Afin de réussir dans ce dessein, il a choisi tous les passages des anciens Pères, particulièrement de Tertullien, de saint Cyprien et de saint Jean Chrysostome, qui condamnent les Spectacles à cause de l’Idolâtrie que l’on y représentait. […] Il continue ses Réflexions sur saint François de Sales, et veut qu’on lise les autres Ouvrages de ce Saint pour se convaincre qu’il en est peu entre ceux des anciens Pères qui inspirent un mépris du monde plus entier, et une aversion plus héroïque de ses maximes et de ses plaisirs, en tâchant d’attirer les âmes par une sagesse, et une charité cachée sous une indulgence apparente. […] Il y a des choses curieuses sur Platon, qui a condamné les Tragédies anciennes, parce qu’elles réveillaient les passions, quoique les Femmes ne parussent pas sur les Théâtres des Païens par pudeur. […] [NDE] Un nomocanon est une collection de textes juridiques anciens sur la vie ecclésiastique et religieuse qui regroupe des lois seculières et religieuses.
Or, par une suite de cette inutilité même, le théâtre qui ne peut rien pour corriger les mœurs, peut beaucoup pour les altérer. » Vous établissez, par plusieurs exemples, bien choisis à la vérité, que la plupart de nos Poèmes ne sont aucunement propres à rendre les hommes plus vertueux, ni à réprimer leurs passions : mais vous auriez dû ajouter, ce me semble, avec la vérité sévère et impartiale dont vous faites profession, que dans plusieurs drames anciens et modernes, il y a d’excellentes leçons de vertu ; leçons sublimes et touchantes, plus propres à attirer les hommes à la vertu, et à les arracher aux passions, que tous les traités de morale faits ou à faire. […] Si Dom Sanche n’était, jusqu’à la fin, que le fils d’un Pêcheur ; si ce fils d’un Pêcheur ne se trouvait pas tout à coup, je ne sais comment, l’héritier légitime du trône d’Aragon ; si ce fils d’un Pêcheur ne devenait Roi que parce qu’il aurait mérité de l’être par ses vertus, je crois que la pièce aurait bien pu être sifflée : mais on ne reprocherait pas à l’Auteur de n’avoir pas fait servir son art à déraciner l’une des plus extravagantes et des plus anciennes préventions des hommes. […] Il savait qu’une erreur ancienne devient sacrée ; qu’avec de l’esprit, on peut faire goûter aux hommes quelques vérités ; mais qu’avec plus d’esprit encore, on s’abstiendrait de les leur découvrir toutes : il savait que ces préjugés de naissance, que cette chimère, plus ridicule que celle des Fables, née de l’orgueil, nourrie par la flatterie, défendue par l’opinion, et couverte du voile épais des siècles, ne pouvait être attaquée impunément : il savait que les Grands lui pardonneraient de peindre leurs vices et leurs ridicules, et non de les dépouiller d’un éclat étranger, mais imposant, qui leur tient lieu du mérite qu’ils n’ont pas : il savait enfin qu’on aimait le merveilleux au théâtre, et c’est peut-être ce qui l’a déterminé à donner au vertueux Dom Sanche un père couronné. […] D’abord, je conviens que je suis un de ces partisans du théâtre, qui vous diront que si les Auteurs abusent du pouvoir d’émouvoir les cœurs, cette faute doit être attribuée aux Artistes, et nullement à l’art même : et j’avoue qu’en consultant mon cœur, à la fin de plusieurs pièces dramatiques, je me suis senti plus disposé à régler mes passions, qu’après avoir lu tous les Moralistes anciens et modernes : j’avoue aussi ingénument que je ne conçois pas comment « le théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. » Cette métaphysique est trop au-dessus de mon faible entendement : je la respecte donc, et me contente de prouver qu’il purge en nous les passions, que nous avons, par des moyens plus sûrs, quoique plus agréables, qu’aucun de ceux qu’ont employés tous les Philosophes, et tous les Ecrivains sacrés et profanes.
Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. Puis qu'il est indubitable que tous les Jeux du Théâtre, aussi bien que les autres Spectacles des Anciens, étaient des actes de Religion, il ne faut pas trouver étrange que les Docteurs de la primitive Eglise aient défendu si rigoureusement aux Chrétiens d'y assister, parce que c'était publiquement solenniser avec les Païens les Fêtes de leurs faux Dieux, participer à la révérence qu'ils rendaient aux Démons, et se contaminer d'une Idolâtrie d'autant plus dangereuse, qu'elle était agréable. […] Tertullien le plus sévère, comme un des plus anciens Pères de l'Eglise a fait un grand discours exprès contre les Spectacles des Païens plein de doctrine, de raisons, d'autorités et d'agréments ; mais le fondement général qu'il prend pour les interdire tous aux Chrétiens, est qu'ils faisaient la plus grande partie des cérémonies du Paganisme ; ce qu'il traite fort au long, comme la plus puissante et la plus importante raison que l'on puisse mettre en avant : Et voici comme il en parleTertul. de Spect. c. 4.
C’est donc mal à propos qu’il recueille les sentences des anciens Docteurs pour nous condamner, comme si nous prenions un parti contraire vu que nous les maintenons, les prenant pour boucliers et défenses contre la batterie que l’hérésie a tirée de l’arsenal de Satan pour attaquer la maison de Dieu, qui augmente sa gloire en ce digne labeur. […] Je réserve à un autre lieu la dignité de ses louanges, et reviens à la plainte que nous devons faire pour les Comiques qu’on accuse de faire revivre les anciennes dissolutions, qui sont bannies des Comédies de ce siècle, qui n’ont rien que le nom, commun à celles du passé : Celle-ci traitée par gens doctes, et savants, se doit plutôt appeller école de modestie et gentillesse, que lieu de honte : C’est pourquoi nos Juges nous les permettent ; nos Pasteurs ne nous le commandent pas, désirant s’il était possible qu’à l’imitation d’un nombre d’âmes, qui dès la terre vivent au Ciel, nous voulussions dénoncer la guerre aux plaisirs du monde, et nous donnant du tout à la contemplation, tirer de l’amertume de nos fautes, ces larmes de douceur qui attachent nos paupières, et nous font unir les jours et les nuits ensemble, souhaitant après saint Paul, notre séparation pour Jésus Christ, et comme dit Eudoxe, mourir et voir le Soleil. […] Si nous en croyons les anciens Pères, nous verrons qu’ils nous concèdent ceux où le plaisir est limité dans les termes de la modestie.
Les autres choses que l’homme fait c’est l’art ou l’expérience qui lui ont appris ; mais le plaisir est plus ancien que tout cela, la nature en est seule la maîtresse, et l’a enseigné aux animaux pour le soutien de leur vie : c’est pourquoi il naît avec nous et n’est jamais vicieux que quand il passe les bornes que la nature lui a prescrites. […] Mais outre cet avantage les anciens Orateurs n’en sont pas demeurés là, car ils ont soigneusement recherché les endroits de leurs harangues où ils pouvaient mêler une honnête raillerie pour relâcher de la sévérité des Juges. […] [NDE] Cratès est un philosophe cynique ancien et un disciple de Diogène de Sinope.
De la Déclamation Théatrale des Anciens.
Toutes les délicatesses de l’expression & du geste ne pouvaient être senties sur les vastes Théâtres des Anciens.
Je ne veux donc point condamner cette pratique nouvelle par la simplicité de l’ancien chant, ni même par la gravité de celui qui fait encore le fond du service divin : je me plains qu’on ait si fort oublié ces saintes délicatesses des Pères, et que l’on pousse si loin les délices de la musique, que loin de les craindre dans les cantiques de Sion, on cherche à se délecter de celles dont Babylone anime les siens.
Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. 179 Chap.
Ce petit Traité où il est si souvent parlé du Théâtre des Anciens, sera terminé par quelques recherches sur leur déclamation Théatrale.
Tels dans l’ancienne Loi des Tartufes sévères Damnaient le peuple Juif pour des fautes légères ; Eux qui loin des témoins en des réduits cachés.
Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes.
Qu’on ne se vante pas d’avoir épuré l’ancienne comedie toujours défendue par l’Eglise, ce sont les mêmes sujets, les mêmes passions, les mêmes intrigues, les mêmes images. […] Celles qu’on ménage préparent la voie aux autres, qui dans l’occasion reviendront plus vivement, & n’auront plus l’ancienne barriere de la religion, que la passion ménagée aura levée, & de la force de la vertu qu’elle aura affoiblie. […] Le jeu des passions domine sur notre théatre comme sur celui des anciens, & même davantage, ou plutôt notre théatre n’est que le jeu des passions. L’ancien étoit plus en décoration, en magnificence qu’en sentimens, nous sommes plus en sentimens qu’en magnificence (dans ces derniers temps la scene a réuni tous les deux). […] Faut il que l’art d’entretenir, d’augmenter les anciens préjugés, les prestiges de la chair & du monde, c’est-à-dire la corruption des mœurs, soit un art estimé, goûté, récompensé par des Chrétiens même qui font prosession de croire ces vérités, & doivent éviter avec le plus grand soin ce qui peut en affoiblir & la créance & la pratique ?
Pour le Christianisme, il est véritablement difficile, quoique les chretiens dansent, de trouver aucune danse prescrite par les rubriques anciennes & nouvelles, si ce n’est dans la fête des foux & de l’âne, où tout le monde dansoit. […] Les anciens ont bien senti les avantages de ce Tableau magique, le faisant servir à la législation, aux mysteres & aux mœurs. […] Lettre 63, Vous êtes le plus ancien serviteur du Roi, & vous devriez en être le plus sage. […] Elles étoient allées en corps, chacune une branche de laurier à la main, chantant & dansant par les rues & chez tous les graves magistrats de l’ancien Parlement, leur firent un compliment & les couronnerent de lauriers : ce qui vaut bien le mortier de président. […] Les spectacles de l’ancienne chevalerie, les graces de l’actrice Arnould paroissent assez intéressans au galant gazetier pour bien augurer de sa reprise.
