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247. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Mais mon insuffisance en toutes ces parties m’ayant déjà comme exilé de la scène, voici que la médisance de nos ennemis m’y a contraintement rappelé. […] [NDE] Le roi permet aux comédiens de manier l’épée devant lui (sous-entendu : si leur rôle le demande), comme ils le font sur cette scène de théâtre où La Porte parle : tirer l’épée est un privilège de la noblesse, et c’est un crime de lèse-majesté que de le faire en présence du roi.

248. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Les Dieux nous manquent, et nous leur manquons ; et si, voulant imiter les Anciens en quelque façon, un Auteur introduisait des Anges et des Saints sur notre scène, il scandaliserait les dévots comme profane, et paraîtrait imbécile aux libertins. […] A la vérité, les Histoires du vieux Testament s’accommoderaient beaucoup mieux à notre scène.

249. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Il n’en fallait pas davantage pour rendre ses Tragédies aussi passionnées que les nôtres, s’il eût cru que la galanterie des Athéniens était une raison assez forte pour l’obliger de faire voir sur la Scène une peinture de tous les mouvements de l’amour. […] Ayant à faire voir en cette Pièce un amant qui se tue pour ne pas survivre à celle qu’il aime : il n’aurait rien épargné pour mettre en leur jour tous les emportements qui accompagnent une mort comme celle-là : Bien loin de s’étudier à ne faire jamais paraître ensemble ces deux Amants, il aurait ménagé entre eux quelque Scène semblable à celles que l’on souhaite si fort aujourd’hui. […] Avons-nous vu des Scènes plus admirables que celle où Auguste délibère dans Cinna s, s’il doit quitter l’Empire ; ou que l’entrevue de Sertorius et de Pompée dans Sertorius t ; ou que, dans le Mithridate u, le dessein que prend ce Prince de porter la guerre jusques à Rome. […] [NDE] Sur la question de la tragédie de martyrs, qui anime cette section du dialogue, voir Anne Teulade, Le Saint mis en scène. […] Lors de ses tribulations, envoyées comme épreuves par Dieu, Eustache perdit femme et enfants avant de les retrouver lors d’une grande scène d’anagnorisis.

250. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

Chacun accourt remplir la bourse de ses favoris, (c’est ainsi qu’on peut nommer ceux qui le font tant valoir sur la Scène) la fortune qu’ils font est si rapide que nous pourrions bien tôt les voir se métamorphoser en autant de Seigneurs de Paroisse.

251. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Le lieu de la Scène change aussi à chaque instant dans la Comédie-mêlée-d’Ariettes.

252. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

… Un goût, que je n’ai pu détruire, joint à des applaudissemens mérités, m’a jeté loin de moi-même… Voila la cause de ma ruine… Ursule ignore mes torts… mais je les sais ; mais le remords me ronge, me déchire… Et cependant, lorsque je promets de renoncer à ***, je la vois sur la Scène, suivie des Grâces, des Ris & des Talens, enviée, adorée, desirée, l’objet des hommages de tous les cœurs… ma résolution s’affaiblit ; le charme renaît… Non, je ne suis pas digne de vivre… Quand je vois Ursule… Ursule, & mon fils que je serais au desespoir qui me ressemblât un jour, je meurs de confusion.

253. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Que de fameux acteurs dans l’art musical, et que de charmants danseurs et danseuses dans nos opéras, illustrèrent la scène, et l’embellissent encore aujourd’hui !

254. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Il a fallu des ordonnances très-sévères pour arrêter ces impiétés, & bannir de la scène tout vestige des habits sacrés. […] On se prive par là de plusieurs belles scènes où la Supérieure auroit pu jouer un rôle brillant. […] Est-on bien sage d’introduire de pareils insensés sur la scène ?

255. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

D’ailleurs les spectacles de son temps, comme nous verrons bien-tôt, n’étoient que de simples jeux, bien différens de cet assemblage étudié des pieges les plus dangereux qui forment notre scène. […] Thomas, contre les fausses interprétations que le relâchement lui a données, & après avoir démontré combien les spectacles sont contraires aux divines Ecritures, combien ils sont dangereux en effet, & dans le sujet des pieces, & dans la maniere de les représenter, dans les Actrices, les danses, les masques, vices communs à tous les théatres, qui rendent même la scène moderne plus obscène que les scènes Grecque & Romaine, malgré le voile de l’équivoque dont on la couvre, & le mariage qui est le dénouement de l’intrigue, il conclud que les Acteurs & les Actrices sont dans un état de péché mortel & de damnation.

256. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Les jésuites semblent impatients de commencer en France des scènes tragiques et cruelles, pareilles aux exécutions sanglantes qui signalent leur influence funeste en Espagne. […] Bonaparte, malheureusement pour lui, dédaigna trop souvent l’opinion publique, et il n’en disparut que plus promptement de la scène du monde. […] On les y a toujours vus en scène, jouant la comédie ; généreux par intérêt et spoliateurs par inclination, ils ont pour principe de partager les dépouilles de leurs victimes avec leurs Séides les plus dévoués.

257. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

les uns sacrifient avec zèle le plaisir du spectacle, pour assister au service divin ; les autres ne trouvent pas un moment pour entendre la messe ou le sermon, et passent trois ou quatre heures à la comédie, ou peut-être après avoir fait de la messe un spectacle profane, où ils ne sont allés que pour voir et pour être vus, ils passeront de l’Eglise au théâtre, comme on passe des coulisses sur la scène. […] La Purification nous fait admirer une Vierge qui vient dans le temple consacrer son Fils au Seigneur ; sur la scène on est enchanté d’une Actrice qui vient immoler les cœurs au Démon. […] avez-vous du goût pour le ridicule, et voulez-vous fournir la matière de quelque scène comique ?

258. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

La vengeance n’est-elle pas encore représentée dans Cornélie comme un effet de la piété, et de la fidélité conjugale, jointe à la force et à la fermeté Romaine, au troisième Acte de la mort de Pompée, Scène quatrième, lors qu’elle dit à César : « C’est là que tu verras sur la terre et sur l’onde, Le débris de Pharsale armer un autre monde : Et c’est là que j’irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs ; Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu’ils suivent au combat, des urnes au lieu d’Aigles, Et que ce triste objet porte à leur souvenir, Les soins de me venger, et ceux de te punir. » « On ne peut pas dire qu’en cet endroit le Poète ait voulu donner de l’horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune ; au contraire c’est par cette vengeance qu’il prétend rendre Cornélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque. Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s’il ne fait monter sa piété vers Pompée, jusques à l’impiété et au blasphème envers les Dieux de l’antiquité ; car il la fait parler dans la première Scène du cinquième Acte aux cendres de son mari, en cette manière ; « Moi je jure des Dieux la puissance suprême, Et pour dire encore plus, je jure par vous-même ; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé, Que le respect des Dieux qui l’ont mal protégé. » Et sur la fin de la Scène quatrième du même Acte : « J’irai, n’en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux : Ces Dieux qui t’ont flatté, ces Dieux qui m’ont trompée, Ces Dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée, Qui la foudre à la main l’ont pu voir égorger : Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger ; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la Victoire. » « Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Cornélie était Païenne ; car cela prouve seulement qu’elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas : mais cela n’empêche pas que supposé qu’elle leur attribuât la divinité, elle n’eût pas des sentiments effroyablement impies.

259. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

L’autorité séculière se crut enfin obligée de mettre un terme à tant de désordres scandaleux, et, d’accord avec les lois canoniques, elle régla le sujet des pièces de théâtre, et ordonna que la scène théâtrale serait transportée hors des églises et placée dans des salles construites pour cet objet.

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