Le seul respect qu’ils portent à l’Antiquité, qui les a condamnés, les retiendrait en ce devoir ; s’ils n’avaient la raison, l’exemple, les commandements de la primitive Eglise, les autorités des SS. […] Isidore nous l’apprend livre premier Du service de l’Eglise, chapitre 40. […] Cela ne nous empêchera de vaincre par raison ceux qui nous surmontent d’injures ; nous n’en voulons combattre : l’Eglise nous apprend à prier et bénir, non pas à exécrer et maudire. […] Grégoire de Nazianzej moine et Evêque, une des lumières de l’Eglise, appelé Théologien pour son savoir, a composé la Passion de notre Seigneur en vers grecs Iambiques très élégants.
de sorte qu’on pourrait à bon droit nous objecter, qu’il semble que nous ne recevions le Sacrement de salut, que pour rendre notre offense plus griève [grave] et plus criminelle, que quand nous vivions encore dans le Paganisme : car nous préférons les jeux publics, aux Eglises, nous méprisons les Autels, et autorisons par notre présence les théâtres. […] ne confesserez-vous pas au contraire, que c’est par là que l’on profane les Dimanches et les Fêtes, en quittant criminellement les Eglises et les Autels, comme parle Salvian, pour aller aux jeux publics, et autoriser les théâtres.
J’ose cependant prendre les armes, dûssai-je être accusé de chercher à entretenir le courroux de l’Eglise ? […] Mais en le supposant pour un moment ; s’il était vrai que l’Eglise n’eût pas eu alors assez de motifs pour lancer l’anathème, il ne l’est pas moins qu’elle n’en a pas assez à présent pour le retirer. […] C’est de l’Eglise que doit venir l’absolution qu’il demande ; et il ne s’adresse qu’à un petit nombre de personnes, dont le tribunal n’est guère compétent. […] Quant aux Mandements qui ont paru au commencement de ce siècle, est-ce les détruire, que de dire qu’ils sont une suite des sentiments reçus dans l’Eglise ? […] [NDE] Dans son Discours sur la Comédie, où l'on voit la réponse au Théologien qui la défend, avec l'Histoire du Théâtre et les sentiments des Docteurs de l'Église depuis le premier siècle jusqu'à présent 1694.
L’autorité de l’Eglise & des Saints Peres, contre le fard, est d’un fort petit poids au théatre ; mais que dire contre le Docteur Moliere ? […] On poudra les cheveux d’abord légérement, & ensuite avec prosusion, & la mode en est générale, hommes, femmes, vieillards, enfans ; l’Eglise, la Robe, l’Epée, le commerce, l’attelier. […] D’abord les bourses ne furent employées qu’en voyage, pour courir en chenille : elles étoient indécentes devant les Grands, dans les cérémonies, au Palais, à l’Eglise, peu à peu elles ont acquis tant de considération qu’elles vont par-tout. […] Travail très-inutile à l’Eglise ; n’ont-ils pas blessé le cœur de Dieu par un cheveu ? […] N’y eût il pas même de l’affectation, & de dessein prémédités, la seule négligence suffit pour allumer l’incendie, & rendre coupable la femme qui laisse voltiger les éteincelles, qui l’apporte de toute part, au bal, à la comédie, à l’Eglise, à la promenade, au cercle, dans les rues.
Quoique l’Eglise l’ait dans tous les temps condamné et sévèrement défendu aux Ecclésiastiques, on a vu des Prélats le tolérer, ils s’y croyaient obligés, on en a vu l’aimer et le fréquenter. […] Mais où a-t-on vu des Evêques, des Cardinaux de l’Eglise Romaine, en être les fondateurs avec le plus grand éclat ? […] Comment un Prêtre, un Evêque, un Cardinal, à qui la sainteté de son état et tous les canons de l’Eglise l’interdisent, non content de le tolérer, d’y aller, d’y attirer sa cour, veut-il encore loger chez lui à demeure la source du vice ? […] On est étonné des grands ouvrages qu’a faits le Cardinal de Richelieu, l’Eglise de Sorbonne, la salle du Spectacle, le Palais Royal, la ville et le château de Richelieu ; on lui en fait un honneur infini : ce sont en effet des chefs-d’œuvre de l’art, dont le projet a quelque chose de grand. […] Leur vie est une comédie perpétuelle, ils passent tous les jours, sans en apercevoir le contraste, de l’Eglise au bal, du sermon à la comédie, d’un service pour les morts à l’opéra, d’une messe pour les calamités publiques aux farces de la foire ; hommes d’état et petits-maîtres, les affaires et le jeu, le tribunal et la toilette, le bâton de commandement et une Actrice, partout jouant leur rôle, licencieux et dévots, riant et pleurant, invoquant Dieu et l’amour, Vénus et les Saints.
Et pour cet effet, tâcherons à prouver par bonnes raisons, que celles qu’ils veulent justifier, et auxquelles ils s’emploient et les entretiennent, sont telles ; Et que les raisons qu’ils apportent pour s’en défendre sont frivoles, et nulles : Et que la pure Antiquité en l’Eglise de Dieu les a condamnées comme pernicieuses. […] L’Apôtre43 ne veut pas que les femmes parlent en l’Eglise ; et quelques anciens interprètes en ont donné cette raison, que leur voix et leur parole, eût pu enflammer la convoitise en leurs auditeurs. […] Aussi ont-ils été par les anciennes règles Ecclésiastiques, exclus de toutes charges en l’Eglise, même après leur repentance et réconciliation. […] Car tous les jours que ces jeux malencontreux se célèbrent, s’il y a quelque solennité Ecclésiastique, non seulement ceux qui se disent Chrétiens, ne viennent point à l’Eglise, mais si quelques-uns, qui ne l’ont pas su, y viennent, et qu’ils entendent qu’on fait des jeux, ils laissent l’Eglise, pour y accourir. […] L’Eglise est vide ; le lieu Comique rempli.
On auroit tort de confondre le dépôt de la loi avec les mœurs des premiers Pasteurs ; ce Pape si peu fait pour être Pape, ne s’écarta jamais des vérités de la foi, dans ses décisions, ses Bulles contre Luther sont très-justes ; le cinquieme Concile de Latran, où il présida, & qu’il termina, est reçu de toute l’Eglise, & prescrit les regles les plus sages. Dieu veille sur son Eglise, les portes de l’enfer, ni même les mauvaises mœurs des premiers Pasteurs ne prévaudront point contr’elle. […] Le théatre doit être bien mauvais, puisqu’il a contribué à perdre les mœurs du chef de l’Eglise, & a jetté une tache ineffaçable sur la mémoire, & qu’il n’a été aimé que par un homme sans mœurs ; aussi aucun de ses successeurs n’a donné un pareil scandale, même Clément VII, de la même maison de Médicis ; encore moins Léon XI, qui vécut & mourut en saint. […] On pourroit rapporter mille autres traits de ce fameux Pape, que les événemens ont si fort donné en spectacle à l’Europe, pour & contre lequel on a tam écrit ; mais ce n’est pas notre objet, nous nous bornons à ce qui a rapport au théatre, & nous concluons, que si on ne peut conserver avec trop de soin le plus profond respect pour le Chef de l’Eglise, on ne doit pas moins malgré les exemples de Léon avoir une véritable horreur du théatre. […] Le Clergé de Lyon consentit de l’enterrer dans l’Eglise, & d’y laisser mettre cette épitaphe ; mais Bayle a tort d’en conclure la tolérance de l’Eglise pour les comédiens.
Mais ce que je puis dire, c’est qu’elles ne peuvent paroître en cet état dans les Eglises & aux pieds des Autels, sans commettre une grande irreverence, ne le pouvant faire sans incivilité dans la chambre d’une personne à qui elles doivent quelque respect. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques les mascarades & les autres divertissemens de même nature, qui des honorent l’Eglise. » Le Concile Provincial de Narbonnea en 1551. […] Les filles dansent toute une aprés-dinée & jusqu’à minuit sans se lasser, & elles ne pourroient aller autrement qu’à cheval ou en carosse dans une Eglise voisine. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques, les danses & tous les autres jeux qui deshonnorent l’Eglise. » Des Statuts Synodaux de Valentin Evêque d’Heildesheimb en 1539. […] Observat. sur la discipline des Eglises P.
Bien loin que les tons, les airs, les gestes, le style du théâtre soient utiles aux Ministres de l’Eglise ou à ceux de Thémis, ils lui sont absolument opposés : comment deux ennemis irréconciliables se serviraient-ils de leçon et de modèle l’un à l’autre ? […] Ce n’est pas assurément à des Orateurs formés par de tels maîtres, que l’Eglise et la magistrature, la religion et la justice, la droiture et la vertu, ont jamais dû leur gloire ; la seule idée que leurs talents étaient l’ouvrage du théâtre, les eût décrédités sans retour ; on eût dit comme Boileau, « et dont les Cicéron se font chez P. […] 2.) : Enfin la Discipline des Eglises Réformées (Traité de divers Synod. impr. à Geneve en 1661. […] 11) dit : « Ces personnes Ecclésiastiques et Religieuses, pour n’avoir pas fait assez de réflexion sur les saintes ordonnances de l’Eglise, font représenter des pièces par de jeunes étudiants, et y entremêlent des danses et des ballets. […] La malignité veut encore, mais c’est toujours malignité, qu’à la grossièreté près, dont tous les théâtres sont aujourd’hui purgés, on trouve dans ces pièces toutes les tendresses de l’amour, tout le fiel de la médisance, tous les emportements de la colère, toutes les horreurs de l’impiété, toutes les folies du paganisme, des divinités, des sacrifices, des Prêtres habillés d’une manière fort approchante des nôtres, souvent avec des ornements sacerdotaux assez peu déguisés ; qu’on joue quelquefois jusque dans les Eglises et les Congrégations, d’où on tire le matin le saint Sacrement pour faire place à Arlequin, etc.
Mais je vois bien que ces bons solitaires sont aussi sensibles que les gens du monde ; qu’ils ne souffrent volontiers que les mortifications qu’ils se sont imposées à eux-mêmes, et qu’ils ne sont pas si fort occupés au bien commun de l’Église, qu’ils ne songent de temps en temps aux petits déplaisirs qui les regardent en particulier. […] Il n’importe que l’on compare dans un écrit les fêtes retranchées avec les auvents retranchése ; il suffit que cet écrit soit contre M. l’Archevêque, ils le placeront tôt ou tard dans leurs recueils : ces impiétés ont toujours quelque chose d’utile à l’Eglise.
Ils se joignent à ces malheureux dont parle le Prophète, et te rendent exécuteurs de leur mauvaise volonté, « Quiescere faciamus omnes dies festos Dei. » Ce qui est si sensible à l’Église, qu’elle veut qu’on les retranche de son Corps, dans le quatrième Concile de Carthage, comme des membres pourris, avec le glaive de l’excommunication. La seconde Table du Décalogue, qui nous ordonne l’amour du Prochain, est renversée allant à la Comédie, par le scandale que l’on donne à son Prochain, voire à toute l’Église. […] On ne doit pas s’étonner que les enfants du monde combattent avec tant de chaleur ces sentiments, qui étant des suites nécessaires de la Religion, et inséparables de la vraie piété, sont aussi anciens dans l’Église, que les vérités chrétiennes qui les produisent : Car renversant le Théâtre, et ruinant la Comédie, on détruit tout d’un coup le royaume de Satan, qui ne subsiste, selon l’Apôtre S. […] Je me contenterais de vous faire remarquer qu’il ne proscrit pas ces Spectacles du Christianisme, seulement comme ayant leur source dans idolâtrie, qui faisait de ces actions profanes des sacrifices à leurs fausses divinités : où comme s’il ne s’y passait rien qui ne fût contraire à l’humanité naturelle, à l’homme qui abhorre le sang : Mais comme des pompes du Diable, auxquelles nous avons renoncé entrant dans l’Église par le Baptême, et devenant membres de Jésus-Christ, qui a fait profession au nom de tous ses enfants de n’être point du monde : et comme des nourrices des mauvais désirs qui sont les sources fécondes de tous les péchés.