L’excès des parfums chez les anciens est incroyable. […] Nos doctes Parfumeurs dans les Traités qu’ils ont donnés, auroient dû faire un Commentaire du texte d’Athenée, ils y auroient appris bien des recettes pour de nouvelles odeurs, & marquer savamment la ressemblance de l’ancien odorat avec le notre, & auroient décoré leurs écrits d’un air scientifique. […] Tel étoit cet ancien portrait d’une volupté effeminée : on voyoit un homme nonchalamment couché sur des coussins & un matelas odoriférant, qui se faisoit répandre sur le corps des essences précieuses par un esclave, & mettre sous le nez des cassolettes fumantes, & se laissoit aller au sommeil dans cette molle ivresse de bonnes odeurs. […] Les anciens donnoient de leur passion pour les parfums une raison qui paroissoit sérieuse : ils prétendoient que outre le plaisir de l’odorat qu’ils trouvoient delicieux, les parfums répandus sur la tête abbatoient les fumées du vin & empêchoient l’ivresse à quelque excès qu’on se livrât, ce que je crois sans peine. […] Il n’est rien que les baigneurs, les femmes de chambre, les Actrices qui bâtissent sur leurs cheveux naturels, ou sur les perruques, de clochers, marteaux, tables, aîles, tours, pyramides, moulins, girouettes, en mouton, en marron, en boudins, en vergetres, &c., au moyen d’une foule d’instrumens qui forment une boutique de ce que les anciens nommoient en général Crinalis, ou selon du Cange, Gloss.
Le seul Evêque Nonnus, ancien religieux du monastere de Thabenne, célebre par sa sainteté & par ses talens, la regarda fixément, & fondit en larmes. […] Le fameux & bon livre des Réflexions sur la Poësie & la Peinture, prouve fort au long que, sur l’ancien théatre de Rome, chaque rôle sur le théatre avoit deux acteurs, l’un qui prononçoit les paroles, l’autre qui faisoit les gestes à sur & à mesure. […] Malgré ces décorations théatrales, condamnées par les anciens, mais si fort goûtées par les élégans, malgré le goût régnant de philosophie & de théatre, croira-t-on (telle est la force de la vérité) que ces constitution si mitigées défendent absolument tous les spectacles, ba’, comédie, opéra, jeux publics, & toutes les folies de ce caractere ? […] Les anciens statuts tenoient le même langage. […] On a supprimé le code pénal, on n’y parle point des punitions & des menaces qu’on trouve dans les anciens statuts, nommément contre le supérieur indulgent qui auroit souffert ce désordre.
Celle-ci est plus ancienne qu’on ne pense, elle remonte bien plus haut que le Christianisme : le Paganisme l’a introduite, & les nations idolâtres l’ont conservée : est-ce en faire l’apologie ? […] Une coutume plus ancienne encore, c’est celle de la modestie. […] On défendoit aux anciens athlètes de porter des habits, pour éviter toute supercherie, & ne rien laisser qu’à la vigueur & à l’adresse : l’artifice & le grand avantage des nouveaux athletes est de s’en dépouiller, contre toutes les loix qui le leur défendent. Les anciens pour se rendre plus forts s’abstenoient de tous les plaisirs ; les nouveaux s’y livrent pour avoir plus de force ; c’est en les goûtant, qu’ils s’aguerrissent ; en les faisant goûter, qu’ils triomphent. […] Sans doute il seroit à souhaiter qu’on observât encore la louable coutume, aussi ancienne que le monde, observée chez presque tous les peuples, dont S.
Pompée toutefois fut excepté de cette regle, & malgré sa ieunesse, malgré les loix & les exemples mesme assez recents citez par la, il obtint le Triomphe auparavant la qualité de Senateur, & joüit l’âge de dix-sept ans, de ce qui pouvoit combler les desirs du plus ancien des Capitaines, & du plus grand des conquerants. […] Il est une Histoire trop remarquable dans un ancien AutheurAul. gel. l. 15. c. 4. […] L’on voit aisément que ces deux-mesures appellées par les Anciens Amphora & Cadus (qui ne sont qu’une mesme chose) ne faisant que la huitiéme partie d’un muid de Paris, c’est à dire, environ 35. pintes, il y avoit dequoy desalterer sept mille hommes, à compter une peinte par teste. […] Ie ne m’estendray pas sur les diverses manieres de Colomnes, de Trophées, & d’Arcs-Triumphaux anciens ; les Livres d’Architecture, mille Estampes, & un nombre infiny de Medailles en ont instruit les moins curieux. […] Il ne reste guerre plus à mon avis de choses à dire sur ces fameux Spectacles des Triomphes Romains, & j’ay tâché de ramasser de toutes parts tout ce qui m’a paru pratiqué par les Anciens, & admiré par les Modernes.
Ici tout est mis en œuvre pour effacer les traits du vieil homme, l’attacher à la croix, & lui substituer l’image du nouveau : là tout est employé pour défigurer le nouvel Adam, & faire revivre l’ancien.
Son Aumônier, ancien Maître de musique, y bat la mesure ; les Enfans de chœur & tous les Chantres de la Cathédrale exécutent avec autant de ferveur qu’à l’Office. […] Ce dernier exercice de dévotion, il est vrai, n’est ordonné ni dans les anciens ni dans les nouveaux statuts de la confrairie ; mais les nouveau Confrère & Confreresses n’avoient pas eu le temps de se faire instruire de toutes les règles. […] Tels étoient nos anciens mysteres. […] Plusieurs Chevaliers le veulent bien ; mais les anciens leur représentent qu’ils feroient tort à l’ordre d’admettre parmi eux un roturier, que S.
Enfin, Heliogabale fit couvrir l’Arene de poudre d’or & d’argent, & estoit au desespoir de ne pouvoir le couvrir d’yvoire : mesme par un excez de luxe, & par un égarement incroyable, il fit remplir les fossez de vin & y donna, au rapport d’un ancien HistorienAl. […] La plus ancienne & plus commune maniere des jeux, consistoit en cinq sortes d’exercices : La lutte, le saut, la course, le palet, & le jet de pierres ou de dars. […] Ie sçay à peu prés ce que quelques modernes contestent sur ce sujet : & ce qu’ils pretendent établir sur l’authorité des anciens ? […] L’ origine de ces combats imitez, & de ces funestes Galanteries est duë à la devotion des anciens Asiatiques qui croyoient honorer les Manes de leurs amis & de leurs parens par la seule effusion du sang humain.
Je ne crois pas que nous ayions pas plus de vertu que les Anciens ; mais nous rougissons du vice qu’ils affichaient, nous voulons qu’il se cache… Serait-ce par un rafinement de sybarisme ? […] Je dois seulement dire, que nos Drames actuels sont presque tous, tels que les plus sévères d’entre les Anciens n’y eussent trouvé rien à redire. […] Le premier, probablement, parlait des anciennes Tragédies Grecques, où l’on voit les trahisons, les meurtres, les incestes, les parricides ; des Pièces satyriques d’Aristophane ; des Comédies de Plaute & de Térence, qu’une Française lui abandonne de bon cœur : l’autre n’a sans doute en vue que de conserver à sa bicocque de Genève, dont je me soucie très-peu, son urbanité suisse, le droit de s’ennivrer, l’agrément de médire à son aise, & le plaisir, un peu plus réel pour la jeunesse des deux sexes, de danser quelquefois ensemble. […] Que leur apprend le Tuteur dupé, dont on a laissé l’Auteur s’applaudir tout seul de cultiver ce qu’il nomme l’ancien genre * ?
Qu’on ne cherche point à authoriser ces libertez d’esprit & de parole par l’exemple des Anciens, ou à les combattre par la sainteté de nostre Religion. […] S’il est rien où le changement & la maniere ayent quelque avantage sur nos anciens faiseurs de Balet : c’est sans doute dans la façon que l’on pratique aujourd’huy la diversité de figures. […] De sorte qu’estre Poëte & ne sçavoir pas chanter, c’est n’estre qu’à demy Poëte, où n’estre qu’un Poëte en vers, qu’un pauvre faiseur de rimes, ou qu’un miserable arpenteur des mesures & des cadences soit anciennes, soit modernes, soit Françoises ou Estrangeres. […] un des plus grãds Capitaines de l’ancienne GreceEpaminondas. […] Car il est encore plus hõteux dignorer les anciennes manieres des habits, que les traits anciẽs des visages.
Du moins quand on se contente de copier les imitateurs immédiats de la belle nature : Qu’on suppose pour un moment que le tems nous ait transmis les chefs-d’œuvres de la peinture ancienne, dans toute leur fraîcheur & leur beauté. […] Peinture modernes, épris d’une sotte vénération pour les anciens, n’ayent fait servir leurs pinceaux qu’à copier leurs tableaux.
Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur. […] Vincent Houdry ; les Personnes qui s’appliquent au Sacrè Ministere de la parole y trouveront ce tresor du Pere de famille, dont il est parlé dans l’Evangile, d’où ils pourront tirer des richesses anciennes & nouvelles pour les repandre avec abondance, & avec fruits sur les fideles, en les instruisant pleinement des veritez du salut, & en les portant efficacement à la pratique des vertus necessaires pour acquerir les veritables biens de l’éternité.
De sorte qu’on ne saurait trop s’étonner qu’il se trouve dans notre siècle des Auteurs qui osent s’élever contre une tradition si ancienne, si constante et si uniforme, et qui entreprennent d’affaiblir une doctrine si bien établie, par de petites distinctions aussi faibles que ridicules. […] Pro dilectione, sur quoi la glose dit en parlant des Comédiens, « ces gens-là sont infâmes » ; et elle ajoute, « qu’ils l’étaient déjà par les anciennes Lois des Romains », comme on le voit dans Saint Augustin c.
Il est bon d’avertir le Lecteur que si le nouveau Théâtre va quelques fois puisér des règles chez les Anciens, il se réserve toujours le droit de les entendre à sa fantaisie.
