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86. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

Au reste ce grand silence de Jésus-Christ sur les comédies, me fait souvenir qu’il n’avait pas besoin d’en parler à la maison d’Israël pour laquelle il était venu, où ces plaisirs de tout temps n’avaient point de lieu. […]  ; on pouvait encore ajouter : il n’y a point de théâtres, il n’y a point de ces dangereuses représentations : ce peuple innocent et simple trouve un assez agréable divertissement dans sa famille parmi ses enfants : c’est où il se vient délasser à l’exemple de ses Patriarches, après avoir cultivé ses terres ou ramené ses troupeaux, et après les autres soins domestiques qui ont succédé à ces travaux, et il n’a pas besoin de tant de dépenses ni de si grands efforts pour se relâcher.

87. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Comment un jeune homme étranger, qui n’étoit jamais venu dans ce pays, & n’y avoit point de connoissance, pouvoit-il se flater de faire mieux ? […] De là est venu le mot se pavaner, pour exprimer la vanité d’un homme qui marche avec faste, & s’admire lui-même, en étalant ses habits, la pompe, son train. […] Nous sommes par-tout bien venus, depuis les Rois jusqu’au moindre Artisan. […] On ne la fait venir que dans cette vue. […] Beaucoup de masques y vinrent danser.

88. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Un Pasteur des âmes, l’esprit plein des futilités qu’il vient d’entendre, serait-il bien en état d’administrer les derniers sacrements, d’exhorter un moribond et le préparer à son dernier passage ? […] Un Prédicateur prêchera-t-il ce qu’il vient d’entendre ? […] Hébert, Curé de Versailles, de venir à la représentation de la tragédie d’Esther par les Demoiselles de S. […] Ce trait ne vient pas d’une main suspecte à Thalie, c’est le Jésuite l’Empereur qui le rapporte dans la vie de M. […] Mais on a beau le défendre : peut-on espérer que le Clergé n’ira point au spectacle, lorsque de toutes parts on lui en ouvre l’entrée, on lui en fournit l’occasion, on l’invite, on le presse, on le force presque d’y venir ?

89. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Le second de signe na point, Dont pour acheuer nostre poinct Pierre, tenez les en uos mains, Et eulx deux, qui sont incertains Ou le signe est, n’en quelle espece, Viendront tirer chascun sa piece, Et celluy auquel escherra Le signe, subrogue sera Au lieu qui est ja devise. […] Il introduit Lucifer qui convoque tous les Diables, & il lui fait dire : Dyables meschans destinez en terre estre, Clos a jamais dans le centre terrestre, Viendrez vous point a mes cris & aboys, Sortez au feu de nostre infernal être Par mes haulx cris vous pouez bien cognoistre Que c’est a droict que complaindre me doibs : Haro, haro, nul de vous je ne veoys, Si ne venez desesperer m’en voys. […] Voici la réponse de Sathan : Prince denfer tes cris as faict estendre Si tresavant qu’ils sont venus descendre Jusques au fons des noires regions Nos vils manoirs tu as presque faict fendre Que te fault-il ?

90. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

La nouvelle de ses couches arriva le 15 à Vienne, la Cour & la Famille Royale étoit alors à la comédie ; l’Empereur & l’Impératrice Reine Apostolique, qui n’y étoient pas, y vinrent dès qu’ils eurent appris la nouvelle, sans doute pour remercier Dieu. […] Mais cette défense vint à contre tems pour la France ; c’étoit le tems de la grande vogue de Moliere, & de la grande faveur de Madame de Montespan. […] Henri chassé, vint en France, obtint un pareil secours, donna bataille à son frere, le tua de sa propre main, monta sur le trône, où sa postérité a long-tems régné. […] On donne à choisir à la Reine, entre le poignard & le poison ; Edouard arrive tout-à-coup & la sauve, le Roi le poignarde, & Henri son frere, le poignarde lui-même, & vient ensuite se poignarder de désespoir. […] Dans l’éloge de Gaussin & le Couvreur, l’univers vient encore faire les frais, mais bien mieux que dans celui d’Emilie : ces éloges sont beaucoup mieux faits : un génie supérieur devoit l’impirer.

91. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Vous venez d’un pays barbare, d’où le bon goût est exilé ; il faut plus de talens, plus d’esprit, plus de science pour régler la fourrure d’un habit, que pour construire un palais. […] Les Nains pendant son règne vinrent à la mode, chaque grand pour lui faire sa Cour en eut chez lui. […] Vient-on à se relâcher dans la vertu, on recherche la parure, & cette parure est le présage du relâchement entier, & bientôt du vice. […] Je sais que les Muguettées n’ont que trop de cajolerie ; mais que répondront-elles au jugement de Dieu, si les Anges viennent à tordre leurs habits, & en faire distiller le sang des pauvres ? […] Cette vie n’a pas été inutile à celui qui vient d’en donner une de cette Princesse à l’occasion de Madame Louise qui s’est faite Carmélite, comme Isabelle s’étoit faite Francisquaine.

92. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

» Que diraient enfin tous les Spectateurs, si on leur remontrait qu’étant Chrétiens, ils ne peuvent assister à la Comédie, à moins qu’ils ne puissent offrir à Jésus-Christ cette action, et se rendre témoignage qu’ils n’y viennent qu’en son esprit, pour son amour et pour sa gloire ; si on leur représentait que celui qui aime le danger, périra dans le danger ; que le jour terrible viendra comme un voleur qui marche sans bruit, ou comme un père de famille qui veut surprendre ses domestiques. […] Non certes, Messieurs, la nouvelle pièce qu’on veut nous faire passer pour bien sainte, est une preuve qui n’est que trop forte de ce que je viens d’avancer. […]  : « Je ne veux point que vous vous informiez de ce que j’ai dessein de faire, et jusqu’à ce que je vienne moi-même vous dire de mes nouvelles, qu’on ne fasse autre chose que prier le Seigneur pour moi. […] Est-il temps que cette sainte femme achève l’œuvre de Dieu par la mort d’Holopherne ; il faut encore que l’amant insensé vienne exposer ses craintes et ses soupçons, et que Judith en témoignant plus de plaisir que de peine, lui dise en finissant le quatrième Acte Pag. 79. […] N’allez donc pas chanter un jour dans l’Eglise et le lendemain dans un lieu de plaisir ; ne soyez pas un jour attentif à la divine parole, pour en aller perdre le fruit au son des instruments ; et ne venez pas faire le pénitent dans l’Eglise, si vous voulez aller là où l’on danse.

93. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

C e Chapitre est presque la conclusion de ce que je viens d’écrire dans l’autre. […] La prose qui divise chaque Ariette, ou les endroits qu’on récite simplement, font paraître l’harmonie plus délicieuse lorsqu’elle vient tout-à-coup à se faire entendre.

94. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Vous dites que Quatre Fourbes viennent danser auprès d’Argus pour l’amuser, dans la vue de lui faire enlever ses moutons lorsqu’il sera le plus attentif à la danse. […] C’est-à-dire, mes Pères, que ce que quelques divertissements n’ont pas fait ; ce que le sommeil n’a fait qu’à demi, l’intérêt dont Mercure est le Symbole vient l’achever par sa flûte.

95. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Assurément il n’est jamais venu à la pensée du clergé de France de frapper les disciples de Loyola d’excommunication, ni de fulminer contre eux les canons et décrets des conciles d’Elvire et d’Arles, concernant les gens de théâtre. […] Ce que je viens d’exposer sommairement sur les prêtres qui ont joué la comédie, dont on trouve la preuve et les détails dans le livre des Comédiens et du Clergé, n’aurait pas dû irriter la susceptibilité de M. de Sénancourt. […] Que dirait donc M. de Sénancourt, si je venais à réclamer contre un scandale évidemment nuisible à la religion qui depuis trop longtemps subsiste aux yeux de tous les Parisiens, et excite la désapprobation et le dégoût ?

96. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « Le manège et l’esprit d’intrigue viennent d’inquiétude et de mécontentement : tout va mal quand l’un aspire à l’emploi d’un autre. […]  » « Il était tard, les femmes étaient couchées, toutes se relevèrent : bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfants même éveillés par le bruit accoururent demi-vêtus entre les pères et mères : la danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses : il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que dans l’allégresse universelle on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. […] « Ensuite venaient les enfants, qui leur répondaient en chantant de toutes leurs forces.

97. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

C’est pour vous dire, que le licite loin d’empêcher son contraire, le provoque : en un mot, ce qui vient par réflexion, n’éteint pas ce que l’instinct produit ; et vous pouvez dire à coup sûr, de tout ce qui excite le sensible dans les comédies les plus honnêtes, qu’il attaque secrètement la pudeur. Que ce soit ou de plus loin ou de plus près, il n’importe ; c’est toujours là que l’on tend : par la pente du cœur humain à la corruption, on commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel : le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard : déjà le faible du cœur est attaqué s’il n’est vaincu, et l’union conjugale trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie.

98. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Le Spectacle est fait pour amuser, ou plutôt pour instruire ceux qui sont censés pouvoir y venir chaque jour ; il est clair que le menu Peuple ne se soucie guères de porter son argent à la Comédie : c’est donc donner des leçons à des gens qui ne viennent point les entendre ». […] Notre Opéra éxcite aussi dans ceux qui viennent l’admirer un enthousiasme violent, qui les contraint à frapper des pieds & des mains : il est inutile d’avoir des choses grandes & sublimes à leur dire ; ils ne les entendraient pas. […] Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre. […] En vérité, les accords d’Orphée & d’Amphion n’ont pas opérés de tels prodiges ; ils n’attirraient que des pierres, des arbres & des animaux, aulieu que les Musiciens de nos jours font mouvoir au son de leurs violons tout un Peuple éclairé ; ils lui font croire qu’il vient entendre une Pièce de Théâtre, tandis qu’on repaît son esprit de vains sons, de gigues, de gavotes.

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