7.) ne souffre pas qu’un homme libre s’avilisse jusqu’à le faire. […] Parmi nous, aucun corps de Magistrature ne les souffrirait. […] Le théâtre n’était pas souffert à Sparte, il y était méprisé. […] Ne me déplaît chose de nos anciens pères, sinon d’avoir souffert à Rome ces méchants bélitres.
Ils n’auraient pas apparemment souffert qu’elle eût infecté toutes les villes du royaume, qu’on eût soudoyé des milliers de Comédiens, et abandonné l’agriculture, les métiers, les professions, pour aller amuser le public de sornettes, d’intrigues et de crimes. […] La vanité ne peut souffrir ce qui l’humilie, elle écrase tous ses rivaux ; et comme rien n’est humiliant qu’elle-même, et à même temps qu’elle sacrifie tout pour écarter ces nuages, elle se couvre du voile de la modestie, et s’affuble du manteau de la générosité. […] Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ? […] Louis XIV, plus jaloux de la gloire que son père, ne l’eût jamais souffert.
Molinos, distinguant la partie supérieure de la partie inférieure, prétendait que tout ce qui se passait dans celle-ci, vengeance, orgueil, impureté, plaisir, douleur, etc. et toutes les altérations du corps qui en étaient la suite, étaient des modifications purement passives, étrangères à l'âme, et par elles-mêmes indifférentes, qu'on pouvait les souffrir sans s'en embarrasser, et pourvu qu'on demeurât uni à Dieu dans la partie supérieure, que S. […] Le quiétiste souffre la sensation du plaisir, mais ne l'excite pas ; le spectateur va la chercher, il l'achète, l'Auteur et l'Acteur font leurs efforts pour la produire en eux et en autrui. […] On ne doit point souffrir, peut-on faire naître dans son cœur la haine, la vengeance, l'orgueil, la volupté ? […] Il est une apathie, une philosophie chrétienne, à laquelle nous devons tous travailler, qui consiste, non à ne pas sentir, mais à souffrir patiemment la douleur, à résister courageusement au plaisir, et à faire la guerre aux passions.
La politesse cache l'ennui, la sagesse le souffre, la vertu s'en fait un mérite. […] Le théâtre ouvre la porte à tous les vices ; il remplit d'une folle joie qui sans cesse et sans mesure, sans pouvoir rien souffrir, ne veut que le plaisir et le jeu. […] Paul, par toutes sortes d'épreuves, il s'est assujetti à toutes les infirmités de la nature, il a souffert les outrages, les calomnies, les tourments, une mort infâme : le vit-on jamais au spectacle ? […] Quel honnête homme souffrirait ailleurs ce qu'il entend sur la scène ?
De retour à Paris je travaillai à me mettre en état d’exercer un emploi où la probité fut moins exposée et dans lequel l’amour propre eût moins à souffrir, j’obtins la liberté de travailler en qualité de surnuméraire dans le Bureau de la Direction générale des Monnoïes. […] Si j’ai fait voir combien la probité a à souffrir dans les emplois subalternes, on avouera sans doute que je n’ai pu rien faire de mieux que de me faire Comédien, dans la ferme résolution d’être un Saint, dès que je le pourrai devenir. […] Si la bonne foi a tant à souffrir dans toutes les professions, si les devoirs de la Religion s’accordent si peu avec l’intérêt de ceux qui les exercent il n’est donc qu’un seul état où l’on puisse se supposer à couvert des tentations : c’est l’Etat Ecclésiastique. […] Pour ôter à la Politique ce motif dont elle abuse malgré elle, le remède est fort simple, il n’y a qu’à ne plus souffrir au Théâtre que d’honnêtes gens. Dirai-je plus, il n’y a qu’à n’y plus souffrir que de la Noblesse et pourquoi non dès que le Théâtre sera annobli ?
Oseroit-on dire que le Théatre n’en souffre pas infiniment, ou que nous exagerons ? […] Mais si d’un côté l’envie s’éleve d’elle-même contre des triomphes qui la blessent ; de l’autre, la gloire dispensée avec peu de ménagement & d’équité, est un larcin que l’amour propre souffre impatiemment.
Ce qui me paraît avoir le plus souffert chez nous, ce n’est pas la Peinture, puisque nous avons David, Regnault, Gérard, Vincent, Giraudet, Hue, etc., etc. […] Ainsi le bon goût se déprave, et ce mal (résultant du surhaussement du prix des places) n’attaque pas seulement la jeunesse : on en voit atteints tous les citoyens dont la fortune a souffert.
Cependant j’avais ouï dire que vous aviez souffert patiemment qu’on vous eût loués dans ce Livre horrible. […] Comment donc avez-vous souffert qu’il ait tant fait de Traductions, tant de Livres sur les matières de la Grâce ?
On dira peut-être : les Avocats font tous les jours la même chose au Barreau ; ils emploient les mêmes moyens, ils plaident pour excuser le crime & justifier le coupable ; on les souffre pourtant, on les écoute.
Ou bien quelque angélique essence Qui ne veut souffrir la puissance Du lance-foudre Jupiter : Ou l’Amour d’une cause feinte Qui de son trait donne une atteinte Aux immortels pour l’irriter.
L’état religieux n’est qu’un brigandage, & le Prince souffre cet affreux désordre dans tout son royaume, où il en est des milliers ; les parens sont des scélérats qui abusent de leur autorité pour immoler leurs enfans. […] Celui qui veut forcer est trop pressé pour souffrir des délais inutiles. […] Elle dit vrai, & cependant elle continue : Dans ce monde bruyant comment peut-on souffrir Que les distractions, les soins & les plaisirs De l’ame à tout moment éloignent ce qu’on aime ? […] C’est un Philosophe qui veut la tolérance, & ne peut souffrir le zèle pour la foi. […] N’est-ce pas avec raison que sa fille lui dit : Et vous l’avez souffert, & vous l’avez permis ?
Souffrez seulement qu’après demain (samedi) je vous dise un mot chez votre amie.
Esculape les rejettera parce que dans celui-ci, le mal qu’il souffre est une juste punition de ses crimes, et dans les autres, c’est un effet de leurs dérèglements.
C’était peut-être une des raisons du silence des Apôtres, qui accoutumés à la simplicité de leurs pères et de leur pays, n’étaient point sollicités à reprendre en termes exprès dans leurs écrits, des pratiques qu’ils ne connaissaient pas dans leur nation : il leur suffisait d’établir les principes qui en donnaient du dégoût : les chrétiens savaient assez que leur religion était fondée sur la Judaïque, et qu’on ne souffrait point dans l’Eglise les plaisirs qui étaient bannis de la Synagogue : quoi qu’il en soit, c’est un grand exemple pour les chrétiens, que celui qu’on voit dans les Juifs ; et c’est une honte au peuple spirituel, de flatter les sens par des joies que le peuple charnel ne connaissait pas.
Les dieux, les autels, les prodiges, les prêtres n’y paraissent que pour être la matière d’un indigne parallèle : ils n’y sont soufferts que pour engager adroitement les spectateurs à confondre avec de faux cultes le culte véritable, et n’y sont marqués que du sceau de la haine et du mépris.
Il ne conseille point d’y souffrir la jeunesse43, quoique de son temps on ne jouât pas des rôles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison et de vengeance pouvaient affecter les jeunes personnes.
S’il s’était trouvé parmi les Acteurs de ce temps-là des personnes qui eussent pensé comme vous, Mademoiselle, ils n’auraient pas souffert patiemment l’injure qu’on leur faisait, et le Théâtre ne se serait pas laissé avilir en gardant un honteux silence. […] Qu’ils ont aujourd’hui quelques défauts, qu’on ne saurait approuver, et qu’on ne devrait pas souffrir.
Vous les placez justement après David, et Salomonf, ce n’est pas assez : mettez-les devant, vous ferez un peu souffrir leur humilité, mais ne craignez rien ; ils sont accoutumés à bénir tous ceux qui les font souffrir.
Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre. […] Je doute qu’ils eussent souffert à Racine d’employer tout son art à diminuer l’horreur naturelle que nous devons avoir du crime de Phèdre, je doute qu’ils lui eussent permis d’inspirer contre les bonnes mœurs au commun des spectateurs une sorte de compassion pour le sort malheureux de cette abominable créature.
Etre mal traité pour ce sujet, c’est souffrir un bien glorieux martyre pour l’amour de Jésus.
Que si on les souffre à Rome et ailleurs, (quoiqu’ils y soient fort différents de ce qu’ils sont en France, soit pour les Acteurs, soit pour les Pièces, qui toutes subissent l’examen avant que d’être jouées,) ce n’est que comme on tolère un moindre mal pour en éviter de plus grands, selon ce mot de S.
Lui donner des salles décentes et une forme régulière, l’orner de musique, de danses, de décorations agréables, et y souffrir des mœurs obscènes et dépravées, c’est dorer les bords de la coupe où le public va boire le poison du vice et du mauvais goût.
Il commença donc par payer ses dettes, et les gages de ses Domestiques ; et par réparer les dommages que les peuples avaient soufferts par ses troupes. […] Pour nous il nous a fallu souffrir les pièces de Théâtre que P. […] , ne souffre point de contradiction, quelle raison peut-on avoir d’en douter. […] Tous sont-ils capables de cet emploi : et doit-on souffrir que chacun se mêle de conduire la jeunesse comme il lui plaira ? […] que le Président Flaccus faisait fouetter les Juifs au milieu du Théâtre d’Alexandrie, et leur faisait souffrir les tourments du feu et du fer.
avec quelle force ne devons-nous pas leur représenter que le Dieu qu’ils servent est un Dieu jaloux, qui veut être aimé uniquement, qui ne souffre point de partage dans les cœurs qui se donnent à lui, & qui rejette enfin comme indignes de lui, des hommages qu’on rend également au monde son ennemi ? […] Je vous demande si jamais vous n’avez entendu sortir de ces bouches impures que des paroles chastes & mesurées ; si jamais vos yeux & vos oreilles n’ont rien rencontré dans les Spectacles, qu’on dit être les plus châtiés, qui pût alarmer la modestie ; si vous voudriez imiter, ou si vous souffririez dans les personnes dont la conduite vous est confiée, les parures indécentes, les manières lascives & dissolues, l’air d’effronterie & d’impudence qu’on étale sur le théâtre ; si vous adopteriez le langage qu’on y parle ; & si enfin vous n’avez jamais rougi, en souriant à des propos que vous auriez honte de répéter ? […] Ignorez-vous que l’Eglise souffre dans son sein de grands pécheurs, des pécheurs scandaleux, des pécheurs qui, par leurs mœurs dissolues & leurs honteuses débauches, déshonorent la sainteté du Christianisme ? […] Souffrez, mes Frères, que j’emploie ici une comparaison qui me paroît aussi frappante que naturelle.
