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471. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Lorsqu’on nous représente des défauts qui surpassent de beaucoup les nôtres, au lieu de chercher à nous corriger, nous nous applaudissons de ce prétendu avantage. […] « Il est inutile de dire, pour justifier les Comédies, qu’on n’y représente que des passions légitimes, et qui ont pour fin le mariage. […] Celles-ci font toujours plus d’effet, parce qu’elles sont prises sur notre air et sur nos manières ; que les personnes qu’elle nous représente sont faites comme celles avec qui nous vivons ; et que presque tout ce que nous y voyons, ou nous prépare à recevoir les impressions de quelque chose de semblable que nous trouverons bientôt, ou renouvelle celles que nous avons déjà reçues. […] Mais sans l’être, on peut savoir comme les Théologiens ont parlé, et représenter à M.F. qu’aucun d’eux n’a dit ce qu’il leur fait dire, que les pompes du démon sont dans le péché.

472. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

[NDE] Comédie de Delisle de Drevetière, représentée par les Comédiens italiens en 1722.

473. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

En effet, il le représente professant constamment qu’un homme d’honneur doit être franc et sincère, et ne rien dire qui ne parte du cœur ; qu’il se ferait plutôt pendre que de trahir sa conscience. […] On sait que la comédie des Précieuses ridicules, représentée plusieurs années avant celle des Femmes savantes, avait déjà flétri, et annulé de même, l’autre réunion de femmes vertueuses et les plus polies, les plus aimables que la France possédait alors.

474. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Par ordre du Conseil suprême, qui étoit à la place du Parlement, on choisit pour modele les cérémonies pratiquées à la mort de Philippe II, Roi d’Espagne, on avoit représenté Philippe en purgatoire, pendant deux mois, pour expirer ses fautes légeres ; car il n’en avoit point de considérables ; on le mit dans un appartement tendu de noir, éclairé de peu de flambeaux, on y alloit prier pour lui : après avoir fait sa pénitence, il sortit du purgatoire, la décoration changea, & on le mit dans le Ciel. […] On tâcha d’imiter cette magie extravagante, à l’opéra, où l’on représenta un temple de Jupiter, orné de tant de diamans, de cristaux, de miroirs, de plaques, que la lumiere des flambeaux de toute part réfléchie, étoit insoutenable ; tout cela fut fait pour Olivier Cromwel ; on le mit sur un lit de parade, la couronne en tête, le sceptre d’or à la main, quoiqu’il n’eût que la qualité de Protecteur ; il fut d’abord en purgatoire, qu’il n’avoit jamais cru, & ensuite dans le Ciel, dont il ne s’étoit guerre plus embarrassé, non plus que de l’enfer, ainsi que tous ses partisans ; tout cela fut fait par autorité publique, à Londres où l’on se pique d’être philosophe, où l’on étoit depuis long-tems protestant, où l’on brûloit le Pape dans la place publique, sans faire attention que c’est-là une pompe catholique, que Philippe II, dont on imitoit les obseques, avoit été le plus grand ennemi de l’Angleterre ; après toutes ces folies, le cadavre soigneusement embaumé, & suivi de toute la Cour, fut porté dans le tombeau des Rois.

475. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Il prend tous les caractères dans les divers rôles qu’il joue, pour immoler à la risée tous ceux qu’il représente.) […] Il veut que la raison de cet empressement soit le plaisir de voir en même tems deux comédies, deux sortes d’acteurs & d’actrices pour une seule action, l’une très véritable dans les loges, l’autre imaginaire sur le théatre : la comédie réelle & la comédie représentée.

476. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Dorat vient de faire représenter Adélaïde de Hongrie. […] Les ballets ne veulent point de paroles, on n’y parle que par les bras & les jambes : mais il faut un génie poëtique pour l’inventer, être peintre pour le dessiner, être musicien pour l’animer & l’approprier à ce qu’on doit représenter.

477. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Ce qui se pratiquait aux funérailles des Grands & même des Empereurs, où un Personnage couvert d’habits semblables à ceux du mort, ayant sur le visage un masque qui lui ressemblait parfaitement, précédait le corps, & représentait sans ménagement les actions de sa vie les plus connues, de quelque nature qu’elles fussent, semble donner une idée de ce que l’on pouvait exprimer dans ces Pièces, qui, devraient être fort libres, ou même des Satyres sanglantes & personnelles].

478. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les acteurs, de l’anathème qui résulte de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de la création des comédiens du troisième âge, les prêtres ont rempli des rôles, dans les mystères que ces mêmes comédiens représentaient.

479. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Il faudrait, ajoute-t-il, pour représenter ce spectacle, les tragédies d’Echyle et de Sophocle, encore même ne pourraient-elles pas atteindre à l’excès de ces maux : « Quæ Carthaginenses passi sunt Æschilis et Sophoclis tragediis egerent, atque horum quoque linguam vinceret malorum magnitudo. » Cette ville si puissante, si riche, qui a longtemps disputé à Rome l’empire du monde, qui a mis Rome à deux doigts de sa perte, qu’à peine Rome a pu vaincre après trois grandes guerres, est aujourd’hui le jouet des barbares : « Illa a Romanis vix capta, quæ cum maxima Roma de principatu certaverat, eamque in summum discrimen deduxerat, modo facta est ludibrium barbarorum. » Ses célèbres Sénateurs, errants et fugitifs dans toute la terre, attendant pour vivre quelque aumône des gens charitables, arrachent les larmes des yeux, et présentent le plus triste tableau de l’instabilité des choses humaines : « Orbe toto errantes, vitam ex hospitalium manibus sustentantes, cient spectantibus lacrimas, et rerum humanarum instabilitatem declarant. » Cet Auteur ajoute que peu de temps auparavant, les habitants de Trèves, après avoir vu trois fois piller, saccager et brûler leur ville par les Francs, eurent la folie de demander des spectacles pour toute consolation et tout remède à leurs maux : « Quis æstimare hoc genus amentiæ possit qui excidio superfuerant quasi pro summo deletæ urbis remedio, circenses postulabant ? 

480. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

L’arrêt du 2 janvier 1693 déchargea cette portion de la saisie, mais arrêta la part de Poisson et de sa femme sur les profits des représentations, ordonna que les deux tiers seraient donnés aux créanciers jusqu’à l’entier paiement, obligeant la troupe d’en tenir registre et de le représenter deux fois l’année.

481. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

J’appelle influence expansive ce qui développe le germe d’une passion ou d’un goût ; et il est incontestable que les sujets dramatiques actuels, par eux-mêmes et les formes qu’on leur donne, substituent l’horreur à la terreur qui suffisait autrefois pour émouvoir profondément : la conséquence de cette innovation s’aperçoit par la préférence que le public accorde aux nouvelles compositions sur nos premiers chefs-d’œuvre : si quelquefois encore on représente au Théâtre Français une tragédie de Corneille ou de Racine, la salle est toujours vide, ce qui pourrait faire craindre que la licence de la scène ne se glissât un jour dans les mœurs et qu’on ne sifflât pas toujours sur la place publique ce qu’on tolère aujourd’hui au théâtre.

482. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Le vice est aussi souvent & plus souvent représenté que la vertu. […] Alors il se fit connoitre : il lui représenta combien sa conduite étoit indécente ; que la sagesse gémit de voir la folie dans les autres, & n’a garde de s’en faire un jeu ; que c’étoit dégrader sa dignité suprême de se plaire avec les insensés ; qu’en se rendant ainsi méprisable, il affoiblit le respect dû aux choses saintes dont il est la chef & le dispensateur, &c.

483. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Rapportons ses propres paroles dans le langage naïf d’Amiot : « Quand ce Musicien eût un peu ébranlé & sondé la Compagnie du festin, & qu’il sentit que plusieurs étaient enclins à son intention, & se laissaient mener pour le plaisir qu’ils prenaient à tout ce qu’il voulait leur sonner, & à toute dissolution qu’il voulait représenter ; alors se découvrant tout à l’ouvert, il nous fit voir clairement que la musique, à ceux qui en abusent impudemment à toutes heures, enivre plus que pourrait faire toutes sortes de vins que l’on pourrait boire : car ceux qui étaient à table ne se contentèrent plus de crier à pleine tête & de frapper des mains l’une contre l’autre ; mais à la fin la plus-part d’iceux se levèrent de table & commencèrent à se tremousser de mouvemens dèshonnêtes & indignes de gens d’honneur, mais qui convenaient aux Sons & Chansons qu’il leur sonnait. » Un certain Ephore, Auteur Grec, cité par l’Historien Polybe, affirme qu’elle ne fut introduite que pour tromper & abuser les esprits. […] Je répondrai qu’Hérodote ne nous la représente point si barbare, lorsqu’il nous apprend que les Scytes furent les seuls qui ne voulurent point reconnaître Bacchus, parce qu’ils trouvaient que c’était une chose ridicule d’adorer un Dieu qui rendait les hommes insensés & furieux.

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