Ces rôles sont nécessaires à l’action : on en voit dans les meilleures pieces, Atthalie, Esther, &c. […] Les discours que leur fait tenir une audace insensée, une logique artificieuse ou une plaisanterie piquante, & qu’il faut leur faire tenir pour remplir leur rôle, ébranlent les foibles, jettent des doutes, accoutument à l’erreur, au blaspheme, & répandent le germe de l’impiété, qui ne se développera que trop. […] L’orateur étudioit le jeu non le rôle du comédien, étude qui exige un discernement exquis, n’est pas pour des enfans. […] Dans le troisieme, le rôle principal de Clitemnestre est horrible, dégoutant, insupportable. […] Dans les Coëphores, autre Tragédie d’Eschile, plus réguliere, le rôle d’Oreste, est aussi dégoûtant & révoltant que celui de Clitemnestre.
Germain à l’Opéra comique (le plus chaste des spectacles que sa dévotion fit supprimer la même année) par le rôle de Laurence de tous le plus pieux, qu’on dit qu’elle joua d’original. […] Elle n’eut point de modele, & elle en servit , dit-on par une brillante antithese : Soubrete, Paysanne, Amoureuse, rôle de caractere, rôle naïf , elle excelloit en tout, elle se multiplioit à l’infini, elle faisissoit toutes les nuances ; tout lui étoit propre. […] La croix d’or étoit inutile, toutes les Paysannes n’en portent pas ; mais très indécente sur une gorge découverte & avec des bras nuds, sous un visage enluminé, car une Actrice est toujours fardée, dans un rôle licentieux & naïf. […] Les habits du Serail ont encore un avantage, ils rendent l’indécence nécessaire, comme une partie du rôle qu’on joue. […] Elles sont les vraies Philosophes ; elles ont toutes les vertus du sage, la bienfaisance, l’humanité, le zele pour la population, l’horreur du vœu de chasteté, la vanité, la hauteur, l’indifference pour la religion, le mépris des bonnes mœurs ; & elles ont appris quelques termes de Philosophie dans plusieurs pieces modernes, & dans les conversations de leurs amans ; elles repeteront leur rôle dans leurs dissertations philosophiques.
Les Actrices elles-mêmes qui jouent le rôle d’Esther dans la tragédie de Racine, imitent-elles sa modestie en la représentant ? […] Le visage, les gestes, les allures, la voix, tout le corps d’un Acteur doit être un Prothée, qui change à tout moment pour prendre l’empreinte des divers sentimens de son rôle, emportement, hauteur, &c. sur-tout de l’amour, langueur, tendresse, vivacité, jalousie, &c. […] Toute la parure théatrale assortie à son rôle, montée à l’unisson de ses sentiment, ne l’est pas davantage ; elle l’est moins, puisqu’elle met plus vivement sous les yeux les objets qui imitent les sentimens dépravés, qu’elle parle avant qu’on ait ouvert la bouche, après qu’on a cessé de parler, & pendant qu’on s’entretient d’autre chose, elle joue seule son rôle, elle le joue sur la personne même qui la porte. […] Elles y réussiroient ; la nécessité de paroître au grand jour, sous toute sorte d’habits, assortis à leurs divers rôles, les oblige de chercher, d’essayer dans chacun ce qui peut plaire davantage. […] La voila cette Actrice portant la scene dans l’Eglise, qui y joue le même rôle que sur le théatre, assise sur l’Autel de son fauteuil, elle prend la place de Dieu, elle étale ses ornemens & ses graces, se présente à l’adoration de tout le monde, attire tous les regards, s’attache tous les cœurs, reçoit tous les hommages ; on ne pense qu’à elle, on n’admire, on ne loue, on n’encense qu’elle, hélas !
Cette idée de cheveux noirs sur cette tête d’or, semble plutôt indiquer le sens physique d’une tête chargée & ornée d’or, que le sens moral d’une tête pleine de sagesse ; quoique l’une n’exclue pas l’autre, je suis surpris que dans l’excès & le rafinement du luxe, où le théatre donne, il n’ait pas employé cette parure, riche & brillante, sur-tout dans le rôle des Princes & des Princesses, dont plusieurs sont employées, notamment dans le rôle de Salomon. […] Le sieur le Gros joue un grand rôle sur les trois théatres en faveur des actrices. […] On ne sentoit plus la douceur, la légereté, les inflexions qui en expriment les nuances des sentiments, & donnent beaucoup de grace à la déclamation ; ils étoient en grand nombre ; on en avoit pour chaque rôle, ils représentoient des hommes, des femmes, des viellards, des jeunes gens, des princes, des esclaves ; l’acteur les prenoit en entrant sur la scéne, & les quittoit en sortant ; cet usage étoit commode, on n’avoit pas besoin de composer son visage : acteur, ou actrice, jeune ou vieux, laid ou joli, le visage étoit tout fait, & la tête toute coëffée ; mais aussi étoient-ils toujours les mêmes, on ne pouvoit ni peindre les mouvemens des passions, ni diversifier le feu des regards, ni répandre à propos les graces du souris ; & ce qui est le plus terrible pour une femme, sa beauté étoit cachée, & ne pouvoit faire de conquêtes ; on ne conservoit pas le chef-d’œuvre de la toilette, dont ces vilains masques dérangeoient toute l’architecture. […] C’est le revenant bon de leur chaste métier ; on a partagé cette tête creuse, on en a conservé le derriere, en le perfectionnant ; ce n’est plus qu’une calote ; elle avoit autrefois des cheveux empruntés, soit en peinture, ou en plâtre, ou réellement attachés, ce qui faisoit des chevelures blondes, noires, bouclées, frisées au gré de l’acteur, aussi-bien que les sourcils & la barbe, selon son goût ; on a conservé le derriere qu’on a rendu plus commode par des perruques à reseau, qu’on porte par-tout, aulieu que les anciens masques ne pouvoient servir que sur le théatre ; ils auroient été aussi incommodes que ridicules, par ce moyen, à peu de frais, & sans embarras, le vieillard rajeunit, la laide s’embellit, l’abbé, le magistrat se déguisent, la femme se travestit en homme, & l’homme en femme, on prend comme sur le théatre, les attributs du rôle qu’on veut jouer, & ce qui est très-commode, la moitié de la toilette se fait chez le baigneur, d’où l’on porte une très-belle tête toute faite, qu’on adapte au visage qu’on vient de fabriquer, ainsi se continue la comédie ; car la vie d’un joli homme, d’une jolie femme, n’est dans l’exacte vérité, qu’une comédie perpétuelle, où l’on joue les mœurs, la Réligion & le bon sens ; ces masques mobiles de la tête, font quelquefois sur le théatre & dans les piéces, les plus ridicules, le spectacle le plus comique, César qui étoit chauve, ne trouva d’autre coëffure pour cacher ce défaut, qu’une couronne de laurier.
Ils y jouent leur rôle plus que les acteurs.
Les pieces qu’on représente réveillent sans cesse à l’Actrice l’idée de son amant : comme elles roulent toutes sur l’amour, on en sent plus vivement l’impression ; on s’applique ce qu’on chante, on déclame, on substitue l’amant à l’Acteur ; on se voit en lui, on lui parle ; on entre dans le sentiment du rôle qu’on joue, on le réalise en soi-même, on en réussit mieux, & on le fait mieux passer dans l’ame des spectateurs. […] Panard disoit dans une chanson : L’Actrice pleine de l’amant s’occupe bien moins de son rôle qu’elle ne pense au dénouement. […] pourrai-je jouer le rôle d’une honnête femme ! […] Geliotte, qui se préparoit aussi avec les autres à ses pâques, a chanté les principaux rôles.
L’amour, cet ennemi redoutable, à qui vous avez déclaré la guerre, y joue presque toujours le rôle principal ; mais ou il est innocent, comme dans Mithridate, Iphigénie, Inès, Didon, Pénélope, Héraclius, & tant d’autres, & pour lors il n’est point à craindre ; ou il est criminel, comme l’amour de Varus, pour Marianne ; de Phèdre, pour Hyppolite ; d’Œdipe, pour Jocaste ; alors, loin d’être peint avec ce coloris qui fait chérir la vertu, il paroît dans toute sa noirceur : Varus le déteste & en triomphe : Phèdre succombe après avoir longtemps combattu ; mais, loin de se glorifier de sa défaite, elle trouve le poison trop lent pour se délivrer d’une vie qu’elle a souillée par les plus noirs forfaits : enfin, Œdipe se prive pour jamais du jour, dès qu’il trouve une mère dans une épouse tendrement aimée. […] Vous avez du sentiment, les beaux morceaux doivent vous toucher ; le livre est sous vos yeux ; vous méditez, vous avalez à longs traits le venin que l’auteur a répandu dans les vers que vous admirez ; enfin, vous faites vous-même le rôle du comédien que vous condamnez si sévérement.
Elle avoit si bien formé des Comédiens qu’on lui joua à elle-même la comédie ; ses favoris ne jouèrent pas moins leur rôle, ils ne craignoient pas moins que les autres un nouveau maître qui auroit disposé de toutes les grâces. […] Les Actrices & les Acteurs se plient si fort à leur rôle qu’ils s’y identifient avec tout ce qu’ils représentent. […] Tous les siècles, tous les pays, toutes les religions y jouent leur rôle, une Actrice est cosmopolite, elle joue toutes les Religions, & n’en a aucune. […] est-il de rôle qu’elles ne jouent, de serment qu’elles ne fassent, & en est-il qu’elles tiennent ? […] Une bonne Comédienne ne doit pas démentir son rôle.
Que de rôles étrangers à ceux de la piece, se jouent entre les spectateurs !
Quel rôle joueraient sur le théâtre les vertus chrétiennes, comme le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté et la pénitence ?
Ils sont assurés de faire finir celles de leurs héros et de leurs héroïnes avec le cinquième acte, dit le prince de Contiu, et que les comédiens ne diront que ce qui est dans leurs rôles : mais le cœur, ému par cette représentation, n’a pas les mêmes bornes ; il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; et souvent, après avoir résolu de ne pas pousser les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, et de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de se retenirv. […] « Voilà pourquoi, dit Voltaire, les acteurs jouent mieux les rôles d’amour que les rôles héroïques.
