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8. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Je sais bien qu’un nouvel Auteur peut traiter le même sujet que l’ancien, mais de peur de passer pour plagiaire, il évitera de copier les plus belles scènes et de se servir des plus beaux vers ; il fera peut-être mieux à tout prendre que l’ancien Auteur, qui a traité le même sujet, mais sa pièce aurait été beaucoup meilleure, s’il avait pu sans scrupule et sans rien diminuer de sa réputation se servir de tout ce qu’il a trouvé d’excellent dans l’ancienne pièce ; or pour cela il faudrait qu’il lui fût imposé par un prix proposé de perfectionner telle pièce, alors il ne perdrait rien des beautés de telle pièce de Corneille, de Racine, de Molière et de leurs successeurs, ou s’il se trouvait forcé de perdre quelques-unes de ces beautés, il leur en substituerait de plus grandes et y en ajouterait de nouvelles. […] Cette pièce réformée porterait le nom du Réformateur jusqu’à ce qu’elle fût elle-même un jour réformée quelques années après sa mort ; il est aisé de voir que les ouvrages excellents ne périraient pas faute de quelques retranchements et de quelques additions nécessaires pour les rendre aussi beaux et plus utiles dans le siècle suivant qu’ils l’étaient dans le siècle précédant ; car il faut toujours faire en sorte que les spectacles se perfectionnent à mesure que la raison humaine se perfectionne, et la meilleure manière d’avancer beaucoup en peu de temps vers la perfection, c’est de se servir de ce qu’il y a de bon dans les ouvrages des morts, en diminuant ou corrigeant ce qu’il y a de défectueux, et en embellissant ce qu’il y a de beau. […] La raison nous dicte donc de travailler à fortifier dans les Citoyens, un des deux principaux motifs des actions des hommes, qui est l’amour de la distinction entre nos pareils ; mais elle nous dicte en même temps les règles pour bien discerner les distinctions petites, vulgaires, incommodes au commerce, d’avec les distinctions précieuses qui procurent toujours la commodité et l’utilité des autres ; ce sont ces distinctions qui sont les seules véritablement dignes de louanges et désirables dans le commerce, il ne faut jamais que le désir de la gloire marche sans la connaissance de la bonne gloire ; or je suis persuadé que le théâtre bien dirigé par le Bureau des spectacles peut beaucoup servir à rendre les spectateurs non seulement très désireux de gloire et de distinction, mais encore très connaisseurs en bonne gloire et en distinction la plus précieuse afin que les hommes estiment de plus en plus l’indulgence ; la patience, l’application au travail, les talents et les qualités les plus utiles à leurs familles, à leurs parents, à leurs voisins, à leurs amis, à leur nation et au reste du genre humain. […] Je fais tant de cas des avantages, que produit l’émulation pour le public que je voudrais, si la chose est praticable, qu’il y eût dans Paris deux troupes de Comédiens Français, dont une fût à un prix la moitié moindre pour les personnes moins riches ; cette troupe servirait de pépinière pour la grande troupe. […] A l’égard du spectacle de l’Opéra, je crois qu’il n’est pas impossible d’en faire peu à peu quelque chose d’utile pour les mœurs ; j’avoue cependant que la chose me paraît très difficile en l’état de corruption et de mollesse où il est de mon temps ; mais après tout il ne faut à l’Académie des spectacles pour en venir à bout que deux moyens, le premier d’avoir un but certain où l’on vise, c’est de faire servir la musique et la poésie non à amollir les mœurs par la volupté, mais à les rendre vertueuses par l’amour de la gloire ; le second c’est de faire en sorte que ce perfectionnement soit presque insensible, car pour nous guérir de la mollesse, maladie enracinée depuis longtemps dans notre nation par une longue habitude, il faut pour ne nous pas révolter se servir d’une méthode qui procède par degrés presque insensibles, et je ne désespère pas que nos successeurs n’entendent chanter avec plus de plaisir les sentiments et les actions des grands hommes, que les maximes honteuses de la mollesse et les sentiments extravagants qu’inspire l’ivresse de l’amour.

9. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Les Grecs se servaient de la Musique dans le combat, et ils jugeaient que ses accords plus puissants que les fanfares des Trompettes inspiraient à leurs Soldats un généreux mépris de la mort. […] Augustin, ne chantait pas pour se divertir, mais pour louer Dieu, et il consacrait sa voix en la faisant servir à la piété. […] Mais il se souviendra de la réponse de Thémistocle, et s’en servira dans l’occasion. […] Mais de quelques raisons que se serve l’Astrologie pour nous persuader son utilité, je n’ai point vu de Prince pieux qui l’ait estimée.

10. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

[H] Décorations : ornemens d’un Théâtre qui servent à représenter le lieu où l’on suppose que se passe l’action Dramatique. […] L’entrée du milieu était toujours celle du principal Acteur : ainsi dans la Scène Tragique, c’était ordinairement la porte d’un Palais : celles qui étaient à droite ou à gauche, étaient destinées à ceux qui jouaient les seconds Rôles ; & les deux autres, qui étaient sur les aîles, servaient, l’une à ceux qui arrivaient de la campagne, & l’autre à ceux qui venaient du Port ou de la Place publique. […] Au lieu d’un faible artifice dont le Poète s’est servi, dans le Comte d’Essex, pour retenir ce prisonnier dans le Palais de la Reine, supposons que la facilité des changemens de Décoration lui eût permis de l’enfermer dans un cachot* ; quelle force le seul aspect du lieu ne donnerait-il pas au contraste de sa situation présente avec sa fortune passée ?

11. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

On présume que les Poètes Latins, tels que Plaute, Térence, ne s’en sont point servi non plus. […] Les principaux moyens dont on peut se servir pour faire arriver à propos ses personnages. Je vais rapporter une partie des moyens dont on peut se servir pour l’entrée de ses personnages. […] Les Grecs ne l’ont point connu ; les Latins s’en servaient volontiers, mais sans le désigner. […] Le personnage qui forme au Théâtre un Monologue, ne parle pas quelquefois réellement ; ce n’est qu’un moyen dont on se sert pour faire savoir ce qui se passe dans le fond de son âme.

12. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

On s’y servira beaucoup moins de certaines représentations bouffonnes très indignes du Christianisme, et que l’on ne voit et que l’on ne souffre qu’avec peine dans les Places publiques, telles que de Arlequins et semblables travestissements. […] Nous défendons absolument et très étroitement de se servir de lieux saints ou consacrés par la célébration de nos saints mystères, pour la représentation de ces Tragédies à quelque point que l’on les réduise, mais beaucoup plus étroitement encore si on y joignait quelqu’une des choses que nous venons de défendre dans le précédent Règlement : et si ce scandale arrivait, comme cela nous paraîtrait une profanation publique de ces lieux, et une espèce d’abomination dans le lieu saint, Nous défendons très expressément à tous Prêtres du Clergé ou Réguliers d’y célébrer la S. […] En effet n’est-ce pas un désordre manifeste et un scandale, que la même personne qui aura paru pendant les Offices Divins occupée à y chanter sous un habit Ecclésiastique les louanges de Dieu et à servir à l’Autel au plus redoutable de nos mystères, paraisse ensuite et quelquefois le même jour sur un Théâtre, ou fasse partie du spectacle ? […] C’est l’approuver que de s’en servir.

13. (1588) Remontrances au roi Henri III « [Chapitre 2] » pp. 128-135

Sur l’échafaud l’on y dresse des autels chargés de Croix et ornements Ecclésiastiques, l’on y représente des Prêtres revêtus de surplis, même aux farces impudiques, pour faire mariages de risées : L’on y lit le texte de l’Evangile en chant Ecclésiastique, pour, (par occasion,) y rencontrer un mot à plaisir qui sert au jeu : Et au surplus il n’y a farce qui ne soit orde sale et vilaine, au scandale de la jeunesse qui y assiste, laquelle avale à longs traits ce venin et poison, qui se couve en sa poitrine, et en peu de temps opère les effets, que chacun sait et voit trop fréquemment. […] Davantage Dieu y est courroucé en l’abus et profanation des choses saintes, dont ils se servent. […] , cela lui sert de réjouissance et plaisir, et le retire d’autres vices plus grands : froide et maigre considération, par laquelle cuidantf fuir un gouffre, l’on tombe dans un autre plus dangereux. […] , qui veut être servi tout le jour de la fête, par prières et assistance au service public, lequel est délaissé pour aller à ces jeux, et quelle Théologie est-ce, de dire que les fêtes sont pour réjouir le peupleLes fêtes ne sont ordonnées pour réjouir le peuple.

14. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

A la vérité les Empereurs de Constantinople ont jusques au declin de leur Empire retenu le gonfanon où était le Dragon peint, et l’appelaient Flammulum du Latin, duquel nom tant Cédrène que le Curopalate se servent, et dont vient le mot Français d’Oriflamme et le Flamboler des Turcs. […] , gagne tant en nous, que nous le fassions servir en figure de Spectacle lui-même ? […] Que sert en somme la figure du Dragon, comme toutes les autres masques et diableries, et principalement celles qui se font ès Processions, sinon pour faire peur aux enfants, faire rire les bons compagnons et libertins, et les conduire à un mépris des saintes Cérémonies qu’on mêle avec les Jeux et Spectacles ?

15. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Il voulait que l’on traitât comme des esclaves et des personnes infâmes les comédiens et tous ceux qui servaient à divertir le peuple aux dépens des mœursf. » Les Romains portèrent dans les provinces qu’ils conquirent le goût qu’ils avaient pour les spectacles. […] Mais on reconnut bientôt l’indécence qu’il y avait à faire servir au plaisir du peuple les mystères de la religion, d’autant plus que, pour plaire à la multitude, on les déshonorait par une mixtion de farces scandaleuses. […] Le concile de Trente défendit aussi de faire servir l’Ecriture sainte à des sujets de divertissement ; et il ordonna aux évêques de punir les téméraires violateurs de son décret aussi bien que de la parole de Dieu. […] C’est ce qui a donné lieu de se servir de ces mots, patelin, patelinage, pour exprimer le caractère d’un homme de mauvaise foi. […] [NDE] Ici, Hulot suit Joseph Romain Joly, Conférences pour servir à l’instruction du peuple », Paris, 1768, p. 148-150.

16. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XV.  » p. 470

Il faut que la jalousie y entre, que la volonté des parents se trouve contraire, et qu'on se serve d'intrigue pour la faire réussir. Ainsi l'on montre le chemin à celles qui seront possédées de la même passion de se servir des mêmes adresses pour arriver à la même fin.

17. (1675) Traité de la comédie « XV.  » p. 296

Il faut toujours qu'il y ait du transport, que la jalousie y entre, que la volonté des parents se trouve contraire, et qu'on se serve d'intrigues pour faire réussir ses desseins. Ainsi l'on montre le chemin à celles qui seront possédées de la même passion, de se servir des mêmes adresses pour arriver à la même fin.

18. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Un vieillard déja venerable par son âge, ne peut avec bienseance reprendre les jeux, qui ont servi d’amusement à ses premieres années, ni méme se permettre certaines libertez, qu’on pardonnoit autrefois à sa jeunesse. […] Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle. […] Que sert-il de le dissimuler ? […] Aussi ceux-là ont attiré toute la terre à Jesus-Christ par l’odeur de leur sainteté, & ont fait avoüër aux plus-opiniâtres d’entre les Gentils, qu’il n’y avoit point d’apparence, que l’erreur pût se trouver, où brilloit tant de vertu ; au-lieu que nos dereglemens servent de pretexte aux heretiques pour se separer de l’Eglise, & persuadent aux ames simples & peu êclairées, que la verité ne se peut rencontrer, où regnent tant de desordres ? Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ?

19. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Tâchons donc de nous servir de cette Règle de saint Cyprien « Praeceptorum loco, etc. » lib.I , de Spect. in princip. […] Vous voyez par là qu’aucun des moyens que j’ai pu employer pour découvrir ce qu’il pouvait avoir de mauvais dans les Comédies, n’a servi qu’à me faire connaître, que de la manière qu’on les joue Paris elles sont sages, modestes, et bonnes en quelque manière. […] Il faut donc qu’il se fut servi d’un des trois moyens dont nous venons de parler, et qu’il eut reconnu que ces sortes de Comédies faisaient une si grande impression sur ceux mêmes qui les lisaient, qu’elles causaient toujours en eux quelque désordre. […] Telles sont les paroles de passions dont on se sert dans la Comédie : leur nature n’étant pas de les exciter, malheur à celui qui s’en sert pour un si mauvais usage. Toutes les Histoires (sans excepter même l’Histoire Sainte) ne se servent-elles pas de paroles qui expriment les passions, et qui rapportent des actions éclatantes dont elles ont été la cause.

20. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 11. SIECLE. » p. 186

Réglez, dit le Sage, tout votre corps de telle sorte, que nous n'employons point pour faire le mal, les mêmes membres ont nous nous servons pour faire le bien : Comme s'il disait, je vous prie que ces pieds dont vous vous servez pour aller au Temple de Dieu, ne soient point employés pour aller aux Jeux du Théâtre, et aux Spectacles infâmes.

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