Jugez si les Pères auront invectivé contre, et employé les ornements de l’éloquence et l’autorité dont Jésus-Christ les avait revêtus dans son Eglise pour les en détourner, et extirper ce scandale. […] On voit en une infinité d’endroits de leurs écrits, surtout de ceux de saint Chrysostome, les marques d’un zèle Apostolique contre cette pernicieuse inclination qui commençait déjà à corrompre l’innocence des fidèles, ils les ont considéréb comme une invention du diable pour amollir le courage des soldats de Jésus-Christ, ils déplorent l’aveuglement extrême de ceux qui croient qu’on peut assister à ces représentations dont on n’a guère coutume de remporter que des imaginations honteuses, ou des desseins criminels, ils font voir l’obligation indispensable qu’on a de quitter ces occasions prochaines d’incontinence, ils appellent ces assemblées des sources publiques de lubricité, où la grande Babylone mère des fornications de la terre fait boire le vin de sa prostitution, ils les décrient comme des fêtes du diable, et obligent ceux qui y ont assisté de se purifier par la pénitence avant que de rentrer dans l’Eglise, enfin ils font des peintures si affreuses de l’état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements profanes, qu’on ne peut les voir sans frémir et sans s’étonner de l’éffroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands dérèglements ne font horreur, que lorsqu’ils sont rares, mais qui cessent d’en être choqués dés qu’ils deviennent communs. […] L’Eglise n’admettait anciennement personne à ce Sacrement qu’en exigeant de lui qu’il renoncerait aux spectacles du théâtre. […] Si l’Eglise n’exerce pas la sévérité de ses censures sur ceux qui vont à la comédie, parce que le nombre de ces coupables est trop grand, elle exclut les comédiens à la vie et à la mort de la participation des Sacrements s’ils ne promettent sincèrement de renoncer à ce métier infâme, on les passe à la table de la communion comme des pécheurs publics s’ils sont assez hardis que de s’y présenter.
Elles vont la chercher, la ramenent dans leur carrosse, lui cedent le fonds, lui donnent des fêtes ; à leurs exemples toutes les femmes des actionnaires & bien d’autres se font honneur de la société des actrices, sur-tout de celle-ci, on les voit par-tout avec elle ; mais jamais à l’Eglise : ces Dames se trouvent à la toilette de la Princesse, disputent aux femmes de chambre, l’honneur de la servir, en prenent des leçons de parure, cependant c’est la plus dangereuse rivale auprès de leur mari & de leurs amants ; la plus séduisante maîtresse de leurs enfans, le plus contagieux exemple pour leurs filles ; mais sa mere, sa sœur, elle-même ont été autrefois leurs femmes de chambre ; mais les comédiens furent toujours, & sont encore infâmes. […] Les instrumens jouerent pendant le déjeuné ; à dix heures on se rendit à l’Eglise, où la musique se fit entendre ; on revint à l’Hôtel-de-Ville, où on servit le dîné, après lequel suivit le bal, & la fête continua les deux jours suivans de la même maniere. […] Cette actrice couronnée causa les plus grands maux dans l’Eglise & dans l’Etat : elle soutint l’hérésie des Eutichéens, fit déposer & mourir le Pape St. […] On a vu trois fois renouveller cette burlesque cérémonie, dont le ridicule avoit pour objet de confirmer le peuple dans leur aversion pour l’Eglise Romaine. […] Autant l’Eglise est déclarée contre les spectacles, parce qu’ils sont opposés à l’esprit du christianisme ; autant la police voit avec peine leur interruption, à cause du désordre que cette interruption peut entraîner ; ainsi par une de ces contradictions si fréquentes dans notre morale, ce qui corrompt les mœurs, sert donc à réprimer leur corruption, du moins à substituer aux passions fougeuses qui troubleroient l’ordre public des passions, plus douces & plus tranquilles.
Faut-il que son intérêt ait pensé causer un schisme, & en inspirant de l’aversion pour le Chef de l’Eglise, occasionné une si grande division ? […] Il ordonna aux Evêques de le publier dans les Eglises, & aux Juges d’y tenir la main, comme d’une grande conséquence pour le bonheur du peuple & le maintien de la Religion Anglicane ; deux fins justes & salutaires qu’il se propose. […] Les Pasteurs ne veulent pas se réunir à une Eglise austere, où tout inspire le chagrin & l’ennui. […] Tant ces deux Princes avoient peur qu’on ne devint bête, faute de danse, tant ils avoient envie de rendre agréable aux Catholiques une Eglise qui danse par principe de Religion & de soumission aux Loix. L’Eglise Romaine qui n’a jamais connu cette pratique de dévotion, est une misantrope.
Iaqves Tigeov Angevin, Docteur en Theologie, Chancelier et Chanoine en l’Eglise Cathedrale de Metz.
Iaqves Tigeov Angevin, Docteur en Theologie, Chancelier et Chanoine en l’Eglise Cathedrale de Metz.
Iaqves Tigeov Angevin, Docteur en Theologie, Chancelier et Chanoine en l’Eglise Cathedrale de Metz.
Esprit à l’Eglise ChrestiennePar le R.P.
les Comédies étaient représentées dans les Eglises ; et durant plusieurs années, on n'y trouva rien à redire, mais lors que les Ecclésiastiques entreprirent d'y paraître avec des masques et diverses bouffonneries indignes de la sainteté des lieux, Innocent III condamna ce désordre sans condamner ces représentations, ni même chasser ces Jeux de Théâtres hors des Eglises.
Elle n’agit plus utilement que dans le physique sur les corpsay. » La musique qui est usitée dans les églises n’a pas même conservé assez de gravité pour l’usage auquel elle est destinée. […] Il faut n’avoir, je ne dis pas aucune piété, mais je dis aucun goût, pour préférer dans les églises la musique au plain-chant.
Vu la Requête et l’approbation des Sieurs Mauduison et Aleaume Docteurs de Sorbonne en la Faculté de Paris, et Chanoines de l’Eglise d’Orléans, ouï le Procureur du Roi, et ce consentant, Nous avons permis à la veuve Paris et à Jacob son gendre, d’imprimer, vendre et débiter le Livre mentionné en ladite Requête.
[frontispice] : Maximes pour se conduire chrétiennement dans le monde, Par M. l’abbé Clement, Aumonier etPrédicateur ordinaire du Roi de Pologne, Ducde Lorraine et de Bar, Prédicateur du Roi,et Doyen de l'Insigne Eglise Collégiale de Ligny, nouvelle édition Revûe et augmentée de l’éloge historique de Feue Madame Henriette de France A PARISChez Hippolyte-Louis Guerin et Louis François Delatour, rueS.
Troisiesme Edition Augmentée du Catechisme des Peres et Docteurs de l’Eglise.
Ils ont des pieces sacrées qu’ils jouent dans les Eglises, si graves & si modestes, que la sainteté des lieux n’en souffre aucune profanation. […] Un des théatres de Londres étoit autrefois un monastère ; on a fait la salle du spectacle dans une grande piece qui servoit d’Eglise ou de chapitre : on voit de toutes parts des Evêques & des Moines peints sur les murailles, qu’on a négligé d’effacer ; on y a appliqué les décorations & les loges avec des peintures analogues. Ainsi on voit Mars & Vénus à côté d’un Moine, Jupiter & Alcmene auprès d’un Evêque, le théatre dans l’Eglise, & l’Eglise sur le théatre, comme les Pénitens blancs par dévotion à l’opéra. […] C’est une fête de dévotion ; on y allume beaucoup de flambeaux, pour imiter les cérémonies de l’Eglise, quoique le soleil donne à plomb sur les Comédiens, & fasse fondre les bougies.
Léon, éleve dans le faste & le luxe des Médicis, maison qui a fait tant de mal à la France & à l’Eglise, & a occasionné les plus grands progrès du Luthéranisme & du Calvinisme, Léon s’attachoit plus à la pompe du spectacle qu’à la décence & à la pureté des mœurs. […] Les hérétiques tournent contre l’Eglise tant de désordres qui dans ce siecle ont déshonoré le Vatican : la conclusion seroit plus juste de dire, il faut que l’Eglise soit bâtie sur des fondemens bien solides, pour n’avoir pas été renversée par des si violentes secousses. […] Thomas, & que si l’un est sanctifié & l’autre réprouvé, pour avoir présenté les mêmes idées, c’est que l’Eglise romaine a toujours deux poids & deux mesures, & que son intérêt dicte ses décisions.
L’Eglise avait sans doute dans cette idolâtrie une raison essentielle d’interdire, dans les premiers temps, le théâtre aux fidèles, ou plutôt ils se l’interdisaient eux-mêmes, s’ils étaient fidèles. […] Si la beauté de l’architecture a fait épargner quelque temple, on en a fait des Eglises, comme le Panthéon à Rome, la Maison quarrée à Nîmes, etc. […] On y dégoûte des choses saintes, on y tourne en ridicule les vertus chrétiennes : c’est un nouveau paganisme au milieu de l’Eglise. […] Cette excommunication, cette horreur de l’Eglise, cet éloignement des Chrétiens, cette privation de prières, d’honneurs funèbres, de sépulture, cet abandon à Satan, voilà une image, hélas !
Certes ceux qui ont les pieds nets en entrant dans l'Eglise de Dieu doivent prendre garde de ne les point souiller, en allant dans des Lieux impurs et propanes qui déplaisent à Dieu.
A quelle école envoie-t-on ici les enfants de l’Eglise, à la chaire de pestilence. […] Examinez (le cas est assez important) les principes et les raisons de ces illustres Docteurs de l’Eglise, et voyez si elles ne portent pas autant sur les comédies d’à présent que sur celles de leurs temps, est-ce contre l’idolâtrie seule et les impudicités manifestes qu’ils tonnent le plus ? […] Qu’est-ce que tout l’effort de l’imagination des Poètes a pu jamais enfanter d’approchant, c’est là que vous verrez des villes prises, des combats singuliers, des batailles sanglantes, des renversements de Provinces et de Royaumes, de nouvelles Monarchies établies sur les débris des anciennes, des prodiges de valeur, tant de belles Scènes que Dieu lui-même a pour ainsi dire préparées, mais toute la conduite qu’il a tenue depuis le commencement du monde, n’est-ce pas une espèce de poème épique plein d’événements merveilleux, on y voit tout l’enfer déchaîné pour traverser et anéantir ses desseins adorables, le sacrifice d’une infinité de martyrs, des hérésies sans nombre, sorties du puits de l’abîme pour offusquer la lumière de la vérité, ses victoires, malgré l’oppression de ses défenseurs, tout se disposant aux noces de l’Agneau avec l’Eglise, qui se consommeront à la fin des siècles par leur union éternelle, et le spectacle lumineux de la vérité.
En voici deux principaux, où elle attaque manifestement les plus saintes pratiques de l’Eglise.
L’Eglise ne l’a point fulminée sans raison ; dans la supposition qu’il s’y fut glissé de l’injustice, il n’est pas permis de la regarder comme non avenue ; hors le cas 1 d’une erreur évidente aux yeux de tout le monde, l’Excommunication, quelqu’injuste qu’elle soit, étant néanmoins prononcée par un Supérieur légitime, lie dans le fort extérieur, selon les Canons2, & quiconque en est frappé, doit se tenir devant les hommes, pour un Chrétien retranché de la Communion des fidéles. […] Tel est, Mademoiselle, le malheureux effet de la Mythologie, dont le Théâtre embellit les avantures romanesques ; les Auditeurs se laissent attendrir, tandis qu’ils sont froids en écoutant la parole de Dieu ; ont court aux Spectacles, & l’Eglise est réduite à une solitude.
Jugez-en par ce que l’Eglise pense des Acteurs. […] Il n’est donc pas étonnant que les saints Docteurs de l’Eglise aient déclamé avec tant de force contre les spectacles.
Le péché des Comédiens est énorme, puisqu’il est puni dès cette vie de l’Excommunication et de l’infamie, qui sont les deux plus grandes punitions qu’aient l’Eglise et l’Etat civil : le péché de ceux qui contribuent à leur entretien, ne peut donc pas être léger. […] Enfin on doit conclure que la Comédie est un plaisir contraire aux bonnes mœurs, aux règles de l’Evangile, aux décisions de l’Eglise, aux sentiments des Saints Pères, de tous les Auteurs Ecclésiastiques, de tous les gens de bien qui ont une piété solide, et que même elle est contraire aux sentiments des honnêtes Païens, comme on l’a fait assez voir.
Nous avons dit personæ grandiores ; car on tolère et on peut tolérer, même dans les églises, les anges, les génies qui sont représentés sous la forme de petits enfants. […] Dans le cas où il s’obstinerait à refuser la déclaration qu’on lui demande, il serait évidemment indigne des sacrements et des bénédictions de l’Église.