Le Théatre joua le plus grand rôle. […] Les reconciliations & les brouilleries, les hauteurs & les petitesses, les insultes & les caresses se touchent ; l’intérêt du moment fait la décoration, l’intrigue le dénouement : on joue toutes sortes de rôle. […] Il ne manquoit à toutes ces scènes que les Carmelites & l’Evéque de Vence, pour y jouer leurs rôles. […] Tout changea dans cette nouvelle piece, & prit un rôle différent ; M. de Turenne devint Royaliste, le Duc d’Orléans devint Frondeur & sa fille Amazone ; nouvelle déclaration qui révoque la derniere, & déclare le Prince & la Princesse criminels ; le Parlement enregistre encore, & quelque-temps après les déclare tous innocens. […] Cet académicien, poëte chrétien qui a joué plusieurs rôles, l’alla voir dans son exil.
Je me sentis affligé de la voir malheureuse ; il me sembla même que j'étais un peu fâché qu'elle fût aussi vertueuse que son rôle la faisait paraître. […] Toutes décriées qu'elles sont, elles inspirent de plus fortes passions que les honnêtes femmes : le rôle qu'elles font sur le théâtre, donne du goût pour celui qu'elles jouent ailleurs. […] Mais aguerris par leurs confrères, ils jouèrent quelque temps après un grand rôle dans le triomphe que l'Université remporta sur la Comédie et les hommages que lui rendirent les Acteurs et les Actrices. […] Je ne parle point du temps qu'emportent les rôles qu'il faut apprendre, des distractions que donne le charme des vers, de l'orgueil de celles qui jouent, de la jalousie de celles qui ne jouent pas, des airs de hauteur qu'on prend au théâtre et qu'on ne quitte pas dans la suite ; tous les couvents ont les yeux attachés sur S. […] Les Princes, les Princesses, les plus grands Seigneurs, remplissaient tous les rôles sur le théâtre et dans l'orchestre.
On l’a dit de la Favard ; quelque rôle qu’elle joue, quelque habit qu’elle porte, Soubretre, Bergere, Princesse, Sultane, à la Chine, au Japon, au Perou, c’est une beauté Cosmopolite de tous les pays, de tous les états, de tous les siecles. […] Comme la Directrice d’une troupe de Comédiens elle exercoit ses Actrices à jouer leurs rôles. […] Celle des Actrices qui joua le mieux son rôle fut Mademoiselle de Limeuil, l’une de ces filles d’honneur. […] Tout l’honneur fut pour les Suisses ; les amans qui avoient fui, n’y jouoient pas un beau rôle. […] Il est vrai que dans plusieurs pieces elles jouent très-bien les rôles d’Urgande, de Mélusine, de Médée, de Circé, de Fées, de Sylphides ; mais elles ont d’autres talismans plus puissans que la médaille de Cathérine, pour ensorcèller leurs adorateurs.
L’entrée du milieu était toujours celle du principal Acteur : ainsi dans la Scène Tragique, c’était ordinairement la porte d’un Palais : celles qui étaient à droite ou à gauche, étaient destinées à ceux qui jouaient les seconds Rôles ; & les deux autres, qui étaient sur les aîles, servaient, l’une à ceux qui arrivaient de la campagne, & l’autre à ceux qui venaient du Port ou de la Place publique.
[b] Mettrai-je en compte cette faculté de mon enfance : une assurance de visage, et souplesse de voix et de geste, à m’appliquer aux rôles que j’entreprenais ?
*** Ici c’est un Acteur qui brille sur la Scène ; Tendre dans son langage, attrayant par son jeu, Et maître de son rôle, il le rend avec feu : A l’aller écouter toujours il nous entraîne.
Ce rôle si intéressant et si beau, est la raison et la vertu même. […] Il n’a point de rôle à jouer, il n’est pas Comédien. […] L’un tient à l’autre, me dira-t-on : point du tout ; car le rôle de Zaïre attendrit également les deux sexes. […] Auriez-vous jamais fait les rôles de Colin et Colette, si vous ne vous étiez pas déplacé ? […] Mais les sentiments qu’on exprime avec horreur, le rôle qu’on méprise au moment qu’on le joue, et qu’on voit en butte au mépris, ce rôle, dis-je, n’a rien de séduisant, rien de contagieux, ni pour le Poète qui le feint, ni pour l’Acteur qui s’exerce à le rendre.
La Duclos, célebre actrice, jouant le rôle de Camille dans la tragédie de Horaces de Pierre Corneille, traînoit une longue queue. A la fin de la piéce, après les imprécations contre Rome, elle voulut quitter le théatre avec précipitation, selon son rôle, & Horace la suivit pour la tuer, ce qu’il exécute derriere la coulisse, elle s’embarrassa dans sa queue & tomba. […] Les longues queues sont rares, elles ne subsistent qu’au Palais, dans le haut Clergé, dans les grandes cérémonies, processions, funérailles, entrées, mariages, couronnement des Princes, où elles jouent un long rôle, dans les écussons, où l’on voit une foule de queues de toute espece, & sur le théatre dont elles sont une décoration. […] quel rôle joueroit-il dans les fonctions ecclesiastiques, au milieu de la troupe vénérable des Ministres ?
On a de la peine à croire qu’un versificateur si médiocre dans le tragique, où l’on sait jouer les mêmes rôles aux passions, ait pu enfanter un ouvrage si parfait. […] Cette comédie toujours noble & grave seroit très-ennuyeuse, il a soin d’y mêler toujours des valers & des soubrettes, qui amusent par leurs saillies, leur naïveté, leurs bouffonneries ; mais il leur fait jouer un trop grand rôle. […] Tout roule presque sur eux, ils sont l’ame de tous les rôles, & très-monotones par-tout. […] Quand j’entrepris l’Ingrat, je ne me serois pas avisé de traiter un caractere si odieux que les Comediens même ont de la repugnance à se charger de ce rôle, quoique très-vif & très-bon, & que ce soit une de mes meilleurs pieces, fortement versifiée, assez bien conduite & très-intéressante.
Un critique bien plus éclairé que vous, un Philosophe qui loin d’être un Cynique sauvage s’est attaché à mériter par ses écrits le titre d’ami des hommes, qui ne veut que les rassembler en Société et non pas les disperser dans les glaces du Canada ou des terres Australes ; cet Auteur respectable dis-je, a trouvé de quoi reprendre dans la pièce de George Dandin : ce n’est ni l’infortune de celui-ci, ni l’heureuse méchanceté de sa femme qu’il a trouvé digne de blâme, c’est le caractère de Sotenville : il craint que par ce rôle on n’ait rendu la noblesse rurale ridicule, et qu’on ne l’ait dégoûtée par-là du séjour sur ses terres. […] Voilà sans doute les véritables motifs qui éloignent la Noblesse de ses Châteaux, et non le rôle de Sotenville. […] « Les uns parce qu’ils sont méchants ; Et les autres pour être aux méchants complaisants. » dd C’est à ces derniers surtout à qui votre homme en veut : il les trouve des gens abominables, parce que moins féroces que lui et ne voulant se brouiller avec personne, ils laissent aller le monde comme il va, bien persuadés que le rôle de Réformateur est aussi dangereux qu’inutile à jouer. […] Si comme tout le monde vous eussiez voulu voir la Pièce dans son véritable point de vue, vous auriez senti qu’en jouant la scène du Gentilhomme bas Normand du style et du ton de Crispin, qu’en jouant le rôle de veuve avec des moustaches, un homme tant soit peu sensé tel qu’est Géronte serait difficilement la dupe de la figure, des propos et du travestissement d’un valet fourbe, et qu’un demi-quart d’heure d’entretien ne suffirait pas pour convaincre un homme de sa parenté avec deux originaux aussi ridicules que le Gentilhomme et la veuve.
19.) rapporte (nous l’avons dit) une réflexion importante de M. l’Avocat général du Parlement de Paris, dans un procès qu’eurent les Comédiens en 1709 : réflexion qui fait évanouir tout ce vain étalage de lettres patentes et de titres légitimes que rapportent les apologistes du théâtre, aussi peu croyables dans les rôles de Jurisconsulte et de savant qu’ils jouent dans leurs brochures, que dans celui d’Arlequin qu’ils représentent sur la scène. […] C’est le rôle d’un Avocat de louer sa partie. […] En 1681, Lully joua le rôle du Muphti, dans le Ballet du Bourgeois gentilhomme, dont il avait composé la musique, et qui était son portrait : De te fabula narratur. […] Cette idée comique fournirait la matière d’une jolie pièce sous le titre du Comédien Gentilhomme ou de la Comédienne Demoiselle Les divers rapports de l’Etat avec les différents rôles de Princesse, de Soubrette, de Colas, de Pierrot, de Poète, de Scaramouche, etc., feraient naître plus d’incidents et plus amusants que le Bourgeois Gentilhomme de Molière.
Lorsque vos talents affermis par l’étude et la réflexion vous permettront de le faire, jouez les Rôles de Saints, de Martyrs et de Patriarches, soyez Polyeucte, Esther, Joad, Gabinie, Mardochée, Jephté, et vous ferez encore mieux. […] Comme dans notre société on me faisait l’honneur de m’accorder quelque préférence pour le talent, on me chargeait communément des rôles les plus difficiles dans quelque genre qu’ils fussent, jusqu’à ce que Mr. le Kain vint prouver à la societé qu’on pouvait mieux jouer que moi, le rôle d’un Héros. […] Rousseau, j’y ai trouvé des gens qui jouaient des Rôles de fripons et qui auraient été très fâchés qu’il y eût dans le monde de plus honnêtes gens qu’eux. […] Les Anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement du Public et croyaient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus etc : De là venait que dans leurs Comédies les rôles d’Amoureuses et des filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves et des filles publiques, ils avaient une telle idée de la modestie du sexe qu’ils auraient cru manquer aux égards qu’ils lui devaient de mettre une honnête fille sur la scène, seulement en représentation. […] Elle chantait dans un Prologue le rôle de la Victoire, et tenait une Couronne de Laurier qu’elle alla présenter au Maréchal de Saxe qui voulut la refuser : le Public applaudit avec ardeur en criant prenez la, Monseigneur, vous la meritez bien.