Nous a fait remontrer, qu’il auroit composé un Livre intitulé, l’Idée des Spectacles Anciens & Nouveaux, qu’il desireroit donner au public, s’il nous plaisoit luy en accorder la permission, & iceluy faire imprimer, requerant nos Lettres à ce necessaires : A ces causes, desirant favorablement traiter l’Exposant : Nous luy avons permis & octroyé, permettons & octroyons par ces Presentes, de faire Imprimer le dit Livre par l’un de nos Imprimeurs par nous choisis & reservez, que bon luy semblera, en tel marge, volume & caractere, & autant de fois qu’il voudra, durant le temps de sept années, à commancer du jour qu’il fera achevé d’imprimer ; pendant lequel temps, faisons tres-expresses deffences à tous Imprimeurs, Libraires & autres personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, de l’imprimer ou faire Imprimer, vendre & distribuer en aucun lieu de nostre Royaume, Païs & Terres de nostre obeïssance, sans le consentement dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy : à peine de deux mille livres d’amande, aplicable un tiers à l’Exposant, un tiers à Nous, & l’autre tiers à l’Hôpital General de nostre Ville de Paris, de confiscation des Exemplaires contrefaits, & de tous despens, dommages & interests ; à la charge qu’il en sera mis deux Exemplaires en nostre Bibliotheque, un en celle de nostre Cabinet, de nostre Chasteau du Louvre, & un autre en celle de nostre Amé & Feal, le Sieur Seguier, Chevalier, Chancelier de France, avant que de l’exposer en vente, & que ces Presentes seront registrés sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires & Imprimeurs.
Ceux qui ont voulu faire paraître des saints sur la scène ont été contraints de leur donner un air de fierté incompatible avec l’humilité chrétienne, et de leur mettre dans la bouche des discours plus propres à des héros de l’ancienne Rome qu’à des saints et à des martyrs.
On divise la Comédie en ancienne, moyenne & nouvelle, moins par ses âges, que par les différentes modifications qu’on y observa successivement dans la peinture des mœurs. D’abord on osa mettre sur le Théâtre d’Athènes, des Satyres en action ; c’est-à-dire, des Personnages connus & nommés, dont on imitait les ridicules & les vices : telle fut la Comédie ancienne. […] Quant à l’origine du comique attendrissant, il faut n’avoir jamais lu les Anciens, pour en attribuer l’invention à notre siècle.
Un édit exprès enrégistré dans tous les Parlemens, qui casseroit toutes les anciennes & gothiques diffamations, tous les requisitoires des Gens du Roi, & les arrêts sans nombre qui ont flétri & défendu la comédie, ne vaudroit jamais trois salles royales & plusieurs millions. […] La corruption y est toujours ancienne & toujours nouvelle. […] Veut-on, comme cet ancien Tyran, couper les jambes à tous ceux qui ne sont pas de la longueur de son lit ? […] De Paris aux Antipodes, que fait-on de plus dans l’ancien & le nouveau monde, dans le siecle passé & dans le nôtre ? […] Telle étoit l’histoire des anciens Gaulois, dont les Druides chantoient les exploits, & chez qui ces poësies étoient les monumens, chants sérieux & peu amusans.
Comme les Sujets qui rassemblent toutes ces perfections sont rares, il reconnoît que les grands Sujets de la Tragédie ne se trouvent que dans le petit nombre de ces anciennes Familles, fameuses par leurs malheurs. […] Un tel caractere dont le modele ne se trouve ni chez les Anciens, ni dans la Nature ordinaire, n’a pu être créé que par un homme né très-grand Poëte & très-honnête homme. […] Saverio qu’elle n’est que l’ombre de l’Ancienne, & qu’elle a perdu la moitié de sa vraisemblance, parce que les Poëtes pour remplir cinq Actes, sont obligés de dire bien des choses inutiles : c’est pourquoi il loue beaucoup l’Auteur d’Athalie d’avoir su ramener les Chœurs. […] La Nature n’invite ni les oiseaux ni les hommes à chanter leurs malheurs ; elle leur fait seulement pousser ces exclamations si frequentes dans les chœurs des Anciens, des soupirs, des gémissemens, & pour me servir du terme dont les Prophétes font si souvent usage, des hurlemens. […] Il s’en suit de là, qu’à Athenes même, c’est-à-dire chez un Peuple tout Musicien, notre Opera eût paru un Spectacle ridicule : c’est ce qui m’engage à une Digression d’autant plus nécessaire qu’elle me servira dans la suite, à prouver que la Déclamation Théâtrale des Anciens n’étoit pas un chant.
Chapitre XIDes Spectacles en Italie Le cri ancien du peuple romain, panem et circenses, du pain et des spectacles, se répète encore aujourd’hui dans toute l’Italie.
On jugera par le dénombrement de l’ancien clergé de France, qui va suivre, combien la cour de Rome avait de zélés serviteurs dans le royaume, avant la révolution, et combien l’autorité de nos princes devait être entravée, lorsque le clergé formait et soutenait d’autres prétentions ; puissant par le nombre, puissant par les richesses de ses revenus, et plus puissant encore par l’influence de ses fonctions, le clergé à lui seul pouvait singulièrement contrarier la volonté du prince, lors même qu’elle se dirigeait vers le bien-être de ses sujets ; aujourd’hui à la vérité, tout est diminué dans le clergé, le nombre, les richesses, et même l’influence de l’opinion ; il faut encore ajouter que les lois constitutionnelles rendent au prince et à son gouvernement une suprématie d’autorité, qui n’en reconnaît ou n’en craint pas d’autre dans l’Etat, mais encore ce clergé s’élève actuellement à environ 50.000 individus, qui jouissent de plus de 30.000.000 fr. de revenus, et ces individus pourraient un jour, si on leur permettait de dériver de la ligne tracée par nos lois, chercher à ressaisir une autorité qu’ils n’ont perdue qu’à regret.
Ces compagnies sont, à cet égard, aussi sévères que l’étaient celles des anciens Germains, chez qui, selon Tacite, on ne plaisantait jamais sur les vices. […] « Un nouveau temple s’élève sur les ruines de l’ancien après le retour des Juifs.
La fable de Cupidon, & de Psiché, n’est point de l’ancienne mithologie. […] Musique, danse, beaux habits, belles décorations, orchestre, ballets anciens & nouveaux : rien n’est épargné pour la maîtresse de l’amour. […] Que vous êtes différentes des anciennes Subines, (nous disons des véritables Chrétiennes,) elles avoient plus de soins de cultiver leur champs que d’enluminer leurs joues ; avec leur tein naturellement vif, & haut en couleur, elles coupoient le bois nécessaire à leur feu, elles enfermoient les brebis que leurs filles venoient de garder, & assises sur un escabeau leurs doigts grossiers filoient le reste du jour : Cum matrona premens actum rubicunda sedite, assiduo durum pollice nebat opus. […] Le plus habile coloriste, travaillât-il sur vos joues, comme sur une toile tende sur le chevalet, le coloris ne rendra jamais les vraies couleurs, que l’âge, l’artifice, l’infirmité, la volupté ont ternies ; & plus fragiles que celles d’un tableau, qui le conserve les années entieres, ces couleurs seront ternies dans un instant, & laisseront des tristes traces qui vous défigurent, & mettent au grand jour votre ancienne & votre nouvelle laideur. […] le grand Corneille, le grand Rousseau, le petit Dom-Pelegrin, &c ont exercés leur verve sur ces anciens modeles, des magiciennes du théatre : la peinture, la musique, la danse n’ont eu garde de négliger un si riche fond ; ce n’est, il est vrai, qu’un tissu de forfaits horribles, & assez peu vraissemblables, dans des Princes qu’on n’auroit jamais du représenter ; il n’en sont que plus au goût de la scéne, & des Medées qui les remplissent, qui s’y peignent si naturellement elles-mêmes & leurs Jasons.
Le vénérable Sénat se souvint de l’ancienne affaire, rejeta les corrections & même la piece, & refusa de la jouer. […] Madame d’Acier, jalouse de l’honneur des anciens qu’elle traduisoit, avoir composé une diss riat on sur la comedie de l’Amphitrion, qui venoit de paroître ; elle prétendoit & prouvoit par un parallele suivi de deux pieces, que Moliere n’avoit fait que copier l’Amphitrion de Plaute, ce qui est vrai. […] Une indécence propre au théatre moderne, que n’avoit pas l’ancien, augmente beaucoup le danger. Les anciens ne faisoient jamais jouer les femmes ; ils les tenoient séparées des hommes dans l’imphitéatre ; ils croyoient qu’un sexe consacré à la pudeur ne devoit pas se livrer aux yeux du public. […] Le péché & la vérité qui les condamne sont bien anciens.
S’ il est quelque chose parmi nous qui puisse estre comparée aux triomphes Romains, & remplir en quelque façon les idées qui nous en restent, ce sont sans doute les Entrées que les bonnes Villes font à leurs Souuerains ; la depense, la magnificence, & la foule du peuple & des aclamations r’appellent dans le souvenir, & representent assez fortement ces anciennes & fastueuses Pompes dont on recompensoit les Vertus & les Succez des grands Hommes.
Les anciens prindrent jadis grand soin à ordonner et dresser les Théâtres,Pline liure 36 ch. 15.
de Coëtlosquet, ancien Evêque de Limoges ; M. […] Bornons cette question à ce qui concerne le Peuple ancien. […] J’aime ces sociétés où ces bonnes mœurs de nos anciens Germains sont encore de mode. […] Un Ancien disoit qu’il s’enveloppoit du manteau de sa vertu. […] Quelle vertu les anciens Romains n’exigeoient-ils pas des Juges !
Mais s’il n’en parle point, c’est que le Chœur des Pièces anciennes la suppose absolument. […] Les nouveaux Poèmes du Spectacle moderne contredisent autant la règle dont je parle que les Anciens. […] Les Anciens ni les Modernes n’en ont jamais eu l’idée.
Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes.
Comme les Anciens avaient trois sortes de Pièces, de Comiques, de Tragiques & de Satyriques, ils avaient aussi de trois sortes de Scènes, c’est-à-dire, des Décorations de ces trois différens genres.
Les anciens Pères et les Docteurs modernes se sont tous élevés contre les spectacles, et ont démontré clairement qu’ils sont l’écueil de toutes les vertus et l’école de tous les vices ; mais le relâchement a toujours eu le secret d’éluder les coups qu’on lui a portés, et de se maintenir dans la possession de ces funestes divertissements.
