Prince, sans attraits pour l’Empereur, deshonorant pour tous les deux, chimérique chez toutes les personnes raisonnables, ne peut trouver place que sur le théatre François ; trône ouvert à toutes les folies. […] Peut-on sans folie & sans crime, en courir le risque ? […] L’homme toute sa vie le plus pieux & le plus sage, dans un âge très-avancé, devient amoureux, & fait mille folies, dans le plus fort des horreurs de la guerre, dont il est un des chefs, devient rival d’un jeune Prince, & l’appelle en duel ; ce qu’à peine la fougue d’une aveugle jeunesse pourroit faire croire. […] La folie aveugle de la passion, & l’espérance imbecille de faire réussir la piéce, par les charmes d’une actrice qui plaît au public, comme si cette actrice pouvoir se multiplier sur tout le théatre, & se perpétuer dans tous les siécles, pour représenter toujours son ouvrage ; comme si dans le succès momentané qu’elle peut procurer, le public ne savoit pas distinguer ce qu’il doit à l’actrice, & ce qu’il doit à l’auteur, ce sont donc les gestes, les regards, les coups de gosier, les traits, les bras de l’actrice qui reglent les plans, les expressions, les situations, les sentimens & tout le mérite de la tragédie. […] Le libertinage de la jeunesse le fit comédien : Juventa licentia factus histrio , né pour des emplois sérieux, transporté dans les folies du comique, rigide observateur, & peintre plaisant du ridicule ; mais sans affectation & sans gêne, serré dans sa prose, aisé dans ses vers, fertile en plaisanteries, il a réuni les bonnes qualités, & les défauts de tous les comiques.
Voici ses paroles : « Que dirai-je des vaines, et inutiles occupations de la Comédie, et des grandes folies de la Tragédie ? […] C’est pourquoi quand vous seriez assez chaste pour n’être point blessé par la contagion de ces Jeux, ce que je crois impossible, vous ne laisseriez pas d’être sévèrement puni de Dieu, comme étant coupable de la perte de ceux qui vont voir ces folies, et de ceux qui les représentent sur le Théâtre.
Voilà qui est plus que capable de nous préserver de l’ennui, et de causer à notre cœur de douces émotions sans le laisser en proie à ces folies des folies, comme les appelle saint Augustin, « et non daretur turpis præda nugatilibus ».
Car je tiens que ces deux choses ne diffèrent qu’en ce point que la Cour est une Comédie véritable et la Comédie est une Cour feinte, et en l’une et l’autre Scène ce n’est que masque et folie ; Ils eurent beau m’alléguer qu’il s'y trouvait de toute sorte d’Ecclésiastiques même des Religieux et qu’il ne se représentait rien devant leurs Majestés qui ne pût être représenté dans une Eglise tant la modestie et la gravité y étaient observées. […] Des grands de cette Cour en ont été jusques à la folie et à la rage, les montagnes d’or ne l’ont point éblouie, elle a été un rocher qui n’a pu être ébranlé par les orages des tentations.
Est-il possible qu’une folie si grossière ne révolte pas tout esprit ? […] tant il est vrai qu’on donne nécessairement dans une espèce de folie, dès qu’on cesse de raisonner et de vivre en Chrétien.
Ces folies passerent de la Cour à la Capitale & aux Provinces. […] Ce sont des folies dont des Charlatans amusoient une Princesse ambitieuse qui pour regner invoquoit jusqu’à la puissance des ténébres flectere si nequeo Superos acheronta movebo . […] Ce n’est qu’un tissu de farces qui n’ont jamais roulé que sur des passions, des folies, des crimes, sans que jamais il y soit entré l’ombre la plus legere de religion, comme à la Comédie Françoise. […] Elle n’imita que trop les folies de leur luxe, & la décadence de sa Maison, la décadence de l’Empire Romain ; suite ordinaire de ces excès. […] Les folies sont en effet très-édifiantes chez l’Abbé Brantome.
Elle en sera effrayée, elle y verra le déplorable monument de la folie humaine, qui a perdu, dans la chose la plus frivole & la plus dangereuse, & communément la plus criminelle, les momens prétieux d’une vie qui nous a été donnée pour acquerir une éternité de bonheur.
Despreaux pour garant de vos folies.
On lit la même chose dans la cinquième Loi du Code Théodosien : « Si quelques Chrétiens, dit cette Loi, veulent imiter la folie et l’impiété des Juifs, et suivre l'étourdissement ou l’aveuglement des Infidèles et des Païens, en profanant comme ces peuples charnels les jours destinés au culte de Dieu, par des recréations mondaines ; qu’ils apprennent que le temps qui est consacré aux prières, et à l’oraison, n’est pas un temps de plaisir et de volupté. » « Si qui etiam nunc vel Judæorum impietatis amentia, vel stolidæ Paganitatis errore atque in sania detinentur, aliud esse supplicationum tempus noverint, aliud voluptatum »l. 5.
Lorsqu’on joua devant lui, en 1670, la belle piece de Britannicus, il fut frappé du portrait que fait le poëte des folies de Néron, parmi lesquelles son amour excessif pour les spectacles lui donnoit les plus grands ridicules. […] Le fleuve suivit sa pente ; & le nom de comédien devint une injure proverbiale, une expression de folie & de vice depuit la Chine jusqu’en Écosse.
N’est-ce pas le comble de la folie ? […] Les spectacles du cirque & de l’amphithéatre ne sont pas moins des folies.
Thomas, défend non-seulement les choses & les paroles absolument déshonnêtes, turpiloquium, mais encore les folies qui peuvent provoquer au mal, Stulti loquium ad malum provocans, & enfin les bouffonneries, scurrilitas, des paroles où l’on cherche trop à rire & faire rire, verbum joculatorium. […] Il fait avec les plus grands éloges le détail de la vie de Spurinna, & remarque que pour rendre les repas utiles, ce sage vieillard de soixante-dix-sept ans, bien revenu de toutes les folies de la jeunesse, mêloit les avantages de l’étude avec les plaisirs de la table, & pour cela faisoit venir des Comédiens pour l’entretenir de choses utiles : Frequenter comædis cœna distinguitur ut voluptates quoque studiis condiantar. […] Ce grand Théologien & habile Prédicateur fit deux fort bons traités, l’un Latin, l’autre Italien, contre le théatre, & une dissertation contre les Ecclésiastiques qui se masquent : abus assez rare en France, où l’on ne voit capables de ces folies que quelque Abbé petit-maître, dont la conduite mondaine déshonore la sainteté de son état.
Mensonge & folie dans les paroles & chansons ; ivresse, sinon de vin, du moins de chant, de danse & de plaisir, &c. […] Il est un divertissement fort commun en France, dont on est fou, parce que c’est une folie. […] Le luxe le dispute à la bisarrerie ; nous ne parlons pas d’une folie bien plus funeste, les crimes sans nombre qui s’y commettent. […] On saisit tous les sens par les objets de la volupté, l’esprit y est occupé de folies, le cœur rempli de sentimens ; & on se flatte que Dieu fera des miracles pour nous sauver, que nous n’aimons que Dieu, que nous lui plairons, le servirons, obtiendrons ses récompenses : Stultorum infinitus est numerus.
Ce seroit à un Prince le comble de la folie de s’attacher à ces petites miseres du peuple : le vrai moyen d’écarter le fanatisme c’est d’avoir pour la religion la plus belle indifférence. […] L’Homme à l’image de Dieu, chimere : il seroit honteux à Dieu de ressembler à l’ignorance, à la foiblesse, au vice, à la folie. […] Mon pere aimoit les grands hommes à la folie, & adoroit les Capitaines qui en avoient le plus. […] Le mot Discipline est équivoque ; chaque état doit avoir la sienne ; c’est une folie de vouloir adopter celle de son voisin.
