Elle célèbre pendant trois jours ce qu’elle appelle les quarante heures en expiation de ces excès auxquels se porte toute la population. […] Ses prêtres, s’ils le pouvaient, graveraient sur leur fronton la sentence que le Dante a inscrite sur la porte du Tartare : « Laissez ici toute espérance » ! Cette réprobation enveloppe nécessairement les gouvernants qui les autorisent, les protègent ; les législateurs qui, pour assurer leur prospérité, votent des subventions en leur faveur ; les villes qui les admettent, les magistrats qui les surveillent ; les serviteurs, employés, machinistes, qui plus est les receveurs qui, cependant, ne franchissent pas le seuil de la porte. […] Mais le peuple reconnaissant envers eux intervient, il a ouvert les portes et prononcé les prières que les prêtres ont refusées.
Dieu veille sur son Eglise, les portes de l’enfer, ni même les mauvaises mœurs des premiers Pasteurs ne prévaudront point contr’elle. […] Le frontispice de 1523, porte la Calandra comedia nobilissima è ridiculose, (c’est-à-dire, plaisante) composta per Reverendissimo Cardinale de Sta. […] (de Bibiana) les deux dernieres éditions que nous ayons de 1558 & 1559 porte da Bibiana Cardinale, noavimenta ristempata, è correcta. […] Chaqu’un porte le nom de quelque, Saint, chaque loge d’actrice, ou de courtisanne, est ornée de quelque image. […] Pour les opéras comiques, le théatre de la foire, branche des Italiens, c’est un amas d’obscénités, en France comme en Italie ; les libertins se repaissent de leur licence, le peuple de leur grossiereté, on en chante les jolis airs ; mais les honnêtes gens, les gens d’esprit les méprisent ; il est vrai que comme ils sont en petit nombre, & que la foule porte de l’argent, on se passe de leur suffrage quand la caisse du receveur est bien remplie.
Cet homme apostolique ramassoit dans chaque ville les cartes, les déz, les mauvais livres, les tableaux, les estampes licentieuses, & les faisoit bruler publiquement à la porte de l’Eglise, comme S. […] On voit étalés à là porte de la comédie une foule de romans, de comédie, de cartes, d’estampes licentieuses, exposés en vente ; plusieurs boutiques aux environs en sont pleines. […] Le premier coup d’œil d’une femme porte sur la parure d’un homme ; c’est la pierre de touche du mérite. […] Le mauvais riche, couvert de pourpre & de fin lin, dans les belles compagnies pensoit-il à Lazare, couvert d’ulceres à sa porte. […] Cette femme, selon les loix de la piété, ne devroit avoir que des voiles, qui la couvrissent, par humilité & par modestie : elle ne porte que de vains ornemens, qui s’étalent par orgueil & par libertinage.
Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Parce que le troisiéme Concile de Tours en la même annéeb, veut que les Ecclesiastiques s’abstennent de tout ce qui peut charmer les oreilles & les yeux, & amollir l’esprit, à cause que les oreilles & les yeux sont les portes par lesquelles les pechez trouvent aisément entrée dans l’esprit : Ab omnibus quæcumque ad aurium & ad oculorum pertinent illecebras, unde vigor animi emolliri posse credatur, Dei Sacerdotes abstinere debent, quia per aurium, oculorumque illecebras vitiorum surba ad animum ingredi solet. […] Car voici ce que porte en termes exprez un des articles de leur discipline. […] Y-a-t-ïl une folie pareille à celle qui porte les hommes à s’habiller en femmes par un honteux déguisement, à défigurer leurs visages par des masques, qui sont capables de faire peur aux démons ; ou enfin à mettre impudemment son plaisir à chanter les loüanges des vices, avec des vers lâcifs, & avec des postures tout-à-fait ridicules & impertinentes ? […] « Que les Ecclesiastiques n’assistent & ne joüent point au jeu appellé Charevari, où l’on porte des masques qui ont des figures de demons.
Il aurait encore mieux fait de dire, qu’il faut raser les théâtres, et fermer les portes des Villes aux joueurs…. […] Ainsi quand ils semblent se relâcher, c’est la crainte de voir troubler l’Etat et le repos public par des esprits inquiets et remuants, qui les porte malgré eux à cette fâcheuse tolérance. […] « Tragediarum et Comediarum, quas nonnisi Latinas et rarissimas esse oportet, argumentum sanctum sit, ac prium neque quicquam actibus interponatur quod non Latinum sit ac decorum, nec persona ulla muliebris, vel habitus introducatur. » Il serait même à souhaiter, que ce que porte Mandement de Monsieur le Recteur de l’Université de Paris, fait en 1647. de concert avec Mrs. les Principaux des Collèges les plus célèbres, et publié en 1648. fût exactement observé, il fût fait contre la mauvaise coutume qui commençait à s’introduire, de faire paraître des danseurs aux intermèdes des Tragédies. […] Le lieu où va le premier, n’est point par soi-même une occasion de péché ; au contraire le lieu où va l’autre, porte de soi-même au peché et à l’extinction de la grâce, qui peut seule préserver du péché. […] O manière trompeuse avec laquelle il séduit les chrétiens, et les porte au mal.
Ce n’est pas un Roi qui s’abaisse jusqu’au peuple, c’est un homme élevé comme le peuple, qui porte sur le trône ses goûts, son esprit, sa physionomie, ses sentimens. […] On arrête & on amene à Henri un Courier dépêché par la Ligue à la Cour d’Espagne, & dans ses papiers on trouve une lettre qui porte : On peut ajouter foi à tout ce que le Courier dira de vive voix. […] Henri IV, à qui ce poëme doit sa fortune, dont il porte le nom & dont il est le panégyrique, non-seulement n’y est pas intéressant, mais il y est odieux, indécent & méprisable. […] Après avoir été bien promené, il fut suspendu au ceintre d’un arc de triomphe, qu’on avoit érigé à la porte de la ville, comme si le Roi eût dû y faire son entrée : ce fut au contraire la Ville qui y fit la sienne sous le sacré Berceau. […] Sur-tout Saint Louis, dont le Roi porte le nom, peut-il être oublié en France ?
.… Tu vois, mon ami, que je puis, sans manquer à mes devoirs, suivre le penchant qui me porte à lui prouver mon estime ?
C’est ce qu’il répète cent fois, et il le prouve par Saint Paul, qui dit « que ces choses ne conviennent pas » : car où la vulgate a traduit : « scurrilitas quae ad rem non pertinet » ; en rapportant ces derniers mots à la seule plaisanterie : le grec porte que « toutes ces choses », dont l’Apôtre vient de parler, « ne conviennent pas », et c’était ainsi que portait anciennement la vulgate, comme il paraît par Saint Jérômeal, qui y lit, non pertinent.
[NDA] Une autre statistique de la France porte à cent quarante les archevêques et évêques, mais en y comprenant les évêchés de Corse et les évêques in partibus.
Ce fut d’abord à bonne intention pour inspirer la crainte de l’enfer au pécheur ; mais c’étoit ouvrir la porte aux plus grands désordres. […] Le premier ordre est Toscan, il régne dans toute l’étendue de la façade du palais, & forme la terrasse au devant de la Cour, dans laquelle on entre par trois portes également commodes, & remplies par des menuiseries enrichies de bronze & d’ornemens bien travaillés. […] Garrik est venu à Paris, & y a vu certains usages qu’il a voulu introduire en Angleterre, entr’autres on n’est point reçu à la comédie de Paris, en quelque tems de la réprésentation que l’on vienne, qu’on ne paye à la porte la même somme.
Pour lui, on lui refusa la porte de l’Hôtel d’Orléans. […] On lui fit les plus grands honneurs, on la reçut au son des trompettes & des tambours ; on la plaça à l’arc de triomphe de la porte S. […] Évremont, comme le titre le porte, ces aveux sont d’autant plus décisifs, que cet Epicutien sans religion étoit un amateur déclaré du théatre, pour lequel il a composé plusieurs pieces, & qui vraisemblablement parle d’après sa propre expérience.
On suppose à la porte du Temple la fosse où l’on enterroit la coupable, on l’y fait marcher & descendre, elle a déjà le pied levé quand son amant l’enleve. […] Ainsi liée & enveloppée, on la couchoit dans une biere, & on la portoit dans cet état comme on porte les morts au tombeau, suivie des Prêtres, des Prêtresses & du peuple, à travers toute la ville, depuis le Temple de Vesta jusqu’à la porte Colline, qui en étoit fort éloignée, auprès de laquelle étoit le caveau que le premier des Tatquins avoit fait construire pour cette triste cérémonie, & qu’on appeloit pour cette raison Campus sceleratus.
Lascif est en général tout ce qui porte à l’impureté, tableaux lascifs, chansons lascives, paroles lascives, gestes lascifs, indépendamment de l’emportement & de la chaleur, comme un coup d’épée, un poison n’est pas moins meurtrier pour être donné tranquillement. […] En voilà sans doute un beau trait, mais il porte à faux. […] Il ne s’en cache pas, il s’en fait un mérite, & conclud ainsi : Amour, si dans mes vers je t’ai marqué mon zèle, A la postérité porte-le sur ton aîle ; Dieu charmant, tous les arts te doivent leur beauté Et tous leurs traits divers ; c’est toi que j’ai chanté.
Cette dite tour est celle qu’on nomme du Commis, la plus proche de la porte des Cordeliers, et la quatrième en comptant depuis la porte de rue neuve, et partant bien éloignée du collège. […] Le couvent des Cordeliers a été détruit mais il subsiste son église, Saint Bonaventure ; le collège jésuite est celui de la Trinité, qui est l’actuel Lycée Ampère ; les portes ont disparu, mais la Rue Neuve existe toujours.
Il est physiquement vrai que le bon ne porte l’ennui que dans le sein des sots. […] Car enfin, il faut qu’une porte soit ouverte, ou fermée. […] Thomas porte sur les Histrions de son temps un jugement bien différent de celui que les pères des premiers siècles avaient porté sur les Histrions de leur temps, lorsqu’ils parlaient des Comédies régulières des Payens : il disait [Art. de Spect. […] « La vigne [disait Anacharsis, fameux Philosophe Scythe] porte trois sortes de fruits, l’yvresse, la volupté & le repentir : & que celui qui est sobre en son parler, en son manger & en ses plaisirs, a le caractère d’un parfaitement honnête Homme, &c. » maxime digne du vrai sage. […] Critias ou Crinias, célèbre Médecin, qui parut quelque tems après Hypocrate, Liberta Capitaine intrépide qui assura la liberté de la Ville, en poignardant entre la Porte Royale & la Seconde, le lâche Cassant, Consul de Marseilles, qui devait la livrer au Roi d’Espagne en l’an 1596, &c.