Auguste le leur défendit ; mais Tacite reproche à Néron, & Suétone à Domitien, de l’avoir souffert & d’y avoir applaudi. […] Il n’y en a aucune qui ne soit la maîtresse de quelque Seigneur, & fort peu de Seigneurs qui n’en ait quelqu’une sur son compte ; elles font une dépense effroyable, & on laisseroit plutôt mourir de faim toute sa famille, que de souffrir qu’une Actrice manque des choses les plus superflues. […] Sulpice fit souffrir à l’Actrice Lecouvreur (Journ. de Trev. […] Quinault à l’heure de la mort marqua le plus amer repentir d’avoir empoisonné l’opéra d’une morale corrompue, dont les Payens même n’auroient pas souffert chez eux une école publique (d’Olivet, Hist. de l’Acad.
Ni les Archevêques de Paris, Harlai & Noailles, ni le Roi, ni M. le Régent, ne l’auroient souffert, ni l’Académie Françoise (alors) ne l’auroit reçu, ni le Séminaire des Missions étrangères, où il a vécu plusieurs années, ne l’auroit gardé. […] Elle se faisoit servir par des hommes, & ne pouvoit souffrir les femmes, disant : Je n’aime pas les hommes parce qu’ils sont hommes, mais parce qu’ils ne sont point femmes. […] 11. condamne celles qui sc font à … & blâme les Magistrats qui les souffrent. […] Et ce n’est pas seulement sur les tabatieres des Actrices, dans les boudoirs des aimables, j’ai vu ces portraits de famille étalés dans les palais les plus graves, les plus saints, les moins faits pour les souffrir.
Mais une bonne Police ne souffrira pas les indécences ouvertes. […] Il ne m’a falu que très peu de temps pour m’apercevoir qu’à tous les Théâtres de la Capitale, l’épicurisme des bons Comédiens, & le Jeu des mauvais, effarouchent aujourd’hui les Spectateurs délicats : on s’abstient d’aller à telle Pièce, qui fait un plaisir infini, parce qu’on souffrirait trop à la voir estropiée par une Actrice grimacière, un Comédien hideux, ou froid, ou servile imitateur du Jeu d’un autre.
Donc pour le joindre de près, il suffira d'expliquer ici que jamais l'impudence de la débauche n'inventa rien de plus détestable que ces jeux, et que l'honnêteté n'en peut souffrir le discours ni la pensée ; il ne se trouva point de gens assez effrontés capables de divertir le peuple par bouffonneries, par Danses, par grimaces, par le récit de toute sorte de lascivetés, par l'image des actions que l'iniquité couvre même de la nuit et du silence, dont le peuple ne voulût composer cette horrible dévotion. […] souffert de semblables durant plusieurs années sous le nom de la Fête des Fats ou des Fous, et qui fut depuis abolie par le conseil de nos Théologiens, sur la Lettre qu'ils en écrivirent à tous les Évêques de France.
Enfin je n'ai vu dans les Anciens que les Acteurs des Jeux Scéniques, les Histrions, les Mimes, et l'art de Bouffonner condamnés d'infamie, et jamais la Comédie ni la Tragédie, ni les noms de Comédiens et de Tragédiens n'ont souffert ce reproche, si ma mémoire ne me trompe, ou qu'une lecture précipitée ne m'en ait ôté la connaissance. […] ou Lutteurs, bien qu'ils combattissent tous nus sur l'Arène, ni les Thyméliques ou Musiciens, bien qu'ils joignissent leur voix et l'adresse de leurs mains aux Danses des Mimes et des Bouffons ; ni les Conducteurs des Chariots au Cirque, ni même les Palefreniers qui servaient auprès des chevaux employés aux Courses sacrées, bien qu'ils fussent de la plus méprisable condition, d'où l'on peut aisément juger, et certainement, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'ont jamais souffert cette tache ; ils ne paraissaient point sur le Théâtre que modestement vêtus, bien que ce fut quelquefois plaisamment ; ils n'occupaient les Musiciens qu'aux Danses et aux Chants de leurs Chœurs, ou de quelques vers insérés dans le corps de leurs Poèmes, comme ceux de nos Stances que l'on récite mal à propos, au lieu de les chanter, étant Lyriques.
Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint. […] Je réponds que saint Louis chassa les comédiens de ses Etats comme en étant la peste, si les meilleurs Princes n’en font pas de même, c’est qu’ils sont souvent obligés de tolérer divers abus pour en empêcher de plus grands, il ne faut pas croire que tout ce que souffre la police à cause de la dureté des cœurs soit licite, et que ce qu’elle est obligée d’épargner n’ait rien à craindre de l’arbitre suprême.
Les Prédicateurs ne souffriraient point que la Chaire et le Théâtre fussent confondus, et qu’on allât apprendre de la bouche des Comédiens, ce qu’on débite avec autorité dans les Eglises à tous les peuples. […] Celui-ci a revêtu ses Dieux de nos faiblesses, pour les ajuster à la portée des hommes : celui-là élève ses Héros jusqu’à pouvoir souffrir la comparaison des Dieux : « Victrix causa Diis placuit, sed victa Catoni. »g Dans Virgile, les Dieux ne valent pas des Héros : dans Lucain, les Héros valent des Dieux.
Mais un Censeur est un homme public, chargé de veiller sur la religion & les mœurs, & à ne rien souffrir sur la Scène qui les blesse. […] Les Censeurs, juges & parties, ne souffrent aucune piece réguliere & décente ; la décence & la régularité sont chez eux des titres d’exclusion. […] Agens du vice & du mauvais goût, ils ne peuvent rien souffrir qui ne soit marqué à leur sceau.
L’Etat souffre le mal pour des raisons que je respecte. […] Aucun d’eux ne se fait scrupule d’y souffrir l’amour ; ils se contentent de retrancher les traits contre le gouvernement, les obscénités, les impiétés trop marquées. […] Depuis plusieurs années j’avois beaucoup à souffrir intérieurement d’avoir travaillé pour le théatre.
Plusieurs troupes de différents Comédiens s’étant établis au Marais et ailleurs, Louis XIV. par un simple Brevet les remit tous en 1680. en une seule troupe : et c’est là l’unique titre de l’établissement des Comédiens d’aujourd’hui, qui n’a pas été suivi de Lettres Patentes ; parce qu’ils ne font aucun corps dans l’Etat ; d’où ils peuvent être chassés, comme le furent par saint Louis, ceux qui se trouvèrent alors dans le Royaume, où ils ne sont tolérés encore à présent que par des raisons de pure politique, comme d’autres maux y sont soufferts, aussi bien qu’à Rome même et ailleurs. […] Il est vrai, que les anciens Pères, en parlant de la sorte, avaient principalement en vue certains jeux de théâtre, qu’on appelait Majuma, dont les Empereurs firent retrancher ce qu’il y avait de plus dissolu, et de plus honteux : mais quelque réforme qu’on y ait fait, saint Chrysostome ne laisse pas de les appeler des écoles d’adultère et de libertinage : non pas qu’on représentât des actions sales sur le théâtre, ce que ces pieux Empereurs n’auraient pas souffert ; mais parce que les Comédiens de l’un et de l’autre sexe ne s’étudiaient qu’à se servir de paroles et de gestes affectées, qui n’étaient propres qu’à remplir l’esprit de mille idées impures et le cœur de mauvais désirs. […] Au reste, si on les souffre dans un état Chrétien ; ce n’est que comme un moindre mal, qu’on tolère, pour en éviter un plus grand.
Prenez votre heure, c’est la sienne : Votre loisir sera le sien ; en quelque quantité que vous la preniez, pourvu que vos forces la puissent souffrir avec facilité, vous n'y pouvez faire de fautes ; elle n’a qu’une seule ennemie, c’est l’indiscrétion. […] Ainsi elle ne souffre point qu’on joue dans les Eglises, sur les Cimetières, ni en quelque autre endroit que ce soit, qu’on ait consacré à Dieu. […] Il leur semble que Dieu doit être là pour ne rien souffrir, qui choque leurs interêts et pour détourner tous les coups qui sont portés contre eux : N’est-ce pas traiter Dieu de valet, et le réduire à la condition des esclaves ? […] Français sont les plus indulgents de tous à souffrir ces déguisements. […] Le pauvre en souffre et ne trouve personne qui pense à le dédommager.
c’est presqu’un instinct coquet qui la porte vers lui : il ne faut pas souffrir cela : la sympathie opérerait, & ma fille, un jour, serait une volage… En vérité je suis folle.
Qui aurait pu souffrir cette impiété ?
Que si l’on dit qu’en tout cas les défauts que reprend ici Saint Basile sont des péchés véniels, et que pour cela on les appelle petits péchés ; ce père ne souffrira pas ce discours à un chrétien.
La Police l’auroit-elle souffert ? […] Les Grecs excluoient les femmes des exercices qui les obligeoient d’être nuds ; mais les Romains auroient-ils souffert qu’une Actrice parût dans cet état, à des Jeux qui ne l’exigeoient pas ?
