Ces severes instituteurs sont toujours la dupe de leurs précautions inquietes & jalouses, & n’y gagnent que le ridicule dont ils se couvrent. […] La scene a beau se couvrir d’or & d’argent, c’est le rendez-vous de toute la mauvaise compagnie, & comme l’égoût d’une ville.
LE mot Scènes, auquel on donne tant de diverses significations, ne voulait dire dans son origine, qu’un lieu couvert de branchages. […] La fameuse Fête des Tabernacles célébrée par les Juifs, a pris le nom de Scenopegia de cet usage d’appeller Sçène une un endroit que l’on couvrait de feuilles artistement entrelacées29.
Je ne doute point que vous n’admiriez d’abord son adresse, lorsque vous verrez qu’il couvre du manteau de la religion tout ce qu’il dit à Molière. […] Quelques injures que l’on puisse dire à un innocent, on craint de le défendre lorsque la religion y est mêlée : l’imposteur est toujours à couvert sous ce voile, l’innocent toujours opprimé et la vérité toujours cachée.
Il ne sera pas mauvais même, pour s’assurer que les regards dérobés ne trahiront point la modestie prescrite, d’affubler la tête de tous les danseurs et danseuses d’un voile épais, pour les mettre à couvert de la tentation. […] Je ne sais Monsieur, si ce Bal modeste s’établira à Genève, suivant votre avis : mais je sais bien qu’il ne sera jamais à couvert de l’ennui, ni du ridicule.
Représente-t-il une action villageoise, on croit voir agir les vrais habitans de la campagne ; l’ame trompée par les charmes de l’illusion, éprouve alors le même sentiment dont elle est pénétrée quand nos oreilles sont frappées du son rustique des chalumeaux, & quand nos yeux errent agréablement sur une vaste plaine couverte d’herbes & de fleurs.
Si un pareil Ouvrage avait pour Auteur un homme grave et respectable par son état ou par sa dignité, il n’en serait pas pour cela plus à couvert de la critique ; elle serait seulement plus ménagée, et se ressentirait des égards que mériterait l’Auteur : mais qu’il vienne de moi qui, pendant plus de quarante ans, ai exercé la profession de Comédien, qui ne suis ni savant ni homme de Lettres, et qui par conséquent ne mérite ni égard ni ménagement ; c’en est assez pour me faire craindre que mon Livre soit mal reçu, ou qu’il fasse peu d’impression sur mes Lecteurs.
Parmi le grand nombre de passions et de vices qui assiègent, pour ainsi dire, l’humanité, il y en a plusieurs qui la déshonorent, ou pour le moins qui la couvrent de honte ; il paraît donc qu’il faut éviter de mettre sur la Scène des Tableaux qui peuvent scandaliser les Spectateurs et leur nuire.
Qu’est-ce que des moutons qui chassent les loups armés de cornes, couverts de laine couleur de feu ; un Cigne qui sert de gondole pour traverser une riviere ? […] Dans le poëme du Remede de l’amour, il fait voir que si une parure recherchée peut être un piége dangereux pour les cœurs, autant la négligence de tous ces ornemens étrangers en est un remede, l’expérience en est la démonstration ; on ne voit donner des si grands soins à la parure, qu’à ceux qui ont des prétentions sur les cœurs ; un homme exempt de passions, en méprise les artifices : Nec compone comas, quando venturus ad illam, nec toga sit lano conspicienda sinu ; il se moque de ces vains ornemens, tout est couvert, dit-il, d’or & de pierreries, la personne & la plus petite partie d’elle même ; pars minima est ipsa puella sui , & parmi tant de belles choses, vous cherchez l’objet de votre amour ; sæpe ubi sit quod ames, inter tam multa requires , un des grands remedes de l’amour c’est de surprendre les femmes dans leur négligé, ou quand elles se fardent, leurs graces sont perdues, elles évitent avec grand soin ces facheuses rencontres où elles sont désarmées ; deprehendes tutus inermem cum collinet ora veneris , vous trouverez la toilette couverte de boëtes pleine de drogues, de pommade, des essences de mille couleurs, qui font soulever le cœur ; pixides invenies celantes mille colores, non semet in stamocho nulla facta meo ; enfin, dit-il, évitez avec soin le théatre ; ut tibi sit tanti non indulgere theatris . […] Les sauvages de l’Amérique, entr’autres les Caraïbes & les Topinamboux prennent cette sage précaution, ils se peignent tout le corps de rocou, qui leur donne une couleur vive & brillante d’écarlate, sans quoi l’on est comme l’âne de la Fontaine, qui s’étoit couvert de la peau du lion.
Les brouillards de l’ivresse, les délires, les écarts, les amours, les passions sont par-tout les mêmes ; la décence qu’on ose vanter, la noblesse dont on se pique, n’est qu’un vernis d’expression, une gaze légere, dont on couvre le même fonds de corruption. […] Je couvre de baisers ce front pâle & livide. […] L’amour étoit autrefois croit, la nudité en étoit presque couverte & dégoûtoit en vice. […] Accoutumés à mépriser leur maîtresse, ils ne savent comment s’y prendre pour estimer leurs femmes, tout se reduit à payer cher des Courtisannes qui sont grace à nos merveilleux de l’honneteté, comme formant avec elles un contraste incommode, qui les debarasses lestement de leur santé, de leur argent, de leurs principes, ils sont leurs dupes, ils le savent, qu’importe, il faut être au courent, pensionner le vice, vegeter aux pieds de l’idole & la couvrir de diamant, pour être cité comme un homme essentiel dans les coulisses de l’Opera, &c.
Il dut aussi au bonheur de rencontrer Quinault, les rapides succès de son Théâtre, & la gloire dont il se couvrit : car un habile Musicien a besoin d’un bon Poète, pour éxceller dans son Art ; au lieu qu’un grand Poète n’a besoin que de lui-même pour s’immortaliser. […] Qu’il y a là de visages peu èxpressifs dignes d’être couverts ! […] On a jetté sur le Poète un ridicule dont le Machiniste, ou le Décorateur, mérite seul d’être couvert. […] Lorsque même ce dernier Théâtre était le plus couvert de gloire, des esprits critiques ou trop difficiles s’élevèrent contre lui de toutes parts. […] La Scène de l’Opéra-Sérieux est couverte d’une multitude d’Acteurs, qui paraissent habillés par les mains de la richesse & du goût ; ses Balets sont les plus beaux de l’Europe, & composés des plus fameux Danseurs : l’Opéra-Bouffon n’employe communément que trois ou quatre Personnages, assez mal vétus ; & je ne crois pas que ses danses ayent l’éclat & les attraits de celles de son rival.
Tous les carrefours sont ornés de tapisseries, & couverts de tapis. […] La Procession s’ouvre par une brigade d’Archers à cheval, suivis d’un chœur de Chantres, un cierge à la main, & portant un étendart noir, les uns habillés de noir, & les autres couverts de haillons tout déchirés, en signe de dueil. Ensuite huit chameaux portant des enfans presque tout nuds, dans des cages de bois, couverts de blessures, morts, ou mourants.
On livroit la coupable couverte des bandelettes & des ornement de son sacerdoce, dont on la dépouilloit successivement, à peu près comme le cérémonial des Evêques prescrit qu’on fasse la dégradation d’un Evêque ou d’un Prêtre. […] On couvre d’un voile le visage d’Ericie contre le costume, & on veut que le public voie à travers qu’elle leve, baisse les yeux, est effrayée, interdite, ce qui est impossible, le voile fût-il clair. […] Quels Dieux dont le pouvoir, au lieu de nous couvrir, Accable les humains qu’ils devroient secourir !
« En certains lieux les Spectacles seront utiles pour rendre les gens riches moins mal-faisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses Chefs en voyant ses Baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage. […] Le peuple Français est sobre, laborieux, spirituel, industrieux ; il a la douceur de son climat ; il n’engendre point de monstres ; il n’est point couvert de forfaits.
De quelle confusion ne ferions-nous pas couverts à la face de cette Eglise, & aux yeux de l’illustre Pontife que nous attendons, si l’on pouvoit reprocher à notre gouvernement un silence si criminel ?
La Providence divine semblait nous avoir mis à couvert pour toujours de cette espèce de séduction, par la chute des premiers qui vous l’apportèrent.
Il faut couvrir l’un et découvrir l’autre : les expressions les plus délicates sont les meilleures pour le premier, et les plus grossières pour le second, parce qu’elles le font mieux connaître dans sa difformité naturelle.
Cette grande place qu’on avoit remplie de siéges couverts de riches tapis, n’étoit qu’un vaste amphithéatre, comme ceux des romains, plein d’un monde infini, pour voir des pieces de théatre qui devoit se jouer. […] La statue étoit couverte d’un taffetas cramoisi : c’étoit une scène dont la toile étoit baissée. […] Ce sont des aventuriers intrus à force d’argent, qui ont acheté la noblesse ou la charge, l’armorial & la robe : ils méritent seuls le ridicule dont on les couvre. […] Pour couvrir la bassesse & la honte de sa naissance, cette reine de théatre voulut faire donner le Cordon bleu à son frere Poisson, depuis Marquis de Marigni.
Cet ornement de tête s’est perpétué sous le nom d’Aumusse ; ce n’étoit d’abord qu’une grande calote de peau de bête, pour couvrir la tête, ensuite on la fit descendre sur le cou, pour garantir du froid, comme les Hongrois, les Polonois ont encore des cravates de poil ; delà elle couvroit les épaules pour tenir plus chaud, plusieurs communautés s’en couvrent, & portent l’aumusse sur la tête en hiver ; c’est pour cela qu’il y a au bout une poche ou capuchon. […] il paroît qu’il y avoit à Rome un Magistrat, & de compagnies de Guet à ses ordres, chargés de veiller nuit & jour, sur les incendies, pour les prévenir ou les éteindre ; & ce n’étoit pas seulement les incendiaires décidés, qui de propos délibéré mettoient le feu aux maisons, ce qui a toujours, été un crime capital ; mais encore ceux qui négligeoient de couvrir, d’éteindre le feu, qui en portoient négligemment, par la faute desquels le feu pouvoit prendre, sans aucune mauvaise volonté, que ce Magistrat devoit sur le champ punir sévérement, de son autorité, les faisant foueter ou fustiger : Virgis aut fustibus cædi jubet.
Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant. […] Quoiqu’il outre les caractères à dessein pour faire rire le parterre, que ses caractères soient la plûpart des caractères d’imagination, que son Mysantrope ne soit pas un vrai mysantrope, mais un homme de mauvaise humeur, son Tartuffe ne soit pas précisément un hypocrite, mais un scélérat qui se couvre d’un masque de dévotion, comme un voleur qui s’habille en Religieux n’est pas un mauvais Religieux, il est du moins vrai qu’il rend parfaitement les caractères qu’il a imaginés. […] Elle couvre de gloire le panégyriste.