Je reconnois à ma femme , porte le contrat de mariage, deux grands yeux fort malins, un très-beau corsage, une paire de belles mains, beaucoup d’esprit. […] Il n’emploie ses biens qu’à sa vanité, son luxe, son incontinence Il est meublé & habillé magnifiquement, & se fait suivre comme un prince par un nombreux cortége, il porte son faste jusques dans l’église, où il se fait dresser un trône plus élevé que les siéges des prêtres, d’où il prononce des oracles & des sentences.
A quoi me sert un Oreste furieux, ainsi qu'Euripide le représente, ou un autre qui vient nous entretenir du meurtre qu'Alcméon fît de sa mère, ou bien celui qui porte un masque, ou qui fait des grimaces ayant l'épée au côté, et jetant des cris, ou celui qui s'habille d'une manière indigne d'un homme; laissons les fables d'Agesilaus, et du Poète Ménandre; pourquoi perdrais-je le temps à admirer dans les fables un Joueur de flute, et pourquoi m'arrêterais-je à considérer un Antigenide Thébain, disciple de Philoxene, qui faisait ce métier ? […] Car la volupté a un si grand pouvoir sur les hommes, qu'elle les porte à embrasser les occasions du péché par l'ignorance, et à trahir leur conscience par la dissimulation.
Dans la satyre la plus mordante rien n’égale l’Arétin : c’étoit son vrai talent (si on peut appeller talent le poison de la malignité), il n’épargnoit ni Papes, ni Rois, & se faisoit appeller le fléau des Princes, flagellum Principum, comme porte une de ses médailles ; il n’épargna pas ses plus grands bienfaiteurs, les Médicis qui l’avoient tiré de a poussiere, Charles V. […] Je ne puis me garder de rire, quand j’oi nos architectes s’enfler de ces gros mots pilastre, architrave, corniche & semblable jargon, que mon imagination ne se saisisse du palais d’Apollidon, construit dans Amadis par l’art de négromantie, & je trouve que ce ne sont que les chétives pieces de la porte de ma cuisine. […] Les perses, les juifs, les indiens, les allemands, les françois, les espagnols, &c. assiegent continuellement ma porte. […] Elle regne dans la plupart des Académies de Belles-lettres, elle en ouvre les portes, en gagne les couronnes, en assure les éloges, en remplit les séances, & embellit les livres des académiciens qui lui doivent ordinairement toute leur fortune académique. […] Le flambeau du monde brûle de tes feux ; le dieu de la guerre, le dieu du tonnere se laissent enflammer ; dans les enfers, au ciel, sur la terre, tout porte tes fers.
Dans un de ces momens critiques, il va malgré lui combattre à la Porte Saint Antoine. […] Le Duc se rend la nuit chez le Cardinal par une porte de derriere, & monte à son cabinet par un escalier dérobé. Le Cardinal qui pouvoit le faire arrêter, va seul avec une bougie lui ouvrir la porte ; le Duc qui pouvoit lui passer son épée au travers du corps, & se retirer, négocie tranquillement avec lui, mais sans succès : ce sont deux Paladins qui s’embrassent, & vont se battre à fer émoulu. […] Ces deux grands hommes toujours aux prises avoit fait un échange de commandement : Turenne espagnol à la Porte Saint-Antoine, combattoit Condé françois, & Turenne devenu françois à Arras & à Etampes, combattit Condé devenu espagnol. […] Dans cette guerre de Hollande, également célebre par les succès & par les revers, espece de jeu bisarre, de flux & de reflux, les premiers jours de la campagne furent marqués par des victoires, les derniers par des désastres : ce fut un voyage de quelques mois, où on ne fit qu’aller & venir ; les armées françoises allerent comme un torrent jusqu’aux portes d’Amsterdam ; on lâcha les écluses, & les eaux de la mer les repousserent jusqu’en France.
Philippe de la Villenie, artiste du théâtre de la Porte Saint-Martin, mort à Paris, le 15 octobre 1824, d’une attaque d’apoplexie foudroyante.
Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer.
On afficha à la porte du Louvre cette pasquinade : Frère Henri, par la grâce de sa mère, appelé Roi de France & de Pologne, Concierge du Louvre, Marguillier de S. […] Non, rien ne dégrade plus l’homme, & ne rend plus incapable des actions de vertu d’un sage gouvernement, des fonctions importantes de la royauté, du sacerdoce, de la magistratere, que ce goût efféminé de luxe, de parure, de frivolité : fruit & principe trop ordinaire des plus grands vices, qui énerve l’ame, amollit le cœur, blase le corps, dissipe les biens, fait perdre la confiance, l’estime, le respect de tout le monde, ruine les familles, & porte les plus funestes coups à l’Etat, faisant de l’homme public, du pasteur des ames, du père de famille, une espece de baladin & d’Actrice. […] Mais porte-t-on moins dans leur ame le coup de la mort éternelle par les péchés qu’on fait commettre ? […] Toute la parure théatrale assortie à son rôle, montée à l’unisson de ses sentiment, ne l’est pas davantage ; elle l’est moins, puisqu’elle met plus vivement sous les yeux les objets qui imitent les sentimens dépravés, qu’elle parle avant qu’on ait ouvert la bouche, après qu’on a cessé de parler, & pendant qu’on s’entretient d’autre chose, elle joue seule son rôle, elle le joue sur la personne même qui la porte.
La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] toi qui sans doute incrédule A tant de prodiges nouveaux, Diras de lui comme d’Hercule, Un seul n’a point fait ces travaux ; Ne divise point ton hommage, Fixe tes régards incertains, Porte les yeux sur cette image, Vois celui qui dans quinze lustres, Egal à vingt hommes illustres, En a seul rempli les destins. […] Les Bacchantes même n’étoient pas habillées de pampres & de lierre ; il faut que Voltaire & sa troupe soient surieusement affectés de l’envie qu’ils s’imaginent qu’on leu porte, & qui n’est que l’injure banale contre tous ceux qui ne l’admirent pas, qui la répétent à toutes les pages ; il y a sans exagération dans les œuvres de Voltaire deux mille traits contre ses ennemis, & tous avec ces propos des hâles ; il est si hors de lui-même, qu’on le prendroit pour une harangere.
Souffrir que la jeunesse se marie clandestinement, c’est la perdre, c’est mettre le desordre dans les familles, annéantir l’autorité paternelle, & ouvrir la porte à la plus grande dépravation. […] La disgrace de la Cour les fit manquer à la Grange. dont le mérite dramatique n’étoit pas inférieur, Son discours de reception ne lui en eût pas ouvert la porte. […] Tout ce qui porte l’empreinte de la galanterie est si fort du goût des François, qu’on se l’arrache.
Sentiment précieux qui porte au bien, divine Vertu, le débauché même ne peut se défendre de te respecter ; ton idée seule fait éprouver une certaine douceur ! […] La magie du Spectacle, la vue d’une aimable Actrice ; les beautés qui remplissent les loges ; tout nous porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des Drames dont l’intrigue agréable & galante, dont le stile léger & délicat, nous invitent à nous livrer à la tendresse. […] « Nous sommes seuls — votre femme doit revenir… la porte… je vais la fermer ».
Si tous les hommes étaient sages naturellement, rien de plus inutile, j’en conviens, que le Théâtre ; rien de plus inutile que tous les écrits des Pères, que l’Evangile même : mais si la plupart des hommes ne sont rien moins que sages, et que leur conduite et leurs mœurs prouvent que la nature et la raison ne leur ont pas encore fait trouver la Vertu assez aimable, pour n’avoir pas besoin de peintres qui leur en fassent remarquer les attraits ; si la vue de ces peintures les porte à faire plus d’attention à l’original, comme le portrait d’une jolie femme fait désirer d’en connaître le modèle à ceux qui ne l’ont pas vue ; il est donc probable que le Théâtre peut opérer les mêmes effets et que le coloris agréable qu’il prête aux charmes de la Vertu, altérés quelquefois par les pinceaux austères des Pasteurs ou des Philosophes, peut faire désirer de la connaître et de la pratiquer. […] Ce n’est point la grandeur d’âme qui le porte à se donner la mort, c’est le désespoir, c’est la rage de n’avoir pas réussi dans son affreux projet ; situation de son cœur qu’il peint si bien dans les derniers vers qu’il prononce en faisant encore un effort pour poignarder quelqu’un : « Cruels, qui redoublez l’horreur qui m’environne, Qu’heureusement pour vous la force m’abandonne : Mais croyez qu’en mourant mon cœur n’est point changé. » bv Qui voudrait-il assassiner, ce prétendu grand homme ? […] J’estime son génie et respecte sa vieillesse ; mais, quelque honneur que je porte à sa personne, je ne dois que justice à ses Pièces, et je ne sais point acquitter mes dettes aux dépens du bien public et de la vérité. » cd.
La moindre ne porte pas moins l’empreinte de la majesté, et le caractère de la sagesse éternelle ; un point, une virgule, ne passeront pas sans être accomplis ; « iota unum, aut unus apex ». […] que Judith était belle et parée, Esther tendre et insinuante, Bethzabée immodeste et fragile, la femme de Putiphar impudente et infidèle ; ils admirent la fierté d’Assuérus, l’ambition d’Absalon, les intrigues d’Architopel, en un mot tout ce qui est capable de nourrir la passion : tout le reste leur paraît vide ; à peine l’ennui laisse-t-il tomber un regard distrait sur ce qui porte à la piété, un œil de mépris sur ce qui combat la passion. […] Ce n’est plus une héroïne inspirée de Dieu, qui entreprend avec courage, exécute avec fermeté ; c’est une aventurière étonnée, troublée, inquiète, incertaine, qui porte l’empreinte de la faiblesse et de la témérité.
De même que le bien est l’objet immédiat de la volonté, la vérité l’est de l’entendement, il est fait pour elle comme elle est faite pour lui, et il n’y a rien à quoi il se porte avec des transports plus vifs et plus impétueux. […] Otez les auditeurs, vous ôterez les acteurs, c’est pour vous, dit saint Chrysostome, qu’un Chrétien se fait bouffon, et renonce par là à la dignité du nom qu’il porte, vous ne faites aucun scrupule de contribuer à faire vivre dans l’abondance, et même dans le luxe des gens qu’il faudrait laisser mourir de faim et qu’on devrait lapider, voudriez-vous que vos enfants ou quelqu’un de votre famille exerçât un art si honteux, ne les désavouerez-vous pas aussitôt ?
