« Que les tragédies et les comédies qui ne doivent être faites qu’en latin, et dont l’usage doit être très rare, aient un sujet saint et pieux : que les intermèdes des actes soient tous latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance, et qu’on n’y introduise aucun personnage de femme ni jamais l’habit de ce sexe. » En passant, on trouve cent traits de cette sagesse dans les règlements de ce vénérable institut : et on voit en particulier sur le sujet des pièces de théâtre qu’avec toutes les précautions qu’on y apporte pour éloigner tous les abus de semblables représentations, le meilleur est, après tout, qu’elles soient très rares.
Quelles images plus fortes, plus intéressantes, souvent même sublimes de la perversité de nos mœurs et de nos usages, principalement dans le Temple de Thémis, où la plupart de ses Ministres assoupis sur leurs redoutables Tribunaux, laissent à leurs passions le privilége odieux de mettre les poids dans sa balance, et où le plus grand nombre de ses organes fait un trafic honteux et mercenaire de l’éclat de leur voix et de la subtilité de leurs sophismes, du faux et de la vérité, selon vos propres expressions !
Les Comédiens ne sont pas justifiés en disant que cette Comédie se joue à Paris et à Rome ; comme si on ne savait pas que l’Eglise condamne bien des choses qui se font publiquement par un usage, ou plutôt par un abus qu’elle ne saurait empêcher : comme si de semblables abus pouvaient changer la loi de Dieu, et rendre innocent et licite ce qui est mauvais de sa nature.
Les foiblesses que chacun reconnoist en soy semblent plus excusables dans la multitude des complices ; elles semblent legeres en comparaison de celles qui éclatent sur les theatres ; & on apprend mesme à les contenter par les adresses qu’on y remarque, & que leurs partisans veritables ou supposez mettent en usage pour arriver aux fins qu’ils se proposent. […] Ceux qui sont chargez de ces dignitez sont obligez d’empescher l’impression, d’arrester le debit, d’interdire la lecture de ces livres : on ne peut permettre leur édition, leur cours, & leur usage, sans se rendre coupables de tous les méchants effets que ces livres pernicieux produisent ; & nous pouvons dire de ceux qui souffrent ces corruptions publiques ce que Tertullien disoit de la patience des Payens qui enduroient les desordres de leurs maisons : Tanti boni nomen, fœdis operationibus occupant. […] Le port des armes, l’usage des marchandises étrangeres, les divertissemens populaires, ne sont pas du rang des crimes ; les Magistrats ne feroient pas leur devoir, s’ils permettoient toutes ces choses, lorsqu’elles sont contraires à la seureté, à l’épargne, & à la bienseance publique ; quand les campagnes sont pleines de voleurs, quand l’Estat est épuisé d’argent, ou affligé de quelque calamité publique. […] Le Concile de Trente renouvelle cette Ordonnance dans la Session 4. où il traite de l’edition & de l’usage des Livres sacrez.
Si la vraisemblance morale la moins rigoureuse n’est plus d’usage au Théatre ; si le public, content d’être frappé un moment par des circonstances approchées, & les incidens les plus disparates, ne veut plus voir la convenance de la nature & de l’art ; si l’on a renoncé au plaisir de l’illusion, on peut tout mettre sur la Scène. […] Mais comment faire passer à des spectateurs qui ont les moindres notions, soit des usages, soit des opérations de la guerre, soit des convenances historiques, & de tout qu’on comprend en fait de comédie sous le nom de mœurs, soit de la bouillante vivacité de Henri IV, 1°. tout le temps qu’il perd dans le château de Lenoncourt, qu’il ne vouloit que reconnoître ; 2°. les amours romanesques dont on le rend témoin, & dont on veut qu’il s’occupe ; 3°. l’espece de conseil de guerre, qu’il tient d’abord tout seul, & ensuite avec Biron & d’Aumont ; 4°. le long dîné qu’il fait avec eux & le bon Roger ; 5°. les folies de ce dîné de guinguette, où on chante & fait chanter à Henri des chansons de cabaret ; 6°. l’incognito qu’on lui fait garder, tandis qu’on le décele deux ou trois fois en sa présence, dans un château ennemi ; 7°. le secret de Roger, qui l’a reconnu, dont on fait une finesse sans objet ; 8°. la conversion subite du Chevalier de Lenoncourt que rien ne prépare ; 9°. ce mêlange d’histoires & de traits particuliers de Henri, rassemblés comme dans un Ana ; 10°. la célébrité du combat & de la victoire, par le trop long intervalle entre le départ de Henri pour une bataille rangée, & son retour au château : on a eu la maladresse de parler de trois heures, tout cela est impossible ; 11°. […] L’usage commode de séparer les demandes & les réponses par des petites lignes, fait la moitié de l’ouvrage. […] On lui fait tenir un grand discours au Clergé, qui lui faisoit, selon l’usage, des remontrances sur les maux de l’Eglise.