Mais tous les équivoques dont ils couvrent le poison, n’empêchent pas qu’on ne l’avale ; et il en est encore plus dangereux. […] Un ennemi couvert est bien plus à craindre qu’un ennemi déclaré. […] Il faut, dit-il, faire un peu de grimaces pour ménager un père, dont l’on a besoin ; et pour se mettre à couvert du côté des hommes, des fâcheuses aventures qui pourraient arriver.
Dieu l’avait expressément ordonné ; le Grand Prêtre avait seul droit d’entrer dans le Saint des Saints une fois l’année ; l’Arche d’alliance était toujours couverte, il en coûta la vie à cinquante mille Bethsabites pour avoir osé la regarder ; lors de la publication de la loi il fut défendu, sous peine de mort, d’approcher du mont Sinaï. […] N’avez-vous, Seigneur, daigné parler aux hommes que pour être, comme dans votre passion, traité en Roi de théâtre, couvert d’un manteau de pourpre, un roseau à la main, une couronne d’épines sur la tête ? […] Cette pièce fut défigurée par une Josabel couverte de rouge.
Il est bien plus étonnant que de pareilles idées n’aient inondé Rome et tout l’empire ; mais le Romain, naturellement grand, sage, vertueux, a toujours méprisé les Comédiens, et dans le temps même où la Grèce et l’Asie, portant l’ivresse jusqu’au comble, ne rougissaient pas d’honorer le théâtre, ce fonds de grandeur, de sagesse et de vertu, non seulement a laissé dans la roture cette vile engeance, mais l’a authentiquement couverte de la tache ineffaçable d’une infamie légale. […] C’est dommage que la gloire que le théâtre prétend tirer des personnes illustres, soit couverte de tant de nuages. […] Il peut se faire que content de mettre à couvert le privilège de sa noblesse par cette défaite, les Juges n’approfondirent pas sa conduite ; qu’on ne compulsa point les registres de la comédie, qui peut-être alors encore mal établie n’en avait pas ou les fit disparaître ; que les traitants, à qui l’on donna l’entrée gratis, ne poursuivirent pas un si mince objet, qui d’ailleurs tirait fort peu à conséquence ; et qu’on ne fut pas même fâché de favoriser Floridor, qui était bon acteur, se faisait aimer, et par une espèce de prodige avait conservé de la probité et des sentiments.
Ce serait nous couvrir d’un honneur qui ne nous est pas dû, & trop mépriser les Anciens.
D’où viennent ces combats à la Lutte, où s’exercent des hommes nus et frottés d’huile dans les Maremme en Toscane ; ces autres combats, connus à Pise, où les combattants, pour toute arme, ont la tête couverte d’un casque de fer et tiennent à la main droite un bouclier du même métal ; comme les combats à coups de poings sont en usage à Venise, et ceux del Calcio j à Florence ?
Il accoûtume au faux & le fait goûter, enseigne à agir & à parler faux, à le couvrir du masque du vrai, & l’emporter sur le vrai. […] on se couvre des livrées de tous les vices, du visage hideux de tous les forfaits.
Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur. […] Je pourrais mépriser de pareilles objections qui ne sont que des feuilles dont on s’efforce de couvrir sa nudité, mais la charité de Jésus-Christ nous oblige à ne rien négliger, et à dissiper tous les vains prétextes dont on se sert pour autoriser de pareils désordres.
« Fuis ce lieu dangereux, innocente pudeur ; Fuis ces rochers couverts des débris de l’honneur »r Comme l’amour profane est la source des plus grands désordres, rien n’est plus dangereux que d’allumer, de fomenter, de nourrir cette passion, et de détruire ce qui la tient en bride. […] La passion ne saisit que son propre objet, la sensualité est seule excitée ; et, s’il ne fallait que le saint nom de mariage pour mettre à couvert les démonstrations de l’amour conjugal, Isaac et Rebecca n’auraient pas caché leurs jeux innocents et les témoignages naturels de leur pudique tendresset.
Dans la guerre de Flandres de 1744 les deux Généraux s’étaient accordés pour avoir tout à tour la comédie chaque semaine : la troupe passait d’un camp à l’autre, et pour mettre à couvert de toute insulte ces Princes et ces Princesses, un détachement de cinquante maîtres était commandé pour les escorter jusqu’à demi-chemin, où un pareil détachement de l’autre armée venait les prendre et les conduire. […] Une armée de petits-maîtres n’a jamais embelli de ses exploits les fastes du monde : la toilette ne prépare pas à la tranchée, les parfums et les essences ne se mêlent pas avec la sueur : comment se résoudre à couvrir du casque une tête artistement frisée, chef-d’œuvre d’un habile baigneurh, et à charger d’une cuirasse une chair délicate et fleurie, une taille fine et déliée, accoutumée à du linge fin, à une soie précieuse, à de brillantes broderies !
Mais quelque spécieux que soit le prétexte dont les auteurs de ces pièces veuillent se couvrir, et quelque pures et saintes que puissent être leurs intentions ; il y a néanmoins tant de mélange dans leurs ouvrages, et les Saints qu’ils font paraître sur le théâtre y témoignent tant de faible touchant l’amour, qui est la passion dominante des comédies, qu’il est bien difficile qu’on ne prenne pas le change, et qu’au lieu de sanctifier le théâtre par les actions des martyrs que l’on y représente, on ne profane la sainteté de leurs souffrances par les fictions amoureuses que l’on y mêle. […] Quel est le jugement par lequel on couvre de confusion des gens pour une profession qui les rend recommandables ?
Pourquoi la terre est-elle couverte de tant de corps privés de sépulture ?
Mais quoi que cela lui paraisse probable, il prétend que l’on se met à couvert de cette obligation en souscrivant à l’opinion contraire.
C’est l’appât qui couvre l’hameçon auquel il est attaché, et l’expérience nous apprend que les hommes ne se perdent que par l’amour de la volupté : « Si« Nemo peccaret, si nihil illicitum delectaret.
La Providence divine semblait nous avoir mis à couvert pour toujours de cette espèce de séduction, par la chute des premiers qui vous l’apportèrent.
Lorsque les Italiens et les Anglais apprennent que nous flétrissons de la plus grande infamie un art dans lequel nous excellons, qu’on excommunie des personnes gagées par le Roi, que l’on condamne comme impie un spectacle représenté dans des couvents, qu’on déshonore des pièces où Louis XIV et Louis XV ont été acteurs, qu’on déclare œuvre du démon des pièces reçues par des Magistrats et représentées devant une Reine vertueuse, quand des étrangers apprennent cette insolence et ce manque de respect à l’autorité royale, cette barbarie gothique, qu’on ose nommer sévérité chrétienne, peuvent-ils concevoir que nos lois autorisent un art déclaré infâme, ou qu’on ose couvrir d’infamie un art autorisé par les lois, récompensé par les Souverains, cultivé par les plus grands hommes, et qu’on trouve chez le même Libraire l’impertinent libelle du Père le Brun à côté des ouvrages immortels de Corneille, Racine, Molière ?
Les Histoires profanes fournissent aussi plusieurs riches sujets aux theatres, les mœurs des siecles luy donnent d’amples matieres, & si le tout est traité avec la bienseance qui est convenable à la Religion, & à l’honesteté publique ; leur innocence est à couvert des foudres. […] Ils composent leurs pieces avec tant d’artifice, que les plus méchans y trouvent suffisamment dequoy se contenter, & que les bons, à moins d’estre bien éclairez, ont de la peine à y découvrir ce qui merite la censure, & sont presque contraints de suspendre leur jugement, & de dire comme ces anciens Senateurs, la chose n’est pas constante : Non liquet, nous ne pouvons pas justifier ces Pieces comme innocentes, parce qu’elles prennent le party du vice en apparence ; on ne peut pas les condamner comme mauvaises, parce qu’elles semblent soûtenir & relever la vertu : elles se mettent à couvert de la censure des bons par cette apparence d’innocence, elles évitent le mépris des méchans par cette apparence de malice : l’apparence du mal couvre l’apparence de l’innocence, celle de l’innocence couvre celle du mal, ce mélange continuel ne laisse pas le temps de reconnoistre lequel l’emporte ou du bien ou du mal ; & ce venin, comme celuy de Pelage, ne s’apperçoit qu’aprés qu’il a eu le temps d’agir avec toute sa force, & qu’il a tout perdu. […] Il se croyoit à l’abry des censures du ciel & de la terre sous ce voile de pieté ; il s’estimoit à couvert de l’indignation du Ciel sous le sanctuaire d’une Déesse prostituée à tout ce qu’on pouvoir representer d’impur sur le theatre, se garentir des reproches de la terre par le temple d’une Déesse qui authorisoit par sa conduite & par sa complaisance tout ce qu’on pouvoit representer de plus infame dans cet abominable lieu.
Mais la folie a voulu se couvrir du nuage de la raison ou plutôt de la religion & de la charité, pour se jouer de l’un & de l’autre, & se procurer plus d’argent par cette voie. 3°. […] Il est difficile de faire un ouvrage où l’on instruit en amusant, où l’on couvre l’aridité du savant des charmes d’une diction élégante, où l’on enchaîne le raisonnement & les images de Vénus. » Ils appellent ces explications galantes, cette lecture amusante ; en cela bien différente de celle de son concurrent, grave, sérieuse, profonde, qui traite fort peu galamment Vénus de prostituée, & son culte un tissu de prostitution publique en son honneur : ce que le galant abbé combat de toutes ses forces. […] L’homme est naturellement imitateur : tous les autres siffleurs furent accueillis de même ; &, comme s’ils se fussent donné le mot, les soufflets de toutes parts couvrirent les sifflets. […] Même principe de vanité, même envie de tromper, même effet de séduire d’abord un moment, & de déplaire quand il est connu ; quoique les moyens soient différens, les prétextes spécieux, les airs compassés, les expressions recherchés, sont des couleurs empruntées, des artifices pour se couvrir & en imposer. […] Ils se cacherent & s’enfuirent tous deux couverts de confusion.
pouvait-il être plus richement couvert que du Ciel ? […] N’est-ce point une preuve bien forte pour excuser un Chrétien que de se vouloir couvrir de l’exemple des Païens ? […] La mer couvre tant de terre, sa plus haute profondeur n’est guère que d’une lieue : Toutes les mers se communiquent, etc. […] Ainsi le mensonge tient le dessus, et parce qu’il est couvert de beaux mots, et de quelques riches sentences, il est reçu des ignorants, comme la vérité essentielle. […] Sanctia prit l’habit de son mari, mais ce fut pour le couvrir du sien, et le tirer de la prison, d’où il ne fût point sorti que pour aller porter sa tête sur un échafaud.
