Les Démons, dit Tertullien, prévoyant que le plaisir des spectacles serait un moyen des plus efficaces pour introduire et maintenir l'idolâtrie (disons-en de même de l'irréligion et du vice), inspirèrent aux hommes l'art des représentations théâtrales ; ce qui devait tourner à leur gloire, ne pouvait venir que de leur inspiration : « Dæmones prospicientes sibi, inter cætera idolatriæ, etiam spectaculorum inquinamenta, quibus hominem a Deo avocarent ejusmodi ostium ingenia inspirasse. […] Il compte parmi les avantages de son projet l'abandon des drames et des Romans, espèce de littérature qui outre les autres vices, est très peu capable de nourrir le cœur, de former les mœurs, et de produire de vrais citoyens
Donner son bien aux Comédiens, c’est un vice énorme. […] Qu’elles ont été inventées pour reprendre les vices des Grands. 3. […] Il n’y a rien de moins pardonnable que la supposition faite par l’Auteur de l’Écrit, pour donner du grand air aux Comédiens, leur attribuant une origine qui soit noble ; lorsqu’il dit que les Grecs les inventèrent pour reprendre les vices des Grands. […] Tenez en bride la luxure, la lâcheté, l’injustice, l’imprudence ; soumettez tous ces vices à votre raison ; ne souffrez pas qu’aucun vous entraîne : Et vous qui louiez ce conducteur de chevaux, vous serez loués vous-même : Vous criez auparavant avec la Populace pour faire donner une robe d’honneur à cet habile conducteur ; vous serez vous-même revêtu de l’immortalité. […] Les Bals, les Danses, et telles Assemblées ténébreuses attirent ordinairement les vices et les péchés comme les querelles, les envies, les moqueries, les folles amours : et comme ces exercices ouvrent les pores du corps de ceux qui les font ; aussi ouvrent-ils les portes du cœur, au moyen de quoi si quelque serpent sur cela vient à souffler aux oreilles quelques paroles lascives, quelque muguetterie n, quelque cajolerie ; ou quelque basilic vienne à jetter des regards impudiques, des œillades d’amour, les cœurs sont fort aisés à se laisser saisir et empoisonner.
Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices.
Cela est si vrai, qu’il n’est plus question parmi eux d’exécuter les canons qui les touchent, et qu’ils semblent laisser dans un oubli, dans une désuétude absolue, tels que ceux-ci : « 1° On renouvelle, dans le concile de Carthage tenu en 349, la défense déjà faite aux ecclésiastiques, en plusieurs conciles, d’habiter avec des femmes ; « 2° Aucune femme ne doit demeurer avec aucun des prêtres, mais seulement la mère, l’aïeule, les tantes, les sœurs, les nièces, celles de leur famille qui demeuraient avant leur ordination. 3e Conc. de Carthage, an 397, can. 17 ; « 3° Les prêtres doivent s’abstenir des grands repas, de la bonne chère, de l’ivrognerie et autres vices.
Les Comédies de toutes les sortes ont eu tant d’applaudissement, qu’elles ont scandalisé les Personnes dévotes, qui ont cru qu’elles n’étaient recherchées que parce qu’elles flattaient les vices et les enseignaient au Peuple.
Anne de Boulen sa mere eut tous les agrémens, la coquetterie & les vices des actrices. […] Fruit infortuné du vice, elle nâquit d’une maîtresse, à qui son amant jugea à propos de donner de son autorité le nom & les honneurs d’épouse légitime, pendant la vie de la premiere, dont il avoit des enfans. […] Ce vice s’accorde peu avec le faste. […] Aussi libre dans ses discours que dans ses mœurs, vice commun dans son pays, il parla un jour fort licentieusement des amours du Comte d’Essex.
C’est là, que les vices, qui appartiennent tous au monde, sont comme sur l’Autel. […] S’il est donc vray, que toutes les concupiscences y soient comme sur le thrône, & tous les vices comme sur l’autel ; que la malignité y soit répanduë dans toute sa plénitude ; que la haine du monde pour Jesus-Christ y soit assouvie ; que le vin empoisonné de Babylone y soit rendu délicieux ; & que le démon son Prince & son Dieu y trouve une infinité de sujets & d’adorateurs ; qui doute, que ce ne soit là une des plus dangereuses pompes du monde ? […] Qu’il est permis & même ordonne de relâcher l’esprit : & que le théatre est aujourd’huy si purifié, que le vice y devient haïssable, parce qu’on l’y rend ridicule, & que la vertu n’y paroît avec guere moins d’honneur que dans les Chaires.
Lorsque par la tristesse la personne se voit dégoûtée, elle tâche de dégoûter, et décourager les autres, afin de se faire beaucoup de semblables, et de diminuer le parti de Dieu et de la vérité, et retourner à celui du vice, qu’elle pense être plus gai. 3. […] L’Orateur Romain, au premier livre de ses Offices, distingue deux genres de discours joyeux et récréatifs, l’un qu’il appelle, « illibéral, sans civilité, sans respect, accompagné de pétulance, et de vice ; l’autre courtois, ingénieux, facétieux » :56 celui-ci est louable, celui-là blâmable ; car telle récréation est une dissolution ; et est une chose infâme, que le valet ne puisse se donner du passe-temps, sans offenser son maître, qui est Dieu, et sans lui causer de l’ennui, tandis que lui ne fait que rire. […] Jouant avec trop d’affection, car pour honnête que soit une récréation, c’est vice d’y mettre son cœur, et son affection ; c’est dire, la désirer trop, s’y amuser, et s’en empresser ; il y a d’autres objets à affectionner bien plus relevés que celui-là : ce n’est pas qu’il ne faille prendre plaisir à jouer pendant que l’on joue, car autrement on ne se recréerait pas ; mais il ne faut pas y mettre son affection excessive.
il est l’enfant du vice, & tous les jours il en est le pere). […] On ne bannit que ce qu’il y avoit de saint, on ne laissa subsister que le mauvais, qu’on para de toute la pompe du luxe le plus rafiné, & de tous les attraits du vice les plus séduisans.
Car plusieurs assurent qu’il faut qu’un Poëte tragique sçache tout ; qu’il connoisse à fond les vertus & les vices, la politique & la morale, les loix divines & humaines, & qu’il doit avoir la science de toutes les choses qu’il traite, ou qu’il ne fera jamais rien de bon. […] Ainsi l’égalité, la force, la constance, l’amour de la justice, l’empire de la raison, deviennent insensiblement des qualités haïssables, des vices que l’on décrie ; les hommes se font honorer par tout ce qui les rend dignes de mépris ; & ce renversement des saines opinions est l’infaillible effet des leçons qu’on va prendre au Théâtre.
Ces compagnies sont, à cet égard, aussi sévères que l’étaient celles des anciens Germains, chez qui, selon Tacite, on ne plaisantait jamais sur les vices.
Les Comédiens apportent les vices en France, 220.
C’est pour cela que saint Augustin dit, que « donner de l’argent aux Bateleurs est un vice cruel et détestable ».