« La charité tolère tout ; elle croit tout ; elle espère tout ; elle souffre tout.
Cette légereté n’eût pas fait fortune au près d’elle ; elle ne pouvoit souffrir qu’on parlât de l’honneur des Dames. […] Quoi , dit-il en apprenant son malheur, la Reine souffrira que son frere soit immolé à un baladin !
Le plaisir fait des prodiges : la délicatesse des messieurs & des dames du bon ton ne peut souffrir le moindre froid, leur foible sante en seroit altérée, leurs appartemens ne sont jamais assez chauds, ils n’osent aller à la Messe & aux offices s’ils n’ont des chapelles domestiques, où ils se rendent de plein-pied en sortant du lit, ces chapelles ont des poëles, on en met dans toutes les avenues ; & tout-à-coup endurcis comme les lapons & les sauvages de la baye d’Hudson, les voilà en état de courir toute la nuit sur la glace avec un peu de velours sur le nez. […] La comédie jure avec le sénat ; l’Eglise n’a jamais souffert cet indécent contraste.
L’Eglise, les Souverains Pontifes, les Evêques souffriront-ils dans des Maisons Religieuses, ces sortes de Représentations, s’ils les croyoient nuisibles aux bonnes mœurs, sur-tout si la Religion les proscrivoit ? […] La même bouche qui dit à une Princesse galante, & perfide envers sa Nation : Fidèle confident du beau feu de mon maître, Souffrez que je l’explique aux yeux qui l’ont fait naître.
La sœur de Moyse, après le passage de la mer Rouge, dansa à la tête des femmes ; les femmes seules vinrent en dansant à la rencontre de David vainqueur de Goliath ; la fille de Jephté vient avec ses compagnes au-devant de son père ; les filles que les Benjamites enlèverent, comme les Romains enlèverent les Sabines pour les épouser, étoient seules ; les hommes auroient-ils souffert cet enlèvement sans résistance ?
Peut-elle souffrir que l’âme de ses jeunes Citoyennes & des jeunes-gens, sa glorieuse espérance, soit attendrie, émue, échauffée, ravie par une Pr… ?
Je conviens que dans le dernier cas l’humanité l’emporte, et que l’on souhaiterait de voir finir les supplices de ces malheureux ; mais dans l’autre, la compassion n’est pas si forte, l’esprit et le cœur n’ont pas les mêmes ressorts : il est fort ordinaire de plaindre les hommes qui subissent la peine de mort ordonnée par la Justice ; mais j’ai toujours vu que l’on souhaitait aux grands scélérats des malheurs encore plus grands que ceux qu’on leur fait souffrir dans un Livre ou dans une action tragique.
c’est un tas de malheureuses & de malheureux plongés dans le vice, protégés par des gens aussi méprisables qu’eux, qui, pour se soustraire à la rigidité des parens qui ne peuvent souffrir leur infâme vie, & voulant la continuer avec plus d’aisance, embrassent un état libre, indépendant, privilège des Arts. […] Quand verrons-nous les Arts à l’abri de la noire calomnie : je ne puis souffrir, sans être révolté, de voir un tas de sots faire le Procès sans rappel, au talent destructeur des vices ; mais cela ne surprendra plus lorsque je dirai qu’en ce pays, une Femme chez laquelle on trouverait le vase que la décence ne me permet pas de nommer, serait réputée Femme de mauvaise vie. […] St Cyprien, lib. 3 cap. 11, ne peut souffrir que la même main qui sert aux sacrés Mystères, touche des cartes & des dés.
Tout cela, selon lui, sert comme de souffre pour allumer le feu, en une jeunesse, dont l’âge etle sang bouillant l’en rendent trop susceptibles. […] D’ailleurs, étant question en particulier de ceux qui jouaient les Tragédies, et se vantaient de ne rien dire que de bon, et de sérieux, et les représentants, qui lui venaient demander accès, et libre entrée en sa République, « Ne croyez pas , leur répond-il, que nous souffrions aisément que vous veniez dresser vos Théâtres en lieu public, ni que vous produisiez des joueurs de farces, ni que nous endurions que vous prêchiez à nos Enfants, à nos femmes, à toute la tourbeas de la ville, le contraire de ce que nous leur enseignons. […] Tout ce que dessus ayant été pesé, et soigneusement considéré, par les écrivains modernes, qui ont écrit de la Politique, et fourni des modèles de Républiques bien policées, Ils ont pris à tâche de faire voir le mal que causent les Théâtres, lorsqu’on les y souffre.
Il ne peut souffrir qu’on le joüe, & qu’on le fasse passer pour sot ; il aime mieux se corriger de sa sottise, & en quitant le ridicule du vice, il en quite ce qu’il y a de malin, il le quite tout entier. […] Ils ont acoustumé de confondre la Comedie auec tous les spectacles de l’Antiquité, & ont de la peine à souffrir que l’on en face quelque differéce. […] & autres semblables, ils les souffrent, parce qu’elles n’ont pas de suite, & ne forment pas vn sens parfait. […] De quoy Sa Majesté ayant esté aussi informée, mesme de ce que depuis on n’auoit ozé ouurir les portes de l’Hostel de Bourgone ; Et ne voulant souffrir qu’vn tel excés demeure impuny, il luy auroit plû de nous enuoyer ses ordres exprés & particuliers, tant contre ceux qui sont connus pour estre les chefs & les principaux autheurs de cette violence publique, que contre ceux qui se trouueront les auoir assistez.
ôtez donc, ôtez cette morale à celui qui souffre ; que lui restera-t-il ? […] et t’a-t-on raconté tout ce qu’elle a souffert ? […] Avec l’idée que je me suis toujours faite de la noblesse et de la dignité de l’homme, et n’ayant jamais pu souffrir qu’on l’avilît ou qu’il se dégradât lui-même, j’ai toujours eu peine à concevoir comment on peut trouver des sujets qui, avec des talents réels, et un vrai mérite, cherchent et obtiennent une réputation dans un genre aussi bas, et ont le courage de se charger habituellement d’un emploi qui me semble les ravaler eux-mêmes, et affliger jusqu’à ceux qui sont réduits au malheur de les applaudir. […] Instruits par un événement aussi funeste que mémorable, ne souffrons pas que les nôtres, que ceux qui, surtout, attirent la multitude à nos théâtres publics, soient journellement empoisonnés par une doctrine ou fausse ou perverse.
Venir en visite amoureuse avec une jambe toute nue, un chapeau désarmé de plumes, une tête irréguliere en cheveux ; en habit qui souffre une indigence de rubans, quels amans sont ce là !
Mais ceux qui ne feraient pas non plus soufferts en Province par leur peu de talent, ou leur négligence, seront renvoyés à Paris, & relégués parmi les Baladins.