Nous sommes réduits à vous invoquer, à regretter ce temps où vous couvriez la terre de vos folies et de vos crimes. […] Ne craignez plus l’opprobre dont vos contemporains ont couvert votre existence et votre mémoire. […] Mais si ces deux inconciliables ennemis ne peuvent faire de conquête qu’aux dépens l’un de l’autre ; si leur gloire simultanée est un monstre dans l’ordre des choses possibles ; que deviendra, à moins d’une révolution imprévue et subite, cette religion antique qui a couvert le globe de ses branches et de ses fruits, qu’un philosophe, qui ne l’aimoit pas, a nommée le foyer de toutes les vertus, la philosophie de tous les âges, la base des mœurs publiques ; le ressort le plus puissant qui soit dans la main des législateurs, plus fort que l’intérêt, plus universel que l’honneur, plus actif que l’amour de la patrie ; le garant le plus sûr que les rois puissent avoir de la fidélité de leurs peuples et les peuples de la justice de leurs rois ; la consolation des malheureux, le pacte de Dieu avec les hommes, et pour employer une image d’Homère, la chaîne d’or qui suspend la terre au trône de l’éternel.
Enfin il traite fort au long tous les péchés d’impureté, & puis, dit-il, les fards bravetés & ornemens lubriques sollicitent au crime comme de l’huile jetée au feu ; il ne faut douter que toutes ces choses ne soient fort déplaisantes à Dieu & contraires au commandement, à l’honnêteté & modestie chrétienne ; que les femmes, dit Saint Pierre, s’acoutrent en habit honnête & avec modestie, non en tresses en or, en perles, en vêtement somptueux ; quand elles viennent à l’Église qu’elles ayent la tête couverte, rien ne manifeste plus le cœur d’une femme que l’ornement d’icelle, on peut y voir au moins comme en miroir & lire comme en un livre, les habits comme la bouche parlent de l’abondance du cœur ; les femmes sont meurtrières d’ames quand elles viennent à l’Église elles ouvrent leurs coffres & arches (boëte) pour mettre l’or & montrer & porter tout ce qu’elles ont de beau & de brave, comme si c’étoient des Merciers qui y apportassent leurs merceries à la foire ; on diroit qu’elles veulent se moquer de Dieu, & lui reprocher sa pauvreté & misère. […] Cette idée est une belle chimère que les femmes ont intérêt d’accréditer pour couvrir leur passion d’un voile, & faire croiré qu’aussi respectables que belles, elles sont de ces Venus admirables, qui renfermées dans cette métaphisique de sentimens, joignent aux grâces & à la beauté dont elles se croyent toujours richement pourvues, une vertu sublime, inaccessible aux tentations de la volupté grossière, que quoique tout passe par le corps avant d’arriver à l’esprit, leur esprit & leur cœur ne s’y arrêtent jamais ; que quoique leur toilette ne produise & ne puisse produire que des tentations charnelles, ce n’est pourtant que pour l’esprit qu’elles offrent des nudités, & mettent du rouge ; que ce n’est qu’à l’esprit qu’on adresse la tendresse du chant, le feu des regards, les attitudes, la danse, le langage du geste. […] On tâche de couvrir sous un air respect un fond de sensualité & d’imprudence qui va bientôt éclater.
Un homme sage peut-il ne pas regarder avec mépris ce que la loi couvre d’infamie, & se lier avec les ennemis de la vertu ? […] Si ce n’est pas là de la saine morale ni de la bonne tactique, il y a du moins de l’esprit de savoir couvrir ses goûts, ses passions, sa frivolité du voile du bien public. […] Tout réussit pendant quelque-temps : mais un jour, un malheureux jour que la terre étoit couverte de neige, le Comte, qui étoit fort & galant, la porta sur ses épaules, pour lui épargner la fraîcheur de la neige.
Sans couvrir les Acteurs d’infamie, Athènes ne se dissimuloit pas le danger des représentations théatrales, & ne vouloit pas y exposer la vertu d’un sexe fragile, dont la modestie est le plus bel ornement. […] Elles marchoient à pied, couvertes d’opprobres, n’étoient point suivies par des esclaves richement habillés (laquais à livrée). […] Une jeune fille se renferme pour toute sa vie dans un couvent, elle élève entr’elle & le monde une barriere impénétrable, elle renonce à toute sorte de parure, de luxe, de magnificence, ensevelit tous ses charmes sous des habits simples, grossiers & embarrassans, elle cache la moitié de son visage, qu’elle couvre encore d’un voile quand elle parle à des étrangers, & toujours à travers des grilles hérissées.
Mais malgré ces nuances légères de modestie, c’est partout le même esprit ; le fonds et la forme sont toujours mauvais, et en général le métier et ceux qui le font méritent l’infamie dont la loi les couvre. […] Pourrait-il alors avec justice punir dans son fils une tache dont il l’a couvert et dont il s’est couvert lui-même ?
N’ont-ils pas su de tout temps par des voies ordinaires qu’il y a dans l’état ecclésiastique, comme dans toutes les autres professions, des hommes pervers qui se cachent sous le manteau de la religion et des autres vertus ; ou en style évangélique, qui se couvrent d’une peau d’agneau, et qui sont au dedans des loups ravissants ? […] Ils doivent s’en réjouir comme le sectaire se réjouit de voir souiller et vilipender les attributs distinctifs de la secte qu’il combat, comme les impies et la roture révolutionnaire se sont réjouis il y a vingt-cinq ans de voir des polissons et des animaux courir les rues couverts des ornements du sacerdoce et des décorations de la noblesse, ou comme des criminels condamnés et subissant leur peine se réjouiraient de voir jeter parmi eux des coupables vêtus de l’habit de leurs juges.
Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme.
Dans la même Tragédie, Achorée racontant la mort de Pompée à Cléopatre, s’exprime ainsi1 : D’un des pans de sa robe il couvre son visage, A son mauvais destin en aveugle obéit, Et dédaigne de voir le Ciel qui le trahit, De peur que d’un coup d’œil contre une telle offense, Il ne semble implorer son aide ou sa vengeance.
Ainsi l’infamie prononcée par la Loi contre les Comédiens, les mettroit à couvert de l’Excommunication de la part de l’Eglise.
Hier, lorsque tout fut découvert par votre Lettre, je fus deux heures dans ses bras, baignée de ses larmes, couverte de ses baisers… Ah !
Il est vrai que le Théâtre ôte aux passions, et surtout à l'amour ce qu'elles ont de plus grossier, et de plus opposé à la bienséance ; mais il est vrai aussi qu'une passion couverte d'un voile d'honnêteté est plus dangereuse.
L’Amphitrion de Plaute leur en fournit l’idée : ils crurent cependant qu’une femme telle qu’Alcmène, innocente et adultère tout à la fois, ne serait pas un objet assez piquant sur la scène ; on démasqua le vice en ôtant le verni dont le Poète Latin l’avait couvert.
Tous les Ministres qui sont à Dantzic, l’Abbé d’Oliva & quantité d’autres, attirés par la singularité s’y trouvèrent : le panégyrique du Salomon du Nord fut suivi d’un grand repas de soixante-six couverts & d’un bal qui dura jusqu’au lendemain, où sans doute les jeunes Jésuites dansèrent, car il est juste & convenable que celui qui donne le bal en fasse les honneurs ; le lendemain on chanta un Te Deum, on juge bien que la comédie a été aussi de la fête, elle a toujours été usitée dans leurs collèges ; mais je ne sache pas qu’ils y eussent encore donné le bal. […] Cyr, eussent baisé tous les Officiers d’un Régiment, & certainement nos Capucines, nos Carmélites, qui dans leurs règles, leurs parloirs, leurs grilles, leurs rideaux, leurs voiles ont tant de palissades, de chemins couverts, de demi-lunes pour défendre leurs forteresses, n’auroient pas facilement capitulé. […] Le grand Condé, & d’être ainsi couvert de la gloire, de tant de batailles, de tant de siéges dont les rayons rejailliroient sur elle ; les Officiers de la maison de Condé n’étoient pas moins intéressés à ne pas voir priver l’Hôtel de leur maître, de la gloire de loger les muses & les grâces, & eux-mêmes de la facilité de leur faire la Cour gratuitement & librement. […] Le théatre n’est qu’une gaze qui couvre la débauche ; mais personne ne prend le change & elles seroient bien fâchées que la bonne opinion qu’on pourroit former de leur vertu, éloignât les Marchands, & fit languir le commerce, & mit au rabais le prix de leurs grâces & de leurs talens.
C’est une Princesse qu’on dépouille de ses habits royaux pour la couvris de haillons. […] La paix & la tranquilité me conduiront par la main jusqu’au bord du précipice, que l’Auteur de mes jours m’a dérobé, par les fleurs dont il l’a couvert ; & malgré les soins avec lesquels vous vous preparez à un instant que je laisse venir, je dont que votre fin soit plus heureuse que la mienne. […] Le Théatre de Londres est couvert de poignards, de poissons, de morts, de tombeaux, & le palais brûlé des spectateurs britanniques mâche avidement les plus fortes épices, & en nourrit délicieusement sa férocité. […] C’est le privilege de la vertu de déplaire au vice & au ridicule, d’autant plus furement que le choix de ces hommes n’est qu’un artifice de l’irreligion & du libertinage, qui se couvre du voilé des talens qu’on leur attribue.
les humains sont-ils des monstres, qui de loin encensent l’image de la Vertu, & de près la couvrent de boue, sans doute pour avoir droit de la méconnaître ? […] Oui, Messieurs (ajoûta-t-il en jetant son masque) voila l’Auteur ; (puis ôtant son domino, & recevant son chapeau, dont il se couvrit) & voici votre Egal, votre Concitoyen, votre Ami. […] Le Père-de-famille, au desespoir, cherche à se consoler en jettant un coup-d’œil sur ses génisses bondissantes, sur ses agneaux que couvre une riche toison. […] Le fait est révoltant, mais il est vrai : apres chaque Représentation, on exposait nue, en plein Théâtre, aux yeux des Spectateurs une des Actrices qui venait de jouer ; afin que cette ignominie dont on la couvrait, fît succéder dans ceux qu’elle aurait pu charmer, une confusion salutaire. […] En les rayant des Fastes de l’univers, on ne ferait que couvrir d’un voîle prudent la honte de l’humanité.