On a vu pour la premiere fois à Paris, l’hiver de 1766, un spectacle fort en usage dans les pays du Nord, mais inconnu en France : ce sont des courses de traîneaux sur la glace, qui se sont faites aux flambeaux sur les boulevards. […] Quand Elle est sortie de sa loge, le principal acteur, le Kain, portoit le flambeau, selon l’usage ; une dame lui demanda, pourquoi les comédiens jouoient de pareilles pieces. […] Cet homme célebre par sa facilité à varier & à rendre, par les gestes, les pas, les mouvemens des danseurs, les progrès & les nuances du vice, a si fort plus par ses talens honteux & méprisables, d’empoisonneur public, que les directeurs de l’opéra l’ont fait venir d’Italie à grands frais, lui ont donné la préférence, contre l’usage, sur tous les autres danseurs & compositeurs plus anciens & aussi habiles que lui, mais moins licencieux ; &, pour payer le profondes blessures qu’il fait aux bonnes mœurs, lui ont assuré vingt mille livres de pension. […] Il descend de son trône, quitte sa nouvelle épouse, pour faire à ses yeux, sans égard à la jalousie, la fonction d’un prêtre unissant les deux amans, leur présentant la coupe nuptiale, selon l’usage du temps, & les comblant de présens.
On a quelquefois conseillé, par pénitence ou par dévotion, de s’abstenir pendant quelques jours de l’usage du mariage, pourvu que les deux parties y consentent, comme on ordonne quelques jours d’abstinence ou de jeûne, comme S. […] L’Europe étoit alors pénétrée du plus profond respect pour l’Eglise Romaine, ce qui, joint à l’ignorance du siecle, & à des usages si différens des nôtres, sur-tout de notre irréligion, prête beaucoup à une plume irréligieusement empoisonnée, qui ne cherche qu’à déprimer les choses saintes. […] Il répara ce qu’avoit fait contre elle Boniface VIII, & révoqua les bulles contraires aux droits du Roi : révocation dont tous les savans font usage pour maintenir ses droits.
L’opinion qui veut avec raison trouver un plaisir innocent & pur aux belles représentations du Cid & de Cinna, & le préjugé qui condamne avec non moins de fondement la fréquentation & l’usage habituel des Spectacles de toute espece, sont-ils donc deux choses adsolument impossibles à concilier ? […] Les Comédies grecques & latines, bien plus que l’histoire, nous donnent une connoissance plus exacte des mœurs & des usages des Anciens. […] C’est d’eux que nous tenons l’usage, à chaque reprise des différens opéra, de faire imprimer les paroles pour le spectateur qui doit les avoir à la main, non pour aider à la prononciation de l’acteur, qui, si elle n’est pas toujours distincte, ne doit point être supposée telle, mais pour expliquer la scène, le lieu où elle se passe, les noms des personnages & le sujet qui les amene.
Cet Ecrivain, assez médiocre, suit en cela l’usage de tous les dramatiques : Auteurs & Acteurs, la bourse & le plaisir sont leur belle gloire. […] Les Comédiens ne vouloient pas en faire usage, & ne daignoient pas l’écouter : il glissoit les corrections par la serrure, on ne les lisoit pas.
Ovide ne pouvait rendre le Palais du Soleil trop brillant, ni Milton le jardin d’Eden trop délicieux : mais si cette magnificence est au-dessus des forces des Rois, il faut avouer d’un autre côté que nos décorations sont fort mesquines, & que nos lieux de Spectacles, dont les entrées ressemblent à celles des prisons, offrent une perspective des plus ignobles. » De tous les genres de Spectacles en usage chez les Anciens, il ne nous reste, à proprement parler, que le Théâtre Dramatique. […] Malheureusement cet agent capable de produire des effets si grands & si avantageux, est au-dessus de toutes les forces humaines ; ce serait celui qu’emploierait un Dieu : le moyen de corriger les mœurs par les Loix & par le Théâtre, est le seul qui reste à des hommes ; quelqu’imparfait qu’il soit, mettons-le en usage, après avoir détruit tous les abus ; châtions le Drame, puisqu’il le faut, mais appliquons-nous d’abord à desinconvénienter la Représentation.
Décembre 1548. qui interdit cet ancien usage donna naissance à celui-ci. […] L’Abbé Perrin qui avait été autrefois Introducteur des Ambassadeurs auprès de feu Monsieur, Duc d’Orléans, Oncle du Roi, fut le premier qui forma le dessein d’en introduire l’usage à Paris ; il en obtint le privilège du Roi en l’année 1669.
Préambule J e sens bien qu’il y a à peu près autant d’imprudence, pour ne pas dire de ridicule, à écrire aujourd’hui contre les spectacles, qu’il y en aurait à blâmer l’usage du vin en présence de convives tout remplis de ses fumées ; mais je sais aussi que toute ivresse a des intervalles pendant lesquels on permet à l’homme de sang-froid, de s’efforcer d’en diminuer les trop grands excès.
Ces Ridicules, dépendans des usages, des modes, & des différentes manieres de penser, suivant les tems & les Nations, ne doivent pas, à ce qu’il semble, être toujours attaqués de la même façon.