Il est difficile de porter plus loin la brutalité & la folie. […] Sulpice, Et le Curé notre complice, Venons très solemnellement D’inhumer une jeune Actrice : Les Confreres menoient le deuil ; J’ai vu les enfans de Thalie, Les Eleves de la folie, Sangloter au tour du cercueil ; Moi, de qui l’ame est assez bonne, Je m’attendrissois in petto, Et je pleurois incognito Pour ne scandaliser personne. […] Les Grecs, excessifs, ou detracteurs cruels, persécutoient leurs juges, & deifioient les bouffons ; c’etoit un peuple charmant ; l’injustice la méchanceté, la folie sont donc bien charmantes ; ils etoient vifs, legers, railleurs, (gens de théatre,) amoureux de cette philosophie qui se mocque de tout, parce qu’elle n’attache de prix à rien, estimant leurs Poëtes plus que leurs generaux, preferant la representation d’une piece au gain d’une bataille, ils auroient oublié les maux que leur fit la guerre, si en l’avoir mise en Vaudevilles. […] Aussi a-t-on fait une édition des Fables choisies, d’où l’on a sagement élagué toutes ces dangereuses folies.
Toutes ces folies méritent-elles qu’on en parle ? […] Toutes ces folies renferment de grandes leçons. […] Tous les Dieux & Déesses étoient danseurs, & aimoient éperdument la danse ; toute l’idolâtrie n’est que le culte des passions sous le nom bizarre des Dieux & Déesses de la fable, qui n’ont été que des débauchés & des femmes de mauvaise vie, que l’on a eu la folie de diviniser. […] Il montre que c’est un exercice indigne d’un homme sage, qui ne peut que le couvrir de honte ; que ces agitations, ces gestes, ces dissolutions, cette évagation, sont aussi ridicules qu’infames & scandaleuses, & dangereuses pour les mœurs ; que ce n’est pas même un vrai plaisir, mais une ivresse & un délire ; & que si la folie n’étoit comme naturalisée dans la plupart des hommes, on auroit horreur de la danse, on ne verroit les danseurs qu’en pitié, comme des forcénés, &c.
Y-a-t-ïl une folie pareille à celle qui porte les hommes à s’habiller en femmes par un honteux déguisement, à défigurer leurs visages par des masques, qui sont capables de faire peur aux démons ; ou enfin à mettre impudemment son plaisir à chanter les loüanges des vices, avec des vers lâcifs, & avec des postures tout-à-fait ridicules & impertinentes ? Y a t-il de plus grande folie que de se déguiser en bêtes, de se rendre semblable à une chevre, ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image & à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice & la victime du demon ! […] Veritablement si l’extravagance ne s’estoit comme naturalisée avec nos mœurs, nous appellerions folie, ce qu’on appelle gentillesse. […] Leur folie est d’autant plus insigne qu’elles s’étudient à faire sagement une chose ridicule. […] Si elles estoient persuadées qu’il n’y eût point de folie en cela, elles le feroient fort volontiers.
Leurs folies et leurs maux sont encore aggravés et multipliés par le luxe, la vanité, la passion du plaisir.
Au reste, nous méprisons cette politesse, cette science du monde, dont on veut que le théâtre soit l'école : c'est une folie devant Dieu. […] Ce serait une folie de regarder la volupté comme un bonheur. […] De la folie,162 Chap.
Or les Démons prennent plaisir à ces Cantiques de vanité, à la turpitude des Théâtres, à ces Spectacles inutiles, aux folies du Cirque, aux cruautés de l'Amphithéâtre, et aux querelles de ceux qui se passionnant pour un Mime, pour un Pantomime, pour un Histrion, ou pour un Conducteur de Chariots, brûlent dans leur cœur de l'encens en faveur des Démons Symbol. ad Catec. l. 2. […] Quelle folie de s'imaginer que le plaisir est léger, s'il ne fait injure au vrai Dieu, mais une très grande injure ?
Favard, Directeur de ces folies comiques, devint amoureux de la débutante, & pour la mieux attacher à sa Troupe, il l’épousa, à ses perils, risques & fortunes. […] Dans les pieces Turques ou Chinoises la Favard se montra sur la scene habillée en Sultane ou en Chinoise ; mais pour mieux représenter ces nations, elle eut la folie, peut-être unique, de faire faire à Constantinople & à Canton des habits à la mode, & des étoffes du Pays. […] Toutes ces folies, ces bassesses, ces ridicules sont l’ouvrage de l’entousiasme du théatre qui fait tourner la tête à ses amateurs. […] Un petit Prince se ruine à ces folies, & les mœurs n’y gagnent pas.
Qu’à la bonne heure le Mercure, qui chaque mois, au préjudice des bonnes mœurs, va ramassant avec le plus grand soin, comme autant de pierres précieuses, toutes les folies de galanterie du royaume, très-souvent licencieuses, toujours indignes de l’impression ; qu’à la bonne heure ce messager des dieux, payé par les actrices, donne plusieurs articles aux spectacles : mais qu’un livre destiné à conserver à la postérité le souvenir de ce qui s’est passé d’important pendant le regne d’un grand Roi, s’amuse des frivolités dramatiques, & veuille occuper ses lecteurs, comme d’un objet digne d’eux, des jeux pernicieux, que le gouvernement ne tolere qu’à regret, pour éviter, dit-on, de plus grand maux, c’est ce que la Religion & la vertu ne pardonne point à l’auteur, dans un écrit qui n’est pas fait pour elles, & où toutes ces folies sont aussi parasites que dangereuses. […] Le panégyriste a la maladresse de ne pas déguiser ses folies. […] La folie de des Yvetaux fut de s’imaginer d’après les romans, que la vie pastorale est la plus heureuse : il s’habilla en berger & la chanteuse en bergere, un chapeau de paille sur la tête, la houlette à la main, la paneliere à son côté, ce nouveau Corridon suivi de son Amarillis, qui jouoit de la harpe, conduisoit dans les allées de son jardin des troupeaux imaginaires, leur faisoit des vers, leur chantoit des chansonnettes, & les gardoit du loup, des oiseaux qu’il avoit dressé venoient y mêles leur ramage.
C’est quelque amateur du théatre, aucun autre genre de savant ou de littérateur, ne s’est occupé de lui ; c’est quelque homme sans réligion, aucun bon chrétien n’a pu vouloir immortaliser l’ennemi du christianisme ; c’est Voltaire lui même qui a fourni le dessein, une bonne partie de l’argent, & fait agir ses amis, & les actrices pour faire élever ce monument de la folie du théatre ; il est bien placé dans la salle, c’est le rendez-vous de la frivolité, du libertinage, de l’irréligion ; voilà le trône de Voltaire, & la demeure de ses amis. […] Les Orgies ou les Bacchanales étoient les fêtes de Bachus, ainsi appelées, & célébrées par l’ivresse, les folies, les fureurs, les emportemens des Bacchantes ; Voltaire auroit-il voulu dire que ceux qui ont célébré son Orgie l’ont pris pour Bacchus, étoient dans la fureur & l’ivresse ? […] Ce mot Idolâtre, qui revient plusieurs fois, n’exprime que trop bien la folie du théatre & de ses amateurs, Racine a donc formé ce grand homme.
Felix, le plus ancien de nos Auteurs, « qui faisons profession d'une vie honnête, nous nous abstenons de vos Pompes, de vos Spectacles, et de tous les mauvais plaisirs que l'on prend, dont nous savons bien que l'origine est un effet de votre superstition, et que leurs agréments sont condamnables ; Car dans le Cirque qui peut souffrir la folie de tout un peuple qui se querelle ; dans les Gladiateurs le cruel art de tuer les hommes, dans les Jeux Scéniques une prodigieuse turpitude ?