Ce feu toujours couvert d’une trompeuse cendre, S’allume au moindre souffle et cherche à se répandre. […] Si des Evêques sont effectivement tombés dans le péché dont il les accuse, ne devrait-il pas étendre le manteau, pour les couvrir ?
Une actrice de la comédie Italienne, eut une indigestion, on la crut morte, & on s’empressa de la couvrir d’un drap mortuaire, & d’allumer des cierges au tour d’elle ; elle en revint, mais elle fut si frappée de ce lugubre spéctacle, qu’elle mourut de frayeur ; bientôt après Montagne appelle la mort un acte à un seul personnage , & prétend que ce sont les mines & les appareils effrayans de la mort, qui font plus de peur qu’elle. […] Confidens du Très Haut, substence éternelle, qui brûlez de ses feux, qui couvrez de vos aîles, le trône où votre Maître est assis parmi vous, parlez du grand Newton, n’êtes-vous point jaloux ? […] L’Ecriture qui n’enchasse pas des absurdités dans des vers, dit-il, couvrent leurs visages de leurs ailes : Velabant facies fuas.
Lorsque les jeunes Etudiants avaient fini leur cours d'étude et devaient passer au rang des maîtres, ce que nous appelons passer Docteur, on les menait en cérémonie au bain, où se trouvaient, d'un côté les maîtres pour les prendre et les agréger à leur corps, et de l'autre leurs condisciples, qui faisaient semblant de s'y opposer, comme ne voulant pas perdre un camarade qui leur faisait honneur ; ce qui formait une espèce de combat qu'ils appelaient eglistræ, où les maîtres devenaient enfin vainqueurs, emmenaient le candidat, le couvraient de riches habits, le promenaient en triomphe dans la ville, et le faisaient monter sur le théâtre public pendant la représentation, pour recevoir les éloges et les applaudissements des spectateurs. […] Elle ne put voir sans indignation les successeurs des Papiniens et des Ulpiens se couvrir de bonne heure de ridicule, et ces images de la Divinité, que tout devait un jour respecter, se faire mépriser. […] La faiblesse, la pudeur, les bienséances, arrêtent, il est vrai, les excès et les éclats ; mais pour être couvert de cendres, le feu n'est pas moins ardent ; un souffle l'allume avec violence.
Le deuxième jour (dit-il) comme l’on eût mis le feu au premier pétard, voila l’air auparavant bien clair qui se va couvrir d’une nuée si épaisse, et une pluie si impétueuse survient, qu’on ne pouvait aller par les rues de Lyon.
le roi et les législateurs auraient honoré un comédien pendant toute sa vie, ils lui auraient accordé des regrets à sa mort, ils enverraient consoler sa veuve, ils lui auraient promis une pension, lorsque tout à coup, les justes effets de la puissance et de la munificence souveraine, se trouveraient frappés d’anathème et de déshonneur, par la réprobation d’un prêtre qui leur dirait : « Ce que vous avez voulu, ce que vous regrettez même est réprouvé, va être couvert d’ignominie et du mépris public, telle est ma volonté.
Elise n’est par contente de ces raisons, parce qu’elle conçoit clairement que rien au monde pourra mettre son honneur à couvert, lorsque la démarche de Valère sera rendue publique ; on l’accusera toujours avec fondement d’y avoir donné son consentement, et par conséquent on la croira coupable, etc… d’ailleurs Elise a raison d’être offensée de ce que Valère ne lui a point obéi, et n’est point sorti de la maison selon ses ordres dès le premier moment qu’elle a su qu’il y demeurait.
Appellé par les princes, & confiné dans une prison ; honoré dans toutes les cours d’Italie, vivant & mourant dans la misere ; d’une famille illustre, & fugitif de ville en ville, de province en province, sans savoir où se réfugier la moitié de sa vie ; couronné comme un grand poëte, & enfermé dans les petites-maisons, pour y être traité comme un insensé ; vivant en grand seigneur, & s’habillant en berger, pour mener la vie pastorale ; comblé d’éloge, & accablé de satyres ; regardé comme le premier poëte d’Italie, & solemnellement condamné par le jugement & les écrits de la plus célebre Académie, (de la Crusca) qui, dans le fonds, n’avoit pas tort, quoique sa conduite fut indécente dans la forme ; célébré, chanté de toute part, errant, inconnu, couvert de haillons, changeant de nom, d’habit & de gîte, par des chemins détournés, exposé à tout, souffrant tout ; ne se sauvant que par des mensonges ; philosophe modéré, se possédant en citoyen, & donnant un soufflet, se battant en duël dans sa colere ; pratiquant des exercices de piété, & traitée d’athée, de philosophe platonicien, & y donnant lieu par ses ouvrages ; faisant des vœux à la Ste. […] Sois un Prothée, couvres ton front d’un masquer. […] Le mot détestable, & l’idée qu’il présente, déplaira sans doute aux gens du monde, aux amateurs du théatre, pour qui la licence n’est rien moins qu’un crime, pour qui même elle est un mérite, pourvu qu’on ait soin de la couvrir d’expressions décentes : mais ce n’est pas moi ; c’est l’Abbé de Chaulieu, homme non suspect en matiere de licence, qui pense ainsi de l’Art d’Ovide. […] Son poëme, dont le style est élégant, varié, souvent noble, sa narration intéressante, semée de jolis portraits, des descriptions vives, des sentimens honnêtes, n’est dans le fond qu’un fumier couvert de fleurs : c’est l’ouvrage le plus absurde qui ait paru.
Malgré tous les avis des Carmelites, un cilice dont elle s’étoit couverte, ses résolutions, ses promesses, elle ne put tenir contre le poison du Spectacle. […] Un premier Ministre obligé de prendre la fuite, dont on met la tête à prix, & qu’on va quelques jours après recevoir en triomphe, qu’on comble de bénédictions, qu’on remercie de ses soins, à qui on baise les pieds ; un Roi & la Reine sa mere fugitifs au milieu de la nuit, qui avec sa petite Cour va coucher sur la paille ; des Princes emprisonnés pour crime d’Etat, & l’auteur de leur détention, enveloppé des détours de la politique & des bassesses de la frayeur, court à la prison, brise leurs fers à genoux, & les ramene à la Cour ; le Roi lui-même, après les avoir déclarés coupables d’une révolte qui eût mérité la mort, par un assemblage incompréhensible de fermeté & de déférence, écrit humblement au Parlement pour les justifier ; deux femmes, la Régente & la Duchesse, se disputant la souveraineté, se déclarant la guerre, se fuyant, se poursuivant, se caressant, se maltraitant ; des courtisans incertains, passant selon le vent de la fortune d’une Cour à l’autre, de la soumission à la révolte, se trahissant, se déchirant mutuellement ; un Archevêque de Paris, l’ame de toutes les intrigues, toujours avec des femmes, portant des pistolets dans ses poches, levant un Régiment, soulevant le peuple, enfin emprisonné, obligé de se défaire de son Archevéché, & mourant dans l’obscurité, & heureusement dans la pénitence ; deux Cardinaux plus divisés qu’on ne l’a jamais été dans les brigues des Conclaves, se poursuivre tous les deux comme ennemi de l’Etat, l’un par les entreprises les plus hardies, l’autre par les artifices les plus obscurs ; un grand Prince couvert de gloire, jusqu’alors défenseur de l’Etat contre les étrangers & contre les Frondeurs mêmes, s’arme contre son Roi, quitte le royaume, va combattre chez l’ennemi, & répand le sang des françois pour lesquels il avoit tant de fois exposé sa vie ; une Postulante Carmelite amoureuse, séditieuse, à la tête de la révolte, se moquant de son mari, tantôt brouillée, tantôt intime avec ses freres, les embrassant, les caressant, les insultant, écoutée comme un oracle, haïe & méprisée, ses associés brouillés entre eux, se plaignant les uns des autres, prétendant de remédier aux désordres & en causant de plus grands ; les Magistrats guerriers dirigeant les opérations militaires ; les Guerriers magistrats prenant l’ordre de la Grand’Chambre, & se réglant sur les formalités de la Justice ; des Soldats & des Officiers passant de la toilette aux combats, couvrant de rubans leurs épée, leur tête de frisure & de poudre, & au premier coup de mousquet prenant la fuite ; des Citoyens courageux, qui après avoir bien bu, opposant Bacchus à Mars, se font des retranchemens de leurs barriques ; un Parlement qui prêche la fidélité, & leve des troupes ; des Conseillers qui se plaignent d’une legere imposition sur leurs charges, & en établissent une énorme sur le peuple, sur eux-mêmes, pour les frais de guerre, qui envoient des députés à la Cour rendre hommage & signer la paix ; un Peuple aveugle qui fait également des foux de joie pour l’emprisonnement des Princes & pour leur élargissement, pour l’entrée de la Princesse & pour sa fuite précipitée pendant sa nuit, dans une voiture empruntée, par des chemins détournés, pour éviter la prison ; &, après une folle joie pour des biens imaginaires ou plutôt des vrais maux, tombe dans la sombre consternation, croyant tout perdu ; &, toujours victime des grands, tantôt se livre à une fureur insensée, tantôt rampe bassement dans la poussiere. […] Une procession de Moines est-elle plus ridicule que vingt processions de Pénitens qu’avoit fait le Roi, couvert d’un sac, pendant la nuit, accompagné de mignons débauchés ? […] Dès que la nouvelle y fut parvenue, plus de cent cloches sonnerent de toutes parts, tous les fusils & les pistolets firent des décharges, les tambours, trompettes, flûtes, sifflets donnerent un autre concert ; toutes les boutiques furent fermées, mille feux allumés en plein midi : on enleva tous les rubans des marchands & des toilettes, on en dépouilla toutes les poupées, & tout le monde, hommes & femmes, s’en couvrit, & dans cet équipage courut les rues, dansant, chantant, s’embrassant.
Cet exemple terrible ne suffiroit-il pas pour détruire l’impression momentanée, qu’auroit pû produire sur quelques spectateurs, cette fausse grandeur dont il fait une vaine parade, tandis que le fruit qu’on peut recueillir du châtiment affreux d’un monstre accablé & couvert d’ignominie, subsisteroit dans toute sa force ? […] Ce n’est point le gentilhomme qui est le personnage intéressant de la piece : Moliere ne s’attache pas à couvrir sa friponnerie du voile d’une apparente honnêté ; on voit que son unique dessein est de montrer à quel degré d’erreur & d’impertinence peut parvenir un bourgeois, qui s’expose sans lumieres à franchir les bornes de son état. […] L’Ecole des Maris peint & couvre de ridicule un homme défiant. […] Interrogez la nature, elle vous devoilera ses mysteres : l’art Dramatique nous exhorte à ne pas les profaner par des excès pernicieux ; il couvre cette passion du voile de la décence.