Je pense, répondit-il, que votre majesté mérite tous les éloges qu’on lui donne ; mais je ne puis comprendre comment elle peut souffrir qu’ils soient chantés par une troupe de faquins, dans le temple du vice & de la débauche. […] S’y pourroit-il souffrir lui-même ?
Il ne conseille pas d’y souffrir la jeunesse1, quoiqu’on ne jouât pas de son tems des rolles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison & de vengeance pouvoient faire impression sur l’esprit des jeunes gens. […] Geneve, malgré son Protestantisme, n’a jamais souffert aucun Spectacle.
on désire de douter, on doute ; on perd la foi, on devient ennemi de la vérité, on la combat ; on ne peut souffrir les Prédicateurs & les exercices de piété, on ne goûte que la dissolution ; on abandonne les sacremens, ou on les profane ; on se moque des choses saintes, &c. […] Bienheureux les pauvres d’esprit, bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui ont le cœur pur, bienheureux ceux qui souffrent persécution.
quelle honte pour nous, disoit-il, quand on dira de notre nation, qui veut passer pour sage, que nous souffrons que des hommes aient pour toute occupation de se mettre sur un charriot barbouillé de lie, autour d’un tonneau, imitant les ridicules des uns, & insultant aux autres par leurs satyres ! […] La ville de Geneve, instruite de ces principes, n’a jamais voulu souffrir de spectacle. […] Je vous avouerai, dit-il, que depuis quelques années j’avois beaucoup à souffrir intérieurement d’avoir travaillé pour le Théatre, étant convaincu, comme je l’ai toujours été, des vérités lumineuses de notre Religion, la seule divine, la seule incontestable.
Mais il est surprenant qu’on ne sente pas que le bien public demande qu’on arrête cette funeste source de désordres, & qu’on souffre des jeux qui l’ouvrent à tout le monde, font boire de ses eaux, & en donnent le goût. […] La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient. […] On ne peut souffrir son arrogance, & les gens de bien détestent sa malignité.
Le gouvernement sage des Nations modernes n’a jamais souffert sur nos Théâtres des Drames licencieux comme ceux d’Aristophane & de ses Prédécesseurs ; ni de Danses comme ces Pyrrhiques obscènes, si courues des Romains. […] S’il faut les souffrir dans une petite ville ? […] Il opère une révolution funeste dans les mœurs : nos jeunes-hommes, parvenus à craindre ce ridicule, plus que nos femmes ne redoutent le crime de l’infidélité, les dernières suivent leur penchant que la Comédie n’a point attaqué, flétri ; & les seconds souffrent le desordre, de peur d’être honnis.
Les Saturnales, où les maîtres étoient obligés de souffrir les insolences de leurs esclaves. […] On les souffrit jusqu’à Domitien ; mais le danseur Paris ayant eu l’audace de souiller le lit de l’Empereur, ce Prince répudia sa femme, fit massacrer son amant & un autre danseur, dont il craignoit un pareil affront, & chassa encore tous les Comédiens : Uxorem Domitiam Histrionis amore deperditam repudiavit, &c. […] Il la sut le dernier ; on lui conseilloit de la répudier, il souffrit & dissimula, & répondit : Il faudroit donc lui rendre sa dot, elle m’a apporté l’Empire. […] Le Cardinal de Richelieu, trop grand pour s’y plaire, trop peu scrupuleux pour s’en embarrasser, le souffrit jusque dans les fêtes qu’il donnoit au Roi, sans doute au profit des bonnes mœurs.
Le Christianisme seul, plus sérieux & plus réservé, ne les a jamais souffertes dans les choses saintes ; & si l’ignorance, la grossiereté, l’irréligion, les a quelquefois introduites dans le sanctuaire, c’est un abus que des siecles plus éclairés ont réformé. […] On ne les souffre pas à S. […] Il est absolument défendu par les Canons & par les ordonnances d’Orléans & de Blois, de faire des danses les jours de fête & de dimanche, & les Parlemens accordent leur protection aux Curés & aux Magistrats municipaux pour faire exécuter ces sages loix, & en punir les infracteurs, & je ne sais pourquoi ils souffrent les bals & les spectacles les jours de fête. […] Les heures entieres, les jours & les nuits s’y passent ; les affaires vaquent, les études souffrent, tout en est dérangé ; la fatigue est extrême, les dépenses énormes, & pour ceux qui donnent le bal, & pour ceux qui s’y rendent.
En vérité les tortures que souffre un damné et le désespoir où elles le plongent ne le porteraient point à ces fureurs : elles sont au-dessus de toute expression ; et Dieu veuille qu’elles ne soient pas au-dessus de toute miséricorde ! […] Lorsqu’un Poète n’a guère que ce qu’il lui faut, c’est une folie à lui de s’épuiser d’esprit pour un caractère de sot, ses personnages plus sensés souffriront de cette prodigalité hors d’œuvre. […] « Ils n’auraient pas souffert, dit-il, que les jeunes gens entendissent quoi que ce soit de tendre ou de trop enjoué. […] par la régularité de leurs mœurs, par leur habileté à former des grands hommes pour la guerre, ne voulaient souffrir le Théâtre en aucune façon, sous quelque règle qu’on pût le réduire. […] Si quelqu’un en souffre, ce n’est que nous uniquement.
L’économie générale souffre donc de ce partage mal entendu.
Il y est aussi marqué que les Ecclésiastiques, ne doivent point se divertir à voir les masques, ni souffrir ces insolences en leur présence ; parce que ce sont des inventions diaboliques, et contraires à l’esprit de l’Eglise, et aux Canons.
Souffrons qu’il nous enseigne tout cela, sans sçavoir s’il en est instruit. […] Mais songez toujours que les Hymnes en l’honneur des Dieux, & les louanges des grands hommes, sont la seule espèce de Poësie qu’il faut admettre dans la République ; & que, si l’on y souffre une fois cette Muse imitative qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les actions des hommes n’auront plus pour objet, ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté : les passions excitées domineront au lieu de la raison. […] Autrement, mon cher Glaucus, comme un homme sage, épris des charmes d’une maitresse, voyant sa vertu prête à l’abandonner, rompt ; quoiqu’à regret, une si douce chaîne, & sacrifie l’amour au devoir & à la raison ; ainsi, livrés dès notre enfance aux attraits séducteurs de la Poësie, & trop sensibles peut-être à ses beautés, nous nous munirons pourtant de force & de raison contre ses prestiges : si nous osons donner quelque chose au goût qui nous attire, nous craindrons au moins de nous livrer à nos premieres amours : nous nous dirons toujours qu’il n’y a rien de sérieux ni d’utile dans tout cet appareil dramatique : en prêtant quelquefois nos oreilles à la Poësie, nous garantirons nos cœurs d’être abusés par elle, & nous ne souffrirons point qu’elle trouble l’ordre & la liberté, ni dans la République intérieure de l’ame, ni dans celle de la société humaine.
C’était une satyre contre un homme de ce nom, dont les fourberies étaient si publiques, que l’on ne fit aucune difficulté d’en souffrir la représentation sur le théâtre, sans aucun déguisement. […] Deux autres Troupes parurent en cette Ville quatre ans après, et firent de nouvelles tentatives de s’y établir ; l’une était de Français et l’autre d’Italiens : ceux-ci introduisirent des Pantomimes dans leurs Pièces ; en sorte qu’à l’imitation des anciens Histrions, c’était un mélange de récits et de gesticulations, ou de tours de souplesses : cela leur attira d’abord un fort grand concours ; mais l’ordre public ne put pas le souffrir longtemps. […] De quoi Sa Majesté ayant été aussi informée, même de ce que depuis on n’avait osé ouvrir les portes de l’Hôtel de Bourgogne ; et ne voulant souffrir qu’un tel excès demeure impuni, il lui aurait plu de Nous envoyer ses ordres exprès et particuliers, tant contre ceux qui sont connus pour être les chefs et les principaux auteurs de cette violence publique, que contre ceux qui se trouveront les avoir assistés.
Ils n’étoient point soufferts à Lacédémone, & ils ne le sont point encore aujourd’hui à Geneve ; les Comédiens qui oseroient s’y établir, en seroient chassés comme des corrupteurs. […] Escobar, qui écrivoit aussi en Espagne, porte l’horreur des comedies jusqu’à ne point approuver qu’on en souffre dans un état.
Outre cela les Comédies, et les Tragédies expriment tout ce qu'il y a de honteux dans l'histoire de vos Dieux: vous regardez avec plaisir le Soleil plaindre le malheur de son fils qui est tombé du Ciel; vous voyez sans rougir que Cybèle soupire pour un berger qui la méprise; vous souffrez que l'on représente tous les crimes de Jupiter, et que Paris juge le différent de Junon, de Minerve, et de Venus. […] C'est sous ce titre qu'il a été établi dans le monde; car auparavant dés qu'on dressait des Théâtres, souvent les Censeurs les faisaient abattre pour conserver la pureté des mœurs dont ils prévoyaient la corruption, et la ruine inévitable, si l'on souffrait la licence des Spectacles.
Le Rituel de Paris ne demande rien davantage que cela dans l’endroit du Prône, où il est parlé des Comédiens ; et comme le Rituel doit s’expliquer par lui-même, ce qui y est dit dans le titre de la communion des malades, peut souffrir interprétation. […] Et il ne faut pas s’en étonner, parce que j’étais, dit ce Père38 , une brebis malheureuse et égarée de votre troupeau, parce que je ne pouvais souffrir d’être sous votre conduite, Seigneur ! […] La paresse est à fuir comme un écueil dangereux, mais les Comédiens entretiennent les hommes dans cette paresse : car des esprits sans occupation s’ennuieraient bientôt et auraient peine à se souffrir eux-mêmes, s’ils n’étaient flattés dans leur oisiveté par le ressentiment de quelque plaisir. […] Car outre que les paroles du Synodicon ci-dessus sont trop générales et précises contre les Comédiens pour souffrir cette interprétation puisqu’elles condamnent l’exercice des Comédiens sans distinction, et indépendamment du temps et de l’heure ; c’est qu’il n’est parlé en cet endroit du Rituel que de ceux qui assistent aux Spectacles et non de ceux qui les représentent. […] Si l’on veut enfin que les Comédies soient mauvaises, les Magistrats ne devraient point les souffrir.