N’avons-nous pas des Comédiens inégaux dans le même rôle, & moins applaudis un jour que l’autre ? […] Un bruit terrible les arrête plusieurs minutes : ils oublient l’esprit de leur rôle : ils sortent de l’état où ils s’étoient mis avant d’arriver : ils n’y rentrent qu’avec effort, & souvent aux dépens de la vérité & de l’illusion.
Tel qui n’a pas deux francs vingt centimes pour s’enivrer du plaisir de voir Lasond faisant le rôle d’Achille, Talma dans les fureurs d’Oreste, Raucourt dans Clytemnestre, Fleury dans Andromaque, Iphigénie ou Chimène, va badauder pour rien sous les tréteaux en plein air de Paillasse et de Polichinelle ; ou voir, pour douze sols, les Rois et les Reines du théâtre Sans Prétention. […] [NDA] Dans le Chat Botté le jeune Foignet attire et mérite l’attention, par la manière dont il remplit un rôle si varié, que c’est une espèce de Protée.
Cet homme étoit né tabarin : il avoit le talent, si c’en étoit un, de l’abbé Abeille & du comédien Garrik ; il étoit grimacier & pantomime, il copioit la voix, les gestes, les démarches, la physionomie de tous ceux dont il jouoit les rôles & racontoit les aventures. […] Enfin il se donna au théatre de Paris, où il a joué les rôles de bouffon, & est mort misérablement. […] Plusieurs maisons ont été endommagées & les coulisses renversées, nos actrices ont oublié leurs rôles & pris la fuite avec leurs amans. […] Mais la danse, qui ne connoît pas plus la dignité des rangs que la décence des mœurs, fait jouer à ce grand prince un rôle fort indigne de lui. […] & cette troupe de nymphes qui ont rempli les rôles, ont une bonne part à l’admiration ou plutôt à l’adoration.
La piece est comme l’Acteur qui en changeant d’habits, joue toute sorte de rôles. […] le catalogue des rôles Gascons, Normands, François, &c. déposés dans la Tour de Londres. […] Tous ces actes sont cousus l’un à l’autre, & roulés en forme de rôles ou volumes innombrables. Sur chaque rôle il y a des étiquettes qui donnent une notice du titre, des dates, du nom des parties, faite dans le temps, chaque année. […] Guidé par ces rôles, M.
Il ne conseille point d’y souffrir la jeunesse43, quoique de son temps on ne jouât pas des rôles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison et de vengeance pouvaient affecter les jeunes personnes.
C’est un frondeur, un moqueur, un comédien qui joue tous les rôles, contrefait tous les hommes, feint d’avoir tous les travers, dans lesquels il vent faire tomber, pour s’en divertir : ici un miroir convexe ou concave, qui represente tout en grotesque, un Cameleon qui prend toutes les couleurs des objets qui l’environnent, un Scarron qui donne une teinte de burlesque à tout ce qu’il traite. […] Il prend tous les caractères dans les divers rôles qu’il joue, pour immoler à la risée tous ceux qu’il représente.) […] La loi générale de la tolérance apprend & accoutume à paroître tout différent de ce que l’on est ; le rôle de l’amant dans ma piéce, (car les actrices peuvent-elles s’en passer dans la représentation, non plus que dans la réalité ?) Ce rôle est ce qu’il doit être, vif & ardent ; sont intérêt est celui de son amour, il n’a point de nuance particuliere, tous les amans de Térence & de Moliere sont les mêmes, (il est vrai que ces deux grands maîtres sont très-monotones, il n’y a que l’aveuglement de l’entousiasme qui leur trouve du génie.) […] Les Lettres Persannes, l’Espion Turc, les Péruviennes & grand nombre d’autres, ne sont que des images & des satyres des mœurs du siécle, sous des noms empruntés ; il n’en est aucune où le théatre ne joue un grand rôle, & avec raison, puisque aujourd’hui en France le théatre est la moitié de la vie.
On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Quand il lisoit un conte, un dialogue, une comédie, il se servoit plaisamment de cette phisionomie mobile pour faire distinguer les interlocuteurs, prendre l’air, le ton du personnage dont il récitoit le rôle ; seul il jouoit toute la comêdie comme le maître Jacques de Moliere, tour à tour, cocher, cuisinier. Il jouoit le rôle des Ecclésiastiques comme tous les autres Marquis, Abbé, Docteur, Valet. […] Garik imagina une piece singuliere en fragment, composée des lambeaux de chacun des Drames de son héros ; Tragédie ou Comédie, il en détacha les Scènes les plus intéressantes, le principal personnage, & les autres Acteurs habillés comme l’exigeoit leur rôle, le représenterent ; la décoration changea de même à chacune. […] Les Abbés Comédiens sont galans & caustiques ; ils sont gens à deux faces ; on ne seroit pas surpris de voir jouer ce double personnage à Dorat, qui en effet dans le même-temps, joue les deux rôles, mais qui le pardonnera à un Grand Vicaire que deux Prélats donnent pour une espece de saint, qui, par vertu, a refusé des Evêchés.
Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol. […] Nous lisons dans Suétone qu’un Acteur qui jouait le Rôle d’Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l’endroit où était placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étaient autour de lui.
Un des points essentiels du rôle d’une actrice est de savoir par quelle coulisse elle doit entrer, de quel côté elle doit se poster, & sous quel des lustres elle doit parler. […] Son fauteuil est son théatre, les minauderies sont ses rôles, le cercles son parterre ; pour les habits les modes, les couleurs, la licence, personne ne peut s’y méprendre : qu’apprend-elle autre chose au théatre ? […] Les fleurs jouent encore un grand rôle sur le teint des femmes, soit naturelles, soit artificielles ; distribuées sur leur tête, sur leur sein, sur leurs habits, pour faire, s’il étoit possible, un autre parterre de leur visage, après en avoir fait un de leur parure. […] Une actrice célebre, par plus d’un talent, au moment de la piéce où elle alloit jouer un grand rôle, au lieu de s’en occuper, étoit à sa toilette à se farder, penfant uniquement à relever ses charmes, par tout l’art de la coquetterie ; on lui représenta qu’elle devoit se préparer à jouer son personnage : bon, bon, dit-elle, le premier, le plus important personnage d’une actrice, est de paroître jolie, il fait le prix de tous les autres.
Dom Gervaise, réligieux Bernardin, homme de théatre à sa maniere, qui a composé plusieurs ouvrages comiques, & joué bien des rôles de toutes especes, qui d’abord fut Carme déchaussé, ensuite Réligieux, & enfin Abbé de la Trape, quitta son Abbaye & sa Communauté, courut le monde, & fut enfermé dans un couvent, par ordre de la Cour. […] Moliere, dans les Femmes savantes, auroit du donner un rôle à Héloïse, & même faire une piéce entiere de ces doctes amans. […] Puisque les Grands, malgré leurs vices & leurs ridicules, ne sont pas l’objet de la comédie : elle étoit très-bourgeoisement réprésentée, quoique plusieurs personnes distinguées, de la Ville, y jouassent des rôles, & fournissent à la dépense, & que l’on y fût reçu gratis. […] Dans la petite ville de Figeac, où se trouve une riche Abbaye, un Chapitre fort pauvre, & un petit Sénéchal ; on s’est avisé de dresser un théatre de société, dont cinq ou six Dames, autant de Chanoines & autant de Magistrats, qui font à peu près toute la Ville, ont fait les honneurs, & joué quelque rôle ; entr’autres le Procureur du Roi, premier acteur, a donné ses conclusions sur la scéne, en habit d’arlequin ; on auroit bien souhaité jouer quelque piéce de Sophocle ou d’Aristophane, ce théatre se seroit rendu célebre par un air d’érudition, & on auroit fait honneur aux Lascaris pour qui on y a beaucoup de vénération, ce fameux savant, qui, lors de la prise de Constantinoble par Mahomet, apporta en Occident, parmi bien d’autres, les manuscrits Grecs de ces poëtes ; cette fête a duré trois ouquatre mois, à la grande satisfaction des graces qui y ont étalé le chef-d’œuvre de la toilette ; mais hélas, il s’y est mêlé du tragique, dont le funeste dénoument a dispersé les acteurs, & interrompu le spectacle !
Toutes les passions, tous les ridicules y jouent leur rôle. […] Le grand Molé, le brillant Bizard, le sublime le Kain (je parle Mercure), entrant dans les foyers & apprenant que Dubois devoit jouer, rendent leurs rôles, & se retirent. […] On prend le parti de donner une autre piece où les Héros & l’Héroïne n’eussent point de rôle. […] Les jours de spectacle un Exempt des Gardes alloit les chercher pour jouer leurs rôles dans les pieces annoncées, & après la piece les ramenoit en prison.
Le saint Père-maître y jouait son rôle, et c’était celui du Martyr qu’il se réservait par préférence ; il le rendait parfaitement. […] On ne représentait au moulin d’Issy aucune pièce qui n’eût été vue, corrigée et approuvée par le Supérieur, on n’y souffrait pas même le mot d’amour, il ne s’y dansait jamais, on retranchait tous les rôles de femme. […] On en fut scandalisé, la plupart des femmes et des filles, élevées dans des principes de religion, refusèrent des rôles, et ne voulurent pas y assister, surtout celles de la Confrérie de la Sainte Famille, établie à la paroisse, qui sont en fort grand nombre, et les plus distinguées.
Tout n’y est pas glorieux, à ceux qui dans le monde ont joué les plus grands rôles, ni même aux nations les plus illustres, qui paroissent sur la scéne.