Comédie, Cas 4.) qu’il a été consulté sur une Communauté, qu’il place à Milan, et qui apparemment n’est pas au-delà des Alpes, où les Religieux, d’ailleurs très édifiants, jouent quelquefois entre eux seuls, et fort secrètement, des pièces de théâtre sur des sujets de piété, et louent pour cet effet des habits à la comédie, dont ils se couvrent par-dessus les leurs. […] Thomas et tout le monde, d’après la loi de Moïse, qui est expresse, c’est une chose mauvaise de se masquer, à moins qu’il ne soit absolument nécessaire pour sauver son honneur ou sa vie ; à plus forte raison d’un sexe à l’autre, d’une personne consacrée à Dieu à un Comédien. 3.° Qu’il n’est pas permis à un Religieux de quitter son habit, même pour peu de temps et pour sa commodité, comme pour jouer à la boule ; à plus forte raison par bouffonnerie. 4.° Qu’il est aussi peu convenable de cacher ses habits et de les couvrir des livrées du vice, et faire un mélange indécent et ridicule du sacré et du profane. 5.° Que ces récréations toutes mondaines ne conviennent point du tout à des personnes consacrées à Dieu, qui font une profession solennelle de renoncer au monde, et qu’elles les exposent à beaucoup de dissipation et de mollesse.
La vengeance n’est pas moins opposée à l’esprit du Christianisme, que l’orgueil & l’amour profane, & ce vice est assuré, dit Tertulien1, de faire fortune en une Tragédie ; on couvre d’oprobres sur le Théâtre, la patience qui supporte les injures, on y loue une fausse bravoure qui ne sçait point pardonner.
Ainsi le feu qui de cendres est couvert, impatient sous le poids qui l’opprime, cherche au-dehors un souffle qui l’anime.
Je ne craindrai toutefois de dire et affirmer que de mon temps et demeure à Paris, ville beaucoup libertine et toutefois couverte d’une grande apparence et montre de la religion Catholique en cérémonies externes, je n’y en remarque chose plus professant le paganisme et blasphématrice contre Jésus Christ et sa très mémorable passion que les jeux, lesquels je désirerais que ceux de notre université eussent plus raisonnablement et louablement condamnés et fuis que imités ou tolérés les jours des saints Dimanches et autres fêtes solennelles principalement.
J’ai toujours regardé la forme de l’habillement des femmes, comme une suite et comme une conséquence de cette modestie dont le sexe fait profession ; aussi voyons nous que, dans tous les pays, quelque différence que l’usage ait introduit dans les habits, ceux des femmes ont été respectés ; et, malgré les variations infinies de la mode, elles sont restées couvertes depuis les épaules jusqu’aux pieds ; il y a même des pays où elles sont enveloppées en entier dans une mante, en sorte qu’elles ne laissent entrevoir qu’un œil pour se conduire ; mais dans les pays même où les femmes ont le plus de liberté, la décence exige qu’elles ne laissent voir précisement que leur visage et leurs mains ; encore ont elles soin de porter toujours des gants.
Couvert Chap.
Ce voyage sous une apparence de fête, couvrit les conférences & les négociations secrettes avec le Duc d’Albe, où fut conclu, dit-on, le massacre de la S. […] Et ouvrant la poitrine, vous voyez, Madame , lui dit-il, que je ne vous sers pas à plats couverts. […] Le Prince de Condé & l’Amiral de Coligni comploterent d’enlever le Roi, la Reine & la galante Cour, & vinrent avec deux mille chevaux, couverts du casque de Mars & de l’égide de Minerve, sans craindre le carquois de l’Amour, bien resolus de repousser tous les traits que tant de beaux yeux pourroient lancer. […] Elle y étoit habillée à la Francoise, un chaperon couvert de perles, une robe à grandes manches de toile d’argent, &c.
S. le Poëte s’est couvert de ridicule, que doit mériter une ville si mal policée, & des écoles si mal disciplinées ? […] Celle de la plûpart des pieces de Théatre, sur-tout des machines de l’Opera, n’est guere moins ridicule, & n’est pas à beaucoup près si élégamment rendue ; mais le prestige de la pompe, & le coloris du vice assurent sa fortune, comme il honore un homme vicieux, sot & méprisable, quand il est couvert d’un bel habit, ou trainé dans un riche équipage. […] Ensuite on se promena dans un vaste jardin couvert exprès pour le rendre sombre, & en plein jour y allumer 2000 bougies.
L’Abbé de Monville, qui sentoit l’indécence de ses tableaux profânes, & le danger du salut qu’ils sont couvrir, tâche de se rassurer sur le salut de Mignard, en disant que plusieurs années avant sa mort il y avoit absolument renoncé, & ne s’occupoit plus que des sujets sacrés, & qu’enfin il reçut les derniers Sacremens dans des grands sentimens de piété. […] Et que feroit cette tête si son buste n’étoit couvert que de haillons ? […] Ses amours & le mariage avec la Bejard couvrent Moliere d’infamie.
Et cependant cette servante si plattement bouffonne, dit souvent de beaux vers, d’un tour, d’une élévation fort au-dessus de son état, qui font un contraste avec sa bassesse & ses plattitudes, & couvre l’Auteur de ridicule : Servetur adimum qualis ab incapto processerit, & sibi constet. […] Du moins est-il certain que la vertu qui se couvre des livrées du vice, se détruit elle-même & cesse d’être vertu, & que dans la société l’hypocrisie est moins pernicieuse que le vice déclaré.
Le métier de Comédien est une sorte de prostitution, & la prostitution une sorte de comédie, même avec ce désavantage, que le théatre offre, représente, enseigne, embellit avec le plus grand éclat le crime, que les autres ne font que commettre en secret avec ignominie : l’un est le vice hydeux & dans les ténèbres, l’autre le vice paré de graces & couvert de gloire. […] Thomas, contre les fausses interprétations que le relâchement lui a données, & après avoir démontré combien les spectacles sont contraires aux divines Ecritures, combien ils sont dangereux en effet, & dans le sujet des pieces, & dans la maniere de les représenter, dans les Actrices, les danses, les masques, vices communs à tous les théatres, qui rendent même la scène moderne plus obscène que les scènes Grecque & Romaine, malgré le voile de l’équivoque dont on la couvre, & le mariage qui est le dénouement de l’intrigue, il conclud que les Acteurs & les Actrices sont dans un état de péché mortel & de damnation.
Enfin, Heliogabale fit couvrir l’Arene de poudre d’or & d’argent, & estoit au desespoir de ne pouvoir le couvrir d’yvoire : mesme par un excez de luxe, & par un égarement incroyable, il fit remplir les fossez de vin & y donna, au rapport d’un ancien HistorienAl.
Ces Chantres se barbouillerent de lie, & voulant ressembler aux Satyres, compagnons ordinaires de Bacchus, ils se couvrirent d’habits grotesques. […] Plusieurs Poëtes réussirent dans ce nouveau genre : mais la gloire de Menandre couvrit de ténebres leur nom, dit Quintilien, qui malgré les éloges qu’il donne aux sages Comédies de Menandre, regrette ces graces du langage Attique, & cette éloquente liberté qui regnoit dans la vieille Comédie.
Il ne cherche point l’abri de son nom pour en parer l’ouvrage qu’il médite, il manqueroit son but, & blesseroit sa propre délicatesse ; mais ce Grand dont le pouvoir est toujours plus fort quand il a moins d’éclat, détournera les coups de l’autorité ; il répandra des éloges, les accréditera auprès de la multitude ; les Censeurs couverts par le ridicule, seront réduits au silence ; ainsi ce même homme puissant qui n’auroit pu défendre, comme protecteur, cet écrit, le fera triompher comme panégyriste.
Il se fait plusieurs mariages sans vraisemblance, & contre les bonnes mœurs, dans un pays où la religion est respectée, & que favorise un chevalier qu’on dit homme de bien, zélé pour la pureté ; toutes les intrigues amoureuses, la plupart mal assorties & burlesques, sont applaudies & protégées, & se terminent, comme sur le théâtre, par un mariage de libertinage ; des filles séduites, enlevées, des héros avec des laquais & des paysans se couvrent d’un voile, comme Didon dans la caverne, conjugium vocat hoc pretexit nomine culpam , contre la volonté des parens, avec des gens au-dessous d’elles : ce qu’on ne peut reprocher à Didon.
Il serait à souhaiter qu’il en fut aussi à couvert dans ses différentes parties.
Je ne me fierai pas à mes lumieres, elles sont trop foibles, pour vous faire voir, ce que les sens vous couvrent.
Saint Charles qu’on allègue comme un de ceux, dont la charitable condescendance entra pour un peu de temps dans le dessein de corriger la comédie, en perdit bientôt l’espérance ; et dans les soins qu’il prit de mettre à couvert des corruptions du théâtre, au moins le carême et les saints jours, il ne cesse d’en inspirer un dégoût universel, en appelant la comédie « un reste de gentilité »Act. p. 4. inst. praed. edit. 1599. p.485.
En vain ai-je essayé de leur démontrer l’inconséquence de leurs raisonnements, et l’impossibilité d’accorder la vanité de l’amour propre, avec un aveu aussi humble et aussi chrétien qui l’écrase et qui l’atterre, qui soule aux pieds des lauriers cueillis, et ceux dont vous êtes encore en état de vous couvrir.
Mais ses taches sont couvertes par ses talents ; dites plutôt qu’elles effacent la gloire de ses talents, & que la profusion des éloges décrédite. […] Le char & les chevaux étoient couverts de pierreries. […] Elle voulut que, pour se rendre plus digne de sa main, son mari, avant que de l’épouser, allât se couvrir de gloire en Flandres par des exploits mémorables, qui devoient effacer ceux d’Alexandre & de César. […] Le trône, le dais, la salle d’audience furent couverts de tout ce qu’on put trouver de plus riche.