Un jour qu’on y était assemblé en foule (sans penser à l’ennemi, qui était aux portes), et extrêmement attentifs au jeu d’une Actrice célèbre dont on était enchanté « alto silentio populo venustate attonito», l’Actrice, qui avait la montagne en face, aperçut les Perses, qui descendaient, et s’écria saisie de frayeur : « Ou je rêve, ou nous sommes dans le plus grand danger, voilà les Perses »: « Aut somnio, aut magnum periculum, ecce Persæ. » Il n’était plus temps de se mettre en défense, les troupes environnèrent le théâtre, et eurent bon marché de cinquante mille personnes, qui ne songeant qu’à se divertir, furent prises comme dans un filet. […] 5.) porte la sévérité jusqu’à traiter de déserteur de la milice, un Soldat qui fréquente les bains et les spectacles, et fait entendre que c’était la loi qu’on suivait : « Miles lavacris et spectaculis intentus velut militiæ desertor jure damnatur. » Il est fondé sur les lois Romaines, qui condamnent à la mort un Soldat qui se serait fait Comédien, car ce métier marque en lui tant de bassesse, qu’il est indigne de servir la patrie, indigne de vivre : « Militem qui artem ludicram fecisset, capite plectendum » (L.
; 2. par celui que Dieu même en porte, n’y ayant rien dans les spectacles qu’il ne condamne Chap. […] » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.
Tantôt sa Scène représente l’intérieur d’une maison, ou bien une rue ; tantôt une vaste campagne ; ici elle offre aux regards la misérable chaumière d’un Laboureur ; là, un palais somptueux : Voilà quels sont les éffets de l’ambition ; elle nous porte à tout embrasser.
Elle porte le nom et l’approbation d’un des plus Saints et des plus éclairés Prélats de France que le Pape vient d’élever à la Pourpre par la seule considération de ses mérites.
Elle ordonne à ses soldats de le tuer : les Levites qui sont en plus grand nombre le défendent, & environnent Athalie, qui attend le secours de son Armée ; mais on vient annoncer que son Armée a pris la fuite au nom de Joas ; que le peuple a brisé les portes du Temple de Baal, & égorgé Mathan. […] Quand on va ouvrir les portes du Temple à Athalie environnée de ses Soldats, voici le moment où il doit trembler : c’est celui de sa joie, il dit à Dieu, Grand Dieu, voici ton heure, on t’amene ta proye. Quand les portes s’ouvrent & qu’Athalie entre, il est surpris de voir pâlir Josabet, & il lui dit avec vivacité, Vous changez de couleur, Princesse. […] Il ne falloit pas frapper un grand coup pour l’abattre, la nôtre a su résister au même coup, nous avons su conserver notre raison pour goûter la Tragédie, & nous sommes comme convenus que quand nous irions à l’Opera abandonner nos sens aux charmes de l’harmonie, nous laisserions notre Raison à la porte ; par conséquent ce Spectacle quand il est long ennuie, parce que, suivant Saint Evremond, où l’esprit a si peu à faire, c’est une nécessité que les sens viennent à languir : c’est en vain que l’oreille est flattée, & que les yeux sont charmés, si l’esprit n’est pas satisfait.
Car chacun porte avec soi la preuve sensible que rien n’offense plus que le mépris : et il n’est point d’endroit par où l’homme marque plus à Dieu qu’il le méprise que par de continuels serments. […] Celui qui aime ses frères comme soi-même, qui porte la générosité au-delà de tout ce qu’apprend la plus sublime Philosophie, qui n’éprouve point de passion dont il soit tyrannisé, qui est au-dessus de la jalousie, de l’ambition, de la vanité, de l’intérêt, de l’avarice, sources de toutes les divisions ; l’homme, dis-je, qui possède ces qualités doit être sans doute un ami parfait. […] Est-ce que le blasphème n’est jamais hors de saison sur le Théâtre, et y porte toujours avec soi sa justification ? […] L’impiété choque toujours les oreilles chrétiennes, déshonore la Majesté de Dieu et a des suites pernicieuses : elle ôte insensiblement l’horreur du crime et affaiblit la lumière de la conscience dans ceux qui en sont témoins ; parce qu’elle porte au mépris du Souverain Etre qui défend le mal et qui ordonne le bien.
Je ne connois pas, Mademoiselle, l’état de votre fortune, mais avec autant de célébrité que vous en avez acquise, il n’est pas à présumer qu’une sage retraite vous laissât sans ressource : dans la supposition qu’elle fût suivie de la plus triste indigence, c’est un malheur qui doit moins vous effrayer que votre situation presente ; le Théâtre est un œil qui vous scandalise, vous devez l’arracher1, c’est un pied qui vous porte au péché, vous devez le couper ; car il n’est pas raisonnable de sacrifier la vertu aux richesses, & toutes les douceurs de cette vie sont un très-petit objet, au prix du bonheur de l’autre.
On donna à Huguet le non d’Armand que porte toute la famille, en mémoire du cardinal de Richelieu. […] Tout ce qui est relatif à cette portion déshonorée de l’humanité, qui part d’elle ou en rapproche, porte avec elle le poison de l’impurêté de sa source, & de pareilles assemblées ne peuvent que le mieux répandre, ainsi que celle du jeu de hasard, de loterie ou de café. […] Sans doute le même crédit qui a ouvert les cachots à ses adversaires, lui a ouvert les portes de l’académie. […] Il porte l’aveuglement jusqu’à ne pas sentir qu’il se condamne lui-même, dans l’idée qu’il donne des spectacles. […] Rien de plus superficiel, mais rien de plus malin que cette géographie & cette politique cavaliere, qui porte presque toujours sur des faits faux ou mal rendus.
Je dis même qu’il y a plus de personnes forcées de demeurer dans le monde qu’elles auroient quitté, qu’il y en a qu’on ait forcé d’entrer en religion ; il y a plus de séduction & de violence pour fermer les portes des couvens que pour les ouvrir. […] Dans ce moment tout est en mouvement, dans un couvent tout a les yeux sur la Novice & sur sa famille, tout l’assiege, tout s’empresse autour d’elle, un Clergé nombreux, un Officiant distingué, ordinairement le Supérieur de la maison, une assemblée choisie & nombreuse, des domestiques empressés, un peuple curieux ; l’intérieur plus agité encore, une fête brillante, un évenement intéressant, la Novice plus agitée que personne, dans un moment qui décide de sa vie ; comment imaginer un parloir tranquille, inaccessible, où personne ne paroisse, où le père & la mère tiennent leur fille, envoyent chercher un Curé, que ce Curé parle en particulier à la Novice, & fort long-temps, rende compte de son entretien, qu’elle entre & sorte cinq ou six fois toute troublée, sans que personne s’en apperçoive, elle dont tout s’occupe, que son amant s’y glisse, & sans doute force l’entrée, car il faut bien que pour agir en repos on ait consigné la porte, qu’il y fasse des folies, & qu’enfin cette fille vienne s’empoisonner & mourir sans que personne se montre ? […] Il n’y a que ceux qu’on porte pour Dieu, qui soient insupportables. […] Cet esprit foible est aussi-tôt changé, un mot la porte plus au mal que dix ans de la société la plus douce & la plus pieuse ne peuvent lui faire croire le bien ; elle ne voit que des monstres : Omnia tuta timens : On séduit ma candeur, on veut m’en imposer, Et tout ce que j’aimois conspire à m’abuser. […] Faut-il donc ouvrir la porte à tous ceux qui se repentent après s’être librement engagés ?
Afin de prévenir par la suite de pareils écarts, S.M. ordonne que l’article 6 du règlement fait en 1671 par l’Académie Françoise, à l’occasion des discours qui doivent concourir pour le prix d’éloquence, & qui porte qu’on n’en recevra aucun qui n’ait une approbation signée de deux Docteurs de la Faculté de Paris, & y résident actuellement, sera ponctuellement observé. […] Therèse, indépendamment de diverses croyances, dans le fonds assez indifférentes, c’est le ferment le plus puissant le plus exalté qui porte les qualités morales au plus haut point d’activité. […] Il est vrai qu’en préférant dans le choix de ceux qu’elle éleve sur ses autels un Comédien, un libertin, un homme de néant, qu’elle avoit méprisé pendant un siecle, à deux des plus grands hommes qui lui avoient fait le plus d’honneur, qui avoient rendu les plus grands services à l’Eglise & à l’Etat, elle avoit ouvert la porte à la licence des plus odieux parallesles. […] Et toutes ces belles expressions, son excès ne peut être qu’un exces d’amour, c’étoit l’essence de son caractère, toutes ses pensées étoient célestes, il porte trop loin le plaisir d’aimer Dieu, le frivole, le galimathias, qui regnent d’un bout à l’autre, donnent-ils une plus grande idée de son goût que de son équité & de sa sagesse ? […] La vie de Moliere est un tissu de vices, où de loin en loin on fait valoir, on exagère beaucoup deux ou trois traits de vertu morale, qu’on trouveroit aisément chez les Payens, & bien davantage, & qui ne lui ont pas ouvert les portes du ciel.
Voilà les prodigieuses absurdités que leur glose porte en croupe. […] Il faut garder selon la lettre toutes ces choses, et semblables : Ajoute, que entre les Païens, à certaines fêtes de Mars, les femmes portaient l’équipage des hommes ; et aux fêtes de Vénus, les hommes portaient les hardes des femmes, la quenouille, le fuseau, et autres telles choses : Est aussi à noter, que le terme Hébreu, dont use Moïse est plus général, que ne porte ce mot de vêtement ; dont appert, que la défense est encore plus rigoureuse, que nous ne la prenons, la restreignant seulement aux vêtements ; au lieu que Dieu nous déclare, qu’il abhorre généralement toute confusion, jusques à la moindre, qui se commet, quand un sexe s’attribue quelque chose qu’il a ordonné à l’autre. […] Augustin, comme elle est plus éloignée, aussi y convient-elle le moins : Il entend par l’homme, la raison ; par la femme la sensualité ; et dit, que l’homme porte l’habit de femme, quand la raison se laisse aller à la sensualité ; et au contraire, la femme prend l’habit d’homme, quand la sensualité est surmontée par la raison : Mais par ce moyen, il serait seulement défendu à l’homme, de prendre l’habit de femme ; et non à la femme, de prendre celui d’homme, contre l’intention du Législateur, qui fait la défense égale, pour l’un et l’autre sexe. […] Que si on dit, que les Chrétiens en peuvent user à une autre fin ; je réponds, qu’on s’en peut bien proposer une autre, mais elle ne sera guère meilleure : Que sert-il de fermer plusieurs portes d’une ville, s’il en demeure une ouverte à l’ennemi ? puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ?