Les Personnages ordinaires des Parades d’aujourd’hui, sont le bon-homme Cassandre, Père, Tuteur, ou Amant suranné d’Isabelle ; le vrai caractère de la charmante Isabelle, est d’être également faible, fausse & précieuse (une vraie Servante de Cabaret) : celui du beau Léandre son Amant, est d’allier le ton grivois d’un Soldat, à la fatuité d’un petit-maître manqué : un Pierrot, quelquefois un Arlequin, & un Moucheur de chandelle, achèvent de remplir tous les Rôles de la Parade, dont le vrai ton est toujours le plus bas-comique.
Il n’est ni de mon objet ni de ma compétence d’examiner ce systême destructeur ; je me borne à la part qu’y prend le théatre : il y joue son rôle, jamais il n’aima une vie qui lui est si opposée. […] Le rôle de Madeleine qu’on fait jouer à la fille, à travers une exhortation pathétique faite à son amant, ne présente qu’une conversion fort équivoque & fort incertaine. […] Malgré la force & la beauté de l’expression, la religion, la vertu, la décence frémissent des innombrables blasphêmes répandus dans le Paradis perdu de Milton ; mais enfin ce font des démons qui parlent, c’est leur rôle.
On vient de donner une Pièce célèbre, dans laquelle l’Acteur qui fait le rôle de Saint-Albin a mis un intérêt, une chaleur, une intelligence qui lui ont concilié tous les suffrages.
En effet, des prêtres, au mépris de la discipline ecclésiastique, non seulement assistaient aux spectacles mondains donnés par les confrères de la passion, qui, après leurs comédies saintes, mettaient toujours quelques farces profanes, mais encore ils avaient eux-mêmes rempli des rôles et ouvert leurs églises pour ces sortes de représentations.
Puisque des prêtres ont rempli eux-mêmes des rôles de comédien et qu’ils ont aidé à la propagation de cette profession, n’est-il pas inconséquent à eux de frapper d’anathème ce qu’ils ont fait naître, ce qu’ils ont voulu, ce qu’ils ont en quelque sorte créé ?
Il rapporte des traits singuliers de la Cour de Louis XIV & de celle de l’Electeur de Baviere, où il a vécu, & joué bien des rôles. […] Ainsi chacun joue son rôle sur la scene du monde. […] Les principales scenes amoureuses, où l’Electeur de Baviere joua un grand rôle, se passerent en Flandres & en Baviere, où ce Prince commanda successivement les armées des Alliés & celle de France & toujours les troupes de Cilthere. […] Les Actrices n’en sont pas accusées, quoique plus dangereuses Magiciennes que les Ciroés & les Medées, dont elles jouent les rôles ; & quoique le Démon par les tentations dont elles sont l’instrument, fasse plus de ravage dans le sabbat du théatre que dans celui des Sorciers, elles ont une magie fort différente.
Dans les commencemens de l’opéra & de la comédie en France on fut long-temps à admettre des femmes pour jouer des rôles, & après même qu’elles furent admises pour les rôles on n’y recevoit point de danseuses : les hommes seuls y dansoient, ce qui étoit bien moins indécent. […] C’est un spectacle tout en danses, qui dure toute la nuit, & ne donne aucune peine, ni aux Auteurs pour composer des pieces, ni aux Acteurs pour jouer des rôles ; il n’y a aucun dessein, aucune suite. […] Mesdames Alard & Ascelin inspirent tous les plaisirs qui sont attachés sur les leurs, & qui succèdent agréablement à ceux d’un autre genre qu’ont fait éprouver Madame Rosalie dans le rôle de l’Amour, & M. l’Arrivé dans celui d’Anacréon.
C’étoit son rôle & son intérêt. […] La profession des comédiens n’est qu’un égoisme perpétuel : monter sur un théatre, c’est parler de soi sous le masque, étaler ses graces, ses talens, son geste, sa danse, à la faveur d’un rôle : on est plus occupé de soi-même que du héros qu’on représente ; la Dubois, la Hus, &c. se montrent plus que Phedre, Angélique, Armide, &c. […] Le célebre Farinelli jouoit le rôle d’un héros captif ; il imploroit d’un air si touchant sa grace & celle de sa maîtresse, auprès d’un tyran farouche qui les avoit fait prisonniers, que l’acteur qui représentoit le tyran fut tellement attendri, qu’au lieu de refuser, conformement à son rôle, la demande du héros, il fondit en larmes, l’embrassa tendrement, & lui rendit la liberté. […] Il est fort embarrassé sur l’amour qu’il ne faut pas allumer, qui ne s’allume que trop par la moindre étincelle, où tout est dangereux à voir & à entendre, & criminel à consentir, qui cependant joue par-tout le plus grand rôle & où l’on rassemble tout ce qui peut en augmenter le danger, & qui seul devroit faire fuir le théatre comme l’écueil de la vertu.
L’action est encore plus affoiblie par ces magnifiques descriptions & par cet amas de vers pompeux, dont on remplit chaque couplet d’un rôle.
Il n’a point de rôle à jouer : il n’est pas Comédien. […] Où Caton, le plus grand des humains, fait le rôle d’un pédant ? […] Le rôle de Thyeste est peut-être de tous ceux qu’on a mis sur notre Théâtre le plus sentant le goût antique. […] Ces sentiments du Misanthrope sont parfaitement développés dans son rôle. […] Puisque l’intérêt y est toujours pour les amants, il s’ensuit que les personnages avancés en âge n’y peuvent jamais faire que des rôles en sous-ordre.
Les autres rôles ont été remplis par deux filles, dont l’une est Sultane favorite, & des Acteurs de Paris. […] Si dans un endroit d’attendrissement on se laisse emporter au sentiment du rôle, le cœur se trouvera resserré, le gosier s’embarrassera de sanglots, & il sera impossible de dire un seul mot sans des hoquets ridicules. […] La grande Actrice Clairon y a joué un grand rôle.
Il faut même convenir que la N… en Religieuse, ayant fait vœu de chasteté, & depuis peu de jours relevée de ses couches, fait un plaisant contraste avec son rôle. […] Les mêmes raisons doivent les bannir de la scène, non-seulement par l’indécence d’exposer à des yeux malins & profanes un état spécialement consacré par la religion, ce qui lui fait perdre tout le respect qui lui est dû, & a fait porter les ordonnances les plus sévères pour interdire ces jeux sacrilèges, mais encore parce que de tels rôles ne peuvent faire de bonnes pieces, ni produire de bons effets. […] Quel rôle méprisable !
Aussi les danseuses sont communément la partie du spectacle la plus dangereuse, la plus recherchée, la plus remplie de filles perdues, beaucoup plus même que les grandes Actrices chez qui l’étude & l’exercice de leurs rôles, souvent même des rôles sérieux, nobles, décens, vertueux, font une diversion nécessaire. […] Il en coûte peu à une danseuse de jouer tout naturellement un rôle qui lui est si familier ; mais on sent bien aussi que ce chef-d’œuvre de l’art n’est ni un tableau ni une leçon de vertu.
Que pour les inciter aux actions généreuses et hardies on leur fait apprendre des rôles de vers pour les représenter puis après aux yeux du monde ? […] Il choisit le théâtre en 1634, pour y jouer le plus souvent le rôle de médecin ridicule.
« Y a-t-il rien de plus odieux, de plus choquant, de plus lâche, qu’un honnête homme à la Comédie, faisant le rôle d’un scélérat, et déployant tout son talent pour faire valoir de criminelles maximes, dont lui-même est pénétré d’horreur ? […] C’est l’ordre de la nature : et il me paraît plus scandaleux de voir les hommes faire le rôle des femmes.
Mais ce qui paraît, Monsieur, vous avoir choqué le plus dans nos pièces, c’est le rôle qu’on y fait jouer à l’amour. […] Ce qui devrait, ce me semble, vous déplaire le plus dans l’amour que nous mettons si fréquemment sur nos Théâtres, ce n’est pas la vivacité avec laquelle il est peint, c’est le rôle froid et subalterne qu’il y joue presque toujours. […] Qu’est-ce que l’amour dans Mithridate, dans Iphigénie, dans Britannicus, dans Bajazet même et dans Andromaque, si on en excepte quelques traits des rôles de Roxane et d’Hermione ? […] Partout où il ne joue pas le premier rôle, il est dégradé par le second. […] La seule chose que j’oserais blâmer dans le rôle du Misanthrope, c’est qu’Alceste n’a pas toujours tort d’être en colère contre l’ami raisonnable et Philosophe, que Molière a voulu lui opposer comme un modèle de la conduite qu’on doit tenir avec les hommes.
En suivant son idée à la lettre, on aurait un Spectacle ridicule, dégoûtant… figurez-vous Le Kain fesant le Rôle de Zaïre… je ne veux pas suivre plus loin cette idée, qui vous révolterait. […] Quelqu’attention qu’il eût apportée à proportionner ses Rôles aux Acteurs, il se trouva cependant que le principal aurait été trop mal rendu, en l’abandonnant à ces Histrions : l’Auteur s’en chargea : mais il en fit un secret, & voulut jouer masqué. […] Le Comédien Bellerose secondait Corneille : ce fut sur lui que le Sophocle Français modela le Rôle de Cinna. […] Le Peuple Romain, en recevant la vraie Comédie, la Comédie Grecque, en laissa la Représentation à des Esclaves ; on ajouta des Actrices, dont les Rôles, chez les Grecs étaient remplis par des hommes ; ce qui ne contribua pas peu à dégrader encore la profession. […] C, Thespis commença à faire paraître sur un Théâtre informe, un Acteur qui fesait à la fois les Rôles de deux Musiciens & de deux Danseurs, dit M.
Moliere sur son âne attendit dans la coulisse le moment de son installation dans le gouvernement ; mais l’âne, qui se savoit pas son rôle, s’impatientoit dans la coulisse, & vouloit entrer en scène.
L’acteur innocemment y peut jouer son rôle.
Arouet & ses amis pourroient y jouer les plus jolis rôles ; on y enchasseroit fort naturellement une analise, & un éloge de toutes les productions de ce grand littérateur. […] La sagesse de Minerve, la fierté de Junon, la force de Mars, la chasteté de Diane, les graces de Venus, pour lesquelles on avoit choisi les plus jolies danseuses ; ensuite venoient à la file, les héros & les héroïnes de ses pieces qu’il avoit si heureusement ressuscitées, chacun avec les habits de son rôle : Mahomet, César, Brutus, le Duc de Foix, Zaïre, Alzire, Marianne, Merope, &c. […] Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux.