C’est ce que qui que ce soit n’osa jamais avancer ; et quiconque l’oserait, il n’en retirerait d’autre fruit que de se voir siffler pour sa folie. […] Hoyden sous triple cadenas, à la première approche de l’ennemi : enfin il pousse les précautions et les alarmes au plus haut degré de la folie et de la fiction. […] Lorsqu’un Poète n’a guère que ce qu’il lui faut, c’est une folie à lui de s’épuiser d’esprit pour un caractère de sot, ses personnages plus sensés souffriront de cette prodigalité hors d’œuvre. […] D’ailleurs les folies de la Course, et les ordures de la Comédie, les cruautés des combats des Bêtes ne nous font aucun plaisir…. […] Et l’expédient est merveilleux de prendre ainsi le genre humain par son faible, et de vivre aux dépens de sa folie sans qu’il s’en aperçoive !
La nouveauté du spectacle, les folies dont il amusoit, la légèreté, l’oisiveté, lui donnèrent de la vogue. […] Un homme amoureux fait des folies pour une femme.
L’Histoire ajoute, que les habitans d’Abdère furent guéris de leur folie aussitôt que l’hiver eut rafraichi leur sang Toutes les glaces du Nord ne suffiraient pas pour calmer l’ardeur que nous ressentons pour notre Spectacle favori. Concluons en, que le Spectacle moderne n’inspire point un enthousiasme qui tient de la folie, ou qu’il est très-difficile de nous rendre sages, une fois que nous avons perdu la raison.
C’est pourquoi s’il s’en trouve parmi eux quelques-uns qui suivent encore la folie des Juifs, ou qui imitent l’erreur et l’extravagance des Païens, par les danses et par d’autres divertissements indignes ; qu’ils apprennent que c’est abuser d’un temps, qui est tout consacré à la prière, que de l’employer à la recherche de son plaisir ; et que c’est irriter Dieu, que de s’occuper à des exercices qui ne servent qu’à la satisfaction des sens ; lorsqu’on devrait être prosterné devant sa majesté, pour l’adorer, et pour invoquer sa miséricorde.
Les uns et les autres tombèrent enfin dans un tel mépris, et les folies qu’ils débitaient dans le Public parurent si scandaleuses, que par un commun Proverbe, lorsqu’on voulait parler d’une chose mauvaise, folle, vaine ou fausse, on la nommait jonglerie ;Rigor. de gest.
Cyprien, et aux autres Pères de l’Eglise qui ne vous flattent point, puisqu’ils n’ont point besoin de vous ; aux Pères à qui toute l’Eglise dit en la messe : Vos eslis lux mundi ; aux Pères qui lisaient et qui méditaient jour et nuit l’Ecriture, qui ont reçu le Saint-Esprit pour l’entendre, qui nous sont envoyés de Dieu, pour nous en donner l’intelligence, et qui reprennent aigrement ces folies ?
Cependant ce désordre, qu’on pourroit considérer comme une calamité publique, vu l’importance d’une bonne éducation par rapport à la société civile, n’est rien en comparaison d’un système qui ayant pris naissance dans la licence républicaine d’un pays où le mélange de toutes les sectes modernes a remplacé la religion antique, s’étend d’une manière effrayante dans les pays catholiques ; et menace d’une révolution prochaine dans les mœurs, plus générale et plus subversive de toute décence, que tout ce que la vicissitude des siècles et des nations nous présente dans le tableau des folies et des prévarications humaines. […] Nous sommes réduits à vous invoquer, à regretter ce temps où vous couvriez la terre de vos folies et de vos crimes. […] Les histrions prétendoient partager la gloire des empereurs 10 ; une espèce de frénésie incompréhensible, mais dont la reproduction se prépare, transportoit dans les coulisses les matrones les plus graves pour y baiser dans l’ivresse d’une luxurieuse folie les masques et les habits des farceurs.
Qui peut excuser d’un grand peché ceux qui se font une occupation de ces folies, ou bien qui y donnent le temps qui seroit necessaire à leurs affaires, & au soin de leur domestique ? […] En effet, quelle priere peut faire à Dieu une ame remplie des folies, & des vanitez du siecle ? […] Heureux celuy qui n’a point ouvert les yeux pour s’arrêter à voir les vanitez & les folies du monde !
Ce genre de folies les favorise encore, parce qu’il entre dans l’ordre des mœurs, & flatte la mollesse & la vanité de ceux qui le voyent, quelle mine plus riche pour le Théatre & ses suppôts ! […] Je vous envoie des cheveux & une tête, disoit Martial, à une femme à qui il donnoit de la pommade & du fard ; on en trouvera cent autres dans Aristophane, Arien, Properce, Athenée, Casaubon, &c. comme la folie de la parure est de tous les tems, les railleries qu’elle mérite ont aussi été de tous les pays & de tous les siécles. […] Ces têtes peintes, cette chevelure de plâtre, ces cheveux empruntés, ces perruques de toutes couleurs & de toutes especes, ces folies inconnues à Rome pendant plusieurs siécles, ne viennent que du théatre ; en voici l’origine, tous les auteurs, & tous les anciens monuments nous apprennent que les acteurs jouoient masqués, & qu’ils portoient de grands masques, qui enveloppoient toute la tête comme le casque de nos anciens chevaliers, avec cette différence qu’au lieu de visieres ils avoient de grandes ouvertures aux yeux & à la bouche ; on croit que ces masques grossissoient la voix, & certainement ils la gatoient.
Si les couleurs naturelles sont des signes équivoques des vices & des vertus, les couleurs artificielles dont on s’enlumine sont des témoignages certains de dépravation ; je sais qu’il y a quelques maris si corrompus, quelques meres si déraisonnables qu’elles exigent ces folies de leurs femmes & de leurs filles ; sans doute alors ces couleurs forcées n’annonçent rien de criminel, ce n’est que la violence d’une part, & la timidité de l’autre. […] En voici un trait : un philosophe opulent avoit chargé un marchand rubanier de lui ramasser des échantillons de tous les rubans qui paroissoient, il les coloit sur les feuilles de plusieurs grands livres, pour transmettre à la postérité ce monument singulier de folie, & orner sa bibliotheque d’un vaste traité, par échantillons, de la Rubanomanie. […] Ni Sémiramis dans les plaines d’Assyrie, ni Cléopatre à la bataille d’Actium, ne porterent jamais si loin les folies du luxe : Quod nec in Assyrio pheretrata Semiramis orbe mæsta nec Actiacâ fecit Cleopatra casina.
& ne put jamais être persuadé ni par priere & lettre du Prince, ou de tous ses parents, à permettre qu’on fit ces folies ; & comme l’autorité Ecclesiastique ne suffit pas pour une défense absolue, il prit un tour, il profita de l’autorité que lui donnoit le concile de Trente sur l’impression des livres. […] Ce grand zélateur alloit lui-même au Seminaire donner des leçons de l’Adriene, traduisoit d’abord en François, & comme la plupart de ces jeunes gens venus de la campagne, n’entendoient guere mieux l’élégant François du Grand-Vicaire, que le Latin de Scipion & de Lœlius, il le leur traduisoit en Gascon, & leur faisoit sentir les beautés de ce fameux comique ; pour les préparer à l’administration des Sacremens, il faisoit même quelque-fois venir sa classe aux Chartreux, pour donner à l’Evêque & à ces bons Réligieux, le spectacle comique d’un examen sur l’Eunuque & le charmion ; il mourut avant l’Evêque, les autres Grands-Vicaires qui gémissoient de ces folies, firent fermer le théatre, & rétablirent le bon ordre. […] Chez toutes les nations de la terre, de Pekin à Gibraltar ces femmes auroient été prises pour des foles, on les auroient enfermées ; mais en France les folies des Dames sont des graces, leurs sortises des gentillesses, qu’on se fait un devoir d’admirer, on les traite comme des enfans, leurs adorateurs ne sont-ils pas des enfans aussi, que le hochet de l’amour amuse ?