Quelques-uns ont imité la politique des Rois de Juda, qui proscrivant le culte des fausses Divinités, toléroient néanmoins les sacrifices que l’on offroit au vrai Dieu sur le sommet des montagnes, tout irréguliers qu’ils étoient, selon la loi de Moïse, Verumtamen excelsa non abstulit , dans la persuasion qu’il faut souffrir un moindre mal pour éviter un plus considérable.
Ne serait-il attendri que superficiellement, ou ne saurait-il plaindre davantage celui qui souffre ?
Ce même Auteur suivant la disposition dans laquelle il était d’élargir la voie du salut, contre la parole expresse de l’Evangile, excepte encore le cas de la coutume ; permettant la danse aux jours de quelques fêtes particulières, lorsque l’usage en est déjà établi : Mais ceux qui seront véritablement entrés dans les sentiments de l’Eglise, et qui seront animés de l’Esprit qui l’a conduite dans l’institution de ces solennités, souffriront encore moins cette exception, que les autres ; Car ils seront persuadés que les témoignages de la joie Chrétienne, qui est une joie toute spirituelle, et toute en Dieu, ne sauraient s’accorder avec ces danses mondaines.
Je le veux : mais il y paraît comme une belle, comme une noble faiblesse, comme la faiblesse des héros et des héroïnes ; enfin comme une faiblesse si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire, qu’on lui applaudit sur tous les théâtres, et qu’elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut souffrir de spectacle où non seulement elle ne soit, mais encore où elle ne règne et n’anime toute l’action.
Tertullien ne peut souffrir cette recherche des plaisirs.
Ils n’épargnoient pas même la Reine mère, qui ne pouvoit souffrir leur désordonnée outrecuidance. […] Ces femmes dont l’extrême délicatesse, vraie ou affectée, ne peut souffrir la plus légère incommodité, en contractent des infirmités de toute espece. […] On s’armeroit contre des brigands impies qui viendroient à main armée piller l’Eglise, & on souffre le brigandage d’une femme mondaine, qui armée des traits bien plus meurtriers de l’immodestie, vient jusqu’aux pieds du trône du Tout-puissant lui enlexer des trésors bien plus précieux, l’adoration & l’amour de tous les cœurs ! […] La régularité des Communautés en souffre, & le monde s’en autorise, & les élèves y portent des leçons faciles à prendre, difficiles à oublier, qui favorisent toutes les passions, & que toutes les passions favorisent.
Mais souffrez que je me borne à un seul, sur lequel je ne me suis encore jamais bien expliqué, et qui va faire tout le fonds de cette seconde partie : c’est le jeu. […] Une femme qui se sent chargée d’elle-même jusqu’à ne pouvoir en quelque sorte se supporter ni souffrir personne, dès qu’une partie de jeu vient à lui manquer ; qui n’a d’autre entretien que de son jeu ; qui du matin au soir n’a dans l’idée que son jeu ; qui n’ayant pas, à l’entendre parler, assez de force pour soutenir quelques moments de réflexions sur les vérités du salut, trouve néanmoins assez de santé pour passer les nuits dès qu’il est question de son jeu ; dites-le moi, mes chers Auditeurs, cet homme, cette femme gardent-ils dans le jeu la modération convenable ? […] Parce que dans les nécessités publiques l’aumône coûteroit, et que le jeu en pourroit souffrir, on ne connoît point ce commandement ; on est témoin des miseres du prochain, sans en être ému, ou si le cœur ne peut trahir ses sentiments naturels, l’esprit n’est que trop ingénieux à imaginer des prétextes pour en arrêter les effets ; on est pauvre soi-même, ou volontiers on se dit pauvre lorsqu’il y a des pauvres à soulager, mais on cesse de l’être dès que le moment et l’occasion se présente de jouer. […] pouvez-vous souffrir une licence dont vous n’ignorez pas le péril, et qu’il est si nécessaire de réprimer ?
Encore si ces funestes suites se bornoient à vous, le mal seroit moins grand, & ne causeroit pas tant de regret : mais le poison de voir influence se répand dans tous les états ; il est la source des excès & des désordres dont tout le monde se plaint, & de ces nombreuses banqueroutes, dont tout le monde souffre. […] C’est faire souffrir à ce saint d’une des plus illustres famille du Royaume, un second martyre dans le goût du premier. […] L’Amérique au contraire pense en barbare : les colonies angloises, qui ne veulent point se soumettre aux Bils du Parlement, & ne craignent pas la guerre civile, dans le congrès général tenu à Philadelphie, où se sont réunies les provinces, parmi plusieurs règlemens qu’on a cru nécessaires pour entretenir les vertus guerrieres, & se bien défendre contre les entreprises de la metropole, on a expressément défendu de souffrir dans tout le pays aucune sorte de théatre, opéra, comédie, farce, &c. comme uniquement propre à énerver les corps & les esprits, & à rendre les habitans incapables de soutenir les fatigues de la guerre.
Plus ils les font voir dangereux, plus ils les rendent odieux, plus ils autorisent les gens sensés, les pères de famille attentifs à se défier d’eux et à se pourvoir contre leurs manèges et leur fourberie, plus ils leur font sentir combien il est dangereux de souffrir aucun commerce entre leurs enfants et de pareilles gens. […] Souffrez donc, Monsieur, que l’on rie. Souffrez qu’un Misanthrope soit ridicule, et qu’on aime un Philosophe poli, doux, et discret.
« Et sa tranquillité ne vaut pas ses tourments » : c'est le goût d'un Néron. « N'allons-nous pas aussi pleurer avec Zaïre, gémir avec Monime, ou frémir de terreur quand Œdipe nous offre un spectacle d'horreur » : il est plaisant qu'on compare le théâtre à la Grève pour en faire sentir les beautés. « L'homme que frappe alors une vive peinture, avec plaisir en soi sent souffrir la nature » : et il n'est pas cruel ! […] Je plains les Auteurs et les Acteurs des tragédies pleines d'horreur qui font agir et parler des gens qu'on ne peut écouter ni voir sans souffrir. […] Souffrirait-on qu'un Gouverneur donnât de pareilles leçons à ses éleves ?
. ; ou souffrent cruellement dans un réel esclavage, tantôt témoins, tantôt victimes des plus révoltantes injustices, sacrifiés tour-à-tour à l’esprit de parti, aux affections de coterie, à la cupidité, à l’intrigue, à la bassesse, à l’ineptie ; et, ce qui est le comble de la honte et des tourments de leur servitude, trop souvent soumis à cette espèce d’élus devenus leurs chefs, leurs juges, les arbitres de leur sort !
Felix, le plus ancien de nos Auteurs, « qui faisons profession d'une vie honnête, nous nous abstenons de vos Pompes, de vos Spectacles, et de tous les mauvais plaisirs que l'on prend, dont nous savons bien que l'origine est un effet de votre superstition, et que leurs agréments sont condamnables ; Car dans le Cirque qui peut souffrir la folie de tout un peuple qui se querelle ; dans les Gladiateurs le cruel art de tuer les hommes, dans les Jeux Scéniques une prodigieuse turpitude ?
J’aurais tort de m’arrêter davantage à réfuter un auteur qui n’entend pas ce qu’il lit : mais il faut d’autant moins souffrir ses profanations sur l’écriture et sur le repos de Dieu, qu’elles tendent à renverser le précepte de la sanctification du Sabbat.
Un palais imbu de fiel et d’absinthe, et qui n’aurait jamais goûté d’autres saveurs, ne pourrait souffrir notre sucre et notre miel.
Le Brun sur les Spectacles, intitulé Discours sur la Comédie, ou Traité historique et dogmatique des Jeux de Théâtre, et des autres Divertissements comiques, soufferts ou condamnés depuis le premier siècle de l’Eglise jusqu’à présent.
Mais je vois bien que ces bons solitaires sont aussi sensibles que les gens du monde ; qu’ils ne souffrent volontiers que les mortifications qu’ils se sont imposées à eux-mêmes, et qu’ils ne sont pas si fort occupés au bien commun de l’Église, qu’ils ne songent de temps en temps aux petits déplaisirs qui les regardent en particulier.
On s’y servira beaucoup moins de certaines représentations bouffonnes très indignes du Christianisme, et que l’on ne voit et que l’on ne souffre qu’avec peine dans les Places publiques, telles que de Arlequins et semblables travestissements.
, c’est à raison de cela qu’il est dit que le Royaume des Cieux souffre violence, il ne faut se promettre aucune trêve, avez-vous étouffé un mauvais désir, déraciné une habitude, vaincu une inclination vicieuse, foulez-la aux pieds passez à celle qui est vivante, « calca mortuum, transi ad vivum ». […] Les plus sages d’entre les Païens les ont traitées d’excès et de folie, ils n’ont souffert ces pernicieux passe-temps qu’à celles qui sont la corruption et la ruine des jeunes gens, non aux femmes pudiques, le S.
L’esprit se familiarise avec elle : on apprend à la souffrir et à en parler ; et l’âme s’y laisse doucement aller en suivant la pente de la natures. […] Je m’afflige donc et me désole de ce que vous sortez des spectacles après vous être porté un coup mortel, de ce que, pour un plaisir passager, vous souffrez de longues et cuisantes douleurs ; de ce qu’avant le supplice de l’enfer vous vous condamnez vous-mêmes ici-bas aux plus rigoureuses peines.