Les habitans qui se présenterent à l’église pour assister au couronnement, furent inhumainement chassés d’une fête qui ne fut instituée que pour eux, par des cavaliers de la Maréchaussée que le Seigneur avoit placés à la porte. […] L’Arrêt porte réglement pour l’élection & le couronnement de la Rosiere, que l’usage seul déterminoit. […] Ce trait de satyre porte à faux : ces trois sortes de libertins ne vont point s’établir dans un pauvre village fort éloigné de Paris, où ils savent que la vertu regne.
qui le porte plus loin que les Actrices ? […] Vous seriez bien étonné (d’Orbessan, Voyage d’Italie) de voir les portes du spectacle s’ouvrir par-tout aux Gondoliers : corps très-considérable à Venise, servant à plus d’un usage ; leur principal office est d’applaudir à outrance aux Acteurs & aux Actrices, dans des termes dont je ne répetterai pas le sens à raison de leur obscénité. […] Ce panégyrique perpétuel de tout ce qui porte le nom d’Académicien est écrit d’un air simple & naïf qui séduit le lecteur, & lui fait croire toutes ces merveilles, il supprime toutes les taches, il ne laisse voir que le bon ; encore n’a-t-il pas plu à tout le monde, quoiqu’il n’ait rien négligé pour lui plaire.
Il s’en débite un si grand nombre en France, qu’on y a imposé un droit d’entrée à tant le cent, qui porte un profit considérable. […] Une Dame se fera servir par un homme déguisé en femme de chambre ; un Officier aura pour valet de chambre, pour aide-de-camp, pour soldat, une amazone, qui porte le jour le mousquet & la nuit des cornettes. […] Le théatre n’est lui-même qu’un déguisement perpétuel, tout y est masqué, on ne porte que les habits du rôle qu’on joue.
C’est par ce Passage d’un Ecrivain si grave, qu’on croit découvrir l’origine d’un Acteur, qui portant le nom bizarre d’Arlequin, est couvert d’un habit qui n’a aucun rapport à l’habit d’aucune Nation, & est un mélange de morceaux de drap, de différentes couleurs, coupés en triangles ; Baladin qui porte un petit chapeau sur une tête rasée, un masque dont le nez est écrasé, &, comme le Planipes des Romains, a des souliers sans talons ; Acteur principal d’un Spectacle dont le langage est aussi bigarré que son habit, puisque les Acteurs y doivent parler différens idiomes, le Vénitien, le Boulonnois, le Bergamasche, le Florentin ; Mime dans son jeu comme dans son habit, puisque le Mime (comme on le voit dans un Passage d’Apulée) étoit vétu centuncuculo d’un habit de piéces & de morceaux, Personnage qui est toujours prêt à recevoir des soufflets, suivant un Passage du Traité de Tertulien sur les Spectacles, faciem suam contumeliis alaparum objicit. […] Cependant pour faire connoître que ce Bâtiment leur appartenoit, ils mirent sur la porte leur Devise, c’est-à-dire, une Pierre, sur laquelle avec les Instrumens de la Passion, étoit sculptée une Croix soutenue de deux Anges.
Qu’elle porte les caracteres Paternels, qui iustifient son origine, & qui empeschent les Spectateurs de se méprendre, ou de faire des iugements temeraires. […] Sur tout observons ou faisons observer aux Chanteus, de bien prononcer toutes les paroles, & de ne se point permettre de fredon dans le milieu d’un mot qui coupe, & le rende ainsi mal-entendu, ou de passage qui porte prejudice à la chose, & aux Auditeurs. […] Et j’ay veu dans une nuit un Balet de plus de vingt Entrées dance trois fois avec les mesmes preparatifs par tout, & en élevant dans un instant une Machine qui representoit en relief, tantost un Camp, tantost une Campagne, tantost-un Chasteau, & à la fin une Porte de Ville, d’où on abatoit un Pont-levis, & sur lequel les gens de la Porte dancerent leurs Entrées. […] Les Portes grandes & commodes pour les entrées & pour les issuës ; des escaliers pour aller aux Coridors ; des Galeries secretes par où le Roy apres avoir dancé peut se retirer dans sa Loge pratiquée au fonds de la Sale, & au point de veuë du Theatre. […] Mais la plus mignonne, & la plus aparante est une Porte pratiquée du costé de l’apartement des Tuilleries, & qui rend dans une petite gallerie, & ensuite dans une espece de Loge pour la Reine, où est son haut Dais.
Ces choses étant ôtées de la Comédie, les premiers Pères de l’Eglise ne la regardent plus, que comme une vaine curiosité, et s’ils condamnent cette vaine curiosité avec force, c’est dans des Sermons où l’on porte ordinairement l’Auditeur à la perfection, et où l’exagération peut être permise ; mais dans la rigueur Scholastique, on ne compte point absolument pour péché une chose qui n’est point de la perfection. […] Et dans un autre endroit, savoir dans son Homélie 24 touchant la lecture des livres des Païens, vers la fin il dit : que pour conserver la pureté de son âme il faut éviter le plaisir des sens, qu’il faut fuir à cette fin les Spectacles et la musique que l’on y chante qui n’est propre qu’à corrompre l’âme, et à irriter les passions31. « Il ne faut point, dit-il, être curieux de voir ces Spectacles, et les vaines représentations de ces Charlatans, il ne faut point non plus prêter l’oreille à ces airs qui ne tendent qu’à corrompre l’âme : car cette espèce de musique ne porte point ordinairement d’autre fruit que l’esclavage et la dégradation de l’âme, outre cela elle irrite les passions ; et il conclut en disant : nous avons une autre musique bien meilleure que celle-là, et qui nous porte à nous attacher à des choses bien plus excellentes. […] Mais la vérité est que saint Charles en suivant l’exemple de l’esprit des Pères de l’Eglise, a condamné la Comédie par des raisons particulières prises du côté des choses fort sales ou impies qui y étaient représentées, et encore par une raison générale tirée des circonstances qui en sont dans la pratique inséparable, c’est à savoir qu’elle porte à la corruption des mœurs. […] Elle doit craindre que cette occasion ne l’engage au péché, et ne l’y porte insensiblement ; ou que peut-être ce ne soit un effet de son endurcissement et de l’abandon de Dieu, si elle ne sent pas les méchantes impressions que cette occasion fait dans les autres. […] tout cela porte ordinairement à la douceur de l’amitié, à l’honnêteté et même souvent il en revient de grands émoluments et de grands profits ».
On applaudit à la noblesse des sentimens de l’Actrice, qui la porte à rompre des fers que les seuls préjugés ont pris soin de forger .
La coèffure des Actrices en général mérite le même reproche ; une simple Paysanne a-t-elle ses cheveux bouclés avec art, & porte-t-elle des pompons & des aigrettes ?
Les hommes cherchent à se tourner en ridicule dès qu’ils ont la faculté de s’èxprimer : c’est ce plaisir malin qu’on trouve à se moquer de son semblable, & qui nous porte à rire de ses défauts & de ses actions, qui donna naissance à la Parodie dans la région du monde qui fut la plutôt peuplée.
Ce que j’ai dit ailleurs(73) au sujet du commencement des Pièces qui ne saurait être trop animé, me porte à désirer qu’on mît quelquefois à l’ouverture des Pièces du nouveau Théâtre un duo, un trio, ou bien une ariette.
Durant cette perplexité, le temps s’écoulait fort vîte ; huit heures sonnent à la Pendule : je m’écrie qu’elle va mal ; mais les Montres s’accordent avec elle, & les Porteurs mandés pour la même heure sont à la porte.
Il l'exhorte à retourner dans la solitude, et lui représente les avantages de sa vie qu'il a quittée : « Souvenez-vous, lui dit-il, que par le Baptême vous êtes devenu soldat de Jésus-Christ ; dès lors vous avez fait serment de lui être fidèle, et de n'avoir égard ni à votre père, ni à votre mère quand il s'agirait de son service …… Quelques caresses que votre petit neveu vous fasse pour vous retenir ; quoique votre mère les cheveux épars, et les habits déchirés vous montre le sein qui vous a allaité, pour vous obliger de demeurer, quoique votre père se couche sur le seuil de la porte pour vous empêcher de sortir : foulez-le courageusement aux pieds, et sans verser une seule larme, allez promptement vous ranger sous l'étendard de la Croix.
où il est prescrit d’éviter « les femmes dont la parure porte à la licence : ornatu meretricio : qui sont préparées à perdre les âmes, ou comme traduisent les Septante, qui enlèvent les cœurs des jeunes gens, qui les engagent par les douceurs de leurs lèvres » : par leurs entretiens, par leurs chants, par leurs récits : ils se jettent d’eux-mêmes dans leurs lacets, « comme un oiseau dans les filets qu’on lui tend » g.
Je me joins à eux, je lui porte un coup ; ne fuis-je pas aussi coupable qu’eux ?
Or la raison souffre-t-elle qu’on fasse son divertissement du péché des autres, qu’on les porte à offenser Dieu, et qu’on se rende complice du mal qu’ils font ?
Si, malgré sa vigilance et ses exhortations, la danse s’introduit et s’établit dans sa paroisse, il doit la tolérer, sauf les cas suivants : 1° Un confesseur ne peut absoudre ceux qui persistent à vouloir fréquenter les danses regardées comme étant notablement indécentes, soit à raison des costumes immodestes qu’on y porte, « mulieribus nempe ubera immoderate nudata ostendentibus », soit à raison des paroles obscènes qu’on s’y permet ; soit enfin à raison de la manière dont la danse s’exécute, contrairement aux règles de la modestie.
Quoi qu’il en soit, je suis surpris que mon adversaire, qui porte aussi le nom de Sénancourt, ait eu la fantaisie de déchirer mon livre des Comédiens et du Clergé sans l’avoir bien compris.
Ne soyez donc plus étonnés s’ils ne vous respectent plus, s’ils méprisent vos ordres, s’ils ont secoué le joug de l’obéissance et de la soumission qu’ils vous doivent, s’ils se livrent au libertinage ; ce sont là les tristes résultats des maximes antichrétiennes et libertines qu’ils ont recueillies au théâtre : sous prétexte de corriger en eux quelques travers et quelques ridicules, on leur a fait avaler le poison de la volupté, dont la violence les porte à toute sorte d’excès.
Le Roi qui étoit instruit de la fête, mais non de la galante contribution que ses troupes avoient levé, vint à Sarfines avec M. le Dauphin & les Officiers généraux pour se divertir, en entrant dans la salle du festin ce coup d’œil le surprit si fort qu’il s’arrêta tout court sur le seuil de la porte pour contempler ce dévôt & galant mêlange ; on lui conta toutes les opérations de cette petite campagne & les conquêtes des Officiers : il en rit beaucoup, félicita les Officiers, & applaudit à l’esprit & au goût de Madame de Maintenon, il se retira quelque temps après & amena avec lui les Dames de la Cour : Je veux , dit-il aux Officiers, vous laisser en liberté avec vos saintes hôtesses, vous n’êtes pas moins bien partagés que moi. […] Qui ignore que dans le siècle passé Armand de Bourbon, Prince aussi distingué par ses vertus & ses lumières, que par ses dignités & sa naissance, se déclara hautement contre elle par un ouvrage immortel ; les sentimens héréditaires dans son auguste famille doivent à jamais fermer au spectacle les portes d’une maison où ils ont été si solennellement condamnés. […] Le Maréchal tranquille, sans cérémonie, sans contrainte ne recevoit dans son château que ses amis qu’il invitoit, & afin que personne ne l’ignorât, il avoit fait graver en lettres d’or, sur un beau marbre au-dessus de la porte, nulli nisi vocati, & au-dessous des vers François assez mauvais : Dans ce lieu de repos on ne veut point de bruit, & nul n’y doit en entrer qu’invité ou conduit. […] Voilà bien le proverbe, une clef d’or ouvre toutes les portes, même celle du Ciel, au brelan & au théatre.