Pour ces hommes effeminés qui ne rougissent pas de ces infâmies, ils en sont déjà punis par le ridicule dont ils se couvrent aux yeux même de celles à qui ils veulent plaire ; & si ce sont des hommes que la gravité, la sainteté de leur état éleve à des fonctions sublimes, c’est le comble de la folie & du scandale. […] L’Ecriture n’en parle que comme d’une folie & d’un crime, & ne l’attribue qu’aux femmes de mauvaise vie, & aux statues des faux Dieux, qu’on s’imaginoit de bien honorer en les barbouillant comme des femmes. […] Volontaires esclaves de cette folie, ils n’ont point cessé d’en être le jouet, & le sont aujourd’hui plus que jamais.
Felix de Cantalice, capucin, opposé aux folies théatrales du monde, rapporté dans sa vie. […] & n’est-ce pas une juste punition de la fureur du vice, qui ne peut se passer des folies & des crimes de la scène, jusqu’à en charger à grand frais des vaisseaux, & en transporter aux Indes ? […] Malgré ces décorations théatrales, condamnées par les anciens, mais si fort goûtées par les élégans, malgré le goût régnant de philosophie & de théatre, croira-t-on (telle est la force de la vérité) que ces constitution si mitigées défendent absolument tous les spectacles, ba’, comédie, opéra, jeux publics, & toutes les folies de ce caractere ?
Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules. […] On riroit au nez de celui qui seroit l’éloge de leur vertu, à moins de vouloir, comme Érasme, faire pour rire l’apologie de la folie & du vice ? […] S’amuser de péchés & de disgraces, au lieu d’en gémir, seroit sans doute une cruauté & une folie, fussent-elles sans conséquence.
Ils ont beau affecter la joie, la décence, la fierté ; ils n’en sentent pas moins le crime & le vuide ; leurs chagrins & leurs remords ne sont pas moins amers ; à leurs yeux même le ris est une folie, le plaisir un songe : Risum reputavi errorem, & gaudio dixi quid frustra decipis. […] (c’est à peu près comme les Médecins qui font des traités de la matiere médicale), Portrait du bouffon Preville : Il reçut le grelot des mains de la folie. Pour justifier les folies de ce Tabarin, il ajoûte ce bel axiome : Qui fait rire son siecle en doit être adoré.
C’étoit la grande folie des Saturnales (carnaval des Romains). […] Telle étoit la folie de ces fêtes ridicules, introduites dans plusieurs Eglises par la plus condamnable profanation, que l’on appeloit les Fêtes des Foux, où les Ecclésiastiques, les Religieux, les Enfans de chœur se déguisoient de mille manieres. […] Les Payens étoient très-capables d’imaginer ces folies, & les Juifs de les imiter.
Qui peut excuser d’un grand peché ceux qui se font une occupation de ces folies, ou bien qui y donnent le tems qui seroit necessaire à leurs affaires, & au soin de leur domestique ? […] En effet, quelle priere peut faire à Dieu une ame remplie des folies, & des vanitez du siecle ? […] Heureux celuy qui n’a point ouvert les yeux pour s’arrêter à voir les vanitez & les folies du monde !
La discipline militaire n’eut jamais besoin d’interdire ces folies : l’idée même pouvait-elle en venir ? […] Qu’on s’amuse à en faire un moment l’application détaillée, qu’on dise à Rome, un Consul, un Préteur, un Sénateur, etc., Comédien ; dans tous les pays du monde, un Ministre d’Etat, un Ambassadeur, un Gouverneur de province, Comédien ; qu’on dise parmi nous, un Général, un Colonel, un Capitaine, un Président, un Conseiller, un Avocat, un Notaire, etc., Comédien ; ces idées sont si disparates, les personnes et l’emploi sont si opposés l’un à l’autre, que ce seul langage révolte : la seule proposition serait une insulte et une folie, exciterait l’indignation, ou ferait rire par le ridicule ; ce serait allier le bon ordre et la dissolution, la sagesse et la folie, la considération et le mépris, la confiance du public et la friponnerie.
que la nécessité de les prendre, & souvent leur inutilité est honteuse : elles sont en effet indispensables, dans un danger aussi évident, une occasion aussi prochaine de désordre au milieu des folies, des passions & des crimes. […] Il y a quelque tems que ce même Parlement avoit attribué à l’Hôtel Dieu, le profit d’une représentation chaque année, laissant à la sagesse des Administrateurs le choix du tems, & de la piéce ; ils choisissoient le tems du Carnaval, où il se fait le plus de folies, & la piéce la plus galante, pour attirer le plus de monde.
Vif, enjoué, malin, c’est l’enfant gâté de la folie & des plaisirs.
On suit d’un œil aussi curieux, & aussi inquiet le Personnage représenté au Théâtre, que si l’on contemplait dans le monde ses folies ou ses infortunes.
Quelle apparence, en effet, qu’on soit en état de prier Dieu, et de mediter sur les verités du salut, quelle apparence qu’on puisse lire sa parole avec quelque fruit, lors qu’on a la teste pleine de ces folies ?
Son père Gustave étoit trop sérieux & trop sage pour s’amuser de ces folies, & occupé dans la guerre qu’il fit en Allemagne n’avoit pas de temps à y perdre ; ses prédecesseurs n’en connoissoient pas même le nom : sa fille Christine fit à Thalie une réparation authentique du mépris de sa nation & de sa maison, elle bâtit un théatre, fit venir à grand frais & soudoya des troupes de Comédiens, fit jouer toute sorte de piècces, y passoit des temps considérable ; des dépenses & des occupations si frivoles qui nuisoient à toutes les affaires de l’État, furent une des raisons qui dégoûtèrent de son gouvernement, & enfin l’obligèrent d’abdiquer. […] Ce caractère jovial, cette fécondité d’historiettes inconnues en Suede y parurent un prodige & firent sa fortune, il plut à la Reine par ses folies même, elle étoit trop frivole elle-même pour ne pas en être enivrée ; son père lui avoit fait faire ses classes & prendre le petit colet, il l’envoya à Paris auprès d’un oncle, qui exerçoit la médecine, cet oncle qui n’avoit pas d’enfans, le prit en affection, le fit étudier & prendre le bonnet de Docteur en médecine. […] Le théatre fut l’époque de tous ses malheurs, sa légéreté, sa vie libertine, ses folles dépenses, son inapplication aux affaires, sa conduite indiscrette qui en furent les fruits, aliénèrent une nation peu galante, à qui les folies dramatiques étoient inconnues, & qui n’a pas à beaucoup près pour les femmes les adorations des complaisans de Paris. […] La vraie sagesse est la sainteté, il n’y a que les Saints vraiment sages ; les sages du temps ne sont que des insensés, peut-être faisoit-elle allusion aux révélations de Sainte Brigitte, qu’elle taxoit de folie ; car elle tenoit sur la Religion, les Ministres, les Saints, les pratiques, les cérémonies, les discours les plus libres, elle n’eut point à changer de style, elle ne pensoit pas plus mal étant Luthérienne.
Est-ce-là de l’esprit, du talent, de la poësie, ou plutôt folie & impiété ? […] On appelle ces folies des folies des négligences heureuses, on veut y trouver du naturel, de la délicatesse, &c. […] On a menace le poëte qui avoit composé les couplets & l’acteur qui les avoit chanté ; ils ont fait & chanté d’autres couplets en leur honneur ; on leur a fait grace, & on a méprisé leurs folies.
Il est probable, qu’en recueillant cette liqueur délicieuse, qui chasse même la gravité du Sage, on se soit livré à mille folies. […] Comme la folie de se croiser circulait dans l’Europe aussi bien qu’en France, on vit aussi presque dans le même tems représenter par-tout les Mystères de la Passion.
Ceux qui courent après les premiers, regardent Jésus-Christ crucifié comme une folie, et comme une occasion de scandale ; mais ceux qu'il appelle à la participation de sa gloire par le renoncement à leurs désirs et à leur cupidité, le regardent comme la force et la sagesse de Dieu. […] Elles lui passent pour folies, et il ne les peut comprendre, parce que c'est par une lumière spirituelle qu'on en doit juger. » Rom.
