Si la pièce se conclut par le mariage, elle n’en est pas pour cela moins dangereuse, car quoiqu’il soit bon et louable en soi, la concupiscence qui s’y trouve jointe est sans contredit une chose blâmable et déréglée, c’est le honteux effet du péché. […] Quant aux indécences et aux libertés de l’ancien théâtre contre lesquelles on ne trouve pas étrange que les Saints Pères se soient récriés, je dirai encore à notre confusion que les tragédies des anciens Païens surpassent les nôtres en gravité et en sagesse, ils n’introduisaient pas de femmes sur la Scène, croyant qu’un sexe consacré à la pudeur ne devait pas ainsi se livrer au public, et que c’était là une espèce de prostitution, j’avoue qu’il y avait souvent de l’idolâtrie mêlée et que leurs pièces comiques poussaient la licence jusqu’aux derniers excès, mais les nôtres sont-elles fort modestes, ce que vous appelez les farces n’a-t-il rien qui alarme les oreilles pudiques ?
Ceux qui se divertissent toujours, et qui sentent le besoin d’aller au spectacle, pour y trouver un remède au dégoût, qui accompagne naturellement la continuation des plaisirs, ne doivent-ils pas considérer ce besoin comme un vice d’habitude, dont ils doivent se défaire en s’occupant sérieusement ? […] N’est-ce pas le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux, et de récompenser ceux qui apprennent à les entretenir et à les rendre incurables ?
Le théâtre n’est que plus dangereux, on n’y trouve que les attraits de la volupté. […] Augustin pour trouver l’original de ce tableau ? […] Rien de plus pernicieux, disait-il, à un peuple belliqueux que ce qui nourrit la paresse, le luxe et le vice : « Inimicissimam bellatori populo, ad nutriendum desidiam, luxuriæ comentum. » Qu’on rougisse d’avoir moins de vertu que ce grand homme, qu’on se plaigne moins de nos ennemis que du théâtre : « Non de hostibus, sed de theatro conquerantur. » On trouve cent traits pareils dans les ouvrages moraux de S.
Je serai trop heureux si l’on trouve qu’il ne m’est échappé rien d’essentiel.
On y trouve autre chose que des plaisirs passagers.
Quel abus ne fait-on pas tous les jours, de la facilité que l’on trouve a rassembler quelques Dialogues, sous le nom de Comédies ?
Dans la première, il suppose l’innocence de cette pièce, quant au particulier de tout ce qu’elle contient, ce qui est le point de la question, et s’attache simplement à combattre une objection générale qu’on a faite, sur ce qu’il est parlé de la Religion ; et, dans la dernière, continuant sur la même supposition, il propose une utilité accidentelle qu’il croit qu’on en peut tirer contre la galanterie et les galants, utilité qui assurément est grande, si elle est véritable ; mais qui, quand elle le serait, ne justifierait pas les défauts essentiels que les Puissances ont trouvés dans cette Comédie, si tant est qu’ils y soient, ce qu’il n’examine point.
Si nous parlions donc rigoureusement, et dans l’exactitude des Jurisconsultes, ne considérant que ce qui se rencontre le plus souvent dans la pratique ordinaire de ces danses profanes, qui ont pris naissance de la corruption des mœurs des Hébreux, et des observances superstitieuses des Païens ; nous pourrions dire que tous ces exercices qui ne vont qu’au contentement des sens sont absolument mauvais ; parce que les vices s’y mêlent, et le péché s’y trouve très fréquemment, et que suivant la règle des Jurisconsultes,L. 3. et 4. ff. de leg.
Ce grand Saint, à la vérité, en faveur de ceux qui dans certaines conjonctures, qui sont rares, se voient comme forcés de s’y trouver, prescrit des précautions pour y conserver l’innocence ; mais il ne plaît pas aux gens du monde de les prendre, ces précautions ; ils ont donc mauvaise grâce d’autoriser les danses et les spectacles, par le témoignage de ce saint Evêque.
Mais supposons qu’on n’y trouve aucune sorte d’instruction ; est-ce dans celle-ci que consiste toute l’utilité des ouvrages d’agrément ? […] Toutes ont leur beauté, & un empire presque égal sur les hommes, Elles ont un rapport si intime avec l’esprit, généralement répandu dans tous les êtres capables de réflexion, qu’elles les réveillent, les attachent en quelques lieux, & en quelqu’état qu’elles les trouvent.
Si Louis le Grand a dansé pèle mêle avec les Acteurs de l’Opéra, c’est que les plaisirs que les Rois goûtent sur le Trône, n’excluent point ceux qu’ils trouvent au milieu de leurs Sujets. […] Laberius étant allé ensuite prendre place parmi les Chevaliers, ils se tinrent de telle sorte qu’il n’en trouva point.
On lui répond : Je puis vous dissiper ces craintes ridicules : Le ciel défend de vrai certains contentemens, Mais on trouve avec lui des accommodemens. […] Toûjours notre pudeur combat dans ces momens, On trouve à l’avouer toûjours un peu de honte ; On s’en défend d’abord, mais de l’air qu’on s’y prend, On fait connoître assez que notre cœur se rend ; Qu’à nos vœux par honneur notre bouche s’oppose, Et que de tels refus promettent toute chose. […] Mais il faut trouver des rimes, & ces rimes font faire mille fautes, &c.
Tel est l’Opéra des Monnes ; ce n’est qu’un recueil de traits bachiques qu’on trouve dans mille chansons, & qui fait aussi peu d’honneur à l’esprit qu’à la profession de l’Auteur. […] On va trouver le Confesseur au parloir ou au confessional. 4.° C’est contré la vrai-semblance qu’une fille bien élevée, qui a été dix ans Religieuse, qu’on dit timide, modeste, fasse d’abord à sa mère, ensuite à un homme respectable qu’elle n’a jamais vu, une déclaration de sa passion aussi emportée, aussi impie, aussi déshonorante. […] On a cru trouver là un merveilleux coup de théatre, & c’est une absurdité.