/ 375
126. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Il fournit des leçons à la Morale ; enfin il participe à la politique & au gouvernement de l’Etat. […] T. 3. des Essais de Morale 4e.

127. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

C’est pourquoi, plein de confiance dans la nouvelle ère qui vient de s’ouvrir, je veux ajouter mon denier au tribut de talents ou d’efforts attendus de tous les amis de l’ordre et de la patrie, pour concourir au rétablissement de la morale sur ses anciennes bases, revues ou éclairées, et au retour du repos et du bonheur de la société dont on voudrait souvent pouvoir s’éloigner aujourd’hui, en s’écriant avec plus de raison qu’autrefois : O beata solitudo ! […] Il y a déjà long-temps, en effet, que c’est par imitation qu’on agit à l’égard de la morale et de ses soutiens qui succombent comme des hommes sauvages et barbares agissent, dans un naufrage, à l’égard du vaisseau et de l’équipage dont le danger ne les inquiète pas, pourvu qu’ils pillent et se chargent de butin.

128. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Si l’on veut juger de la bonté de ces pièces par le petit nombre de gens à qui elles plurent en France dans leur nouveauté on ne les représenterait pas aujourd’hui avec tant de succès en Allemagne : mais il faut que l’amour-propre cède enfin à la vérité et que l’on estime universellement un ouvrage qui a puni des vicieux en les démasquant et triomphé d’une vaine critique par la solidité de sa morale que toutes les nations peuvent s’appliquer. […] Le Théâtre a paru même à des saints, pouvoir devenir une excellente école de morale.

129. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Un sourire qui nous échappe en écoutant une pièce comique, ou dans l’éloquente tragédie, des pleurs que nous sentons couler de nos yeux, suffisent pour nous faire sentir une vérité, que l’auteur d’un traité de morale nous auroit longuement démontrée. […] Les jours sont venus où la Religion s’épure, & s’identifie, pour ainsi dire, avec la morale. […] Quand tous ces mensonges seroient autant de vérités, les Tragédies d’un Peuple libre, d’un Peuple éclairé, devroient toujours avoir un but Moral & Politique ; & les principes de la Morale & de la Politique ne sauroient changer. […] La représentation de Tartuffe, ce chef-d’œuvre de morale comique, n’a-t-elle pas été suspendue pendant plusieurs années, tandis que la Femme Juge & Partie, ne souffroit aucune difficulté ? […] Je ne concevrai jamais comment la représentation d’un Prêtre fanatique, peut être préjudiciable à la tolérante morale.

130. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

C’est sans doute une confiance héroïque en Dieu, et si ce n’est pas de la morale la plus sévère, ce sont du moins des prodiges admirables de cette grâce victorieuse, que Racine faisait profession de croire, et que son fils a si bien chantée. […] Je ne sache pas que les Catholiques aient usé de représailles, et vraisemblablement ils n’auraient pas mieux réussi, quoiqu’ils eussent trouvé une matière abondante dans les fureurs du Baron des Adrets, la morale licencieuse de Bèze, la polygamie du Landgrave, les bouffonneries et le mariage de Luther, les amours tragiques d’Henri VIII, dans la papauté d’Elisabeth, Papesse de l’Eglise Anglicane, bien mieux que dans la chimérique Papesse Jeanne, puisque celle-ci, fût-elle aussi réelle que Blondel la démontre fausse, elle ne l’eût été que par hasard, trompant par son déguisement, au lieu qu’Elisabeth le fut publiquement, par système, pendant tout son règne, ce qui eût bien valu le Pape de paille que l’on brûlait tous les ans à Londres en cérémonie. […] Il semble qu’on n’ait voulu faire qu’un évangile contraire, créer une morale opposée à celle de Jésus-Christ. […] Sans doute on ne parle pas toujours morale, mais il n’est jamais permis de la proscrire ; on n’alarme pas toujours le pécheur, mais on ne doit jamais l’aveugler ; on ne prêche pas toujours la pénitence, mais il ne faut jamais en détourner ; on peut inspirer l’amour et la joie au juste, mais jamais la dissipation, la folle joie, l’amour profane, et ce n’est que par un abus sacrilège qu’on emploie à l’entretenir ce qui ne fut fait que pour le réprimer. […] Après tout, il n’altère pas la vérité, il n’en fait pas un frivole amusement, il ne débite pas un moment après la morale la plus lubrique et la plus impie ; la chaire ne sert pas tour à tour à un sermon et à une farce ; un jour aux discours pieux, un autre aux amours de Jupiter.

131. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

La saine morale qu'on y débite ! […] Le désintéressement et la vertu des Actrices, les bons effets que produisent sur le théâtre leurs vertus apparentes et leur saine morale sur la jeunesse qui s'y trouve, s'y font aisément sentir. […] comment peut-il justifier jusqu'à l'opéra, la danse, la musique, parce qu'on peut faire de beaux motets pour l'Eglise, comme s'il y avait un seul air à l'opéra qui n'inspire la mollesse et la passion, et comme s'il convenait de les chanter à l'Eglise, et de rappeler l'idée de cette morale lubrique que Lully réchauffa des sons de la musiqueo  ? […] La morale lubrique qu'on y débite à tout propos, dévoile les idées, les sentiments, l'occupation d'un cœur pétri de corruption que la scène fait naître et entretient, au préjudice de tous les devoirs, l'imprudence et le crime des parents qui le souffrent, et se repentiront, mais trop tard, d'avoir ainsi éteint dans leurs enfants la vertu, la sagesse, la soumission. […] Collet dans sa Théologie morale a parlé fortement contre elle.

132. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « PRÉFACE. » pp. 3-6

Depuis qu’on a quitté la manière toute simple de traiter les matières de Théologie par l’Ecriture Sainte et par les Pères de l’Eglise, pour ne plus suivre que les vaines subtilités d’un raisonnement humain et philosophique ; il s’est fait peu à peu un si étrange changement dans la morale Chrétienne ; que les notions les plus communes de plusieurs vérités capitales, sur lesquelles la Discipline de l’Eglise était fondée, se sont insensiblement anéanties et éteintes.

133. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

La Simplicité n’est pas riche ny parée ; cela impliqueroit contradiction morale ; Mais elle a d’ailleurs son prix, son merite & son agréement. […] Ces Escriuains monstrueux, & plus esloignez de la vertu des Anciens, j’vse d’vne de leurs comparaisons, que l’Enfer n’est esloigné du Ciel Empirée, ont sans doute ouy parler de la Doctrine du Theatre, & de la partie Morale de la Comedie. […] Le troisiesme Acte estant à la fin venu, où Cynthio vouloit continüer de discourir de la nature des passions ; & s’estant tiré le mieux qu’il auoit pû d’vn point de Morale, s’alloit jetter à corps perdu dans vne question de Physique, la patience échapa tout d’vn coup au bon Senateur.

134. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Pourquoi donc, encore une fois, surtout lorsque notre plus grand intérêt est la garantie de notre attention, prend-on le moyen de nous irriter le plus violemment, pour nous avertir seulement de nous défier des dévots et des autres maîtres ou modèles de morale, leurs condisciples, sous prétexte qu’il y a parmi eux des imposteurs, ou des loups ravissans ? […] On a dit dès lors à peu près comme on dit aujourd’hui en leur faveur, que les ouvrages dramatiques sont la plus précieuse, la plus salutaire, la plus substantielle nourriture qu’on puisse donner à notre âme et à notre esprit ; qu’on trouve dans leur recueil un cours complet de morale, les tableaux touchants des plus sublimes vertus, la peinture fidèle des mœurs, les observations les plus profondes sur les faiblesses humaines, les travers et les vices combattus avec l’arme du ridicule par des satires sanglantes ; les grands hommes ressuscités avec leur caractère, et leurs formes imposantes. On y apprend à connaître le monde et la manière de se conduire dans toutes les circonstances de la vie politique et privée ; en un mot, il a été dit en leur faveur qu’on profite mieux par les exemples frappants donnés sur le théâtre que par les lectures de préceptes de morale, trop sévèrement exprimés, etc.

135. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Son Code sur le mariage n’est que l’extrait des comédies, le résultat de leur intrigue, de leur dénouement, de leur systeme de morale. […] Toute la morale tend à excuser la foiblesse, à familiariser avec la passion, par cette vue affoiblir l’horreur de l’adultere, & donner une liberté entiere aux femmes, & à faire retomber, non sur le coupable, mais sur le mari innocent, qui en est la dupe, la honte & le ridicule, à faire craindre les devoirs, les embarras, les dégoûts de cette sainte union. […] La sainteté du mariage, l’horreur de l’adultere, de la polygamie, du divorce, qui sont de vrais adulteres, n’ont jamais été révoquées en doute dans le Christianisme, malgré la licence du monde entier dont il a condamné sans ménagement & la morale & la pratique.

136. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 16-18

est-il quelque part directeur des devotes, qu’il leur prêche sa morale outrée : elles se sont retirées du monde, qu’elles s’abstiennent de ce divertissement : pour moi je ne me sens pas appellée à la vie retirée : & puisque je suis dans le monde, il faut bien que j’use innocemment ce que font tant d’autres de mes égales.

137. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Sans cela l’homme le plus corrompu rentrerait encore en soi-même, et substituerait à la morale du Théâtre qui l’a perverti celle de l’Evangile qui le convertirait.

138. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

L’exécution des lois de la morale chrétienne n’autorise point le silence de ceux qui sont obligés de l’enseigner aux autres.

139. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

La véritable Tragédie est l’école de la vertu ; et la seule différence qui soit entre les Théâtres épurés et les livres de morale, c’est que l’instruction se trouve dans la Tragédie toute en action, c’est qu’elle y est intéressante, et qu’elle se montre relevée des charmes d’un art qui ne fut inventé autrefois que pour instruire la Terre et pour bénir le Ciel, et qui par cette raison fut appelé le langage des Dieux.

140. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Enfin ce sont deux Pièces qui ne devraient jamais trouver d’Auditeurs ni de Spectateurs, parce que la morale en est détestable, et doit blesser toutes sortes de personnes.

141. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

d’un côté le déïsme, le matérialisme, une morale corrompue ; de l’autre la morale la plus pure, la religion la plus parfaite, la conduite la plus édifiante. […] Ils connoissent la verité de la morale, & ne s’embarrassent point de la pureté des mœurs. Point d’amateur qui ne fâche bien par expérience la verité de la morale, & qui par la dépravation de son cœur ne préfere les plaisirs à la pureté de son ame.

142. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Vous m’allez demander peut-être qui l’a donc si fort ruiné : je ne crois pas que le Docteur Molière y ait perdu ses soins ; il a par ses belles leçons mis les maris sur un certain pied de commodité, qu’ils sont les premiers à faire les honneurs de leurs femmes, quand elles-mêmes n’ont pas la charité de leur en épargner le soin : voilà peut-être un des endroits où Molière a le mieux réussi, et sur lequel sa morale a fait le plus de progrès ; car je crois que c’est sur Molière que vous voulez faire tomber toutes ces belles œuvres que la Comédie a faites. […] Baillet, que Molière est un des plus dangereux ennemis que le démon ait suscité aux bonnes mœurse ; que son poison, tantôt subtil, tantôt grossier, s’insinue à la faveur de ses agréments, et que si les portes de l’Enfer pouvaient prévaloir contre la morale du Christianisme, ce serait à Molière à qui l’on en aurait l’obligation.

143. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Rien n’est moins fondé que l’opinion de ceux qui prétendent que l’art dramatique, Ficta voluptatis causâ, a pour objet primitif & essentiel l’utilité morale.

144. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Ce sont deux scélérats hypocrites qui ont la même morale, & tiennent le même langage, l’un à la femme, l’autre au garçon qu’ils veulent séduire sous le voile de la fidélité ou de l’amitié.

145. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

appellerez-vous honnête une Morale empoisonnée qui pour attaquer un vice en justifie un autre plus éclattant, mais plus dangereux ? […] un saint Théophile qui prouvoit aux Payens la pureté de notre Morale par l’horreur que les Chrétiens avoient pour les spectacles : que diroit-il de nous ? […] C’est, dit-on, le motif qui décide toujours de la nature d’une action morale. 1°.  […] Mais quelle rigidité de Morale, me direz-vous sans doute ! […] Quelle rigidité de Morale !

146. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Ce n’est point par la Morale Evangélique que M. […] Je ne discuterai pas ici la valeur morale de la réponse équivoque de M. […] Vous sçavez qu’en morale, comme en physique, l’expérience est utile. […] Comment oublie-t-on ainsi la Morale & la Religion au Théatre ? […] Jamais les Auteurs Juifs n’eussent trouvé ce ton, ni cette morale.

147. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Qu’on ne dise point qu’on ne va au Spectacle que pour s’y divertir, & non pas pour prendre des leçons de morale, & que par conséquent celles qu’on y reçoit ne font aucune impression.

148. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Cette morale n’est pas plus admise à Genève qu’à Paris, et; tout bon Protestant, comme tout bon Catholique, ne se permettra jamais des sentimens si contraires à la croyance qu’on doit aux Mysteres de Foi, quoiqu’ils paroissent incompatibles avec les lumieres de notre foible raison.

149. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Voilà les oracles de l’écriture, elle fait son portrait en faisant celui des méchans : Il se fait un divertissement de tout, des choses les plus mauvaises comme des meilleures, de la morale de l’Evangile, & de celle du paganisme ; il craint si peu le vice, il respecte si peu la vertu que tout est également un jeu pour lui. […] Ceux qui ont de la piété, du zèle, des mœurs édifrantes, qui ne vont pas à la comédie, qui n’ont aucun intérêt de la protéger, enseignent une morale relâchée, approuvent la comédie ! Et ceux qui vivent mal, qui aiment les spectacles ; les condamnent contre leur intérêt & leur idée, & débitent la morale sévere qu’ils ne pratiquent pas, & qui les condamneroient par leur propre bouche ! […] Nous l’avons cité ailleurs, en voici un trait singulier : Les Magistrats violent jusqu’à la bienséance du vice, (cette expression n’est pas juste, ce grand homme a voulu dire la bienséance que le vice même n’ose violet ;) on en voit qui seduits par les conseils d’une aveugle jeunesse, ne connoissent que le théatre, d’autre morale que les frivoles maximes du parterre, d’autre étude que celle d’une Musique effeminée, d’autre occupation que le jeu, d’autre bonheur que la volupté. […] La superstition dramatique & le culte du Dieu Moliere ne sont pas moins ridicules ; on adore les platitudes, les bouffonneneries, les licences, les impiétés, la morale antichrétienne du grand Lama de la scéne, bien plus méprisable que les excrémens de celui du Thibet.

150. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

avaient aussi coutume de prêcher la morale au peuple. […] Mais nos Poètes se guident sur une autre boussole que les anciens : leur but, c’est de détruire la Religion ; leur maxime c’est de renverser la morale ; et leur grande affaire, c’est à tout le moins de faire rire. […] C’est ce que j’ai prouvé fort au long dans un de mes Traités de Morale ; et j’y renvoie le Lecteur.Essais de Morale par M. […] Essais de Morale par M.

151. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Ce n'est pas aussi par cet endroit que je prétends examiner la Comédie : le discours que j'ai entrepris appartient à la Morale et non pas à la Métaphysique : je veux parler de la Comédie comme on la joue, et point du tout comme on ne la joue pas. […] La Tragédie considérée par cet endroit ne paraît pas plus mauvaise que les paraboles des Hébreux, les hiéroglyphes des Égyptiens, et les Emblèmes; les tragédies même des premiers poètes sont toutes morales, et pleines de sentences ; et s'il y en a quelquefois qui soient contraires à la vérité, il s'en faut prendre à la morale des Païens, et non pas à la Tragédie, qui rapporte comme vertueux ce qui passait pour vertueux en son temps, quoiqu'il eût le vice général de toutes les vertus païennes. […] Mais avant que de faire voir plus à fond quelle est l'opposition qui est entre la Comédie et les plus solides fondements de la Morale Chrétienne, je dois répondre à deux objections que les défenseurs de la Comédie font pour l'ordinaire.

152. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

., que les Loix sacrées de l’Evangile, & la morale profane, le Sanctuaire & le Théatre, font des objets inalliables. […] « Je ne pense point sans étonnement, dit-il, au prodigieux avantage, que les païens ont sur les Chrétiens à l’égard de la morale du Théatre. […] Qu’en dit-il dans ses essais de morale tom. 3 en 1658 ? […] Voulez-vous un autre échantillon de sa morale ? […] Un Monsieur plus âgé, & beaucoup plus réservé, ne trouvant pas expédient d’objecter des faits de cette nature, m’obligea à mettre fin à ma morale.

153. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Ramire distingue dans la Comédie son essence, & ses accidens : dans son essence, rien d’absolument vicieux ; tout peut y être conforme aux régles de la plus exacte honnêteté, & il n’est pas impossible que la composition & la représentation d’une Comédie, n’ayent rien qui blesse la pudeur Chrétienne & la morale Evangélique. […] Il est naturel & sincère dans son style comme dans sa morale ; il cherche plus à persuader ses Lecteurs, qu’à les charmer.

154. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Ramire distingue dans la Comédie son essence, & ses accidens : dans son essence, rien d’absolument vicieux ; tout peut y être conforme aux régles de la plus exacte honnêteté, & il n’est pas impossible que la composition & la représentation d’une Comédie, n’ayent rien qui blesse la pudeur Chrétienne & la morale Evangélique. […] Il est naturel & sincère dans son style comme dans la morale ; il cherche plus à persuader ses Lecteurs, qu’à les charmer.

155. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Ces yeux doubles que vous lui donnez, et dont les uns servent à regarder danser et les autres à veiller sont peut-être le Symbole de cette direction d’intention si célèbre dans votre Morale qui fait qu’on peut, selon vous, prendre part extérieurement à une chose défendue, pourvu que par d’autres yeux on se porte intérieurement à un objet permis.

156. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PREFACE CONTENANT L’HISTOIRE DU DIX-SEPTIEME SIECLE, SUR LA COMÉDIE. » pp. -

Ces deux Ouvrages d’Hédelin ne furent pas sans Réponse ; car on donna en 1659. un Traité contre la Comédie, qui se trouve dans le troisième Volume des Essais de Morale, et on peut regarder ce Traité comme une Réponse ; car quoique l’Auteur n’y nomme ni Hédelin ni ses Ouvrages, il se plaint pourtant de la corruption de son siècle, en ce qu’on y avait voulu justifier la Comédie.

157. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Morale bien utile ! […] Pour quelques traits de morale inutile, combien de maximes affreuses ? […] La Morale de M. […] Mais il ne persuadera pas plus de cela, qu’il ne fera adopter la morale singulière qu’il débite à cette occasion. […] La morale qui y est répandue est déjà beaucoup ; mais ce n’est pas tout.

158. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Vous en appelleriez à vos Casuistes, qui prétendent qu’on doit moins s’arrêter à ces bons Docteurs, pour ce qui est de la Morale, qu’à vos nouveaux Auteurs qui ont mieux connu qu’eux le génie de ces derniers siècles.

159. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Il a fait voir à notre siècle le fruit qu’on peut espérer de la morale du théâtre qui n’attaque que le ridicule du monde, en lui laissant cependant toute sa corruption.

160. (1764) Comédie pp. 252-254

Voyez ma Morale, Tome VI, c. 3, art. 7.

161. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

Aussi ne trouve-t-on jamais de chrétiens aux spectacles ; et si on en trouve, dit-il, c’est une marque qu’ils ne le sont plus. » « La morale de notre religion est aussi invariable que ses dogmes ; ce qui blessait la conscience des premiers fidèles peut-il n’être pas interdit à tous les chrétiensbe ? 

162. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

J’ai prouvé, si je ne me trompe, que le Théâtre est pernicieux dans l’état où il est aujourd’hui : il y aurait, dit-on, de l’inconvénient à le supprimer : mettons tout en usage pour le réformer au point d’en faire un amusement aussi utile qu’agréable ; car je suis persuadé que le Théâtre serait bien moins redoutable à la vertu, et qu’il produirait même un bien réel à la société, si, en y laissant les traits enjoués et les saillies d’esprit qui peuvent exciter à rire, on en faisait une Ecole de bonnes mœurs et, pour ainsi-dire, une Chaire publique où l’on débiterait, aux personnes de tout sexe, et de tout âge, les maximes de la plus saine morale, avec gaieté et sans les effrayer par l’appareil de l’austérité, et du pédantisme.

163. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Rien de plus faux & de plus dangereux que la morale qu’on y débite ; la belle école des mœurs, qui fait une divinité de l’amour, principes de tous les excès, de toutes les folies des hommes : Tuscul. quest. […] Voilà la morale du théatre, le portrait des acteurs. […] Le théatre, selon lui, est l’école du vice ; les auteurs & acteurs des corrupteurs des hommes, des instrumens du Diable, le théatre Anglois est plein d’indécence, de mauvaise morale ; la vie des auteurs, acteurs & actrices très-déréglée. Le Mercure n’est pas de la morale sévére.

164. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Cassandre, dans la seconde pièce, devient amoureux d’une jeune fille que madame Prud’homme, femme dont la morale est fort peu scrupuleuse, a recueillie chez elle par charité, quoiqu’elle sçût bien déjà ses fredaines ; cette honnête matrone prend la peine d’enseigner à sa pupille les moyens d’inspirer de la passion au vieillard. […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique. […] Rien ne vous montrera mieux combien ces Spectacles sont dangereux pour les mœurs que quelques observations sur les acteurs, sur les Pièces considérées relativement à la morale, e, sur les Spectateurs. […] Quantité de faits, et publics et particuliers, prouvent que la morale de l’égoïsme est la seule qui nous soit restée, et que notre façon de penser a subi une révolution comme notre langue.

165. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Mais ne voit-on pas que dans la conclusion de la pièce le vice est puni, la vertu récompensée, que dans le corps on y sème d’excellents sentiments et des maximes que la morale Chrétienne ne désavouerait pas qu’elle contribue à bannir les dérèglements et former les mœurs. […] Les leçons de morale y sont d’ordinaire d’un froid à glacer l’auditeur, il ne se plaît que dans l’intrigue, qu’à voir surmonter par des personnes passionnées, l’une pour l’autre les divers obstacles qu’oppose la prudence de ceux qui ont autorité sur elles, dans les larmes qu’ils versent lorsqu’ils sont forcés de se séparer.

166. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Vains scrupules, qu’une morale outrée voudrait inspirer contre les spectacles ; laissons aux Jansénistes des déclamations qu’ils n’adoptent que pour chercher querelle à la Société. […] Mais y unir la magnificence des habits, la délicatesse des parfums, le dieu de la bonne chère, la danse, etc., c’est en vérité une morale bien singulière ; faire danser sur un théâtre, et faire des remerciements au plaisir, la foi, la mortification, l’humilité, la religion ; je ne sais si l’indécence d’un tel spectacle l’emporte sur le ridicule. […] On a beau parer la morale du théâtre, et le théâtre lui-même, d’un air de piété ; on a beau l’étayer des décisions des plus graves Casuistes, il sera toujours vrai que l’Evangile et le monde sont deux ennemis irréconciliables : « Qui veut venir après moi, doit renoncer à soi-même, porter la croix, et me suivre. » g.

167. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Pour M. de Noailles, successeur de celui-ci, la régularité de ses mœurs, la sévérité de sa morale, ne l’ont jamais laissé soupçonner, même de tolérance ; et dans le même temps M. […] Rendons justice au Clergé de France, jamais sa morale sur cet article n’a souffert le moindre nuage. […] Quant à ce qu’on leur fait dire que le Prince n’a pas le même Evangile à suivre que les particuliers, que l’Eglise d’aujourd’hui n’est pas aussi sévère que celle des premiers siècles sur la condamnation du vice et les occasions du péché, c’est une morale de courtisan que la Sorbonne n’a jamais enseignée et autorisée par ses décisions.

168. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Il y a là un jeu de mots difficile à rendre en François, mais un sens très-vrai, & sur tout une vérité de morale que l’expérience rend sensible, qu’on goûte une vraie satisfaction à ne pas satisfaire ses passions . […] Elle n’admettoit, ni n’exigeoit de personne dans la morale une perfection, pratique, chimere enfantée par l’hypocrisie, & adoptée par l’enthousiasme. […] La morale de l’Evangile est trop pure, pour tolérer aucun vice ; à plus forte raison pour lui prêter des armes. […] Tout ce beau systeme de morale théatrale s’évanouit à la lumiere de l’Evangile, sur l’idée que Dieu nous donne de la vertu véritable ; héroïsme chimérique, qui remplit de vanité, d’amour du plaisir, & corrompt le cœur qu’on veut qu’il éleve. […] Arlequin vole un fromage de Parme, qu’il aime beaucoup, on lui fait sou procès, il est condamné à être pendu ; en montant l’échelle, il chante ces paroles & cet air d’Opéra, dont la morale le fait absoudre : Quand on obtient ce qu’on aime, qu’importe à quel prix ?

169. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Quel spectacle auguste pour un être qui pense, d’un côté l’assemblée des Plénipotentiaires, des Puissances de l’Europe, & de l’autre le sanctuaire de la politique ouvert, le conseil des Rois, le cabinet des Ministres, les mysteres d’Etat exposés aux yeux du public, les intérêts des nations pesés, discutés, balancés, la morale des Cours, le caractère des grands, le langage des dépositaires de la fortune mis dans un beau jour ; pourquoi ne goûteroit-on pas un plaisir solide & instructif ? […] Les femmes n’étoient pas les seules, tous les gens de bien condamnoient la licence de ses pieces & leur mauvaise morale. […] En un mot c’est une espece d’école de morale mondaine & d’impiété qui enseigne la licence pour soi, la tolérance pour les autres, ennoblit le vice, & rend méprisable la vertu. […] Ce seroit deux jolis catalogues, l’un de ses mauvais principes de morale, & l’autre de ses fautes de langage & de composition. […] On sent bien aussi que les jeunes personnes qui s’y rendent, y trouvent des Docteurs en morale dont la doctrine & la conduite sont la parodie de l’Evangile.

170. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Les hommes peuvent être sages sans se croire malheureux, et les spectacles destinés à leur enseigner la morale en les amusant, ne doivent pas servir à les faire douter de leur félicité. […] Le jeune homme ne peut encore recueillir par lui-même la morale dont cette pièce abonde, son Gouverneur la lui fait apercevoir : « Voyez-vous Monsieur, dira-t-il, à quoi expose la malheureuse passion du jeu, quel est l’état de ce Valère, à quelles bassesses tout Gentilhomme qu’il est, sa passion ne le réduit-elle pas ? […] Or il est aisé de prouver que l’usage que Molière a fait de ce goût, loin d’être préjudiciable, fut utile aux progrès de sa morale et l’on en doit conclure qu’il était bon en lui-même, et qu’il a dû le respecter. […] Au surplus ce qu’Arlequin Sauvage dit des nations civilisées n’est ni singulier ni nouveau, mais il est sage et naturel ; ce sont des idées exprimées très anciennement, vous les retrouverez dans les Livres Sacrés et dans ceux des Philosophes : elles sont présentées d’une manière sinon édifiante du moins plus agréable, et c’est par l’agrément que le spectacle unit à la morale qu’il fait quelquefois dans le cœur des hommes une réformation que la Religion ni la philosophie n’ont pu faire. […] Ces Poèmes admirables où tout respire l’amour de la Patrie et fait connaître les suites dangereuses des conspirations, auraient gravé dans leur cœur la morale qu’elles contiennent, et sans doute éloigné de leur esprit les projets affreux qui leur ont causé la mort et l’ignominie.

171. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

3. « D'autoriser par sa présence des assemblées profanes, où toute la morale de l'Evangile est renversée, où toutes les maximes de l'amour se débitent au scandale de la Religion, où l'on n'entend que des chansons qui amollissent, et qui corrompent peu à peu le cœur.

172. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Mais toute la morale qui en résulte, c’est que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & à leur faire chercher les moyens de se satisfaire. […] Mais si la morale des poëtes comiques est si abominable, comment les joue-t-on par-tout ?

173. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

L’Avocat des Comédiens en tournant le dos à la morale Evangelique, n’avoit garde, Mademoiselle, de comparoître au Tribunal des saint Peres ; il se contente de les respecter, sans toutefois leur prêter l’oreille ; & sa grande raison : autre chose, l’ordre des vertus chrétiennes, (p. […] Le Prophete entend par-là les princes de la nation juive qui consentirent à la mort de Jesus-Christ : or, les Spectacles le font mourir une seconde fois ; ce sont des conventicules de Satan où la foi se détruit, où la morale de l’Evangile est combattue par une doctrine détestable.

174. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

Bref, la morale et l’instruction que les Spectateurs peuvent tirer de cette Tragédie, se réduisent à cette maxime ; que dans les plus vertueux et les plus grands Héros, non seulement la passion d’amour est excusable, mais que d’une certaine façon elle est même nécessaire ; maxime insoutenable et très pernicieuse : ainsi je ne crois pas que l’Alexandre de M. […] Ce qui ne me détermine pas moins à mettre la Tragédie d’Astrate dans la classe de celles qui sont à rejeter : c’est la morale qui règne dans cette Pièce ; elle est remplie de maximes très pernicieuses, et même quelquefois impies.

175. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Mais, avec quel avantage n’établit-on pas l’utilité morale de nos Spectacles, s’il est certain, que le but de la plupart des Pièces modernes, est de nous peindre la Vertu toujours aimable, & de rendre le vice toujours odieux ? […] N’est-il pas, comme on l’a prouvé si souvent, utile par le plaisir qu’il donne, par la morale que renferment ses Pièces, par les occupations dangereuses & le jeu ruineux qu’il fait éviter à tant de gens ; par cette politesse, cette urbanité, qu’il introduit parmi le Peuple, sur lequel tout ce qu’il voit au Théâtre impressionne toujours beaucoup ? […] Si la Pièce est sage, instructive, comme le Misanthrope, le Menteur &c. en elle-même, elle doit corriger, épurer les mœurs : Si l’Acteur, si l’Actrice ont un autre but que de seconder le but du Drame ; si l’envie de plaire, de séduire leur fait chercher à réveiller dans les sens une volupté dangereuse ; si leur conduite expose à la dérision les maximes que le Poète met dans leur bouche, c’est alors l’Histrionisme qui devient contraire aux mœurs ; c’est lui qui ne peut manquer de vicier & d’anéantir l’effet naturel qui devait suivre le Drame ; non que ce soit un inconvénient réel, que la plupart des Spectateurs se trouvent attirés aux représentations dramatiques par le plaisir que donne le jeu de tel Acteur ou de telle Actrice ; cet attrait non-seulement augmente leur nombre, mais contribue infiniment à leur faire goûter la morale & les leçons : cependant s’il est nécessaire que l’attente ne soit pas trompée, & qu’on trouve ce genre de plaisir à nos Théâtres, il est clair en même-temps qu’une Pièce est bien imparfaite, & loin du but où doit tendre la bonne Comédie, lorsque son Auteur, sacrifiant le principal à l’accessoire, n’a cherché qu’à donner le plaisir résultant de la Représentation : la Pièce est dangereuse, lorsqu’elle nous divertit par des scélératesses* dans le Drame ; elle est inadmissible, lorsqu’elle ne plaît que par la volupté qu’y réveillent à chaque mot les mines provoquantes de l’Actrice, ou le jeu libre & sémillant de l’Acteur.

176. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Mais enfin il m’a été impossible d’accorder la Comedie avec la morale de Jesus-Christ. […] Saint Charles Borromée, qui vivoit à la fin du seiziéme siécle, eût le même sentiment de celle qu’on représenta alors ; & nous dit : « Qu’entre les entretiens publics de corruption étoient les spectacles de la Comedie, & que tout ceci étoit contraire à la morale chrétienne. » Personne ne nous prouvera, que le Theatre du dixseptiéme, ou du dixhuitiéme siécle soit plus chaste que dans le siécle de ce Saint : je suis donc en droit de pouvoir suivre le commandement du même Saint, qui veut, que ceux qui ont quelque charge des ames, en inspirent de l’horreur à celles que Dieu leur a confiées ; qu’ils leur montrent, que ces spectacles sont les malheureuses sources des calamités publiques, qui accablent le peuple chrétien ; & qu’ils alleguent à cet effét l’autorité des Saints Chrysostome, & Cyprien, & du grand Salvien. […] Or les saints Peres m’apprennent, que d’abandonner les spectacles de la Comedie c’étoit une marque de Religion, & une marque bien autentique dans l’estime commune des premiers chrétiens, qui jugeoient selon la morale de Jesus-Christ.

177. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Dans les fêtes nous chantons des cantiques, nous écoutons la divine parole, nous faisons des prières, nous approchons des sacrements ; aux spectacles on chante des chansons licencieuses, on prêche la morale lubrique de Quinault, les impiétés de Molière, on rend hommage aux anciennes et aux nouvelles Déesses, à Vénus et aux représentantes. […] Qui oserait comparer la morale du théâtre avec un sermon, les décorations avec les tableaux d’une Eglise, les chants, les danses, avec des exercices de piété, les actrices, les coulisses, les loges, le parterre, avec des assemblées de religion ? […] Jamais leur morale ne fut plus relâchée que celle du théâtre.

178. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

qui venoit de proscrire la morale relâchée des Jésuites, alla bien loin au-devant d’elle, & la mena dans son carrosse, à la maison qu’il lui avoit préparée, mais avec tant de zèle qu’il s’étoit fait son tapissier, avoit lui même arrangé ses meubles, & dressé son lit, qu’il comptoit de partager, sa famille n’en paroît point jalouse ; Amphitrion doit se trouver heureux, que Jupiter visite Alcmene. […] Vous avez avec les gens de bien une querelle bien plus importante, dans le peu que j’ai parcouru de vos ouvrages, j’y ai bientôt reconnu que ces agréables Romans ne convenoient pas à l’austere dignité dont je suis revêtu, & à la pureté des idées que la Réligion nous prescrit ; réduit à m’en rapporter aux idées d’autrui, j’ai appris que vous vous proposiez une morale sage, ennemie du vice ; mais que vous vous arrêtiez souvent à des aventures tendres & passionnées, que tandis que vous combattez l’amour licencieux, vous le peignez avec des couleurs si naïves & si tendres, qu’elles doivent faire sur le lecteur une impression toute autre que celle que vous vous proposés, & qu’à force d’être naturelles elles deviennent séduisantes. […] Les peintures vives de l’amour qu’on employe pour en garantir le cœur, suffisent pour l’y faire germer & y porter des impressions funestes, que la plus sage morale n’effraye point. […] Autant l’Eglise est déclarée contre les spectacles, parce qu’ils sont opposés à l’esprit du christianisme ; autant la police voit avec peine leur interruption, à cause du désordre que cette interruption peut entraîner ; ainsi par une de ces contradictions si fréquentes dans notre morale, ce qui corrompt les mœurs, sert donc à réprimer leur corruption, du moins à substituer aux passions fougeuses qui troubleroient l’ordre public des passions, plus douces & plus tranquilles.

179. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

C’étoit la réfutation la plus complette de la mauvaise morale. […] La question morale, est-il permis d’aller à la comédie, n’a intéressé personne, en occident, depuis la chute de l’Empire Romain, dont le théatre fut une des principales causes : il périt avec lui. […] Tous dans les intérêts du libertinage, leur autorité formeroit-elle une opinion probable dans le probabilisme le plus relâché & la morale la plus tollérante ? […] On pourroit l’espérer sur des objets dont les attraits font médiocres ; mais s’exposer volontairement sans nécessité, contre la défense de l’Eglise, aux occasions prochaines, aux plus vives sensations, aux objets les plus séduisants, s’y croire en sureté, s’y dire innocent, ce sont des paradoxes que la morale la plus relâchée n’adoptera jamais.

180. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Il avertit les Poètes d’établir le fonds de leurs Poèmes sur les préceptes de Socrate et de Platon et sur les maximes de la Philosophie morale. […] Puis donc qu’Horace demande que les Poètes se règlent sur les principes de la Morale ; sans doute qu’il exige d’eux que l’honnêteté règne dans leurs ouvrages, et qu’il s’y trouve une distribution équitable des récompenses et des punitions. […]  » Quelle morale ! […] Une absurdité dans les mœurs eu égard à la poésie aussi bien qu’à la morale, c’est que des femmes et des femmes même du premier rang débitent des infamies.

181. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Celui-ci semble vouloir substituer la Morale des Païens à celle de Jésus-Christ, et nous faire passer la sagesse Stoïque pour la folie de la Croix : Celui-là fait d’un amour propre, qui ne tend qu’à la conservation du corps, le fondement de la Morale; par la soustraction de toute vérité nécessaire anéantit la Religion, et par la loi du plus fort qu’il prétend établir, ébranle les fondements de la société et de la paix. […] Qu’il suspende un peu la direction pour méditer la Morale Chrétienne, il apprendra que c’est moins par tels gestes et telles paroles, que par les mauvaises dispositions excitées en nous-mêmes et dans les autres que nous insultons à Dieu, et que nous nous livrons au Démon. […] Voilà ce qu’on appelle les justes idées de la Morale ; Les Philosophes n’ont qu’à proscrire leur axiome, Objecta movent potentiam.

182. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

La partie morale, ces tableaux des vertus & des vices ne sont qu’un Evangile déguisé par un langage qu’il se fait, & qui ne laisse voir que la nature. […] Coronemus nos rosis , Pour le rendre moins odieux, & en faire une sorte d’apologie (ce qui est tout le but de ce Livre), il y seme des traits de morale, sous le nom d’affections sociales, à quoi tout est ramené. […] Ce n’est par-tout qu’une morale lubrique & bachique. […] La licence de ses écrits, sa morale épicurienne souilloit une vie qui ne suivoit de religion que la volupté ; des mœurs qui ne connoissoient point de décence lui ouvrirent les cœurs des libertins, & lui donnèrent encore des lecteurs, des admirateurs, des proselytes qui se font gloire de l’imiter, & meritent de l’obtenir ; mais lui fermerent la porte de l’Académie Françoise, où il eut la présomption de solliciter une place. […] Montagne est un Pyrrhonien qui doute de tout, un cinique qui se moque de tout, un libertin qui sans aucune descence parle licencieusement & même grossiérement de tout ; c’est l’idée qu’en donne Pascal, Nicole, Malebranche, plus grands Philosophes que lui ; trois grands hommes qui valent mieux que lui, même du côté de l’esprit, & sont de tout un autre poids dans la morale & la religion ; il établit la vérité contre l’athéïsme & diverses erreurs.

183. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Si ma morale n’est pas assez austère au gré des Théologiens, je suis sûr qu’elle n’en sera pas plus goûtée pour cela des partisans de la Comédie. […] Que ces mêmes Poësies fussent des Tragédies, seroient-elles par ce seul endroit plus contraires à la morale chrétienne, moins innocentes aux yeux de la Religion ? […] Mais ce ne sont enfin que des exemples, contre lesquels on peut étaler une foule de raisons, de principes, de conséquences, de décisions, & généralement tout ce qui concourt à mettre un point de morale dans le plus grand jour d’évidence & de vérité. […] J’entends par ces maximes licentieuses, non-seulement ces lieux communs de morale lubrique, où tout se rapporte au bonheur d’aimer, & aux plaisirs de l’amour ; mais principalement ces affreux préceptes où l’on enseigne en vers sententieux, à fouler aux pieds toutes sortes de principes, de Loix & de devoirs. […] Le précis de cette morale salutaire est compris dans les quatre Vers qui terminent la Tragédie : Par cette fin terrible & dûe à ses forfaits, Apprenez, Roi des Juifs, & n’oubliez jamais Que les Rois dans le ciel ont un juge sévère, L’innocence un vengeur, & l’orphelin un père.

184. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Nous croirions, vous et moi, faire un crime, surtout après la décision d’un grand Pape, qui ne veut pas que dans la morale on se serve d’autres règles que de celles que nous ont laissé les Saints Pères« Sancterum Patrum etc. », Alexand.III. […] Si j’avais à parler à quelque moins habile homme, ou bien à quelque faux dévot, qui pour se donner des airs de réforme, aurait la témérité de rejeter la doctrine de saint Thomas comme opposée à la Morale des Pères, et peu conforme en quelques endroits aux maximes les plus pures de la Religion ; je n’aurais pas de peine à lui fermer la bouche, et à lui apprendre à porter à la doctrine de ce saint Docteur toute la vénération qu’elle mérite, et que les Conciles, les Souverains Pontifes, et tous les grands hommes qui l’ont suivi n’ont pu lui refuser. […] C’est un caractère que vous savez mieux attraper que personne ; et l’on ne peut nier que l’incomparable Esope que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer, ne soit d’une grande instruction pour la morale, et ne fasse, si je l’ose dire, beaucoup plus d’impression que n’en feraient les leçons les plus sérieuses. […] Nous avons vu des Génies excellents dans le Sérieux, qui, pour ainsi dire, n’étaient bons à autre chose ; d’autres merveilleux pour le Comique, qui ne pouvaient faire une Scène Sérieuse : mais vous passez du Sérieux au Comique, du Comique à la Morale, de la Morale à la Poésie Lyrique sans être étranger en aucun endroit ; et dans quelque genre que vous écriviez, c’est toujours celui qui vous est propre. […] D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, et m’appelleront Casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une Morale austère et de ne la pas pratiquer ; mais je vous jure, Monsieur, que je ne me suis point arrêté à la rigueur ou à la douceur de l’opinion, mais uniquement à la vérité ; souhaitant de tout mon cœur suivre la Règle que nous donne saint Benoit, « De former nos actions sur les opinions les plus sévères, et notre doctrine selon les plus favorables « Actiones vestras, etc., apud Caramuel », Theol. fundamental., n. 1542.

185. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Il confond les ruses des ennemis de l’Eglise, non par la ruse, mais par la force ouverte ; Juge d’autant plus recevable sur ce qui concerne la Foi & la Morale, qu’il merite de l’être par la simplicité de ses mœurs, & par la droiture de son cœur. […] La Morale Philosophique se borne en effet aux fautes réelles, ou à ce qui en approche. […] Vous enseignez la Morale comme Morale, & vous en faites profession ouverte ; je vous en félicite : l’Art & la profession sont loüables. […] Diront-ils que leur Poëmes sont dans les régles de la bonne morale ? […] Loin de nous, affreuse Morale !

186. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Outre que ces comédiennes coûtaient peu, le peuple assistait au spectacle en plein air ; et, puisque la santé ainsi que l’économie contribuent au maintien des mœurs, on conçoit cette exclamation de plusieurs sages publicistes : Qui nous rendra la morale du bon temps !

187. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

On se souvient encore de la belle morale que le Prélat fit à Marivaux sur ses romans. […] Il y a cent traits de cette force & d’une aussi bonne morale. […] Elle a été corrigée ; on en a fait disparoître toute allusion à l’Ecriture, & on y a répandu une bonne morale.

188. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Ce ne sont pas seulement des portraits méprisans, des reproches amers, des invectives, des malédictions, des menaces, qui font horreur, qu’il fait vomir à la Vestale & à son amant contre le pere grand Pontife, on a encore l’audace de leur faire justifier leur insolence par des principes de morale aussi faux que scandaleux : L’injustice a brise tons les nœuds entre nous ; Sans doute l’amour seul à nos parens nous lie ; leurs bienfaits sont leurs droits. Quelle morale ! […] Indépendamment de l’état religieux, est-ce là de la bonne morale ?

189. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Nous instruisons un moment, mais nous avons long-tems séduit ; & quelque forte que soit la leçon de morale que puisse présenter la catastrophe qui termine la piece, le remede est trop foible & vient trop tard. […] Tels sont entr’autres l’auteur de la morale sur l’oraison dominicale, (liv.

190. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

La frivolité se répand sur tout : religion, morale, histoire, sciences, tout dans une imagination Française, par la manière de l'envisager et de le traiter, en prend la teinte ; rien n'est goûté dans le beau monde, s'il n'en a l'assaisonnement. […] Religion, politique, droit public, morale, intérêt des Princes, histoire, philosophie, etc. tout est de son ressort.

191. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

On a même vu l’acteur marcher à quatre pieds, & contre-faire la bête ; & c’est un grand Philosophe, bien supérieur à Moliere par les talens, par les mœurs, par la pureté de la morale, par la religion même, quoique fausse, puisque Moliere n’en avoit aucune.

192. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Que s’il faut justifier mon Ouvrage en particulier, il me suffit du moins pour établir l’unité morale que ce commerce qui est entre la Ville et le Camp pour l’exécution de ce qui se passe sur la Scène, se puisse faire vraisemblablement dans moins de temps qu’il ne faut pour satisfaire à la règle de vingt-quatre heures ; et d’ailleurs cette unité de Scène se doit expliquer plus favorablement pour mon Ouvrage, puisque la proximité du Camp et de la Ville était absolument nécessaire dans les Sièges du temps de Judith où l’on ne pouvait battre les murailles de la Ville assiégée, qu’avec des machines.

193. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages.

194. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » Cette Morale est un peu forte pour les Chrétiens de ce siècle.

195. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Et le théatre qui leur donne cette vie morale, de danger très grand pour les mœurs. […] Le vice est une tache à leur gloire, & doit bien ternir le titre fastueux de Grand, si facilement prodigué : voilà pourtant sa morale, aussi antichrétienne que contraire à lui même. […] Dans quel endroit de l’Evangile a-t-il trouvé cette morale ? […] L’esprit de nouveauté, ni la haine contre Leon X & Mazarin, n’y ont eu aucune part : c’est la saine morale qui leur a dicté ce qu’ils en ont écrit.

196. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Ce n’est dans Regnard , dit-il, ni l’excellente morale, ni la raison sublime, ni l’éloquence du style de Moliere. Ce ne sera jamais ni un bon Chrétien, ni un homme de génie, ni un habile orateur, qui admireront la morale, le sublime & l’éloquence de Moliere, dont le vrai caractere renferme les trois défauts opposés. […] Sa morale n’est pas plus mauvaise ; il est moins licencieux, moins bouffon. […] Cette morale en action devoit être dans le goût de Regnard.

197. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Un mari mene sa femme, une mere sa fille à la comédie entendre la morale, voir l’exemple d’une actrice, & voudra qu’elle soit sage & modeste. […] Un amateur du théatre rira de ma morale. […] Il doit en effet naturellement arriver des changemens sur le visage & dans les allures d’une personne, qui sont des indices de son desordre ; mais le commun des hommes n’est pas capable de faire ce discernement, & ce n’est pas par cet endroit que ce Saint Pere veut qu’on en juge ; c’est sur la parure, les habits, la modestie ; & c’est une vérité morale, qu’une expérience journaliere confirme. […] Mais on sent bien que ces graves autorités ne feront pas changer la saine morale.

198. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Marc fut d’abord militaire, ensuite ecclésiastique, il courut le monde en aventurier ; enfin devenu Janséniste, il dèshonora la morale severe, & dépara plusieurs bons ouvrages en divers genres par des Romans, des pieces de théatre, des satyres & des éditions, des œuvres libertines de Chaulieu, St.  […] Peut-être son goût pour la morale sévere & la composition de ses dernieres œuvres sont-ils le fruit de sa conversion, comme la traduction en vers du livre de l’Imitation de J. […] Marc a-t-il cru que ce fut un trait de la morale sévere ? Il ne l’est pas même de la morale relâchée.

199. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Les hommes mêmes les moins éclairés, ceux qui ne lisent jamais, y prennent quelque teinture de la fable et de l’histoire, y puisent quelques préceptes de morale, et le philosophe y admire le développement et la peinture fidele de toutes les passions. […] On n’y peut guere exposer les grandes vérités qui intéressent la nation entiere, et l’éclaireroient sur ses droits ; on n’ose y débiter que des leçons d’une morale usée et commune ; la soumission aveugle au despotisme des rois y est réduite en principes, et fortifiée par des exemples ; on y déploie toutes ces idées gothiques et chevaleresques, qui n’ont pour fondement que des préjugés, et les vertus publiques qu’on y loue le plus, sont des traits d’un courage souvent inconsidéré, ou d’un faux honneur, qui, dans les états despotiques, tient lieu de vertus7. Le but de la comédie est de donner des leçons de morale et de vertus privées. […] Les gens du monde, dégoûtés du beau, ne viennent à ces spectacles que pour ces traits dont la licence et la trivialité forcent le rire, et ce sont eux qui se plaîgnent de ce que la morale s’introduit même dans les petits spectacles, et de ce qu’elle y est ennuyeuse, tandis que le peuple témoigne sa satisfaction de la maniere la moins équivoque16.

200. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Il connoît peu sa morale des deux Religions. […] Soit parce que la vérité y est toujours altérée, & les divins oracles prophanes, ce qui porte atteinte à la pureté de la Foi & de la morale, & autorisé l’erreur & le vice, les Protestans dans leurs principes y doivent être infiniment opposés, & ce n’est qu’un effet trop ordinaire de la contradiction entre les mœurs & la créance, de l’avoir quelquefois tolère. […] Il applique cette morale à l’Histoire, & elle est ici plus recevable : il veut en élaguer les méchans princes & les mauvaises actions, & ne présenter aux enfans que de bons exemples.

201. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] Le plus grand mal du théatre ne fut jamais précisément l’indécence grossiere des expressions, on y a toûjours parlé comme l’on parle dans le monde ; son danger, son crime est dans l’assemblage artificieux d’une infinité de choses mauvaises, dont l’union rend nécessairement vicieux, les sentimens de toutes les passions, les exemples de tous les crimes, l’irréligion, la morale corrompue, l’immodestie, le jeu, la mollesse, les intrigues des Actrices, la mauvaise compagnie qui s’y rassemble, la liberté des foyers & des coulisses. […] En effet les pieces de Térence sont plus châtiées que les nôtres ; tous les Collèges les mettent entre les mains des jeunes gens ; Madame Dacier, dont la vertu ne fut jamais douteuse, Port-Royal, dont la morale sévère n’alloit que trop loin, en ont donné des traductions avec des commentaires.

202. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Elle croit que la Morale du théâtre est une science de pratique. […] De la morale pernicieuse qui se trouve dans les Comédies d’à présent. […] Mais des Comédiens ne sont nullement propres a faire aux Chrétiens des leçons de morale, qui aillent à réformer leurs mœurs.

203. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Otez-leur le nom de Misanthropes si vous voulez : traitez-les de brutaux, le nom n’y fera rien : toujours sera-t-il vrai qu’il y a dans le monde des Alcestes et des gens capables de s’attirer une affaire fâcheuse pour dire trop durement leur avis et capables de se faire haïr par l’âpreté de leur morale et la brutalité de leur sagesse prétendue. […] C’est une farce surchargée de traits si burlesques, qu’on ne pense pas à en tirer la morale qui en résulte, à savoir, que des Testateurs avares et cacochymes sont bien fous de s’imaginer que les empressements de leurs Légataires aient d’autre principe que l’intérêt de ceux-ci. […]  : « […] convenons que, l’intention de l’Auteur étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mal, ou le faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal même […] » dr.

204. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

On n’y voit que la Morale des Païens, et l’on n’y entend que le nom des faux Dieux. […] Ils ont mis en vers français les plus Augustes mystères de la Religion, les plus Saintes maximes de la Morale Chrétienne, les Hymnes, les proses, les cantiques de l’Eglise, et ils ont fait de saints concerts que les fidèles chantent, et que les Anges peuvent chantert. […] [NDE] La citation n’est pas textuelle, mais cette expression ramassée reprend l’attaque ad hominem développée par Racine dans les premières pages de sa lettre : « Mais nous connaissons l’austérité de votre morale.

205. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

C’est le fanatisme du clergé espagnol, de concert avec le monachisme et le jésuitisme ultramontain, qui les y ont fait éclore et mûrir, en foulant à leurs pieds, non seulement la morale chrétienne et évangélique, mais encore les droits les plus sacrés de la légitimité.

206. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Ainsi parlent des gens qui ne sont point d’ailleurs d’une morale relâchée.

207. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175

Ces deux ouvrages d’Hédelin ne furent pas sans réponse : on donna en 1659 un Traité contre la Comédie, qui se trouve dans le troisième volume des Essais de Morale ; et on peut regarder ce Traité comme une réponse ; car quoique l’Auteur n’y nomme ni Hédelin ni ses ouvrages, il se plaint cependant de la corruption de son siècle, de ce qu’on y avait voulu justifier la Comédie.

208. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Ce sont ces lâches condescendances sous le vain prétexte de s’accommoder à de mauvais usages et de conserver une fausse paix, qui sont la source féconde et malheureuse du relâchement que nous avons vu de la Morale Chrétienne dans notre temps, et de la réforme de tant de Compagnies qui ne se sont perdues que par là.

209. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

On s’y remplit de mille maximes fausses, directement opposées à celles de l’Evangile, car la morale des comédies, (il y faut joindre les romans) n’est fondée que sur des principes d’erreur et d’illusion, et ne peut conduire que dans des voies perdues et égarées. […] Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions, parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant que le repos, et ne se plaît qu’à être remué, celui de la religion Chrétienne est de les calmer, les réprimer, arrêter leurs fougues et leurs saillies, tenir renfermées dans leurs cachots ces bêtes farouches qui ne sont enchaînées que par les liens invisibles de la grâce, c’est le principal exercice de la morale Chrétienne, c’est notre lutte, notre tâche, notre combat journalier, le tout de l’homme Chrétien, la grâce que Jésus-Christ nous a apportée du Ciel est une grâce militaire qui arme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le jouet et le misérable esclave, « actiones carnis spiritu mortificare quotidie affligere minuere, frænare, interimere »S.

210. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Ceux qui le veulent excuser disent que c’est une Instruction agréable, une Morale divertissante, une Peinture de la vie, une image des passions et de leurs désordres, une Apologie de la vertu, et une condamnation du vice, puisque celui-ci y est toujours maltraité, et que celle-là y est toujours couronnée.

211. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Thalie se moque de sa frayeur, Sofie lui demande si elle croit que les coups de la main d’un Dieu font horreur, & que l’adultere est glorieux au mari, quand un Dieu est son rival  : (morale de l’Amphitrion.) […] J’ai eu quelques amans pour me consoler , dit la chaste Muse, (Morale édifiante.) […] L’amour a des attraits invincibles, le cœur ne peut s’en défendre, surtout lorsque tant d’exemples l’invitent à se satisfaire, & qu’au lieu des noms odieux qu’on donne à l’amour, on ne le présente que comme une galanterie nécessaire dans le monde ; c’est la morale que Moliere a prêchée toute sa vie, qu’on prêche encore tous les jours au théatre, elle produisit alors l’effet que le Prince s’en étoit promis, la defaite de cette femme suivit de près. […] Quoiqu’il en soit des ces faits, la morale est très bonne, ce qu’il dit du théatre est arrivé cent fois, on ne peut trop en craindre le danger.

212. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Si réellement nous aimons la Vertu, une morale aussi frappante restera gravée éternellement dans notre mémoire ; mais tout vicieux obstiné à l’être toujours, n’a que faire de venir au Spectacle : il n’en sera jamais satisfait, parce qu’il ne voudra pas l’être. […] non sans doute, je profiterai de sa morale & mépriserai ses mœurs. […] La débauche exilée des Temples de Thalie & de Melpomène, va faire revivre ces lieux antiques révérés dans le sein de la sagesse24, séjour où la morale la plus saine doit sa naissance : en un mot. […] Ce que j’aime dans Jean-Jacques, c’est qu’en voulant prouver une chose, il se détruise lui-même (« les discours de sagesse, d’honneur, &c. ») la Comédie traite donc la morale la plus saine, puisque les Actrices au sortir de l’avoir débité, prennent un air non nuisible à leurs intérêts. […] La Tragédie & la Comédie même ne sont sorties du cahos où elles étaient, que par la morale.

213. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

L’Académie ne s’est point arrogé le jugement de la morale chrétienne : la pureté de la langue est son objet exclusif, & je la crois aussi incompétente dans la matiere présente, qu’elle l’est touchant le stile des Prophétes qu’elle a cru barbare, sur la foi du sieur d’Alembert.

214. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Les jeux publics étaient chez eux des actes de religion que leur superstition leur rendait aussi nécessaires que la sainteté de notre morale nous les fait regarder comme dangereux ; car pour les pièces dramatiques qui n’étaient que de pur amusement, elles furent toujours, comme remarque Tertullien, blâmées par les Censeurs et par le Sénat.

215. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Thomas, il n’y a rien de si facile que de résoudre les questions morales et les cas de conscience, quand on les considère en la thèse ou selon la théorie, dans leur genre ou dans leur espèce, parce qu’une action morale n’est bonne, mauvaise ou indifférente en son espèce, que par le rapport qu’elle a à son objet, selon qu’il est bon, ou mauvais, ou indifférent ; mais il n’y a rien de si malaisé que de résoudre ces mêmes questions en particulier et en hypothèse, parce qu’une action n’est pas bonne en l’individu seulement par son objet, mais par l’assemblage de toutes les circonstances nécessaires, et qu’il ne faut que l’absence d’une bonne circonstance, ou la rencontre d’une mauvaise, pour rendre vicieuse une action qui de soi serait bonne ou indifférente : Bonum ex integra causa, malum ex quolibet defectu.

216. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Cyr ; de tous les Medecins, qu’à l’exemple de Moliere il rend ridicules ; des PP. la Chaise & Bourdaloue, & de tous les Jesuites, dont il blâme l’ambition, la politique, les manœuvres, & la morale relâchée, lui qui en avoit une bien sevère ; de tous les Moines, dont il se moque ; du Roi Jaques, qu’il traite de lâche, de bigot, de femmelette ; du Gouvernement, qu’il prétend foible, lâche, misérable, hors d’état de soutenir la guerre, & forcé d’acheter la paix, sur quoi il fait une équivoque fort plate pour prouver la foiblesse de la marine, Vos côtes commencent à bruler, c’est bien près du cœur. […] Au contraire, dit-il, ces sujets sont plus touchans & plus beaux, ils ont le mérite d’une vérité authentique & d’une morale pure. C’est un excès d’impudence de proposer ces regles lorsqu’actuellement on substitue des fables grossieres à cette vérité authentique, & à la pureté de la morale toutes les horreurs de l’impureté. […] Il est à désirer, dit-on, qu’on puisse représenter cette piece, apparemment défendue, & avec raison, qui n’enseigne que la morale la plus pure & la félicité publique de tous les Etats, la destruction de toutes les religions. […] Mais ce qu’il dit de l’influence sur les mœurs, vrai dans le fait, est absolument faux & très-pernicieux dans la morale : Si nous ne sommes plus dans le temps des ténébres, l’art dramatique sur tout a eu beaucoup de part à cette révolution.

217. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Quand on a disserté sur des points de morale, qu’on les a exposés avec autant de netteté que d’éloquence, qu’on y a mis les graces du style, le charme de l’élocution, le prestige même de la déclamation : voilà en cette partie l’Art absolument épuisé. […] L’esprit s’y éclaire, le goût s’épure, les beaux Arts se perfectionnent, le cœur même s’enrichit ; il n’y a pas jusqu’à la morale qui ne laisse pas d’y trouver son compte. […] La morale enfin n’est pas sans intérêt aux Spectacles en ce que les principes & les maximes qui s’y débitent, respirent toujours la sagesse & la droiture. […] Les livres sont froids, les sermons ennuyeux : par-tout la morale est en parole, par-tout elle est sans fruit. […] Personne ne s’est avisé de se faire un précepte d’une chose qui l’amuse : ce seroit donner à son ris une vertu singuliere, & à sa morale, un mobile original ; parce qu’en effet il n’y a rien qui ait si peu l’air d’une leçon, qu’un badinage.

218. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

  JE me donneray de garde, Messieurs, & je m’en déclare d’abord, de rien avancer dans le sujet que je traite, qui ne soit conforme à la plus saine doctrine, & à la plus exacte verité : je suis trop convaincu, que toute exaggeration en matiere de Morale, soit en representant l’énormité d’un crime, soit en exposant le danger qu’il y a de le commettre, que toute exaggeration, dis-je, bien loin de remedier aux excez & aux abus, ne sert souvent qu’à les augmenter, puisqu’on donne par-là le moyen de justifier, en quelque maniere, les desordres, par les réponses qu’on donne lieu de faire aux censures outrées, & aux invectives excessives ; & aprés qu’on s’est efforcé de donner de l’horreur d’un vice, ou de la crainte de le commettre ; tout le fruit que les Auditeurs en retirent, est de se persuader, qu’on les a voulu allarmer pour peu de chose, en faisant le mal, ou le danger plus grand qu’il n’est ; de sorte que lorsqu’un Predicateur a excedé en quelque point, il ne sera plus crû quand il dira la verité toute pure dans une autre matiere, & qu’il s’efforcera de la mettre devant les yeux. […] Or cet esprit consiste dans l’estime que l’on fait de ses pompes & de ses vanitez, ensuite dans les sentimens que l’on y prend, & qui sont opposez à la Morale Chrétienne, & enfin dans un refroidissement de la pieté, & dans l’éloignement de tous les exercices qui l’entretiennent. […] Que si ces spectacles nous mettent ainsi en danger de prendre l’esprit du monde, il n’y a pas moins de sujet de craindre qu’il ne nous en imprime les sentimens, & les maximes, sur lesquelles ensuite l’on regle sa vie & sa conduite ; puisque ces spectacles sont comme une école, où l’on enseigne une Morale toute contraire à l’Evangile, & à la Religion.

219. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Entre une infinité de traits répandus dans ses discours, il établit par-tout les principes de morale qui en font la condamnation. […] Il a des titres bisarres & des idées singulieres : rayons du soleil de justice, bouquet de fleurs célestes, discours sentencieux, selon le goût du temps : du reste rempli de piété, morale solide, connoissance de l’Ecriture sainte. […] Mais, malgré ces intérêts secrets & cet esprit de mitigation, le théatre est si contraire à la morale & aux loix de la Religion, qu’on croiroit se deshonorer en le permettant ou même en ne le proscrivant pas.

220. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Que sera-ce de les pensionner, de les applaudir, les attirer chez soi, récompenser leurs talents empoisonneurs et leurs succès funestes par des libéralités aussi criminelles qu’aveugles et déplacées : « Vitium est immane donare Histrionibus. » C’est une question célèbre en morale, si une femme publique peut en conscience garder le prix qu’elle a reçu de son crime. […] Augustin ni les canons, en débitant cette édifiante morale : « Vitium est immane dare Histrionibus. » Tout cela ne regarde que les présents médiocres d’habits, meubles, bijoux, argent, qui n’ont point de suite ; car toutes les donations, même par testament, faites à des Comédiennes, sont absolument interdites et cassées par les lois, les coutumes et les arrêts. […] Il ne l’aurait pas dû, puisque la bonté ou la malice morale des actions humaines est uniquement du ressort de la conscience ; il se serait borné à accorder la tolérance, pour éviter un plus grand mal, jamais à en attester l’innocence, qui n’était point de son ressort.

221. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Ce Saint, entre autres ouvrages, a fait un grand Traité de morale sous le titre de Parallèles, où il compare les vertus et les vices, le bien et le mal, et s’appuie d’une multitude de passages choisis des Pères. […] Bauni, Jésuite, célèbre par sa morale relâchée, et relâché en effet sur la matière des spectacles, cite ce passage, qui le condamne ? […] Son ouvrage est excellent, très bien écrit, plein d’érudition et de bonne morale, de beaux endroits des Auteurs de toute espèce, des traits d’histoire bien choisis, etc.

222. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Il y a plus d’analogie qu’on ne pense entre ces deux Professions, la Médecine & la Philosophie Morale. […] Je suppose que la Médecine eût eu le sort de la Morale, qu’elle n’eût point fait une Profession distincte, qu’elle eût été long-temps défigurée par un jargon puérile & barbare, croit-on qu’elle fût parvenue au degré de considération dont elle jouit aujourd’hui.

223. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Intéressante, je le passe ; morale, c’est ce que je veux discuter. […] Mais la Morale a ses braves, ainsi que le Service Militaire, et comme lui des lâches qui en abandonnent les principes et les maximes les plus essentielles.

224. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

C’est un principe constant dans la Morale, que quiconque est cause d’un péché mortel, commet un péché mortel.

225. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Pour peu que vous réfléchissiez sur tout ce qu’on y représente, vous reconnaîtrez aisément que les plaisirs du théâtre sont entièrement opposés à la morale évangélique, incompatibles avec l’esprit de piété qui doit animer tous les chrétiens, et qu’ils présentent encore aujourd’hui tous les dangers qui les ont fait condamner par les saints Pères.

226. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Je considère sa personne : j’admire ses talents : j’aime ses ouvrages : je suis sensible au bien qu’il a dit de mon pays : honoré moi-même de ses éloges, un juste retour d’honnêteté m’oblige à toutes sortes d’égards envers lui ; mais les égards ne l’emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale consiste en apparences.

227. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Benoît XIV le combat par le principe de l’Apôtre, les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs, et l’impossibilité morale d’y éviter le péché, par l’autorité du P.  […] Cette morale, quoique commode, n’a pas fait fortune, du moins en France : on ne voit guère de Religieux aux spectacles, ou, s’il s’y en glisse quelqu’un, ce n’est qu’en cachette, à l’insu de ses Supérieurs, qui ne le souffriraient pas, et du public, qui ne le lui pardonnerait pas.

228. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

qui voudrait donner à ses Princes des Comédiens pour gouverneurs, leur faire enseigner la morale et inspirer les sentiments de la scène ? […] Non, la Cour la plus servile n’enseigne pas à son Despote de plus pernicieuse morale, elle ne peut produire que des Néron et des Tibère.

229. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Or dans les matières de pur dogme et qui ne tiennent point à la morale, comment peut-on juger de la foi d’autrui par conjecture ? […] Le Théâtre a ses règles, ses maximes, sa morale à part, ainsi que son langage et ses vêtements. […] A quoi donc aboutit la morale d’une pareille Pièce, si ce n’est à encourager des Catalina, et à donner aux méchants habiles le prix de l’estime publique due aux gens de bien ? […] La morale du monde a d’autres maximes, je ne l’ignore pas. […] Où est le plus petit écolier de droit qui ne dressera pas un code d’une morale aussi pure que celle des lois de Platon ?

230. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Le Journal Œconomique, très-utile quand il se borne à l’agriculture ; mais plein de paradoxes & de choses dangereuses, quand il sort de sa sphere, & se mêle de finance, de morale, de religion, de gouvernement, matieres qui ne sont point de son ressort. […] Cette législation, cette instruction morale est de nouvelle création. […] Les casuïstes les plus relâchés enseignent cette morale n’après l’Ecriture.

231. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Le mari, qui voit sa femme universellement courtisée, s’applaudit de la belle cure qu’il a faite, il en reçoit les compliments avec beaucoup d’estime pour lui-même, et se regarde comme un homme envoyé du Ciel pour former les Dames, et les décrasser de la morale du couvent. […] Vous reprochez aux femmes leur étourderie et la licence de leur conduite avec les hommes et pour les rappeler à la pudeur par l’exemple des Animaux vous allez chercher votre morale dans un colombier : tout vous paraît pudique dans les agaceries de la « Colombe »en envers son « Bien-aimé ». […] Le Théâtre est donc utile et bon par lui-même, pour tous ceux qui n’y viendront que dans l’intention d’y puiser la morale qu’il leur offre.

232. (1759) Lettre d’un professeur en théologie pp. 3-20

Un fait de cette nature peut-il être avancé sans preuves, sans une parfaite certitude morale ?

233. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Quelques personnes de nom, ont fait des pièces de Théatre, ou même des ouvrages de sience, de politique, de morale & de littérature ; mais cette foule d’Auteurs qui se succédent sur le Théatre, ou qui nous inondent de brochures, sont de la seconde classe.

234. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

parce-qu’il ne s’énonce pas aussi grossierement que Rabelais, faut-il excuser le tort irréparable qu’il a fait à la morale chrétienne ?

235. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

En quoi certes il ne faut pas dire que les Anciens se moquaient de ceux qu'ils adoraient comme Dieux, en représentant des actions que l'on pouvait nommer criminelles, comme des meurtres, des adultères et des vengeances, ni qu'ils avaient dessein d'en faire des objets de Jeux et de risée, en leur imputant des crimes que l'on condamnait parmi les hommes ; Car toutes ces choses étaient mystérieuses, et bien que le petit peuple, ignorant et grossier fut peut-être incapable de porter sa croyance au-delà des fables que l'on en en contait ; il est certain que leurs Théologiens, leurs Philosophes, et tous les gens d'esprit en avaient bien d'autres pensées, et tout ce que nous lisons maintenant de la naissance de leurs Dieux et de toutes leurs actions avait une intelligence mystique, ou dans les secrètes opérations de la Nature, ou dans les belles Maximes de la Morale, ou dans les merveilles incompréhensibles de la Divinité.

236. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Evremond prenne ici les Mœurs, c’est-à-dire, ou par rapport aux règles du Théâtre, ou par rapport à celles de la Morale, les mœurs de la Comédie Anglaise sont très contraires aux mœurs de la Comédie des Anciens.

237. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

En prenant acte de cet aveu, que les jésuites et leurs partisans regrettent sans doute, d’avoir renouvelé dans leurs brochures modernes, on acquerra la triste conviction, que ce qu’ils appellent l’église, ainsi que les papes d’alors, étaient, en ces temps-là, plongés dans la corruption la plus infecte, et foulaient audacieusement à leurs pieds, la vraie religion chrétienne, les préceptes de Jésus-Christ et la morale évangélique, qui commande la charité, la douceur, l’humilité, et prescrit formellement d’obéir aux princes de la terre.

238. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Vous avez la morale de Grégoire, la subtilité d’Augustin, l’éloquence d’Ambroise ; vous êtes un Jean-Baptiste pour reprendre les vois, un Jean l’évangéliste pour prier & exhorter, un autre Pierre à qui la chair & le sang n’ont pas révélé, mais le Pere céleste. […] Une mince production qui en est émaillée l’emporte sur un ouvrage excellent qui enseigne une morale chrétienne. […] Il étoit gai, amusant, complaisant, flatteur, d’une morale peu sévere, & d’une modestie peu scrupuleuse. […] Ce poëme est le mêlange le plus indécent du sacré & du profâne ; les anges & les saints s’y trouvent avec les femmes de mauvaise vie, le poëte invoque Saint Michel & sa maîtresse, il passe de l’église au temple de Venus, d’une cérémonie religieuse à une fête galante, d’une maxime de l’évangile à une morale lubrique, du Pape à Mahomet.

239. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Le jeune homme s’apporte à lui-même de fortes raisons contre une inclination illégitime : son entretien avec Philton renferme une instruction morale : après cela, il donne à Lesbonicus de sages conseils, et déclame avec chaleur contre le libertinage. […] Ce qu’il a de particulier et de personnel c’est la netteté du style ; ce sont certains principes, certains retours heureux de morale ; c’est l’art de remuer à coup sûr les passions, et surtout celle qu’on nomme la Pitié : c’est une étendue d’esprit qui le fait approfondir et épuiser un objet de quelque côté qu’il le saisisse. […] Ce n’est encore là que comme un essai de la morale de ce Poète. […]  » La Bergère fidèle, ouvrage de Fletcher, renferme une excellente morale ; c’est une sorte d’exhortation à la chasteté.

240. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Mais est-ce une conséquence pour cela que la Comédie ne soit pas défendue dans l’Ecriture par d’autres préceptes de morale plus généraux ? […] Or les suppositions Métaphysiques en matière de Morale, n’ont point de conséquence ; parce que les choses qu’elles supposent en esprit, sont en effet moralement impossibles. […] Il assure que « cette incomparable Pièce est d’une grande instruction pour la morale, et qu’elle fait beaucoup plus d’impression que n’en feraient les leçons les plus sérieuses ». […] Suivons-le cependant dans sa bonne humeur, car il prend ici un ton goguenard ; et comme s’il avait poussé à bout ses adversaires, il les fait retrancher à dire qu’il faut bien que la Comédie soit mauvaise, puisqu’elle est défendue : là-dessus il se réjouit, et se donne la Comédie à lui-même, comme si c’était un mauvais argument en Morale de prouver qu’une chose est mauvaise, parce que Dieu et les Lois la défendent. […] Avec cela je douterais fort qu’il y eût des Religieux ou des Evêques en Italie qui voulussent se servir de la dispense de notre Docteur, ni approuver sa douce Morale.

241. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

.), croit qu’il est permis aux Religieux de représenter des pièces de théâtre, prises de la vie des Saints ou de quelque sujet de morale, sans autres acteurs et spectateurs que les Religieux. […]  285) dit en parlant de la comédie de Siam : « Les Comédiennes sont bien laides ; leur grande beauté est d’avoir des ongles d’un demi-pied de long. » Réflexion sans doute bien innocente, mais qui fait voir qu’à la comédie on s’occupe d’autre chose que de la morale qui s’y débite, surtout quand les Actrices n’ont pas les ongles aussi longs que les Siamoises.

242. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

« Qu’à l’Amour comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa du son de sa Musique. » Voilà les effets des Opéra et des Comédies de nos jours. […] » Il faut remarquer que ces Messieurs étaient la plupart Professeurs en Théologie, et non suspects de morale outrée.

243. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

On l’appellera un petit Roman tant qu’on voudra ; je la regarderai toujours comme un excellent ouvrage, et comme une Ecole où le sexe et les hommes en général peuvent apprendre à faire marcher la passion d’amour dans la route que la bonne morale et les égards de la société lui ont marquée. […] Il peut se faire que, dans quelques-uns de mes examens précédents, mon Lecteur me trouve trop indulgent pour plus d’une des Tragédies que je conserve : il dira peut-être que, si dans ces Pièces la passion d’amour est accompagnée d’une morale pure et d’une instruction convenable, cela n’empêche pas que le serpent n’y soit caché sous les fleurs, soit à cause du style trop séduisant, ou de l’action trop vivement exprimée.

244. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

La France autant qu’aucune autre nation a produit des hommes célebres dans les sciences abstraites & épineuses, telle que les mathématiques & la métaphysique : beaucoup d’excellens ouvrages sur la morale, la politique, la juris-prudence ont été aussi applaudis que le sont quelquefois de jolis romans qui vivent quelques mois : l’obstacle à la perfection de la Comédie qui semble naître de l’inclination des François pour la frivolité, vient bien moins d’eux que de l’imprudence des Auteurs qui se sont attachés à flatter cette inclination, au-lieu qu’ils auroient dû travailler à l’affoiblir.

245. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Guidé par la Foi, ce flambeau éternel devant qui toutes les lueurs du temps disparoissent, devant qui s’évanouissent toutes les rêveries sublimes & profondes de nos foibles Esprits-forts, ainsi que toute l’importance & la gloriole du bel-esprit, je vois, sans nuage & sans enthousiasme, que les Loix sacrées de l’Evangile & les maximes de la Morale profane, le Sanctuaire & le Théâtre sont des objets absolument inalliables.

246. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Ces vertus à quoi l’on s’est engagé par les vœux du Baptême, n’ont pas de plus grand ennemi que la morale du Théâtre, dont on ne peut attendre d’autre fruit que la corruption des mœurs : la perte de l’innocence est-elle bien dédommagée par le plus frivole amusement, une recréation vaine & stérile qui resulte d’une image d’un célébre malheureux ou d’une amante délaissée ?

247. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

» « Ce texte, dit Tertullien, regarde les princes de la nation juive qui consentirent à la mort de Jésus-Christ : or les spectacles le font mourir une seconde fois ; ce sont des conventicules de Satan où la foi se détruit, où la morale de l’Evangile est combattue par des maximes détestables. » Cet oracle n’est pas le seul d’où Tertullien infère la condamnation des spectacles ; il ajoute ceux-ci tirés de l’Evangile et de l’apôtre saint Paul16 : « On ne peut servir deux maîtres, ni supposer aucun rapport entre la lumière et les ténèbres, entre la mort et la vie. » Si vous suivez Jésus-Christ, il faut renoncer au théâtre, la doctrine de l’un ne compatissant pas avec celle de l’autre.

248. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Or, c’est à tous ces principes que la morale des Spectacles est directement contraire.

249. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Les Impies peuvent après cela ne pas désespérer de voir un jour la Morale de Jésus-Christ entièrement renversée, puisqu’un Théologien pousse si loin le relâchement. […] En voilà assez, ils sont justifiés par les principes de votre Morale. […] Car quoique la Piété finisse par quelques Vers de Morale, remarquez que les paroles ridicules que l’on fait dire au valet de l’Impie, qui voyant le malheur de son Maître ne songe qu’à demander ses gages, sont plus d’effet sur l’esprit de l’auditeur, que la Morale froide qu’il entend peu après, et quand on est sorti de la Pièce on pense bien plus au Valet qu’au Maître, et on a plus de soin de se divertir du ridicule que de s’appliquer la Morale et le sérieux. […] Vous n’avez pas lieu non plus de vous prévaloir de ce que font Messieurs les Magistrats : ils peuvent ne pas punir pour la publication des Affiches, puisque tout ce qui se fait dans la Police n’est pas examiné par les règles sévères de la Morale, et que la Police ne prétend pas justifier tout ce qu’elle permet. […] Il me semble qu’après tout cela vous mériteriez bien qu’à la place de l’éloge que vous avez fait de votre ami, que vous pouviez embellir, en faisant remarquer l’honneur qu’il vous a fait de mettre votre Lettre, c’est-à-dire, une décision de Morale des plus importantes à la tête de ses Comédies ; vous mériteriez, dis-je, qu’on finît cet ouvrage par une satire contre votre personne.

250. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Honnête, après avoir élevé l’honnête morale fort au-dessus du christianisme, ajoute : Mango-Capac dans le Pérou, Confucius dans la Chine ont fait plus d’hommes honnêtes dans l’espace de quatre cents ans, que depuis la naissance du monde il n’y en a eu dans tout le reste de la terre. […] Il est bien rare que les modernes, ni Auteurs, ni Acteurs, ni amateurs en fassent leur lecture ; mais tout cela est fort inutile, il n’y a gueres de maxime morale dans l’ancien Testament, que l’expérience & le bon sens ne fassent connoître, sans avoir recours à la révélation : par exemple, Plaute dit qu’une courtisanne & une Actrice sont dangereuses, qu’elles ruinent leurs amans. […] Moliere a raison ; il n’y a qu’à l’entendre, & substituer le mot de vice à celui de vertu ; jamais Prédicateur n’eut plus d’auditeurs que lui, jamais sermon n’eut plus de lecteurs que ses pieces, jamais morale n’a été mieux reçue ni mieux pratiquée que la sienne.

251. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Combien de jeunes gens, peu assidus aux Prédications les plus saintes & les plus éloquentes, ne conserveroient aucune idée des bonnes mœurs, s’ils n’étoient attirés aux Spectacles par l’appas du plaisir ; & il faut avouer que lorsqu’un trait de morale s’y rencontre, il frappe d’autant plus que l’on s’attendoit moins à l’y trouver. […] On dira seulement, au sujet de la Morale qui y est répandue, que l’on ne croit pas qu’il y ait au monde une personne assez simple, ou environnée de gens assez simples, pour prendre des Chansons pour des vérités, que quand Quinault a dit : Est-on sage Dans le bel âge, Est-on sage De n’aimer pas ?

252. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Il est donc réservé au Théatre de contredire la morale de la raison & de la Religion ? […] Que n’ont pas à craindre les gouvernemens, qui non seulement tolerent, mais encore donnent ouvertement leur protection à des amusemens qui sont ordinairement pour la jeunesse les écoles du vice, des lieux privilégiés destinés à irriter les passions, des écueils où l’innocence attaquée par les yeux & les oreilles, séduite par les maximes d’une morale lubrique, réchauffée par la musique & des danses lascives, s’expose à des naufrages continuels ?

253. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Quelle morale ! […] Quelle horreur que cette morale !

254. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres. […] à être en butte à la tourmente d’une autre foule de portefaix déguisés en diables, et qui font mille contorsions réprouvées par notre religion, et par une saine morale publique ! […] On conviendra que jamais sur nos théâtres, rien de semblable ne viendra offenser la vue, ni la raison des spectateurs ; et que la morale, qui forme toujours le but de nos auteurs, y est beaucoup mieux observée qu’à cette procession. […] Je me servirai pour faire sentir au clergé la nécessité de cette conduite, d’une seule sentence proclamée sur nos théâtres mêmes, et qui renferme la morale la plus saine dont les gens d’Eglise et du monde puissent faire usage : « L’opinion est un juge suprême Dont les arrêts doivent être écoutés, Et les premiers respectez-la vous-mêmes, Si vous voulez en être respectés. » La Mansarde, au Gymnase ou théâtre de Madame. […] Les mêmes cérémonies et le même spectacle se répétaient le 15 août ; le 16 on jouait sur le théâtre une comédie morale.

255. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Il falloit vous jetter, Monsieur, dans de profondes recherches sur la morale, pour prouver, par des citations, l’anathème prononcé contre les sectateurs du théâtre.

/ 375