.° un triomphe en forme comme ceux des anciens Romains ; elle fit faire un char magnifique couvert d’or & de pierreries, sur lequel elle monta, tout e Parlement, tous les Officiers de la Cour ; tous les corps de Londres à cheval formoient autour d’elle une brillante & nombreuse cavalcade ; toutes les rues étoient illuminées, tapissées, ornées de tableaux ; jonchées de fleurs, remplies de bourgeois rangés en haie ; d’espace en espace, on avoit érigé des arcs de triomphe sous lesquels elle passoit ; tous les corps de métiers habillés à neuf, & chacun dans son uniforme portoient les drapeaux pris sur l’ennemi ; la Reine sur son char entra dans la ville, & parcourut les principales rues avec tout ce cortège ; les étendards, les pavillons Espagnols voltigeoient autour d’elle, elle semble être au milieu d’une armée ; les rues retentissent des acclamations du peuple & du bruit de l’artillerie, & enfin elle arrive à l’Église de Saint Paul, où l’Evêque revêtu des habits pontificaux, la reçoit avec son Clergé ; un Prédicateur fait son éloge, & le Te Deum est chanté pour remercier Dieu de la victoire. […] Je ne veux pas , disoit-elle, le gouvernement d’une Église couverte de haillons. […] On ne peut justifier, dit Gregoireleti, ce Chef des Protestans qui affectoit d’avoir à cœur la propagation de leur foi, de les abandonner sans dire mot, à la rage des loups affamés ; il faut couvrir cette dureté du voile du silence pour en cacher le scandale, mais les Auteurs Protestans qui l’ont blâmée, ne veulent pas voir qu’en les plaignant elle se fut condamnée elle-même, ainsi que son père & son frère : leur vie & la sienne n’ont été qu’une Saint Barthelemi continuelle, ils ont plus versé de sang Catholique en Angleterre & en Irlande, qu’il n’en a été versé de Hugenot en France. […] Quaud on vint le matin lui dire qu’il étoit temps de partir, elle se lève, prend son manteau, se couvre modestement de son voile, & marche vers l’échaffaud un crucifix à la main qu’elle ne cesse de regarder & de baiser avec le plus tendre respect ; quand elle y fut montée, ella adressa la parole à ses Juges & au peuple nombreux, que la curiosité y avoit attiré, elle proteste qu’elle est innocente du crime dont on l’a accusée, qu’elle meurt dans la Religion Catholique Apostolique & Romaine prête à perdre mille couronnes & mille vies pour cette sainte Religion qui fait tout son crime ; qu’elle pardonne de bon cœur tout le mal qu’on lui a fait ; qu’elle prie tous ceux qu’elle a pu avoir offensés de lui pardonner : le bourreau se jette à ses pieds pour lui demander pardon de ce que son devoir l’oblige de faire, elle lui pardonne volontiers, mais ne voulut point qu’il touchât à ses habits, se fit ôter son voile par ses filles, elle se mit à genoux, invoqua la Sainte Vierge & les Saints, pria Dieu pour le Royaume d’Écosse, de France & d’Angleterre pour le Roi son fils, la Reine Elisabeth, ses juges & ses persécuteurs, se banda les yeux, tend son cou au bourreau, récitant tout haut ses prières, & à ces paroles qu’elle répéta plusieurs fois : In manus tuas, commendo spiritum meum.
Ce sont des treteaux élevés, d’où un saltinbanque, couvert de clinquan se donne en spectacle. […] Omphale, pour se divertir & se mocquer de lui, se couvrit de la peau de lion, & contrefaisoit Hercule. […] Ils y apportoient cachés sous la peau dont ils étoient couverts, de petits cochons, des veaux, des agneaux emmaillotés, qu’ils faisoient criailler, grogner, beler, aboyer en les piquant, ce qui à leurs oreilles formoit un concert fort agréable.
C’est sans doute dans quelques-uns de ces rêves qu’elle a formé ces réflexions ; comme si les soupers & les parties nocturnes, la licence de la nuit qui couvre tous les désordres de ses ombres, n’étoient pas l’occupation la plus dissipante & la plus opposée aux effets de la morale. […] En effet, les parties fines, le soupers délicieux sont bien plus agréables au flambeau ; les beautés y sont plus piquantes, on s’y livre plus à son aise à tous ses désirs, & on trouve moins de résistance ; on est plus à couvert des témoins & des reproches ; &, en cas de surprise, il est aisé de se dérober & de tendre des piéges. […] Miller reçoit un coup de sabre sur le front, le sang lui couvre le visage, on bande sa plaie, & le parterre pousse cruellement des cris de joie.
un Conseiller au Parlement, Veideau de Gramon, qui laissant le bonnet & la robe à ses confreres, voulut paroître en militaire, couvert d’habits de brocard d’or, chargé de dentelles d’or & d’argent, & d’une garniture de rubans de diverses couleurs, son chapeau orné d’un bouquet de plumes attachées à un cordon de diamans. […] Un jour , dit-il, entendant la Messe, une fille de dix ans, une des plus belles creatures de la ville, vint à moi en rougissant, me fit une révérence de bonne grace, me présenta des heures couvertes en broderie, & se retira.
Il sut corriger les Précieuses de leur langage affecté ; il couvrit de honte les agréables de la cour, en exposant sur la Scène la peinture de leurs travers.
Combien de dilapidations excessives, combien de dépenses scandaleuses n’ont-elles pas été faites sous le couvert de l’autorité ministérielle, et avant d’être votées par les chambres ?
Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ?
Guerriers que va guider sa sainte Providence, Ministres de rigueur, choisis par la Prudence, Il est temps de remplir ses décrets éternels, Couvrez-vous saintement du sang des criminels. […] Dans l’état de nature, il peut se montrer sans réserve comme sans danger ; dans l’état civil et en société, il faut qu’il soit en partie couvert d’un voile mystérieux, autrement il offenserait les mœurs publiques. […] Au milieu des ténèbres profondes, dont, depuis si longtemps, on a cherché à les couvrir, eux seuls, à l’aide du flambeau d’une critique sévère et judicieuse, peuvent nous aider à découvrir les complots du charlatanisme et du mauvais goût, et nous laisser apercevoir les sentiers étroits et périlleux qui conduisent sûrement au temple de mémoire. […] Mais de longs traits de feu, jetés à l’aventure, D’une chaleur brûlante animaient sa peinture : C’était l’âme d’un père ouverte aux malheureux ; Son cœur se déchirait en gémissant sur eux ; Le faible et l’indigent croyaient voir à son zèle, L’ange consolateur les couvrir de son aile. […] La vengeance qu’il cherche à en tirer, en voulant les couvrir de ridicule n’a donc rien de raisonnable, et n’est, au fond, qu’un trait d’ingratitude dont la multitude qui s’amuse de tout, n’aperçoit pas la noirceur, mais que les gens sensés et sans passion ont bien su démêler à travers toutes les vaines déclamations qu’on fait en faveur de ceux qui cultivent l’art de jouer la comédie.
La doctrine générale qui en résulte, c’est que la bonne éducation des filles consiste à leur donner une entiere liberté, les laisser courir seules, sur leur bonne foi, le bal, la comédie, les compagnies, & voir qui bon leur semble, comme la Léonor, dont cette conduite indulgente a fait une héroïne, tandis que la vigilance & la retraite ont fait de sa sœur Isabelle une intrigante & une effrontée ; que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & leur faire chercher les moyens de se satisfaire, & que la sévérité même qu’on a pour eux, les autorise à secouer le joug, & leur est une excuse légitime ; que ces sévères instituteurs en sont toûjours la duppe, & se couvrent de ridicule ; que malgré toutes leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend inventifs les plus innocens, & trouve enfin mille moyens pour réussir ; qu’après tout c’est un vain scrupule de se refuser à la galanterie, mal commun, dont personne n’est exempt ; qu’il est de la sagesse de ne pas être plus sage que les autres ; qu’on ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles ; qu’il faut s’y attendre, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] Parce que c’est le fond de toutes les comédies, qu’on croit pouvoir en couvrir les désordres, & en est un des plus grands, & que c’est l’action la plus importante de la vie & qui se fait le plus mal.
Si elle a quelque défaut naturel, on supplée à tout, les poudres changent la couleur des cheveux, le fard et les pommades unissent les visages, qui ne le sont pas ; les corps de jupes sont pleins d’artifice, pour corriger les défauts, et pour couvrir les difformités de la taille ; on charge ensuite le corps de rubans, dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions. […] Avouez que voilà un esprit bien affligé et bien accablé de douleur, son corps ne l’est pas moins, un ulcère le couvre tout entier, ses douleurs et l’infection semblaient le devoir garantir des insultes de la chair ; cependant il s’y fie si peu, que pour s’en défendre au milieu de sa misère, il fait une convention secrète avec ses yeux, de leur donner quelque liberté, à condition qu’ils ne regarderaient jamais ni femme, ni Fille, afin de conserver la pureté de son cœur.
Quelque vérité dans la bouche couvre son jeu théâtral, comme dans celle de Tartuffe elle donne le change à la femme qu'il veut séduire. […] Quelle est l'Egide qui couvre, le Mentor qui guide, l'asile qui sauve ?
C’est un Tailleur qui ne fait point d’habit neuf, mais qui ramasse de pieces d’étoffe qu’il a l’adresse de bien coudre, & de couvrir toutes les coutures d’un joli galon. […] Les cendres dispersées au loin de tous côtés couvrent à plusieurs pieds d’épaisseur les campagnes où elles tombent, & la lave, brûle tout ce qu’elle rencontre. Ces deux fléaux se réunirent contre la ville d’Herculanum ; elle fut toute couverte de cendres, les rues, les places publiques, tout en fut rempli ; les hommes & les animaux furent étouffés & ensevelis sous la cendre.
Il n’y a rien de si mauvais qui n’y soit bien reçu, quand il est accompagné de ce poison agréable, qui est l’appas qui couvre l’hameçon auquel il est attaché. […] Comme l’Auteur de la Lettre, tâche d’éblouir le monde par le nom de saint Thomas, et de se mettre à couvert sous son autorité ; il faut examiner s’il a raison de dire que ce Saint permet d’aller à la Comédie ; en sorte qu’étant, comme il dit, épurée, bonne et honnête, l’on y puisse assister en sûreté de conscience et sans scrupule. […] Quels contentements sentirez-vous, lorsque ces Philosophes, qui voulaient vous persuader que Dieu ne prenait pas soin des choses de la terre, paraîtront devant vos yeux avec leurs Disciples, tout couverts de feux et de flammes ?
Un homme de mérite entre dans un cercle, il dit de très-bonnes choses ; mais un petit maître trouve qu’il les dit d’une maniere ridicule, voilà notre homme de mérite persislé, couvert de confusion & obligé de sortir.
Les Anciens nous en ont donné l’éxemple, du moins si nous en croyons le grand Corneille, qui paraît lui-même la conseiller à mots couverts.
Mais vous dites aussi que le soin qu’on prend de « couvrir les passions d’un voile d’honnêteté » ne sert qu’à les rendre plus dangereuses.