« Qui servo persuasit ut furtum faceret, vel leno, vel seditiosus existeret, vel in spectaculis nimius, tenetur actione de servo corrupto. » Ce que Mornac sur cette loi applique en ces termes aux enfants de famille à qui on donne ces sentiments : « Deteriores facti ab aliquo nebulone qui eorum adolescentiam fregerit, libidine vino, ludicræ artis more perinquinaverit. » Le théâtre lui-même souffre de la fréquentation du peuple, il faut le servir à son goût, on se met dans la nécessité des grossièretés, des obscénités, des bouffonneries ; on ne lui plaît que par là. […] Dans la ville de Genève, où les mœurs sont plus pures, parce qu’on n’y souffre point le théâtre, les mariages sont plus nombreux, plus heureux, plus féconds, que dans les villes où il est établi.
Et le jeune homme qu’elle aime, tout chrétien qu’il est, et prêt de souffrir la mort pour la défense de la foi et de la pureté même de cette Sainte, ne laisse pas de lui persuader d’épouser ce jeune Prince païen qui l’aime, et de la faire assurer de sa part que, « C’est tout ce que veut d’elle Le souvenir mourant d’une flamme si belle. » De sorte que si l’on voit dans cette pièce en la personne d’une Sainte, la foi triomphante des supplices les plus honteux ; on y voit en même temps l’amour profane triompher de plusieurs misérables qu’il s’est assujettis, et poursuivre jusqu’à la mort une Sainte Vierge, et un généreux martyr. […] Tertullien, dans le livre qu’il a fait des spectacles, entreprend de montrer que ces divertissements ne peuvent s’accommoder à l’esprit de la religion que nous professons, et aux devoirs d’un Chrétien : Que ce qui fait qu’ils ont tant de défenseurs, est la crainte que l’homme a qu’on ne diminue le nombre de ses plaisirs : Que c’est en vain qu’on se figure que les Chrétiens ne s’en abstiennent, que parce qu’étant résolus de souffrir la mort pour la foi, ils renoncent à toutes les voluptés de la vie, afin de l’aimer moins, et de n'être point retenus par les plaisirs, qui sont comme les liens qui nous y attachent ; mais qu’ils s’en abstiennent, parce qu’encore que ces divertissements ne soient pas défendus en termes exprès dans l’Ecriture sainte, néanmoins ils ne laissent pas d’y être suffisamment condamnés.
Vous approuverez ce que cela veut dire ; c’est qu’il faut se venger d’une injure, ou périr plutôt que de la souffrir. […] « Savoir souffrir la vie, et voir venir la mort, C'est le devoir du sage, et ce sera mon sort ; Le désespoir n’est point d’une âme magnanime, Souvent il est faiblesse, et toujours il est crime. […] On ne souffre point à Paris qu’à l’exemple des Grecs on prenne le masque et les habits des personnes qu’on voudrait tourner en ridicule ; on ne souffre point qu’on y nomme les gens par leur nom et qu’on leur dise des injures en face : on est fâché d’avoir à reprocher à Molière d’avoir pris le Chapeau, la Perruque et l’Habit de Ménageaz pour faire connaître que c’était lui qu’il jouait dans le rôle de Vadius ba. […] La Comédie apprit à rire sans aigreur, Sans fiel et sans venin sut instruire et reprendre, Et plut innocemment dans les vers de Ménandre. » bc C'est la même chose que la Police a produit à Paris, elle a proscrit les satires atroces d’Aristophane et n’y souffre plus que la sage critique de Ménandre.
Nous souffrons bien il est vrai, que nos Comédiens nous cachent aujourd’hui la moitié des signes des passions qui peuvent être marquées sur le visage, ces signes consistent autant dans les altérations qui surviennent à la couleur du visage, que dans les altérations qui surviennent à ses traits.
accoutumé d'assister aux Combats de la lutte ; mais Auguste ne voulut pas souffrir qu'on exposât à leurs yeux des hommes tous nus, qui pouvaient offenser les sages, et flatter la débauche des autres, et remit au lendemain matin le combat des Athlètes, avec défense aux femmes de venir au Théâtre devant onze heures ; c'est ainsi qu'il en faut user pour les Poèmes Dramatiques, je veux dire en éloigner tout ce qui peut offenser les oreilles chastes, et l'honnêteté de la vie.
Et plus bas : « Mais quoique nous défendions toutes ces œuvres serviles par la considération de ces jours, qui sont si saints, et si pleins de religion, et qui doivent être célébrés dans le repos de l’esprit ; nous ne souffrirons pas néanmoins qu’aucun s’adonne à la recherche des plaisirs terrestres, et des voluptés sensuelles.
néanmoins qui se reformèrent s’y rétablirent, et y furent soufferts dans la suite du règne de ce Prince, et des Rois ses Successeurs : nous en avons la preuve dans un tarif qui fut fait par saint Louis, pour régler les droits de péage, qui se payaient à l’entrée de Paris sous le Petit Châtelet ; l’un des articles porte, que le « Marchand qui apporterait un Singe pour le vendre, payerait quatre deniers ; que si le singe appartenait à un homme qui l’eût acheté pour son plaisir, il ne donnerait rien : que s’il était à un joueur, il en jouerait devant le Péager, et que par ce jeu, il serait quitte du péage, tant du singe, que de tout ce qu’il aurait acheté pour son usage.
Les bals sont des fêtes nocturnes, les rendez-vous aiment les ténebres, l’amour comme les voleurs s’enveloppe des ombres : celui qui fait mal, dit l’Ecriture, ne peut souffrir la lumiere. […] Cet enthousiaste de la danse ne peut souffrir la danse de théatre ; ces impertinens qui voltigent, cabriolent, gambadent, pirouettent, font des sauts périlleux, que les animaux feroient mieux qu’eux ; aulieu de la perfection de la figure humaine, ces contorsions, ces postures grotesques, ces situations gênantes, sont des contrefactions de la nature, qui, quoiqu’elles fassent rire, ne plaisent pas, comme les anagrammes, les acrostiches, malgré leur difficulté qui étonne, sont de très-mauvaises poësies : à plus forte raison faut-il rejetter des rôles, des danses ces attitudes voluptueuses, ces postures licencieuses, ces langueurs, ces regards amoureux, ces nudités scandaleuses qui font le mérite des actrices, & qui, en peignant le vice, l’enseignent & le font pratiquer. […] Mais il ne peut souffrir les danses, les branles à la françoise, les figures emblématiques, des ballets, des contredanses, des pas de trois, vrais hiérogliphes des passions ; les jeunes gens qui se donnent les mains, se fuient & se poursuivent, qui comme des cordes de violons bien tendues, n’ont d’autre mouvement que celui de l’archet, & plusieurs autres excès dont il fait le détail. […] Les romains ne souffrirent d’abord ces combats qu’entre criminels condamnés à la mort.
Le Digne s’approche d’elle, et l’en félicite : « Ange de lumière que vous êtes, souffrez qu’on se prosterne à vos pieds, et qu’on vous adore. […] Ils concluent que Dieu n’a pas le pouvoir de les châtier, de ce qu’il a la patience de les souffrir : parce qu’il y a de l’intervalle entre l’injure et la vengeance ; qu’ils ne périssent pas à l’heure même qu’ils outragent le Seigneur ; qu’ils ne sont point frappés de la foudre, et livrés aux Puissances de l’enfer, ils croient que le grand jour, le jour redoutable du jugement dernier est une vision. […] Hercule parle trop de suite et dit des choses trop recherchées pour un homme qui souffre cruellement : le feu le gagne de toute part, le brûle, le consume ; et lui tranquille comme sur un lit de gazon récite une harangue de près de cent vers ; une harangue hérissée de pointes d’esprit et semée d’axiomes de Philosophie. […] L’impiété ne doit jamais se souffrir, quelque tempérament qu’on y apporte : elle doit être exilée de chez nous sans condition et sans réserve : nul prétexte emprunté du caractère ou de l’exemple qu’on en veut faire n’est suffisant pour l’excuser ; nulle prétendue règle du Théâtre ne peut être une autorité pour l’y introduire.
Tout ce qui n’a pour objet que le plaisir, est très-dangereux, il ne pouvoit souffrir qu’à la faveur du théatre, les passions eussent le fatal privilége de parler plus haut que les loix. Pouvons nous donc souffrir qu’elles parlent plus haut que l’Evangile ? […] Mais on n’est pas étonné qu’après avoir fait brûler l’ouvrage du sieur Huerne la Mothe, & l’avoir rayé du catalogue des Avocats, à la réquisition du bâtonnier ; on souffre qu’un Avocat compose & joue sur un théatre, & que des Magistrats courent aux spectacles.
Dieu permet que la santé ne souffre pas moins que les mœurs, des passions & des vices. […] dans cette multitude immense de secrets vrais ou faux sur toutes sortes de choses, en donne plusieurs pour faire du fard de toutes especes & de toutes couleurs ; ensuite il en donne pour le ternir, le dissoudre & découvrir par l’ail, les oignons, le souffre, le saffran, &c. ce qui doit rendre les personnes fardées extrêmement attentives sur tout ce qui les approche, pour n’avoir pas la honte d’être découvertes. […] Il fait voir que dans toute la nature, chaque chose a sa beauté propre, qui ne demande ni ne souffre de beauté empruntée, qui en est moins embellie que réparée.
Se croit-il assez foible pour ne pas connoître le danger, le souffrir pour son peuple, & lui-même s’y exposer ? […] Doit-on souffrir dans l’Etat quelque chose de dangereux pour la personne du Souverain ? […] Il est vrai que le Corps des Chevaliers n’auroit pas souffert qu’un des leurs parût sur le théatre public.
L’Empereur Tibère ne put cependant le souffrir (Suéton. […] Les lois civiles souffrent les mariages des Comédiens et des Comédiennes entre eux. […] Charmée de la bonne grâce avec laquelle Beauval mouchait les chandelles, elle en devint amoureuse et l’épousa, à condition néanmoins que Beauval la laisserait maîtresse, aurait la patience de souffrir ses caprices, et la docilité de ne se mêler d’aucune affaire du ménage.