Vaine chimère, ridicule prétexte ; comme si un poison était un antidote, comme si une nouvelle blessure en fermait une ancienne, et ne portait pas à l'âme un coup mortel !
301. conformément aux anciens Règlements, confirmés par celui du 28.
Corneille, ancien Romain parmi les Français, a établi une école de grandeur d’âme, et Molière a fondé celle de la vie civile.
C’est un exercice que je ne méloue point aux jeunes enfants de maisoni ; et ai vu nos Princes s’y adonner depuis en personne, à l’exemple d’aucuns des anciens, honnêtement et louablement.
*** De nos anciens Acteurs la perte inexprimable Se fait sentir encor ; en nous les rappelant, Dans le jeu des nouveaux nous les voyons présents ; Tous, à l’envi, font voir un zèle infatigable.
Les Confrères de la Passion, dont les jeux n’étaient que des exercices de religion, furent soufferts, jusqu’à ce que mêlant le sacré avec le profane, ils méritèrent la même animadversion, et cédèrent enfin leur hôtel à une nouvelle troupe qui s’éleva au commencement du dernier siècle, et fit disparaître l’ancien théâtre, et après bien des révolutions, des séparations, des réunions avec d’autres troupes, a pris enfin l’état fixe où nous la voyons aujourd’hui. […] La nouvelle troupe, instruite par les malheurs des anciennes, vivant sous des Rois plus respectés et dans un siècle plus poli, ne se mêle plus des affaires publiques, et a banni la grossière obscénité. […] Il fut aussitôt mandé, il entra avec plusieurs anciens Avocats, et dit à la Cour. […] Omer Joli de Fleury, Avocat du Roi, a dit que l’exposé qui venait d’être fait à la Cour du livre en question, ne justifie que trop la sensation que la distribution avait faite dans le public ; que les Gens du Roi se seraient empressés de le déférer, il y a plusieurs jours, s’ils n’avaient été instruits des mesures que prenaient à ce sujet ceux qui se dévouent sous les yeux de la Cour à la profession du Barreau ; que leur délicatesse, leur attachement aux maximes saintes de la religion et aux lois de l’état, ne leur avaient pas permis de garder le silence ; et que dans les sentiments qu’ils venaient d’exprimer, on reconnaissait cette pureté, cette tradition d’honneur et de principes qui distingue singulièrement le premier Barreau du royaume ; que les Gens du Roi n’hésitaient pas de requérir que le vœu unanime des Avocats sur la personne de l’Auteur, qu’ils rejettent de leur corps, fût confirmé par le sceau de la Cour, et que le livre fût flétri, lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice au pied du grand escalier du Palais ; qu’il fût fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs, et autres, de l’imprimer, vendre et distribuer, à peine de punition exemplaire ; que ledit François-Charles Huerne de la Mothe fût et demeurât rayé du tableau des Avocats, qui est au Greffe de la Cour, en date du 9 mai dernier ; et que l’arrêt qui interviendrait sur les présentes conclusions, fût imprimé, lu, publié et affiché partout où besoin sera. » Les Gens du Roi retirés, la matière mise en délibération, la Cour rendit un arrêt entièrement conforme à leurs conclusions ; après quoi le Bâtonnier étant rentré avec les anciens Avocats, M. le premier Président leur fit entendre la lecture de l’arrêt, et leur dit, qu’« ils trouveraient toujours la Cour disposée à concourir avec eux pour appuyer de son autorité le zèle dont ils étaient animés pour tout ce qui intéresse l’ordre public et la discipline du barreau. » Nous n’avons rien à ajouter à un arrêt si sage ; il confirme tout ce que nous disons dans cet ouvrage, nous n’en avons même jamais tant dit.
Tous les recueils des lois civiles, aussi bien que des lois canoniques, le digeste, le code, les nouvelles, le code Théodosien, le décret, les décrétales, le sexte, les anciens canons, tout s’élève contre les spectacles. […] Les apologistes du théâtre peuvent-ils dire que l’ancienne comédie était plus licencieuse que la nôtre ? […] La nouvelle comédie ne recueillit que ce qui fit détruire l’ancienne ; toute sa ressemblance avec elle ne consiste que dans l’imitation de ses défauts. […] 3.° Les Comédiens Italiens ont des lettres patentes fort anciennes, cela est vrai ; mais je doute que les Comédiens Français veuillent faire avec eux cause commune.
Il ne pouvoit manquer de parler du Théatre, c’est l’idole des nouveaux Philosophes, en cela bien différens des anciens, qui le condamnoient hautement. […] Cet espece de mécanisme est commun en Languedoc & en Provence, pays des anciens Troubadours, qui la plûpart n’avoient d’autre verve. […] Des tirades perpétuelles, de vilains propos des hâles, entremêlés de quelques mots latins, des noms des Dieux de la Fable, & de quelque ancien Empereur, composent toutes ces scenes. […] C’est à peuprès la description que donnent Bullinger, Justelipse, & tous les antiquaires des anciens Théatres. […] La partie supérieure de la scene est aussi remplie de gros charbons : c’étoient des pieces de bois & des machines à peu près comme à l’Opéra ; car les anciens avoient aussi leurs vols, leurs enchantemens, comme nous.
J’allai dans une petite Ville de Province prendre les premiers errements de la Finance, chez un ancien ami de mon Pere. […] Rousseau a dit dans sa Lettre4 à Mr. d’Alembert l’image du vice les choquait moins (les Anciens) que celle de la pudeur offensée. […] qu’est ce que c’est que l’image du vice à découvert qui ne choque point la pudeur des Anciens ? […] Rousseau a eu tort lui, de mettre un si mauvais goût sur le compte des Anciens, puisque les Adelphes et l’Adrienne de Térence sont l’une et l’autre exemptes de tout reproche d’impureté. […] [NDE] Le Glorieux, pièce écrite par Philippe Néricault Destouches (1680 - 1754), parle du conflit entre l’ancienne noblesse et la bourgeoisie montante.
C’est en quoi consiste l’avantage qu’on lui donne sur tous les Comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, & sur ceux même de la Grece : de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de Mr. le Cardinal de Richelieu, qui avoit dessein de purifier la Comédie, & de ne faire faire sur le Théâtre que des leçons de Vertus Morales, comme on veut nous le persuader, nous n’aurions peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses Ouvrages. […] Les Anciens Poëtes, dit le Pere Rapin1, n’ont que des valets pour les plaisans de leur Théâtre ; & les plaisans du Théâtre de Moliere sont les Marquis & les gens de qualité : les autres n’ont joué dans la Comédie que la vie bourgeoise & commune ; & Moliere a joué tout Paris & la Cour.
» Je le dis hautement, le Théâtre est perdu ; les Comédiens ne veulent point faire de frais de mémoire, ils s’en tiennent à leur ancien fonds, & se contentent d’avoir douze mille livres de rente chacun. […] « Si une fois les Troupes de Province se forment, & que les procédés de celle de Paris continuent de révolter les Gens de Lettres, on ne voit pas pourquoi ceux-ci ne rameneroient pas la méthode ancienne de faire jouer leurs Piéces sur les Théâtres des grandes Villes ; ils y seroient jugés plus équitablement peut-être qu’à Paris.
Il dit que dans une ville d’Espagne extrêmement déreglée, une partie du Sexe, laquelle s’était préservée de cette corruption, ramena l’autre à la régularité de leurs devoirs : Et puis toutes ensemble conspirèrent si hautement contre ce qu’il y avait d’hommes libertins, qui n’étaient point reçus dans leurs sociétés, qu’en peu de temps on y vit refleurir l’ancienne honnêteté des mœurs, sans perdre la douceur de la joie. […] Ancien soldat invalide, pris en charge par une abbaye ou un prieuré.
On remarque plusieurs anciens usages très condamnables, dont on n’a pourtant pu faire revenir le monde qu’après les avoir condamné durant fort longtemps. […] » Saint Clément d’Alexandrie10 persuadé que l’amour se glisse dans le cœur par les yeux, parle avec force contre cet abus : Il reproche aux Chrétiens de quitter toute pudeur avec leurs habits, et de l’ensevelir dans les bains ; plus immodestes que les anciens Athlètes, qui du moins gardaient quelques bienséances.
C’est en partie dans leur lecture que les anciens Pères se sont formés. […] Vous n’avez pas considéré que ni M. d’Urfé, ni Corneille, ni Gomberville votre ancien ami n’étaient point responsables de la conduite de Desmarets.
Et confessez que la comedie qui a été substituée aux anciens spectacles des Payens, étant un reste d’idolatrie, on fait en quelque maniere autant d’honneur au diable & de deshonneur à la religion, en l’approuvant par leur presence, qu’en brûlant un grain d’encens au pied d’une idole, ou qu’en assistant aux sacrifices des Gentils. […] D’où j’infere que la comedie étant si infame dans son autheur & dans son origine, un Chrétien ne fait pas un moindre crime d’y assister, que celuy qu’il commetroit en assistant aux fêtes des Bacanalles, & des Orgies des anciens, où allant au Sabat avec les Sorciers, puisque le demon étant l’autheur & l’instituteur des uns & des autres, il y reçoit un pareil honneur de tous les assistans. […] , sçachez que sa haine est encore plus ancienne contre moy. […] Et que fait-on autre chose dans la comedie, sinon de renouveller les anciennes pompes qui étoient instituées en l’honneur des faux Dieux, puisque comme je l’ay déjà remarqué, on ne voit representer sur le theatre que les histoires de ces fabuleuses divinités. […] Ces Heretiques qui étoient les sectateurs des anciens Nicolaïtes, & qui étoient si dereglés & si voluptueux, qu’ils auroient mieux aimés renoncer à la vie, qu’au plaisirs, soûtenoient qu’il n’y avoit rien de mauvais dans tous les spectacles des Gentils qui put offencer la Religion chrétienne ; & voicy la raison qu’ils en donnoient, au rapport de Tertullien.
est-ce dans l’Ecriture ancienne, ou dans la nouvelle ? […] si les anciens Apologistes de la Religion revivoient parmi nous, que diroient-ils ? […] Vous aimez le péril ; malheureux, vous y périrez : l’oracle est ancien, confirmé mille fois par une triste expérience, & cependant personne n’en convient. […] Samson, le Philistin va te saisir : tu as brisé déja trois fois ses chaînes, tu compte sur ton ancienne force ; & c’est ta sécurité présomptueuse qui va te perdre. […] Pour se justifier on oppose la différence des anciens avec les nouveaux spectacles.