L’auteur avoit recommandé qu’il n’y eût ni or ni argent dans ce qui appartenoit aux Spartiates ; c’étoit même le nœud de la piece : au contraire, en dépit du bon sens & du costume, on galonna tous leurs habits ; au lieu des boucliers de cuivre & des piques de fer, on leur donna des armes dorées, on parsema les boucliers de rubis ; au lieu des décorations villageoises, on fit peindre à neuf une décoration très-jolie, qui représentoit un désert avec deux hutes de charbonniers, d’où l’on vit sortir une petite armée couverte d’or & d’argent ; les intermedes surent exécutés par des danseurs galonnés. […] La noble, la pieuse Troupe a raison de n’avoir rien de commun avec cet audacieux Ecrivain, qui cherche à la couvrir d’infamie & de ridicule : elle mériteroit ces odieuses imputations, si elle avoit la foiblesse de mollir & de se charger des ouvrages de ce calomniateur, même de les entendre, jusqu’à ce qu’il ait autentiquement réparé ces insultes d’une manière aussi notoire que l’injure a été publique. […] Le prévenu conduit par la Troupe au bord du Théatre, à genoux & la corde au cou, dira au parterre, avec une vive douleur : Méchamment & calomnieusement j’ai couvert la Comédie Françoise d’infamie & de ridicule. […] Mercier n’a point désavoué cet ouvrage injurieux, & que la Comédie ne peut avoir rien de commun avec un Auteur qui a cherché à la couvrir de ridicule & d’infamie ; qu’elle mériteroit les odieuses imputations de M.
Projet infame que les théâtres d’Athênes & de Rome payenne, avec toutes leurs obscénités, n’ont jamais mieux rempli que les notres avec ce vernis d’honnêteté dont on prétend qu’ils sont couverts : que la couche en est légére, puisqu’il se fait si peu sentir ! […] le Ministre trouveroit-il encore un sujet de triomphe dans ce qui couvre l’Apôtre de confusion & d’opprobre ? […] Quand vers le milieu du dernier siécle, à la sollicitation d’un Ministre que la Pourpre Romaine n’empêchoit pas d’aimer le Théatre, fut levé le voile d’infamie qui l’avoit couvert jusqu’alors, ce fut sous la condition expresse qu’il ne s’y passeroit rien qui pût blesser l’honnêté publique, & qu’on n’y diroit pas même une parole à double entente . […] qui viennent à vous couverts de la peau de brebis, & qui au dedans sont des loups ravissans.
Voici ce que Lucifer répond : » Dyables dampnez en malediction » Dessus vous tous par puissance interdicte » Ma patte estends qui est de Dieu mauldicte » Pour de tous maulx & malfaicts vous absouldre » Couverts soyez de fulminante fouldre.
On trouva qu’il fesait tort aux autres Spectacles ; il lui fut défendu de se servir de la parole ; mais il s’avisa d’un expédient digne lui seul de le couvrir d’une gloire immortelle.
Ils n’ont point démenti leur caractère pour en venir à bout, leur jeu a toujours été couvert, leur prétexte spécieux, leur intrigue secrète ; ils ont cabalé avant que la pièce fût à moitié faite, de peur qu’on ne la permît, voyant qu’il n’y avait pas de mal.
Loin de distinguer entre les comédiens, histrions et farceurs, ni entre les acteurs des tragédies et des comédies, la loi couvre indistinctement du même opprobre tous ceux qui montent sur le théâtre : « Quisquis in scenam prodierit, ait prætor, infamis est.
Cicéron n’est pas moins nécessaire que lui, il est plus en usage dans les Collèges, il est assurément moins dangereux, car quand vous nous dites qu’on ne trouve point dans Térence ces passions couvertes que vous craignez tant, il faut bien que vous n’ayez jamais lu la première et la cinquième Scènes de l’Andrienne, et tant d’autres endroits des Comédies que l’on a traduites, vous y auriez vu ces passions naïvement exprimées, ou plutôt il faut que vous ne les ayez lues que dans le Français et en ce cas j’avoue que vous les avez pu lire sans danger.
Au reste, il paraît que notre Théâtre fait grand fond sur les expédients de la fureur et de la folie : les femmes y sont tantôt furieuses et tantôt folles ; afin de leur ouvrir un vaste champ à la licence et de mettre leur effronterie à couvert. […] le système convient à la disposition du libertin ; il couvre la malice de son cœur : il autorise ses procédés : car rien ne lui blesse plus les yeux que les lumières de la conscience et de la vertu. […] Certainement, il saute aux yeux, après tout ce que j’ai mis en jour, que notre Théâtre moderne est d’un scandale au-dessus de toute comparaison : il excède la licence de toutes les nations et de tous les siècles : non, il n’a pas même le misérable prétexte de l’exemple dont les plus affreux crimes tâchent du moins à se couvrir.
Ne me dites point, que vôtre âge, vôtre profession & vôtre état vous mettent à couvert de ce danger ; car cela même est le plus dangereux écueïl où vous puissiez donner, de croire, contre le sentiment de tous les Saints, & contre l’experience de tous les hommes ; que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion, que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi dans les austeritez de la penitence, ont crû si redoutable, & qui n’ont pû trouver d’autre moyen de s’en défendre, que la fuite des occasions, & des objets capables de l’exciter. Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui luy plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.
La nouvelle fut plus rafinée, sur-tout quoique dans le fond aussi corrompue, & en devint plus dangereuse ; elle arbora un air de décence, & voila, ou plutôt gâza le vice, pour séduire plus aisément la vertu, & fut le fruit de la molesse, qui naturellement moins bruyante, non par vertu, mais par paresse & amour du plaisir, se couvre d’une fausse politesse, pour être moins traversée : Insana est principum & populorum in ithiones pecuniæ collatio, quâ homines infames de turpitudine sua, & de suo scandalo lucrantur & gloriantur, majol. dies canicul. collat. […] On a laissé les actrices à la direction de leurs amans ; mais pour récompenser les importants services que l’opéra rend au public, Francœur a eu dix mille livres de pension de retraite, & Revel six mille, comme de bons officiers couverts de blessures, après quarante ans de service.
Elle a beau se couvrir d’or & d’argent, c’est le rendez-vous de toute la mauvaise compagnie, & comme l’égoût d’une ville. […] On ne peut trop les couvrir du silence & des ombres dont ils s’enveloppent.
Ne me dites point, que vôtre âge, vôtre profession & vôtre état vous mettent à couvert de ce danger ; car cela même est le plus dangereux ecueïl où vous puissiez donner, de croire contre le sentiment de tous les Saints, & contre l’experience de tous les hommes, que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion, que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi dans les austeritez de la penitence, ont crû si redoutable, & qui n’ont pû trouver d’autre moyen de s’en défendre, que la fuite des occasions, & des objets capables de l’exciter. Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui lui plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.
Nous avons vu dans le chapitre précédent les effets de cette infamie sur les successions, les mariages et les charges publiques ; nous allons dans celui-ci parcourir les autres branches de cet arbre funeste qui les couvre de son ombre, tandis qu’ils habitent le terrain maudit où la main de la sagesse et de la décence l’ont planté. […] Il est donc vrai, aux termes de l’édit, que les Comédiens sont infâmes de droit ; mais ne pouvant être traités comme tels dans le commerce jusqu’à la condamnation, on les menace de leur faire le procès et les couvrir légalement d’infamie, s’ils se conduisent mal, et on leur fait espérer d’arrêter les procédures judiciaires et les laisser jouir de leur réputation, s’ils sont modestes et sages.
Je pourrois imputer ces préjugés aux déclamations des Prêtres, si je ne les trouvois établis chez les Romains avant la naissance du Christianisme, & non-seulement courans vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des Loix expresses, qui déclaroient les Acteurs infâmes, leur ôtoient le titre & le droit de Citoyen Romain, & mettoient les Actrices au rang des prostituées…… Loin de distinguer entre les Comédiens, Histrions & Farceurs, ni entre les Acteurs des Tragédies & ceux des Comédies, la Loi couvre indistinctement du même opprobre tous ceux qui montent sur le Théâtre, quisquis in scenam prodierit, ait Prætor, infamis est a.
Son ciel, si pur en apparence, est quelquefois couvert de nuages.
Je ne parle pas des licences, du libertinage, des indécences, des tableaux présentés & sous-entendus, que l’actricisme de ces Pièces, prises de Contes trop libres, ne couvre que de gaze ; parce que ce n’est pas-là ce qui fait la fortune des Comédies-chantantes : plus un siècle est libre dans ses mœurs, plus il est retenu & chaste dans son expression : les oreilles des débauchés, sous l’expression la plus innocente, croient toujours entendre une lasciveté : ainsi le Monstre qu’élevèrent Sénèque & Burrhus, ne voyant aucune partie de son corps qui ne fût souillée, ne pouvait envisager un autre homme, sans se former une image obscène.
Ducunt in bonis dies suos, et in puncto ad inferna descendunt. » Ajoutons encore ce passage bien remarquable d’Isaïe : « Parce que les filles de Sion se sont laissées emporter à la vanité, et qu’elles ont marché avec faste et avec cadence ; le Seigneur les rendra chauves, et les couvrira de confusion. » Isa. c. 3.
La représentation d’un amour pudique et de celui qui ne l’est pas produisent à peu prés le même effet et excitent un pareil mouvement, le voile d’honnêteté dont le premier est couvert en laisse considérer la peinture avec moins de précaution, et par conséquent plus de danger.
Et d’effet la Reine la prit par la main et la fit entrer dans le Palais la baillant en garde à une des anciennes Dames, et dit-on qu'elle la mettra Religieuse en l’un de ces Monastères où elle peut aller de son palais à couvert par des Corridors.
Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre.
Dans cette Lettre il désavoue en termes si formels l’Écrit que je combats, et la mauvaise doctrine qu’il contient, que je ne dois plus m’en prendre à lui ; et je ne regarderai plus dorénavant ce Théologien sous le mérite duquel l’Auteur de la Lettre a voulu se mettre à couvert, que comme un fantôme que les Comédiens ont fait paraître, ou comme un homme imaginaire qu’ils ont travesti, et auquel ils ont appris leur langage. […] Cela ne contenta pas encore ce malheureux esprit ; il voulut voir du sang d’homme dans un âge parfait : témoins les Prêtres de Baal dans ce fameux Sacrifice qu’ils entreprirent d’offrir en présence du Roi Achab et du Prophète Elie ; ces misérables se faisaient des incisions et des découpures dans la chair avec des lancettes et des couteaux, jusques à être tous couverts de sang. […] Ne vous servez point ici de la liberté que les Comédiens ont, de faire ce qu’ils font, comme d’un voile pour couvrir le péché. […] Mais ce silence politique n’excuse pas de péché, et ne met pas l’homme à couvert des châtiments de l’autre monde, parce qu’il ne peut jamais secouer l’assujetissement où il est, à cette Loi divine, qui le pénètre tout entier, pour en régler toutes les actions intérieures et extérieures, toutes les paroles, toutes les pensées, et toutes les affections, sans laisser rien d’impuni de ce qui l’écarte de sa dernière fin.