Son habileté consiste à faire passer le spectateur dans tous les sentiments bons ou mauvais de son rôle. […] Le plaisir du théâtre est précisément le contraire de la contrition, son esprit, son langage l'opposé de celui de la pénitence ; l'adultère, le meurtre, l'intrigue, la fourberie, la vengeance, etc. qui jouent constamment les plus grands rôles, elle s'en accuse, les déteste, et voudrait au prix de tout les anéantir, elle n'y pense qu'avec horreur, fallût-il mourir mille fois plutôt que de les commettre ou de s'y exposer. […] L'exemple séduit, lors même qu'on ne le cherche pas, fût-il dans des personnes peu estimées et avec tout le hideux de l'injustice et de la débauche ; quelle doit être sa contagion lorsqu'il l'étale avec toutes les grâces dont le Poète a paré le rôle, et l'Actrice a paré le modèle !
Aussi les rôles les plus amusants, qui font le plus de plaisir au public, sont ceux de Valet, de Soubrette, d'Arlequin, et dans tous les temps l'Opéra Comique, le théâtre de la Foire l'a si bien emporté sur la Comédie Française, qu'il en a excité la jalousie, et essuyé mille querelles. […] Mais il est habillé en Prince, elle joue le rôle d'une Lucrèce ; ils sont élevés sur des planches, comme sur une chaire ; ils parlent d'un ton d'autorité, c'est cela même qui fait rire et en empêche le fruit. […] Il joue tous les rôles : Prince, valet, Théologien, Arlequin, Magistrat, amoureux, scélérat, honnête homme.
Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les acteurs, de l’anathème qui résulte de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de la création des comédiens du troisième âge, les prêtres ont rempli des rôles, dans les mystères que ces mêmes comédiens représentaient. […] L’autorité séculière défendit enfin aux prêtres, de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion.
C’était encore l’archonte qui était chargé du choix des acteurs et de la distribution des rôles, tant que l’auteur n’avait pas été couronné dans l’une des solennités d’Athènes ou de la Grèce, et n’avait pas acquis, par ce succès, le droit d’être admis au partage de ce privilège. […] Ainsi commença chez les Athéniens la réaction des mœurs sur la scène, et lorsqu’on compare son effet à ce qu’elle a produit en France, on serait tenté de féliciter les poètes grecs de n’être descendus qu’au rôle d’espions domestiques et de délateurs au théâtre.
L’un chante le rôle de l’Historien, & les autres ceux des Personnages que l’Historien fait parler : c’étoit de cette façon qu’autrefois on chantoit dans les Eglises la Passion.
Qu’on n’aille pas bien loin chercher ce modele, il suffit d’aller dans leur loge, quand elles sont à la toilette, & se préparent à jouer leur rôle ; sans s’embarrasser de ce qui voltige autour d’elles, leur immodestie leve sans façon tous les obstacles, & met dans tout leur jour, sous les yeux de l’artiste, les chefs-d’œuvres de la nature. […] Parmi les regles sur la lecture & l’impression des livres, faites par ordre du Concile de Trente, qu’on trouve ordinairement à la fin, il en est une qui défend absolument toute image indécente, jusques dans les vignettes, les culs de lampe, les lettres majuscules, ce qui étoit sort commun dans le seziéme siécle, c’étoit l’imitation du théatre grossier du tems, qui mêloit les bouffonneries aux mystères dans les rôles, & les décorations ; car le théatre prit ou donna dans tous les tems le ton du vice, obscenœ imagines in libris etiam in litteris grandiusculis, quas initio librorum, vel capitum imprimi moris est, hujus generis omnia penitus, obliterentur. […] Les rôles sont modestes, mais les tableaux ne le sont pas. […] Ces folies sont communes sur le théatre, dans les scenes, si fréquentes qu’elles sont usées, où des portraits jouent un grand rôle, font quelquefois l’intrigue & le dénouement ; on leur adresse les discours les plus tendres, les louanges les plus flatteuses, les propos les plus passionnés.
Je n’en sais rien, et je ne voudrais pas répondre que l’Iphigénie n’eût été ennuyeuse, sans le rôle d’Achille. […] Avons-nous vu de plus beaux rôles de femmes que ceux de Cornélie dans Pompée n, de Cléopâtre dans Rodogune o, et d’Andromaque dans la Pièce qui porte son nomp ; Andromaque et Cornélie ne respirent que la Vengeance, Cléopâtre n’écoute que son ambition ; et cependant ces femmes se font admirer. […] , avait des rôles amoureux ; ce furent particulièrement les Personnages de Persée et d’Andromède qui touchèrent les esprits. […] Que diriez-vous d’un Auteur qui composerait une Tragédie sans y mêler aucun rôle de femme, cela n’est-il pas aussi recevable que d’en faire sans y mêler d’amour ?
Mobile de la plupart des institutions qui ont eu pour but d’influer sur le cœur humain, la religion joua un grand rôle dans l’établissement du théâtre en France.
C’est sans doute pour entrer dans le goût de son siècle que Thomas Corneille fait jouer à Ariane un rôle qui n’est guére plus décent ; car enfin que ne fait-elle point pour retenir Thesée ? […] Voici ce que Molière dit de lui même : Mon métier a été d’étudier les sottises des hommes, on les suit en gros & confusément, quand on vient au détail, on est surpris de l’étendue de cette pièce, j’assemblois dans un rôle autant de gens que je pouvois, & je leur faisois voir qu’ils étoient des sots. […] Un trait fort plaisant que l’ivresse du théatre peut seule inspirer après de longues dissertations sur l’esprit de révolte qu’inspire le Calvinisme, & qui a fait couler tant de sang en France, en Angleterre, en Hollande après de si grandes leçons de politique sur la manière de prévenir les révoltes, ce que personne n’iroit chercher dans un roman fait par une femme ; l’Auteur fait à sa manière le portrait de trois hommes célèbres qui ont joué les premiers rôles dans les guerres de religion : Cromvel, le Prince d’Orange & l’Admiral de Colligni, & détaille leurs bonnes & mauvaises qualités.
C’est un habit de chasse, un portrait, un bal où le mari est masqué, une compagnie de libertins, un mari adultère dont on surprend les lettres & dont le crime n’est qu’un jeu, une comédie jouée dans sa maison, où le mari & la femme ont des rôles. […] Quelques amis se proposent de la jouer dans la maison du mari, lui donnent un rôle & un autre à sa femme. […] Quel Auteur oseroit composer, quelle Actrice jouer ce rôle maussade ?
Jamais les Courtisannes ne furent si séduisantes, ni étalées dans un jour si favorable, que des filles sur un théatre, exercées à la danse, au chant, au geste, à la déclamation, à des rôles, à se parer, à figurer, admirées, applaudies, choisies avec des talens & des graces, parlant toujours passion, en connoissant tous les rafinemens, entretenues, pensionnées, &c. […] Cela peut être, le chant & la danse sont des attraits du vice bien puissans ; les tragédies sont plus sérieuses, moins luxurieuses que les pieces lyriques qui ne roulent jamais que sur l’amour ; l’étude d’un rôle, l’exercice de la déclamation, l’exécution d’une piece, occupent beaucoup plus, & sont plus difficiles que quelque récitatif langoureux, quelque chanson légère qui se débite lentement. […] Le Directeur de la comédie de Vienne en Autriche a voulu profiter des pertes de Stanislas ; il a invité la Clairon à remplir chez lui le premier rôle avec quinze mille livres d’appointemens.
Le sieur Renaudin a établi un magasin où l’on trouve toute sorte d’habits de théatre pour homme, femme, tragédie, comédie, opéra, pour toute sorte de rôles, de nations, de costume ; on en fait faire d’ailleurs dans le goût de ceux qui le commandent & en fournissent les modelles. […] L’Auteur que le Mercure fait parler entre dans le détail d’une piece qu’il a fait représenter, & où il jouoit le premier rôle. […] Il fit tout ce qu’il put pour la faire jouer sur le théatre public ; n’ayant pu l’obtenir, il fit construire un théatre dans une belle salle qu’il loua fort cherement, il fit à grands frais les plus belles décorations & les plus riches habits, paya des Acteurs, leur distribua les rôles, se réserva le premier, celui de Lusignan.
Les mœurs si pures des Lucrèce, des Virginie, des Scipion, ne sont que des rôles de théâtre. Ces rôles font rire dans le plus sérieux tragique, lorsqu’on les voit joués par nos Actrices.
Il n'y a presque pas de comédie où il n'y ait quelque rôle d'insensé, d'imbécile, etc. […] , non seulement dans les rôles très fréquents de fol, de sot, d'ivrogne, de dupe, de fat, etc. mais dans tous, puisqu'on ne joue que les folies humaines, la fureur, l'avarice, la jalousie, la fraude, la méchanceté, la misanthropie, etc. ou plutôt les vices qui sont pire que la folie, puisqu'ils damnent.
On choisit pour ces rôles, ajoute l’historien, la fine fleur des petits polissons de la ville ; le patriarche Moïse, avec le livre de la loi, se trouve encore introduit dans cette mascarade. […] Et à qui le rôle de notre divin rédempteur se trouve-t-il confié ? […] Ce sont encore des portefaix qui sont chargés de ce rôle, et qui représentent la tête de deux saints que nous honorons et invoquons, chaque jour dans nos églises, par deux têtes de bœuf et de lion, qui représenteraient à merveille, ces animaux horribles que les païens adoraient comme leurs dieux ! […] La seconde strophe, où l’on trouve les mots : saliit in Bethleem, prouve, comme je l’ai déjà dit, que toute cette cérémonie avait rapport au rôle que l’âne joue dans la nativité du Christ ; et qu’elle ne doit son origine ni à l’âne de Lucien ou d’Apulée, ni à l’âne de Balaam, comme quelques auteurs l’ont prétendu. […] Voilà donc une ânesse introduite dans l’intérieur d’une église, et qui réunit autour d’elle des ecclésiastiques déguisés, qui remplissent des rôles mille fois plus ridicules, plus scandaleux que tout ce qui peut être représenté sur nos théâtres !