Il est d’ailleurs très-faux qu’un laid visage ne paroît pas tel à celui qui le porte. […] Je ne m’étonne pas que vous vous scandalisiez si fort que l’on se mocque d’un homme qui porte tout à l’extrême. […] Il y auroit du danger à retarder la clôture des portes, et; il le faudroit, parce que le Genevois aime à aller respirer l’air le plus pur dans sa petite retraite. […] Obligez les Comédiens à finir leurs représentations avant huit heures dans la belle saison, fermez vos portes à huit heures et; un quart, vous n’immolerez pas alors votre sûreté à vos plaisirs. […] Il ne sera donc pas nécessaire, comme vous le craignez, « de lever des impôts, de réformer votre petite garnison, et; de garder vous-mêmes vos portes.
Le 20e Canon du second Concile d’Arles, tenu l’an 452, porte la même chose, en ajoutant seulement, « de Theatricis qui fideles sunt 33 », qui sont fidèles. […] 37 » Voilà donc ce qui porte Lactance à condamner la Comédie. […] Pour ce qui est de ce que vous ajoutez, que vos Comédies commencent à cinq ou six heures, quand l’Office est achevé, les Prières terminées, le Sermon fini, quand les portes des Eglises sont fermées : tout cela est vrai et faux en partie. Vous savez mal l’heure de la Comédie, les portes en sont ouvertes longtemps avant que l’on ne ferme celles des Eglises, et surtout de celle de Saint Sulpice, où l’on prolonge les Offices autant qu’on le peut, pour gémir devant Dieu de tout le mal qui se fait dans le même temps, surtout à la Comédie. […] Que si la condescendance qu’il faut avoir pour l’infirmité de l’homme, vous porte quelquefois à vous accommoder à ses faiblesses, que ce ne soit jamais au préjudice de votre prochain, et en trahissant votre ministère ; c’est la grâce que je demanderai pour vous à Dieu avec instance.
Il n’est certainement pas possible qu’on ne trouve étrange, qu’un Prêtre obligé par son état à inspirer aux fidèles la fuite des divertissements dangereux, les y porte par un Ouvrage exprès, et qu’il détermine à faire des Comédies un Auteur qui craint de blesser sa conscience dans un semblable travail. […] En voilà bien assez pour faire trembler les Comédiens et tous ceux qui assistent aux spectacles, car si la Comédie était de la nature des choses purement indifférentes, comme sont le boire, le manger, ou la promenade ; pourquoi serait-elle incompatible avec tout ce qui porte quelques marques de la Religion ?
Benoît XIV eut une fois la curiosité de voir en particulier la forme d’un théatre que l’on venoit de construire ; on écrivit aussi-tôt sur la porte, indulgence pleniére : les plaisans ne passent rien dans ce pays là, même au Pape, il est privé de toute société agréable, il n’entre jamais de femmes dans son palais. […] Garrik le reçut avec reconnoissance, & le pendit à son col ; les portes de l’Hôtel-de-Ville s’ouvrirent, & on servit des rafraîchissemens à ceux qui se présenterent. […] Il est vrai qu’elle pouvoit se dispenser de la remplir de Poëtes licencieux ; ainsi que de donner pour le sujet du du prix l’Eloge de Moliere, & d’annoncer ainsi au public que des ouvrages contraires aux bonnes mœurs, qui devroient à jamais en fermer les portes, pouvoient être un titre pour être admis dans son Sanctuaire, ou être couronné de sa main.
Qu’au reste il ne lui a pas été difficile de changer de sentimens, & qu’après avoir examiné la chose à fonds, il est très convaincu que les raisons qu’on porte pour excuser la comédie, sont très-frivoles, & que celles que l’Eglise a pour la condamner, sont incontestables. […] D’un autre côté, le célebre Bossuet, Evêque de Meaux, avec cette force du raisonnement, & le sublime d’expression qui caractérisent ses ouvrages, porte au théatre un dernier coup de massue, dans un traité exprès dont nous parlons ailleurs, qui a demeuré sans réponse, & que n’osent pas même citer ceux qui ont depuis fait des appologies de la Comédie. […] Car alors il n’y avoit point d’actionnaires ; on ne payoit point à la porte : on ne chargoit point les villes de la dépense, le Prince la faisoit toute, & de si petits princes n’auroient osé braver le goût, l’usage, la loi de la nation, comme avoit fait leur pere.
A la Visitation, aux Bénédictins, &c. on ne permet pas aux Pensionnaires, de l’un ou de l’autre sexe, d’apprendre à danser ; ailleurs un Religieux, une Religieuse, sont présens aux leçons, & veillent sur le Maître à danser, qui très-souvent entremetteur d’une intrigue, porte les lettres, les paroles, les présens. […] Tout y est reçu, & en a si bien la liberté, que si quelqu’un est refusé, il seroit en droit de forcer les portes. […] La disposition avec laquelle on s’y rend, y suffiroit seule ; c’est un esprit de dissipation livré au plaisir, qui ne cherche qu’à le goûter & le faire goûter aux autres ; toutes les portes du cœur sont ouvertes pour le recevoir, toutes les pensées, tous les désirs vont au-devant de lui pour le trouver ; le cœur tout entier le saisit pour en jouir.
Qu'on loue, à la bonne heure, les vers, dont plusieurs en effet sont beaux, et qui séparés de la pièce, et ne servant pas à étayer et à masquer un édifice d'impiété, feraient honneur aux talents du Poète ; mais qu'on ose en exalter la religion, la morale, les bons effets, inviter l'Auteur à se livrer à ce genre de poésie, regretter que cette pièce ne soit pas reçue sur le théâtre, désirer qu'elle s'y établisse, il est fâcheux qu'une pareille inattention (et ce terme est bien doux) porte le sceau de l'autorité publique. […] C'est assurément une fort petite acquisition aux yeux de la piété, puisque bien loin d'étendre les branches d'un arbre qui porte de si mauvais fruit, elle ne désire que d'en voir arracher la racine empoisonnée. […] Une mort lente et subite, qui laisse la liberté de réciter plus de trois cents vers, et qui, à point nommé, porte le dernier coup au moment que tout est dit : Scène mortellement ennuyeuse par sa longueur et son peu de vraisemblance, un monologue postiche de huit vers, pour donner le temps à d'Orvigni de venir annoncer la mort d'Eutime, pendant lequel il faut qu'Eutime tombe, qu'on crie au secours, qu'on l'emporte dans sa cellule, que l'Abbé vienne, que d'Orvigni prenne des ailes pour reparaître sur le théâtre.
Tout le monde pense de même : quel père, quelle mère, pour peu qu'il aime sa famille, voudrait avoir la comédie à sa porte ! […] » On peut laisser la jeunesse lire toute sorte de livres, fréquenter toute sorte de compagnies, voir les plus mauvais exemples, entendre les plus mauvais discours, regarder les objets les plus séduisants, si on leur ouvre la porte des spectacles, où se trouvent tous ces dangers à la fois, c’est-à-dire qu'il faut abandonner l'éducation de la jeunesse, la livrer à elle-même, et la laisser perdre. […] Cette distinction, sur laquelle porte le relâchement des Casuistes en cette matière, élude toute la loi et sauve tous les spectateurs et Acteurs. « Le théâtre est épuré, dit-on, il n'y a plus aujourd’hui de pièce licencieuse.
Les portes de Sion seront dans le deuil, et la terre sera toute désolée. […] A ses yeux timides et modestes, Demander des regards plus hardis, plus funestes, Des regards dont l’éclat alarme la pudeur, Et porte le désordre et le feu dans le cœur. […] L’Auteur qui porte le nom de Saint Denis De Hierarch[ia].
Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f.
Si Dieu, qui est la souveraine vérité, fut entré dans ce détail, il aurait mal jugé du naturel de son Peuple, car l'expérience nous fait voir que souvent il vaut mieux ne point exprimer en particulier ce qu'on défend, pour ne pas donner occasion de le faire, puis qu'on se porte d'ordinaire aux choses défendues.
Le premier de ces désordres est un obstacle à toutes les vertus, et le second porte à tous les vices ; mais l’un et l’autre sont certainement la suite des spectacles, et toujours dans la même proportion qu’on les aime et qu’on y est assidu.
La première Scène de l’Avare est celle qui renferme et porte avec elle tout le fardeau du scandale et du mauvais exemple.
Ce n’est pas un amour purement brutal et sensible, qui fait les grands désordres dans le monde ; c’est cet autre amour qui tient de l’esprit, qui se repaît de ses idées ; qui ne veut pour prix que des complaisances, qui se figure quelque choses de divin en son objet, et qui lui croit aussi rendre des respects fort innocents ; c’est cet amour qui met les soupirs au cœur, les larmes aux yeux, la pâleur sur le visage, qui occupe jour et nuit toutes les pensées, qui porte l’extravagance et à la fureur, et voilà l’amour que les plus chastes théâtres mettent dans les cœurs.
L’Auteur s’étend fort au long sur tout cela, et il prouve par un autre endroit de saint Thomas, que bien loin d’approuver la Comédie, il a dit dans la 2. 2. q. 167. art.2. ad.2. « Que l’assistance aux Spectacles devient mauvaise, en ce qu’elle porte l’homme aux vices d’impureté et de cruauté, par les choses qui y sont représentées. […] On voit encore sur une des portes de cet Hôtel les instruments de la Passion de Notre Seigneur.
C’est ce qui fait espérer que Molière recevra ces Observations, d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : ce n’est pas un dessein formé de lui nuire, mais un désir de le servir : on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée : l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation : ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrétien témoigne de la douleur en voyant le Théâtre révolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un Comédien qui se joue des Mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la Religion. […] Le Maître et le Valet jouent la Divinité différemment : le Maître attaque avec audace, et le Valet défend avec faiblesse : le Maître se moque du Ciel, et le Valet se rit du foudre qui le rend redoutable : le Maître porte son insolence jusqu’au Trône de Dieu, et le Valet donne du nez en terre, et devient camus avec son raisonnement : le Maître ne croit rien, et le Valet ne croit que le Moine Bouru : et Molière ne peut parer au juste reproche qu’on lui peut faire d’avoir mis la défense de la Religion dans la bouche d’un Valet impudent, d’avoir exposé la Foi à la risée publique, et donné à tous ses Auditeurs des Idées du Libertinage et de l’Athéisme, sans avoir eu soin d’en effacer les impressions.