Voici comme il parle à ce Peuple : « Encore que je sois certain que votre vie ne soit pas moins réglée que votre foi est pure ; cependant parce qu’on ne manque pas en ce temps-ci de gens qui par une flatterie et une indulgence indigne autorisent les vices ; et, ce qui est encore plus horrible, qui abusent même des saintes Ecritures et en corrompent les véritables sens pour justifier des pratiques criminelles, et afin de faire passer pour innocent le plaisir qu’on prend aux Spectacles, quand ce n’est, disent-ils, que pour relâcher l’esprit et en forme de divertissement, (car la discipline Ecclésiastique est énervée jusqu’à ce point, qu’on ne se contente pas aujourd’hui d’excuser les vices, mais qu’on s’efforce de les autoriser,) j’ai cru devoir, non pas vous instruire, car vous êtes suffisamment instruits, mais vous donner quelques avis pour empêcher que d’anciennes plaies, pour n’être pas bien bandées, ne rompent les cicatrices qui commencent à les couvrir. » Ne reconnaissez-vous pas, Monsieur, à ces traits les aïeux des Scolastiques et des Casuistes modernes, que notre Docteur a adoptés pour ses Maîtres ? […] Saint Cyprien dans son Livre des Spectacles, répond aussi bien que Tertullien à certains libertins, qui pour ne pas se déprendre du plaisir des Spectacles, tâchaient de se couvrir de l’autorité des Ecritures, ou en tout cas soutenaient que les Spectacles n’y étaient pas défendus. […] Pourrait-il s’empêcher de rougir d’une telle imposture, s’il n’était couvert d’un masque de Théâtre ? […] » Or c’est ainsi qu’en use le Démon, il cache son venin sous les ouvrages de Dieu même : « Sint dulcia licet et grata, et simplicia ; etiam honesta quædam, nemo venenum temperat felle et ellebore, sed conditis pulmentis et bene saporatis, etc. » Ainsi l’honnêteté prétendue des Comédies d’aujourd’hui, ne sert qu’à couvrir ce qu’il y a de plus dangereux ; et le plaisir que l’on prend dans les plus honnêtes, est un miel qui découle toujours d’un pressoir empoisonné, comme dit élégamment Tertullien : « Omnia illic seu fortia, seu honesta, seu sonora, seu canora, seu subtilia poindre habe, ac si stillicidia mellis de libocunculo venenato. » Ce plaisir, dit encore Tertullien, est le partage des Païens, et non pas des Chrétiens : car chacun aura son tour ; les Païens se réjouissent présentement, et les Chrétiens doivent être présentement dans les pleurs. […] Cette lexive, quelque excellente qu’elle paraisse à notre Docteur, n’a pas encore enlevé la tache des Comédiens : le temps avec tous ses changements n’a point encore couvert leur infamie ; c’est en eux une espèce de caractère ineffaçable.
Mais c’est tout autre chose des jeux, qui se faisaient ès mêmes Théâtres et cirques, qu’on a appelés scéniques, ainsi nommés par les Athéniens, pource que les premiers qui les ont joués, choisissaient des lieux ombragés de rameaux et de feuillages, comme depuis on s’est servi d’échafauds couverts, jusques à ce que le luxe de la grandeur Romaine leur eût préparé des édifices d’une structure magnifique. […] Les Grecs les ont aussi appelés hypocrites, pource qu’un coquin, représente sur le théâtre la personne d’un Roi, et un tout autre personnage qu’il n’est, d’où vient que ce même nom est attribué à ceux qui font les dévots, et sous le voile de dévotion couvrent leur impiété ; ou qui font les gens de bien en apparence, et ne valent rien en effet. […] La raison de cela, est, que la chose est de soi-même indécente : et afin aussi que par ce moyen on ne couvre point des actions impudiques, cachées sous ce voile. […] Les péchés énormes, et desquels il n’y a point de couleur, qui puisse couvrir la laideur ; sont diminués, par diverses circonstances recherchéesdq ; des temps, et de la coutume, du nombre des délinquants, comme si la multitude de ceux qui errentdr, justifiait l’erreur ; de l’intention, de la surprise, de n’y avoir pas pensé, d’avoir eu une bonne visée : et semblables inventions. […] La terre est couverte de corps morts ; les rivières sont rouges de sang humain en plusieurs endroits.
Pour réussir, ou plutôt pour en imposer, il ne s’avisa pas de nier l’infamie, dont elle est couverte, ni l’excommunication, dont les Comédiens de tous les tems ont toujours été l’objet ; mais, forcé d’en convenir, il soutient dans sa consultation, que les Comédiens étant déclarés infames par les loix civiles, l’Eglise ne pouvoit plus justement les punir de la peine de l’excommunication. […] « Si, dit-il, l’Acteur est infame dans l’ordre des Loix, il résulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit tout autre peine, parce qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. » Voici la conséquence qu’il en tire… « Ainsi l’infamie prononcée par la Loi contre les Comédiens, les mettroit à couvert de l’excommunication de la part de l’Eglise. » Mrs. les Avocats au Parlement de Paris étant admis à l’audience, demanderent d’une voix unanime, par M. […] La loi couvre indistinctement du même opprobre tous ceux qui montent sur le Théatre.
« Les spectacles, dites-vous, peuvent être bons pour attirer les étrangers ; pour augmenter la circulation des espèces ; pour exciter les Artistes ; pour varier les modes ; pour occuper les gens trop riches ou aspirant à l’être ; pour les rendre moins malfaisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses chefs en voyant ses baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage. »ey Quoi Monsieur, vous avouez que le Théâtre peut faire tant de bien contre le mal, et vous pouvez hasarder d’écrire qu’il ferait tant de mal contre le bien ! […] Si le spectacle couvrait d’un vernis de procédés la laideur du Vice, ce serait un très grand mal, et vous avez grand tort de mettre cet Article au rang des avantages qu’on peut tirer de la scène. […] Troisièmement, le peu d’ordre établi pour les mettre à couvert de la mauvaise foi des Directeurs de spectacle, qui leur font si souvent banqueroute, et les réduisent à des ressources honteuses pour subsister.
Une multitude d’actions odieuses qui couvrent de honte toute la nation font les délices des Spectacles.
Si tout à coup on y montroit l’image d’un Dieu mourant, percé de clous, déchiré de fouets, couronné d’épines, couvert de sang, Acteurs, spectateurs, devenus tout-à-coup désespérés, hors d’eux-mêmes, prendroient la fuite.
Mais vous, de quel prétexte vous couvrirez-vous ?
A cette seule pensée de la destinée éternelle on a vû de saints Pénitens frapper leur poitrine, se troubler, se couvrir de cendres & de cilice, ouvrir à peine la bouche pour demander à leurs Freres : croiés-vous que le Seigneur me fera misericorde ?
Aussi crurent-ilsMacrob. l. 17 qu'ils avaient été tourmentés d'une grande peste, parce que les secrets mystères, qui se portaient dans un Chariot aux Jeux Circenses, avaient été vus par un jeune enfant qui regardait passer la procession du haut de son logis, et qu'ils en furent garantis pour avoir depuis couvert ce qui ne devait être vu de personne.
Quoique Molière fît des Pièces répréhensibles, il était personnellement honnête homme, et jamais le pinceau d’un honnête homme ne sut couvrir de couleurs odieuses les traits de la droiture et de la probité. […] Une montagne entière couverte d’habitations dont chacune fait le centre des terres qui en dépendent ; en sorte que ces maisons, à distances aussi égales que les fortunes des propriétaires, offrent à la fois aux nombreux habitants de cette montagne, le recueillement de la retraite et les douceurs de la société. […] Elle n’est qu’une invention des lois sociales pour mettre à couvert les droits des pères et des époux, et maintenir quelque ordre dans les familles. […] J’en vois se cacher dans certains besoins, pour dérober aux sens un objet de dégoût ; je les vois ensuite, au lieu de fuir, s’empresser d’en couvrir les vestiges. […] Une jeune Chinoise, avançant un bout de pied couvert et chaussé, fera plus de ravage à Pékin que n’eût fait la plus belle fille du monde dansant toute nue au bas du Taygète.
Et bien loin encore que toutes ces éternelles leçons qu’ils écoutent de sang froid, comme ne les concernant pas, ou dont ils rient eux mêmes et font des applications à leur gré, les aient corrigés ; elles ne les ont pas même intimidés ; on a vu constamment ces chicaneurs déhontés, ces embrouilleurs d’affaires, ces fléaux des familles, couverts de la dépouille de la veuve et de l’orphelin, se multiplier, aller la tête levée, se présenter avec assurance, faire baisser les yeux aux honnêtes gens, parler de délicatesse et de justice plus haut que les de La Haye et les Valton. […] Sa responsabilité n’est-elle pas plus grande devant le tribunal de sa conscience que celle qui l’inquiète de l’autre part, laquelle le courage et la vérité mettraient à couvert, parce qu’ils seraient soutenus par la sagesse et l’équité des tribunaux d’appel ?
Le Sieur Dufrene, habile Orateur, portant, la parole à la tête de l’ambassade, fut reçu les deux battans ouverts, les Académiciens debout, il eut l’honneur du fauteuil, prit place parmi eux avec ses camarades parla assis & couvert ; la barangue fut écoutée comme le compliment de rentrée sur la scene, car c’étoit ici une scene véritable. […] L’Art du Comédien, ce livre utile pour former les Acteurs & les Actrices l’est sur tout pour les corriger de la vanité par le nombre infini d’anecdotes plaisantes qu’il rapporte sur ce vice & sur bien d’autre qui les couvrent de ridicule.
Un jubilé est venu couvrir la France d’une douleur amère, concentrée, et, certes, rien moins que religieuse ; et bientôt aussi la sacrilège loi du sacrilègef a souillé nos codes qu’avait régénérés la sagesse d’un grand hommeg, et a préludé aux actes liberticides qui ont amené le terrible dénouement dont nous avons tous été les témoins. […] Et vous, manufacturiers industrieux, qui variez chaque jour vos tissus et donnez la vie et l’existence à tant de familles qui vous consacrent leur intelligence et leurs bras : vous tous qui disposez et tressez ces tissus légers, dont les grâces et la beauté se couvrent et se voilent, gazes transparentes sous lesquelles se cache le tentateur, brisez vos métiers, fermez vos magasins, renoncez à ces occupations profanes, dangereuses pour vous et pour votre prochain ; cessez enfin de vous rendre des instruments de mort spirituelle et de damnation éternelle… Que deviendront nos femmes, nos enfants, nos familles, direz-vous ?