Paris a vu depuis peu avec plaisir un Acteur tragique jouer ses rôles avec la plus grande simplicité.
Après avoir fini l’ouvrage, il faut l’aller présenter à l’assemblée des Acteurs, avoir le talent de leur plaire, se soumettre à tous leur caprices, refondre les rôles principaux à leurs volontés, chacun exigeant le sien suivant son talent, n’importe le caractère total de la Pièce.
Ni le Saint ni le Philosophe ne descendent du trône pour courir le monde en avanturier qui écoute toutes les passions, qui joue toutes sortes de rôles, qui se moque des loix de la décence, ne donne aucune marque de piété, quitta-t-il l’empire du monde, ne grossira jamais la liste des Héros & des Saints ; les éloges dont on comble son libertinage ne peuvent que couvrir de honte ses flatteurs, & la vanité de se faire un mérite d’une démarche forcée, ne peut que couvrir de ridicule celui qui veut prendre l’univers pour dupe. […] Suivons-la sur les divers tretaux où elle s’est montrée ; un détail de divers rôles qu’elle a joué les mettra sous les yeux ; l’amour du théatre renverse jusqu’aux têtes couronnées. […] Elle a joué le désintéressement, elle-même qualifia de comédie son abdication tant vantée, arrivée à la frontière de Suède, & ayant pris les habits de son nouveau personnage, elle s’écria comme Auguste mourant : j’ai joué mon rôle, personam egi . […] Elle le joua si naturellement & si constamment, que la plus grande charité ne la croyoit pas une vestale ; je ne parle point de ses amans, toute la Suède en a parlé, quelque flatteur en a fait comme d’Elisabeth ; à la bonne heure, ne levons pas le voile dont on veut les envelopper, bornons-nous à l’extérieur dont personne ne fait un mystère : ce rôle se joue autrement que les autres, les autres sont de commende, on joue la savante, la dévote, la glorieuse sans l’être, & on ne joue pas la libertine sans l’être ou la devenir ; l’objet est trop proche, l’attrait trop puissant, le penchant trop rapide pour n’en avoir que l’apparence ; d’ailleurs une vertu réelle ne se permet pas même l’apparence du vice, c’est être vicieux que d’en faire le semblant, il n’est permis ni d’en donner le scandale, ni d’en présenter le danger, ni d’en tenir le langage, ni d’en prendre le masque ; Christine en a par-tout arboré la livrée, & montré les effets.
On joua Beverlai ou le Joueur anglois, image parfaite d’un libertin qui en jouoit le rôle d’après nature. […] En France, le zele pour la partie, l’amour pour le Roi joueront toujours les principaux rôles. […] C’est mal soutenir le rôle de panégyriste. […] Quel goût peut-on trouver dans un sujet qui n’a rien de neuf & de piquant, sans variété, sans intrigue, sans dénouement, qui ne présente que deux acteurs, dont le rôle exige une nudité que le théatre n’oseroit représenter ?
Les femmes ne négligent rien pour paraître belles : elles y réussissent quelquefois, et s'il y en a quelqu'une qui ne la soit pas, il ne faut pas s'en prendre à la Comédie, rien n'est plus contre son intention, puisqu'elle lui fait tenir la place d'une personne qui a été l'objet d'une passion violente, qu'une Comédienne sans beauté ne représente pas fidèlement: mais ce qui est de plus déplorable, c'est que les poètes sont maîtres des passions qu'ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu'ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu'il n'y a que leur mémoire qui s'en mêle. […] « Le remède y plaît moins que ne fait le poison. » Telle est la corruption du cœur de l'homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un ouvrage d'une manière agréable, délicate et conforme à la nature, et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l'ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais,: mais tout du moins négligés, parce que c'est dans ces endroits qu'il se délasse des efforts d'esprit qu'il vient de faire en traitant les passions: y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu'il dit à Emilie, et sur toutes celles qu'elle lui répond, que sur la Clémence d'Auguste, à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n'a jamais songé à faire l'éloge en sortant de la Comédie.
Un acteur des plus distingués de ces graves sénes, fit incognito un voyage à Bruxelles pour se divertir, le lendemain de son arrivée il se présenta au directeur de la comédie, pour entrer dans la troupe, & s’offrit à l’essai pour toute sorte de rôles d’homme ou de femme, dans plus de trente pieces qu’il savoit par cœur ; en effet, pendant un mois il joua le roi, le valet, l’arlequin, la soubrette, &c. parfaitement. […] il a fait ailleurs le même badinage ; en arrivant dans une ville, il va trouver le premier acteur, ou actrice, lui demande son rôle, & deux heures après monte sur le théatre, & le joue ; c’est le plus excellent pantomime, il contrefait tout le monde, avec la plus grande facilite. […] Enchanté de sa maîtresse, il demanda à sa mere ce qu’elle en pensoit : elle est à merveille, répondit cette mere, elle joue avec beaucoup de vérité, un premier rôle lui sied bien.
Il a fait des décorations innombrables pour toutes sortes de fêtes, de pieces & d’opéras, même de décorations mouvantes qui forment de vraies pieces, une pantomime mecanique bien supérieure aux marionnettes, qui alloit d’elle-même, aussi énergique, aussi pitoresque que les discours & les gestes des meilleurs acteurs : c’est être à la fois acteur & acteur, é jouer tous les rôles. […] Dans ce drame italien il n’y a que le rôle de Biblis qui soit bien rendu, tous les autres, même celui de Caunus, sont froids, sans élévation, sans pathétique. […] On ne lui confiera plus le rôle de Caissier, qu’il a si mal joué : il en jouera peut-être quelqu’un à la Greve un peu tragique ; à moins que ces princes généreux ne lui fassent grace.
Macrobe raconte, que Pylade se fâcha un jour qu’il jouait le Rôle d’Hercule furieux, de ce que les Spectateurs trouvaient à redire à son geste trop outré, suivant leurs sentimens, & qu’il leur cria, après avoir ôté son masque, « Foux, que vous êtes, je représente un plus grand fou que vous. » Après la mort d’Auguste, l’art des Pantomimes reçut de nouvelles perfections* : sous l’Empereur Néron, il y en eut un qui dansa, sans Musique instrumentale ni vocale, les Amours de Mars & de Vénus.
[NDE] L’auteur insinue que les parents payaient les jésuites en fonction de l’importance du rôle joué par leur enfant.
Dans quelle Comédie a-t-on mieux fait son Rôle Que Pacôme qui la contrôle Pendant toute sa vie a su faire le sien ?
., le Saint-Esprit, la Sainte-Vierge, les saints, les démons, et des hommes chargés quelquefois des rôles les plus profanes.
Notre théatre connoît Dieu, mais pour l’insulter, non-seule dans un rôle impie qu’on ne devroit pas souffrir, comme le Gentilhomme du Festin de Pierre, le Mathan d’Athalie, &c. […] Il le fit représenter à la cour, & peut-être y joua quelque rôle. […] Il n’est pas même sans vraisemblance que Bradamente, qui joue un si grand rôle dans son poëme, à qui il donne libéralement toutes les plus belles qualité du corps & de l’esprit, qui épouse à la fin Roger, dont elle avoit été long-temps la maîtresse, & dont est sortie toute la maison d’Est, ne soit cette Lippa Ariosta, femme d’Obizon. […] Son théatre, ses satyres, ses poësies remplirent des volumes ; ses pieces furent souvent représentées sur le théatre de Ferrare ; la plus brillante jeunesse de la cour d’Alphonse en étoient les acteurs, & les plus proches parens du Duc ne dédaignoient pas d’y jouer des rôles.
Catilina ne fait point le rôle d’un grand homme, comme vous le pretendez, à moins que vous ne donniez ce nom à un furieux, d’autant plus méprisable, que sa constante perversité ne lui laisse aucuns remords. […] Le rôle de Thyeste est intéressant, selon vous, parce qu’il est homme & malheureux. […] Vous voudriez même, pour l’édification des mœurs, qu’à l’exemple des Anciens, les rôles des filles à marier ne représentassent jamais que des filles publiques. […] Sujets à s’égarer, ainsi que les autres hommes, leurs plus fréquentes erreurs naissent de la jalousie de leurs rôles ; jalousie qui les aveugle, parce qu’ils sont sujets à confondre l’ambition déréglée avec l’émulation que produit l’amour du talent, mais ces querelles peu importantes n’étouffent point en eux les sentimens de l’humanité : ils s’imposent volontairement l’obligation de s’aider mutuellement.
Il avoit de la gaieté, du naturel, de la facilité ; il rendoit bien & d’après nature les rôles grossiers de paysan, de gueux, d’ivrogne, de savetier ; il fit la réputation du Théatre de Nicolet. […] Goesman, où tons les trois ont joue les rôles les plus dignes de l’Opéra bouffon, & dans ses écrits, très-longue farce qui fourniroit la matiere de dix ou douze à joindre aux Plaideurs de Racine ; ensuite dans son Barbier de Séville, où il a peint la Magistrature qu’il avoit attaquée au Palais.
Cependant, quelque rôle qu’il exécutât, toutes les Graces l’accompagnoient, & il excelloit également dans le Tragique & dans le Comique, talent très-rare dans un Acteur comme dans un Poëte. […] Néron qui exécutoit sous le masque, des rôles de Tragédies, institua les jeux Neroniens : & Domitien, qui se disoit Fils de Minerve, institua les jeux Capitolins.
« Quel jugement porterons-nous d’une tragédie où, bien que les criminels soient punis, ils nous sont présentés sous un aspect si favorable que tout l’intérêt est pour eux ; où Caton, le plus grand des Romains, fait le rôle d’un pédant ? où Cicéron, le sauveur de la république, Cicéron, de tous ceux qui portèrent le nom de pères de la patrie, le premier qui en fut honoré et le seul qui le mérita, nous est montré comme un vil rhéteur, un lâche : tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses magistrats et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme, et réunit par ses talents, sa fermeté et son courage, toute l’estime des spectateurs ?
