Une Actrice, une Dame, ne peut s’offenser de l’agréable nom de Bergeronnete, qui peint le plaisir de la vie pastorale ; & les petits poliçons qui portent la queue de Madame méritent bien celui de Hochequeue. […] Dieu ordonne en plusieurs endroits de l’exode & du sevitique que dans les sacrifices on lui offre la queue des victimes, caudam integram ; ce que les interprêtes prennent pour une figure de la persévérance, qui est la fin de la vie.
Vous parleriez sérieusement et avec Eloge de ces anciens Romains qui savaient cultiver la terre, et conquérir les provinces, que l’on voyait à la tête d’une armée après les avoir vus à la queue d’une Charruev ; et vous vous moquez d’un Chrétien qui a bêché la terre avec la même main dont il a écrit les Vies des Saints, et les Traductions des Pères. […] Pour justifier la Comédie qui est une source de corruption, vous raillez la pénitence qui est le principe de la vie spirituelle, vous riez de l’humilité que saint Bernard appelle la vertu de Jésus-Christ, et vous parlez avec une vanité de Païen, des actions les plus Saintes et des Ouvrages les plus Chrétiens.
12), où on met les Comédiens sur la même ligne que les voleurs et les femmes publiques : « Arceantur ab hac mensa omnes vitiorum dedecore infames, quales sunt fures, Meretrices, Histriones. » L’Apôtre nous défend même de manger avec eux : « Quibuscum versari et cibum capere prohibet Apostolus. » Voilà, selon les Interprètes, une vraie excommunication : les sacrements sont refusés aux pécheurs, le commerce de la vie ne l’est qu’aux excommuniés : « Ne cibum sumere. » Dans la province de Cambrai, un synode de l’an 1550 tient le même langage : Qu’on n’admette pas à la communion « les excommuniés, les interdits, les femmes publiques, les Comédiens », « excommunicatus, interdictus, meretrices, Mimi, Histriones ». […] 2.), lui qu’on veut faire passer pour favorable aux Comédiens, déclare que l’Eglise ne doit rien prendre d’eux, non plus que des femmes de mauvaise vie, car chez lui Comédien et femme publique sont la même chose : « De Meretricio et Histrionatu Ecclesia non debet recipere. » Cependant cette décision, prise dans une si grande généralité, est d’une sévérité outrée.
Je ne le pense pas : je crois qu’on aura une idée bien plus juste de l’avare & bien plus capable de faire impression, quand on se le représentera comme un homme qui se laisse mourir de faim, & qui refuse la nourriture nécessaire à ses enfans & à ses domestiques ; comme un homme qui ne donneroit pas un écu pour racheter la vie à son voisin ; comme un homme enfin en qui l’amour de l’argent éteint toute humanité ; qui quoique très-riche refuse de marier & de donner des états à ses enfans ; qui fait tort à la société en accumulant des richesses qui devroient circuler.
Le second moyen que je propose, est une pieuse association de toutes les femmes et filles d’une vie chrétienne, mais exempte des affectations qui blessent les bienséances raisonnables du monde : Association toute semblable à celle dont parle un célèbre Espagnol, Louis Vivèsg, homme d’un fort beau génie.
C’est pour cela, très Saint Père, que j'ai cru vous devoir écrire avec confiance ce peu de mots, et vous envoyer à même temps un excellent ouvrage, composé par saint Charles Borromée, qui porta Grégoire XIII. prédécesseur de votre Sainteté, à qui saint Charles même le fit voir, à terminer les contestations qui troublaient sur ce sujet la ville de Milan, par ses Lettres Apostoliques ; et à défendre même dans Rome, comme nous lisons dans la vie de saint Charles, et les masques, et toutes sortes de spectacles les jours des Fêtes, et les Vendredis.
Elle fait le charme de sa vie ; donc elle est sans défauts… mauvaise conclusion.
Me direz-vous maintenant, que l’on voit des personnes de bonne vie, & des bonnes mœurs, qui sans tant de façon vont à la comedie, comme les autres, & qu’ainsi l’on est fort justifié, quand on agit sur leur exemple ?
Dans son ivresse, il demande du papier, veut écrire au plutôt un Opéra-Bouffon, charmé d’avoir un moyen d’égaler des Gens de Lettres qu’il croyait être contraint de respecter toute sa vie.
On ne saurait blâmer les Poètes de choisir pour sujet de leurs imitations les effets des passions qui sont les plus générales, & que tous les hommes ressentent ordinairement : or de toutes les passions, celle de l’amour est la plus générale ; il n’est presque personne qui n’ait eu le malheur [ou le bonheur, c’est selon] de la sentir, du moins une fois en sa vie.
Il ne fut plus permis que de faire la satire générale de la vie et des mœurs.
Nous lisons dans le chapitre quatrième des Proverbes v. 23. « Appliquez-vous avec tout le soin possible à la garde de votre cœur, parce qu’il est la source de la vie.
Cependant j’ai peine à croire que l’art des Sophocle & des Ménandre eût été fort considéré par un Peuple guerrier, ennemi naturel du travail d’esprit ; tout état qui exigeait une vie sédentaire était peu de son goût : c’est pourquoi nous ne voyons pas qu’ils fîssent grands cas soit des Commerçans ou de ceux qui exerçaient les Arts & les Métiers. […] Les Citoyens destinés aux grands emplois, acquerront sur le Théâtre, une aisance de représentation, qui ne pourra que leur être très-avantageuse dans le cours de leur vie. […] D’ailleurs, les jeunes-gens de condition, destinés à représenter dans le monde, se formeraient sur le Théâtre ; ils se mettraient en état, de parler & d’agir, dans la suite, par eux-mêmes ; ils se feraient un nom d’avance, & deviendraient plus sensibles à la gloire de se faire estimer dans le cours de leur vie, d’un Peuple dont ils seraient aimés & connus. Les Rôles inférieurs étant remplis par des Citoyens d’un autre ordre, ceux-ci apprendraient à obéir, comme les autres à bien commander ; & le Théâtre offrirait enfin tout-à-la-fois, une imitation tantôt fictive de la conduite des Personnages du Drame, & tantôt réelle de la vie des Spectateurs. […] Dans le siècle des Achilles qui se vengeaient eux-mêmes, on n’avait pas encore rafiné jusqu’à punir davantage par la honte du supplice, que par la perte de la vie.