Un petit scrupule cependant nous arrête et nous empêche d’y donner notre entière adhésion : c’est, et ce sera toujours la difficulté de la coopération au maintien d’une profession que l’Église regarde comme un obstacle à la réception des sacrements, même à l’article de la mort, suivant Mgr Bouvier lui-même qui, comme nous l’avons vu plus haut, dit que les acteurs et les actrices ont été regardés, jusqu’à présent, comme excommuniés, du moins en France. […] Voici ce que dit Bossuet sur ce point : « Elle (l’Église) condamne les comédiens, et croit par là défendre assez la comédie ; la décision en est précise dans les Rituels, la pratique en est constante ; on prive des sacrements, et à la vie et à la mort, ceux qui jouent la comédie, s’ils ne renoncent à leur art ; on les passe à la sainte table comme des pécheurs publics ; on les exclut des ordre sacrés, comme des personnes Infâmes ; par une suite infaillible, la sépulture ecclésiastique leur est déniée. […] Dans le cas où il s’obstinerait à refuser la déclaration qu’on lui , il serait évidemment indigne des sacrements et des bénédictions de l’Église. » (Théologie morale, t. i, du sixième précepte du décalogue.) […] Faudra-t-il conclure, du changement et de la diversité d’opinions des théologiens et même de la différence de conduite des confesseurs, que les principes de morale et la doctrine de l’Église changent aussi ? […] La société peut subir certaines mutations dans sa constitution, et les goûts et les passions des hommes peuvent suivre ces phases sociales et revêtir des formes nouvelles : mais la doctrine ou les saintes maximes de l’Église ne varient pas ; leur application seule peut varier et se modifier suivant les circonstances des mœurs, des temps et des lieux.
L’Abbé l’Attaignant, autre Ecclésiastique, a rendu de grands services à l’Eglise, car il a fait deux volumes de chansons. […] Telle étoit l’innocence & l’ignorance du siecle, tout étoit spectacle pour un peuple grossier, qui voyoit dans les Eglises les cérémonies du service divin mêlées de spectacle. […] Il n’est rien de plus insolent que ces affiches, ni de plus hardi que la piece ; la Religion, l’Eglise, la Monarchie, tout y est foulé aux pieds. […] Depuis les premiers ordres que le Roi a donnés pour faire ériger à M. votre pere un témoignage éclatant de la protection dont Sa Majesté honore les hommes célèbres (c’étoit un mausolée dans l’Eglise où il est enterré), elle a considéré que le Temple des Muses étoit le lieu le plus convenable pour conserver la mémoire de leurs plus chers favoris, elle a ordonné en conséquence que le monument destiné à perpétuer la mémoire de M. […] Je ne sais si les réflexions qu’on a faites dans le livre précédent sur l’indécence d’un monument si profane dans l’Eglise en a fait changer la destination ; mais ce changement étoit indispensable.
Mahomet voyant que l’on dansoit dans les Eglises, fit danser dans les Mosquées : il étoit plein de génie. […] On n’a jamais dansé dans les Eglises d’Orient où étoit Mahomet, ni dans l’Occident jusqu’aux siecles d’ignorance, long-temps après Mahomet, & jamais avec l’approbation de l’Eglise. […] L’Eglise l’a si peu approuvé dans les Eglises, qu’elle les a condamnées même dans les noces.
Tertullien, Prêtre de Carthage, serait un des plus grands hommes qu'ait eu l'Eglise par la beauté de son génie, l'étendue de ses connaissances, l'énergie de son style, la force de ses raisonnements, le nombre et l'importance de ses ouvrages, s'il n'avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie sur la fin de ses jours. Son témoignage contre les spectacles ne saurait en être affaibli, il fut écrit avant sa chute, et a toujours été cité dans l'Eglise comme d'une très grande autorité. […] Quel renversement de passer de l'Eglise de Dieu à celle du démon, de tomber du ciel dans le bourbier, de fatiguer à applaudir à un Acteur des mains que vous levez vers Dieu, et la même bouche dont vous venez de répondre Amen dans la liturgie ! […] Tandis que vous êtes dans l'Eglise du démon, les Anges du haut des cieux voient et écrivent ceux qui prêtent contre Dieu leur langue et leurs oreilles, écoutent ou profèrent des blasphèmes. […] Vous y trouverez une image du cirque : voyez les révolutions du temps, comptez les siècles qui s'écoulent, attendez le terme de la consommation, intéressez-vous au sort de l'Eglise, éveillez-vous à la parole de Dieu, levez-vous au son de la trompette de l'Ange, cueillez les palmes du martyre.
) Depuis le péché originel, les garçons et les filles, les hommes et les femmes, sont si dangereux l’un à l’autre, qu’il ne faut qu’une œillade lancée inconsidérément, à la volée, en passant et en un moment, dans la rue ou même en l’église, pour allumer un fort grand feu ; témoin Samson, témoin David, témoin celui qui disait : Ut vidi ut perii, ut me malus abstulit error (Virg.
) Aussi en la primitive Église les chrétiens qui avaient été instruits des apôtres ou de leurs disciples, s’en abstenaient tout à fait.
C’est le fils aîné de l’église qui a rendu cette ordonnance et elle est contresignée par Mgr. le comte de Corbière, un des ministres qui protègent le plus notre sainte religion. […] Le même auteur nous apprend, quoiqu’il soit opposé à la danse, que dans plusieurs villes les fidèles passaient une partie de la nuit, la veille des fêtes, à chanter des cantiques et à danser devant les portes des églises ; qu’on dansait à Limoges dans l’église de St.
Elle ne tend qu’à mettre aux prises la vertu & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux ministres, par la crainte & le respect. […] Concinna, jacobin ; Othonelli, jésuite ; les actes de l’Église de Milan, par S. […] Qui peut, après tout ce qu’on a lu, blâmer la juste sévérité de l’Église, qui proscrit le théâtre, & qui anathématise les suppôts du théâtre ?
à voir la delicatesse avec laquelle on traite son corps, à l’indolence & l’oisiveté à laquelle s’abandonnent les gens du monde, ne les prendroit-on pas plûtôt pour des Disciples d’Epicure que pour des enfans de Jesus-Christ & de son Eglise ? […] Donc, de quelque innocence que vous vous flattiés en assistant à ces spectacles profanes, vous en sortés toûjours soüillés, & par consequent criminels, parce que vous participés aux œuvres de Satan que vous aviés detestées, & que vous violés témerairement les promesses que vous aviés faites à Jesus-Christ & à son Eglise dans vôtre Baptême. […] croiés-vous que s’il faisoit maintenant la discussion des œuvres du grand nombre qui est dans cette Eglise, il trouvât seulement dix Justes parmi nous ?
Nous quittons le manger, nous abandonnons notre maison, nous négligeons nos affaires importantes, pour nous occuper à ces vanités, et à ces infâmes divertissements; et nous ne voulons pas demeurer une heure dans l'Eglise pour vaquer à la prière, et à la lecture, et pour nous tenir en la présence de Dieu: Nous nous hâtons d'en sortir aussi vite que si nous nous retirions d'un embrasement: Si la Prédication de l'Evangile dure un peu trop, nous faisons éclater notre indignation, et notre impatience : Si le Prêtre fait des prières un peu longues, nous sommes sans goût, et sans attention : Si celui qui offre le sacrifice non sanglant tarde tant soit peu, nous nous ennuyons, et nous regardons la prière comme un procès dont nous voudrions avoir une prompte expédition ; et cependant suivant les mouvements du Diable, nous nous emportons dans les vanités, et dans les voluptés.
Sera-t’on enfin étonné d’entendre tous les saints Docteurs de l’Eglise reprocher aux chrétiens leur assistance aux Spectacles comme contraires aux engagemens solemnels qu’ils ont contractés dans leur Batême ?
Où l’on fait l’Histoire des Jeux de Théâtre et autres divertissements comiques, et des sentiments des Docteurs de l’Eglise sur cette matière.
Je n'écris pas ici pour ceux qui, ne croyant point à la religion Chrétienne, encore qu'ils la professent extérieurement, ne doivent être regardés que comme des Païens baptisés, qui désavouent par leur irréligion, et par leur impiété, l'offre que leurs parents ont fait d'eux à l'Eglise, et rétractent les promesses les plus solennelles de leur baptême. […] Pourvu qu'on veuille être de bonne foi, on en sera facilement persuadé, si on veut examiner la nature de la Comédie, son origine, ses circonstances, et ses effets, et si on veut s'instruire de la tradition universelle de l'Eglise sur ce sujet par les sentiments des Pères qui en ont parlé, et par ceux de l'Eglise assemblée dans un très grand nombre de Conciles. […] Mais comme dit le grand Evêque que je viens de citer : « Pour changer leurs mœurs et régler leur raison, Les Chrétiens ont l'Eglise, et non pas le théâtre. » L'amour n'est pas le seul défaut de la Comédie, la vengeance et l'ambition n'y sont pas traitées d'une manière moins dangereuse.
Cela ne paroît pas dans ses productions ; on n’y trouve qu’une connoissance médiocre de l’histoire de France, & une idée très-superficielle de l’histoire de l’Eglise. […] Il y en a plusieurs curieux & utiles ; mais la plûpart semblent n’avoir été déterrés que par l’irréligion & le libertinage contre les gens d’Eglise, les bonnes mœurs & le gouvernement, sur la foi de quelque libelle, souvent sans aucun garant, à peu près comme le Dictionnaire de Bayle, qui va fouiller tous les bouquins & en extrait toutes les ordures. […] Il va même jusqu’à imputer à l’Eglise des doctrines fausses qu’elle n’enseigna jamais. […] ) L’Eglise a toujours regardé les secondes noces comme une fornication tolérée. […] Jamais l’Eglise n’a toléré la fornication ; elle l’a toujours condamnée comme un péché mortel qui exclud du royaume des cieux.
Il ne dit que trop vrai, Loix, Canons, Église, Police, Religion, Vertu, Académie, tout est étranger à Moliere, Moliere est étranger à tout. […] Moliere est un des plus dangereux ennemis que le monde ait sucité à l’Eglise, d’autant plus redoutable qu’il fait encore après sa mort le même ravage qu’il avoit fait de son vivant. […] Il a voulu comprendre dans la juridiction du Théatre le droit qu’a l’Eglise de reprendre les hypocrites. […] Eût-il été innocent jusqualors, il eût cessé de l’être, dès qu’il eut la présomption de croire que Dieu ait voulu se servir de lui pour corriger un vice répandu dans toute l’Eglise, dont la réformation n’est peut-être pas réservée à un Concile. […] Il faut une étrange prévention pour croire que les vices qu’il a corrigés fussent autre chose que les manieres d’agir & de converser dans le monde ; il faut être bon jusqu’à l’excès pour s’imaginer qu’il ait travaillé pour la discipline de l’Eglise & la réforme des mœurs.
Beaumon, Avocat au Parlement, qu’on trouve dans le Recueil des facéties Parisiennes, est très ingénieux et très sage ; et quoique obligé par la nécessité de la cause d’excuser la comédie, bien différent de son confrère Huerne de la Mothe, il convient de bonne foi, « que la religion n’approuve point et même condamne les spectacles, qu’on ne peut y assister quand un mouvement intérieur de la conscience s’y oppose (ce qui assurément arrive à tout le monde, s’il est de bonne foi), et qu’un guide éclairé (l’Eglise) le défend, et que sans avoir égard aux exemples contraires, la règle la plus sûre est de déférer sans réserve à ceux qui sont chargés de notre conduite » (leurs sentiments ni sont ni douteux ni ignorés). […] Il compare cette convention à la stipulation des intérêts tolérés en certains Parlements et en certains pays, comme en Hollande, etc., quoique rejetée dans d’autres, et généralement condamnée par l’Eglise ; ce qui appuyant son raisonnement, par la comparaison très appropriée des Comédiens et des usuriers également pernicieux aux familles, également condamnés par les lois de l’Evangile, caractérise parfaitement l’illégitimité du théâtre, qui aussi bien que l’usure, malgré la tolérance, est véritablement mauvais et défendu en conscience. […] Aussi à l’Opéra, aux Italiens, et dans toutes les comédies de province où il n’y a pas de pareils ordres, les pauvres ni les Eglises n’ont jamais eu à se mettre en garde contre l’excès de leurs libéralités. […] On voit seulement trois siècles après la fête des Fous introduite dans quelques Eglises, qui semblait être un rejeton du théâtre. […] On y faisait des sermons, on y chantait les psaumes et les prières de l’Eglise.
