Carlos accepta la proposition avec transport ; Philippe ne s’en éloignoit pas, tandis qu’il avoit cru son fils soumis & Catholique ; mais quand ces espérances eurent développé ses sentimens, que son irréligion & son ambition furent découvertes, Philippe ne put lui pardonner ; Elisabeth de son côté affecta d’agréer ce projet avec les plus grandes démonstrations de joie, elle déclara que c’étoit le plus agréable mariage qu’on put lui proposer, que l’Infant n’avoit qu’à venir à Londres, & qu’elle l’épouseroit sans même s’embarrasser des oppositions de son père. […] Cependant sur ses vieux jours, cette vieille Comédienne parut s’humaniser, & voulut donner la petite pièce après la grande ; elle en vint au dénouement ordinaire, elle voulut se marier, mais il n’étoit plus temps ; le Parlement qui l’en avoit souvent pressée, s’y opposa, il vouloit un successeur de la nation & de la famille, & non pas un Roi étranger, il désigna pour régner après elle, & sans la consulter, Jacques Roi d’Ecosse, dont il connoissoit la religion & la douceur, & qui d’ailleurs étoit l’héritier légitime ; elle fut forcée d’y consentir & de renoncer au mariage. […] Les Ambassadeurs des Provinces-Unies étant venus lui demander du secours contre le Roi d’Espagne, & voulant l’intéresser par des vues de religion, elle répondit : Ce n’étoit pas la peine de faire tant de bruit pour une messe, voilà bien de quoi se gendarmer, si vous ne voulez pas y assister comme à un mystère, assistez-y comme à une comédie ; si toute à l’heure moi Chef de l’Église j’allois jouer cette comédie, vous croiriez vous obliger de vous enfuir. […] La France punissoit la révolte de la Rochelle, l’Angleterre celle des Irlandois, & on soutenoit celle de la Hollande ; encore si l’Angleterre eut en guerre avec l’Espagne, mais les deux nations étoient en paix, Philippe avoit épousé la Reine Marie, il avoit sauvé la vie à Elisabeth, elle se ligua avec ses Sujets rebelles pour lui faire la guerre, leur fournit de l’argent, des troupes : ses généraux s’emparent de plusieurs places pour gage des payemens de ses frais ; elle sentoit si bien son injustice, que les Ambassadeurs des Hollandois étant venus lui demander du secours & lui offrir la souveraineté de leur Pays, elle le refusa, & répondit avec un air affecté de justice : Il ne serait ni beau ni honnête de s’emparer du bien d’autrui. […] Victorio Siri dit qu’étant à l’extrémité elle fit venir sa musique pour mourir plus agréablement aux doux sons des instrumens, comme Mademoiselle de Limeuil en France ; elle passa de là au jugement de Dieu & dans l’éternité où elle ne trouva ni flatteurs ni théatre.
Les parens ont aussi peu droit de se plaindre, si leur fille, qu’ils ont livrée pour actrice, vient à être séduite : c’est un risque attaché au métier, comme à la guerre d’être tué ou blessé, & plus encore. […] L’esprit de débauche, dangereux par-tout, l’est encore plus à Bordeaux qu’ailleurs, par l’affluence des étrangers, qui, aux foiblesses du pays, viennent joindre les vices des deux hémispheres & les passions brûlantes du nouveau monde. […] Cet homme célebre par sa facilité à varier & à rendre, par les gestes, les pas, les mouvemens des danseurs, les progrès & les nuances du vice, a si fort plus par ses talens honteux & méprisables, d’empoisonneur public, que les directeurs de l’opéra l’ont fait venir d’Italie à grands frais, lui ont donné la préférence, contre l’usage, sur tous les autres danseurs & compositeurs plus anciens & aussi habiles que lui, mais moins licencieux ; &, pour payer le profondes blessures qu’il fait aux bonnes mœurs, lui ont assuré vingt mille livres de pension. […] Autre épisode : conduite par la jalousie & par la curiosité, la premiere des concubines vient à l’attelier ; elle est témoin de l’infidélité de Campargue, & fait éclater sa joie que lui donne l’espérance de perdre sa rivale, en découvrant sa perfidie. […] La veuve du libraire Duchesne, moins délicate, quoique la pudeur soit le partage de son sexe & celui d’une veuve chrétienne, vient d’imprimer ces mémoires obscènes dans le recueil des discours de cet écrivain licencieux : elle auroit pu lui épargner cette tache, & se l’épargner à elle-même.