C’est un discours rampant et vide de sens, plein d’autant de vanité que son auteur a de présomption et qui n’a rien qui soit bastantw d’ébranler le moindre esprit, ses raisons sont si mal rangées, ses paroles si confuses, et ses termes si grossiers, qu’ils tiennent de la froideur de son tempérament, et de la qualité de son jugement ; Bref, il aurait besoin de se faire relever de la folie, comme d’un acte de sa Minorité, ou faire un voyage au pays d’Anticyre pour se purger le cerveau d’un peu d’elléborex. […] [NDE] Plante, originaire de Grèce, considérée comme pouvant traiter la folie ou l’imbécillité.
défendit sagement cette folie. […] Les Romains qui ne savaient plus se réjouir sans se ruiner, traitaient peut-être de Barbares, ceux qui n’avaient pas du goût pour leurs jeux ; mais les plus sensés avouaient que c’était une folie dans les Romains. […] , elle l’approuvait alors, et Salvien Prêtre de cette Ville parla avec beaucoup de force contre ces folies. […] Pour l’abolir, on ordonne dans la Province Ecclésiastique de Tarragone, de faire cesser le Service Divin, lorsque ces folies se feraient. […] » Un Concile d’Aix tenu la même année, défend en particulier les Jeux comiques et les autres folies qui se faisaient le jour des SS.
L’indécence d’un tel changement de discipline inutile & dangereux, ne diminue pas l’indécence de toutes ces folies dans le Clergé ; mais ce sont deux liens de moins, par conséquent plus de liberté d’y aller, & l’espérence de l’impunité, puisque toutes les peines sont supprimées. […] Ses deux Vicaires qui confessoient aussi, & l’avoient imité subirent le même sort, les actrices triompherent, la piece fut jouée avec encore plus d’éclat ; il y eut bal, on dansa toute la nuit, on y fit toutes sortes de folies. […] Ce ne fut pas une folie passagere, après la mort de Jotof un officier nommé Butalir, fut créé Pape à Moscou & à Petersbourg.
Roi de Portugal qui fut déposé pour ses crimes & sa folie, & relegué dans les Isles Terceres, étoit trop libertin pour n’être pas fou du théâtre : entr’autres folies, il faisoit représenter des comédies jusques dans le chœur des Religieuses. […] N’est-ce pas une folie de se repaître des choses les plus frivoles, & de les unir avec les plus sérieuses ?
Toutes ces folies assurément n’y préparent pas ; & on peut bien dire avec le Prophête, elles les font tomber dans un moment en enfer : In puncto ad infernæ descendunt. […] L’amour est une folie, qui a son flux & reflux, comme une fievre qui a ses redoublemens. […] Ces folies ne valent pas la peine qu’on en parle.
Parmi toutes les drogues de la matière médicale, il y en a de singulières : les perles calcinées dont les cendres appliquées sur la peau lui donnent un air perlé ; la poudre de diamant très-brillante, le secret de Salomon, le nexaphar, l’eau d’Escargot & sa bave & la bile du Tusc qu’il appelle la pierre philosophale du fard, & cent autres folies. Cet homme assurément a voulu se divertir : un Médecin judicieux ne peut pas dire sérieusement tant de folies, son petit-fils l’Abbé Renaudot étoit un vrai savant qui employa utilement ses travaux pour le bien de l’Église, en composant une partie très-considérable de la défense du fameux livre de la perpétuité de la foi sur l’Eucharistie. […] Dans ce choix il n’y a de bien certain que la folie de ceux qui en usent.
Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.
Cet art est né de la folie & de l’ivresse que le Dieu des raisins inspiroit. […] Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie, Promena par les Bourgs cette heureuse folie, Et d’Acteurs mal ornés chargeant un tombereau, Amusa les passans d’un spectacle nouveau. […] quels chants pouvoit-on attendre de Thalie ; Lorsque d’Aristophane épousant la folie, Et, par son impudence, assurant ses succès, Elle s’abandonnoit aux plus honteux excès ? […] Les hommes & les femmes entendoient encore en France, dans le sixieme siecle, la langue Latine ; mais vers la fin du huitieme siecle, la décadence du Latin augmenta encore plus, de maniere que Marculphe ne se cachoit pas, que les Sçavans traiteroient de folie le mauvais Latin de sa collection de formules, velut deliramenta reputabunt. […] Et voilà comment la folie du monde est sagesse….
Mais c’est la plus complette extravagance que la folie humaine puisse imaginer. […] Cet amour platonique, que son enthousiasme pour le plus grand plaisir physique lui fait croire impossible, est la plus complette extravagance que la folie humaine puisse imaginer , quoique le divin Platon & l’admirable Fenelon l’ayent imaginé, sans être complettement extravagans ; cet amour est pourtant celui des anges qui n’ont point de corps, celui des saints pour Dieu qui n’est qu’un pur esprit, celui que Dieu demande de tout l’esprit, de tout le cœur, de toute l’ame, de toutes les forces ; c’est l’amour des ennemis, si fort recommandé dans l’Evangile, où n’entre pour rien le plus grand plaisir physique.
Ce mot dit tout ; il réunit tant de folies et de désordres, que d’un coup de pinceau il fait le procès à tout ce qu’il caractérise, et le livre au mépris. […] La malignité veut encore, mais c’est toujours malignité, qu’à la grossièreté près, dont tous les théâtres sont aujourd’hui purgés, on trouve dans ces pièces toutes les tendresses de l’amour, tout le fiel de la médisance, tous les emportements de la colère, toutes les horreurs de l’impiété, toutes les folies du paganisme, des divinités, des sacrifices, des Prêtres habillés d’une manière fort approchante des nôtres, souvent avec des ornements sacerdotaux assez peu déguisés ; qu’on joue quelquefois jusque dans les Eglises et les Congrégations, d’où on tire le matin le saint Sacrement pour faire place à Arlequin, etc.
Les guerres civiles, qui donnaient à la France des spectacles bien différents, firent tomber toutes ces folies ; il ne fut plus question de Balthazarini. […] Il eut la folie de s’en plaindre et de confier ses sottises.
Tel est par exemple en France le préjugé sur le point d’honneur, qui oblige quiconque a reçu une injure, de risquer sa vie pour en obtenir la réparation, sous peine d’être à jamais deshonoré & méprisé de ses semblables : folie étrange dont il est surprenant qu’on ne soit pas encore revenu !
Il tient le même langage de galanterie ; &, loin de former à la sagesse, il répete les mêmes folies, les mêmes sentimens, & n’est employé qu’à confirmer le libertinage de la piece & des acteurs.
Voilà la résolution de ce grand personnage monsieur Gerson conformément à tous les anciens Docteurs saints, desquels qui voudra voir au long la sentence touchant telles impures impiétés, comme aussi touchant les autres débauches, danses, folies, ivrogneries, momeries, et semblables bacchanales, accoutumées méchamment et scandaleusement, d’être commises les jours des fêtes, lise les lieux ci après notés, savoir est : Chrysostome, t. 2, Homélie 38 in 2 Matthoei.
C’est ainsi que les Docteurs de l’Eglise ont étudié les livres des infidèles et des hérétiques, pour combattre l’erreur par ses aveux et ses excès, ses contradictions et ses folies.
Les folies du carnaval parmi les chrétiens ont malheureusement succédé aux fêtes lupercales des païens.
Voltaire n’est pas plus sage, il ne donne pas moins de folies à 80 qu’il en donnoit à 25 ans ; il est moins sage, il ne respecte ni la réligion, ni les mœurs ; les erreurs sont ses lisieres ; qu’il est à plaindre de s’en laisser bercer, il touche à l’éternité. […] Il n’y a pas de piece où la mort ne soit cent & cent fois rappellée, & vous oubliez qu’une loi commune à tout ce qui respire, vous prépare le même sort : pulvis es & in pulverem reverteris : les flots des spectateurs qui depuis la naissance du théatre, comme le cours d’une riviere, viennent au spectacle, s’agitent, s’écoulent, changent sans cesse, disparoissent & vont s’engloutir dans les abîmes de l’éternité : que pensent-ils aujourd’hui des folies qui vous occupent ? […] Pour les jeunes libertins, en faveur de qui se trament les intrigues, leurs folies, leurs passions, leur indocilité à leurs parents, leur facilité à suivre les conseils de leurs esclaves & de leurs maîtresses, sont toujours non seulement impunies ; mais récompensées par le succès de leurs amours.