Qu’au reste il ne lui a pas été difficile de changer de sentimens, & qu’après avoir examiné la chose à fonds, il est très convaincu que les raisons qu’on porte pour excuser la comédie, sont très-frivoles, & que celles que l’Eglise a pour la condamner, sont incontestables. […] Les Saints Peres la regardent comme un reste du Paganisme & une école d’impureté ; l’Eglise l’a toujours en abomination, a excommunié ceux qui exercent & ceux qui créerent ce métier scandaleux & infame, les prive des Sacremens & de la sépulture, & n’oublie rien pour en inspirer de l’horreur. […] Il se fit bien en quelques Eglises, des Fêtes des fous ; mais si méprisables, si généralement condamnés, qu’elles n’affecterent point les mœurs publiques. […] Mais à Rome, à Constantinople & dans les deux Empires, où tous les Peres & les Conciles le foudroyoient ; mais à Paris, dans toute la France & toute l’Europe, depuis plus d’un siécle que toute l’Eglise le condamne, le théâtre est bien autre chose. […] Les gens de bien sont indignés de la seule proposition de permettre la comédie, & de soustraire les comédiens aux censures ecclésiastiques, si authentiquement prononcées par l’Eglise, & toujours plus méritées.
Vous convenez vous-même qu’en 4 matière de Religion plus qu’en aucune autre, c’est sur ce qu’on a écrit qu’on doit être jugé, & non sur ce qu’on est soupçonné mal à propos de penser ou d’avoir voulu dire : cependant, pour justifier l’accusation de Socinianisme que vous intentez aux Théologiens de Genève, vous déclarez les avoir jugés d’après des ouvrages, d’après des conversations publiques, où ils ne vous ont pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la Trinité ni à l’Enfer, enfin d’après l’opinion de leurs Concitoyens & des autres Eglises Réformées. […] Avouez donc, Monsieur, que vous avez péché vous-même contre les régles de critique que vous avez établies ; avouez, que votre jugement a été trop précipité ; avouez enfin que, quand même un Théologien de Genève vous auroit donné dans ses écrits l’occasion la plus forte pour le soupçonner de Socinianisme, vous ne seriez pas plus en droit d’imputer ce sentiment à tout le corps des Pasteurs, que ne seroit ce même corps à soutenir que la doctrine des Escobars & des Busembaums est celle de l’Eglise Catholique.
Vous vous effrayez avec raison des foudres de l’Eglise, le glaive de l’Excommunication vous épouvante : quand même il ne s’appesantiroit pas réellement sur vous ; avez-vous moins lieu de craindre ? Est-ce assez, pour marcher dans la voiè du salut, que l’on soit uni au corps de l’Eglise, si l’on y demeure attaché pour en devenir la ruine & l’opprobre ?
Votre Grandeur, qui est un abîme d’Erudition, sait mieux que personne que depuis que les Royaumes ont commencé d’être florissants, et que l’on a bâti de grandes Villes, il y a fallu des Spectacles pour en amuser les habitants, et que si les Pères de la primitive Eglise blâmaient les Chrétiens d’y assister, c’était parce que les Spectacles des Anciens faisaient une partie essentielle de la Religion Païenne. […] Levesque, L’Eglise et le théâtre, Paris, Grasset, 1930] Duc : doge.
Il doit savoir que c'est le Diable et non pas Dieu qui a inventé toutes ces choses: aura-t-il l'impudence d'exorciser dans l'Eglise les Démons, dont il loue les voluptés dans les Spectacles ? […] Mon cher Frère, Comme nous avons de l'affection et de la déférence l'un pour l'autre, il vous a plu de me demander mon sentiment sur le sujet d'un Comédien de votre Pays, qui exerce encore ce métier, et instruit la jeunesse, non pas à se bien conduire, mais à se perdre; enseignant aux autres le mal qu'il a appris, s'il doit être reçu dans notre communion: Je vous dirai, qu'il me semble, que le respect que nous devons à la majesté de Dieu, et l'ordre de la discipline Evangélique , ne peuvent souffrir que la pudeur et l'honneur de l'Eglise soient souillés par une si dangereuse contagion.
On y remarquera, entre autres, qu’ils voulurent, dans l’une de leurs processions, tourner en ridicule un des plus célèbres pères de l’église, ainsi que ses disciples, parce qu’ils furent les défenseurs de la grâce. […] Les ministres des autels qui se rendent recommandables par une piété éclairée, sont présentement plus nombreux qu’on ne le pense : en effet depuis le rétablissement du culte et surtout depuis la restauration, le zèle des chrétiens, ranimé par les pieuses exhortations des prêtres, s’est tellement accru, qu’on voit les fidèles remplir les églises à l’heure des offices, et entendre les prédicateurs avec une attention vraiment exemplaire.
par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement. […] Les Confrères de la Passion, qui avaient déja fondé dans cette Eglise le service de leur Confrérie, louèrent cette grande salle qui se trouvait vacante, y firent construire un théâtre, et y représentèrent leurs jeux ou spectacles ; ils ne les nommèrent encore ni Tragédie, ni Comédie, mais simplement Moralités.
L’Eglise les juge si criminels, qu’elle ordonne à ses ministres de leur refuser les Sacrements, même à l’article de la mort, s’ils ne promettent de renoncer à ce damnable métier.
Après l’élection de Benoît VII, il s’enfuit à Constantinople avec les trésors de l’Eglise, il revient ensuite, & fait mourir Jean XIV ; mais le Ciel las de ses crimes, le frappa du glaive de la mort ; son corps fut traîné dans les rues de Rome. […] On remarqua qu’un matin qu’on alla chez lui pour conférer des affaires de l’Eglise, il était déja mort yvre. […] … Faut-il fermer les Eglises, parce que des Fats s’y comportent indécemment ? […] Faut-il, parce qu’il est des Prêtres débauchés, & des personnes qui font de l’Eglise le théâtre de leur indécence, abolir la Religion ? […] Personne n’ignore que les Médecins furent chassés de Rome comme infâmes : de nos jours leurs Enfans remplissent des places considérables dans la Robe, dans l’Epée & dans l’Eglise.
Des personnes de piété et de savoir qui sont en charge dans l’Eglise, et qui connaissent les dispositions des gens du monde ont jugé qu’il serait bon d’opposer à une dissertation qui se faisait lire par sa brièveté, des réflexions courtes, mais pleines des grands principes de la religion : par leur conseil, je laisse partir cet écrit pour s’aller joindre aux autres discours qui ont déjà paru sur ce sujet.
Sentiments de l’Eglise. page 104 Section xi.
CEtte prohibition est fondée sur les anciennes Ordonnances de l’Eglise, et sur les advertencesa des saints Pères, lesquels parlant des spectacles, et festins mondains, disent que les Comédies qui se célèbrent par ces Comédiens et Farceurs ne sont que : Prostitutions des bonnes mœurs, et de toute honnêteté, Théâtres d’impudicités, foires des vices, Ecoles d’impertinences.
Jean de la Croix, un des Saints les plus graves et les plus austères qu’il y ait eu dans l’Eglise, faisait représenter dans ses couvents des pièces de théâtre dans la plus grande ferveur de la réforme, et par les Novices même, dont il était le Père-maître ? […] Mais je ne saurais pardonner à certains Collèges de représenter des pièces de théâtre dans l’Eglise, après en avoir tiré le très saint Sacrement. […] Lazare crurent devoir à la gloire de leur fondateur, et se devoir à eux-mêmes, de faire tous leurs efforts pour abolir le théâtre de la foire, et la Cour de Versailles, qui protège cette Congrégation, et qui s’intéressait à la canonisation d’un Saint à qui l’Eglise et l’Etat étaient redevables des plus importants services, donna cette satisfaction à la Cour de Rome, et supprima ce théâtre, qui par sa licence l’avait d’ailleurs bien mérité. […] Grignon de Montfort, pieux Ecclésiastique, qui a fait de grands biens en Bretagne et en Poitou, et y a fondé une Congrégation d’hommes, et une de filles, qui rendent de grands services à l’Eglise et à l’Etat.
Voilà les véritables causes qui produisirent de si grands schismes en Europe, et forcèrent des gouvernements guidés par la dignité de leur indépendance et effrayés par les prétentions ultramontaines, à se séparer de la communion de l’église romaine. […] Ce parti religieux n’est autre chose que le fanatisme, ligué avec la faction jésuitique ultramontaine, ennemie déclarée de nos libertés de l’église gallicane. […] D’après les conseils salutaires de ces deux saints évangélistes, on voit évidemment, et avec effroi, qu’il n’y va rien moins que du mépris et de la haine, de la part des prêtres, contre les puissances séculières, et ceux-là préfèreront toujours d’obéir aux souverains pontifes, lorsque le chef de l’église jugerait à propos d’anathématiser les princes, de les excommunier, de les déposer de leurs trônes, de dispenser leurs sujets du serment d’obéissance et de fidélité, de les inviter, de leur ordonner même, de courir sus, contre leur souverain légitime, de lui arracher la vie de vive force, ou de l’assassiner, ou de l’empoisonner par trahison, dans l’intérêt de la religion et pour la gloire de Dieu.
Mais ne doutez point qu’elle ne publie aussi les charitables Avis que l’on vous donne, pour vous porter à rentrer en vous-mêmes, et à réparer le scandale que vos Processions et vos Ballets causent à l’Eglise.
Ne doit-on pas dire d'eux, en les comparant avec les personnes spirituelles de l'Église, ce que Job dit de l'homme en le comparant avec les Anges ; « Ecce qui serviunt ei non sunt stabiles, et in angelis suis reperit pravitatem, quanto magis hi qui habitant domos luteas consumentur velut a tinea ?
Il sort pour toujours de cette carrière enchanteresse, il prend pour témoin & pour arbitre de son engagement un des plus saints Evêques, qui aient paru dans l’Eglise de France. […] Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance, & de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en faveur de l’Art Dramatique, il n’a jamais obtenu, il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise.
Ils en ont porté ce jugement après Alexandre de Halès, qui n’excuse pas même de péché mortel, celui qui aurait été engagé contre son gré, et par pure condescendance dans cet exercice ; si par le plaisir qu’il y prend il s’y attache, et s’y accoutume ; parce que quand bien il serait vrai de dire que pour danser fréquemment, et sans modération, s’il n’y avait quelque autre circonstance qui augmentât la malice de l’action, on peut ne pécher pas mortellement ; néanmoins parce que ce plaisir sensible qu’on prend si souvent, dispose peu à peu les âmes à violer les commandements de Dieu, et de l’Eglise ; et à faire malheureusement avec une affection déréglée, ce qu’on faisait au commencement avec une satisfaction moins mauvaise ; comme l’on dit que le péché véniel,S.
Je me borne donc à prier le Seigneur pour la conservation d’une Maison qui donne tant de grands hommes à l’Eglise et à l’Etat.
Le Concile de Trente l’a décide ; celui de Nicée, selon le témoignage de S.Jerome, l’avoit décide de même, & toute l’Eglise le croit depuis bien des siecles, & c’est tres-mal à propos que les Protestans le contestent. Ils le font même sans intérêt ; ce livre n’a rien de contraire à leur Doctrine, ce n’est qu’une envie bizarre de contredire l’Eglise Catholique. […] Elle est pourtant excusablé ; car quoique la morale ait toujours été la même, les idées dans ces lieux, dans ces tems éloignés, étoient moins austeres que dans l’Eglise Chrétienne. […] En voit on qui aillent offrir dans les Eglises, ou qui employent en bonnes œuvres les présens & les dépouilles qu’on leur a offert ? […] Rien dans tout cela ne ressemble à une Actrice ; aucune aussi qui espere les éloges du Saint-Esprit, & la vénération de l’Eglise.
Chaque femme, comme un habile Ingénieur, forme son plan, élève ses batteries, ouvre la tranchée, donne l’assaut ; les promenades, les spectacles, les cercles, jusqu’aux Eglises, sont les champs de bataille où ces Héroïnes se battent à outrance. […] Quelle préparation à un sacrement qui est l’image de l’union de Dieu avec son Eglise ! […] quelquefois jusqu’aux colonnes, aux Ministres de l’Eglise, dont en se moquant d’eux elle a l’insolence de triompher comme de la plus brillante victoire, & d’en insulter la religion affligée & la piété scandalisée. On s’armeroit contre des brigands impies qui viendroient à main armée piller l’Eglise, & on souffre le brigandage d’une femme mondaine, qui armée des traits bien plus meurtriers de l’immodestie, vient jusqu’aux pieds du trône du Tout-puissant lui enlexer des trésors bien plus précieux, l’adoration & l’amour de tous les cœurs ! […] L’Eglise est un rendez-vous ; elle s’y forme un cercle, sa dissipation dissipe, ses nudités séduisent, ses gestes & ses regards distraisent.