Ce défaut vient d’une légéreté d’esprit qui refuse d’approfondir les idées, & qui s’arrête à leur superficie ; je suis cependant bien éloigné de penser que les François soient incapables de goûter tout ce qui n’est qu’essentiel & qui ne porte pas l’empreinte de la frivolité.
Il n’est pas besoin d’expliquer en détail les erreurs contenues dans les trois Chapitres ; c’est assez que l’Eglise en condamne la doctrine, comme elle l’a fait au second Concile de Constantinople ; & quelle que soit la forme de ses décisions, de quelque maniere elle les prononce, étant assemblée ou dispersée, il faut y adhérer sans examen & sans reserve, parce qu’elle est dans tous les temps, la colonne de la vérité, que le Seigneur a promis son assistance jusqu’à la consommation des siécles, pour empêcher que les portes de l’enfer ne prévalent contre elle.
Les friponneries de toutes les pieces de Regnard & de la moitié de celles de Moliere, Inspirent-elles la sécurité qui laisse les portes ouvertes, & apertis ostia portis ?
On peut, d’après Juvenal, dire des Français, dignes émules des Romains : Ce peuple si supérieur aux autres peuples, qui donne le ton de l’élégance et des grâces, des sciences et des arts, de la littérature et de la parure, après avoir vaincu le monde, est à son tour vaincu par la comédie, et borne tous ses désirs à avoir du pain et des théâtres : « Qui dabat olim imperium … fasces, legiones, duas tantum res anxius optat, panem et circenses. » Les papiers publics en font chaque semaine une honorable mention, les Mercure, les affiches, les journaux, les feuilles de Desfontaines, de Fréron, de la Porte, transmettent à la postérité les événements importants du monde dramatique ; on célèbre le début d’une Actrice, les hommages poétiques de ses amants, les compliments d’ouverture et de clôture ; on détaille avec soin les beautés, les défauts, les succès, les revers de chaque pièce ; on en présente à toute la France de longs morceaux avec les noms fameux de Valère et de Colombine.
Le Théâtre n’est que trop souvent une porte ouverte au dérangement de la jeunesse.
Enfin les jeunes gens qui sont maîtres de leur cœur, ne peuvent remporter de la représentation de cette Comédie que des exemples capables de les fortifier dans la vertu : et ceux qui sont tyrannisés par la malheureuse passion de l’amour, peuvent apprendre à éviter les risques qu’ils courent, et à détester les excès où elle porte ceux qui s’y livrent.
Le théatre porte son poison jusque dans Port Royal qui fut toujours son ennemi déclaré. […] L’homme de théatre l’est plus qu’un autre ; on verra sans doute en lui le vice diversifié selon la diversité des caracteres, mais il n’en est point qui n’en porte l’empreinte ; c’est comme la langue, l’accent du pays. […] C’est son portrait fait par lui-même, où l’on voit qu’il a passé sa jeunesse dans des désordres de toute espece ; qu’il se menage dans sa vieillesse, parce que ses organes blasés se refusent à ses transports ; qu’en vieux pécheur toujours Epicurien, n’aimant que la volupté, porte dans le tombeau, comme dit le Prophete, tous les vices de son jeune âge qui ont infecté toute sa vie.
On avance d’abord que les spectacles ne pouvant pas être très-nombreux, la prohibition porte sur trop peu d’individus, pour être nuisible à la société. […] Enfin l’interdiction d’un seul genre ne pourroit se faire qu’en vertu d’un privilége qui attribueroit exclusivement ce genre à un seul théâtre ; ainsi elle porte par cela seul sa condamnation. […] L’immensité de ce produit ne pourroit cependant pas devenir un titre contre leur propriété, si elle étoit réelle ; mais ils ne peuvent être propriétaires d’une piece qu’ils n’ont pas payée ; c’est le public qui, en donnant son argent à la porte, paie les auteurs et les acteurs.
Ces choses étant ôtées de la Comédie, les premiers Pères de l’Eglise ne la regardent plus que comme une vaine curiosité ; et s’ils condamnent cette vaine curiosité avec force, c’est dans des Sermons, où l’on porte ordinairement l’Auditeur à la perfection, et où l’exagération peut être permise : mais dans la rigueur scolastique on ne compte point absolument pour péché une chose qui n’est point de la perfection. […] Et il conclut en disant : Nous avons une autre musique bien meilleure que celle-là, et qui nous porte à nous attacher à des choses bien plus excellentes. […] Charles, suivant l’exemple et l’esprit des Pères de l’Eglise, a condamné la Comédie par des raisons particulières prises du côté des choses fort sales ou impies qui y étaient représentées, et encore par une raison générale tirée des circonstances qui dans la pratique en sont inséparables ; c’est à savoir, qu’elle porte à la corruption des mœurs. […] Il doit craindre que cette occasion ne l’engage au péché, et ne l’y porte insensiblement ; ou que peut-être ce ne soit un effet de son endurcissement et de l’abandon de Dieu, s’il ne sent pas les mauvaises impressions que cette occasion fait dans les autres. […] tout cela porte ordinairement à la douceur de l’amitié, à l’honnêteté, et même souvent il en revient de grands émoluments et de grands profits.
Notre Seigneur attend à la porte avec la plus grande inquiétude la résolution que le Chapitre prendra. […] Ce qu’on vient de rapporter suffit pour faire sentir combien l’esprit du théatre corrompt les choses les plus saintes, porte l’irréligion & le vice jusque dans le sanctuaire ; dégrade les Ministres qui en prennent le goût, fait mépriser les mysteres, les cérémonies, les exercices pieux, les images, les habits, les lieux, les livres saints, tout ce qui tient au christianisme, dont il est le renversement, & en abuse, pour les tourner contre la religion & la vertu.
On le prend aujourd’hui sur un ton différent & tres-artificieux ; on fait l’éloge de ce saint état, on en porte la sainteté, les rigueurs à l’excès, pour faire entendre que cette perfection est impraticable ; que ceux qui s’y sont engagés, la plupart malgré eux, par force ou par désespoir, y gémissent sous la haire & le cilice, dans des combats perpétuels, sans pouvoir vaincre les passions qu’ils y ont apportées ; que l’impossibilité de les satisfaire les rend malheureux toute leur vie, & la sainteté de leurs vœux, toujours coupables ; que l’état, tout saint qu’il est, ne fournit pas des moyens suffisans pour éteindre ces feux criminels ; qu’au contraire il en augmente la vivacité par les obstacles. […] Ne compte-t-on pour rien les secours spirituels, la priere, les lectures de piété, les exhortations du Confesseur, l’autorité des Supérieurs, le bon exemple, les exercices de pénitence, la fréquentation des sacremens, l’éloignement de occasions, l’habit que l’on porte, les vœux qu’on a faits, les graces abondantes que Dieu prodigue à ceux qui le servent ?
La nature et l’expérience nous apprennent qu’un homme qui souffre a de l’humeur, et que l’humeur corrompt tous les jugements de l’esprit le plus droit, aussi aisément qu’elle le porte à juger. […] Ce n’est pas le mal qu’elles vous ont fait, qui vous donne ces sentiments furieux : c’est le mal que vous souffrez, qui, s’emparant de votre esprit comme de vos sens, vous porte à des fureurs….
Je ne parle pas même d'une multitude d'ex-Jésuites que la Société ne réclame pas, des Fontaines, Fréron, la Porte, Villiers, Gresset, Rainal, etc. qui tous, enrichis des trésors dramatiques qu'ils avaient ramassés tandis qu'ils en portaient la robe, les ont ensuite répandus à pleines mains. […] Lorsque le Magistrat touche la porte du lieu sacré, il devient particulier : c'est vous qui commandez au-dedans par une loi divine, à laquelle on ne peut résister sans arrogance.
Le démon au milieu de tout cet air si riant qu’il donnait à la superstition et au culte qui lui était rendu, ne pouvait cacher la haine mortelle qu’il porte à l’homme ; c’est pourquoi n’étant pas content du sang des bêtes dans le temps même où Dieu n’en demandait point d’autre, il exigea dans ses Mystères qu’il y eût du sang humain répandu. […] Vous voyez que l’envie d’écrire ne me porte point à me servir de ces passages si beaux que l’on rencontre dans les Pères contre les ordures des Spectacles. […] Les Bals, les Danses, et telles Assemblées ténébreuses attirent ordinairement les vices et les péchés comme les querelles, les envies, les moqueries, les folles amours : et comme ces exercices ouvrent les pores du corps de ceux qui les font ; aussi ouvrent-ils les portes du cœur, au moyen de quoi si quelque serpent sur cela vient à souffler aux oreilles quelques paroles lascives, quelque muguetterie n, quelque cajolerie ; ou quelque basilic vienne à jetter des regards impudiques, des œillades d’amour, les cœurs sont fort aisés à se laisser saisir et empoisonner. […] L’excès des Théâtres, j’ai pensé dire, leur fureur, porte encore les hommes à se faire un divertissement des foudres du Ciel et de l’enfer même, dont on représente les feux sortir par tourbillons. […] Le texte porte par erreur « ils ».
Ne dites point avec saint Augustin, qui amat periculum, in illo peribit : car ce danger ne peut rien sur un homme sensé, qui, débarrassé du joug des passions, porte au spectacle un esprit vertueux ; souvenez-vous enfin, Qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Il n’y a point de fou qui porte la folie à cet excès ; ou, s’il en est quelqu’un, ce n’est plus un fou agréable, c’est un homme en délire, qui fait pitié & n’amuse pas.
Ce qu’on y voit, & ce qu’on y attend porte au mal.
Va, porte de pareils ordres à ta mère Ion.
Mais après cela, je voudrois aussi qu’on eût un peu plus d’égard que l’on n’a à leur s interests, qu’on favorisast leur gain, c’est à dire leurs portes, qu’on les secourut de quelque chose de la part du public, pour les aider à soustenir avec plus de courage la despence des habits, des decorations, & mille faux frais, dont ils ne peuvent se dispenser, & qui les ruïnent & les consoment.
