Delà l’invention des paroles & du dialogue dans les Piéces ; il me semble voir chaque père de famille, le front couronné de pampre & de lierre, assister à ces jeux naïfs, marquer les entre-Actes, ou la fin des Scènes, par d’amples libations du divin jus de la treille ; & applaudir en bégayant, aux rustiques plaisanteries de leurs Drames naissans. […] Molière sembla avoir le dessein de la ressusciter de nos jours, par le soin qu’il avait que ses Acteurs portassent les mêmes habits, & eussent les mêmes manières que les originaux qu’il dépeint dans ses Drames. […] Il me semble cependant qu’il est facile de les excuser.
Il leur semble peut-être que le temps est mauvais, parce que presque dans toutes les Villes les Théâtres, ces lieux infâmes, où l'on fait une profession publique de l'impureté, tombent en ruine, d'où vient cela, sinon de la pauvreté, qui ne leur permet pas de réparer ces lieux qu'ils avaient bâtis autrefois avec une profusion honteuse et sacrilège ? […] Il semble que nous ne prenions les Sacrements du Christianisme, que pour nous rendre plus coupables par le mépris que mépris en faisons. Nous préférons les choses vaines au service de Dieu, nous méprisons les Autels, et nous respectons le Théâtre, nous aimons toute chose, nous avons toute chose en vénération e en comparaison de tout, il n'y a que Dieu qui nous semble méprisable.
Page 96 Regrets du ministère français, d’être dans l’impuissance d’arrêter les désordres affreux qui semblent se perpétuer en Espagne. […] Page 189 Les prêtres fanatiques semblent ignorer, qu’une seule pensée vers Dieu de l’âme du pécheur, à l’article de la mort, peut opérer le salut. […] Il semble ignorer qu’il y ait eu autrefois des prélats pratiquant la pauvreté et la simplicité évangélique.
Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] [NDE] Le sens semble être, pour ne pas offenser la bonne réputation dont la comédie jouit. […] L’idée semble être qu’il ne suffit pas faire une bonne œuvre si la raison pour laquelle on agit est vicieuse.
qui semblent condamner davantage la Comédie, même d’à présent, y supposent toujours de l’idolâtrie, beaucoup d’impureté et de dissolutions. […] Saint François de Sales semble y donner les mains, en parlant des bals et de ceux qui y vont : Saint Thomas S. […] » a suivi ce sentiment ; et il ajoute qu’il semble que c’est un péché mortel, parce qu’on les entretient dans leur profession, et que l’on coopère à quelque chose qui est mortel. […] L’on apporte ordinairement sur cette matière l’autorité de Saint François de Sales, qui dans quelques endroits de son Introduction à la vie dévote, semble favoriser la Comédie. […] De plus, il semble qu’après l’exemple de tant de personnes distinguées par leur caractère et leur Profession qui y vont, il n’y a plus tant de péché à y aller pour les séculiers.
L’Interrogation juridique qu’on fit au Boiteux me semble devoir être raportée : Anne : … » mais je te vueil demander » S’il est vray ce qu’on a compte, » On nous a ici recite » Que pour trouuer moyen de viure » Toy qui estoys fort & deliure » Faignoys d’estre tout contrefaict. […] Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions.
Il semble que ce soit le sort des Peuples, qui se succédant directement l’un à l’autre, ne croyent trouver, dans les Ouvrages des premiers, que des objets d’imitation. […] Les Auteurs des plus belles idées, n’étant plus depuis longtems, semblent remettre la postérité dans le droit de se les approprier à son tour.
J’observerai en faveur des Anglais, que ce Peuple si sage semble avoir connu avant nous l’Opéra-Bouffon ; il suffit pour s’en convaincre, de jetter les yeux sur l’Opera du Gueux, La double Métamorphose ; & sur plusieurs de leurs Poèmes-Dramatiques, dans lesquels on rencontre du chant enjoué. […] Je vais apprendre au Public un trait de l’histoire de notre Opéra sur lequel on semble avoir jetté un voile, sans doute parce qu’il n’est pas trop à la gloire de l’Opéra-Comique.
Ces machines avaient assez de rapport avec celles de nos ceintres ; car aux mouvemens près, les usages en étaient les mêmes, & les Anciens en avaient comme nous de trois sortes en général ; les unes qui ne descendaient point jusqu’en bas, & qui ne faisaient que traverser le Théâtre ; d’autres dans lesquelles les Dieux descendaient jusque sur la Scène, & de troisièmes qui servaient à élever ou à soutenir en l’air les personnes qui semblaient voler. […] Ainsi ces statues qui semblaient n’être mises au haut des portiques que pour l’ornement, étaient encore une source de délices pour l’assemblée, & enchérissant par leur influence sur la température des plus beaux jours, métaient le comble à la magnificence du Théâtre, & servaient de toute manière à en faire le couronnement.
Et vous semble-t-il que les Lettres provinciales soient autre chose que des Comédies ? […] J’en pourrais dire autant des romans, et il semble que vous ne les condamnez pas tout à fait. « Mon Dieu, Monsieur, me dit l’un de vous,j que vous avez de choses à faire avant que de lire les romans !
Voilà me semble la principale raison qui a élevé les Comédiens sur les débris de la fortune des Auteurs, qui, dans le droit, sont les seuls créateurs des plaisirs que le Théâtre procure.
… On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte ; qui paroissent hardiment sur un Théâtre devant tout un peuple ; qui ont fait une étude de l’impudence ; qui par leurs regards & par leurs paroles, répandent le poison de l’impudicité dans les yeux, dans les oreilles de tous ceux qui les voient, qui les entendent ; & qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne, à détruire la chasteré, à deshonnorer la nature, & à se rendre les organes visibles du démon.
Madame Des Tianges doit ignorer que les habitans des villes, dans les conditions communes, privent quelquefois leurs familles du nécessaire, pour se livrer aux desordres dont leur médiocrité semblait devoir les préserver.