L’éloquent Lactance, appelé le Cicéron Chrétien, connaissait le monde, il avait été Païen ; il connaissait la Cour, il y avait passé plusieurs années Précepteur de Crispe, fils de l’Empereur Constantin ; que pense-t-il des spectacles, dont le Prince nouveau Chrétien aurait si peu souffert la licence, qu’il en abolit une partie, et fit contre eux des lois sévères, et dans le portrait desquels nous voyons l’image des nôtres (L. […] Je n’en parle qu’avec peine, je voudrais ne pas même les connaître : « Piget malum illud, vel nosse. » On ne peut en rappeler le souvenir sans risque ; les autres péchés ne s’attachent qu’à une partie de l’homme : l’esprit est souillé par les pensées, les yeux par les regards, les oreilles par les mauvais discours ; tout se rend coupable à même temps au spectacle : « In theatre nisi reatu vacat. » L’œil, l’oreille, l’esprit, le cœur, tout est attaqué, saisi, corrompu à la fois ; gestes, attitude, parure, danse, chant, discours, sentiments, tout se réunit pour perdre les cœurs : la pudeur souffrirait d’en tracer le tableau : « Quis integro verecundiæ statu eloqui valeat ? […] » De là ces bateleurs, sauteurs, danseurs, tabarins, pantomimes, bouffons, et toute cette vermine malfaisante : « Hinc Mimi, salii, balatrones, palestræ, gignadi, etc. » Ils se sont si bien accrédités que les honnêtes gens les souffrent chez eux : « Quorum adeo error invaluit, ut a præclaris domibus non arceantur. » L’autorité des Pères de l’Eglise ne nous permet pas de douter qu’ils ne soient excommuniés, « communionis gratiam Histrionibus, auctoritate patrum non ambigis esse præclusam », et que ce ne soit un crime de les favoriser ou de leur donner, car c’est se rendre leur complice, puisque c’est les entretenir dans le vice : « Illis fovens in quo nequissimi sunt. » Dans les autres chapitres il parle de la danse, de la musique, des instruments, des masques ; il en fait voir le danger en détail : combien en est-il augmenté par leur union sur la scène ?
» Jésus-Christ qui veut bien être tenté dans sa personne, pour nous apprendre à souffrir l’épreuve de la tentation, et à y résister, permet que Satan expose à sa vue tout le vain éclat des richesses et des grandeurs, comme un exemple de ce que ce Père de mensonge doit faire un jour à notre égard. […] Ce n’est pas à nous qu’il faut vous en prendre, si ces lois vous paraissent austères et difficiles, mais à l’Evangile que vous avez embrassé ; cet Evangile qui nous déclare que nous rendrons compte des paroles inutiles ; cet Evangile qui nous ordonne de prier sans cesse, et de mortifier tous nos sens si nous ne voulons pas périr ; cet Evangile qui n’appelle bienheureux que ceux qui pleurent et qui souffrent, qui n’offrent le Royaume des cieux qu’à ceux qui se font violence ; cet Evangile qui est le testament d’un Dieu qui n’a vécu que pour nous donner l’exemple, et dont la vie se passa dans les travaux, dans les douleurs et se termina sur une Croix. […] Lorsqu’on fréquente le Théâtre, dit Saint Chrysostome, on vient à l’Eglise avec dégoût, on n’y entend qu’avec peine discourir sur la pudeur et la modestie, on ne peut plus souffrir la Prédication et le chant des Psaumes ; et du désir que l’on a que toutes ces choses soient vaines et frivoles, on vient malheureusement à bout de s’en convaincre.
Comme il m’est extremement sensible de me voir hors des occasions de vous escrire (car de tous les maux que ie souffre depuis que ie suis en exil, celuy qui m’afflige le plus c’est de ne vous pouvoir entretenir) aussi m’est-il impossible d’exprimer la ioye que ie ressens, quand ie vous puis tesmoigner mes soins, & vous faire auoüer que pour estre separés de corps nous ne le sommes pas d’esprit ; & certes ie m’imagine estre parmy vous autres toutes les fois que ie vous visite de mes lettres. […] Ie ne puis souffrir que les Chrestiens, au lieu de condamner ces spectacles y donnent leur attention ; & ils ne sçauroient sans faire tort à leur condition, porter la veuë sur les actions bouffonnes de certains charlatans qui ont appris des Grecs l’art d’imiter toutes sortes de voix pour le plaisir des oreilles ; quel agreement y a t’il dans ces sots exercices.
Telle bourgade protestante, en Suisse, a été cent cinquante ans sans souffrir un violon chez elle. […] C’est qu’on ne la souffre dans un état policé, que par le même esprit qu’on y tolère les lieux de débauche.
L’Archidiacre n’eût pas souffert qu’on y eût manqué. […] Le paysan à beaucoup souffert, il en a sa main brûlée.
Le salut de ses Enfants lui est trop cher, pour souffrir ce qui y met obstacle. […] La vengeance, totalement réservée à Dieu et au Magistrat, souffre donc ce correctif et ce motif de dispense, quand c’est l’amour paternel qui l’exige ?
S’il faut les souffrir dans une petite ville ? […] Assurément il faut avoir un cœur bien flexible pour souffrir des entretiens galants à côté des scènes d’Atrée. […] Qu’une femme fausse le trahisse, que d’indignes amis le déshonorent, que de faibles amis l’abandonnent : il doit le souffrir sans en murmurer. […] La première est de n’en point souffrir. […] Platon bannissait Homère de sa République et nous souffrirons Molière dans la nôtre !
De bannir de son esprit toute sorte de dessein ambigu, qui puisse souffrir quelque interpretation profane & licencieuse, & qui mesme force à penser ce que la bienseance a forcé de taire. […] Ie ne puis souffrir un Chantre qui marmote ; j’aymerois tout autant un Acteur qui beguaye sur le Theatre : ou un Boiteux qui capriole. […] Le consens aisément au Burlesque : mais je ne puis souffrir des objets épouventables, des masques qui sont horreur : & je ne puis trouver du plaisir en ce qui me fait de la peine. […] Ce sont des coups de main qu’on ne doit lâcher que de prés, & des feux de souffre & desalpetre, qui devoient soudain agir & brûler. […] Les Danceus communs ont diverses chambres où ils peuvent placer seurement leurs Manes & leurs habits, & où ils peuvent changer selon les diverses Entrées, qu’ils peuvent dancer sans crainte, & sans embarras, & sans souffrir de froid.
Il n’est pas dans la nature d’agir continuellement ; il n’est pas vraisemblable de voir sur la Scène des personnages, comme d’une haleine, méditer & exécuter des révolutions, qui souffrent des contradictions & mille obstacles.
Mais le juste reproche que lui font les honnêtes gens achève de lui ravir notre estime, & la rend indigne d’être soufferte.
La police extérieure souffre quelquefois de moindres maux pour en éviter de plus grands, si elle occupe pendant deux heures des gens corrompus à des divertissements mauvais pour eux-mêmes, c’est pour les empêcher de commettre ailleurs des crimes plus grands, qui compromettraient la sûreté publique.
Le Rituel de Paris ne demande rien davantage que cela dans l’endroit du Prône, où il est parlé des Comédiens ; et comme le Rituel doit s’expliquer par lui-même, ce qui y est dit dans le Titre de la Communion des Malades peut souffrir interprétation. […] » , une brebis malheureuse et égarée de votre troupeau, parce que je ne pouvais souffrir d’être sous votre conduite, Seigneur. […] » , parlant encore des Comédies en général, rapporte ce qui avait été dit autrefois par un Ancien, que jamais on ne les eût approuvées, ni les crimes qu’elles représentent, si les mœurs des hommes qui étaient souillées des mêmes vices ne les eussent souffertes. […] La paresse est à fuir comme un écueil dangereux ; mais les Comédiens entretiennent les hommes dans cette paresse : car des esprits sans occupation s’ennuyeraient bientôt, et auraient peine à se souffrir eux-mêmes, s’ils n’étaient flattés dans leur oisiveté par le ressentiment de quelque plaisir. […] Si l’on veut enfin que les Comédies soient mauvaises, les Magistrats ne devraient point les souffrir.
A cet égard l’esprit du siécle est Iconoclaste : elles sont bannies de par-tout, on n’en souffre ni dans les maisons ni dans les livres, même dans les livres de priere & de piété, où elles étoient autrefois communes, tandis que les Dieux de la fable, les héros des Romans, le grotesque de toute espece, se sont emparés de tout. […] Nos yeux sont accoutumés à cette indécence ; nous n’en sommes pas surpris ; mais les Juifs ne purent souffrir cette marque d’esclavage.
Quoiqu'on veuille dire que le théâtre ne souffre plus rien que de chaste, et que les passions y sont traitées de la manière du monde la plus honnête, je soutiens qu'il n'en est pas moins contraire à la religion Chrétienne. […] Je pense qu'il souffrirait assez impatiemment dans les unes, ce qu'il respecte tant dans les autres, et que dès qu'il verrait cette sévérité tant vantée dans un sujet auquel il prendrait quelque intérêt, il reconnaîtrait bientôt ces fausses vertus pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire, pour des vices véritables.
On se scandalise de le voir au théâtre, et on l’y sollicite, et on le traite de scrupuleux, s’il s’en abstient ; il lui inspire son esprit, et le blâme de le prendre ; il condamne sa modestie, et ne peut souffrir le saint usage de ses biens. […] Cette morale, quoique commode, n’a pas fait fortune, du moins en France : on ne voit guère de Religieux aux spectacles, ou, s’il s’y en glisse quelqu’un, ce n’est qu’en cachette, à l’insu de ses Supérieurs, qui ne le souffriraient pas, et du public, qui ne le lui pardonnerait pas.