C’était l’ancien Théâtre qui commençait à choquer ce goût parce que, dans un siècle devenu plus poli, le Théâtre gardait sa première grossièreté. […] Les anciens parlaient de l’humanité en phrases moins apprêtées ; mais ils savaient mieux l’exercer. […] Voilà la philosophie moderne et les mœurs anciennes. […] Cet usage est ancien parmi nous, quoique son nom ne le soit pas. […] Si l’on compare la force des hommes anciens à celle des hommes d’aujourd’hui, on n’y trouve aucune espèce d’égalité.
D’où il conclut dans le quatrième Chapitre, Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des Anciens Pères de l’Eglise. […] Que les spectacles des anciens ont fait partie de la Religion Païenne. […] Que les anciens Pères de l’Eglise défendirent aux Chrétiens d’assister aux Jeux du Théâtre, parce que c’était participer à l’Idolâtrie. […] Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l’Eglise. […] « Que les anciens Pères de l’Eglise, entre lesquels il allègue S.
On a changé les noms des Acteurs, quelques vers où les anciens noms faisoient la rime, le temps & le lieu de la scène ; & Amélie ou le Duc de Foix a été bien accueilli. […] On a souvent besoin de ces anciens titres ; mais il est fort difficile de les avoir. […] Carte a pris la peine de les éclaircir & de les abréger ; il a rangé ces différentes tables par ordre alphabétique, des noms des lieux & des personnes, & a mis les noms modernes à côté des anciens noms, avec les dates, & l’indication du rôle où l’acte se trouve. […] Il fit plus, il servit si bien son nouveau maître, qu’il fut comblé de bienfaits & fart Gouverneur, à la place de l’ancien, qui, plus fidelle à son Roi, se retira. […] leurs anciens habits font un contraste risible avec leur état présent.
La comparaison qu’il fera de la piéce nouvelle, rendra à l’ancien théatre tous les agrémens de la nouveauté.
Il faudrait insérer ici une partie des décrets des Conciles tenus en France après le Concile de Trente, Si je voulais rapporter tout ce qui regarde la condamnation du Théâtre, et des spectacles, dans les jours que l'Eglise ordonne de sanctifier, sans parler des anciens Canons, ni des décisions des Pères.
Ceux qui voudraient tirer avantage de ce silence, n’auraient encore qu’à autoriser les gladiateurs et toutes les autres horreurs des anciens spectacles, dont l’Ecriture ne parle non plus que des comédies.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.
Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes.
Le Président Henault ne s’est pas brisé à cet écueil, sa plume fut sage ; mais après 50 ans de magistrature, est-ce bien ménager l’édification publique & sa propre gloire de rajeunir toutes ses anciennes frivolités. […] Ce seroit le moyen de faire apprendre & retenir l’histoire en s’amusant : c’étoit le goût des anciens maîtres. […] Le Président Henault n’a fait qu’appliquer ces idées à l’histoire de France, dont il est plein : on a eu tort dans les Journaux qui ont fait très-justement son éloge, de donner ses ouvrages pour tout-à-fait neufs, le fond de l’idée est ancien & commun. […] M. l’Abbé Le Monier vient de donner la traduction des satires de Perse, & les comédies de Térence ; dans le premier se trouve un portrait ingénieux & très-ressemblant de nos petits-maîtres, amateurs de la comédie, incapables d’entendre les vers obscurs, serrés & pressants de cet ancien satyrique. […] Ces réflexions sont bien anciennes.
S’ils veulent peindre le sublime amour de la liberté, c’est dans les républiques anciennes, chez les Grecs et chez les Romains qu’ils doivent puiser leur sujet ; et s’ils veulent exposer toutes les injustices et les atrocités d’un gouvernement despotique, ils ne peuvent guère offrir au spectateur que des Musulmans. […] On avoit lieu de croire que les comédiens, devenus citoyens actifs, électeurs et éligibles, élevés pour la plupart aux grandes militaires dans les bataillons de leurs districts, et ayant coopéré eux-mêmes par leur constance, leur assiduité, leur zele et leur courage à la révolution, qui nous a rendus libres, ne prétendroient pas jouir des bienfaits de la nouvelle constitution, et conserver les priviléges exclusifs, qui leur ont été accordés sous l’ancien régime. […] La connoissance de la hiérarchie dramatique étoit véritablement une science difficile à acquérir, et l’on ne sauroit trop admirer le génie fécond du ministre de Paris, pour trouver le moyen d’accorder de nouveaux priviléges sans enfreizidre les anciens. […] Quand on songe au peu de soin que les acteurs mettent souvent aux anciens ouvrages, aux moyens qu’ils emploient pour faire tomber, dans les regles, les pieces des auteurs vivans, afin d’en devenir propriétaires, et qu’on les voit prétendre être les héritiers des auteurs, on a envie de s’écrier comme Rhadamiste : Qui, vous, seigneurs, qui seuls causâtes leur ruine ; Ah ! […] Je ne citerai ni l’ancienne comédie, où l’on nommoît les personnages, ni la moyenne, dans laquelle on se servoit de masques ressemblans aux personnes que l’on vouloit désigner, mais la moderne, qui étoit la plus épurée.
Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Augustin ; un peu de douceur doit servir au vice comme un appât pour en amoindrir le cours dit Philon le Juif ; qu’il voie avec quelle méthode, les anciens Docteurs ont converti les Pélagiens, les Donatistes, les Ariens et Albigeois, et autres qui s’adonnaient au vice, S. […] Je le conjure en finissant cette lettre, de se servir en tous ses discours des armes de la Déesse Adrastie, que les anciens figuraient un mors dans la main, enseignant par cette figure emblématique, qu’il est nécessaire que les Détracteurs donnent un frein à leur langue, quand ils se jettent trop avant dans l’excès de la médisance : Cette bonne Déesse dit Artémidore, fut adorée par les Egyptiens, comme étant celle qui prenait la défense des Innocents, pour les venger de la persécution des Calomniateurs.
Mais enfin, dit-on, les Peres n’ont éclaté avec tant de force contre l’ancienne Comédie qu’à cause de l’idolâtrie & de l’obscénité qui régnoit alors sur son Théâtre : or entre ces Spectacles & les nôtres, il y a autant d’opposition qu’entre le jour & la nuit. […] Ensuite il prouve que la plupart des anciens anathêmes lancés contre la Comédie, portent sur des raisons communes & transcendantes, qui sont que toute Comédie est une occasion de chûte & une école de libertinage, & il soutient avec Lactance que l’élégance & la politesse qui régne aujourd’hui sur les Théâtres, ne fait que rendre plus aigus & plus pénétrans les traits qu’on y enfonce dans l’ame des spectateurs.
Mais enfin, dit-on, les Peres n’ont éclaté avec tant de force contre l’ancienne Comédie qu’à cause de l’idolâtrie & de l’obscénité qui régnoit alors sur son Théâtre : or entre ces Spectacles & les nôtres, il y a autant d’opposition qu’entre le jour & la nuit. […] Ensuite il prouve que la plupart des anciens anathêmes lancés contre la Comédie, portent sur des raisons communes & transcendantes, qui sont que toute Comédie est une occasion de chûte & une école de libertinage, & il soutient avec Lactance que l’élégance & la politesse qui régne aujourd’hui sur les Théâtres, ne fait que rendre plus aigus & plus pénétrans les traits qu’on y enfonce dans l’ame de spectateurs.
Ce premier Tragique avait pour ainsi dire raproché les passions des Anciens, des usages de sa Nation ; Racine, plus naturel, mit au jour des Pièces toutes Françaises : guidé par cet instinct national qui avait fait applaudir les Romances, la Cour-d’Amour, les Carrousels, les Tournois en l’honneur des Dames, les Galanteries respectueuses de nos Pères, il donna des Tableaux délicats de la vérité de la passion qu’il crut la plus puissante sur l’âme des Spectateurs pour lesquels il écrivait. […] [Il est aisé de conclure, que les seuls rivaux des Français dans la Tragédie, sont les Anglais ; que dans la Comédie, ces derniers ne sont encore que les imitateurs des premiers, & que ceux-ci surpassent en même-temps leurs Contemporains & les Anciens].
Si je faisais une longue Dissertation, j’aurais ramassé toutes les maximes de l’Ancien et du Nouveau Testament, par lesquelles le Saint Esprit nous a donné des armes pour combattre la Comédie. […] » Par là l’on voit que cet ancien Père condamne les Spectacles, à cause de la volupté, qui est un motif différent de l’Idolâtrie.
Les Magistrats municipaux d’alors, ne penserent pas que le spectacle, le soin d’en préparer & d’en orner la Scène, étoient une de leurs principales fonctions chez les Anciens.
Cependant elle est nécessaire, & sans elle nous reverrions les horreurs de l’abandonnement & de l’exposition d’enfans, qui ont deshonoré les anciennes législations.
Dans le premier, l’Auteur donne des preuves de son érudition dans les Poésies anciennes.
Car il semble en effet que les Poètes modernes recourent à la saleté, comme quelques-uns des anciens recouraient aux Machines, afin de relever par là leur imagination froide et languissante. […] Dryden, cette ancienne pratique serait aujourd’hui bien nécessaire pour le Théâtre. […] » Les anciens Romains exigeaient des égards infinis dans la conversation d’un étranger avec leurs femmes ; de crainte qu’il n’en scandalisât la pudeur. […] Remarquons encore, que les Comiques anciens n’avaient point de sales chansons ;L’Amour Désintéressé. […] Les plus célèbres Philosophes, les meilleurs Poètes, les plus judicieux Critiques, les Orateurs tant Grecs que Latins, tant anciens que modernes me donnent gain de cause sur lui.
qu’on ne dise point ici que les Spectacles anciens étoient bien différens des nôtres ; Que ceux-ci sont aussi humains & décens, que ceux-là étoient cruels & sanguinaires.