On ne peut, continue-t-il, faire un pas, lire un livre, entrer dans une Eglise, enfin vivre dans le monde, sans rencontrer mille choses capables d’exciter les passions. » Sans doute, la conséquence est fort bonne : tout est plein d’inévitables dangers ; donc il en faut augmenter le nombre.
Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] Rien n’oblige d’aller à la comédie, tout engage à s’en abstenir : les loix de l’État ne l’ordonnent pas, celles de l’Église le défendent. […] Dans le baptême vous avez renoncé à la chair, au démon, au monde & à ses pompes, Vous ne fûtes admis dans l’Église chrétienne qu’à ces conditions. […] Cette objection a plus de malignité que de force, elle ne tend qu’à mettre aux prises la piété & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux Ministres par la crainte & le respect : artifice ordinaire au vice, comme à l’erreur, qui ont intérêt de s’étayer par la division des deux puissances. […] Jamais les loix de l’Église, les exhortations de ses Ministres, n’ont porté sur de pareils monstres.
J’ose ajoûter que dans un ouvrage dicté par les bonnes mœurs, où l’on veut rétablir l’honneur du lien conjugal, il est surprenant qu’on n’ait point parlé de sacrement & de religion, le plus fort & le plus respectable de tous les liens, établi & béni de Dieu dès le commencement, & élevé dans la loi nouvelle jusqu’à représenter l’union de Jesus-Christ avec son Église, ce qui est bien supérieur & à tout le sérieux & à toutes les plaisanteries de la scène. […] D’abord ces libertés passionnées qui le précèdent, n’allassent elles pas au dernier crime, sont si peu innocentes aux yeux de la saine morale, que les règles de l’Église défendent aux fiancés de loger dans la même maison, pour écarter le danger des familiarités criminelles que l’occasion & la vûe d’un mariage prochain rendroient si faciles. […] En est-il un seul où l’on ait recours à Dieu, où l’on pense à la religion, où l’on parle d’Église & de sacremens ? […] A leur tour les Comédiens à l’Église pendant la célébration du mariage, exciteroient la plus juste indignation, par la profanation la plus criante. […] Pour jouer le Christianisme d’une maniere cruelle, les Molieres Payens n’auroient eu qu’à jouer des comédies composées de Chrétiens, où on auroit évité avec soin de parler de religion chrétienne ; d’autres où des Chrétiens auroient représenté les aventures des Dieux, les auroient chantés, loués, honorés, comme les Payens ; d’autres enfin où ils auroient passé de l’Église au théatre, des sacremens, du sermon, de la communion, de la célébration du mariage, à Amphitrion, à Omphale, à Cybelle, à Vénus, & auroient fait faire par quelque Panard un vaudeville dont le refrein auroit été, voilà le Chrétien, voilà le Magistrat, le Militaire, soi-disant catholique.
Jugeons s’il serait décent de mettre dans les Eglises leurs portraits, leurs mausolées ! […] Les choses n’ont point changé, quoique la politesse française, une police chrétienne, la piété de Louis XIV, le zèle des Ministres de l’Eglise, y aient répandu un vernis de décence. […] Sa passion pour un objet toujours défendu par l’Eglise, était scandaleuse dans un Prince de l’Eglise. […] Il ne le pouvait pas même, puisque l’Eglise s’étant constamment déclarée dans tous les siècles contre l’assistance aux spectacles et à plus forte raison contre le métier de Comédien, qu’elle a toujours anathématisé et privé des sacrements, un Prince Chrétien ne pouvait se déclarer authentiquement contre sa doctrine, en traitant d’innocent ce qu’elle proscrit comme criminel. […] Il y a donc bien de l’apparence que cette déclaration n’a jamais existé, ou qu’elle n’a été qu’une production éphémère, qui n’a pas survécu aux pièces de cinq Auteurs, qui l’avaient enfantée ; et il est bien certain que le public n’en a pas été la dupe, qu’elle n’a été d’aucun usage, que l’Eglise n’a point changé de sentiment ni de conduite, que les Comédiens ont été toujours regardés avec le même mépris, privés des sacrements, de la sépulture ecclésiastique, exclus des charges et des ordres sacrés, et que cette déclaration a été totalement oubliée de tout le monde.
Ministre de l'Église de Zurich : Trois livres des apparitions des Esprits, Fantosmes, prodiges et accidens merveilleux qui précèdent souventes fois la mort de quelque personnage renommé, ou un grand changement ès choses de ce monde, traduit d'Allemand en La traduction française est de 1571.
comment peut-on vous donner l’absolution, ayant la volonté de fausser les promesses que vous avez faites si solennellement à Jésus par la bouche de vos parrains et de vos marraines, à la face de l’Eglise, et sur laquelle vous avez été reçu à la participation des sacrements ?
Il est bien dur de voir anéantir l’autorité des livres saints, de l’Eglise, des Peres, des Païens mêmes, pour défendre les spectacles. […] Malgré toutes les preuves qui démontrent évidemment le danger des spectacles, les partisans de la Comédie osent avancer, avec un ton d’assurance, que les Saints Peres ne l’ont jamais condamnée, & que le Chef de l’Eglise la tolere à Rome. […] Dans presque tous les Conciles l’Eglise a dit anathême aux spectacles, comme à des lieux infames ; elle a excommunié les Comédiens. […] Il est démontré que l’Ecriture-Sainte, l’Eglise & les Peres, la raison & les païens mêmes, ont toujours condamné les spectacles.
Observons à propos des Motets de Lalande, que notre musique d’Eglise est beaucoup au-dessus de celle de nos rivaux, par sa noblesse, son énergie & la force de son èxpression. […] Père ; l’Eglise était remplie d’une foule de grands Seigneurs & de Peuples, qu’attirait autant la curiosité que la dévotion : l’on ne s’attendait guères que le trouble & le désordre dussent naître tout-à-coup dans un lieu si respectable. […] Ambroise, adopté par l’Eglise Gallicane. […] Il soutint qu’il se croyait autorisé à prétendre le pas sur les Musiciens Français, puisqu’il appartenait au chef respectable de toute l’Eglise ; & que d’ailleurs la musique Italienne devait l’emporter sur toutes les autres, parce qu’elle était la source qui les avait produites.
Julien l'Apostat sans doute, car c'était un bon moyen pour affaiblir le christianisme ; et tout ce que les saints Pères et alors et dans tous les temps ont écrit contre le théâtre, ne permet pas de douter que l'Eglise n'eût condamné l'entreprise de ces savants Chrétiens. […] Dans sa grande lettre à Arsace, Pontife de la Galatie, qui semble être prise des canons de l'Eglise, tant il y donne de sages règlements : il insiste sur le théâtre. […] » Tout cela suppose en effet que les Chrétiens n'allaient jamais aux spectacles, que l'Eglise le leur avait toujours défendu ; et n'en eût-elle pas fait encore la défense, elle aurait dû pour son honneur ne pas se montrer moins zélée pour la pureté qu'un Empereur Païen et apostat. […] Cette autorité si décisive, à laquelle les Jésuites n'ont sans doute fait aucune attention, doit être d'un grand poids chez nos Sages qui font l'éloge de Julien, et ne l'imitent que trop et dans son apostasie et dans ses sophismes et ses sarcasmes contre l'Eglise, le Vicaire et la doctrine du Galiléen, en faisant l'apologie du théâtre ils combattent un de leurs héros les plus distingués.
Le rapport qu’ils en ont fait d’une manière si digne de la plume des Princes de l’Eglise, ne peut qu’être un sujet de triomphe pour tous ceux en qui il reste encore quelque amour pour la Religion dont le flambeau leur a servi de guide : Mais le dirai-je ? […] O, supôt de satan, tout à la fois le scandale des Fidèles & l’opprobre de l’Eglise, combien d’entre nous qui, n’étant entrés à ce spectacle qu’à ton exemple, peut être qu’à tes instances, n’en sortiront que pour prêcher avec toi, (p. 20. […] Mais tant que celles-ci seront débitées avec de si grands applaudissemens, quel fruit les Princes de l’Eglise pourront-ils attendre de leurs exemples & de leurs instructions ? […] qui pour avoir composé des vers contre l’honneur de Dieu, son Eglise & l’honnéteté publique, ont été condamnés aux supplices les plus affreux, comme criminels de lèze Majesté Divine . […] Quels plus importans services auroient jamais été rendus à la Patrie , à l’Eglise !
Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur. […] David en fit autant devant l’Arche, lors qu’elle fut recouvrée des mains des Philistins ; mais ces danses, ces chants se faisoient, par des motifs, & pour des sujets bien differens de ceux des mondains, que l’Eglise a souvent condamnez avec juste raison : c’estoit alors chanter les Victoires que Dieu remportoit sur les ennemis ; c’estoit pour marquer la joye qu’ils avoient de voir le Seigneur exalté, & glorifié, au lieu que les mondains y cherchent leur plaisir, & leur divertissement, & que la vanité, l’immodestie, la licence, & l’impureté sont presque inseparables des bals, des danses, & des cercles de compagnies enjoüées.
Choisir un jour de carême, le lendemain des cendres, pour secouer les loix de l’Eglise par ces excès : quelle impiété ! […] La comédie jure avec le sénat ; l’Eglise n’a jamais souffert cet indécent contraste. […] La magistrature n’est-elle pas après l’Eglise le corps le plus grave, le plus sérieux, le plus éloigné des folies du théatre ? […] L’Eglise dans tous les temps a proscrit le théatre. […] Mais le théatre mérite-t-il plus de respect que l’Eglise ?
Saint Paul nous a laissé en divers lieux de ses Epîtres un excellent portrait de toutes les qualités d’un Evêque, et il semble que l’Eglise de Paris les ait voulu ramasser toutes dans ce seul verset d’un Hymne qu’elle chante à l’honneur des Saints Pontifes : « Fit Gregis Pastor, Pater, atque forma Lætus impendit sua, seque, servus Omnium, curis gravis, omnibusque Omnia factus. » Voilà, mes Pères, ce qu’on a toujours regardé comme devant être le caractère de tous les Evêques.
Au reste qu’il entende, Les spectacles et jeux publics sont invention du diable, et l’Idolatrie en est la mère : où tu dois noter l’exorcisme en l’Eglise, de quoi les hérétiques se moquent. […] Le Chrétien exorcise impudemment les diables en l’Eglise, puisqu’il loue leurs voluptés ès Spectacles : et vu qu’il a une fois renoncé au diable, et qu’au baptême tout le droit qu’il y avait, a été retranché : à la vérité puisqu’après Jésus-Christ il va au diable au Spectacle, il renonce à Jésus-Christ, comme il avait fait au diable. […] Les spectacles et jeux publics sont invention du diable, et l’Idolatrie en est la mère : où tu dois noter l’exorcisme en l’Eglise, de quoi les hérétiques se moquent.
Si nous sommes en danger dans l’Eglise, où le précepte de Dieu nous rassemble, serons-nous en sûreté aux spectacles d’où sa loi nous bannit ? Si nous sommes troublés dans l’église où Dieu est pour nous, que ne devons-nous pas éprouver aux spectacles, où non seulement le démon, mais Dieu même est contre nousy ? […] Jean Chrysostôme5, que l’on rencontre par hasard dans la place publique, a souvent, par sa seule vue, allumé la passion dans l’âme de celui qui jette sur elle un regard indiscret, des hommes qui assistent aux spectacles, non par hasard, mais avec le plus grand empressement, qui abandonnent l’église pour s’y transporter, qui y passent des journées entières, les yeux attachés sur des femmes méprisables, pourront-ils dire qu’ils ont regardé ces femmes sans un mauvais désir ?