Ainsi les hommes et les femmes mariés, ou d’un certain âge, dont les mœurs sont plus en sûreté, seraient seuls admis aux représentations des satires dirigées contre les mauvais parents, contre les pères et mères indifférents, avares, durs, dénaturés ; il m’a toujours paru cruellement inconséquent de souffrir là des enfants ; c’est bien assez de ceux qui y sont comme acteurs ; cela doit se passer à huis clos pour les autres. […] En effet, Molière a attaqué en général les faux dévots, ou les prêtres auxquels il a fait le plus grand mal généralement ; ce qui n’a pas empêché qu’on ne fit de sa satire une application particulière : M. de Rochette, évêque d’Autun, a été désigné comme en étant l’objet ; il en a souffert toutes les rigueurs, comme si elle eût été dirigée ouvertement contre lui, et cela sans recours, sans pouvoir repousser l’agression, ni s’en plaindre ou se justifier. […] La commission, moyennant ces précautions et d’autres nécessaires pour éviter le danger des applications particulières et injustes, croira peut-être pouvoir conserver aussi aux théâtres le droit de poursuivre en masse de simples ridicules ; c’est-à-dire, de gloser et s’égayer sur les faiblesses, les défauts, les erreurs, les préjugés, qui sont censés affecter indistinctement toutes les classes de la société ; mais je ne doute pas qu’elle n’encourage plus efficacement qu’on ne peut le faire aujourd’hui, surtout le genre de spectacles convenable à toutes les conditions et à tous les âges ; celui dans lequel la morale est véritablement respectée et défendue, dans lequel le charme du naturel, celui de l’esprit sage et une gaîté décente, s’associent aux convenances et à l’intérêt du sentiment ; dans lequel, par conséquent, on ne souffre point de ces comédies faites bien moins dans l’intérêt de la réforme que dans le goût de la malignité et le sens de la dégénération, où on voit le vice fardé et séduisant triompher, au milieu des éclats de rire, de la vertu défigurée et avilie.
Caligula les rappella, mais Néron tout vicieux, & tout assolé qu’il etoit du théatre, ne put souffrir leurs excès, & les chassa encore. […] La République aujourd’hui plus sage ne souffre pas que son théatre attaque des Têtes couronnées ; il est vrai aussi qu’aujourd’hui les Princes moins sensibles à ces insultes, les mépriseroient avec raison, s’ils en étoient instruits. […] C’est-là, comme nous avons dit ailleurs, que les Conseillers nouvellement mariés, vont en cérémonie, s’asseoir sous le Capricorne, pour recevoir ses influences, & se préparer à souffrir fort patiemment les présens que leurs femmes voudront leur faire.
Il n’est pas nécessaire de donner ces leçons aux actrices, elles en donneroient à tout le monde ; mais je suis trop jaloux de leurs droits, pour souffrir qu’on leur dispute aucune de leurs prérogatives. […] Il n’étoit souffert que dans les jeunes filles à marier, une personne âgée en eût été ridicule ; on ne l’appliquoit pas sur les joues ; mais on tiroit avec le pinceau, une ligne droite, du coin de l’œil, jusqu’aux temples. […] Non, le portrait est chargé, ces horreurs ne seroient pas souffertes, & tout le crédit de ces grandes Princesses ne les sauveroit pas de la corde ; mais se livre au libertinage, suivre les amans contre la volonté de la famille, passer sa vie dans des mauvais commerces, vivre soi-même, & entretenir ses amans dans un célibat & une débauche volontairement sterile, réduire par les enchantemens, c’est-à-dire, par tous les charmes que peuvent prêter l’art & la nature ; enlever la toison d’or, c’est-à-dire, la bource à ses adorateurs ; à ces traits qui ne sont pas chargés, le public sans s’y méprendre, reconnoît aisément les nouvelles Médées : au reste, les rôles de Medée sont si communs sur le théatre, qu’il n’est pas étonnant qu’en s’y familiarisant, on les réalise.
C’est le foible de la nation ; chez le sexe c’est une fureur : une femme le matin à la toilette consume les heures entières à se parer des nippes qu’elle a acheté la veille, elle va à la comédie, la mode a changé de midi à trois heures, elle est surprise de voir des robes d’un goût différent ; elle est vêtue à l’antique, elle souffre à regret qu’on la regarde, elle en est au désespoir, n’y pouvant plus tenir, elle sort du spectacle au second acte, & va s’enfermer jusqu’à ce que dix couturières qui veillent toute la nuit, la mettent en état de paroître avec honneur le lendemain. […] Vous courez au tombeau, vous y êtes, & au lieu de vous préparer à l’arrêt qui vous y condamne, vous nourrissez, vous souffrez, vous exhaltez dans les autres la volupté qui vous a perdu ! […] On fait grâce à tous ces raisonnemens de les traiter de jeux d’esprit, d’un homme qui veut s’égayer & amuser des femmes malades, à peu près comme on les trompe pour leur faire prendre une médecine, ou souffrir une saignée.
Luy-mesme s’opiniastra à faire & à voir continuer les Ieux, de peur que son depart ou que son absence ne pretextast la retraite de la multitude, qui ne pouvoit plus souffrir l’injure du temps ny celle de l’Empereur.
Mon cher Frère, Comme nous avons de l'affection et de la déférence l'un pour l'autre, il vous a plu de me demander mon sentiment sur le sujet d'un Comédien de votre Pays, qui exerce encore ce métier, et instruit la jeunesse, non pas à se bien conduire, mais à se perdre; enseignant aux autres le mal qu'il a appris, s'il doit être reçu dans notre communion: Je vous dirai, qu'il me semble, que le respect que nous devons à la majesté de Dieu, et l'ordre de la discipline Evangélique , ne peuvent souffrir que la pudeur et l'honneur de l'Eglise soient souillés par une si dangereuse contagion.
Il est certain que des paroles impures ne manqueraient pas de choquer dans le commerce ordinaire de la vie, et qu’une femme surtout, qui a un peu d’honneur ne les souffrirait point. […] Aussi Saint Justin le Martyr et quelques autres Pères ont-ils regardé Socrate comme un homme d’une créance non païenne, et ont cru qu’il avait souffert pour l’unité d’un Dieu. […] Mais il paraît que la trop grande austérité de ses mœurs fut l’unique sujet de la persécution qu’elle souffrit. […] n’est pas toutefois sans quelque satisfaction que je vois la meilleure et la plus saine partie de mes Juges imputer ce mauvais succès à l’idée de prostitution que l’on n’a pu souffrir ; bien qu’on sût assez qu’elle n’aurait point d’effet, et que pour en exténuer l’horreur j’aie employé tout ce que l’art et l’expérience m’ont pu fournir de lumières.
Suivant cette idée, Monsieur, je me contenterai quelquefois de montrer le ridicule des preuves que notre Docteur apporte pour justifier la Comédie, et quelquefois aussi j’entrerai dans une discussion plus sérieuse, particulièrement lorsqu’il sortira de sa sphère ; et qu’en voulant trop faire l’habile homme, il abusera de l’autorité de l’Ecriture et des Pères de l’Eglise : car alors il faudra le démasquer, et ne pas souffrir qu’il impose aux idiots. […] Qu’en ce même temps plusieurs âmes sont décédées en grande angoisse, mille milliers d’hommes et de femmes ont souffert de grands travaux en leurs lits, dans les hôpitaux, etc. […] Et dans sa Constitution 38. il ne veut pas même qu’en aucun endroit de la Maison on souffre de ces poupées de dévotion qui vont à représenter Notre Seigneur, la Vierge, les Anges, ni aucune autre chose de cette espèce, parce que tout cela ne tend qu’à dissiper l’esprit chrétien, et à reveiller l’esprit du monde. […] Les anciens Païens ne souffraient pas même que leurs enfants montassent sur le Théâtre, et ceux qui se donnaient cette licence, étaient censés dès lors avoir dégénéré, suivant la remarque de Tacite. […] Pour ce qui est de la circonstance des lieux : s’il n’y avait que cela à reprendre dans les Comédies d’aujourd’hui, elles seraient plus supportables : on avoue qu’en France on ne permet pas qu’elles se jouent dans les Eglises, et qu’on n’y souffre pas même qu’elles se jouent dans les lieux où l’on rend la Justice : mais ce n’est pas par là apparemment que le Docteur en voudrait prouver l’innocence.
Et puis, on me prenait la main ; on l’aurait baisée, je pense, si je l’avais souffert. […] On ne souffrira jamais de pareils tableaux sur le Théâtre réformé. […] Dans l’Usurier-Gentilhomme, un Spadassin nous dit, qu’il faut que sa jolie sœur lui rapporte… &c. cette indécence dans le discours ne fera plus soufferte. […] Aussi proposé-je de mettre sur notre Théâtre tout ce que ce genre a de joli ; le goût du Beau peut souffrir de longues éclipses en France, mais le goût du Joli, jamais : pourquoi donc la Comédie-Ariette passerait-elle ? […] Ce dernier Théâtre est possesseur de 40 Pièces de Déclamation en 3 Actes, de 43 en 1 Acte ; de 45 Comédies-ariettées, 13 Parodies, & 54 Opéras-Comiques, dont douze au plus pourraient être soufferts : c’est environ 150 Pièces qu’on peut joindre aux 182 dont j’ai parlé.
L’Auteur répond aussi à la tolérance des Magistrats, qui souffrent les Comédiens, et dit qu’il n’y a qu’à consulter les Registres du Parlement de Paris, où l’on verra comme les Comédiens y sont traités ; qu’on y trouvera plusieurs Arrêts qui leur défendent de jouer, à peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques permissions qu’ils eussent impétrées. […] La troisième, que tandis qu’on goûte ces plaisirs, mille milliers d’hommes et de femmes souffrent de grands maux dans leurs lits, dans les Hôpitaux, dans les rues, la goutte, la gravelle, la fièvre ardente ; et qu’il viendra un temps où l’on se trouvera dans le même état.
Si l’on dit c’est un tel, l’illusion en souffre, & dès-lors l’action Théâtrale diminue.
Je suis accoûtumé, Monsieur, à penser tout haut devant vous : je vous avouerai donc que, depuis plusieurs années, j’avois beaucoup à souffrir intérieurement d’avoir travaillé pour le Théâtre, étant convaincu, comme je l’ai toujours été, des vérités lumineuses de notre Religion, la seule divine, la seule incontestable.
