Cacatrix est une folie singuliere ; on ne peut s’empêcher de rire de la confiance intrépide d’un mari trompé, de la familiarité pleine de gaieté, avec laquelle un Abbe traite les femmes (il faut bien que la religion & les Ministres fassent une partie de la dépravation des mœurs, & y répandent un sel plus piquant).
Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c.
On voit souvent un fonds de tristesse à travers un air de joie & un ris forcé, ou un fonds de joie à travers des pleurs affectés & une tristesse factice ; mais l’un & l’autre règne dans tout le visage.
Le spectateur qui le voit, rit de bon cœur, tandis que l’Acteur gronde.
On a beau rire de cette morale, & s’en écarter dans la pratique, c’est la vérité, c’est la règle, c’est l’état.
Il estoit sousté de quelques badines & folâtres representations de certains Personnages, sous le nom de de Citeria, de Manducus, & de Petreia, qui par leurs grimaces artificiel[les] sembloient vouloir devorer les gens, & qui n’estoient employez qu’à divertir les plus innocens, qu’à faire trembler les plus timides & rire les plus asseurez.
Chez les Anciens, à la Représentation d’une Tragédie succédoit une Piéce boufonne, pour ramener la gayeté dans les Spectateurs, & ce même usage s’est établi parmi nous : un ancien Scholiaste de Juvenal nous dit, qu’un Farceur entroit sur le Théâtre, pour faire succéder les ris à la tristesse, & afin qu’on essuyât ses larmes.
Le fameux Siège 23, qui fit courir tout Paris chez Nicolet, avait un côté comique auquel il dut sa vogue ; et ses chevaux de carton, mannequins à bretelles, portés par leurs cavaliers, ont fait aussi longtemps pousser de rire, que les plus beaux élèves des deux Franconi intéresseront, partout où ils les montreront.
., Comédien ; ces idées sont si disparates, les personnes et l’emploi sont si opposés l’un à l’autre, que ce seul langage révolte : la seule proposition serait une insulte et une folie, exciterait l’indignation, ou ferait rire par le ridicule ; ce serait allier le bon ordre et la dissolution, la sagesse et la folie, la considération et le mépris, la confiance du public et la friponnerie.
On se rit des soins inutiles d’un mari jaloux : il a beau se tourmenter toute l’année, un seul bal de l’Opéra détruit toutes ses précautions.
Ils donnent des leçons du crime en le jouant, et par l’image conduisent à la réalité : « Docent adulteria dum singerat et simulatis erudiunt ad vera. » En voyant ces infamies représentées sans honte, et regardées avec plaisir, les jeunes gens apprennent ce qu’ils peuvent faire : « Cum hæc sine pudori fieri, et libenter spectari cernunt, admonentur virgines et juvenes quid facere possint. » Le feu de l’impureté, qui s’allume surtout par les regards, les embrase : « Inflammantur libidine quæ aspectu maximè concitatur. » Chacun, selon son sexe, se livre à tous les écarts de son imagination ; c’est l’approuver que d’en rire : « Probant dum rident. » On revient corrompu dans sa maison, et non seulement les enfants auxquels il est si funeste de donner la connaissance et le goût prématuré du mal, mais même les vieillards, dont les vices, sont des ridicules : « Corruptiores ad cubicula sua revertuntur. » Fuyez donc le théâtre pour vous garantir de l’impression du vice, pour conserver la paix de l’âme, pour éviter l’habitude de la volupté, qui vous éloigne de Dieu et de la pratique des bonnes œuvres : « Ne voluptatis consuetude deliniat et a Deo avertat. » Il fait (C.
Il conclut, que ces Spectacles doivent être défendus, dans lesquels on ne voit que des choses malhonnêtes, où l’on n’entend que des paroles bouffonnes et vaines, où les représentations sont contre la pudeur, où les Comédiens et les Farceurs disent des paroles trop libres pour faire rire ». […] » Saint Chrysostome parle des Spectacles dans plusieurs endroits de ses ouvrages ; mais il les condamne particulièrement dans son Homélie 42 sur les Actes des Apôtres32. « Dans les théâtres, dit-il, il n’y a que des ris dissolus, que des choses honteuses, qu’une pompe diabolique, qu’une dissipation d’esprit, qu’une perte de temps, que des projets d’adultère, ce n’est qu’une Académie d’impureté et une école d’intempérance.
On lui fit épouser un inconnu, un phantome de mari, par des ambassadeurs, & ces ambassadeurs étoient les jeux & les ris.