Quand la Comédie de Tartuffe, écrite soixante ans auparavant, fit marcher la Nation vers la vérité, d’une manière aussi forte & plus directe, Molière déchiré, calomnié par la cabale des Prêtres, Molière insulté en pleine Eglise par Bourdaloue, Molière, en insérant dans sa Pièce un Panégyrique de Louis XIV, sut intéresser l’orgueil de ce Prince, & s’assurer de son appui. […] Le Prêtre convaincu d’un crime est puni comme un autre homme, & les priviléges de l’Eglise doivent être anéantis au Théâtre comme ailleurs, par la raison, maintenant connue, qu’un privilége est une chose absurde. […] Rappellez-vous bien que la Mandragore fut composée au commencement du seizième siècle ; dans un pays où les Monastères ont fourni tant de Souverains Pontifes ; dans les momens où la Cour de Rome avoit besoin d’exagérer le respect qu’on doit aux Prêtres ; quand l’Eglise étoit divisée par une foule d’hérésies ; quand Martin Luther ébranloit déjà le trône Apostolique. […] Voyez dans ses pièces nationales, les Rois, les Princes, les Pairs du Royaume, les Prêtres, les Prélats de l’Eglise Romaine & ceux de l’Eglise Anglicane, introduite sur la scène, & pesés, pour ainsi dire, avec un esprit de liberté que le Philosophe David Hume est loin d’avoir égalé dans son histoire.
la modestie & le recueillement des gens de bien à l’Église, les nudités, l’effronterie des Actrices sur la scène, la piété des cantiques, la sainteté des Sermons, & l’orgueil du tragique, la licence du comique ; l’un est l’ouvrage de la grâce, & mène à la vie, l’autre est le chef-d’œuvre du vice, & conduit à la mort. […] Pour favoriser la population des Nains, ce Prince si grand & si petit qui a joué tant de rôles sur la scène du monde, fit en 1710 une fête solennelle sans exemple dans l’histoire, ayant eu la fantaisie de voir un mariage de Nains, il en assembla soixante-douze pour la cérémonie, qu’il fixa au 24 novembre : la veille, deux Nains de taille égale, richement vêtus, se mirent dans une petite voiture à trois roues, tirée par un petit cheval orné de rubans de différentes couleurs, & allèrent précédés de deux Maréchaux Nains, montés sur de très-petits chevaux, inviter ceux que l’Empereur vouloit admettre à la nôce ; le lendemain tous les Nains étant assemblés, la procession défila vers l’Église de la Forteresse où le mariage devoit être béni par le plus petit Papa (Prêtre Grec) qu’on avoit pu trouver dans l’Empire : un Maréchal Nain portant un bâton orné de rubans, ouvrit la marche, il précédoit le fiancé & la fiancée qui marchoient devant l’Empereur, les Ministres, les Knées, les Bojards, les Officiers & les autres personnes de la Cour ; les soixante-dix Nains restans venoient ensuite, ayant un Nain à leur tête, & marchant deux à deux ; la procession étoit suivie d’une foule immense, contenue par les Soldats de la garde. Tous ces Nains se placèrent dans l’Église au milieu d’un cercle formé par la Cour & les Spectateurs ; le Papa après les cérémonies d’usage, demanda au Nain s’il vouloit une telle pour son épouse : sans doute , répondit-il, & point d’autre ; la Naine répondit à la même question : il seroit plaisant que j’en prisse un autre, comme Monsieur par exemple , (elle montroit du doigt un homme d’une taille gigantesque) ; l’Empereur tenoit lui-même la couronne sur la tête de la fiancée. […] 5.° Le visage est le miroir, l’image de la Divinité ; il faut donc l’embellir par religion pour honorer Dieu, comme on embellit les Églises, les ornemens, les autels ; c’est un genre de culte que Dieu n’agréa jamais, qui loin de l’honorer l’offense. […] Cet homme assurément a voulu se divertir : un Médecin judicieux ne peut pas dire sérieusement tant de folies, son petit-fils l’Abbé Renaudot étoit un vrai savant qui employa utilement ses travaux pour le bien de l’Église, en composant une partie très-considérable de la défense du fameux livre de la perpétuité de la foi sur l’Eucharistie.
Ces idées ne sont ni nouvelles ni chimériques ; on les réalise tous les jours, & sont consacrées par les Canons de l’Eglise & l’autorité des Théologieus. […] L’Eglise en voit, comme l’épée, la robe & la Cour ; elles ne sont point étrangeres à cet ouvrage. […] Ce laborieux Secrétaire, ce graud Vicaire rampant, ce flatteur assidu ne prodigueront plus leurs soumissions, leurs services, leurs louanges, pour obtenir un bénéfice, une autorité, une dignité dans l’Eglise ; & l’autel détruit la vapeur de l’erreur dissipée ; ils ne laisseront plus voir que le monceau de bois ou de pierre, dont la pompe faisoit une idole. Mais pourquoi se borner à l’Eglise ? […] & sous ceux de l’Eglise, qui oseroit le condamner ?
Sans doute, on le fait bien encore dans toutes les paroisses de campagne aux fêtes locales, comme dans toutes les occasions de joie publique, & autrefois jusque dans les Eglises la veille de S. […] C’est s’en jouer encore de faire danser les Thérapeutes & les Anachorètes dans leur désert, de regarder le chœur des Eglises, parce qu’il est plus élevé que la nef, comme un théatre bâti exprès pour y danser, & dire que les Prêtres de la loi nouvelle y dansent pour honorer Dieu, & que l’Evêque est appelé Prélat à presiliendo, parce qu’il commençoit & menoit la danse de la fête. […] L’Eglise voyant les désordres & les crimes de la danse sacrée, fut obligée, pour extirper le mal, d’oser avec outrage la défendre absolument. […] L’Eglise & l’Etat se réunirent pour les proscrire ; il n’y a plus que les danses que le peuple fait au-tour des feux de la S. […] Aussi quand il l’envisage dans l’ordre moral, il assaisonne son panégyrique par des traits qui confirment les anathèmes des Pères & de l’Eglise, de l’aveu même d’un amateur le plus épris de ses charmes.
Le Législateur, il est vrai, n’a jamais interdit, l’Eglise n’a jamais frappé de ses anathemes toute danse en général, comme elle a nommément proscrit la comédie ; elle n’a pu & dû s’expliquer que sur certaines circonstances qui troublent l’ordre public. […] La destination des Eglises à la gloire de Dieu, la majesté de son trône, la sainteté des mystères qu’on y célèbre, l’attention, le recueillement, la modestie qui doivent y regner, permettroient-elles ces folies ? […] L’abus qui dans les siecles d’ignorance permettoit de danser dans les Eglises, est un excès d’indécence incroyable. […] Je crois même que le respect pour le lieu saint doit éloigner les danseurs des lieux circonvoisins des Eglises. […] Les Conciles ont imposé des pénitences publiques de trois ans à ceux qui dansoient les jours de fête au-devant les Eglises, & S.
Si j’avais fait ces Discours pour le public, j’aurais donné au premier une autre forme et pour le second, je ne sais si cette enchaînure des sentiments des Docteurs de l’Eglise, avec l’Histoire du Théâtre qui n’a pas déplu à nos Savants, pourrait plaire aux gens du monde, eux qui voudraient que les questions les plus difficiles fussent terminées en quatre mots.
Pons, à qui son pere a laissé un bien considérable, a eu la noble ambition de quitter le commerce, & de consacrer sa sortune à faire une très-belle fondation : non pas d’un Hôpital, d’un Collége d’une Eglise, d’une maison Réligieuse, mais d’un Théatre dans sa patrie, qu’il a élevé à grands frais, dans sa maison & dans la plus belle salle, petite à la vérité, mais assez grande pour la foule des spectateurs que Saint-Pons peut fournir ; il n’a pas pu avoir, il est vrai, une troupe de comédiens. […] Tout y fut prié en cérémonie, comme quand on convoque une assemblée capitulaire ; on prépara un siége plus élevé, pour M. le Curé, avec des chaises plus basses à côté, pour ses Vicaires, comme à l’Eglise quand il officie ; le Chapitre n’y fut pas moins honoré, on lui fit une espece de chœur, par deux rangées paralelles de fauteuils, plus élevés & plus propres pour les dignitaires, & derriere des places moins élevées pour les Prébendiers ; car cette troupe d’acteurs aime l’ordre & la décence, & sait parfaitement les rubriques. […] Les rubriques ne se sont point expliquées là-dessus : on se plaça dans les stales, avec une gravité, une modestie, une dévotion édifiantes ; l’assemblée étoit déjà formée, on n’attendoit plus que l’Eglise, dès qu’elle fut arrivée, la toile vole, les violons jouentune ritournelle, chacun est extafié d’avance, & bat des mains, l’acteur paroît, on commence ; ce ne fut pendant toute la piéce qu’une extase perpetuelle, & des applaudissemens continuels ; elle fut terminée comme l’office des ténébres à la semaine sainte, par un bruit effroyable.
Quels tableaux d’un Dieu incarné, de sa sainteté, de ses actions, de ses miracles, de sa puissance, des tendresses de son amour, de la rigueur de ses souffrances, de la gloire de sa résurrection, du zèle de ses Apôtres, de la constance de ses Martyrs, de la multitude de ses Saints, de la perpétuité de son Église, de la sublimité de sa morale, de la profondeur de ses mystères ! […] Voyez dans les révolutions des siecles une image du cirque, attendez le terme de la consommation, intéressez-vous aux triomphes de la foi, à la gloire de l’Église, cueillez les palmes des Martyrs, éveillez-vous à la trompette de l’Ange. […] S’il vous faut réjouir par des spectacles, occupez-vous de ceux que vous fournit l’Église, aussi innocens qu’agréables, qui nourriront votre foi & votre piété.
Si cela est, il ne sera plus permis de peindre dans les Eglises des Vierge Marie, ni des Suzanne, ni des Madeleine agréables de visage ; puisqu’il peut fort bien arriver que leur aspect excite la concupiscence d’un esprit corrompu.
Pour lutter avec plus d’avantage contre le tourbillon de ces esprits légers pour qui le langagea de la religion est trop sublime, nous avons emprunté des armes, non seulement aux saints Pères et aux saints Docteurs de l’Eglise, mais encore aux incrédules des deux derniers siècles et aux auteurs dramatiques eux-mêmes.
Il est vrai que tous les siécles de l’Eglise ont pensé comme nous sur l’irréligion. […] Chrysostome, toute l’Eglise. […] Il ne traite pas mieux le Pape, l’Eglise, le Clergé de Rome que la Synagogue. […] Mais son triomphe (de l’ignorance) est sur-tout dans l’Eglise.
A la jupe courte & légère, à son pourpoint, à son colet, au chapeau garni d’un plumet, au ruban ponceau qui pendoit & par devant & par derrière, à la mine galante & fière d’Amazone & d’Avanturière, au nez de Consul Romain, au front altier d’Héroine, au grand œil tendre & hautain ; soudain je reconnois Christine, Christine qui céda pour rien son Royaume & son Église qui connut tout, & ne crut rien. […] Descartes fut enterré comme un autre, & son corps par les soins de l’Ambassadeur de France a été transporté à Paris, & déposé dans l’Église de Sainte Geneviéve. […] S. ne s’est pas servi de cette méthode, elle ne doit pas être la meilleure ; croyez-vous que ce soit à présent le temps de convertir les Huguenots, & de les rendre bons Catholiques dans un siècle où l’on fait des attentats si visibles en France contre le respect & la soumission qui sont dûs à l’Église Romaine, qui est l’unique & l’inébranlable fondement de notre Religion ; puisque c’est à elle que N. […] Cependant jamais la scandaleuse liberté de l’Église Gallicane n’a été poussée plus près de la révolte, qu’elle est à présent, les dernières propositions signées & publiées par le Clergé de France, sont telles qu’elles n’ont donné qu’un trop apparent triomphe à l’hérésie, & je pense que sa surprise doit avoir été sans égale. […] On cria de tous côtés, la foi du Roi devint suspecte ; pour écarter ces soupçons & prouver son attachement à l’Église Catholique, le Roi attaqua les Huguenots, & signala son zèle contr’eux, l’objet de son zèle étoit très-louable, l’excès de son zèle Christine le trouve déplacé, & croit qu’il est peu efficace.
Gresset, fussent-ils réunis en faveur de l’art Dramatique, il n’a jamais obtenu et il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise. La prédiction du nouveau Converti est effrayante ; mais j’ose moi prédire le contraire, quand l’Eglise aura vu l’exécution de ce que je conseille dans ma lettre à Mr. […] Un Rigoriste ne manquera pas de me dire que dès que l’Eglise condamne une profession c’est un crime que de l’exercer. Moi je dis qu’en consultant le décret de l’Eglise je ne fais rien de contraire à ce qu’elle m’impose, elle s’est expliquée sur les motifs qui l’ont engagée à proscrire la scene. […] Quel héroïsme ne faut-il pas pour immoler toutes ses passions à la pureté que l’Eglise exige.
Venons à ce que vous dites, que si la Comédie rectifiée et prise en elle-même, ne laisse pas d’être mauvaise, il faut bannir des Eglises les peintures les plus innocentes, comme les Vierges agréables de visage, les Suzanne et les Madelaine. […] Madelaine peinte dans une Eglise, offre à la vérité des charmes, mais ce sont des charmes pénitents ; c’est un cruel correctif pour des yeux lubriques que cette tête de mort qu’on peint toujours à côté d’elle.
