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27. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Si vous leur prescrivez quelque espéce de travail, ils s’en acquittent mal, ou font le contraire. […] L’imagination qui s’exerce sur un sujet qui lui plaît, & qui est forcée de l’abandonner, par l’attention qu’elle prête au peu d’effet que les idées qu’il lui présente, produiront dans la bouche d’un tel Acteur, s’ouvre une autre route malgré elle, & dans ce changement qui lui repugne, son feu se rallentit ; elle ne ressent que le travail d’un enfantement involontaire.

28. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Avis au lecteur. » pp. -

Je ne sais pas si l'on croira qu'un même Génie leur [a] donné l'être ; et comment il est possible qu'une imagination aussi vive et aussi étendue qu'il était convenable de l'avoir pour faire le premier, ait pu s'abandonner à l'opiniâtreté du travail et de la lecture qui se sont trouvés nécessaires pour le second.

29. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre X. Que c’est une chose vicieuse et un dérèglement manifeste de danser fréquemment. » pp. 37-40

Quoiqu’il soit permis de prendre quelque recréation après le travail, et de donner quelque relâche à son esprit après les occupations sérieuses ; si on excède néanmoins dans le divertissement, soit pour la manière d’en user, soit pour le temps qu’on y emploie, ce n’est plus une recréation honnête ; mais une pure sensualité, et on n’agit pas en homme raisonnable : mais on se laisse conduire aux passions de la chair, et aux instincts de la nature, comme les bêtes.

30. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Tout le long de la semaine les hommes & les femmes s’occupaient, soit des travaux des champs, soit de leurs métiers : les Dimanches & les Fêtes la jeunesse de ces cantons se rassemblait & allait dans le Bois se divertir par des danses & des jeux auxquels présidaient l’ordre, la décence & la tranquillité. […] Premierement, le petit Peuple qui n’a pour toute ressource que le salaire borné qu’il retire de son travail, n’a point de superflu à donner aux Histrions du Rempart, tel médiocre que soit le prix des places, il est toujours trop au-dessus de ses facultés pécuniaires. […] Nous verrons, avec l’application au travail, l’activité & l’industrie, renaître l’amour des grandes choses, les beaux-Arts, les vrais talens, les vertus sublimes, les actions héroïques. […] Si les Trétaux n’eussent jamais existés, que d’Ouvriers, que d’Ecoliers & d’Etudians eussent été contraints de donner au travail le temps qu’ils perdent aux Boulevards. […] La perte du sieur Carlin est tout ce que l’on peut regretter dans cette suppression ; mais son grand âge, & ses longs services lui ont acquis, avec la bienveillance du Public, le droit de jouir actuellement du fruit de ses travaux.

31. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Voyez ce père tendre, qui s’épuise de travail, pour qu’un jour son fils & sa fille reçoivent de sa main, en le bénissant, un bien plus considérable au jour de leur mariage ; c’est que pour lui, le plaisir d’être le bienfaiteur de ses enfans, est le plus doux de tous : jetez enfin les yeux sur l’homme assis au dernier degré, voyez-le durant la semaine se livrer aux plus rudes travaux ; c’est qu’il entrevoit qu’ils doivent, au bout de six jours, lui fournir le moyen de s’abandonner à la joie. […] Regardons notre Spectacle & ses Drames comme un moyen toujours prêt, dont la Puissance Souveraine peut faire usage pour inculquer aux Peuples telles maximes qu’elle croira convenir ; en temps de guerre, par exemple, l’héroïsme patriotique ; durant la paix, les Associations avantageuses, le goût des Arts utiles, du Commerce, des travaux profitables à la Population, &c. […] Il ne l’est pas moins, que le Peuple lui-même ait la satisfaction de partager au moins une fois dans la semaine, les plaisirs des Grands : c’est le moyen de le consoler de six jours de travaux & d’humiliation*.

32. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

« Si quis vel Judeæ impietatis amentia vel stolidæ paganitatis insania detinetur aliud noverit esse supplicationum tempus, aliud voluptatum. » Il semble d’abord que le peuple étant libre les jours de fête, on pourrait tolérer en sa faveur un divertissement qui alors ne prend rien sur son travail ; mais le théâtre ne fut jamais dans le christianisme un moyen de sanctifier les fêtes, il n’est bon qu’à les profaner. […] Un ouvrier dont on paie les journées, un Ministre chargé de quelque affaire, un soldat commandé pour quelques travaux, un domestique employé à quelque service, etc., se rendent coupables par la seule omission de leurs devoirs, s’occupassent-ils d’ailleurs même à de bonnes choses. […] Un des objets du précepte est le délassement du corps, par la cessation du travail. […] le précepte de la cessation du travail ne serait-il donc qu’un précepte d’oisiveté, et par conséquent de libertinage ?

33. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Toutefois de peut de noise dans ces matieres de bagatelle, faisons une proposition moins contestable & plus utile, & demeurant d’accord de l’avantage que les Anciens peuvent avoir sur les Modernes, tâchons au moins par nos travaux de nous mettre en estat de leur pouvoir disputer la gloire d’un si noble & si loüable secret de plaire. […] Cependant outre la despence & les avances qu’il leur faut faire necessairement, il n’est aucun métier où le travail & la sujetion soient plus tiraniques, & où la paine soit plus grande & moins considerée.

34. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Ainsi tout le dessein d’un Poëte, tout son travail, c’est qu’on soit comme son héros, épris des belles personnes ; qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même.

35. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Ils ne s’ouvrent qu’à la fin de la journée, quand le travail cesse.

36. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Les Romains, lorsqu’ils commencèrent à penser, se délassaient des travaux de la Guerre, en écoutant les Pièces de Plaute & de Térence. […] Il n’est que trop vrai qu’il leur fait un tort considérable ; mais ils n’ont qu’à redoubler de soins & de travail, qu’à bien traiter les Auteurs sur-tout, s’ils veulent balancer les succès d’un genre rempli d’agrémens.

37. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Il dit, qu’on ne force personne d’y assister ; et qu’après une journée de travail ce n’est pas trop qu’une heure ou deux de plaisir ou de relâche Page 52. […] Ce Magistrat y vient peut-être avec celle dont il a jugé le procès : leurs délassements et leurs travaux s’ajustent parfaitement. […] Au témoignage des Pères il joint celui des Profanes, pour prouver que s’il faut se délasser l’esprit après un long travail, il ne faut pas toujours se divertir, et il les fait déclamer avec véhémence contre les divertissements qui duraient tout le jour, contre les actions et les paroles déshonnêtes qui régnaient dans les jeux, comme si c’était de nouvelles découvertes qu’il eût faites. […] A l’égard des expressions de quelques Docteurs, dont le Théologien et les « honnêtes gens » pour lesquels il écrit se plaisent à abuser, il est à remarquer que l’homme n’étant pas capable d’un travail continuel, tous les saints Pères demeurent d’accord qu’il a besoin d’amusements, ou de quelques jeux propres à délasser l’esprit. […] Mais ces jeux supposent un travail utile à l’âme, au bien public ; et ils bdoivent être tellement réglés, que la raison y puisse toujours être la supérieure.

38. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Livrés à des travaux si intéressans, ils verront, avec douleur, approcher le temps où l’on viendra les arracher de leur paisible retraite pour les faire entrer dans le monde, & les obliger de se livrer à la dissipation. […] Ce n’est certainement point le génie qui nous manque ; nos voisins eux-mêmes en conviennent ; ce n’est que le goût des choses solides, & le talent de bien choisir l’objet de nos travaux. […] Enfin, je suppose que malgré nos recherches & les travaux multipliés de trois ou quatre générations, on ne soit point encore parvenu â une science certaine sur l’ame, on aura du moins avancé dans cette découverte, & chaque pas qu’on fera en avant sera marqué par quelque avantage.

39. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 16-18

MONSIEUR, J’Ai reçû la Lettre, dont vous m’avez honorée : vous m’y invitez à benir le Seigneur : je m’addresserai à lui, pour le remercier, qu’il vous a inspiré à prendre ce soin pour mon salut : & puisque vous m’avez souvent marqué, que vous vous comptiez bien recompensé de vos travaux spirituels, quand ils étoient utiles au prochain ; j’ai le plaisir de vous annoncer, que vôtre Lettre à eu bon effét : j’ai pris la liberté, de la faire voir à mes amies Mesdames *** elles se croient toutes obligées avec moi, de regarder au moins la Comedie comme un divertissement dangereux ; puisque les saints Peres ont parlé de cette sorte de spectacles comme d’une chose capable de corrompre les mœurs les plus innocentes.

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