On a la mal-adresse de lui faire faire une foule de folies & de bassesses qui dérogent mille fois plus que toutes les mésalliances. […] Une autre folie : le Chevalier gentilhomme a été comédien, & l’amour d’une Actrice l’en a rendu. […] C’étoit un goût chez les anciens, c’est une folie, un délire chez les modernes.
Supposons qu’un jeune-homme lise dans son cabinet, ou l’Amphitrion, ou les Folies amoureuses, Zénéïde, l’Oracle, ou les Fausses Infidélités, &c. […] Quel sera le correctif des Folies amoureuses ?
Il passera pour une folie. A la bonne heure, la religion Chrétienne passait bien pour une folie aux yeux des sages Païens : Gentibus stultitium.
Ceux qui courent après les premiers, regardent Jésus-Christ crucifié comme une folie, et comme une occasion de scandale ; mais ceux qu’il appelle à la participation de sa gloire par le renoncement à leurs désirs et à leur cupidité, le regardent comme la force et la sagesse de Dieu. […] Car, comme dit l’Apôtre, "l’homme qui est tout charnel n’est point capable des choses qu’enseigne l’Esprit de Dieu : Elles lui passent pour folie, et il ne les peut comprendre, parce que c’est par une lumière spirituelle qu’on en doit juger."
si vous voulez dès ce monde ressentir de la joie : que dis-je, vous êtes dans le comble de la folie, si ce qui réjouit les autres est pour vous un plaisir. […] Adam n’eût point été chassé du Paradis, s’il n’eût été séduit par la volupté ; c’est pourquoi David, qui avait éprouvé combien les regards sont dangereux, dit avec raison que l’homme est heureux lorsque le nom du Seigneur est toute son espérance, et qu’il n’a nul égard aux vanités, et aux folies trompeuses du Siècle. […] Heureux est l’homme qui a mis son espérance dans le nom du Seigneur, et qui n’a point arrêté ses yeux sur les vanitez et les folies du mensonge. […] C’est la première réflexion que fait le Sage en revenant comme d’un profond sommeil, de cette longue jouissance des plaisirs où il avait abandonné son cœur, et parmi lesquels il compte celui d’avoir eu des Musiciens et des Musiciennes, que d’en reconnaître la vanité et le péril : J’ai condamné, dit-il, le ris de folie, et j’ai dit à la joie ; Pourquoi me trompez-vous si vainement ? […] L’Auteur de la Lettre aurait bien mieux fait, s’il avait employé son esprit et sa plume à détourner les Lecteurs de toutes les folies du monde, et à les porter à ne rechercher que les joies véritables du Ciel, et ces biens si excellents, que l’œil n’en peut voir la beauté, que l’oreille n’en peut entendre la douceur, et que le cœur de l’homme n’en peut concevoir le prix, À Dieu seul soit l’honneur et l’Empire dans tous les siècles des siècles.
Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité.
DE LA COMEDIEa Toutes ces sortes de Poésies amusent quantité de Gens ; D’autres sont d’avis qu’on ne devrait guère s’occuper ni à en composer ni à en lire : Ils tiennent tout cela pour folie ou pour vanité ; mais c’est une opinion trop chagrine et trop sévère.
Edouard savoit bon gré à Eustache de s’être opposé à la proposition qu’avoit fait quelque habitant, de sortir les armes à la main, pour chercher à travers l’armée ennemie, la mort ou la liberté : folie qu’Eustache combattit avec raison, & à laquelle il étoit intéressé, puisqu’il eût dû se mettre à la tête de ces insensés. […] Toute la grandeur consiste à empêcher qu’on n’aille se faire tuer par l’armée Angloise, folie qu’il avoit le plus d’intérêt à combattre ; il eût été le premier tué ou pendu. […] de crimes, de fables, de folies, d’obscénités, de bassesses. […] Le Mercure de juillet 1770, qui rapporte très-sérieusement cette folie, comme une invention fort ingénieuse, prétend que par un heureux artifice on pourroit faire du Théatre un lieu enchanté, & rendre plus vraies & plus frappantes les scenes de magie & de diablerie, le manoir de Pluton, le Tartare, le regne des Gnomes, les décorations lugubres des funerailles, &c.
Ces blasphêmes & ces folies, fruit assez naturel de l’invitation à prostituer des éloges de Moliere, à qui sont-ils plus injurieux ? […] On a vu les éloges de la folie, de la fievre, du néant, &c. […] Non, mais il peut ne pas exagérer ses défauts, révolter les enfans contre leurs peres, & excuser les folies & les prodigalités mille fois plus dangereuses des enfans. […] Son nom est devenu un proverbe pour désigner les folies théatrales.
Si le huitiéme siecle eût été philosophe, Mainbourg n’eût pas rempli deux volumes de ce ridicules différentes folies d’attaquer les images fanatiques, de les défendre. […] Les insensés le réjouissent dans leur folies, dum lætantur insaniunt ; ils appellent paix, divertissemens, ces malheurs extrêmes, tam magna mala pacem appellavit. […] Ces folies sont communes sur le théatre, dans les scenes, si fréquentes qu’elles sont usées, où des portraits jouent un grand rôle, font quelquefois l’intrigue & le dénouement ; on leur adresse les discours les plus tendres, les louanges les plus flatteuses, les propos les plus passionnés.
La tristesse apporte des soupçons, des jugements téméraires, des humeurs hypocondriaques qui approchent parfois de la folie, et ôtent le jugement : « Il n’y a point de sens, ni de jugement, où il y a de l’amertume, et de la tristesse »,8 dit le saint Esprit. […] ou d’être cause que les autres l’offensent : l’amour que vous devez à Dieu, vous oblige à cela, trouvez quelque excuse pour vous en exempter ; le salut de votre âme, et de votre prochain, vaut bien plus que le plaisir d’une danse, c’est folie se mettre en danger de perdre celui-là, pour jouir de celle-ci. […] soyez sur vos gardes, car vous marchez par un lieu bien dangereux, et bien glissant : élevez souvent le cœur à Dieu, tirez profit pour votre âme, de tout ce que vous y verrez ; étonnez vous de la folie des hommes, et des femmes, de s’empresser plus pour cette action, que pour acquérir le Paradis ; pensez au fruit qu’on en rapporte, qui n’est qu’une lassitude de corps ; un trouble d’esprit, si l’on n’a pas été loué, ni prisé en la danse, ou si l’on n’a pas si bien dansé que les autres ; un remords de conscience pour les péchés qu’on y a fait, ou qu’on a été aux autres, occasion d’en faire ; un regret d’avoir perdu un si long temps, et si précieux, pour gagner l’Eternité.
Ayant une fois dansé par complaisance pour l’Empereur & l’Impératrice, dans une fête qu’il leur donnoit, il disoit ensuite : il faut quelquefois faire des folies pour les grands : Pro magnis aliquando insanire necesse. […] Le Poëme des Saisons s’exprime ainsi sur le bal : Entrez dans ce sallon ou de bruyans Prothées Echangent en riant leurs formes empruntées, Où la nuit le tumulte & les masques trompeurs Font naître à chaque instant d’agréables erreurs ; Là le maintien décent, la froide retenue, N’imposent point de gêne à la joie ingénue ; Là le luxe, les rangs, les âges confondus, Suivent, en se jouant, la Folie & Momus.