Urbain, Levesque, L’Eglise et le théâtre, Bossuet, Maximes et réflexions sur la Comédie, précédées d’une introduction historique et accompagnées de documents contemporains et de notes critiques, Bernard Grasset, 1930.]
voudra voir le sentiment de l’Eglise, il le rencontrera dans le Concile de Laodicée, où les Danses des Noces sont défendues par un article exprès ? […] Le moindre qu’on en doit craindre : C’est premièrement, la perte de la piété ; car ces beaux songes les éloignent extrêmement de la pensée de Dieu, et ces Palais enchantés ont plus de charmes pour eux que les Eglises. […] Ainsi elle ne souffre point qu’on joue dans les Eglises, sur les Cimetières, ni en quelque autre endroit que ce soit, qu’on ait consacré à Dieu. […] On ne peut se souvenir sans frayeur de la punition d’un joueur Italien, lequel se voyant dépouillé de tout par sa mauvaise chance, entra dans la première Eglise pour insulter Dieu en sa propre maison. […] Le sang en rejaillit aussitôt : Un enfant le vit et cria au sacrilège ; l’autre se met en fuite, mais au premier pas qu’il fit hors de l’Eglise, il fut réduit en cendres par un coup de tonnerre.
L’âge avancé auquel presque tous les Papes sont élus, est cause qu’ils ont rarement le talent de régler sagement & l’Eglise & leurs Etats ». […] L’Eglise, en humiliant les Acteurs des Théatres publics, n’a fait que se conformer au mépris que les sociétés profanes avoient toujours eu pour eux. […] Rousseau a aussi eu pour contradicteur un Ministre de l’Eglise Romaine, M. l’Abbé Irail, dont nous aurons occasion de parler. […] Il y a très-bien traité ce dernier objet, non seulement en Ministre de l’Eglise, mais encore en bon spéculateur politique. […] Aussi dans les Fêtes d’Eglise où les Spectacles sont fermés, il se commet plus de crimes dans la Capitale ».
Il embrasse la Religion, il bâtit plusieurs Eglises, & fait assembler un Concile écuménique à Nicée contre les Arriens, & en fait exécuter les décrets ; n’est-ce que tolérer le Christianisme ? […] Jamais les Princes Chrétiens n’ont sévi que pour des crimes, ils n’ont jamais gêné ni pu gêner la pensée & la conscience, ils n’y ont aucun intérêt, pourvu que l’extérieur soit tranquille ; il n’y a que l’Eglise qui puisse exiger la foi intérieure, qui l’a toujours exigée, & ne peut en dispenser. […] Le Roi ne peut accorder qu’une tolérance civile, c’est-à-dire souffrir l’exercice public de leur Religion, & l’Eglise garder le silence. Mais ni le Roi ni l’Eglise ne peuvent dispenser des devoirs intérieurs de l’esprit & du cœur, & donner la liberté à la conscience de croire ce qu’il lui plait. […] Que Calas soit bien ou mal condamné, les dogmes de la présence réelle, de la primauté des Papes, du libre arbitre, de l’infaillibilité de l’Eglise, du Purgatoire, &c. en sont-ils moins certains ?
Vous n’en retranchez pas seulement la partie la plus noble, la plus parfaite, et la plus essentielle qui est l’Amour de Dieu sans lequel la charité ne peut être une vertu Chrétienne ; mais vous donnez à l’amour du prochain qui est le seul qui reste sous votre Symbole fabuleux, des bornes si étroites et si resserrées, qu’il est plus propre à représenter un Chirurgien de Village ou un Saltimbanque, que la charité d’un Prélat de l’Eglise.
C’était peut-être une des raisons du silence des Apôtres, qui accoutumés à la simplicité de leurs pères et de leur pays, n’étaient point sollicités à reprendre en termes exprès dans leurs écrits, des pratiques qu’ils ne connaissaient pas dans leur nation : il leur suffisait d’établir les principes qui en donnaient du dégoût : les chrétiens savaient assez que leur religion était fondée sur la Judaïque, et qu’on ne souffrait point dans l’Eglise les plaisirs qui étaient bannis de la Synagogue : quoi qu’il en soit, c’est un grand exemple pour les chrétiens, que celui qu’on voit dans les Juifs ; et c’est une honte au peuple spirituel, de flatter les sens par des joies que le peuple charnel ne connaissait pas.
Tant de décrets de l’Eglise et le cri universel des saints pères les avait décrédités, et peut-être renversés entièrement.
) L’Écriture recommande aux enfants de l’Église qui doivent être sérieux, la gravité et la modestie chrétienne1, et il n’est rien de si contraire que ces mouvements indécents et folâtres qui se font aux danses.
L’Eglise de Jésus-Christ, interprète infaillible de la doctrine des mœurs, a fait, de la représentation et de la fréquentation des Spectacles, l’objet de ses censures : elle n’a rien oublié pour en éloigner ses enfants. […] L’Eglise leur refuse les Sacrements, même à la mort, à moins qu’ils ne renoncent au Théâtre. […] D’après ce peu de réflexions, et les témoignages irrécusables qui vont les suivre, on a lieu d’espérer que, parmi les partisans du Théâtre, ceux au moins qui se piquent encore de bonne foi, d’honnêteté, de vertu, de piété même. examineront attentivement devant Dieu : 1.° Si le titre de Chrétiens dont ils s’honorent, et leurs engagements à cet égard, leur permettent un genre de plaisir formellement opposé à tous les principes de la Religion et de la saine Morale. 2.° S’ils peuvent, sans reproche, concourir à salarier une troupe de gens justement notés pour leurs mœurs, condamnés par l’Eglise, privés même des Sacrements. 3.° Si enfin, osant présumer de leur propre vertu, ils n’ont pas à craindre l’influence de leur exemple sur la faiblesse de tant d’âmes qui s’en prévalent et qui se perdent. […] Or, si ce ne sont pas des œuvres de Jésus-Christ, dans le sens déjà expliqué, c’est-à-dire, des œuvres qui puissent du moins d’être rapportées à Jésus-Christ ; ce sont donc des œuvres de Satan : donc tout Chrétien doit s’en abstenir ; donc il viole les vœux de son Baptême, lorsqu’il y participe ; donc, de quelque innocence qu’il puisse se flatter, en reportant de ces lieux son cœur exempt d’impression, il en sort souillé, puisque, par sa seule présence, il a participé aux œuvres de Satan, auxquelles il avait renoncé dans son Baptême, et violé les promesses les plus sacrées qu’il avait faites à Jésus-Christ et à son Eglise. » « Ce ne sont pas ici des conseils et des pratiques pieuses ; ce sont nos obligations les plus essentielles. […] Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance et de la vertu purement humaine, fussent ils réunis en faveur des Spectacles profanes, ils n’ont jamais obtenu, ils n’obtiendront jamais l’approbation de l’Eglise.
.° L’Eglise y fait renoncer en recevant le baptême, & des qu’ils l’avoient reçu, tous les chrétiens s’en abstenoient. […] Qu’on ne se vante pas d’avoir épuré l’ancienne comedie toujours défendue par l’Eglise, ce sont les mêmes sujets, les mêmes passions, les mêmes intrigues, les mêmes images. […] Il osoit dire en chaire qu’il chasseroit de l’Eglise ceux qui y avoient assisté, s’il les connoissoit. […] Ce seul trait fait le procès au théatre ; il justifie les anathemes de l’Eglise. […] L’Amant va implorer sa protection ; il trouve une riviere, je ne sais pourquoi : tout doit se passer devant la porte de l’Eglise & du Château, qui ne sont point séparés par une riviere.
La même raison qui leur a fait donner des sièges distingués dans les Eglises, les leur a fait refuser au spectacle. […] cependant l’Eglise est déserte, et le théâtre est peuplé. […] Les ordonnances n’exigent-elles pas pour prendre un office le même âge, autant d’étude, plus de grades, d’enquêtes, d’examen, que l’Eglise n’en demande pour le sacerdoce ?
Il se trouve, j’en conviens, des Orateurs bas et mercenaires, qui n’osent ouvrir la bouche, qui flattent quelquefois les Grands jusqu’aux pieds des autels, par de vains compliments que l’Eglise tolère, qu’elle ne peut entièrement interdire, parce qu’ils sont devenus d’une bienséance d’usage, qu’ils peuvent être, et qu’ils sont souvent faits avec dignité. […] Mais sans remonter aux premiers siècles de l’Eglise, où les Basile et les Chrysostome parlaient aux Grands de leur temps avec tant de courage et de zèle, on n’a qu’à ouvrir les sermons de Bourdaloue, de la Rue, de Massillon, et en particulier le petit carême de ce dernier, pour se convaincre que la religion et la vertu n’ont aucun besoin du théâtre pour annoncer la vérité aux Grands, que les Orateurs Chrétiens le font avec plus d’autorité, de liberté et de fruit que tous les Corneille et les Racine du monde. […] A peine laisse-t-on aux Comédiens la liberté de se trouver à l’enterrement de leurs camarades, qu’une sincère conversion a fait rentrer dans l’Eglise ; encore n’est-ce qu’à titre de parent ou d’ami, dont on ignore la profession.
Pour les Pères, c’est à vous de nous les citer, c’est à vous, ou à vos amis de nous convaincre par une foule de passages que l’Église nous interdit absolument la Comédie en l’état qu’elle est, alors nous cesserons d’y aller, et nous attendrons patiemment que le temps vienne de mettre les Jésuites sur le théâtre. […] Vous vous étendez fort au long sur celle qu’on a faite de Térence, vous dites que je n’en puis tirer aucun avantage, et que le Traducteur a rendu un grand service à l’Etat, et à l’Eglise, en expliquant un Auteur nécessaire pour apprendre la Langue Latineo.
& de les enhardir dans leur révolte contre l’Eglise ?
k L’Église même, dit saint Augustin, « n’exerce la sévérité de ses censures que sur les pécheurs, dont le nombre n’est pas grand : severitas exercenda est in peccata paucorum » Epist. ad Aur, 22.
La voix que nous devons écouter, c’est celle de l’Eglise ; elle seule est en état de fixer nos doutes, et d’affermir nos pas dans le chemin de la vérité qui conduit à la vie éternelle.
des Chretiens autorisent par leur présence une profession réprouvée par l’Eglise !
Les Antoine, les Martinien, les Jérôme, sont tentés dans leur désert, et parmi les forets et les bois, et un jeune mondain me voudra persuader que dans la comédie il est aussi chaste que dans l’Eglise, je ne le crois pas, et ne le croirai jamais.
Les femmes avoient l’impudence de se coëffer avec ces rubans, & d’aller les étaler jusques dans les Eglises des Jésuites, à la fête de Saint Ignace, &c. mais le principal emploi des rubans, c’est de relever ou d’adoucir le teint ; toutes les couleurs selon qu’elles tranchent ou se fondent l’une dans l’autre, le favorisent ou le ternissent, & l’un des grands objets de l’art de la toilette est de savoir si bien les marier & les assortir, qu’elles se donnent mutuellement de l’éclat. […] C’est une affaire d’état pour les femmes que le choix de la place où elles doivent se mettre, au bal, aux spectacles, à l’Eglise, à table, au jeu, dans les compagnies, pour se ménager un jour favorable. […] Des actrices voulant entrer dans une Eglise dont on avoit consigné la porte, le garde voyant le rouge épais dont leur visage étoit enluminé, les arrêta tout court ; retirez-vous, leur dit le Suisse, les masques n’entrent pas ici. Les actrices courent rarement le risque d’un pareil accueil, elles ne connoissent pas les Eglises.
L’envie de combattre l’Eglise romaine a fait faire aux protestans des difficultés sur l’indissolubilité du mariage, contraires au bien public & à leurs propres intérêts Ils disent qu’en défendant le divorce, l’Evangile a excepté le cas de l’adultere, exceptâ fornicationis causâ : auquel cas il doit être permis de rompre & de se marier ailleurs. L’Eglise catholique, sur la tradition des peres, explique différemment ce passage, permet la séparation des mariés, si elle est jugée nécessaire ; mais croit que, dans tous les cas, le lien légitimement contracté est indissoluble. […] Cependant ce petit chanoine n’a pas eu le goût d’entrer dans le clergé ; on lui eût bientôt trouvé un gros bénéfice dans quelque église réformée, peut-être même dans celle de Quedlimbourg, par une seconde réformation : il n’en eût pas moins servi dans les armées de son pere, comme sa mere le servoit dans ses amours ; il eût réuni le panache du casque aux cornes du bonnet-quarré. […] Heureusement pour les orateurs catholiques, on n’a pas exigé d’eux cet éloge d’étiquette, qui auroit profané l’église & la chaire de vérité par des mensonges ou par l’abus de la parole divine.