La raison prétendue par laquelle on veut justifier la Comédie d’aujourd’hui, savait qu’elle est épurée de toutes les ordures et de toute l’idolâtrie, qu’y mélaient les anciens, est une raison si faible, qu’elle n’est pas digne du moindre petit Ecolier de Théologie, ni d’un homme tant soit peu versé dans la connaissance de la Morale de Jésus-Christ, et dans celle du cœur de l’homme.
b Vous me semblez bien docte en cette matière, j’aimerais mieux entendre votre sentiment que celui des anciens.
On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.
Qu’on en juge par les reproches que le Prophete Amos faisoit à cette occasion aux anciens Israélites, trouvant fort mauvais qu’ils se plongeassent dans le luxe, et dans la débauche, et ne fussent pas malades de la froissure de Joseph : Amos.
[NDE] Ancien jeu de loterie.
Je veux donc icy, sans cependant passer pour prévaricateur d’une si bonne cause, vous avoüer de bonne foy, que ces spectacles, dont je pretends vous détourner, ne sont pas, à beaucoup prés, si criminels que ceux des Anciens, contre lesquels presque tous les Peres de l’Eglise, & entre-autres Tertulien, S. […] C’est pourquoy je n’attaqueray point des vices imaginaires, & si je me sers des paroles & des expressions des saints Peres, pour condamner les spectacles d’aujourd’huy, tels qu’ils sont, ce ne sera que dans ce qu’ils ont de commun avec ceux des Anciens. […] Non, me direz-vous, car la précaution que vous avez prise, vous ôte tout sujet de croire, que ce soit une occasion prochaine, ou bien un danger évident ; puisque ces spectacles sont tout autres que ceux des Anciens ; qu’on ne peut souffrir qu’on y represente le vice avec cette impudence, qui faisoit rougir alors les personnes qui avoient quelque teste de pudeur ; que dans les comedies mêmes les plus boufonnes, ou les plus enjoüées, on n’y peut supporter les paroles libres & équivoques ; que l’effronterie & l’immodestie ne se souffrent point dans les bals & dans les assemblées, & quoyque ces assemblées soient composées de personnes de different sexe, il est rare qu’on y voye rien qui soit ouvertement contre la bienseance ; & pour ce qui est des comedies, contre lesquelles les personnes zelées se déclarent le plus hautement, ne donne-t-on pas cette loüange à nôtre siecle, d’avoir purgé le Theâtre, de tout ce qui pourroit soüiller l’imagination, soit dans les paroles, soit dans les actions, soit même dans les sujets que l’on accommode au goût & aux mœurs de ce temps ? […] Manger des viandes, quoyqu’elles ayent été sacrifiées aux fausses divinitez, est du nombre de ces choses qu’on appelle indifferentes, & je ne vous conseille pas de vous informer scrupuleusement, si celles que vous achetez pour vôtre usage, sont soüillées par cette profanation, ni de vous en abstenir pour cela ; cependant si cela est capable de scandaliser vôtre frere, qui est plus foible que vous, s’il prend occasion de-là, de retourner à son ancienne idolâtrie, il faut absolument vous en abstenir ; parce que cette circonstance en rend l’usage criminel, & il n’est pas juste de perdre l’ame de vôtre frere, que le Sauveur a rachetée au prix de son Sang, pour la nourriture de vôtre corps, ou pour vôtre plaisir.
C’est un tissu d’images fort sales, sur lesquelles, à la faveur d’une gaze légere, on tient l’imagination toujours attachée, mêlé de guerres philosophiques, très-ridicules, entre des Professeurs de Dialectique, qui se battent, comme les anciens Preux dans les tournois. […] L’acteur de son côté, dévient Prêtre ; Réligieux, Abbé, passe sa vie dans des couvens, & ne trouve par tout que de débauchés ; il en est, dit-on, le censeur, & il n’entretient pas moins un commerce de lettres, où il se détaillent, l’un à l’autre, leurs anciens désordres, avec une licence dont une danseuse de l’opéra rougiroit. […] Les vices, les ridicules, les foiblesses des Grands & des Petits, la malignité du public, sont aussi anciennes que le monde, & aussi générales. […] Le Missel & les Livres de chant ne furent faits que dix ans après le Breviaire ; ainsi on disoit la Messe Romaine, & l’Office cadurcien ; on chantoit tous les Pseaumes à l’ancienne mode, & on psalmodioit les hymnes, les antiennes, les répons.
Je veux donc ici, sans cependant passer pour prévaricateur d’une si bonne cause, vous avoüer de bonne foi, que ces spectacles, dont je pretends vous détourner, ne sont pas, à beaucoup prés, si criminels que ceux des Anciens, contre lesquels presque tous les Peres de l’Eglise, & entre-autre Tertulien, S. […] C’est pourquoi je n’attaquerai point des vices imaginaires, & si je me sers des paroles & des expressions des Saints Peres, pour condamner les spectacles d’aujourd’hui, tels qu’ils sont, ce ne sera que dans ce qu’ils ont de commun avec ceux des Anciens. […] Non, me direz-vous, car la précaution que vous avez prise, vous ôte tout sujet de croire, que ce soit une occasion prochaine, ou bien un danger évident ; puisque ces spectacles sont tout autres que ceux des Anciens ; qu’on ne peut souffrir qu’on y represente le vice avec cette impudence, qui faisoit rougir alors les personnes qui avoient quelque reste de pudeur ; que dans les comedies mêmes les plus boufonnes, ou les plus enjoüées, on n’y peut supporter les paroles libres & équivoques ; que l’effronterie & l’immodestie ne se souffrent pas dans les bals & dans les assemblêes, & quoyque ces assemblées soient composées de personnes de different sexe, il est rare qu’on y voye rien qui soit ouvertement contre la bienseance ; & pour ce qui est des comedies, contre lesquelles les personnes zelées se déclarent le plus hautement, ne donne-t-on pas cette loüange à nôtre siecle, d’avoir purgé le Theâtre, de tout ce qui pourroit soüiller l’imagination, soit dans les paroles, soit dans les actions, soit même dans les sujets que l’on accommode au goût & aux mœurs de ce tems ? […] Voicy la dêcision de ce grand Apôtre : Manger des viandes, quoyqu’elles ayent été sacrifiées aux fausses divinitez, est du nombre de ces choses qu’on appelle indifferentes, & je ne vous conseille pas de vous informer scrupuleusement, si celles que vous achetez pour vôtre usage, sont soüillées par cette profanation, ni de vous en abstenir pour cela ; cependant si cela est capable de scandaliser vôtre frere, qui est plus foible que vous, s’il prend occasion de-là, de retourner à son ancienne idolâtrie, il faut absolument vous en abstenir ; parce que cette circonstance en rend l’usage criminel, & il n’est pas juste de perdre l’ame de vôtre frere, que le Sauveur a rachetée au prix de son Sang, pour la nourriture de vôtre corps, ou pour vôtre plaisir.
Le piéces des anciens sont, à notre égard, comme des ouvrages modernes, qui ne se jouent point ; qu’on suppose à ceux-ci les beautés de celles-là, on en fera le même cas. […] Enfin, insistera-t-on, si le comédien représente l’ouvrage du Poête, celui-ci ne retrace dans son Poëme qu’une action passée, qu’il tire de l’Histoire, ou même d’anciens auteurs qui l’ont traitée avant lui.
Les anciens philosophes, qui nous ont soutenu que la vertu avait d’elle-même assez de charmes pour n’avoir pas besoin de partisans qui découvrissent sa beauté par une éloquence étudiée, changeraient sans doute de sentiment s’ils pouvaient voir combien les hommes d’aujourd’hui l’ont défigurée sous prétexte de l’embellira. […] Notre auteur trouve que la morale en aurait été bien plus belle et les sentiments plus chrétiens, si ce jeune éventé se fût retiré de ses débauches et qu’il eût été touché de ce que Dieu lui disait par la bouche de son père ; et si on lui montre qu’il est de l’essence de la pièce que le foudre écrase quelqu’un, et que par conséquent il nous faut supposer un homme d’une vie déréglée et qui soit toujours insensible aux bons mouvements, lui dont les soins ne butent qu’àb la conversion universelle nous répliquera sans doute que l’exemple n’en aurait été que plus touchant si, malgré cet amendement de vie, il n’avait pas laissé de recevoir le châtiment de ses anciennes impudicités.
Enfin je n'ai vu dans les Anciens que les Acteurs des Jeux Scéniques, les Histrions, les Mimes, et l'art de Bouffonner condamnés d'infamie, et jamais la Comédie ni la Tragédie, ni les noms de Comédiens et de Tragédiens n'ont souffert ce reproche, si ma mémoire ne me trompe, ou qu'une lecture précipitée ne m'en ait ôté la connaissance. […] Aussi quand les Conciles et les Pères de l'Eglise ont allégué cette infamie du Théâtre ancien, ils en ont toujours parlé suivant cette doctrine.
Je me suis un peu plus étendu sur ce sujet que je ne pensais parce qu’il serait à désirer que l’Ancien usage de la Comédie et Tragédie qui était autrefois si célèbre étant repurgéc de tant de défauts et d’impuretés fût remis en son lustre pour le contentement et l’utilité publique. […] Et d’effet la Reine la prit par la main et la fit entrer dans le Palais la baillant en garde à une des anciennes Dames, et dit-on qu'elle la mettra Religieuse en l’un de ces Monastères où elle peut aller de son palais à couvert par des Corridors.
Maintenir l’ancienne discipline. Mais cette ancienne discipline quelle est-elle ?
Ainsi méprisait-on autrefois les salutaires avertissements, et la morale des plus saints Patriarches de l’ancienne loi. […] [NDE] Nom historique et biblique d'une région montagneuse du Proche-Orient ayant constitué l'ancien Royaume d'Israël .