Les Comédiens mis en honneur et son cheval nommé Consul servent également à caractériser ce Prince insensé et ses folies. […] ce n’est pas la place des Caton (c’est celle de Vénus) : « Ad circum nesciunt convenire Catones. » Toutes les folies que le peuple y fait, ne peuvent passer pour des injures, la licence du lieu excuse les excès : « Injuria non putatur, locus defendit excessum. » Liv.
« Heureux celui qui met son espérance au Seigneur, et qui ne s’arrête point aux folies, et aux vanités du siècle. […] Cependant il y a de la folie, et à dire et à croire toutes ces choses qui ne sont que mensonge, et qu’imposture. » D’où il s’ensuit que puisque ces Philosophes estimaient qu’il y avait de la folie et à dire, et à croire ces actions honteuses des Dieux, ils ne faisaient pas de la représentation de ces choses-là des actes de révérence, et de religion. […] Y a-t-il une folie pareille à celle qui porte les hommes à s’habiller en femmes par un honteux déguisement ? […] Y a-t-il de plus grande folie que de se déguiser en bête, et de se rendre semblable à une chèvre ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image et à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice et la victime du démon ? […] « La fête des fous tire son origine des Païens et des Gentils, qui faisaient de semblables folies au commencement de Janvier, selon le témoignage de S.
L’Historien de Rome parlant encore un peu plus bas de l’origine de ces Spectacles, dit qu’elle fut pure, mais qu’ils étoient déchus ; & que le désordre étoit presque monté jusq’uà la folie.
C’est à la vérité une misérable folie, miserabilis insania, de s’attendrir ainsi sur des Fictions : mais les Poëtes profitent de notre foiblesse pour nous causer du plaisir.
Depuis que les Muses Dramatiques ont commencé à produire au grand jour les infortunes & les folies humaines, elles ont toujours trouvé des partisans nombreux pour applaudir, & quantité de censeurs pour reclamer. […] Votre bile s’allume, & se répand avec aigreur sur notre folie. […] Je ne demande point à ces Messieurs si jaloux d’élégance & d’agrément, s’ils ont eu droit de détourner le Chœur Tragique, (d’où est né l’Opera) de son premier office, je veux dire, du soin de faire valoir la vertu, pour le rabaisser à débiter de tendres folies. […] N’est-ce pas à vous de reprimer la folie des uns & l’effronterie des autres ? […] Dans cette Ecole on chantera, que la folie sied bien à la jeunesse, qu’il faut renvoyer la sagesse au déclin de l’âge.
Elle accompagne la marotte de la folie, comme on peut le voir dans Erasme & dans toutes les estampes. […] Les folies sont de tous les temps & de tous les lieux.
Le secret transpire ; on se pardonne reciproquement le ridicule & la folie, & on confirme le triple mariage. […] La fécondité apparente en ce genre est une vraie stérilité, & les qualités paisibles du cœur les entraves du génie dramatique ; il faut un grain de passion & même de folie pour faire un Poëte, il en faut deux pour faire un Poëte comique.
Les comédiens ne connoissent point cette sage économie ; ils se sont d’abord chargés du loyer : la folie & le vice sont des fonds inepuisables qui fournissent à tous leurs besoins. […] Mais empêcheront-ils l’Europe & la postérité de condamner leurs folies ?
Les accompagne-t-on de danse, de musique, de spectacles, des débauches, des folies, si chantées sur la scène, poussées souvent jusqu’à l’ivresse & au scandale ? […] Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ?
Dans une autre scène, la folie recommence le même jeu (il est digne d’elle), & anime d’autres statues d’hommes & de femmes. […] Tout se termine par un cantique digne de la fête, de l’Auteur, des Acteurs, & certainement des Actrices : Chantons, célébrons la folie ; La gaieté vole sur ses pas, La volupté naît dans ses bras (image modeste), Et le plaisir lui doit la vie.
C’est peut-être dans cette pensée qu’un Italien l’appelle une folie qui passe de la tête jusqu’aux pieds : néanmoins on peut dire, à la honte de plusieurs Mères Chrétiennes, que leurs Filles savent plutôt un pas de danse, que les principes de leur Religion, tant elles ont soin de les rendre agréables au monde, sans se soucier de plaire au Seigneur. […] Voilà ce que la Foi nous apprend, voilà ce qu’elle nous découvre par ses lumières, et qui assurément n’approchent pas de la réalité ; car on manque de pensées et d’expressions pour donner un portait au naturel, et pour faire une peinture vive et parlante de ce divertissement, qui est aussi ridicule qu’il est honteux ; car si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs ; nous appellerions folie ce qu’on nomme gentillesse.
Je ne voudrais pas que le monde crût que je ne susse pas faire un jugement si aisé, et que voyant d’un côté l’Auteur des lettres, qui ne cite que les Saints Pères, comme vous lui reprochez, et de l’autre côté, Desmarets, qui ne dit que des folies, je ne pusse pas discerner que c’est ce dernier qui est le visionnaire et le fanatique. […] Je vois bien que tout vous est égal, la vérité et le mensonge, la sagesse et la folie, et qu’il n’y a rien de si contraire que vous n’ajustiez dans vos comparaisons.
On lui suppose un vœu de chasteté, dont l’Ecriture ne parle pas, et qui n’était pas alors connu ; et malgré son vœu elle écoute et souffre à ses genoux son adorateur, qui l’appelle beauté immortelle, et fait toutes les folies des amants de théâtre : elle lui répond sur le même ton. […] « L’Etat, dit-il, devrait faire bâtir aux petites maisons des loges pour ces Théologiens… Il serait même à propos de jouer ces espèces de fous et de folies sur nos différents théâtres, surtout à la foire pour le peuple, d’en récompenser le Poète et les Acteurs, et ne prendre que la moitié du prix à l’entrée. » Qu’on juge que deviendrait la religion, si elle était abandonnée au théâtre de la foire, et les Acteurs récompensés pour la jouer.
Ce n’est que peu à peu, à mesure que l’esprit de frivolité et le goût du vice ont pris le dessus, qu’on a souffert, après bien des oppositions des voisins, et des gens de bien, que la folie et le scandale eussent des établissements fixes et des maisons publiques, où tout le monde fût reçu et invité à en aller prendre des leçons et voir des exemples. […] Dès la plus tendre jeunesse, tout occupé de ces folies, a-t-on un moment à donner aux sciences ?
Ces assemblées prophanes, par les crimes qui s’y commettent, les intrigues qui s’y forment, les feux impurs qui s’y allument, les folies qui s’y font, l’indécence qui y regne, le luxe & le faste qui s’y étalent, les objets licentieux qui s’y présentent, ces assemblées prophanes, toutes formées par le vice, sont certainement, si l’on peut employer ces termes, le bal des démons, la danse des damnés, le salle de l’enfer, plutôt que l’image des chastes joies du paradis. […] S. tête, dit-il, est couronnée de douze folies, ses pieds sont portés & conduits par la lune, sans ordre & sans regle, son visage par le fard dont il est enluminé ; son corps, par les ornemens dont il est chargé, les diamans dont elle est brillante, s’offre aux regards comme un soleil. […] il se ruine pour satisfaire l’inépuisable profusion, & l’insatiable avidité de sa toilette, & prête des armes contre lui-même, en favorisant des folies, & préparant des occasions du crime, qu’il étoit de son intérêt & de son devoir d’arrêter.
Car y eut-il jamais une folie comparable à la votre ? […] dit que les Chrétiens ne doivent pas avoir de commerce avec les folies du Cirque, et l’impudicité du théâtre. […] Il dit ici pour la louer qu’elle est si pure et si régulière, « qu’il n’y aurait pas moins d’imprudence, que de folie de la condamner, à cause que les Cardinaux, les Evêques, et les Abbés y vont ».
serviteurs de J.C. vous catéchumènes, qui désirez d’être bientôt unis à lui par le baptême, et vous chrétiens qui l’avez déjà confessé en participant à ses mystères ; apprenez par les régles de la foi, par les principes de la vérité, et par les lois de la discipline, l’obligation où vous êtes de renoncer au plaisir des spectacles, de même qu’aux autres folies du siècle. […] Jugez de leur folie par la vanité de leurs discours : il a déjà, dit-on, envoyé la serviette : chacun dit à son voisin, ce que son voisin a vu lui-même. […] vous dites que les actions théâtrales ont été inventées pour apprendre la politesse, et la science du monde ; je réponds, que nous devons mépriser cette science mondaine, puisqu’elle est une folie devant Dieu ; et par conséquent que nous devons détester ces deux espèces de spectacles ; je veux dire la comédie, et la tragédie, où sont employés tous les attraits de cette maudite doctrine.