Il fut suivi de quantité de bals, ballets, mascarades, dont on ne cessait d’amuser le Roi et la Cour, et où les Italiens jouaient un grand rôle. […] Il les animait au contraire, les favorisait, les adopta même, les fit jouer à la Cour, et sans beaucoup s’embarrasser des bienséances, il engageait le jeune Roi, les Princes, les Princesses, les plus grands Seigneurs, à y prendre des rôles, à s’y déguiser en dieux, en déesses, faunes, satyres, bergers, etc. à y danser, à y chanter.
De sorte qu’on appelle Comédien, celui qui monte sur un théâtre et qui par le Rôle, dont il s’est chargé, aide aux autres à y représenter publiquement quelque Pièce dramatique, afin de divertir le peuple, et de gagner par là de quoi subsister. […] L’un s’habille en Roi ; l’autre en Princesse ; l’autre en Courtisan ; l’autre en Accusateur ; l’autre en Juge ; ou de quelque autre manière, selon le rôle qu’il doit faire.
En effet, les raisons qu’il donne, pour n’avoir pas fait jouer un grand rôle à l’amour dans sa Thébaïde, lui auraient suffi pour se dispenser d’en faire usage dans ses autres Pièces ; on en sera aisément convaincu, si l’on veut relire la dernière période de sa Préface. […] Si pourtant on se donne la peine de lire avec attention la mort de César, de M. de Voltaire, je suis persuadé qu’on conviendra que, dans toute Pièce aussi bien imaginée et aussi rigoureusement écrite que celle-ci, les rôles des femmes peuvent être supprimés, sans que les Spectateurs les regrettent.
Du reste, quoique vous approuviez le rôle de Thyeste ; les massacres des gladiateurs ne vous paraissent pas si barbares que le spectacle d’Atrée ; et vous en attestez l’effroi de vos lecteurs7 ; et moi, j’en appelle à leur raison. […] [NDA] Que l’on compare ces vers si différents, tirés du même rôle, acte IV. scène II.
Les Chœurs chez les anciens jouoient un très-grand rôle : c’étoit le principal acteur, il entroit dans toute l’action, il en faisoit partie.
Les Actrices, dont les rôles se bornent à représenter dans les Tragédies ou dans les Comédies, peuvent conserver dans leurs habillemens toute la modestie et toute la décence que le sexe et la société exigent : il n’en est pas de même des Danseuses ; en supposant du moins qu’elles sont forcées de faire ce qu’elles font, c’est-à-dire de porter des habits très courts, et souvent d’avoir la gorge découverte, c’en est assez, sans en dire d’avantage, pour prouver que la modestie ne peut s’accorder avec cette profession.
Molière par exemple a saisi d’après dix, vingt, trente, cent avares tous les traits caractéristiques de l’avarice dont il a composé le rôle d’Harpagon ; mais tous ces traits sont vrais. […] Chrysaleaf dans Les Femmes savantes est l’homme que vous dites à la grossièreté près qui n’est bonne à rien, c’est un homme dont le rôle est si bien soutenu, qui dit des choses si simples et si peu galantes, si analogues à la situation dans laquelle il est, qu’il faut l’admirer malgré qu’on en ait. Pourquoi son rôle fait-il tant de plaisir ? […] On ne souffre point à Paris qu’à l’exemple des Grecs on prenne le masque et les habits des personnes qu’on voudrait tourner en ridicule ; on ne souffre point qu’on y nomme les gens par leur nom et qu’on leur dise des injures en face : on est fâché d’avoir à reprocher à Molière d’avoir pris le Chapeau, la Perruque et l’Habit de Ménageaz pour faire connaître que c’était lui qu’il jouait dans le rôle de Vadius ba.
Ceux qui ont joué des rôles ne sont ni plus habiles ni plus sages que les autres ; & dans la suite un Magistrat, un Avocat, un Prédicateur, un Juge ne plaide, ne prêche pas mieux ; ordinairement il le fait plus mal, il a moins l’espris de son état, l’amour du plaisir enfouir les talens. […] Le rôle du Bailli est une satire des Magistrats. […] Le rôle du Seigneur n’est ni plus édifiant pour le public, ni plus honorable pour lui-même.
C’est le rôle des acteurs. […] A Siam les femmes ne montent jamais sur le théatre, les hommes jouent tous les rôles, on croiroit blesser les bienséances de leur sexe, si on les exposoit aux regards du Public.
Les premiers masques ayant été changez en une espece de globe qui enfermoit toute la tête, on y reconnut plusieurs utilités ; ils rendoient le son de la voix plus éclatant ; ils déguisoient les hommes qui jouoient les rôles de femmes, & ils servoient à cacher la basse physionomie d’un Acteur destiné a représenter un Dieu ou un Heros ; car tous ces masques si hideux qui nous sont restés, ne servoient qu’à la Comédie, & l’usage en commença, suivant le Scholiaste d’Aristophane, sous les successeurs d’Alexandre. […] Ce Dieu à la vérité, fait dans une Comédie d’Aristophane, un rôle très-bouffon, & même y est fustigé ; il n’est pas aisé de comprendre la Religion des Atheniens.
Riccoboni, convenons-en, avait trouvé, ainsi qu’il le desirait en proposant d’ôter les rôles aux femmes, le vrai moyen d’anéantir le Théâtre. […] Le jeune-homme qui vient d’être ému, troublé, transporté hors de lui-même, s’est mis à la place de l’Amant ; il a cru voir dans celle qui représentait l’Amante, l’objet qui doit faire sa félicité ; son âme abusée ; s’est élancée vers l’Actrice ; la personne a fait oublier le rôle : dès le lendemain, il court revoir son enchanteresse, & dans la bouche de cette femme, les maximes saines, salutaires ne font plus que parer des charmes de la vertu l’idole de la volupté.
doivent-ils être réduits au rôle de témoins coupables des crimes qui se passent sous leurs yeux ? […] Ils n’étaient que des comédiens, remplissant des rôles d’acteurs sur le théâtre du monde.
Mais ce qui est plus déplorable, c’est que les Poètes sont maîtres des passions qu’ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros, et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu’il n’y a que leur mémoire qui s’en mêle. […] « Telle est la corruption du cœur de l’homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un Ouvrage d’une manière agréable, délicate et conforme à la nature et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l’ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais, mais tout du moins négligés ; parce que c’est dans ces endroits qu’il se délasse des efforts d’esprit qu’il vient de faire en traitant les passions.
Si l’Acteur joue, il est à son rôle ; le desir de le bien rendre est en lui la passion dominante.
On y voit par-tout une actrice supérieure aux Clairons & aux Chammelés par l’habileté à jouer toute sorte de rôles, & par les passions & les foiblesses ordinaires aux actrices. […] C’étoit un théatre où la passion jouoit tous les rôles. […] On fit alors sortir des coulisses le Duc d’Alençon, son cadet, qui joua mieux son rôle. […] L’actrice joua bien son rôle.
Roscius, acteur célèbre dont Cicéron fait l’éloge, trouvoit ses rôles dans Plaute & dans Térence. […] Six acteurs de la troupe du Marais se joignirent, par ordre du Roi, à celle de Bellerose, acteur célèbre qui servit d’original à Corneille pour le rôle de Cinna, & à qui le Cardinal de Richelieu fit présent d’un habit magnifique, pour jouer le Menteur. […] Le désœuvrement, le luxe & l’ennui, plus que l’attrait du plaisir & de la nouveauté, conduisent aux deux salles de Comédies, trop peu suffisantes pour la Capitale du Royaume ; & les acteurs, contens d’une recette & d’un gain considérable, sans autre peine que celle de débiter toujours les mêmes rôles de quelques pièces, une ou deux fois la semaine, plusieurs années de suite, n’ont plus l’émulation de leur état.
En troisième lieu les Comédiens sont des gens sans mœurs, il n’est pas possible qu’ils en aient, leur état s’y oppose, et vous ne seriez pas surpris qu’ils fussent des fripons parce qu’ils en jouent souvent le rôle au Théâtre.
Ils sont également obligés de ne jouer qu’un rôle équivoque dans l’importante révolution de la Grèce, qui doit amener de si grands résultats dans la politique de l’Europe.
& cela doit être ; le nœud de toutes les tragédies est la passion de quelque Prince, quelque conjuration formée contre lui : le dénouement, la mort de quelqu’un ; plusieurs rôles exigent nécessairement des plaintes ameres, des discours licentieux, des entreprises audacieuses. […] Non, l’Etre tout-puissant ne se met point en peine Des rôles que je joue, & du sort qui m’attend.
Il n’en est point qui ne joue quelque rôle sur la scene, & n’y soit applaudie, & ne trouve des imitateurs dans le monde. […] La parure est la vie d’une actrice, son premier rôle, & celui qu’elle étudie, qu’elle exerce avec plus de soin, sur lequel elle est le plus sévérement examinée.
L’effrontée Isabelle a d’autant plus de tort, que son tuteur est représenté comme un parfaitement honnête homme, qui a eu les plus grands soins de sa pupille, y va de la meilleure foi, jusqu’à jouer le rôle d’un imbécille, & l’a toûjours passionnément aimée. […] Plagiaires éternels les uns des autres, & d’eux-mêmes, les pieces, les rôles, les scènes, sont comme les Acteurs, qui ne font que changer de noms ou d’habits, se placer à droit ou à gauche, sur-tout pour le mariage, qui est le fond de toutes les comédies.
C’est ici tout comme là : Arlequin dans la lune peut par-tout jouer son rôle. […] peut-il citer avec tant d’éloge une nation qui n’a jamais admis de femme sur le théatre pour y jouer aucun rôle, ni permis aux femmes de venir au spectacle ?
La plupart de ces fictions manquent de vrai-semblance, & à tout moment démentent le caractère étranger qu’on a pris, & laissent voir le François qui joue si mal-adroitement son rôle : Tout a l’humeur Gasconne en un Auteur Gascon. […] C’est comme si le même Auteur changeoit d’habit, jouoit tous les rôles ; il porteroit à tous la même voix, les mêmes traits, la même taille, les mêmes allures ; on le reconnoîtroit par-tout.