Leurs corps efféminés sous la démarche et sous l’habit de femme représentent les gestes les plus lascifs des plus dissolues. » Et plus bas : « Après la licence des paroles on en vient à celle des actions : on dépouille en plein Théâtre, à la prière du peuple, des femmes débauchées, etc. » « Pater verborum , etc. » lib. 1. de ludis c. 20. […] Cependant c’est un grand Saint qui parle : d’où vient donc qu’il ne se déchaîne pas tant que les plus anciens ? […] Mais il est bon de détruire entièrement cette raison, et pour en venir aisément à bout, voyons les autorités de l’Ecriture Sainte, qui semblent défendre la Comédie et semblables spectacles, et tâchons de les expliquer, non pas à nôtre fantaisie, mais par les paroles des plus grands Docteurs. […] J’ai fait encore quelquefois une réflexion qui me paraît assez judicieuse en jetant les yeux sur les Affiches qu’on lit au coin des rues, où l’on invite toutes sortes de personnes à venir à la Comédie et aux autres Spectacles qui se jouent avec Privilège du Roi, et par des troupes entretenues par Sa Majesté. […] Après tout ce que je viens d’avoir l’honneur de vous dire de l’approbation qu’on « Qua nos fugere, etc ».
Il est visible que ces vices viennent du peu de force des Athlétes.
Il instruisit d’un art qui n’avait guères de règles de son tems, & dont chaque nation vient au bout de trois mille ans chercher dans son Livre la connaissance & les règles certaines.
pag. 183. lig. 23. après ces mots, l’ouverture de la Pièce, ajoutez, qui influe toujours dans les événemens à venir.
C’est la parure, & cette idée de rouge, dont la teinte anime ses traits, & semble leur prêter plus de vivacité… Tu vois où je veux en venir.
Ce sont proprement des empoisonnements publics, qui tuent non seulement les hommes de leur siècle, mais de tous les siècles qui viendront après eux.
Jetant ensuite un coup-d’œil rapide sur les malheurs déplorables dont l’Etat un jour serait la victime, si par la perte ou le trépas des Orateurs chrétiens, que la Providence a su nous conserver au milieu des tempêtes, la religion venait à perdre son plus beau lustre et son dernier appui, j’en ai conclu que rien ne nous importait d’avantage que de rétablir, dans tout leur éclat, ces maisons illustres, où le savoir et la vertu formèrent autrefois ces saints Docteurs, qui depuis ont rempli l’Univers du bruit de leurs heureux succès, et ont fait de la France le berceau comme le séjour ordinaire de la véritable éloquence.
Sylvestre et Angélus déclarent que le péché que ces personnes commettent, si elles viennent à danser, est mortel à cause de la prohibition, et du scandale : « Non oportet ministros altaris vel quos libet clericos spectaculis aliquibus quæ aut in nuptiis aut scenis exhibentur interesse » de consecr. dist. 5.
Les mâles sont efféminés : tout l’honneur et vigueur du sexe masculin est corrompu par un tel déguisement : et qui peut mieux enerver et efféminer un homme, il est le plus vaillant, et le mieux venu.
2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ». […] Ce qu’on ne voit point dans le monde, ce que celles qui succombent à cette faiblesse y cachent avec tant de soin, une jeune fille le viendra apprendre à la comédie. […] D’où vient donc ce dissentiment ou cette divergence de vues ou d’opinions ?
Qu’est-ce que cette Actrice qui vient d’épouser un Financier, après en avoir reçu plus de 20000 livres de rente avant sa noce, sans compter une maison avec ses meubles de 130000 livres ? […] Crois-tu que nous eussions jamais si doucement vécu ensemble ta mère & moi, si nous avions été mariés … Tu me viens toujours lanterner le meurtre. […] D’où vient la réputation d’un homme qui a si peu travaillé, & qui, à tout prendre dans la somme totale de son mérite, est fort médiocre ?