Le fête que le Surintendant Fouquet donna au Roi dans sa maison de Vaux, & qui hata sa ruine, fut au-dessus de tout ce qu’on avoit vu en ce genre : la seule maison de Vaux étoit un prodige (une folie) il s’en faloit beaucoup, que St-Germain & Fontainebleau, les seules maisons de plaisance qu’eût alors le Roi, approchassent de la beauté de Vaux ; (on eut depuis la foiblesse de vouloir l’emporter sur lui à Marli, à Saint-Cloud, à Chantilli, &c.)
que les fidèles employassent une notable partie du temps à ces folies et extravagances, absolument contraires à la profession Chrétienne, et à la loi de Dieu, qui parlant par la bouche de S.
Et que la folie, & le mensonge soient plus écoutez, que la parole eternelle ?
L’art dramatique est né chez les Grecs de la folie et de l’ivresse que Bacchus inspirait.
Les parodies de nos Opéra, lorsqu’elles sont bien faites, sont très propres à tourner en ridicule les maximes lubriques, dont Despréaux fait mention ; Don Quichotte en parodiant finement nos romans a fait cesser en Espagne et même en France, la folie de ce que l’on nommait autrefois Chevalerie qui faisait mépriser les devoirs ordinaires de la vie pour courir après une réputation chimérique et mal entendue.
Au reste, il paraît que notre Théâtre fait grand fond sur les expédients de la fureur et de la folie : les femmes y sont tantôt furieuses et tantôt folles ; afin de leur ouvrir un vaste champ à la licence et de mettre leur effronterie à couvert. […] Dans son Hippolyte il définit la débauche, une folie, une stupidité : être vertueux selon lui, aussi bien que selon Eschyle, c’est être raisonnable. […] Notre Poète m’envoie à vous avec confiance pour vous avertir qu’il ne vous refuse aucun plaisir, hors celui de la folie : les gens matériels et qui n’aperçoivent encore la sagesse que dans l’éloignement, mépriseront sans doute son travail ; mais les sages lui en sauront gré : ils le supporteront au moins en faveur de la bonne intention de sa Muse.
Charles Borromée se sont vus obligés de réduire leur zèle à demander au Ciel la patience pour supporter les scandales qu’ils ne pouvaient abolir. « Il est quelquefois nécessaire de tolérer quelque folies du peuple, dit Théodoric, roi d’Italie, pour l’empêcher de donner dans de plus grands écarts. […] Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je !
Des disputes théologiques, la perte de sa chaire de Professeur, sa fuite en Hollande, les amours de sa femme, les talens de Baile, la destruction de sa Secte par la révocation de l’Édit de Nantes, aigrirent si fort son imagination, & exaltèrent si fort sa bile, qu’il tomba dans la folie, & donna des ouvrages extravagans. […] Eh pourquoi dans nos folies ne sommes-nous pas un peu plus sages ?
L’une & l’autre de ces farces donnent au Seigneur le choix de la Rosiere : elles ont paru un titre incontestable au Sieur Denré, Seigneur de Salenci ; il a regardé comme une folie l’importance que les Salenciens attachent à leur fête, à prétendu avoir seul droit de choisir la Rosiere. […] L’Opera seul peut adopter cette absurdité qu’il a enfantée, que l’on traite de beauté, & qu’au village on traiteroit de folie.
Comment, dans une Religion qui nous oblige de rapporter à Dieu tout ce que nous faisons, de mortifier nos sens, de crucifier notre chair, d’user de ce monde comme n’en usant pas, il nous sera permis de suivre les folies du siècle, et de nous y livrer ? […] Ouvrez les yeux, sortez de votre léthargie, reprenez les sentiments de foi dont vous vous êtes malheureusement dépouillés, et vous reconnaîtrez que ces spectacles que vous excusez avec une espèce de frénésie, sont l’antipode du Christianisme, et que c’est le comble de l’impiété et de la folie de vouloir les justifier comme n’étant contraires ni à l’Evangile ni aux bonnes mœurs.
& que la folie, & le mensonge soient plus écoutez, que la parole éternelle ?
dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté.
Ceux qui sont obligés de se livrer à des affaires pénibles qui leur causent trop de dissipation, ont-ils besoin de se livrer ensuite à des divertissements tumultueux qui attachent trop fortement leur esprit et qui les remplissent de folies ?
Hoc igitur dico & testificor in Domino, ut jam non ambuletis, sicut & gentes ambulant in vanitate sensûs sui : Je vous dis avec l’Apôtre, & je vous conjure, mes Frères, par le Seigneur, de laisser toutes ces folies, & de ne plus vivre comme les gentils qui suivent dans leur conduite la vanité de leurs pensées : enchantés des vaines apparences du Monde, ils ne cherchent qu’à remplir le vuide de leur cœur par des objets qui les amusent & les divertissent.
Ce qui rend la Comedie plus dangereuse, c’est qu’elle éloigne tous les remedes qui peuvent empêcher les mauvaises impressions qu’elle fait sur nous : car aprés avoir amolli notre cœur, elle enyvre si fort notre esprit de toutes les folies qu’elle lui represente, qu’elle nous met hors d’état d’avoir la vigilance nécessaire pour résister aux mauvaises idées qui nous restent de ce que nous avons vu & entendu.
Enfin, s’éleve un vaste édifice, ouvrage d’un habile architecte, M. le Camus, qui, par sa hardiesse & par sa grandeur, si ce n’est par sa régularité, & par sa forme, nous donne au moins quelque idée de ces monumens des Romains, dont, les seules ruines nous étonnent, & par cette raison on leur donne le nom de Colisée ; ouvrage des Romains, reste du superbe amphitéatre de Vespasien, bâti des dépouilles de Jérusalem, & du Temple : (car toutes ces pompeuses folies du monde ne s’élevent que sur les ruines de la Réligion.)
On suivrait apparemment l’usage universel de l’Europe, qui a consacré l’habit noir à la décence, et l’on obligerait tous les danseurs et danseuses de s’habiller de cette couleur, et pour que tout répondît à la gravité de l’habit, on interdirait aux jeunes garçons cet air de dissipation et de folie que la danse et la musique leur inspire : on leur prescrirait d’avoir la vue toujours fixée sur le Seigneur Commis, comme le Soldat Prussien sur le Flügelmann 5 en sorte qu’ils s’exerceraient sans cesse à accorder leur maintien avec la gravité de leur habit.
L’autre Sara femme du jeune Tobie pleurant devant Dieu pour les accidents qui lui étaient advenus, à cause des injures et reproches que lui avait faites une mauvaise chambrière, l’appelait à témoin de son honnêteté, et que son cœur était chaste, pudique et non adonné à aucune folie et légèreté : et disait qu’elle ne s’était jamais mêlée avec ceux qui jouaientEn Tobit 3. [3, 14-15] aa.
Boursaut pour conjurer l’orage chanta aussi la Palinodie ; il écrivit à l’Archevêque de Paris, une grande lettre qui se trouve au second Tome du Recueil de ses Lettres, mêlée à je ne sçai combien de galanteries & de folies de toute espece ; assemblage ridicule qu’un comédien est seul capable de faire. […] Tant de folies & d’impiétés ne demeurerent pas impunies.
Le pere a applaudi & récompensé par un festin magnifique, cette folie qu’il eût dû empêcher. […] Le Dieu des Chrétiens ne fut jamais honoré par des folies.