Il est donc évident que ceux-là pèchent grièvement qui vont aujourd’hui au bal, et qui fréquentent la danse, à cause des dangers qui en sont inséparables, et auxquels ils s’exposent : car quand il pourrait se rencontrer quelque bal où l’on n’appellerait que les seuls parents, ou les seuls amis ; néanmoins il est vrai de dire absolument qu’il n’y peut avoir aujourd’hui aucune assemblée pour la danse où il n’y ait du danger, à cause de la corruption du siècle et des mauvaises coutumes qui s’y sont introduites, ne se tenant plus aucun bal où la jeunesse ne se rende, et où elle n’entre de gré ou de force ; et cet usage a si fort prévalu, que si on fait quelque assemblée pour la danse où on veuille faire ce choix des personnes honnêtes, parentes ou amies, et fermer la porte aux étrangères, on heurte insolemment, et on fait mille outrages et mille affronts au maître de la maison.
Jésus-Christ Luc. 9 a enseigné une doctrine et mené une vie toute contraire à ces divertissements, « Si quelqu’un (dit-il) veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, porte sa Croix et me suive.
ou comme porte l’original : « J'ai dit au ris, tu es un fol, et à la joie, pourquoi fais-tu ainsi ?
[NDE] Le texte porte 12 ; on corrige en 13.
» Sur ces règles si saintement établies pour l’utilité des Chrétiens, par la tradition de tous les siècles, il est aisé de voir quel jugement on doit faire de la Comédie qui a pour titre le Festin de Pierre ; comme il n’y en a point qui soit plus remplie d’obscénité, d’impureté et d’impiété, on peut dire qu’elle porte sur le front sa condamnation.
1 Dans le nombre si considérable de livres que chaque jour voit éclore, mon attention se porte ordinairement sur ceux dont le titre me promet le développement de quelque pensée à peu près neuve ou de quelque vérité encore contestée.
Quand on est en effet dégagé de sentimens importuns, de crainte, d’intérêt, de jalousie ; tout porte sans obstacle à l’amusement, & concourre au triomphe de l’illusion ; outre que c’est avec plaisir que chacun reconnoît ses mœurs, ses usages, ses ridicules au Théâtre, & qu’il ne peut s’empêcher d’applaudir au pinceau qui les rend. […] Et il n’est personne à qui il soit aisé d’en imposer sur la façon de les rendre : s’il est tendre, affectueux, compatissant ; on connoit le cœur humain, & personne n’ignore le ton qui lui est propre : qu’il soit enfin, ce rolle, doux, & bienfaisant, feroce & dur, sec & froid, triste & morne, sauvage, & héréssé : ce sont autant de caractéres dont chacun porte l’idée en quelque sorte & le sentiment en soi ; tout le monde sçait leur langage, & l’expression qui leur convient. […] En effet on porte assez avec soi le caractére de son rolle ; & tel qui jouera bien le Grand, le Noble, le Majesteux, ne peut pas compter sur le même succès dans les rolles inférieurs. […] Ce qui est élevé nous porte naturellement à l’admiration, & par conséquent nous fixe ; l’amour propre s’en occupe volontiers & croit même qu’il importe à sa gloire de s’en faire un principe : on se montre au moment du Spectacle, insensiblement sur ce ton ; & l’on en sort sans s’en appercevoir, la noblesse dans le cœur & la sublimité dans l’ame.
Le théatre, il est vrai, n’est pas le seul endroit où la peinture par ses crayons, & la sculpture par ses ciseaux fassent couler à grands flots ce poison dans le cœur ; mais il a rompu la digue qui suspendoit le torrent, il a donné le plus beau jeu à l’artiste, & fait valoir ses talens ; tout est plein de tableaux & d’estampes, chambres, antichambres, cabinets, boudoirs, sallons de compagnie, salles à manger, plafonds, paneaux, dessus de portes, tapisseries, parevents, écrans, tabatieres, bagues, &c. par-tout des leçons & des objets du vice. […] Autrefois depuis le château du Gentilhomme jusqu’à la cabane du Berger, depuis l’hôtel du Seigneur jusqu’à la boutique de l’Artisan, on ne voyoit chez les Catholiques que des imgaes de dévotion ; on en voyoit au coin des rues, aux portes des villes. […] Leur portrait seul porte le virus, & leurs faveurs en communiquent un autre qu’Apollon célébre moins que Mercure ; ce n’est pas la politique farouche de Saint Paul qui défend de commettre le moindre péché, pour empêcher un plus grand mal, non sunt facienda mala ut eveniant bona ; les courtisannes d’Italie souffertes par la police, comme un mal inévitable, sont moins zélées que nos actrices.
Persuadé que les sots n’ont jamais de loisir, il osoit avouer les siens, & en jouir à porte ouverte. […] Le Tasse fait mettre ce beau tableau sur la porte du palais d’Armide, pour se préparer sans doute aux foiblesses de Renaud, enchanté par cette courtisanne. […] C’est la Cour même de Thalie, Sonnez, grelots, de la folie, Laissez le chagrin à la porte.
Ce fait est de son invention, la conséquence ne lui fait pas honneur ; lui qui porte toujours l’épée, ne sera donc jamais Martyr qu’à son corps défendant. […] Le Pape porte la thiare, des clefs, une croix. […] Mais ce trait de pure malignité porte absolument à faux.
Pour justifier sa conversion, il faut, disoit-il, vivre à la porte de l’Eglise, & mourir à la sacristie. […] C’est sur-tout dans le dramatique, qui représente les actions & les caracteres des hommes, que tout porte l’empreinte & le sceau de l’Ecrivain. […] L’emplacement seul a coûté 80000 livres, le devis porte la dépense à 800000, sans compter les peintures, décorations, meubles, ustencilles, linge, tapisseries, gages des domestiques sans nombre, &c.
Ceux qui se plaisent à ces livres, entrent insensiblement dans les sentiments des personnes dont ils lisent les aventures, et comme ils n’ont pas assez de force pour imiter leur vertu, tout le cœur se porte vers leur amour, le moindre mal qui en puisse arriver, est de se remplir l’esprit de toutes ces vaines idées de tendresse, qui nourrissent un esprit dans l’oisiveté, et qui ne tardent guère à gâter les mœurs. […] Les autres passions ne sont point si engageantes ; la tendresse d’un Père envers ses enfants, ou d’un frère envers son frère, ne saurait produire que des sentiments vertueux : la haine, l’ambition, la vengeance, la jalousie sont des vices qu’on peut voir dans toute leur force et dans toute leur étendue, puisque naturellement on a de l’horreur pour le dérèglement de ces passions ; on s’y porte avec moins d’ardeur, et jamais on n’est pour les personnages qui soutiennent ces caractères ; on les blâme toujours, et il arrive aussi presque toujours qu’ils sont malheureux et qu’on se réjouit de leur malheur. […] Avons-nous vu de plus beaux rôles de femmes que ceux de Cornélie dans Pompée n, de Cléopâtre dans Rodogune o, et d’Andromaque dans la Pièce qui porte son nomp ; Andromaque et Cornélie ne respirent que la Vengeance, Cléopâtre n’écoute que son ambition ; et cependant ces femmes se font admirer.
D’autres n’en font point, parce qu’un certain Public n’en veut plus, (& notez que l’on calomnie les femmes d’être ce Public-là) : il a tort ; un Ouvrage sans Préface est un Château sans avenue, un Jardin sans allées, un Apartement sans porte, une Femme sans toilette ; & quiconque ne les lit pas, est un génie superficiel, un ignorant paresseux, une tête à l’évent, un suffisant présomptueux ; ou tout cela en un seul mot, un Petit-maître. […] Comme le premier de ces deux Arts, tantôt il ennivre l’âme d’une joie vive & pure ; tantôt il y porte l’étonnement, y excite la pitié, la terreur, ou la remplit de courage : Comme le second, il fait des Tableaux ; mais (& j’ose le dire) il est en ce cas, bien au-dessus de la Peinture.
Or nous avons vû ci-devant que ce ne sçauroit être par la même faculté de l’ame, qu’elle porte des jugemens contraires des mêmes choses considérées sous les mêmes relations. […] Comme celui qui s’occuperoit dans la République à soumettre les bons aux méchans, & les vrais chefs aux rebelles, seroit ennemi de la Patrie, & traître à l’État ; ainsi le Poëte imitateur porte les dissensions & la mort dans la République de l’ame, en élevant & nourrissant les plus viles facultés aux dépens des plus nobles, en épuisant & usant ses forces sur les choses les moins dignes de l’occuper, en confondant par de vains simulacres le vrai beau avec l’attrait mensonger qui plaît à la multitude & la grandeur apparente avec la véritable grandeur.
C’est cette seule considération qui me porte à écrire après eux, à attaquer aujourd’hui cet ouvrage par rapport à ses résultats sur nos mœurs, et à montrer combien étaient justes les pressentiments de ces grands hommes, et comment l’objet de leurs craintes s’est réalisé avant, et sans l’influence des nouvelles théories philosophiques.
Lorsqu’après avoir admiré une Muse qu’éleve le Cothurne, & qui porte le Sceptre & la Couronne, on voit sa Compagne en brodequin, qui n’a d’ornemens que son Masque, on est porté à la mépriser : elle a donc un merite très-rare, quand malgré la bassesse apparente de sa condition, & la simplicité de son langage, elle parvient à se faire admirer.
Bientôt la lune ouvre les portes de l’Orient ; elle conduit son char dans un profond silence : son emploi est de mettre, par ses phases, un certain ordre dans la révolution des temps ; elle domine sur les étoiles, quoique moins brillante.
mon ame avoit cent portes, J’y laisserois entre les plaisirs par cobortes. […] Tout porte coup dans la bouche des Rois.
Ce sont ses portes de derriere pour se tirer d’intrigue. […] Il ne s’y fait pas un seul mariage où l’on ne porte quelque coup mortel à la sainteté de ce lien.
A l’amant chacun porte envie, Et rit des fureurs de l’époux. […] La corruption des mœurs leur en ouvrit les portes, & les y fit venir en foule ; mais un reste de décence leur y fit assigner des places distinguées & une entrée différente.
Ce sont les aventures galantes de quelques Turcs venus en France à la suite de l’Ambassadeur de la Porte, qui traitant les Parisiennes comme les Circassiennes qu’ils achettent, & s’en croyant traités de même, ne voient par-tout que des femmes de mauvaise vie. […] Foix, dans sa Préface des Veuves Turques, fait beaucoup valoir que l’Ambassadeur de la Porte, alors à Paris, ayant vu représenter sa piece, la lui demanda & en accepta la dédicace, & que son fils, qui entendoit assez bien le François, la traduisit en Turc, honneur, dit-il, qui n’avoit jamais été fait à aucune piece de théatre, & qu’on la représentoit dans les serrails des Seigneurs de Constantinople, du Capitan Pacha, du grand Muphti, du grand Visir, & même dans celui du grand Seigneur, tant elle est dans le goût & l’esprit d’une nation si chaste par tempéramment & par religion, Ses deux pieces, Arlequin au Serrail, & le Derviche qui épouse six filles dans son isle déserte, méritent aussi-bien que les Veuves le double honneur, le seul qui leur convienne, de la traduction Turque & de la représentation au serrail.
