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159. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Tout ce qui est capable de réveiller les passions, d’exciter la concupiscence de la chair et des yeux, et l’orgueil de la vie, s’y réunit. […] Quant aux sujets qui sont le fond et la base de la comédie, sans compter les bouffonneries, les extravagances, les sauts et les gestes dissolus ; ces femmes et ces Acteurs qui exposent leur vie en se balançant, en voltigeant indécemment sur des cordes, que voit-on dans le reste, qu’une peinture des passions, plus propre à les exciter qu’à les éteindre.

160. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Le peuple indigné, sans écouter la loi qui défend d’attenter à la vie des rois, le détrôna, & mit à sa place Isaac Lange. […] Le théatre étoit tout pour un grec, son enthousiasme étoit sans bornes, il en vivoit pour ainsi dire ; aussi sa vie étoit une vie de théatre. […] Heureusement il s’est converti, & a terminé sa vie dans le repentir de ses péchés. […] Qu’est devenu cet heureux temps où tous les évenemens de la vie étoient tracés par une danse pittoresque. […] Sa vie licencieuse le fit chasser, & le cardinal de Richelieu lui fit quitter ses bénéfices.

161. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Une vaste sale qui mugit, des Orateurs qui tiennent tout en suspens, rendent tout problématique, excitent toutes les passions ; enfin un morne silence, & un oracle qui se fait entendre ; il décida des biens de l’honneur de la vie. […] Mais il est un autre tribunal qui n’a rien que de risible, qu’on peut appeller la Parodie du Palais, quoique les auteurs qui y vont humblement plaider leur cause ne le redoutent pas moins, que le prévenu, sur la scellette, redoute l’arrêt de la Tournelle ; c’est le tribunal des Comédiens, où l’on juge souverainement de la vie poétique, de l’honneur dramatique ; & du profit de la représentation d’un poëte qui présente une piece nouvelle ; l’un des grands abus du théatre ; c’est l’empire souverain qu’on a laissé prendre aux comédiens, sur les auteurs & sur les piéces. […] Une piéce ne peut plaire à une troupe de gens de mauvaise vie, qu’autant qu’elle est licentieuse & pleine de galanterie, & un auteur ne peut leur être agréable qu’en devenant libertin comme eux. […] C’est bien vraiment dans une troupe d’infames libertins, & de femmes de mauvaise vie, qu’un homme vertueux seroit favorablement accueilli.

162. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

C’est donc prendre les choses du bon costé que d’expliquer ces allegories pour l’amour de la vertu ; puisque dans les saincts Cahiers on les a obseruées si soigneusement à céte seule intention, & non pas pour donner cours à la vanité de ces Spectacles, qui sont les fruits de la superstition payenne ; ouy, la sainte Escriture l’a fait pour allumer on nos cœurs le desir de la perfection euangelique, & nous faire obtenir vn iour les recompenses que le Ciel nous prepare à l’issuë de céte vie, qui ne se peuuent mieux abreger que par les trauaux & les calamitez dont elle est accompagnée. […] On employe ce qu’il y a de plus inhumain dans la nature, pour arracher du corps humain vn leger soufle de vie. […] Car ceux qui gaignent leur vie aux dépens de leurs jouës qu’ils exposẽt aux coups & aux soufflets, sont ils pas bien fous de viure ainsi sur le plaisir du peuple, à qui ils se donnent eux mesme en spectacle ; & ceux qui lient entre eux vne partie de manger auec excés, & qui en disputent publiquement la gloire, après s’y estre disposez par vne diette extréme, & qui surpasse ce semble les forces de nostre nature ; sont-ils dignes de loüange ? […] Il verra que les Saints personnages, dont la vie a esté tousiours conduitte par la Foy, & par les vrays preceptes de la vertu, n’ont rien trouué d’impossible ; qu’ils ont hardiment combattu l’actiuité des flammes & du feu, & donné des loix à ce fier élement ; qu’ils ont appriuoisé, & adoucy les bestes farouches, les dépoüllants de l’inhumanité dont elles ont esté pourueuës par la nature. Il verra reuiure ceux qui estoient morts ; bien plus il verra des squelettes décharnés, & quasi pourris sortir des tombeaux pleins de vie.

163. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Qu’y a-t-il de plus délicieux que l’amour de Dieu, la connoissance de la vérité, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort tranquille & sainte, le mépris même de la volupté, les victoires remportées sur soi-même, l’union avec Dieu, & le bonheur de lui obéir & de lui plaire ? […] Les hommes vous insultent, les Anges vous louent ; il en est même parmi les Anges spectateurs de bons & de mauvais, les uns applaudissent à la bonne vie qui irrite les autres, de même que parmi les hommes il est des méchans qui se moquent de la vertu, & des gens de bien qui s’en édifient. […] La seule vie de ce grand Prophète, ainsi que celle de son successeur Élisée, fournissent plus d’idées véritablement grandes que tous les théatres du monde ; ce feu qui tombe du ciel sur la victime & sur ses ennemis, cette pluie refusée pendant trois ans, qui tout à coup inonde les campagnes ; cette vision sur la montagne du Carmel ; ce courage à faire aux Rois de la part de Dieu les plus vifs reproches, & à leur prédire les plus grands malheurs ; cette chûte affreuse de la maison d’Achab & de l’Actrice Reine Jézabel ; ces résurrections des enfans de deux veuves ; cette victoire incroyable sur les Rois de Sirie ; ce siege de Jérusalem, où des plus horribles excès de la famine on passe dans un instant à la plus grande abondance, &c. […] J’ose dire que la vie des Saints, même humainement, est le livre le plus agréable, aussi-bien que le plus utile à lire, & les événemens qu’elle rapporte les plus intéressans à méditer. […] Qui a donc pû persuader à une poignée d’hommes oisifs & vicieux, embarrassés de leur loisir & de leur personne, blasés, dégoûtés & languissans par leurs excès, & leur donner la confiance de s’imaginer qu’ils persuaderoient au monde, ce que leur propre expérience & celle de tous les siecles dément, qae le théatre est le souverain bonheur, le centre du plaisir, l’unique félicité de la vie ?

164. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Ce ne sont pas seulement des chevaux qui courent, ce sont des blasphêmes, des cris, des querelles, des discours licentieux, que de toutes parts on entend, des femmes de mauvaise vie, par-tout répandues & étalées, des libertins, des gens mous & efféminés. […] comme s’il n’y avoit que les Religieux qui pussent mener une vie chrétienne, comme si la loi de l’Evangile n’étoit pas pour tout le monde. […] Nous ne sommes pas faits pour passer notre temps dans les ris, les divertissemens & les délices ; c’est la vie des Comédiens & des Comédiennes, des parasites & des adulateurs des Grands, non de ceux qui sont appelés à une vie céleste, & dont les noms sont écrits dans le livre des élus, mais de ceux qui sont livrés au Démon. […] Ainsi goûterez-vous une joie ineffable qui ne sera point troublée par les remords de la conscience, & vous vous assurerez dans l’autre vie des couronnes éternelles.

165. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Tous les moments de la vie, tout ce que nous avons ne nous a été accordé que pour notre salut, tout jusqu'à une parole peut y nuire ou y contribuer, et augmenter la gloire ou la punition éternelle. […] C'est une folie que des hommes et des femmes montent tous les jours sur des planches pour se donner en spectacle, c'est une folie que des êtres raisonnables passent leur vie à apprendre par cœur, à représenter des fables. […] C'est dans cette vie le bonheur de l'homme et l'adoucissement de ses peines : la sagesse au contraire rend malheureux et sauvage : « Souvent de tous nos maux la raison est le pire. » Suis-je plus sage que les autres en écrivant contre la folie, et la folie théâtrale, que le même Boileau appelle heureuse  ? […] Il craignit pour sa vie, et fit l'insensé pour se faire mépriser et chasser ; il y réussit. Ainsi le fameux Brutus, fondateur de la République Romaine, échappa aux soupçons de Tarquin, et sauva sa vie en contrefaisant l'insensé et se montrant comme l'Ibrahim de Racine, « indigne également de vivre et de mourir ».

166. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

J’ai appris dans ce Catéchisme qui nous vient de Rome, au rapport de M. de Voltaire, comme dans celui de Paris et dans tous les autres de l’Univers, que notre vie appartient à Dieu et à la Patrie ; que nous en sommes seulement les dépositaires ; que le véritable honneur consiste à les bien servir ; que le courage est moins dans le mépris de la mort, que dans le motif qui l’inspire ; que la vengeance est un crime, l’homicide un forfait, le suicide une extravagance qui ne peut partir que d’un cerveau troublé par de noires fumées. […] Monter le premier à une brèche au risque de sa vie, se présenter avec assurance à la tête de sa troupe vis-à-vis un bataillon serré qu’il s’agit d’enfoncer, est sans doute un acte de bravoure. […] Pour moi, et j’en connais qui sans être de notre état pensent de même, j’admire autant leur courage à se déclarer hautement contre une aussi singulière extravagance, que cette valeur intrépide qui leur inspirait de fondre sur l’ennemi, et de prodiguer leur vie pour la défense de leur Patrie. […] Lebrun cité par l’Auteur de l’Essai sur la Comédie moderne, assure le même fait d’après l’Auteur de la Vie de Saint Charles. […] [NDA] Vie de M. de Renti par le P.

167. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Il n’est ni de mon objet ni de ma compétence d’examiner ce systême destructeur ; je me borne à la part qu’y prend le théatre : il y joue son rôle, jamais il n’aima une vie qui lui est si opposée. […] Le libertinage peut, il est vrai, durer toute la vie, parce que sans cesse on l’entretient. […] Depuis dix ans Religieux & Prêtre estime pour ses lumieres & ses vertus, appelé pour diriger ces Religieuses, ayant parlé avec religion & avec zèle, cet homme tout-à-coup devient furieux, enragé, dans le plus violent délire, brave le ciel & la terre, blasphême, jure, &c. veut persuader à cette Religieuse d’apostasier & de s’enfuir, avec lui, de vivre comme mari & femme, & d’aller, je ne sais où, travailler la terre, pour gagner la vie, la nourrir avec sa famille de son travail. […] Oui, c’est moi qui t’adore ; content de t’adorer, d’y consacrer ma vie. […] Que reste-t-il à immoler après la vie ?

168. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Si quelqu’un donne dans l’excès, c’est sans doute les Histrions, qui y passent leur vie. […] Ce n’étoit pas un Comédien, dont il y avoit un nombre infini dans l’empire d’Orient, mais un Joueur de flûte, qui gagnoit sa vie à jouer dans les villages, in vico, & quitta même son métier quand le Saint l’eut instruit. 2.° S. […]  1. rapporte les noms & les ouvrages, qui s’associoient pour gagner leur vie, & faire la cour aux Seigneurs dont l’Europe étois remplie, alloient dans leurs châteaux chanter des vers à leur louange, & les divertir par leurs gentillesses, qu’ils animoient par leurs gestes à leur maniere, ce qui étoit bien innocent, & n’avoient aucun rapport à nos spectacles. […] Il se plaint cependant qu’il commençoit à s’y glisser des abus, qu’on s’y donnoit bien des licences, qu’on y exposoit la vie en dansant sur la corde : Repræsentationes quæ fiunt hodie. […] Quelle extrémité plus vicieuse & souverainement vicieuse d’en faire métier, d’y consacrer sa personne & sa vie !

169. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

« Il est donc vrai que le but de la Comédie, est d’émouvoir les passions, comme ceux qui ont écrit de la Poétique en demeurent d’accord : et au contraire, tout le but de la Religion Chrétienne est de les calmer, de les abattre et de les détruire autant qu’on le peut en cette vie. C’est pour cela que l’Ecriture nous apprend que la vie de l’homme sur la terre est un combat continuel, parce qu’il n’a pas plutôt terrassé un ennemi, que cette défaite en fait naître un autre dans lui-même, et qu’ainsi sa victoire n’est pas moins à craindre pour lui, que ses pertes : c’est avec ces armes que la chair fait cette cruelle guerre à l’esprit qui ne peut vivre qu’en mortifiant les passions de la chair : elles appartiennent à cette loi de mort qui s’oppose continuellement à la loi de l’esprit. […] Il déplore comme un grand égarement, de ce qu’il pleurait la mort de Didon, et qu’il ne pleurait pas celle de son âme ; et les Chrétiens dont la vie est si courte, au lieu d’employer les jours saints à racheter leurs péchés par des dignes fruits de pénitence, les donnent à des divertissements défendus. […] Le Sieur de Voisin a mis ensuite un Abrégé très édifiant de la vie de Monsieur le Prince de Conti, où les principales actions de ce pieux Prince sont décrites, principalement celles que la piété lui a fait pratiquer, et les sentiments chrétiens qu’elle lui avait inspiré. […] Ces viandes ne corrompaient réellement ni l’âme ni le corps des enfants, elles ne faisaient que passer en eux comme les autres viandes, sans y faire aucune impression maligne ; au lieu que ces Chansons sacrilèges corrompent l’esprit de ceux qui les chantent, et que demeurant dans la mémoire elles leur sont une tentation pour toute leur vie.

170. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Leur vie donc et leurs actions sont défendues afin qu’ils ne corrompent les mœurs des autres. […] Où sont ceux qui mènent une vie juste et religieuse ? […] Or qu’est-ce autre chose qu’encourir la mort, quand on perd l’origine de la vie ? Car où le fondement du symbole est renversé, on coupe la gorge à la vie même. […] Plutarque en la vie de César.

171. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Tout cela est pris de sa vie donnée en 1724 : ces traits injustes déshonorent plus le théatre que la beauté de ses pièces ne lui fait honneur, ils font l’éloge & justifient les sentimens de ce Héros qu’on a si injustement attaqué. […] La Duchesse du Maine, une des Actrices, le Duc du Maine, dont Madame de Maintenon avoit élevé l’enfance, en prirent si bien le goût qu’ils passèrent leur vie en fêtes, en spectacles dans leur maison de Sceaux ; ce qui a fourni la matière d’un recueil de bagatelles, connu sous le nom de divertissement de Sceaux dont nous parlons ailleurs. […] Louis XIV commença sa vie par l’amour du spectacle, par la mauvaise politique du Cardinal Mazarin son Instituteur, il la finit par l’amour du spectacle, par la piété mal entendue de Madame de Maintenon sa directrice & sa femme secrette. […] Parmi ces fêtes innombrables, en voici une singulière rapportée par Langalerie dans ses Mémoires, & la Beaumelle dans la vie de Madame de Maintenon, d’après le Mercure & les Gazettes du temps, qui même en faisoient honneur au Roi. […] Les mêmes loix du Digeste décident, que si quelqu’un a son logement dans une maison, il ne peut y tenir des personnes de mauvaise vie ; qu’on peut renvoyer, même avant terme, une femme locataire qui vit dans la débauche ; qu’on peut même la faire chasser de son voisinage ; qu’on ne peut vendre une esclave pour en faire cet usage, &c.

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