… Mais continuons : Moïse le plus grand, le plus respectable de nos patriarches, le législateur des Israélites, le prophète qui nous a transmis les livres de la loi, l’Ancien Testament, Moïse que nous caractérisons dans notre propre religion par le titre de serviteur du Seigneur, Moïse qui est rangé au nombre de nos propres saints, dont le culte est marqué sur la montagne de Nébo, et dont l’Eglise romaine fait la mémoire, le jour même de la transfiguration de N.S. […] A la suite des saintes de la loi nouvelle, on voit paraître celles de l’Ancien Testament, représentées par plusieurs matrones, qui joignent à un air grave et respectable la fraîcheur et les agréments de la jeunesse. […] Il y avait même certaines églises où les évêques et les archevêques jouaient aux dés, à la paume, à la boule et aux autres jeux ; dansaient et sautaient avec leur clergé, dans les monastères, dans les maisons épiscopales, et où ce divertissement s’appelait la liberté de décembre, à l’imitation des anciennes saturnales. […] A Sens, la fête des fous était célébrée avec la plus grande solennité ; on en trouve tous les détails dans le diptyque (ancien registre des églises) qui est conservé dans la bibliothèque de cette ville, et dont M. […] Il y avait aussi une troupe d’ecclésiastiques grotesquement habillés, qui jouaient les prophètes de l’Ancien Testament, tels que Moïse, Aaron, Daniel, etc. ; venait ensuite Balaam monté sur son ânesse, qui s’efforçait à coups d’éperons de la faire avancer, mais un ecclésiastique glissé sous le ventre de l’ânesse disait pour elle à Balaam : Pourquoi me déchirez-vous ainsi avec l’éperon ?
Les apologistes du spectacle, qui ont voulu mettre quelques différences entre l’ancienne & la nouvelle comédie, à raison de l’ancienne grossiéreté du langage, n’en ont jamais mis, ni pu mettre sur la peinture, qui fut toujours semblable, puisqu’on n’y a jamais représenté que les mêmes choses. […] Cette vertu aussi ancienne que le monde, est de toutes les réligions. […] Le fameux Législateur Licurgue vouloit que pour disposer de bonne heure au mariage & s’aguerrir contre les traits d’un amour volage & d’une volupté insatiable, les deux sexes depuis l’enfance jusqu’à leur établissement, dansassent, jouassent à la lute ; & fissent ensemble tous leurs exercices : ainsi Mitridate se nourrissoit de poison, pour n’être pas empoisonné : on dit que le sage Socrate menoit le jeune Alcibiade chez l’enchanteresse Aspazie, pour prévenir des plus grands excès ; & nos modernes Socrates à l’exemple de l’ancien philosophe vont, & menent leurs éleves au théâtre, pour les lier avec les nouvelles Aspazies. […] C’est le Costume & la simplicité des anciens tems.
C’est un inconvénient inévitable à toutes les histoires, anciennes ou modernes, un peu véridiques, & toute histoire doit l’être.
On a lieu d’être surpris qu’on n’ait point encore rassemblé dans un même ouvrage tout ce qui concerne les différens genres des pièces Théâtrales tant anciennes que modernes, & les diversités que le goût & les usages des Peuples y repandent.
Ainsi de quelque côté qu’on envisage, en suivant l’allégorie de votre Ballet, cette prétendue translation de Lavaur à Aix, on n’y trouve que des défauts essentiels pour lesquels, selon l’ancienne discipline de l’Eglise, 14 votre Héros n’aurait pas du seulement être renvoyé avec confusion à son Epouse qu’il a quittée sans raison, mais même en être privé comme s’en étant rendu indigne par l’ambition qu’il a eue, selon vous, pour une plus riche et plus considérable.
Ils ne pardonneront jamais à cet auteur, d’avoir fait un chef-d’œuvre qui offense si vivement les tartufes anciens et modernes.
Contens de remercier Dieu de leurs victoires, & d’en recueillir les fruits pour le bien de leurs Etats, les Princes chrétiens n’ont jamais été dans l’usage d’étaler l’orgueil & le faste, & d’insulter leurs ennemis vaincus, surtout les Rois leurs confreres, par des pompeux triomphes, comme les anciens Romains-Pierre ne connoissoit pas cette modération, & n’étoit pas fait pour cette sorte de grandeur. […] Au reste , ajoute-t-il, les Luthériens ne sont pas prédestinateurs comme les Calvinistes dont ils ont horreur : mais on vous pardonne aisément cette faute ; vous avez plus étudié l’ancienne Mythologie que les Systêmes théologiques.
Les Tragédies Grecques me font faire une observation ; les Anciens ont établi l’ambition pour motif de l’action tragique, et quelquefois la passion d’amour aussi, dans le dessein de la rendre instructive, comme j’ai dit. […] Les Modernes ont suivi les Anciens : comme eux, ils ont fait l’ambition et l’amour la base de la Tragédie ; avec cette différence néanmoins, qu’ils n’ont pû altérer ni dégrader l’ambition, parce que cette passion est toujours constamment la même, au lieu qu’ils ont avili l’amour : ne le traitant jamais en grand, mais dans la fadeur et dans le faible dont cette passion est susceptible.
Il est certain que c’est à tort qu’on prétend justifier les Comédies de ce temps par l’exemple des anciennes, rien n’étant si dissemblable qu’elles le sont. […] Hédelin qu’on en croit l’Auteur, s’applique à faire voir que les Spectacles des anciens ont fait une partie de la Religion Païenne, et que la représentation des Comédies et des Tragédies était un Acte de Religion. Il veut prouver ensuite que la représentation des Poèmes dramatiques ne peut être défendue par les raisons des anciens Pères de l’Eglise, et il apporte pour autoriser sa proposition, les jeux du Cirque que le grand Constantin et le grand Théodose firent faire pour le divertissement du peuple : mais on verra dans la Section suivante la réponse de saint Ambroise.
Que les Poètes de notre Opéra se ressouvienne de l’ancien proverbe, qui trop embrasse mal étreint.
Les Anciens ont esté exacts à cette Methode, & l’ont observée comme la chose la plus importante pour la Discipline, & la plus necessaire pour le succez.
Ils ne font pas attention que tous ces anciens conciles n’avaient en vue que d’excommunier les histrions, les jongleurs et autres gens obscènes qui se donnaient alors en spectacle au public.
Je suis sûr que dans toute l’Europe, parmi les Pièces soit anciennes soit modernes, on en trouverait peu qui méritassent l’approbation de ces deux Saints Docteurs.
Si les Anciens ont poussé l’attention, sur cet article, jusqu’à défendre de réciter aux enfants des fables et des contes, qui renfermassent la moindre idée capable de les corrompre : s’ils ne ne permettaient pas même de les amuser par des allégories ; c’est qu’ils sentaient que les premières impressions, qui se font dans l’esprit des enfants, ne s’effacent jamais ; et que, dans un âge tendre, ils n’ont pas encore assez de pénétration pour distinguer l’allégorie de la vérité.
Une foule d’Ecrivains tant anciens que modernes donnent des notions certaines de la faiblesse des Poèmes dramatiques dans leur origine chez les différentes nations ; et par l’examen de ces Poèmes, qui, pour la plupart sont encore entre nos mains, nous sommes nous mêmes en état de juger de la lenteur des progrès qu’ont fait les Poètes avant que d’arriver au point de perfection où se trouve les Tragédies de Sophocle et d’Euripide.
Bossuet, le cri de l’ancienne foi qui réprouvoit la nouveauté prophane. […] C’est-à-peu-près la scène du Médecin malgré lui, qui cita Aristote dans le chapitre des chapeaux, & il répete d’après Moliere, qu’il n’en sçavoit guère plus que lui, la distinction blamable & trés-fausse, entre l’ancienne & la nouvelle comédie, qui ne différent entre elles que comme deux courtisannes, l’une grossiere, sans éducation, l’autre polie, qui sauve quelque apparence ; mais comme cette rétractation, n’étoit pas loyale & sincere : il répand bien de sarcasmes, en mauvais vers, & en mauvaise prose, contre ceux qui blament la comédie, qu’il appelle des Tartuffes, lesquels prêchoient la pauvreté avec 20000 livres de rente. […] Tous les anciens casuistes qu’on pourroit regarder comme relâchés sur l’article du spectacle, n’ont fait & ne pouvoient faire autre chose ; leur indulgence prétendue n’a aucune application au vrai théâtre dont on n’avoit aucune idée, ni aucun modele. […] Il est vrai qu’il chanta la Palinodie, & se réconcilia, & depuis vécut toujours bien avec ses anciens maîtres, par la médiation de Boileau, dans les œuvres duquel on a imprimé ses fameuses lettres, aussi malignes qu’ingénieuses.
Auguste, qui ménageoit le peuple, lui laissa cette ombre sans consequence de son ancienne liberté. […] Bien de tragédies offensent d’anciens Princes étrangers, aucun Ambassadeur ne s’en embarasse ; il meprise les comédiens. […] Les piéces nouvelles ne sont que d’anciennes idées rajeunies, habillées à la moderne. […] Jamais aucun systême ancien ni moderne n’a fait rouler l’Univers, à quoi cela serviroit-il ?
Toute l’Allemagne s’arma contre lui, il fut mis au Ban de l’Empire, & réduit à une celle extrémité qu’il en fit les plaintes les plus ameres au Roi d’Angleterre son allié, &, dans l’ancienne de sa douleur, lui écrivit en ces termes : Je viens d’apprendre qu’il est question d’un traité de normalité pour l’Electorat d’Hanovre. […] Je n’examine point les prétentions de l’Empereur & de la Czarine, qui veulent que les provinces conquises soient une ancienne dépendance de leurs Royaumes, & que tous les traités passés avec la Pologne n’ont pu détruire ; je me borne au grand Philosophe, qui n’a pas même des titres apparens sur les terres usurpées, & qui, vassal de la Pologne, & lui devant fidélité par le Duché de Prusse, n’a pu la dépouiller sans se rendre coupable de félonnie. […] Enfin en 1701, ceci n’est pas bien ancien,) la vanité de mon grand pere acheta une couronne. […] Sans souiller dans les histoires anciennes & modernes, voyez seulement les Russes, il n’y a que des bêtes entousiasmées qui puissent agir comme eux.