Sans élever aucune barriere entr’elles & la mauvaise compagnie, qui toujours s’y rassemble, nous les laissons pêle mêle avec le premier venu que le libertinage y amène, nous les excusons, nous les applaudissons, nous les y engageons, nous les faisons monter sur le théatre public, nous leur élevons dans les maisons des théatres de société, nous leur laissons apprendre les arts empoisonnés qui y séduisent, nous les louons de leurs succès, ou plutôt de nos défaites, tandis que nous laissons imprimée sur le front des Comédiens la tache de l’infamie légale, du mépris public, & des anathèmes de l’Eglise. […] Elles ont leurs fêtes, nos saintes Nones, qui à la vérité ne sont pas dans le calendrier de l’Eglise, ni dans celui du vieillard de la Fontaine, mais qui n’en sont pas moins dévotement solemnisées. […] Qu’on vienne déclamer contre lui ; les anathèmes de l’Eglise, on les méprise ; les alarmes de la pudeur, on s’en joue ; barbarie chez les Grecs, qui en excluoient les femmes ; mysantropie chez les Romains, qui le couvroient d’infamie ; bizarrerie gothique parmi nous, qui laissons subsister les loix civiles & canoniques portées contre les Comédiens, & en faisons nos amis, nos modelles, nos oracles. […] Si jamais le démon a étalé ces pompes auxquelles l’Eglise nous fait renoncer par les vœux du baptême, n’est-ce pas à l’opéra & à la comédie ?
L’expérience ne justifie que trop l’Eglise qui l’a frappé de ses foudres. […] Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand. […] On ne prescrira point contre l’Evangile & les bonnes mœurs : la coutume, l’exemple sont des armes défensives bien foibles contre la séduction des plaisirs & la violence des tentations : une vieille coutume n’est qu’un ancien abus, cet abus n’eut jamais une possession paisible ; l’Eglise, les Peres, les gens de bien, les remords de conscience, même des gens du monde, n’ont cessé de la troubler, & n’ont jamais permis de se retrancher sur la bonne foi & la conduite des amateurs. […] Dons les premiers siecles de l’Eglise, depuis le grand Constantin, elle étoit moins licencieuse que de nos jours.
L’Eglise qui condamne l’immodestie, la vertu qui la redoute, le sage gouvernement qui la proscrit, la conscience timorée qui en a horreur, l’éducation honnête qui en éloigne, n’ont jamais eu en vue que la licence des femmes qui découvre autre chose que le visage & les mains, & devient de plus en plus répréhensible à mesure qu’elle dévoile davantage. […] Quand je vous vois entrer dans nos Eglises, leur disoit S. […] Vous courez de maison en maison, vous vous montrez dans les promenades, au bal, à l’Eglise, vous montez sur le théatre, vous vous offrez à tous les yeux, & vous nous croyez assez dupe pour admirer en vous une vestale qui ne cherche qu’à se défendre des téméraires aggresseurs. […] Paul fait une loi dans l’Eglise, que les femmes ne parussent en public que voilées.
Cet homme, qui jouissoit de vingt mille livres de rente en bénéfices, étoit toujours en cet état, chez lui, aux promenades, aux spectacles, à la Cour, à l’Eglise. […] Tout cela, sans être d’une science profonde, est du moins le fruit d’une piété sincère & répare les désordres de sa jeunesse, où, comme les Abbés livrés au monde, & presqu’habillés en femme comme lui par la mollesse & l’affectation de leur parure, il ne tenoit à l’Eglise que par les revenus qu’il en tiroit. […] Il est vrai que les Eglises paroissiales des cinq fauxbourgs où l’on court le fenetra font ce jour-là une fête ; on y prêche, on y donne la bénédiction du Saint Sacrement, & quelques personnes pieuses s’y rendent. […] Qu’est ce que cet essain brillant de Messieurs, de Dames, aux promenades, au spectacle ; à l’Eglise ?
Le droit canonique n’est pas moins précis que le droit civil, non seulement parce que l’Eglise regarde comme infâmes tous ceux que les lois de l’Etat déclarent tels (Caus. […] Elles veulent bien que les enfants qui en naissent, ne soient pas traités de bâtards, quelque incertaine que soit leur naissance ; elles tolèrent encore que le peuple s’allie avec eux, quoique l’Eglise, par respect pour la sainteté du sacrement, ne le leur accorde pas, s’ils ne se convertissent, pour en empêcher la profanation. […] Elles n’ont point égard à la mésalliance, le sacrement est indépendant de la noblesse ou de la roture, et quoique l’Eglise souhaite que les mariages soient assortis avec décence, elle n’a jamais fait un empêchement de l’inégalité des conditions. […] Dès qu’il fut fini, elle se lève au milieu de l’auditoire, et déclare à haute voix, qu’en présence de l’Eglise et de tous les assistants, elle prend Beauval pour son légitime époux.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude. […] Elle était célébrée par les Ecclésiastiques dans les Eglises durant le service Divin, avec des masques de figure bizarre, et des habillements de femmes et de fripons ; et en cet équipage ils dansaient à la mode des Histrions, et leurs danses étaient accompagnées de chansons malhonnêtes ; et sans avoir aucune honte, ils couraient la Ville et les Théâtres, et faisaient rire les Spectateurs par des gestes impudents, par des paroles indignes de leur profession, et par d'autres abominations, dont la pensée est capable de faire rougir.
Au contraire ils ont des pièces sacrées et Saintes qu’ils représentent souvent au milieu des Eglises avec des danses et des Musiques si graves et si modestes que la sainteté des lieux n’en reçoit aucune profanation. […] Car je tiens que ces deux choses ne diffèrent qu’en ce point que la Cour est une Comédie véritable et la Comédie est une Cour feinte, et en l’une et l’autre Scène ce n’est que masque et folie ; Ils eurent beau m’alléguer qu’il s'y trouvait de toute sorte d’Ecclésiastiques même des Religieux et qu’il ne se représentait rien devant leurs Majestés qui ne pût être représenté dans une Eglise tant la modestie et la gravité y étaient observées.
L’Eglise obligera dans peu de jours les Chrétiens à jeûner ; il faut prévenir ce jeûne par des excès, et des repas qui feront autant de débauches. […] Que penserait un Païen qui ayant été témoin pendant le carnaval de ces spectacles publics, de ces assemblées mondaines, de ces infinies séances au jeu, de ces repas dissolus, de ces nocturnes divertissements, de tout ce que le luxe le plus étudié et le plus poli inspire de mondanité ou de faste, entrerait dans nos Eglises deux jours après, et verrait aux pieds des Autels courber la tête sous la cendre, plusieurs de ceux qu’il aurait vu quelques heures devanta à la comédie ou au bal ?
« Le théâtre est contraire à ces vœux solennels Qu’un chrétien, en naissant, fait au pied des autelsaz. » « Depuis qu’un Dieu fait homme est venu nous apprendre à mortifier nos sens, à combattre nos passions ; depuis que l’Eglise nous a fait promettre de mourir au monde et à ses pompes, à la chair et à ses désirs, à Satan et à ses œuvres ; depuis que l’Evangile, toujours ouvert et toujours expliqué, ne prêche partout que le renoncement aux joies et aux vanités du siècle, il semble que des chrétiens ne devraient pas attendre, pour se déclarer contre les spectacles, qu’on les y contraignît, mais y renoncer d’eux-mêmes et les condamner hautement. […] » Donc un chrétien viole les vœux de son baptême, lorsqu’il fréquente les spectacles ; de quelque innocence dont il puisse se flatter, en reportant dans ces lieux son cœur exempt d’impression, il en sort souillé, puisque, par sa présence, il a participé aux œuvres de Satan auxquelles il avait renoncé dans son baptême, et violé les promesses les plus sacrées, qu’il avait faites à Jésus-Christ et à son Eglise.
Sa sainteté, sa sagesse, ses lumières, son autorité dans l’Eglise, donnent le plus grand poids à son suffrage ; mais surtout, ce que n’ont pas plusieurs autres Pères, il a l’expérience. […] J’ai honte de le dire, mais il n’est que trop vrai : les Comédiens leur plaisent plus que Dieu : « Impiis, iniquis magis et facilius pantomimus placet quam Deus. » De quoi vous entretenez-vous jusques dans les Eglises ? […] Tandis que ceux-ci vous donnent des spectacles de vice au théâtre, il vous offre dans l’Eglise le spectacle de sa passion et de sa mort, et de celle des Martyrs.
En Angleterre ce n’est rien : on fait enterrer à Westminster qui l’on veut pour de l’argent ; si ce n’est que la somme est plus forte que dans les autres églises, & que les tombeaux étant tous ornés d’un mausolée, il n’y a que les gens riches qui puissent en faire la dépense. […] C’est le tombeau d’une jeune femme morte entre les bras de son mari (& qui n’est pas trop décent dans une église) ; on y voit ceux du Chevalier Venin, de l’Amiral Vailon, du Capitaine Hardic, du Musicien Drandel, du Philosophe Neuton, &c. tous ceux des personnes de leurs familles, même celui de Milton, qui lui seul valoit plus que toutes les actrices du monde, & qui pourtant fut élevé aux dépens de son neveu. […] Ces mausolées, ces statues sont-ils bien décens dans une église ? […] Mais depuis que les magistrats oublient leur dignité jusqu’à peupler le théatre & les loges, ces sages réglemens sont oubliés ; &, par une suite nécessaire, on s’éveille, on se leve, on donne audience fort tard, les affaires sont mal instruites, & lentement expédiées, le bureau de l’homme-d’affaires, la boutique du marchand, l’église, le chœur, sont déserts. […] On communie à l’église, & non dans son cabinet, on ne porte point l’hostie dans sa poche, mais dans un ciboire, sous un dais, avec des flambeaux, revêtu des ornemens sacerdotaux, même aux malades, & le prince se porte bien, il est en affaire, ne pense pas à la communion, n’est pas à jeun à huit heures du soir, &c.
Leur paresse empruntait le voile du zèle et de la piété pour autoriser leur fainéantise ; ils avaient toujours des Indulgences à gagner dans l’Eglise du Patron du jour, un grand Prédicateur à entendre, un Confesseur à visiter. […] Vous reprochez au spectacle de servir la vanité et la coquetterie des femmes, en ce qu’il leur offre l’occasion de produire leur luxe et de paraître, comme on dit, sous les armes ; mais ce n’est pas pour cela que le Théâtre est fait ; si cette raison suffit pour l’interdire, il faut donc fermer aussi tous les Jardins publics, toutes les Promenades, les Eglises même ? […] Pour détruire le préjugé établi contre l’état de Comédien, je propose le projet d’une requête au Parlement, par laquelle en représentant à cet Auguste Corps, que l’Eglise elle-même s’étant relâchée en faveur des gens de spectacle, et leur permettant partout ailleurs que dans certains Diocèses de France l’usage des sacrements, cet illustre Sénat serait supplié de se relâcher de même en considérant que les motifs qui avaient donné lieu à l’excommunication et à l’enregistrement de la Bulle contre les Comédiens ne subsistant plus, la peine ne doit plus exister non plus. […] L’objet des successeurs des Confrères de la passion contre qui l’Eglise a lancé ses foudres était moins d’attirer le Peuple pour l’instruire et l’édifier que de procurer aux Spectateurs l’occasion de se livrer au plus infâme débordement, et de leur faire payer le plus cher qu’ils pouvaient les commodités qu’ils procuraient aux crimes. […] L’Eglise s’éleva avec raison contre des abus si scandaleux ; elle excommunia non seulement les Comédiens, mais encore les spectateurs.
A la Chine, pour prévénir cet abus de l’histoire, dont les Historiographes du théatre ne se garentissent pas, il y a dans le Palais de l’Empereur, un grand coffre bien fermé, avec une fente ménagée au couvercle, comme les troncs qu’on voit dans nos Eglises, où l’on jette à son gré des aumônes.
Et en ce que selon l’ordre de l’Eglise, nous faisons des Processions, où le Chant est accompagné du mouvement du corps, qui même en quelques endroits se fait avec plus de règle, et avec plus de mesure.