Il n’est pas moins naturel, que nous desirions de voir les créatures auxquelles notre climat est étranger : tous les êtres ont entr’eux une espèce de fraternité ; je n’en voudrais pas d’autre preuve que le plaisir que nous ressentons en voyant pour la première fois un être vivant, & cette inquiétude qui nous porte à desirer de connaître ses qualités extérieures, ses inclinations, ses goûts, sa manière de se nourrir, son utilité ou sa nuisibilité pour nous, & pour les autres animaux, &c. […] … Pour terminer tout ce que nous avons à dire sur les Spectacles, il faut vous faire part du jugement que monsieur D’Alzan porte des Acteurs du Théâtre Français : reprenons à l’endroit où j’intérompis hier monsieur Des Arcis.
L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi. […] Voyons maintenant cette Fille mondaine dans l’assemblée ; elle n’est pas plutôt assise, que ses yeux courent partout pour voir les autres, et sur le champ son cœur est saisi de jalousie contre les unes ; et de mépris contre les autres : celles qui sont plus courtisées, excitent son envie ; et si elle l’est plus que les autres, son orgueil s’enfle, et les regardant avec dédain, elle les porte à la vengeance.
Les Comédiens ne représentaient autrefois dans Paris que des Histoires Saintes, telles que sont, par exemple, la Passion, les Actes des Apôtres, et autres semblables : C’est pourquoi on les appelait les Frères de la Passion ; et l’on en voit encore à présent les armes gravées sur la porte de l’Hôtel de Bourgogne. […] Que d’une serge honnête elle ait son vêtement, Et ne porte le noir qu’aux bons jours seulement.
Le théâtre est si opposé aux règles de la piété chrétienne, si généralement réprouvé par tout ce qu’il y a eu de pieux et d’éclairé dans tous les siècles, il porte si clairement sur le front l’empreinte de tous les vices, il est si évidemment l’aliment de toutes les passions, l’expérience et la conduite de ceux même qui le défendent, fait si vivement sentir combien il est funeste à la religion et aux mœurs, qu’on ne peut ni blâmer le zèle qui en éloigne les fidèles, ni dissimuler le scandale que donnent ceux qui y vont, fussent-ils eux-mêmes innocents : « Et peribit in tua scientia frater ? […] Le Roi daigna s’y trouver, on y tourne en ridicule le Pape, les Cardinaux, les Evêques, les Religieux, grossièrement par leur nom, la noblesse, la robe, tous les états, et on porte l’audace jusqu’à satiriser le Roi lui-même en sa présence, et taxer d’avarice la sage économie que faisait ce Prince de ses revenus pour ne pas fouler ses sujets, qui lui valut le glorieux titre de Père du peuple.
Lazare, et autres circonvoisines, contenant que depuis quelque temps Jacques Avenet, locataire du jeu de paume de la Fontaine, aurait introduit des Comédiens en icelui, encore que ledit lieu soit des plus incommodes de la ville, pour être la rue fort étroite et la plus passagère des carrosses, étant ladite rue Michel-le-Comte composée de maisons à portes cochères, appartenantes et habitées par plusieurs personnes de qualité, et Officiers des Cours souveraines, qui doivent le service de leurs charges, lesquels souffrent de grandes incommodités tous les jours, à cause que lesdits Comédiens exercent et jouent leurs comédies et farces, même en ce saint temps de carême, et par le moyen des embarras, des carrosses et chevaux qui se rencontrent dans ladite rue à toutes les avenues, tels que les gens de pied n’y peuvent trouver passage, et sont tous les suppliants, leurs familles et domestiques, empêchés de sortir, non pas même d’une maison à l’autre, contraints le plus souvent d’attendre la nuit bien tard pour rentrer dans leurs maisons, au grand danger de leurs personnes par l’insolence des laquais et filous, coutumiers à chercher tels prétextes et occasions pour exercer plus impunément leurs voleries, qui sont à présent fort fréquentes dans ladite rue, et plusieurs personnes battues et excédées, avec perte de leurs manteaux et chapeaux ; étant les suppliants tous les jour de comédie en péril de voir voler et piller leurs maisons, dont s’étant plaints plusieurs fois audit Avenet et fait dire aux Comédiens de se retirer et pourvoir en lieu moins incommode et passant, ils se seraient vantés d’avoir permission du Lieutenant civil, et en avoir passé bail pour ledit temps. […] Tout le pompeux étalage de ses titres porte à faux : la communauté des Savetiers est plus légitime que la troupe des Comédiens.
Clergé, Militaire, Magistrature, toutes les portes lui seraient fermées. […] Quand Cadmus édifia la ville de Thèbes en Egypte avec ses cent portes, les Bateleurs lui donnèrent plus que tous ses amis.
Il en excite au contraire, y accoutume, les justifie, en fait un jeu, un plaisir, les porte à l'excès. […] Ainsi dans les combats que le spectacle livre à la vertu, ou plutôt dans la défaite générale de ceux qui osent s'y exposer, tout ne reçoit pas les mêmes atteintes ; l'impureté, qui y domine, n'est pas toujours l'épée qui porte le coup mortel, chaque passion lance ses traits ; l'arsenal de l'iniquité, le carquois du démon, ainsi que celui de l'amour, sont bien fournis.
Si la comédie était permise sous ce prétexte, il n'est ni espèce ni excès de divertissement qui ne fût permis, puisqu'elle les rassemble tous et les porte au plus haut degré. […] Le théâtre ouvre la porte à tous les vices ; il remplit d'une folle joie qui sans cesse et sans mesure, sans pouvoir rien souffrir, ne veut que le plaisir et le jeu.
Chloé, qu’on vit si mince dans son premier état, Chloé se souviendra des sabots qu’en province jadis elle porte, & n’attendra pas pour se corriger qu’on la pince, mais dans ses ébats montrera des goûts plus délicats. […] Charles, dont le Prince gouverneur porte le nom ; & comment ? […] On a pris son nom au baptême, on le porte par piété, on l’invoque, on célébre sa fête, pour s’en faire un protecteur, & s’animer à suivre ses exemples.
Car la force du plaisir est si grande, qu’elle entraîne dans l’occasion les ignorants, et porte les autres à trahir leur propre conscience : double malheur, qui n’arrive que trop souvent. […] Quand on n’y traînerait qu’un char, c’est néanmoins le char où l’on porte Jupiter. […] maudit celui qui s’habillera en femme ; quel jugement croyez-vous qu’il porte contre un pantomime, qui prend non seulement les habits, mais encore la voix, le geste, et la mollesse des femmes ?
On ajoute une autre Comédie qui porte le titre du Festin de Pierre 3 ; mais elle ne paroît plus au monde, du moins n’a-t-elle pas été mise dans le Recueil des autres : de sorte qu’elle doit passer pour une Piéce supprimée, dont la mémoire ne subsiste plus que par les observations qu’on a faites contre cette Piéce & celle du Tartuffe4.
Elle porte le trouble dans leurs sens, & altére leurs organes.
La mere étoit morte de chagrin, après avoir eu le courage de réfuser la clef des archives, & de se mettre devant la porte, que l’on enfonça sans respect en sa présence.
puisqu’au lieu des gémissements et des grincements de dents on y porte pour punition des aigrettes sur la tête. […] Lorsque La Mode et Tory son valet arrivent, ils trouvent le pont-levis du Château levé, les portes barricadées, un gros mousqueton bandé pour répondre à la demande civile qu’ils font. […] Qui que ce soit ne saurait frapper à la porte qu’il ne faille aussitôt m’enfermer. […] Il n’y a ni propriété dans le nom qu’elle porte, ni ordonnance pour l’Intrigue, ni bienséance pour les caractères. […] Je ne décide pas que cette partie du Théâtre porte directement au crime : car je ne juge jamais de ce que je ne sais point : ceux qui ont coutume d’aller à ces assemblées sont là-dessus des Juges compétents.
C’est une principe universellement receu de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au peché, l’on ne peut pas en user librement, sans pecher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit rayon d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comedie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-même ne donne quelque penchant au peché.
Ceux qui passent dans les pays étrangers, n’y vont que parce qu’ils sont contraints de s’absenter de leur chère Patrie ; une Muse satyrique ou licentieuse les porte à quitter, malgré eux, leurs Dieux Pénates.
Appellerons-nous un métier honnête celui qui fait d’une honnête femme un prodige, et qui nous porte à mépriser celles qui l’exercent, à moins de compter sur un miracle continuel ?
En élevant la voix contre cette école de l’immoralité, « nous nous proposons d’empêcher que quelqu’un ne se fasse illusion en croyant qu’il est permis d’aller au spectacle, car l’amour du plaisir a tant de force sur la plupart des hommes, qu’il les porte à différer de s’instruire de ce qui leur est défendu, pour avoir un prétexte de s’y satisfaire, ou à tâcher de corrompre leur propre conscience par de fausses raisons par lesquelles ils se persuadent que le mal, auquel ils ne veulent pas renoncer, n’est pas un mal réel. […] Les choses ne sont réellement que ce qu’elles sont selon la vérité de Dieu et le jugement qu’il en porte. » Tertull. des Spectacles, ch. 1.
Et cependant, on ne rougit point de mettre un tel homme au nombre de ceux qui ont le plus illustré leur siècle ; on porte la prévention & le blasphême jusqu’à dire qu’il a plus corrigé de défauts que les Ministres mêmes de la parole de Dieu. […] Que les Grands de la terre répandent leur faveur sur ceux qui les représentent, qu’ils les admettent à leur familiarité, qu’ils leur donnent auprès d’eux un accès qu’ils refusent souvent à la probité & à la vertu ; qu’une nation voisine porte l’enthousiasme jusqu’à mêler les cendres d’un Comédien avec celles de ses Rois ; que des Auteurs insensés osent nous proposer de suivre un tel modèle : ce fanatisme prouve-t-il autre chose que l’excès de dépravation, auquel les Chrétiens de nos jours sont parvenus, & qu’ils augmentent encore en se livrant à ce penchant violent qui les entraîne vers des plaisirs si frivoles & si dangereux ?
Quand on fut arrivé au milieu de la forêt, on découvrit un palais superbe, on s’arrêta à la porte, Diane en sortit avec ses nymphes, pour accueillir la demi-déesse & l’inviter à entrer ; on se place dans un sallon orné de peintures représentant les amours & les aventures de Diane. […] Les dames courent aux fenêtres & veulent le suivre ; elles trouvent à la porte des chevaux & des caleches ; le cerf court se précipiter dans l’étang ; les dames trouvent des gondoles qui les portent dans une isle au milieu de l’étang où le cerf va mourir ; elles voyent faire la curée.