Voilà précisément ce que nous disons, voilà précisément ce qui lui a attiré & qui justifie l’infamie légale dont il fut couvert, l’exclusion de l’ancienne Académie, la condamnation de ses plus grands hommes. […] Aucun de ces titres ne donne aux amateurs du Théatre le droit de réclamer contre les oracles de l’ancienne Académie. […] C’est un enthousiasme singulier, une yvresse, un délire d’amateur pour l’incomparable, l’inimitable, le céleste, le divin Moliere, semblable à celui des anciens scholastiques pour Aristote, quoique le poëte soit bien inférieur à ce grand philosophe, il n’y a que la divinité au-dessus de lui ; humani ingenii extrema meta. […] C’est donc un malheur de le connoître, il ne l’étoit pas aux yeux des anciens Philosophes, nosce teipsum, ni à ceux de S. […] L’Auteur parcourt tous les comiques, anciens & modernes, bons & mauvais, pour découvrir en quoi Moliere a été imitateur, & en quoi il a imité, pour lui donner la palme.
décrivant les spectacles des Anciens, et surtout leurs Bacchanales, fait des peintures si horribles de leurs infamies et de leurs prostitutions publiques, que je ne puis me résoudre à vous les rapporter. […] N’est-il pas vrai, Monsieur, que ce qu’on lit des Spectacles des Anciens, est quelque chose d’épouvantable, tant pour le libertinage que pour l’impiété dont ils étaient partagés ? […] Cependant c’est un grand Saint qui parle : d’où vient donc qu’il ne se déchaîne pas tant que les plus anciens ? […] semblable, dit un Père de l’Eglise, à un arc qui pour être trop bandé se rompt, au lieu qu’après avoir été un peu relâché il frappe avec plus de force : ce qui a donné lieu à ce Proverbe, « Apollon ne tient pas toujours son arc bandé. » Aristote en rend la raison, lorsqu’il dit qu’il est impossible que l’homme subsiste dans un travail continuel, et qu’il est nécessaire que le repos, les plaisirs et les jeux succèdent à ses soins, à ses travaux et à ses veilles ; ce qui a fait dire à un Ancien« Opsimus laborum medicum », Pyndar. […] [NDUL] Eupolis d’Athènes appartenait à la comédie ancienne, comme Cratinus et Arstophane.
pag. 142. lig. prémiére ; après ces mots, l’Esprit humain, ajoutez cette note : (il y a un passage de Tacite qui prouve que je ne suis pas le seul qui aye prétendu que les Grecs se sont injustement attribués la plus-part des découvertes des arts & des sciences, faites par des Nations plus anciennes.
Quand le souffle empesté de longs orages politiques a corrompu, détruit ou renversé ce que l’Etat offrait de plus pur et de plus imposant, on ne saurait, sans un juste sentiment de reconnaissance et d’admiration, voir son premier Magistrata en relever les débris, en réparer les ruines, et ajouter même à l’éclat de son ancienne splendeur.
Dans un livre semblable, les faits mêmes ne seront pas rapportés sans quelques-unes de ces réflexions, ou du moins de ces épithètes, au moyen desquelles on parviendrait à faire douter de l’innocence des anciennes Druidesses, ou de la sincérité des Marabouts.
Evremont dit dans ses Réflexions sur la Tragédie : Si, à l’exemple des anciens, on introduit des Anges & des Saints sur la scène, on scandalise les dévots, & on paroît un imbécille aux libertins. […] L’ancienne tragédie eût dû abandonner ses Dieux & ses oracles ; ils faisoient regner une superstition & une terreur capables d’infecter le genre humain de mille erreurs, & de l’affliger de mille maux. […] l’autorité paternelle, de toutes la plus ancienne & la plus sacrée, n’a de droit que les bienfaits ; l’injustice brise tous les liens entre lui & les enfans.
Tels étaient chez les Anciens le Spectacle des Gladiateurs, les Jeux Olympiques, Circenses & funèbres ; & chez les Modernes, les Combats à outrance, & les Joutes à fer émoulu qui ont cessé. […] Ovide ne pouvait rendre le Palais du Soleil trop brillant, ni Milton le jardin d’Eden trop délicieux : mais si cette magnificence est au-dessus des forces des Rois, il faut avouer d’un autre côté que nos décorations sont fort mesquines, & que nos lieux de Spectacles, dont les entrées ressemblent à celles des prisons, offrent une perspective des plus ignobles. » De tous les genres de Spectacles en usage chez les Anciens, il ne nous reste, à proprement parler, que le Théâtre Dramatique. […] Quand on remet au Théâtre une Pièce ancienne, & qu’un excellent Acteur la joue d’une manière neuve, est-ce à l’Auteur, qui souvent n’existe plus, qu’il doit son intelligence ?
« Il y a un grand mal qui se tolère à Paris (il n’y avait point de théâtre réglé ailleurs) les jours de fête et dimanche ; ce sont les spectacles publics par les Français et les Italiens, et par-dessus tout un cloaque et maison de Satan, nommée l’Hôtel de Bourgogne (l’ancien théâtre). […] Les anciens Romains qui laissèrent introduire le théâtre, ne le regardaient que comme un amusement momentané et sans conséquence. Quand l’expérience leur en eut fait sentir les inconvénients, ils firent, mais trop tard, bien des efforts pour l’abolir ; il éprouva bien des attaques et des révolutions ; on n’y souffrait point de siège, pour ne pas nourrir la mollesse, et ne goûter qu’en passant un amusement si dangereux ; on y était debout, comme dans le parterre, reste parmi nous de notre ancienne simplicité et de l’état où fut d’abord le théâtre, où on ne connaissait point de loges.
Voilà la Philosophie moderne, et les Mœurs anciennes », observe M. […] Les Tragédies de ce dernier genre sont toutes tirées du Théâtre ancien. […] L’usage des Anciens est un préjugé contre nous ; mais partout et dans tous les temps le théâtre a dû suivre les constitutions nationales. […] Or, comme dans un état républicain tout homme participe au gouvernement, ou aspire y participer, notre sexe y conserve avec soin son ancienne prérogative. […] Rousseau, qu’il règne en d’autres pays des coutumes contraires à celles des Anciens : mais voyez aussi quelles mœurs elles ont fait naître.
Cette sévérité dans le choix de ce qui doit être la matière d’un Drame, que je recommande si fortement aux Poétes, les Anciens la poussaient beaucoup plus loin que nous. […] Les Anciens nous ont dictés cette loi si sage.
Le Seigneur Algarotti, dans ses lettres, dit aussi justement que plaisamment, pour peindre les nations de l'Europe : « On parlait de guerre dans l'ancienne Rome, on parle de religion dans la nouvelle, de commerce à Cadix, de politique à Londres, de comédie et de romans à Paris. […] [NDE] Forme ancienne de miniature.
Tout cela signifie qu’il n’y a que les Philosophes qui puissent lire sans danger les ouvrages qu’on appelle de bel esprit, les Poètes anciens et les modernes. […] Cette pointe est heureuse d’être ancienne.
Je ferais un volume, et non pas un avertissement, si je voulais rapporter les sentiments de tous les Pères des autres siècles ; on les verra dans les traductions suivantes, et on les trouvera conformes à ceux des premiers siècles; ils désapprouvent tous la Comédie, par tous ces endroits qui se trouvent dans celles de ce temps d'une manière encore plus délicate, et par conséquent plus dangereuse que dans les Comédies anciennes.
Des personnes de piété et d’érudition ont fait voir clairement en différents Traités qu’ils ont publiés sur cette matière, que la défense de l’Eglise, et ces promesses du Baptème regardent aussi bien les Comédies de ce temps, que les spectacles des anciens.
Lorsque je commençais, il y a plus de quarante ans, à étudier sérieusement le Théâtre, je trouvais d’abord, dans les Anciens et dans leurs Commentateurs, des règles qui choquèrent ma raison ; je fis bien des réflexions en conséquence ; mais, ne me fiant pas à moi-même et craignant de me tromper, je soumis mes lumières à la grande autorité de ces hommes qui, pendant plusieurs siècles, nous ont servi de guide, et je n’osais même communiquer mes doutes à personne.
Il me semble quand je vois le portrait ou la médaille d’Alexandre que j’y remarque cette ambition qui était plus vaste que le monde, que je vois dans ses yeux cet immodéré désir de gloire qui l’engageait tous les jours dans de nouvelles guerres, et qui ne lui permettait pas de jouir de ses anciennes conquêtes.
Cet équipage tient à l’ancienne Chevalerie, où, pour l’honneur de leur maîtresse, les Preux & dévots Chevaliers portoient des rubans, des écharpes, des ceintures très-longues & traînantes, qui étoient la livrée de leurs Dames. […] A son exemple sans doute on voyoit sur le casque des anciens gueriers des crêtes, des plumes, des griffes, des queues ; ne porte-t-on pas encore des plumes autour du chapeau, & les femmes de hauts clochers à la Grecque, qui semblent mettre le visage au milieu du corps, comme autrefois on portoit des chapeaux pointus, en forme de pain de sucre ? […] Les canons, les rubriques, les livres liturgiques n’ont jamais connu les queues ; les anciennes images n’en donnent aucune idée ; S.
Mais dans l’homme, le goût pour les bonnes odeurs est aussi ancien & aussi étendu que le monde, quoiqu’infiniment diversifié dans les espèces & dans les degrés ; l’un aime une odeur pour laquelle l’autre a de la répugnance. […] Toutes les histoires en sont pleines, les Sauvages du nouveau monde s’en occupent, quoique beaucoup moins que les Peuples policés, comme dans l’ancien monde le Peuple grossier, les habitans de la campagne y sont moins sensibles que les citoyens voluptueux qui rafinent sur le plaisir & voudroient goûter tous les plaisirs. […] Pasquier dans ses recherches prétend qu’un des grands maux que les Croisades ont fait à la France, c’est d’y avoir apporté la molesse, le luxe & le faste asiatique, mal encore plus grand que la perte de tant d’hommes & de trésors qu’elles ont occasionné, parce qu’il n’a fait que croître, & qu’il est devenu sans remède ; la France auparavant modeste, simple, frugale, peut-être même un peu grossière ne connoissoit pas non plus que les anciens Gaulois la magnificence des habits, la richesse des meubles, la somptuosité des repas, les délises des parfums.