/ 448
131. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Le Poëte François dont j’ai examiné les Ouvrages, ayant eu le bonheur de plaire à sa Nation, en suivant dans ses Tragédies, comme dans sa Comédie, les traces des Poëtes Grecs dont il s’étoit nourri dès sa jeunesse ; son succès doit inspirer à ceux qui ne connoissent point le Théâtre Grec, la curiosité de savoir si c’est chez les Grecs qu’il faut nécessairement chercher les vrais Principes de la Poësie Dramatique, & si ces mêmes Principes ont été également suivis par les autres Nations qui ont aimé & cultivé le même genre de Poësie.

132. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXV.  » p. 484

L'on ne se peut pas procurer à soi-même l'esprit de prière, ni cette sainte ardeur qui s'excite quand il plaît à Dieu par la méditation : « Et in meditatione mea exardescet ignis.

133. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Pour lui plaire. […] Les jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font. […] Ce caractère jovial, cette fécondité d’historiettes inconnues en Suede y parurent un prodige & firent sa fortune, il plut à la Reine par ses folies même, elle étoit trop frivole elle-même pour ne pas en être enivrée ; son père lui avoit fait faire ses classes & prendre le petit colet, il l’envoya à Paris auprès d’un oncle, qui exerçoit la médecine, cet oncle qui n’avoit pas d’enfans, le prit en affection, le fit étudier & prendre le bonnet de Docteur en médecine. […] Ce mot qui est une satyre de Chapellain est aussi une grossiéreté qu’une femme modeste ne se fût pas permise ; une femme modeste n’auroit pas souffert cette lecture, & on n’auroit pas espéré de lui plaire en la lui faisant. […] Ce proverbe étoit : Jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font.

134. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Plusieurs d’entr’elles s’y sont trouvées personnellement intéressées, d’après plusieurs vers malheureusement trop agréables, elles se sont imaginées que l’auteur en leur attribuant le desir de plaire toute leur vie, leur a interdit la beauté à trante ans, elles lui auroient pardonné beaucoup de défauts ; elles ne peuvent lui pardonner cette erreur. […] Dans un siècle si vain, dans un monde frivole Où la beauté du sexe est la premiere idôle ; Où les femmes de plaire ont toute la fureur Voudroient de leur jeunesse éterniser la fleur ; Disputent le terrein à l’âge qui s’avance, Et font contre le tems la plus belle défense. […] Comment plaire à quelqu’un, en lui cachant ou en laidissant sa maîtresse, lorsqu’il vient la voir ? […] La Chaussée, est sur-tout le poëte, ou plutôt l’adulateur, l’idolâtre des femmes ; ses sujets, ses plans, ses scénes, son langage, tout chez lui leur est subordonné, tout leur rend hommage ; elles plaisent, regnent, instruisent, réunissent tout l’intérêt, toutes sont vertueuses, tendres, pleines de graces & de beauté, toutes spirituelles, courageuses, élevées, enfin des modeles de perfections. […] La pluralité des femmes n’est plus permise : quel est la rage qu’une multitude de femmes enfermées dans une maison, jalouses les unes des autres, toujours aux prises avec leurs compagnes, toujours en guerre pour se disputer le cœur d’un mari, servilement assujetties à ses caprices, nécessairement maltraitées, si elles ne plaisent pas, & dans l’impuissance de plaire également toutes ?

135. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Je vis les beautés de Babylone, j’examinai les mœurs de ses habitans ; quoique cette Ville soit la merveille de l’univers, on ne peut s’y plaire pour peu qu’on ait du goût pour la vertu. […] Ils se plaisent & réussissent à représenter des drames à leur maniere sur des théatres particuliers qu’ils dressent promptement, & sans beaucoup d’appareil, dans leurs maisons. […] Cette méthaphysique ne s’entend pas ; & le jeu, les visites, les perfiflages ne remplissent pas tous les momens, ils laissent du vuide, il semble plutôt qu’on nous plaît, & qu’on nous amuse, en s’accommodant à notre caractere. […] Le péril est fort grand dans ce moment, les cloches sonnent pour la vingt-deuxieme personne qui est morte aujourd’hui ; ce sera pour moi quand il plaira à Dieu. […] Pour donner le plaisir de la comparaison & de la surprise, elle ne doit pas plaire, parce qu’elle renferme une infinité de choses peu agréables, froides, puériles, dégoûrantes, étrangeres au sujet, contraires à l’unité de l’action.

136. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Le théatre & le monde ont bien tort de faire au Clergé le procès sur des fautes dont ils sont auteurs & complices, s’ils se perdent, ce n’est que pour lui plaire en lui ressemblant que le clergé se dèshonore. […] Sans fatiguer les gens du monde du récit de mes ouvrages dont je ne leur parle jamais, je les entretiens des choses qui leur plaisent. […] Les fadeurs puériles sont semées de quelque jeu de mots qui sont rire, de quelques bons airs qui plaisent, & de traits de satyre qui piquent, ç’en est tout le mérite. En voici un qui a plut, quoique fort commun, Fleur d’Epine, pour amuser un Prince imbécile, lui propose de lui conter des histoires comme dans les mille & une nuit, il lui dit, elles m’ennuient , elle veut lui chanter des chansons, elles m’endorment, vous êtes donc bien difficile à amuser , lui dit-elle ; est-ce pour rien répond-t-il, que je suis un grand Seigneur , ce qui n’est pas trop imbécile. […] La vertu de cet Abbé qui se prêtoit à tout, il fit des vers licencieux pour & contre la favorite, il la décria pour plaire à ses ennemis, il la chanta pour lui plaire.

137. (1641) Déclaration du roi

Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu répandre sur notre Règne, nous oblige de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous, pour retrancher tous les dérèglements par lesquels il peut être offensé.

138. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Ainsi les Poètes qui doivent s'accommoder à ces inclinations pour leur plaire, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions; et de les remplir d'amour, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain.

139. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Ainsi les Poètes, qui pour leur plaire doivent s'accommoder à ces inclinations, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions, et de les remplir ainsi d'amours, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain.

140. (1675) Traité de la comédie « XXV.  » pp. 314-316

L'on ne se peut pas procurer à soi-même l'esprit de prière, ni cette sainte ardeur qui s'excite quand il est plaît à Dieu par la méditation : « Et in meditatione mea exardescet ignis.

141. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Son premier mouvement, malgré elle, est de se couvrir décemment : tout ce qui l’approche alors la déconcerte, elle ne voit les yeux de personne se fixer sur elle, sans y soupçonner des pensées, des désirs, des crimes, qu’elle s’attribue, dont elle se moque, si on ne lui plaît pas, ou dont elle s’applaudit par un nouveau péché, si on a le malheur de lui plaire, elle ne les voit pas se tourner sur quelqu’autre sans en être jalouse. […] Toute la religion s’élève contre cette indécence ; elle condamne la vanité & la mollesse, défend l’impureté, déteste le scandale, en interdit les occasions ; elle prêche l’humilité, la charité, la mortification ; elle ne veut plaire qu’à Dieu, être la bonne odeur de Notre-Seigneur, & respecter sa présence ; elle méprise la beauté du corps, les pompes du monde, les flatteries du libertinage. […] Mais c’est pour plaire que vous vous étalez. […] La nudité peint aux yeux, elle subsiste ; un regard suffit, & on en peut jeter mille ; elle attire, elle plaît, on s’en repaît sans être apperçu ; on ne peut parler continuellement, & à tout le monde, & tout le monde voit, & voit sans cesse ; nulle fatigue ni à voir, ni à se faire voir.

142. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

A Dieu ne plaise non seulement que nous commettions ces crimes, mais même que nous y pensions : « Absit, absit a Christianis ut talia facinora vel cogitemus nedum faciamus. » Tatien. […] La retenue, la sévérité, la simplicité de l’Evangile peut-elle plaire à des cœurs que la scène a corrompus ? […] Du dégoût on en vient au mépris, à l’incrédulité : « Cum ad religionem accesserint litterati minus credunt. » Si vous ne voulez pas vous tromper vous-même, fuyez donc ces voluptés pernicieuses dont l’âme se repaît et s’empoisonne, comme le corps des viandes délicieuses ; préférez la vérité à l’erreur, l’éternité au temps, l’utile au frivole : « Qui non vult se ipsum decipere, abjiciat noxias voluptates. » Ne vous plaisez à voir que des actions justes et pieuses, à entendre que ce qui nourrit l’âme et nous rend meilleurs ; n’abusez pas de vos sens, qui ne vous ont été donnés que pour apprendre l’enseignement et la volonté de Dieu. […] » Ceux qui s’y plaisent en reviennent l’imagination pleine des plus vives images de ces folies : « Evidentes domi imagines imprimant. » Ceux même qui en sont peu touchés perdent du moins leur temps à des plaisirs fort inutiles. […] » L’esprit du démon s’est emparé de ces lieux infâmes, ils sont pleins du démon et de ses anges : pourriez-vous vous y plaire ?

143. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

istorum pectus justitiæ divitiis expoliatur  ; qu’il est un encens agréable aux démons, & que c’est le brûler en quelque sorte sur leurs autels, que de se plaire aux spectacles.

144. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

qui ose lui dire qu’il est là pour l’amour de lui et pour lui plaire ?

145. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

C’est pourquoi ne se peut attendre que toute bonne chosei de la venue des bonnes ames en terre qui apparaissent visibles par le congé de Dieu à ceux des hommes qu’il lui plaît.

146. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

circonstance qui prouve ce que j’ai avancé : car outre qu’à cet âge l’imagination est vive, l’esprit dissipé, le cœur volage, les sens ouverts & subtils, dispositions fatales, & propres à donner entré au peché, c’est qu’on est sans experience, sans crainte, sans défiance, sans preservatifs ; faute d’experience tout plaît, tout touche, toute attache : faute de crainte on ne sçait ce que c’est que de se menager, que de s’arrêter a propos, que de reculer ; on envisage avec joye le precipice, où l’on va se perdre, on cherche même a se perdre : faute de défiance loin de tenir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on se dépouille (si j’ose parler de la sorte) de ses armes, & sent-on la tentation, on est hors d’état de se defendre. […] une assemblée de personnes agréables, bien parées, qui ne songent qu’à se divertir a prendre leurs plaisirs ; ils y voyent des femmes, & des filles, qui font tout ce qui peuvent pour se faire admirer & pour plaire ; & des hommes, qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur temoigner qu’ils les admirent, & qu’ils les aiment.

147. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Venons s’il vous plaît à la raison, pourquoi est-ce que vous condamnez les danses ? […] Dites-nous s’il vous plaît quelques histoires sur ce sujet ?

148. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVI. De la présentation des Poëmes aux Comédiens ; de leur réception, & du choix de ceux qu’on joue dans les intervales. » pp. 8-11

Si cela est, il peut jouer telle Piéce qu’il lui plaît.

149. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

On doit conclure encore, après avoir lu cet Ouvrage avec attention, qu’il peut être utile aux Poètes & aux Musiciens des différens Spectacles, qui de nos jours semblent trop souvent vouloir négliger les règles, en cherchant à se distinguer par des nouveautés singulières, sans songer qu’ils s’écartent alors de ce qui plaît réellement ; puisque les règles ne sont établies que d’après ce qui charme généralement les hommes éclairés.

150. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Comme elles font valoir la force au détriment de la raison, le courage au détriment de la prudence, l’homme le plus fougueux, le plus impétueux et le plus violent y paraîtra aimable, et plaira davantage par sa fureur, par sa haine et par sa rage, que celui qui n’a que la vertu pour briller.

151. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

Cela arrive toujours, quand on n’en voit que l’image ; mais l’image ne peut plaire sans remuer le cœur, sans l’amollir et le corrompre, sans échauffer l’imagination et sans mettre du faux dans l’esprit.

152. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

 ; or rien ne nous est plus dangereux, susceptibles d’erreur au point où nous le sommes, que de prendre l’habitude de quitter les choses réelles pour nous attacher à leur ombre, et de mettre notre plaisir dans le néant, c’est pourquoi Tertullien ne fait aucune difficulté de dire que tout ce qui tient de la fiction passe devant l’auteur de la vérité pour une espèce d’adultère, « adulterium est apud illum omne quod fingitur », et comme ces fables sont ingénieuses, et embellies de tous les ornements de l’art, et des traits de l’éloquence, elles viennent non seulement à vous plaire plus que la vérité, mais encore à en inspirer le mépris et le dégoût. […] Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions, parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant que le repos, et ne se plaît qu’à être remué, celui de la religion Chrétienne est de les calmer, les réprimer, arrêter leurs fougues et leurs saillies, tenir renfermées dans leurs cachots ces bêtes farouches qui ne sont enchaînées que par les liens invisibles de la grâce, c’est le principal exercice de la morale Chrétienne, c’est notre lutte, notre tâche, notre combat journalier, le tout de l’homme Chrétien, la grâce que Jésus-Christ nous a apportée du Ciel est une grâce militaire qui arme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le jouet et le misérable esclave, « actiones carnis spiritu mortificare quotidie affligere minuere, frænare, interimere »S. […] Jean est suffisant pour en inspirer de l’horreur, car qui donna occasion à ce meurtre horrible, à ce crime l’un des plus énormes qui ait jamais été commis après l’attentat des Juifs sur la personne du Saint des Saints, ce fut la danse de la fille d’Hérodias, elle plut tellement à Hérode, que s’étant indiscrètement engagé avec serment de lui donner tout ce qu’elle voudrait, il crut ne lui pouvoir refuser la tête de Jean-Baptiste dans un bassin, ainsi la tête du précurseur du Messie, de l’ami de l’Epoux, du plus grand d’entre les enfants des hommes, fut le prix de quelques pas en cadence d’une baladine.

153. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Il faudra donc que tout homme soit ou ami ou ennemi malgré lui et aussi longtemps à point nommé qu’il plaira aux Atomes : chaque changement dans l’Impulsion et dans la figure dérangera la première impression et y substituera une idée nouvelle. […] Sancho lisant une lettre qui ne lui plaît pas fait cette exclamation : « Que Diable est ceci ! […] Que les coupables pensent donc sérieusement à la retraite ; avant que le courroux du Ciel vienne fondre sur eux ; avant que d’être précipités dans le lieu de ténèbres, où la fureur n’est plus un concert qui plaise, ni le blasphème une Comédie. […] Mais la méthode de ce Tragique ne nous importe guère : il fait de son Héros la Salamandre imaginaire qui se plaît dans les flammes et qui y trouve son aliment. […] Les Athées en penseront tout ce qu’il leur plaira ; mais Dieu s’élèvera enfin, défendra sa cause et vengera sa gloire offensée.

154. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

Ce portrait enchanteur pouvoit-il ne pas plaire !

155. (1715) La critique du théâtre anglais « privilège du roi. » pp. 502-504

Collier, s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires ; Nous lui avons permis et permettons par ces présentes de faire imprimer ledit Ouvrage, en telle forme, marge, caractère, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, et de le faire vendre et débiter par tout notre Royaume pendant le temps de quatre années consécutives, à compter du jour de la date dédites Présentes.

156. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Ils pourraient se vanter d’avoir à leur tête un Philosophe fameux, si ce Sage ne montrait qu’il se plaît plutôt à avancer des propositions singulières, à soutenir des systêmes bisares, qu’à suivre tout simplement les lumières de la raison : cet homme de génie a la gloire de dire des choses uniques, & d’être presque le seul de son avis. […] Puisqu’il diffère en tout des Spectacles qui sont en droit de nous plaire, on ne doit point appréhender de leur nuire, en les variant agréablement.

157. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Molière a montré qu’on pouvait être aussi amusant que Plaute, aussi spirituel que Térence sans choquer la bienséance, c’est ainsi que le Théâtre Français peut se glorifier d’être devenu un spectacle digne de tous les hommes, puisqu’il a acquis le degré de perfection qui le rend utile à tous, au lieu que les spectacles des autres nations ne sont bons que pour elles-mêmes et seront toujours bornés à ne plaire qu’à chacune en particulier, tant que les règles établies par Aristote et respectées des seuls Français n’auront pas acquis le crédit qu’elles méritent dans l’esprit des Dramatiques de toutes les nations, et que ceux-ci ne s’attacheront pas comme les Auteurs Français à se rendre utiles, encore plus qu’agréables. […] Si l’on veut juger de la bonté de ces pièces par le petit nombre de gens à qui elles plurent en France dans leur nouveauté on ne les représenterait pas aujourd’hui avec tant de succès en Allemagne : mais il faut que l’amour-propre cède enfin à la vérité et que l’on estime universellement un ouvrage qui a puni des vicieux en les démasquant et triomphé d’une vaine critique par la solidité de sa morale que toutes les nations peuvent s’appliquer.

158. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Ne peut-on pas trouver quelques délassements agréables dans une lecture, dans quelques jeux d’usage, dans la fréquentation de ces sociétés choisies, où on a le spectacle de tous les talents et de toutes les vertus, où l’on rencontre des femmes qui ont l’avantage de plaire par leur mérite, mais qui savent en même temps inspirer tout le respect qui est dû à leur sexe ? […] Ce ne sont pas des fables qu’ils contiennent, la vérité s’y rencontre de toute part ; ce ne sont pas des trophées brillants, où l’on ne recherche qu’à plaire à l’esprit, c’est votre cœur que l’on prétend charmer.

159. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

d’Avaux, Ambassadeur, à qui on le présenta en secret, pour plaire à M. de Louvois, l’achêta cinquante louis, & l’envoya à l’Archevêque. […] Il la vit, en devint amoureux, lui déclara sa passion, & lui plut. […] Elle étoit belle en effet, avoit beaucoup d’esprit & d’enjouement ; hardie, rusée, intrigante, elle avoit su plaire à tout le monde. […] Les loix de la pudeur sont bien moins cheres que les graces de la beauté, l’honneur de la vertu que la gloire de plaire. […] L’Auteur, qui esperoit d’y plaire par la vertu, le connoissoit bien mal.

160. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Les états ne doivent pas être confondus, & la charité ne veut pas qu’on se rende désagréable dans la société ; ainsi on se concilie le respect, parce qu’ils imposent, & l’amitié parce qu’ils plaisent. […] Les remords, l’expérience l’ont assez & trop appris, & c’est au contraire ce danger qu’on veut faire naître, on y compte comme sur un moyen bien sûr de plaire, & d’allumer la passion, qui en effet s’y livre avec transport ; pour éteindre ce feu, Dieu donne des habits aux coupables, & quels habits ? […] 11.° Il est permis d’aider ses sens, l’oreille dans la surdité, les yeux dans la vue foible, le palais dans le dégoût, & de leur plaire ; à l’ouïe par la musique, à la vue par la beauté des objets, aux goûts par des assaisonnemens, à l’odorat par des parfums ; pourquoi non pas par le fard, par les couleurs du visage par l’embonpoint ? […] Je ne pouvois comprendre comment le Mercure se prête tous les mois à annoncer les divers fards qu’on invente pour les femmes : lait virginal, essence de beauté, rouge, blanc, &c. selon qu’il plaît à la plus misérable engeance des Charlatans ; qu’à la bonne heure il annonce les secrets approuvés pour les Arts, pour l’Agriculture, pour la Médecine, ils sont utiles ; mais à quoi servent ces drogues qu’à entretenir la vanité & le libertinage ? […] Jamais une vierge n’a imaginé de se farder pour plaire, pour inspirer des désirs, pour avoir des amans ; ces moyens sont peu efficaces pour conserver la pareté, les Actrices qui se serviront de l’essence virginale seront toutes vierges. 2.° Les Perruquiers vont de pair avec les Médecins, ils sont devenus Censeurs des médicamens & donnent leurs approbations légales à des essences ; celle-ci peut intéresser la santé, puisqu’elle fait rentrer les boutons, ce qui doit altérer la masse du sang ; des boutons rentrés peuvent occasionner des maladies.

161. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Ce n’est pas sans doute le coup d’essai de la jeune actrice, elle a plus d’une fois brillé au spectacle, pour avoir si bien le ton, les allures, l’esprit des coulisses, sur-tout du théatre comique, connu & choisi ces deux pieces ; elle s’est plus d’une fois exercée sur les théatres de société ; elle doit avoir appris en perfection la poësie, la musique, la danse, l’art dramatique, pour composer des prologues charmans ; sur-tout elle doit bien connoître le goût de son pere, pour avoir cru lui plaire, en lui souhaitant la bonne année par des farces ; & le pere qui a souffert ces exercices, ces assemblées d’acteurs & d’actrices, qui a fait la dépense de ce théatre, qui a permis & approuvé ces vers galans, & les a fait mettre au Mercure, qui a souffert les assiduités de ce poëte amoureux, les parens & les amis qui ont célébré cette fête, tous ces gens-là sont bien enthousiasmés du Théatre. […] Mais comment plaire au Théatre, sans arborer le vice pour lequel il est fait. […] Sa fortune & sa noblesse littéraire viennent du cardinal de Richelieu, à qui il plut pour avoir fait la critique du Cid, & s’être déclaré contre Corneille, auquel il se croyois de bonne-foi supérieur. […] Pour prévenir l’abus, pasteurs dignes d’être éclairés (par un si habile docteur), assistez-y, présidez-y vous-mêmes (soyez le roi du bal, menez la danse, c’est une fonction pastorale) qui doit plaire à votre zele (car tous les curés doivent aimer la danse) ; que ce soit une fête publique (cette fête n’est pas dans le calendrier : l’Abbé, habile rubricaire, l’y fera mettre.) […] Il semble que l’amour des Princes de cette auguste Maison, soit un sentiment général, que la bonté de chacun d’eux se plaît à proroger [ce mot ne regarde que le temps].

162. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

La vertu y est plus attaquée : des charmes naturels, une douceur engageante, le soin continuel de plaire, attirent un essaim d'adorateurs, qui tantôt surprennent dans leurs pièges, tantôt abusent de la facilité dans leurs entreprises. […] Elle connaissait le goût de Louis  XIV pour le spectacle, il s'en privait depuis quelque temps par dévotion ; c'était sûrement lui plaire de l'y ramener, en écartant ce qui pouvait réveiller ses scrupules, et le lui offrant à titre même de bonne œuvre. […] Elle introduisit cette nouveauté, dont elle ne prévoyait ni ne redoutait les suites, et fit sans peine goûter ces jeux à une femme de la Cour qui l'estimait et qui voulait plaire au Prince. […] Ils voulurent bien ne pas s'apercevoir que des Actrices si saintes, dans un sujet si saint, cherchaient à plaire, s'applaudissaient de leurs succès et de leurs conquêtes, et allumaient dans les cœurs les feux les plus vifs, que des spectateurs, plus attentifs aux grâces qu'à la pièce, y formèrent des passions qu'il fallut terminer par des mariages. […] Cyr même s'en dégoûta, et quoique par une sorte de point d'honneur, pour ne pas passer condamnation, et pour plaire au Roi qui le demanda, Madame de Maintenon fit encore jouer Athalie, ce fut d'une manière si languissante, si embarrassée, si pleine de remords, que le chef-d’œuvre du théâtre n'eut aucun succès, et S.

163. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIX. Autre principe de Platon sur cette matière. » pp. 69-71

C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable.

164. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « PRIVILEGE DU ROI. » pp. -

Fagan, s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de permission pour ce nécessaires : A ces causes, voulant favorablement traiter l’Exposant, Nous lui avons permis et permettons par ces Présentes de faire imprimer ledit Ouvrage en un ou plusieurs Volumes, et autant de fois que bon lui semblera, et de le faire vendre et débiter par tout notre Royaume pendant le temps de trois années consécutives, à compter du jour de la date des Présentes.

165. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Le Poëte même Dramatique se sent peu de génie pour exprimer cette tranquillité de l’ame, tout le but de son art n’allant qu’à plaire au commun des hommes. […] Y a t-il donc de la raison quand nous voyons faire à un homme des choses que nous serions honteux de faire, au lieu que nous devrions l’avoir en horreur, de nous y plaire & de l’approuver ? […] Nous ne demandons à la Peinture que le plaisir des yeux ; & l’imitation de tout objet leur plaît : nous demandons à la Poësie le plaisir de l’ame ; & l’imitation de tout objet ne lui plaît pas. […] Cette explication, ajoute Corneille, ne plaira pas à ceux qui s’attachent aux Commentateurs de ce Philosophe. […] Je ne suis pas, disoit-il, de ceux qui tiennent que la Poësie a pour but de profiter autant que de plaire.

166. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

L’objet de votre art, c’est de plaire ; & on ne plait qu’en se conformant aux inclinations de ceux à qui l’on parle1, en flattant leur goût, & en les entretenant des choses qui les intéressent. […] Si vous eussiez eu pour Spectateurs & pour Juges des hommes graves, attentifs au maintien de la discipline & des mœurs, vous auriez également tenté de leur plaire, vous vous seriez rapprochés des tragiques Grecs ; & je ne doute presque point qu’avec les heureuses dispositions que vous aviez reçues de la Nature, vous ne fussiez parvenus à les égaler. […] L’esprit, frappé de la grandeur d’un objet, se plaît à le considérer sous ses divers aspects, à l’analyser & à le suivre dans tous ses rapports.

167. (1582) De spectaculis. Cap. 5. [Tertia ac postrema syntagmatis iuris vniversi pars, liber XXXIX] « De spectaculis. Cap. 5. » pp. 818-825

Plut lib. quanta sit int. homi. corpo. […] Plut.libr. de tranquillit. animi. […] Plut. in Theseo.

168. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIX. Les Spectacles condamnés par les saintes Ecritures. » pp. 164-167

Saint Paul aussi a tout compris dans ces paroles : « Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint (selon le grec, tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur), tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant ; s’il y a quelques vertus parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline, c’est ce que vous devez penser14 » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect.

169. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Il s'en fait une vertu et un mérite ; c'est par là qu'il tâche de plaire.

170. (1731) Discours sur la comédie « PRIVILEGE DU ROI. »

Petavii Rationarium Temporum cum Tabulis Chronologis ; s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires, offrant pour cet effet de les faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille imprimée et attachée sous le contrescel des présentes.

171. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

) Et si l’expérience qui est la maîtresse des fous, a quelque pouvoir sur l’esprit des sages, demandez, s’il vous plaît, à toutes les bonnes âmes qui se sont bien données à Dieu, demandez à tous les religieux qui ont été autrefois du monde, si en leur confession générale ils ne se sont pas repentis et accusés d’avoir été au bal.

172. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

plût au Ciel que les barbares ennemis du plus beau des arts, eussent la piété de Polyeucte, la clémence d’Auguste, la vertu de Burrhus, et qu’ils finissent comme le mari d’Alzire !

173. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  J’ai choisi pour sujet notre Scène française ; Je n’ai pu choisir mieux pour atteindre aux Talents, Pour attendrir les cœurs et captiver les sens ; Elle ne produit rien qui n’instruise et ne plaise.

174. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Plut. […] Car si le titre ne plaît d’abord, la suite ordinairement rebute, & s’il n’est receu avec chaleur, il laisse durant toute l’action, un froid qui engourdit l’ame, & qui altere le plaisir. […] Car loin qu’elles plaisent comme font ordinairement les beaux incidents, elles dégoustent comme les redites, & faute de paroistre nouvelles, elles deviennent ennuyeuses, si-tost qu’elles paroissent. […] Car le talent de plaire est un don du Ciel & des Astres, plûtot que de la regle, & que de l’estude. […] Plut.

175. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Dans le temps où n’ayant point l’usage des bas on ne portoit que des sandales ou des chaussures découpées, attachées par des rubans, la nudité des pieds, jointe à la couleur artistement assortie de rubans, pouvoit plaire à des yeux libertins ; mais depuis qu’ils sont entierement couverts, que reste-t-il à la sensualité ? […] Le grand maître dans l’art d’aimer & de plaire, le galant Ovide ne cesse de donner à ses éleves des leçons de parure, & de leur en inculquer la nécessité. […] Les Sauvagesses de l’Amérique ceignent toute la jambe avec des cercles de bois ou de fer comme les cerceaux d’une barrique ; les Hotentotes se font des rubans des intestins des animaux, dont elles couvrent galamment toute la jambe, & ces rubans en se pourrissant repandent un parfum qui plaît à leurs amans. […] La plûpart des ajustemens sont aussi très-incommodes ; mais que ne feroit-on pas pour plaire !

176. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Jésus-Christ ayant acquis avec justice sur tous les Chrétiens le droit d’être le principe et la fin de toutes leurs actions, en qualité de leur Créateur et de leur Rédempteur ; est-il jamais venu en l’esprit à un Comédien en montant sur le théâtre, de dire : C’est pour plaire à Dieu que je vais faire cette action. […] Ils peuvent donc bien surprendre les Prêtres (qui ne les connaissent pas pour tels qu’ils sont) et ainsi ils peuvent ouïr la Messe, et même fréquenter les Sacrements : mais n’ayant pas la véritable piété dans le cœur, et ne la pouvant avoir, tandis qu’ils persisteront dans cet emploi, qui est condamné par l’Eglise, toutes les actions qu’ils font par une piété apparente, ne peuvent plaire à Dieu. […] Car les Comédiens ayant à plaire aux gens du monde, ce leur est une malheureuse nécessité de mêler toujours dans leurs pièces quelques-unes de ces passions, qui en sont tout le sel et l’assaisonnement ; puisque sans cela elles ne pourraient leur plaire : et ainsi ils ne pourraient arriver à la fin qu’ils se proposent, qui est le gain et le profit.

177. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Il ramassa tous les histrions qu’il trouva, & fit joüer devant le Pape sa Calanda, & d’autres piéces avec des belles décorations, des danses, des simphonies qui en faisoient une espece d’opera ; ce qui plut infiniment aux Médicis, & singulierement au Pape. […] C’étoit un Moliere, il plût beaucoup au Cardinal ; un jour qu’il contrefaisoit devant lui les Florentins ennemis de sa maison, le Cardinal lui dit, qu’il réussiroit bien mieux s’il les répresentoit sur un théatre, dans une comédie faite à l’imitation de celles d’Aristophane. […] Ce spectacle plût beaucoup au peuple Romain. […] Il avoit été envoyé Legat en France, il plût à François I. par son enjouément, & ses plaisanteries ; il en profita pour ménager les intérêts de son Maître ; mais malheureusement il voulut aussi ménager ses propres affaires, il prit des mesures avec le Roi pour se faire élire Pape au prochain Conclave. […] Elle étoit belle, elle plût beaucoup au Roi, à la Reine, & à la Cour.

178. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Il ne presentoit que ce qui devoit plaire (combien de bouffonneries, de tabarinages, d’obscenités). […] Daniel ont mis, comme lui, le systême du monde en conversation & en voyage ; mais ce sont des Philosophes aussi éclairés qu’agréables, qui joignent les graces à la clarté, instruisent & plaisent. […] On est sûr de plaire à Londres quand on fronde le Gouvernement, sur-tout en Irlande sa patrie par la haine invétérée du peuple contre la tyrannie que les Anglois y exercent. […] Il y a quelquefois du sel, un tour ingénieux : ils ont pu plaire dans le moment, le lendemain on les oublie ; c’est une vie de rose, qui ne voit qu’une aurore, & le soir se ternit, & même ces chansons bachiques ou galantes vallent moins que plusieurs de celles du Pont-Neuf. […] Il plut à son épouse, qui pour se le mieux attacher, lui procura une terre aux environs de Sceaux, dans laquelle il lui donna des fêtes.

179. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

La beauté naturelle plaît sans-doute, elle est faite pour plaire ; mais renfermée dans les bornes de la modestie, elle n’excite point de honteux mouvemens ; ce n’est que l’indécence, la parure, les divers jours où la vanité la présente, qui la rend piquante & pernicieuse. […] Point de mer plus agitée qu’une femme bien parée ; vanité dévorante sur sa beauté, ambition demésurée de plaire, jalousie cruelle contre celles qui ont quelque avantage, sollicitude inquiéte jusqu’à ce qu’elles l’aient emporté, chagrin accablant des mauvais succès, recherche curieuse de toutes les modes, peines toujours renaissantes pour conserver ce trésor, & ne pas perdre le fruit de leurs travaux, négligence de ses devoirs, coleres, emportemens, embarras, querelles domestiques, sur-tout perte de la religion & des mœurs. […] Faut-il que la compagne qui fut donnée à l’homme pour l’aider & le soulager, lui devienne fatale par l’envie même de lui plaire ? […] On veut lui plaire, dit on, & on lui plait trop. […] A quoi aspirent-elles qu’à plaire aux hommes, & leur inspirer de l’amour ?

180. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Ce superbe Théâtre doit beaucoup aux bontés de l’auguste Prince qui se plaît à rassembler auprès de lui les Arts & les talens ; & que les Muses ne cesseraient de louer, si sa modestie ne leur imposait silence. […] Une observation qu’il est èssentiel de faire ici, au sujet de la danse, & qui regarde particulièrement les Maîtres de Balets, c’est que la danse ne saurait plaire si elle n’a un dèssein, si elle n’èxprime quelque chose. […] Tout ce que je viens de dire doit montrer que le Théâtre lyrique est fondé sur des règles assez difficiles, contre la commune opinion : je prouve de plus que celui des Français est digne de plaire, non-seulement à ceux qui ne chérissent que la magnificence du Spectacle ; mais encore à l’homme de goût. […] La Salle est très-souvent remplie ; mais le public n’y court avec affluence que par ce qu’il lui faut un amusement ; & que par ce que tout Paris ne peut pas jouir à la fois des Spectacles qui sont en droit de lui plaire. […] Le dessein des nouveaux Directeurs achève de nous prouver que l’homme de mérite se plaît toujours à encourager les Lettres.

181. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Il ne sert de rien de répondre, qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer aux sens des paroles, ni aux sentiments qu’elles expriment : car c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense ; et plaisent sans être aperçus.

182. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Que plût à Dieu que cette figure de Dragon fût seule exhibée en Spectacle.

183. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Mais il me permettra aussi, s’il lui plaît, de continuer mes réflexions sur les dogmes ; et ce ne sera pas tant pour l’interrompre, que pour lui donner le loisir de reprendre haleine. […] Si cette raison subsiste, la Comédie d’aujourd’hui peut-elle plaire à Dieu ? […] Ainsi notre Docteur me donnera, s’il lui plaît, licence de faire cet examen ; et je lui promets, moyennant cela, que les interruptions que je lui ferai dans la suite, ne seront plus si longues. […] » Nous répondrons à notre Docteur : mais qu’il nous dise, s’il lui plaît, auparavant, où il a vu des Rois et des Princes, des Prêtres et des Religieux, et enfin des personnes les plus sages jouer la Comédie. […] Notre Docteur méditera, s’il lui plaît, sur cette réponse ; je ne pouvais lui rien dire ni de meilleur ni de plus juste.

184. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

« Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable : tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, (selon le grec) u , tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur) tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant : s’il y a quelque vertu parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline ; c’est ce que vous devez penser » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect.

185. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Le spectacle ne plaît que par la représentation des hommes vicieux.

186. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Si mon livre ennuye, j’aurai beau prier qu’on le lise, on n’en fera rien : s’il plaît, à quoi bon affecter une inutile modestie ?

187. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d'y voir peintes des passions semblables aux siennes: car notre amour-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] « Maintenant qu'il s'agit de mon seul intérêt, Vous demandez ma mort, j'en accepte l'arrêt, Votre ressentiment choisit la main d'un autre; Je ne méritais pas de mourir de la vôtre, On ne me verra point en repousser les coups: Je dois trop de respect à qui combat pour vous, Et ravi de penser que c'est de vous qu'ils viennent, Puisque c'est votre honneur que ses armes soutiennent, Je vais lui présenter mon estomac ouvert, Adorant en sa main la vôtre qui me perd. » En vérité, peut-on pousser la profanation plus avant, et le faire en même temps d'une manière qui plaise davantage et qui soit plus dangereuse. […] « Le remède y plaît moins que ne fait le poison. » Telle est la corruption du cœur de l'homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un ouvrage d'une manière agréable, délicate et conforme à la nature, et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l'ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais,: mais tout du moins négligés, parce que c'est dans ces endroits qu'il se délasse des efforts d'esprit qu'il vient de faire en traitant les passions: y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu'il dit à Emilie, et sur toutes celles qu'elle lui répond, que sur la Clémence d'Auguste, à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n'a jamais songé à faire l'éloge en sortant de la Comédie.

188. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le theatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la declamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une Comedienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action effeminée. […] La vertu la plus severe ne s’en pourroit presque pas garantir, & vous voulez, que des gens, qui ne respirent que les plaisirs des sens, puissent être avec innocence parmi tant de dangereux apas, où ils se jettent encore, & se plaisent ?

189. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Les Poètes Grecs ont mis sur leur Scène des Souverains qui venaient de mourir, & quelquefois même des Princes vivans : ils se proposaient par-là de plaire à leur Partie, en rendant odieux le gouvernement d’un seul ; & c’était un moyen d’y réussir, que de rendre les Rois méprisables par un caractère vicieux, & l’exposition de faiblesses dont l’univers retentissait encore. […] Comme Melpomène se plaît à parer ses Personnages de couronnes & de sceptres, il arriva dans ces temps d’horreurs & de persécutions, qu’elle choisit dans cette Pièce Dramatique pour sa victime, un Prince contre lequel les Spectateurs étaient révoltés.

190. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Si cette Brochure est bien traitée, le Public judicieux à qui seul je cherche à plaire, & dont je chéris les suffrages, ne me ravira pas le légitime salaire que mes travaux méritent : s’il la trouve faible, je le conjure de m’honorer de ses conseils.

191. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

Il y aura des femmes dont l’état est de plaire, de tout soumettre, de tout charmer, qui nous feront à tout moment trembler de perdre le cœur d’un époux !

192. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

Car on ne peut estimer que celui-là cesse de suivre un tel état, qui en constitue d’autres en sa place : et qui au lieu de lui seul, en met plusieurs pour ses lieutenants, contre l’ordonnance de Dieu, enseignant, et instruisant, comment le mâle se déguisera en femelle, et que le sexe soit changé par art, et qu’on plaise au diable, qui souille la créature de Dieu, en offensant par tels déguisements d’un corps efféminé et contrefait.

193. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Plaît-il ? […] Faut-il que tout ce qui touche au Théâtre public ait pour plaire un air de débauche et de libertinage ? […] Horace dit que les Poètes veulent ou plaire ou être utiles. […] Porée dit que les nôtres ne veulent que plaire. […] Il est nombre d’états qui rendent publics ceux qui les embrassent, sans les rendre moins respectables ; et si l’on se plaît volontiers à dire du mal, ce n’est que de ceux dont l’emploi ne fait pas juger le bien.

194. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Arrêt du Parlement de Paris autorisant, après avis du Roi, les représentations, sous conditions (25 janvier 1542) » pp. 167-166

Arrêt du Parlement de Paris autorisant, après avis du Roi, les représentations, sous conditions (25 janvier 1542) Vues par la cour les lettres patentes du Roi données à Eschouench le XVIIIe jour du mois de décembre dernier passé, à icelle cour adressantesci, par lesquelles et pour les causes y contenues, il déclare, veut et lui plaît que Charles Le Royer et ses consorts, maîtres et entrepreneurs du Jeu et mystère de l’Ancien Testament, puissent et leur loistcj, suivant autres ses lettres de permission auparavant à eux données et octroyées, faire jouer et représenter en l’année prochaine ledit Jeu et mystère dudit Ancien Testament, bien et dûment ainsi qu’il est requis pour le regard du bien qui peut advenir de la représentation dudit mystère, sans y commettre aucunes fraudes, fautes ni abus, soit pour interposer aucunes choses profanes et lascives en ladite représentation, ni faire aucunes exactions indues en y employant le temps requis et raisonnable, à quoi serait par ladite cour pourvu ainsi qu’il appartiendraitck.

195. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.

196. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Je ne veux point d’autre témoin que vous-même, si vous n’allez point aux festins, aux danses et aux assemblées mondaines, vêtue pompeusement, si vous n’y allez pas, dis-je, pour vous plaire au son des violons, pour y faire bonne chère, pour vous y soûler, rire et avoir vos contentements ; si on n’y a pas des pensées inutiles, si on n’y dit pas des paroles odieuses, si on ne s’y entretient pas de railleries, de bouffonneries, de plaisanteries, de paroles sales ou à double entente.

197. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] La blancheur de la poudre ordinaire se fond, s’incorpore avec le teint, & semble n’être que la continuation de la peau, elle releve les couleurs vives, artificielles ou naturelles ; dans les Pays où la blancheur est une beauté, elle doit être à la mode ; mais dans l’Afrique & dans l’Amérique, où d’autres couleurs plaisent d’avantage, cette poudre est inconnue ; on doit en employer d’une autre couleur en France ; la consommation en est étonnante. […] On cherche à leur plaire. […] Ovide fait un mérite à Sapho de ne point employer ce moyen de plaire : Non arabo noster more capillus olet.

198. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Aucun homme ne doit en user : Nullum virum unguento delibutum iri existimo  ; il ne doit pas même se parfumer pour plaire à sa femme, c’est bien assez que la femme soit parfumée. […] Il est certain, selon tous les voyageurs, que les femmes dans l’Orient ont l’art singulier de donner à leurs cheveux toute sorte de figures, couronne, fleurs, arbres, oiseaux, pyramides, tables, maisons, &c., au moyen des rubans, aiguilles, cartons, fil d’archal ; elles bâtissent sur leur tête ce qui leur plaît, se couvrent de cheveux souvent empruntés, les y collent avec des pâtes, pommades, &c., font peindre des tresses, les garnissent de boucles & les remplissent d’odeur des fleurs, &c. ce qu’on appelle coëffer à la Grecque, à la marrone, en mouton, en poule, &c. […] Il blâme en particulier les bonnes odeurs dont on les parfume, si dangereuses à ceux qui les voient, & ne peuvent plaire qu’à des esprits mondains & frivoles : Tu quoque odoratis vaga vestibus atque capillis naribus agnoscis quà gradiare velis, nec multis splendore tuo male sollicitatis, peccantis nequam sis caput illecebræ unguentum sanctis unum est, quod nomine Christi diffusum casto spirat odore Deum , &c. […] Des sons harmonieux réjouiront l’oreille, des objets agréables plairont aux yeux, des goûts délicieux flatteront les palais ; l’odorat aussi aura sa satisfaction propre, toutes les délices sont réunies dans le Ciel.

199. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

La fille apporte à son heureux époux L’honneur pour dot & quinze ans pour parure Les nœuds d’Hymen resserrés par l’Amour Nous font chérir le tendre nom de mere, L’enfant se plaît à nourrir son vieux pere, Pour que son fils le nourrisse à son tour. […] Au lieu de tâcher par une belle émulation de mériter l’estime publique, on ne songeroit qu’a lui plaire : ce ne seroit plus que des coquettes, des ames basses & rampantes, qui n’étudieroit que ses goûts. […] Quelle vertu ne donne pas L’espoir de plaire à sa Maîtresse ? […] Il veut faire donner la Rose à celle qui lui plaît, le bailli & les notables ne la veulent donner qu’au mérite.

200. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

L’Abbé de Choisi ne pouvoit mieux lui plaire qu’en entrant dans ses inclinations, en lui faisant la cour sous ces habits. Il recevoit du Prince mille caresses, & sans doute sa faveur sauva à l’Abbé Madame l’animadversion du Roi & de l’Archevêque de Paris, à qui cette comédie ne pouvoit plaire. […] Tout est comédie dans le monde : Omnis mundus exercet histrioniam, disoit Petrone, qui le connoissoit bien ; & jusque dans le vice, il n’est pas rare, pour faire sa cour, qu’on affecte des vices qu’on n’a pas ; il falloit pour plaire à Néron, que les honnêtes gens en prissent le masque, la vertu n’osoit se montrer. […] L’indécence de ces confusions, de ces déguisemens de sexe, affecte peu les Comédiens ; les intérêts de la vertu leur sont trop indifférens pour s’en faire un scrupule ; & pourvu qu’ils réussissent à plaire, qu’importe à quel prix ?

201. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Et où, s’il vous plaît, paroissent-ils sans être des objets d’exécration ? […] Pourquoi, s’il vous plaît ? […] Quelle est, s’il vous plaît, la raison du peu de connoissances des femmes ? […] Il a donc été de notre intérêt en les destinant à nos plaisirs, de les éloigner de tout ce qui auroit pu les distraire du soin que nous avons voulu qu’elles prissent uniquement à nous plaire. […] Dites-moi, s’il vous plaît, s’il est possible d’honorer le talent du Comédien, sans faire honneur à son métier, puisque le talent en est l’essence ?

202. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le théatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la déclamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une comédienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action efféminée. […] La vertu la plus sévére ne s’en pourroit presque pas garantir, & vous voulez, que des gens, qui ne respirent, que les plaisirs des sens, puissent estre avec innocence parmi tant de dangereux apas, où ils se jettent encore, & se plaisent ?

203. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

La Compagnie qui sert maintenant le Roi en cette sorte d’exercice c’est des plus excellentes que l’on ait vues il y ad longtemps : mais entre tous les personnages ceux qui emportent le prix pour représenter naïvement les passions humaines et les impriment dans les spectateurs émouvante à la joie, à la tristesse, à la colère, au regret, à l’amour comme il leur plaît jusques à tirer des larmes des yeux les plus arides, et à ébranler les courages les plus fermes et les plus constants, il n'y en a point qui égalent une jeune fille appelée Rosoria de l’âge de dix-sept ou dix-huit ans et un jeune homme Toledan appelé Fadrique âgé de vingt-quatre ou vingt-cinq. […] Son père et sa mère en sont au mourir et offrent tout leur vaillantf pour la marier et lui laissent la liberté de choisir tel de ses Amants qui lui plaira le plus pour être son Epoux, mais elle n’a pour eux que de l’indifférence.

204. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Ils ne plaisent point aux gens du monde, et ils ne peuvent que nuire aux écoliers. […] Ces plates bouffonneries, qui dans la stérilité du génie, par l’envie de plaire au peuple, s’emparent de la scène, et dans le sac de Scapin font méconnaître l’Auteur du Misanthrope, le latin les éloigne, ne les fournissant pas, ou les émoussant. […] Mais on veut des passions, on veut des femmes, on veut de l’amour, on veut plaire au monde, et malgré la gravité et la sainteté de l’état, c’est toujours un coup d’œil sur les plaisirs auxquels on a renoncé : l’humanité perce.

205. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Il suffit de montrer des pièces qui soient et agréables et utiles, de trouver des Auteurs qui aient su plaire et instruire, pour que l’on tire des faits ces deux conclusions : l’une, qu’il est des moyens employés par les Poètes dramatiques, pour purger en nous les passions ; l’autre, que les Auteurs, qui se contentent de plaire, négligent l’objet le plus noble de leur art. […] Et l’Auteur n’a-t-il pas, sans lui, trouvé les moyens de toucher et de plaire ?

206. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Si l’utilité peut s’y trouver, à la bonne heure ; mais l’objet principal est de plaire, et, pourvu que le Peuple s’amuse, cet objet est assez rempli. […] Il faut, pour leur plaire, des Spectacles qui favorisent leurs penchants, au lieu qu’il en faudrait qui les modérassent. […] Imaginez la Comédie aussi parfaite qu’il vous plaira. […] Quelquefois on y soupe, mais rarement : parce que le Genevois est rangé et se plaît à vivre avec sa famille. […] Les bonnes mœurs tiennent plus qu’on ne pense à ce que chacun se plaise dans son état.

207. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Le premier usage que Catherine fit de sa souplesse en galanterie fut dans la famille royale ; elle sçut plaire par sa complaisance à François premier, son beau-pere, qui quoique livré à la débauche, l’aima & la respecta. […] On sent combien le défit de faire sa cour, l’espérance d’une brillante fortune, l’air & les maximes, & l’exemple du grand monde, l’élévation de ceux dont on leur ordonnoit de faire la conquête, le penchant de la nature, la foiblesse du sexe, des passions naissantes & bien cultivées, le désir de plaire, & la coquetterie naturelle à toutes les femmes devoient faire écouter ces écolieres avec avidité, & goûter avec plaisir des leçons si agréables, & faire les plus grands progres dans leur art. […] Qu’on ait cru plaire à cette Reine en la représentant dans un état aussi infâme, il faut qu’on l’ait connue bien dépravée ; il faut l’être beaucoup en effet pour le souffrir, pour accepter de pareils présens, pour garder avec respect de pareilles images, pour les porter sur soi avec confiance comme de reliques, pour les donner à garder comme un précieux trésor. […] Les filles d’honneur, qui composoient la troupe des Actrices, ne fut ce que pour lui plaire, donnoient, on faisoient semblant de donner dans ces extravagances. […] Ce jeu plairoit aussi peu à nos Actrices qu’il plaisoit à celles de Cathérine.

208. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Le Burlesque & la Parodie sont deux genres bien différens : la Parodie est une plaisanterie fine, capable d’amuser & d’instruire les esprits les plus sensés & les plus polis ; le Burlesque, est une bouffonnerie misérable, qui ne peut plaire qu’aux méchans.

209. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

Despreaux : « De n’oser de la fable employer la figure, De chasser les Tritons de l’Empire des eaux, D’ôter à Pansa flûte, aux Parques leurs ciseaux, D’empêcher que Caron dans la fatale barque, Ainsi que le Berger, ne passe le Monarque ; C’est d’un scrupule vain s’alarmer sottement, Et vouloir aux Lecteurs plaire sans agrément, Bientôt ils défendront de peindre la prudence : De donner à Thémis ni bandeau ni balance, De figurer aux yeux la Guerre au front d’airain, Où le temps qui s’enfuit une horloge à la main : Et par tout des discours comme une idolâtrie, Dans leur faux zèle iront chasser l’allégorie.

210. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Ce grand Saint, à la vérité, en faveur de ceux qui dans certaines conjonctures, qui sont rares, se voient comme forcés de s’y trouver, prescrit des précautions pour y conserver l’innocence ; mais il ne plaît pas aux gens du monde de les prendre, ces précautions ; ils ont donc mauvaise grâce d’autoriser les danses et les spectacles, par le témoignage de ce saint Evêque.

211. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Il y soutient qu’en général dans la Poésie, la morale étoit tellement subordonnée à l’agrément, qu’on n’en pouvoit attendre aucune utilité pour les mœurs ; que tous ces Poëmes, qui sont des chefs-d’œuvre de l’antiquité, n’avoient été faits que pour plaire, & non pour être utiles. […] Au reste, la Poésie n’a de mauvais que l’abus qu’on en peut faire, & qui provient de ce que son unique fin est de plaire. […] Batteux 7, le Public à qui Aristophane se proposoit de plaire ; & il y réussit sans peine, parce qu’il étoit satyrique par méchanceté, ordurier par corruption de mœurs, impie par principe & par goût. […] Le Parlement de Paris reconnut l’indécence qu’il y avoit à faire servir au plaisir du peuple les Mysteres de la Religion, d’autant plus que pour plaire au plus grand nombre, on les déshonoroit par une mixtion de farces scandaleuses. […] Les Poëtes ne se proposoient premierement que de plaire aux Spectateurs en émouvant leurs passions favorites ; & comme il y avoit alors un esprit national qui s’occupoit passionnément des affaires publiques, ils employoient les ressorts qu’il falloit y adapter, & qui ne conviendroient pas à notre temps.

212. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Lettre sur la Comédie de l’Imposteur Monsieur, Puisque c’est un crime pour moi que d’avoir été à la première représentation de L’Imposteur, que vous avez manquée, et que je ne saurais en obtenir le pardon qu’en réparant la perte que vous avez faite et qu’il vous plaît de m’imputer, il faut bien que j’essaie de rentrer dans vos bonnes grâces, et que je fasse violence à ma paresse pour satisfaire votre curiosité. […] Vous remarquerez, s’il vous plaît, que pour achever la peinture de ce bon Monsieur, on lui a donné un Valet, duquel, quoiqu’il n’ait point à paraître, on fait le caractère tout semblable au sien, c’est-à-dire, selon Aristote, qu’on dépeint le Valet pour faire mieux connaître le Maître. […] Vous remarquerez, s’il vous plaît, que d’abord l’autre voulant exalter son Panulphe, commence à dire que « c’est un homme », de sorte qu’il semble qu’il aille faire un long dénombrement de ses bonnes qualités ; et tout cela se réduit pourtant à dire encore une ou deux fois, « mais un homme, un homme », et à conclure, « un homme enfin » : ce qui veut dire plusieurs choses admirables ; l’une que les bigots n’ont, pour l’ordinaire aucune bonne qualité, et n’ont pour tout mérite que leur bigoterie, ce qui paraît en ce que l’homme même qui est infatué de celui-ci, ne sait que dire pour le louer. […] En effet, Monsieur – car ne croyez pas que j’avance ici des paradoxes – c’est elle qui les rend dignes d’elle ces lieux si indignes en eux-mêmes : elle fait, quand il lui plaît, un temple d’un palais, un sanctuaire d’un théâtre, et un séjour de bénédictions et de grâces d’un lieu de débauche et d’abomination. […] Voilà, Monsieur, ce que vous avez souhaité de moi : gardez-vous bien de croire pour tout ce que je viens de dire, que je m’intéresse en aucune manière dans l’histoire que je vous ai contée, et de prendre pour l’effet de quelque opinion préméditée, l’effort que j’ai fait pour vous plaire : je parle sur les suppositions que je forge, et seulement pour me donner matière de vous entretenir plus longtemps, comme je sais que vous le voulez.

213. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Un Auteur fait fort bien de lire sa piéce à quelque Lecteur habile qui peut lui donner de bons conseils ; mais l’établissement d’un Tribunal en forme, des séances réglées, la nécessité d’y faire examiner les piéces, l’impossibilité de la faire jouer, si elles ne leur plaisent, la souveraineté de la décision sur le mérite du drame, c’est le comble du ridicule & de l’injustice. […] Une piéce ne peut plaire à une troupe de gens de mauvaise vie, qu’autant qu’elle est licentieuse & pleine de galanterie, & un auteur ne peut leur être agréable qu’en devenant libertin comme eux.

214. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Jugez-en par vous-même : quelle femme vous plairoit davantage, ou celle qui se livre au premier mot, ou celle qui résiste & combat long-temps avant de se rendre, & par ses combats & ses résistances augmente l’amour, enflamme les désirs ? […] Chrysostome n’a presque laissé que des sermons à un peuple livré au théatre & à la débauche, & tout ramène à cet objet, parce que le théatre influe sur tout par les passions de toute espèce qu’il représente & qu’il excite, & que tout à son tour influe sur le théatre par la nécessité où il est pour plaire de se conformer au goût dominant, & de flatter les vices du siecle, par conséquent d’en prendre les sentimens, les erreurs & les modes.

215. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Je vous offre ce divertissement : c’est pour l’amour de vous que je vais le prendre, afin de vous plaire & de vous servir davantage. […] A Dieu ne plaise, mes Freres, que je veuille ici aigrir vos plaies, en voulant les guerir ; mon dessein est seulement de vous detromper de ces funestes erreurs, qui vous font croire qu’en suivant les Usages, les Coûtumes, les Maximes, & la multitude du monde, vous êtes dans la voie du salut.

216. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Les places dans nos Spectacles étant occupées par des personnes qui les payent, nos Poëtes travaillent pour plaire à l’esprit d’un petit nombre de Spectateurs qui doivent avoir de l’éducation, au lieu que les Poëtes Grecs travailloient pour amuser une foule innombrable de Peuple. […] Comment la Tragédie de Britannicus eût-elle été couronnée à Athenes, puisqu’elle a eu tant de peine à plaire à des Spectateurs qui n’étoient point Peuple ?

217. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Ils ne doivent point se plaire aux discours des flatteursS. […] Que si nous-mêmes à qui les affaires ne permettent pas de prendre du plaisir à ces sortes de divertissements, et qui trouvons assez d’autres plaisirs dans nos occupations, nous ne laissons pas de nous plaire aux Jeux ; Pourquoi trouverez-vous étrange que le petit peuple s’y plaise…. […] Il fait quand il lui plaît ou des fous, ou des sages. […] Tous sont-ils capables de cet emploi : et doit-on souffrir que chacun se mêle de conduire la jeunesse comme il lui plaira ? […] , que pour me rendre agréable aux hommes, non en les instruisant, mais en voulant seulement leur plaire.

218. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Le prémier de ces deux genres est digne de plaire à ceux pour qui le beau naturel a des charmes : sa modulation procède d’une suite de Sons liés ensemble sans violence ; c’est-à-dire conformément à ce que la Nature nous enseigne, & qu’on observe pour peu qu’on ait l’oreille & l’organe de la voix justes. L’autre, au contraire, se plaît à déranger l’ordre naturel qui doit se trouver entre les Sons, en les haussant ou les baissant par des Dièses ou des Bémols. […] On est parvenu de nos jours à joindre ces deux musiques si différentes l’une de l’autre ; on en compose un genre mixte, qui doit plaire tout-à-la-fois aux Partisans de la France & de l’Italie.

219. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

C’est la demande de l’eloquent Salvien, qui y ajoute : « Si Dieu daigne vous regarder quand vous vous trouvez à la Comedie, il doit par une suite necessaire se plaire aux choses qui s’y passent : mais puisqu’il en detourne les yeux, il les detournera aussi de vous. » Mais je veux qu’une personne soit de bronse ; & qu’au milieu du feu elle n’en sente aucune affection, aucun mouvement qui l’amollisse : cependant c’est cette prétenduë insensibilité qui est la plus vaine illusion, & en quoi consiste son mal : car la vanité, cette dangereuse passion, qui s’attache aux plaisirs du monde, fera du progrés, qu’elle n’appercevera pas d’abord, mais qui ne deviendra ensuite que trop sensible par l’insensibilité, qu’elle aura bientôt à tous les mouvemens d’une devotion chrétienne. […] J’irai sur le soir à la Comedie, pour y apprendre à vous plaire, ô mon Seigneur. […] A Dieu ne plaise, que je lui veuille inspirer un état plutôt que l’autre : il n’appartient qu’à Dieu de lui marquer la route où elle doit entrer : & ce doit être l’effét de la vocation du ciel, & non point du conseil des hommes.

220. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

L’art trop affecté lui nuirait, au lieu de l’embellir ; il ne s’écarte guères de la Vérité ni de la Nature ; & de là lui viennent ses principales beautés ; aussi ne cherche-t-il point ordinairement loin de nous les moyens de plaire.

221. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Une piece de théatre bien représentée doit plaire aux sourds & aux aveugles, aux sourds par la beauté des gestes & la vérité du pantomime, aux aveugles par la beauté des paroles & le son agréable de la voix, & à ceux qui jouissent de la vue & de l’ouïe, par le parfait accord de ces deux choses qui sont faites l’une pour l’autre. […] On est ainsi bien sûr de plaire à Voltaire ; on est digne d’être son admirateur & son disciple. […] N’y eût-il que l’inutilité, la perte du temps, la dissipation dont on contracte l’habitude, le trouble du cœur qui doit être le sanctuaire de la paix, le dégoût des vertus chrétiennes, l’humilité, la mortification, la pureté, & le goût qu’on prend des vices opposés, la concupiscence des yeux, l’orgueil de la vie, les révoltes de la chair ; l’esprit de piété que l’on perd, les vœux du baptême qu’on viole, le soin de plaire que l’on prend, les exemples qu’on donne, la satisfaction d’avoir plu, l’impossibilité où l’on se met de conserver la présence de Dieu, l’esprit & l’exercice de la priere. […] On n’éprouve pas, dit-on ces tristes effets, c’est qu’on est tout corrompu, qu’on s’y plaît, qu’on s’y est habitué & familiarisé.

222. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Les coquettes jalouses se garderont bien de lui conseiller la façon de s’y prendre, pour plaire à la manière du jour. […] Voilà l’« objet céleste » devenu terrestre : à qui la faute, s’il vous plaît ? […] Quand Messieurs nos petits-maîtres Français un peu mieux instruits, un peu plus gens de goût, rendront aux talents l’hommage qu’on leur rend en Italie ; quand ils sauront les préférer à la fadaise ; quand nos orgueilleux Philosophes ne borneront plus dédaigneusement les femmes à coudre et à tricoter ; quand les femmes riches et de qualité ne s’occuperont plus d’ouvrages qui devraient être ceux de leurs soubrettes ou faire gagner quelques sous à une malheureuse couturière ; que, pour plaire aux hommes, elles croiront devoir donner aux beaux-arts la moitié du temps qu’elles perdent à leur toilette, qu’une plume ou un pinceau feront tomber de leurs mains la navette, et le sac à l’ouvrage, je vous proteste que nous aurons bientôt autant de femmes illustres que d’hommes, et que notre sexe n’aura pas à se négliger s’il veut conserver toujours la supériorité du nombre et des talents. […] Plaignez-vous donc à présent Monsieur de ce que les femmes ne sont pas raisonnables ; qui les rend folles, s’il vous plaît, sinon les hommes ?

223. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

On oppose que le Bal est un divertissement public, plût à Dieu qu’il ne le fût pas tant, le désordre n’en serait pas si déplorable s’il était moins commun. […] N’est-ce point aussi que nous nous plaisons à voir une chose bien imitée ? […] Dieu pouvait-il donner un avis plus pressant aux Français pour leur faire entendre que la momerie ne lui plaît point, que de faire venir leur Roi, qui s’en était voulu mêler, sur le bord du précipice ? […] Plût à Dieu que tous les Chasseurs en voulussent user de la sorte, je n’estimerais pas seulement la Chasse pour le divertissement, je l’aimerais encore pour la vertu. […] Plut. in Alex.

224. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Boileau dit de lui : Plut au Ciel, pour couronner l’ouvrage, que Montausier daignât y joindre son suffrage. […] La jeune d’Aubigné fut trop heureuse d’épouser Scarron, vieux débauché, bouffon, perclus, Cudejatte qui voulut bien la prendre, il n’étoit rien moins qu’un maître & un modèle de vertu : Je lui apprendrai bien des sottises , disoit-il, après la mort de cet homme burlesque ; ne sachant que devenir, elle fut reçue quelque temps chez Ninon Lenclos, la plus fameuse courtisanne à qui elle plut, & avec qui elle vécut si familièrement qu’elles couchoient ensemble ; ce qui n’étoit rien moins encore qu’une école de vertu : enfin la veuve Scarron entra comme une espèce de femme de chambre chez Madame de Montespan, autre modèle de vertu dont elle devint la confidente, la commissionnaire auprès de Louis XIV, & enfin la Gouvernante de ses enfans naturels, dont l’éducation lui fut confiée ; elle s’acquitta si parfaitement de tous ces emplois, qu’elle plût au Roi, supplanta sa maîtresse, la fit retirer de la Cour, & devint femme du Prince, le rendit pieux, & lui fit fonder la fameuse Maison de St. […] Cet hommage lui plut infiniment, car quoique très-vertueuse elle n’étoit pas encore déclarée pour la haute spiritualité ; l’Abbesse de Salfines avec ses Religieuses, la plupart jeunes, jolies, & toutes filles de condition, se rendirent dans la salle du festin pour voir la fête, elle fut admise dans le cercle. […] Le Cardinal Mazarin disoit à Dom Louis de Haro, Ministre d’Espagne : vous êtes heureux, vous avez en Espagne deux sortes de femmes, des coquettes en abondance qui ne songent qu’à plaire à leurs galans, & n’écrivent que des poulets ; quelques femmes de bien attachées à leurs maris & à leurs familles, toutes sont sans ambition, n’aiment que le luxe & la vanité.

225. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Elle ordonne que tout cherche à plaire à son amant qu’elle a fait enlever. […] Ne chantons point de Lampsaque de & Caprée, ni de Crisis les lascives fureurs, ni de Flora les nocturnes horreurs ; qu’ici l’Amour épurant son systême, nud, mais décent, plaise à la pudeur mème ; que Vénus donne à Vesta des désirs. […] On est forcé pour plaire de se conformer au goût du public. […] Peut-être le pouvoir qui te créa si belle, de mon ame en tes yeux alluma l’étincelle ; pour mon bonheur sans doute il voulut te former ; il t’a faite pour plaire, & c’est à moi d’aimer , &. […] La femme n’existe que pour plaire, l’homme que pour l’aimer.

226. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

La multitude de ceux qui vont présentement à la Comédie, est une conviction manifeste de l’horrible dépravation de nos mœurs ; puisque cela fait voir que le nombre de ceux à qui le bien ne plaît pas, l’emporte infiniment au dessus de celui des gens de bien. […] Ainsi qu’un homme dise tant qu’il lui plaira qu’il ne veut pas se noyer en se précipitant dans un abîme, ou qu’il ne prétend pas se brûler, en se jetant dans un grand feu, il ne laisse pas néanmoins de se noyer effectivement et de se brûler ; et par conséquent il se rend coupable de sa mort. […] Ainsi personne ne demeurera auprès de vous que les Démons invisibles, auxquels vous avez tâché de plaire, et auxquels vous êtes si soumis et si obéissant durant votre vie. […] Je vous rends grâces, ô mon Dieu, ajoute-t-il, de ce qu’il vous plaît nous apprendre dans le verset suivant quels spectacles nous devons proposer à ceux qui ont encore quelque affection pour les Théâtres ; après que votre grâce les en a retirés. […] faites s’il vous plaît la grâce à tous ceux qui portent la qualité des Chrétiens, de rejeter ce qui est contraire à un nom si saint ; et d’embrasser tout ce que demande d’eux une profession si divine.

227. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Vous l’étes, mais de grace ayez à vôtre tout un peu d’indulgence pour un art, qu’il vous plaît de traiter de badin. […] Elle doit s’attacher à profiter en amusant : elle ne s’occupe qu’à plaire, fût-ce en se rendant nuisible. […] Plût au Ciel que les Auteurs de Théatre le comprissent également, si pourtant il suffit en pareille matiere de comprendre sa faute pour s’en repentir ! […] N’est-ce pas au contraire dans les ambiguités de l’équivoque, ou dans la tendresse vicieuse du sentiment que l’Acteur se complaît, & s’efforce de plaire ? […]   Voilà donc les Spectateurs ausquels il s’agit de plaire.

228. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Mais c’est une imitation trop parfaite de sa maîtresse ou de sa mère en l’art, & dans le désir de plaire au théatre & ailleurs. […] Il plut au Comédien Grandval, en 1751, de composer & de faire jouer une piece digne de lui, intitulée Gasparibout. […] Le Marquis du Rozet vient de faire jouer la comédie la Méchante C’est une fille hautaine qui ne se plaît que dans le désordre qu’elle cause & les ridicules qu’elle donne, jouant des tours & faisant des noirceurs à tout venant.

229. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Les Dieux se plaisent-ils à causer nos tourmens ? […] Peut-on se plaire à ces blasphemes ? […] est-il de plus grande folie que d’outrager la Divinité, de s’étudier à produire, de s’efforcer à bien représenter, de se plaire à lui voir faire ces outrages ?

230. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Quelque variété, quelque activité qu’y jette le désir de plaire, tout cela est borné dans la société, assez lent & assez uniforme ; l’effet dépend beaucoup du hasard. […] Cependant Hérode en est hors de lui-même, il jure de donner tout ce que lui demandera la danseuse qui l’a enchanté ; & pour lui plaire, il commet un crime : la tête du saint Précurseur est la récompense d’une danseuse. […] quel effet sur les autres danseuses qui concourent à former le tableau, sur le Sultan si vivement attaqué, sur l’Odalisque même si ingénieuse & si amoureuse, en faisant le choix de celle qui plaît le plus après tous ces préludes !

231. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

« Elle se sert pour plaire, de la douceur des vers, de la beauté des expressions, des habits, des gestes, de la voix, des accents, ravit l’esprit et charme les sens. […] Les filles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur elles que sa piété, qu’elles sont plus touchées de la perte qu’elle fait de son amant, que de celle qu’elle fait de son père, et qu’elles sont plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner. » Il regarde comme impossible, depuis le péché originel l’entière pureté du théâtre, ainsi que des Poètes, parce « que les mauvais exemples plaisent plus que les bons, qu’on a plus d’inclination pour le vice que pour la vertu, qu’on exprime beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les criminelles que les innocentes, et que les Poètes, contre leur intention même, favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et lui prêtent des armes contre la vertu, qu’ils veulent défendre, etc. » Sans toutes ces antithèses, ordinaires à cet éloquent et pieux Ecrivain, et qui n’affaiblissent pas la vérité qu’il enseigne, le P. le Moine, Jésuite, dans son Monarque, le P. […] Non seulement le métier de Comédien est infâme et criminel, c’est encore un crime de regarder la comédie et de s’y plaire ; les plaisirs d’un esprit lascif dégénèrent en crime.

232. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Ce n'est pas assez de ne pas les imiter, ne vous liez pas avec eux ; plût à Dieu pussions-nous en être entièrement séparés ! […] Plût à Dieu ne vît-il pas nos forfaits, nous n'aurions pas à craindre son jugement ; mais il ne les voit que trop, aussib ien que nos spectacles. […] Peut-il se flatter de plaire à Dieu, ce cocher du cirque qui cause tant de troubles, excite tant de fureurs, qui couronné comme un Prêtre d'idoles, bigarré comme un Marchand d'esclaves, semble emporté dans son char par le démon ?

233. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

 » Une bonne conscience fait qu’on ne craint pas la solitude ; mais ne fait pas qu’on s’y plaise toujours. […] Ayant à plaire au public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent. […] Rousseau parle d’une vérité métaphysique, je ne lui dispute rien ; chacun se fait des idées comme il lui plaît. […] Une action régulière et intéressante, où l’une des plus violentes passions de la nature tient sans cesse l’âme des spectateurs agitée entre la crainte et la pitié, sera donc ce qu’il lui plaira. […] Mais qu’il plaise aux Romains de faire un crime à leur Empereur d’épouser une Reine, cet orgueil nous irrite, loin de nous toucher.

234. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Il faut pour plaire glisser sur tout, se jouer de tout. […] Nous avons vu que Corneille est assez sincère dans l'examen de la pièce du Menteur, où le mensonge est récompensé, pour convenir que cela n'est point nécessaire, que le Poète qui ne cherche qu'à plaire ne s'en embarrasse pas.

235. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

En intéressant les Philosophes par les vérités répandues dans votre ouvrage, et les gens de goût par l’éloquence et la chaleur de votre style, vous avez encore su plaire à la multitude par le mépris même que vous témoignez pour elle, et que vous eussiez peut-être marqué davantage en affectant moins de le montrer. […] Je conviens d’abord avec vous, que les Ecrivains dramatiques ont pour but principal de plaire, et que celui d’être utiles est tout au plus le second ; mais qu’importe, s’ils sont en effet utiles, que ce soit leur premier ou leur second objet ? […] Une voix secrète et importune nous crie, que ce qui est beau, grand et vrai, plaît à tout le monde, et que ce qui n’obtient pas le suffrage général, manque apparemment de quelqu’une de ces qualités. […] Plût à Dieu qu’elle y fût plus ancienne de deux cents ans ! […] Quoi qu’il en soit, je ne sais si les Ecclésiastiques Genevois que vous avez voulu justifier sur leur croyance, seront beaucoup plus contents de vous qu’ils l’ont été de moi, et si votre mollesse à les défendre leur plaira plus que ma franchise.

236. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Nous vous dirons encore avec la liberté d’un saint Prophéte, & plaise au ciel que ce soit avec le même succès : Vous ne pouvez servir deux maîtres.

237. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Et pourquoi ne serait-il pas permis aux personnes mêmes consacrées à Dieu, de danser, et à celles qui ne le sont pas de prendre ce divertissement dans un lieu saint, et de le faire autant de temps qu’il leur plaira ?

238. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

J’avoue que les sujets les plus extraordinaires peuvent instruire et divertir quand ils sont maniés par des mains savantes et heureuses ; mais peut-on douter que les matières Saintes quand elles tombent en de pareilles mains, puissent recevoir un tour assez agréable pour plaire et mieux encore pour édifier le Spectateur Chrétien.

239. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Le Président Henault est un homme aimable & plein d’esprit, il s’est fait un nom par un abrégé de l’histoire de France, où regne beaucoup d’ordre & de méthode, semé de réflexions fines & judicieuses, d’un style élégant & naturel, d’un ton de modération & d’impartialité ; quoique dans le fonds, flatteur, courtisan & nationnal ; il vouloit plaire & il a plû. […] Qu’attendre d’un comique payen qui veut plaire à des spectateurs payens si même débitées à des spectacles, non chrétiens, elles allarment si peu la vertu commode & trop indulgente ? […] Plaise au Ciel qu’ils ayent réparé ceux qu’il avoit si mal employé pendant sa vie. […] Une jeune personne, en lisant des avantures galantes, se dit à chaque page, c’est moi : elle croît ne pouvoir vivre sans amour ; bientôt elle dira du premier jeune homme qui lui plaira, c’est lui : se dit-elle moins à la comédie ?

240. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

On voit aisément ce qui frappe le plus une jeune personne, & dans ce qui lui plaît davantage, quelle est la corde de son ame montée à l’unisson. […] Un peuple à qui on ne peut plaire qu’en lui montrant le vice, non seulement touche à sa corruption, il est déjà corrompu. […] Les vieillards s’y opposent, il plaide la cause de Cecile, & sans attendre leur réponse, donne la rose en main à celle qui lui plaît. […] La coquetterie, les discours libres, les familiarités indécentes sont des jeux & des graces qui ne flétrissent pas la rose de la vertu ; les plus grands désordres terniroient à peine ses vives couleurs, & n’en priveroient pas l’Iris qui a su plaire.

241. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Appliquez-vous, s’il vous plaît, à ces trois pensées, qui demandent un plus ample éclaircissement, et que je vais mettre dans leur jour. […] Comprenez-la, s’il vous plaît, toute entiere ; il s’agit de la conscience et du salut, et tout ce qu’il y a eu jusqu’à présent, sur ces sortes de matieres, de juges compétents, de juges reconnus et autorisés, ont décidé : mais ce n’est point ainsi qu’en jugent quelques mondains, et ce n’est qu’à eux-mêmes qu’ils veulent s’en rapporter. […] Belle leçon pour vous, peres et meres, c’est par-là que je conclus cette premiere partie ; et plaise au Ciel que vous en compreniez toute la conséquence ! […] Ils posoient pour principe, qu’une jeune personne ne devoit jamais se produire au jour qu’avec des réserves extrêmes et toute la retenue d’une modestie particuliere ; que la retraite devoit être son élement, et le soin du domestique son exercice ordinaire et son étude ; que si quelquefois elle sortoit de là, c’étoit ou la piété ou la nécessité qui seule l’en devoit tirer ; que s’il y avoit quelque divertissement à prendre, il falloit éviter non-seulement le soupçon, mais l’ombre même du plus léger soupçon ; que sous les yeux d’une mere discrette et vigilante elle devoit régler tous ses pas, et que de disparoître un moment, c’étoit une atteinte à l’intégrité de sa réputation ; qu’elle devoit donc toujours avoir un garant de sa conduite et un témoin de ses entretiens et de ses démarches ; enfin qu’une telle sujétion, bien-loin de lui devenir odieuse, devoit lui plaire ; qu’elle devoit l’aimer pour elle-même et pour sa consolation propre, et que dès qu’elle chercheroit à s’en délivrer, ce ne pouvoit être qu’un mauvais augure de sa vertu : c’est ainsi que ces saints Docteurs en parloient.

242. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Son Misanthrope, si sensément critiqué par monsieur Rousseau, plaît par l’action, & ne satisfait point par le dénoûment ; son Tartufe déplaît dans l’action, & satisfait au dénoûment ; voila ses deux chef-d’œuvres : mais le Glorieux, le Préjugé plaisent & satisfont. […] Je sais bien que ce jeu forcé plaît, & que nous sommes dans un siècle où il est impossible qu’il ne prenne pas ; mais il n’est pas naturel. […] Ces jeunes-gens sont des Amans, à qui leur Maitresse, dans le premier feu, plaîrait sous des haillons : mais qu’elle ne néglige pourtant pas sa parure, si elle veut leur plaire longtemps. […] » Plût à Dieu que cela fût ! […] Le plaisir qu’elles donnent ne vient que des grâces naturelles des Exécutans : une jolie femme qui danse plaît aux hommes, moins par son art, que par les charmes qu’elle découvre.

243. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

En conséquence, bien loin d’imiter le généreux Romain (Quintius Capitolius), qui disoit à ses Citoyens… j’ai grande envie de vous plaire ; mais dussai-je encourir la rigueur de vos censures, j’aime mieux sauver vos mœurs. […] Dites donc tant qu’il vous plaira, que les Ecclésiastiques vont à la Comédie, exagérez à votre aise, le nombre des coupables : voici ce que j’en concluerai…. […] Plût à Dieu que le nombre des sacriléges fût moins considérable ! […] Plus occupée de plaire à Dieu qu’au monde, elle n’est ni idolatre de sa figure, ni esclave d’une parure &c, dont on fait étalage, même dans le lieu Saint. […] Plût à Dieu que je n’y eusse jamais mis les pieds !

244. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés. […] Marquez-nous, s’il vous plaît, les raisons qui peuvent avoir porté tant de grands hommes & de Saint Conciles à les proscrire avec une indignation si universelle ? […] A Dieu ne plaise donc que nous cherchions à nous glorifier en d’autre chose qu’en vous, par qui le monde est crucifié pour nous, comme nous sommes crucifiés pour le monde.

245. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Castel fit paroître son clavecin oculaire, & que par l’analogie des couleurs avec le sons, il crut pouvoir donner un concert aux yeux, comme on en donne aux oreilles ; tout le monde lui disoit qu’il devoit pousser plus loin ses découvertes, déterminer la proportion des odeurs & des saveurs, comme celle des couleurs & des sons ; & former un clavecin odorant & savoureux pour le nez & pour la bouche ; il convenoit, & il est certain que les odeurs & les saveurs ont divers dégrès, diverses qualités qui s’accordent ou se combattent, font des consonances ou des dissonances qui plaisent ou déplaisent au goût & à l’odorat. […] Les femmes sauvages , dit plaisamment Montagne, se saupoudrent & encroutent comme nos fritures & nos pâtés avec les drogues de leur terroir  ; car chaque pays a les siennes, chaque femme son goût, & chacun prend ce qui le flatte, comme il mange ce qui lui plaît. […] Les Poëtes en font ce qui leur plaît ; ce seroit une peine fort inutile de vouloir les concilier, il est vraisemblable que ces mots nectar & ambroisie signifient seulement quelque chose d’un goût exquis & d’une odeur délicieuse.

246. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Les plus célèbres tâchèrent de purger le théatre des plus grossieres obscénités (on faisoit grace au reste, l’effort coûte peu, à qui plaisent les grossieretés, encore même ne les bannirent-ils pas). […] Un caractère vif, malin, brusque, libertin, qui aime la débauche, se plaît dans l’ordure, & s’endort aux fades déclarations des Rolands, des Atis, des Amadis, &c. […] Plaise au ciel que nos successeurs ne vérifient pas la prédiction d’Horace !

247. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Je ne vois que les Enfans-trouvés, qui, nourris par le Prince, n’apartenant qu’à lui, étant sans biens, sans famille, puissent être destinés à un état où l’on n’est pas à soi-même ; où l’on ne vit, où l’on ne respire que pour plaire aux autres & les amuser. […] PRÉVILLE, début en 1753 : Il plaît toujours ; ses fautes même sont d’heureuses négligences, que le Public ne voit que du bon côté. […] Un Acteur dont l’état est de plaire, & qui n’est rien s’il ne plait, doit réunir la convenance dans la taille, l’agrément de l’organe, la noblesse de la figure, à l’intelligence, aux entrailles : Si les dons naturels n’étayent en vous le talent, & ne lui donnent le lustre de l’amabilité, quittez un état où l’on paie de sa personne, & prenez un de ceux où la Société n’a droit de nous reprocher que nos vices.

248. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Le Théâtre rend la Vertu aimable, c’est ce que les Auteurs Dramatiques et bien des sages pensent unanimement : mais cet avantage ne vous étonne point, ce n’est pas selon vous opérer un grand prodige, la nature et la raison l’opèrent avant la scène ; distinguons, s’il vous plaît. […] Impatient déjà d’expier son offense Au-devant de ton bras, je le sens qui s’avance Frappe. etc.. » bj Ce n’est point Phèdre directement, c’est Œnone sa confidente qui conduit la malheureuse intrigue qui cause la mort d’Hyppolite ; en un mot si l’on sent de l’horreur pour le crime de Phèdre, elle force en même temps le Spectateur d’aimer ses remords et sa vertu à l’exemple de ce Prélat si célèbre par les charmes de son éloquence, par la profondeur de son savoir et par l’éclat de ses vertus ; « Phèdre disait-il, toute incestueuse qu’elle est, me plaît par sa vertu. »bk Remarquez s’il vous plaît, que le Vice ne gagne rien à l’intérêt qu’on prend pour Phèdre, la vertu de celle-ci augmente au contraire l’exécration qu’Œnone mérite d’un bout à l’autre de la pièce.

249. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Les livres de dévotion ne l’empêchaient pas de songer à plaire aux Dames ; malgré sa galanterie, il prétendait passer pour savant en Hébreu, en Arabe et en Syriaque, jusque là qu’il voulut acheter cent mille écus la Polyglotte de M. le Gay, pour la mettre sous son nom. […] Francion plaît par des qualités opposées. […] « Enfin on obtint de lui une espèce de consentement, qu’il ne donna qu’à la crainte de déplaire au Ministre, et qu’il donna pourtant avec assez de fierté. » Lassé, intimidé, craignant pour sa pension, il laissa échapper ces paroles dans une lettre : L’« Académie peut faire ce qui lui plaira ; puisque Monseigneur est bien aise de voir ce jugement, et que cela doit divertir Son Eminence, je n’ai rien à dire. » Cet acquiescement était bien équivoque et bien faible.

250. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

« Nous nous sommes séparés de votre Théâtre, parce que c'est un mystère d'impudicité, où rien n'est approuvé que ce que l'on condamne ailleurs ; et tout ce qu'il a de charmes pour plaire, ne vient que des gesticulations trop libres des Atellans, et des honteuses représentations des Mimes, où les femmes se font voir sans aucun reste de pudeur. » Aussi lors que Saint CyprienD.

251. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

J’en dis de même de la vertu : il n’est pas honnête de se plaire à la voir ou jouée ou outragée sur un théâtre : Mais sans tout cela, ces spectacles sont absolument incompatibles avec la dévotion, parce qu’ils remplissent l’âme de vaines passions, et nous avons besoin d’une âme libre.

252. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Mais qu’importe qu’elles leur déplaisent, pourvu qu’elles vous plaisent ô mon Dieu.

253. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La plus sanglante Satyre était sûre de plaire à ce Peuple jaloux, lorsqu’elle tombait sur l’objet de sa jalousie. […] Les révolutions que la Comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des Peuples & dans la forme des Gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des Chefs, étant l’objet principal de l’envie, & de la censure dans un Etat démocratique, le Peuple d’Athènes, toujours inquiet & mécontent, devait se plaire à voir exposer sur la Scène, non-seulement les vices des Particuliers, mais l’intérieur du Gouvernement ; les prévarications des Magistrats, les fautes des Généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre & séduire.

254. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

A cette cause supplie la cour, vu la permission du Roi, la vérification d’icelle, et considéré les préparatifs que les entrepreneurs ont faits, et que res non est amplius integra bv, il plaise à la cour lever lesdites défenses, autrement perdraient les pauvres gens beaucoup. […] Et quant à la seconde requête dudit procureur général, tendant à ce que défenses fussent faites aux nouveaux maîtres entrepreneurs du Mystère du Nouveau Testament, ladite cour a fait et fait inhibitions et défenses auxdits nouveaux maîtres de procéder à l’exécution de leur entreprise, jusques à ce qu’elle ait su le bon plaisir et vouloir du Roi pour, icelui ouïcd, leur faire telle permission qu’il plaira audit Seigneur ordonner.

255. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Des hommes et des femmes déclarés infâmes par le Concile 7. de Carthage, et excommuniés, selon le témoignage de saint Cyprien, en la première lettre du septième livre de ses Epîtres, sont les instruments funestes dont le démon  se sert pour remporter ces victoires sur la piété chrétienne, et se mettre en possession de ces triomphes, trouvant ces misérables parfaitement dociles à tous les mouvements qu’il lui plaît de leur imprimer dans le cœur et dans le corps. […] Contentez-vous, s’il vous plaît, de ce petit essai, que j’ai fait plutôt pour satisfaire votre pieuse inclination, que pour vous persuader une vérité constante parmi les vrais Chrétiens, et que ceux-là seulement veulent rendre douteuse, qui s’aveuglent volontairement eux-mêmes, et qui ressemblent à celui qui renonce à la lumière pour se porter au mal avec plus de liberté « Noluit intelligere ut bene agat », Ps. 35.

256. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Le public voulait que les demi-dieux et les héros de l’antiquité judaïque et païenne eussent ses formes, et si Racine, pour plaire à la cour et au public, en altéra les images en leur donnant la couleur des mœurs françaises, il réagit simultanément sur les générations à venir, par la pureté de son goût, l’élégance de son langage et la perfection de ses tableaux. […] Reine de France, elle mêle au sang de son père le sang de ses enfants, et celui de tous ceux qui sont assez malheureux pour lui plaire.

257. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Je sçais qu’il y a des Ouvrages de ce genre, qui doivent être regardés comme des chefs-d’œuvre capables d’instruire & de plaire. […] périsse notre art, que nos lyres se taisent, Si les sons de l’amour sont les seuls qui nous plaisent ! […] C’est par ce ton excessif de bouffonnerie, que le Théatre Italien plaît à tant de personnes. […] Il faut, pour leur plaire, des Spectacles, non qui moderent leurs penchans, mais qui les favorisent & les fortifient…. […] Voilà les Spectateurs à qui les Poëtes & les Comédiens sont obligés de plaire dans une Nation caractérisée par le goût de la frivolité & du plaisir.

258. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Si donc il est arrivé que le libertinage des Acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des Ames Chrétiennes, il ne faut en cela qu'imiter les Empereurs qui n'ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d'en réformer l'abus, et d'imposer des peines rigoureuses contre ceux qui par leurs désordres corrompaient l'excellence de cette Poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout, et conserver un art qui peut plaire.

259. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXII. Passages de Saint Ambroise et de Saint Jérôme sur les discours qui font rire. » pp. 124-131

, qui fait que l’on plaît à ceux qui écoutent : que si Saint Thomas par l’autorité d’Aristote, dont on avait peine à se départir en son temps, semble peut-être pousser un peu plus avant dans sa somme la liberté des plaisanteries ; il y réduit néanmoins 2. 2. q. 168. art. 4. c.

260. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Il ne sert de rien de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer aux sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment : car c’est précisément le danger que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, les sentiments s’insinuent sans qu’on y pense, et plaisent sans être aperçus.

261. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

La piéce fut-elle bien écrite, l’auteur pouvoit il se flatter de plaire par des excès qui n’ont rien que d’affreux ? […] Jeu de théatre, ordinaire aux déesses de Paphos ; elle pouvoit acheter les plus grandes alliances, elle s’est modestement bornée à épouser un petit Dessinateur des menus, qui a eu le bonheur de lui plaire, & dont tout le mérite consiste à avoir eu l’adresse de saisir, à la volée, un moment de saveur amoureuse, pour lui faire au plus vite, recevoir le Sacrement. […] Le théatre est une foire où chacun, pour son argent, achete ce qui lui plaît : la marchandise y est étalée au plus offrant, & le marchand qui a fait une bonne foire, achete ensuite, de ses profits, après avoir été tant de fois vendu à divers acquereurs, sans être accusé de Stellionat. Il est juste que la vertueuse Arnoud achete à son tour un amant qui lui plaise ; c’est la loi du commerce, après avoir satisfait tant d’honnêtes gens, à un juste prix ; il y auroit de la mauvaise humeur de lui réfuser la liberté de se satisfaire ; mais le théatre y va beaucoup perdre.

262. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Alors il se fit connoitre : il lui représenta combien sa conduite étoit indécente ; que la sagesse gémit de voir la folie dans les autres, & n’a garde de s’en faire un jeu ; que c’étoit dégrader sa dignité suprême de se plaire avec les insensés ; qu’en se rendant ainsi méprisable, il affoiblit le respect dû aux choses saintes dont il est la chef & le dispensateur, &c. […] L’impiété, les passions qui y regnent entrainent tout, & font bientôt disparoître tous les scrupules, pour plaire à la compagnie qu’on y trouve. […] Cet enthousiaste de la danse ne peut souffrir la danse de théatre ; ces impertinens qui voltigent, cabriolent, gambadent, pirouettent, font des sauts périlleux, que les animaux feroient mieux qu’eux ; aulieu de la perfection de la figure humaine, ces contorsions, ces postures grotesques, ces situations gênantes, sont des contrefactions de la nature, qui, quoiqu’elles fassent rire, ne plaisent pas, comme les anagrammes, les acrostiches, malgré leur difficulté qui étonne, sont de très-mauvaises poësies : à plus forte raison faut-il rejetter des rôles, des danses ces attitudes voluptueuses, ces postures licencieuses, ces langueurs, ces regards amoureux, ces nudités scandaleuses qui font le mérite des actrices, & qui, en peignant le vice, l’enseignent & le font pratiquer. […] Tout étoit monté sur le ton républicain, & le principal mérite du poëte consistant dans la hauteur & l’indépendance, il ne pouvoit manquer de plaire à un peuple d’ailleurs violent, que tant de fermentation avoit exalté.

263. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Il est vrai que tous les deux outrent les caracteres, & ne peignent point d’après nature ; l’un en faveur du parterre, qu’il faut frapper par de grands traits, amuser par des tabarinages, & faire rire en grimaçant, pour le mieux affecter & puiser dans sa bourse ; l’autre pour plaire à son parti, qui vouloit décrier les Jésuites. […] Si pour plaire à ses parens, il suivit quelque temps le College & l’Université, il ne s’occupa que de son plaisir ; il échappa dès qu’il le put, & se donna à une troupe de Comédiens ambulans, c’est-à-dire à la lie de la populace & du vice, & courut avec elle les provinces. […] Il plut à Louis XIV. […] Jamais Prince ne le porta si loin ; on ne pouvoit sans l’imiter, l’approcher & lui plaire.

264. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Je vous assure qu’ils plairont à bien des gens, et sans doute à trop. […] Que vous vous plaisez à vous faire de frivoles objections ? […] En voilà assez, elle a été flattée dans ses passions, elles y ont été excitées, elle y a appris l’art de plaire, d’aimer et de se faire aimer, de conduire tendrement et avec adresse une intrigue, il faut bon gré mal gré qu’elle mette en pratique ce qu’elle a appris. […] » Plût à Dieu que ce fût là votre unique occupation. […] Ni l’importunité d’un ami, ni l’amour de la vérité, ni l’intérêt, ni le désir de plaire aux Comédiens, ne sont pas, à ce que je crois, les motifs qui vous ont fait agir.

/ 448