Et ce qui doit être de grande considération sont les paroles de Tite-Live« Quod genus ludorum ab Oscis acceptum tenuit juventus nec ab Histrionibus pollui passa est. », qui dit qu'après l'établissement des Jeux Scéniques, les jeunes gens qui jouèrent les Fables Atellanes, ne permirent jamais aux Histrions de se mêler avec eux, de crainte qu'ils ne corrompissent les innocentes railleries qui s'y faisaient ; Car puis qu'il est certain que les Comédiens et les Tragédiens ont toujours été dans un rang élevé au-dessus des Atellans, ils ont été bien moins capables de souffrir ce mélange des Bouffons, ni le commerce de leurs honteuses plaisanteries.
Je pense donc que, pour accoûtumer le plus grand nombre des Spectateurs aux Pièces du Théâtre de la Réformation, il n’est pas nécessaire de renouveller les hommes ; laissons-les tels qu’ils sont, et souffrons qu’ils viennent au monde comme la nature les forme : il suffit de ne les pas pervertir par une éducation dangereuse et par de mauvais exemples.
Le vin, les exercices violents, les femmes ne peuvent guère convenir à des gens extenués de fatigue et sûrement leur santé souffrirait de ce qu’ils seraient bornés à ces amusements après un travail fatiguant et assidu. […] « Sparte ne souffrait point de Spectacle »fh . […] Je me nomme, et les lieux où j’ai paru ; faites-moi souffrir la honte d’un démenti, si j’ai tort ; informez-vous, et je passe condamnation si vous n’êtes pas forcé d’avouer que je suis infiniment plus honnête homme que vous. […] , p. 144 : « […] et Sparte, qui ne souffrait point de Théâtre, n’avait garde d’honorer ceux qui s’y montrent. » Dans une note de l’édition de 1782, Rousseau corrige cette assertion sur la foi d’une lettre envoyée par Leroy.
Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] Je ne le cèle pas, je fais tout mon possible, A rompre de ce cœur l’attachement terrible… Il dit plus bas à cette coquette …… Que quand il en devrait mourir, Elle a des goûts qu’il ne saurait souffrir. […] Il faut rester au milieu d’eux, et Prendre tout doucement ces hommes comme ils sont, Accoutumer son âme à souffrir ce qu’ils font ; les flatter même, leur faire bonne mine, des politesses, des compliments.
Un Dieu mourant avoit moins de peine à souffrir qu’il n’a d’horreur des péchés sans nombre qu’une Actrice commet & fait commettre. […] C’est par-tout un homme d’esprit, amateur du Théatre, admirateur de Voltaire, qu’il ne peut souffrir qu’on le loue sans enthousiasme, & ce qui est assez une suite de l’un & de l’autre, c’est un style tranchant, un ton de maître, des décisions souveraines, surtout peu d’égard pour la religion & les mœurs. […] Quelle doit être la police des Capitouls qui les tolerent, la discipline des Professeurs qui les souffrent, & qui les décorent du titre de Licentié & de Docteur, comme de celui de Citoyen & d’Historiographe ?
Celui-ci, après l’avoir indécemment accablé d’injures, l’abandonna à la populace, qui lui fit souffrir toutes sortes de tourmens & d’ignominies, lui coupa une main, lui arracha un œil, le déchira à coup de verge, le promena nud dans toutes les rues sur un chameau, enfin le pendit par les pieds, & deux soldats l’acheverent à coups de lance, & pour comble d’infamie on choisit le théatre pour cette derniere exécution, comme un acteur qu’on poignarde sur la scène, dont la mort est le dénouement de la tragédie, comme dans la plupart des tragédies. […] Aussi n’a-t-on pas souffert que le portrait de Monsieur sût exposé au théatre, même pendant sa piece. […] La condition est dure, & sans exemple : l’orgueil de Thalie en a souffert.
Térence est en ce genre, un livre de dévotion, en comparaison de Moliere, de Dancourt, de Gerardhi, &c. que dans une tragédie d’Eschile ou d’Euripide, à la place du nom de Jupiter, d’Apollon, de Minerve, on mette le nom du Dieu véritable, sans rien changer dans les pieces & les sentiments ; on en fera un ouvrage si pieux, que notre théatre ne pourra souffrir la bigotterie de ces chefs-d’œuvres. […] Plusieurs Prédicateurs se sont trouvés dans le même cas ; mais ils ont été soutenus, ou ils ont souffert avec patience.
C’est sur un théatre de société ; on ne souffriroit en Italie ni cette piece ni ces habits sur le théatre public : je doute qu’on le souffrît en France. […] Connois, sens tous les maux que l’homme peut souffrir.
Qu’on réunisse toutes ces conditions, qu’il n’y ait rien de mauvais, d’indécent ou de dangereux, jamais d’excès ni dans la chose ni dans l’affection qu’on y a ; que la gravité chrétienne la modestie, la piété s’y conservent ; qu’on ne se le permette que comme un besoin, un soulagement à la foiblesse humaine ; qu’on se traite comme les enfans, à qui on permet des récréations, mais sans excès, sans danger, sans indécence ; qu’on n’y souffre rien que de convenable aux temps, aux lieux, aux caractères des personnes, aux jours de fête & de pénitence, & on verra que si ce Saint paroît, dans la spéculation d’une abstraction métaphysique, avoir quelque légère indulgence pour le spectacle en général dans sa nature, personne n’en est en effet un censeur plus sévère dans la réalité & la pratique, où jamais ne sont ni ne peuvent être observées les sages loix qu’il a prescrites. […] Ce Saint blâme cette musique molle, efféminée, vive, légère, dont Lulli réchauffa la morale lubrique de Quinaut ; il ne veut pas même qu’on la souffre dans les Offices divins, dans les motets, dans les orgues, parce qu’elle flatte l’oreille, amollit le cœur, dissipe l’esprit de piété : Nec permittendum misceri cantiones, balatas verba vana.
Ceux-là s’engageoient par ferment à souffrir toutes sortes de peines, & il estoit conçeu en ces termes, que je crois estre historiques plûtost que formels, Lips. […] Nous avons iuré (dit un galant homme,) de souffrir le feu, les fers, les coups, & la mort, comme des veritables Gladiateurs, pourroient avoir juré à leurs Maistres .
Quelques Recteurs plus obéissants n'ont pas souffert des représentations pendant leur règne, mais le grand nombre de ces Pères, soit pour faire briller leur stalents, ou pour ménager les suffrages des Grands et du peuple, dont ils connaissaient le goût, ou dans l'idée que c'est un exercice utile à la jeunesse, ont continué de composer et de faire jouer des pièces de toute espèce. […] Les Chrétiens sous cet Empereur n'étaient pas les maîtres des théâtres, et ne s'étaient pas encore avisés d'en construire de particuliers dans les Collèges, et ce Prince ne l'aurait pas souffert.
D’ailleurs cette délicatesse si scrupuleuse à ne pouvoir souffrir aucune expression qui fasse équivoque, est une preuve de la corruption du cœur, elle n’annonce donc pas la réforme.
Pourriez-vous seulement souffrir ce discours ?
… Si je demande à une personne du monde, qui n’a pas encore étouffé tous les sentimens de pieté, & de crainte des jugemens de Dieu, mais qui a peine a souffrir qu’on lui dise qu’il y a peché d’aller au bal, ou de se trouver dans ces assemblées de danses ; n’est-il pas vrai, que vous sentez un reproche interieur quand vous rentrez dans vous même, qui vous dit, que vous ne faites pas bien, que vous vous exposez au peché, & qu’il-y a à craindre, que cela ne soit la cause de vôtre perte ?
Le Dialogue est ordinairement passable dans ces sortes d’ouvrages ; & à peine digne d’être souffert dans ceux qui ne sont faits que pour lui.
Chrysostome fait retrancher, ce qu’il y avoit de plus dissolu & de plus honteux : mais quelque reforme, qu’on y eut fait, le même Saint ne laisse pas de les appeler « des écoles d’impuretés & de libertinage » : non pas qu’on y representât des actions sales sur le Theatre, ce que les pieux Empereurs n’auroient pas souffert ; mais parce que les Comediens de l’un & de l’autre sexe ne s’étudioient, qu’à se servir de paroles équivoques, & de gestes affectés, qui n’étoient propres, qu’à remplir l’esprit d’idées impures, & le cœur de mauvais desirs.
» Le même Saint Cyprien ajoute dans son livre des spectacles : « Que peut faire un vrai fidèle dans ces tristes occasions, lui à qui il n’est pas même permis de souffrir les mauvaises pensées ?
Un si généreux citoyen, un sage, un poëte, déjà si bien payé, auroit bien dû ne pas s’en appercevoir, ou plutôt tout abandonner à des Acteurs qui l’avoient si bien servi ; mais le sieur Belloi, plus sublime sur le papier que dans la conduite, Faisant voir son esprit, & déployant son cœur, voulut toujours la part entiere, prétendant que n’étant pas la cause de cette interruption, il ne devoit pas en souffrir. […] Cette piece a souffert des contradictions de toute espece, & le mérite. […] Raimond Nonnat, qui y fut long-temps dans les fers, y souffrir d’horribles tourmens jusqu’à avoir les levres percées & fermées avec une serrure : héroïsme non seulement plus méritoire devant Dieu, puisqu’il est le fruit d’un vœu solennel & de la plus sublime charité, mais bien plus difficile & plus admirable, puisque des milliers de personnes de toutes nations l’ont pratiqué depuis plusieurs siecles, & que les bagnes d’Alger & de Maroc, les mauvais traitemens, les tourmens, la mort la plus cruelle, sont infiniment au-dessus des galeres & des comices de Marseille. […] Le Roi ne peut accorder qu’une tolérance civile, c’est-à-dire souffrir l’exercice public de leur Religion, & l’Eglise garder le silence.