Tous les rôles, les incidens, les discours, les saillies, le moindre trait, tout semble fait exprès pour représenter le caractère dominant. […] Le prélude même l’annonce, & le donne pour motif de sa sévérité. 1.° Les Actrices & les Danseuses ne laisseront entrer dans leurs loges que les personnes nécessaires (tout y entroit auparavant, leur toilette étoit un lieu public, & le premier spectacle). 2.° Elles ne pourront rester sur le théatre & dans les coulisses que pour jouer leur rôle, & se retireront d’abord après (c’étoit auparavant le rendez-vous où se passoient d’autres scenes). 3.° Les Acteurs & Danseurs qui viendront ivres, payeront six livres d’amende la premiere fois, & seront chasses la seconde, &c.
qu’il a représenté des comédies au collège, et, pour tirer avantage de tout à son ordinaire, qu’il y jouait les premiers rôles, et qu’il y était « maître ouvrier ». […] La plupart de ces mystères furent composés par des Ecclésiastiques, des Religieux, et même des Evêques : les Prêtres, les Curés y jouaient les premiers rôles ; c’était même un honneur qu’on réservait aux personnes constituées en dignité.
Joseph à y venir, et dans la vérité un Capucin à la comédie n’y jouerait pas le rôle le moins comique. […] Leur vie est une comédie perpétuelle, ils passent tous les jours, sans en apercevoir le contraste, de l’Eglise au bal, du sermon à la comédie, d’un service pour les morts à l’opéra, d’une messe pour les calamités publiques aux farces de la foire ; hommes d’état et petits-maîtres, les affaires et le jeu, le tribunal et la toilette, le bâton de commandement et une Actrice, partout jouant leur rôle, licencieux et dévots, riant et pleurant, invoquant Dieu et l’amour, Vénus et les Saints.
Un poëte comique, fameux en Italie, est le Comte Carlo Golli, rival du célebre Goldoni ; il ne pensoit à rien moins qu’à ses rôles, sous les drapeaux de Thalie, lorsque se trouvant par hazard un jour avec Goldoni, celui-ci donnoit une grande importance à son art, & en faisoit valoir les difficultés, il disoit avec chagrin, qu’il étoit aisé de censurer les pieces de théatre, mais qu’il étoit fort difficile d’en faire une. […] Andreini son mari, Acteur avec elle dans la même Troupe de Gelosi, & poëte comme elle, jouoit fort bien les rôles d’amoureux & de Rodomon, ou Capitan, & il a composé beaucoup d’ouvrages dans le même gout. […] Les deux caractères réunis de la Palui & de son rôle, s’aident mutuellement, rendent plus saillants & plus plaisants les traits des personnages ; ils se mocquent en même tems du défaut qu’on joue, & de leurs compatriotes.
Il prétend au contraire que l’on n’a bien reconnu son mérite qu’après qu’il eut joué le dernier rôle de sa vie, & que l’on a beaucoup mieux jugé du prix de ses Piéces en son absence, que lors qu’il étoit présent.
205 Article dix, Rôles de Vieillards & de Mères.
Ariane même, que j’ai quelque scrupule de nommer après le chef-d’œuvre du Théâtre, Ariane a bien accoutumé les Spectateurs aux frénésies de l’amour jaloux : c’est pour vous dire qu’on se fait toujours bonne composition sur ce qu’il y a de plus furieux dans un rôle tendre, et qu’on en détache l’odieux pour n’en prendre que le sensible, comme je pense l’avoir avancé dans ma Satire.
[NDE] rôlet = petit rôle.
Clerge, seconde l’institution des comédiens en France, pag. 88 ; fournit la chapelle de la Sainte Trinité, pour y faire jouer la comédie, pag. 91 ; paie les comédiens représentant les mystères, pag. 93 ; tolère que les farceurs représentent la Sainte Eglise, et le pape la tiare en tête, dans la comédie de Mère Sotte, pag. 99 ; remplit lui-même, dans les églises, des rôles d’acteurs et de comédiens, pag. 128 ; fait un abus de pouvoir, et commet un délit en blâmant et punissant l’exercice d’une profession instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes de nos rois, pag. 131 ; les procureurs du roi doivent poursuivre ce délit, qui consiste dans la demande de l’abjuration, et dans le refus de sépulture, pag. 134 et suiv., et 282 ; le clergé emploie deux poids et deux mesures dans sa conduite envers les comédiens ; cette divergence tourne contre lui, par les preuves singulières qu’on en fournit, pag. 159 ; les cardinaux, princes de l’Eglise, sont les protecteurs de nos premiers comédiens, pag. 164 ; l’abbé Perrin est lui-même directeur de l’Opéra de Paris, pag. 167 ; les papes, chefs de l’Eglise, instituent des théâtres de leurs propres deniers, et les organisent, pag. 168 ; les cordeliers, les capucins, les augustins, tous prêtres de l’Eglise romaine, présentent des placets aux comédiens, pour en obtenir des aumônes, et ils promettent de prier Dieu pour le succès de leur troupe, qu’ils ont la politesse de nommer chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés ne sont point soumis aux anathèmes de l’Eglise, et les prêtres qui les leur appliqueraient devraient être, selon les lois ecclésiastiques, suspendus de leurs fonctions, pag. 182 ; processions, messes et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, qui sont remplies d’obscénités et de scandales, et bien plus nuisibles à la religion que les comédies, pag. 201 ; élection des archevêques et évêques des fous, dans les orgies des diacres et sous-diacres, pag. 280 ; le clergé en habits de mascarade et de théâtre, pag.
Un Philosophe, sans cesse occupé à fonder les profondeurs de la Nature, à résoudre des problêmes, joueroit un mauvais rôle dans ces divertissemens, où la joie est poussée jusqu’à l’ivresse.
On fit un recueil de stratagèmes pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverserb tous les pères, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, et le faciliter par le jeu infâme des valets, des soubrettes et des confidents, qui furent toujours dans la comédie les rôles les plus intéressantsc.
J’avoue que le Provincial a mieux choisi ses personnages, il les a cherchés dans les Couvents et dans la Sorbonne, il introduit sur la scène tantôt des Jacobins, tantôt des Docteurs, et toujours des Jésuites ; combien de rôles leur fait-il jouer, tantôt il amène un Jésuite bon homme, tantôt un Jésuite méchant, et toujours un Jésuite ridicule.
) Il prétend qu’il n’y a point d’homme de goût qui ne souhaite d’avoir été comédien (folie ;) Il n’ajoute pas hommes vertueux, ce ne sont pas les desirs de la vertu, en parlant de la subtilité que doit avoir un acteur pour bien rendre son rôle, ou naturel, ou factice ; il dit que c’est dans la vie privée, auprès des femmes, au milieu des enfants, dans le monde qu’un comédien doit former en lui le grand tâlent de la sensibilité. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
Mais Favart avoit des rôles à distribuer, & créoit des personnages. […] Comment Favart n’a-t-il pas vu que, par ce mêlange mal-adroit de modestie & de licence, de bonne & de mauvaise morale, de passion & de pruderie, il se fait le procès à lui-même & à sa piece, & qu’il en a manqué le sujet, l’esprit, & presque tous les rôles ?
Elle joua trois rôles très-propres au théatre : elle fut la sultane favorite du roi de Pologne, électeur de Saxe, son ambassadrice auprès de Charles XII, & doyenne des religieuses de Quedlimbourg, bénéfice considérable que son amant ajouta fort dévotement aux pensions qu’il lui faisoit : usage des biens ecclésiastiques que les canons n’autorisent pas. […] Il est surprenant que, dans toutes les guerres que sa famille a eu avec le roi de Suede & le roi de Prusse, qui toutes furent si malheureuses, ce grand guerrier ne soit jamais venu à son secours, & n’y ait joué aucun rôle : mais il n’est pas surprenant que le grand Frederic, ayant pris Dresde, chassé l’Electeur, fait prisonnieres sa femme & ses filles, il ait mené le même jour à la comédie une famille si comédienne.
C’est mal jouer son rôle, même pour le monde. […] Quel rôle plus facile à apprendre & à jouer ?
Ce qu’on applaudit le plus dans le rôle de madame Pointu, qui est bègue, c’est que ce défaut lui faisant répéter deux fois la première syllabe des mots calamité et pitié, elle dit deux incongruités. […] Un compagnon menuisier échappé de son établi, rendit son nom célèbre chez Nicolet par la perfection avec laquelle il jouoit le rôle de savetier.
Il semble qu’elles continuent à jouer, comme sur la scène, le rôle des Reines et des Princesses. […] Que penser de l’apologie du théâtre par Marmontel, qui fait une pathétique exhortation de fournir aux Comédiennes un revenu honnête, un état d’aisance, où elles puissent étudier commodément leurs rôles, pour éloigner le libertinage ordinaire où les jette leur pauvreté ?
Mais en rejetant les Farces Italiennes, j’aimerais que l’on en conservât les personnages, ne fût-ce que pour la variété, & afin de profiter des avantages que donne le masque dans certains rôles.
des Jongleurs, des Troubadours, qui donnoient au Public des farces grossieres, dans lesquelles la Divinité, les Diables mêmes avoient des rôles. […] Ces Histrions, ces Jongleurs &, qui jouoient des piéces, dans lesquelles la Divinité, & les Diables mêmes avoient des rôles, éxistoient donc encore vers le milieu du seizieme siécle. […] En un mot, comme il est démontré pag. 34, les Comédiens péchent mortellement, chaque fois qu’ils jouent leur rôle.
Quel rôle joue-t-elle donc auprès de Zaïre ?
On garde les rôles comiques ; on exclut les scenes licencieuses.
Les Acteurs sur la scène, dit-il, jouent les rôles de Prince, de Général d’armée, de Philosophe, de Médecin, &c. quoiqu’ils ne soient que des misérables.
Quel rôle jouerait la virginité dans un pays ennemi, où de toutes parts on la poursuit, on la joue, on lui rend des pièges ?