Ils ont produit le plus grand homme. […] Il a tort cependant de se borner aux demi-dieux, Mars, Apollon, Mercure, Bacchus, Cupidon, Minerve, Diane, Venus, les Muses, ne sont pas plus légitimes qu’Hercule, ni moins propre à annoblir, à consacrer, à diviniser la débauche des héroïnes dont les fautes merveilleuses ont eu un si grand objet, & produit un si beau fruit.
Il y a cent comédies qui sous différens titres produisent le même effet, & sont jouées à la même fin. […] De quels anathêmes seroit chargé l’insolent qui oseroit produire quelqu’un de ces griefs ?
Cet exercice est le plus propre à développer dans la jeunesse des talens (& des vices) qu’on ne lui eût pas soupçonnée, & des graces (une coquetterie), qui n’avoit besoin que d’une assurance honnête (de l’impudence) pour se produire dans tout leur éclat (séduire plus efficacement), & faire éclore dans les ames cette sensibilité précieuse (cette corruption funeste), germe de toutes les vertus (de tous les vices). […] il imprime la même idée, il excite les mêmes sentimens, & le théatre doit produire cet effet plus que la réalité.
Toutes les femmes qui ne se montrent que pour les produire, seroient inconsolables de ne trouver que des yeux distraits ou modestes, des cœurs insensibles ou vertueux. […] qui peut plus sûrement, plus promptement produire cet effet, que la vue des nudités ?
Il est si fort ordinaire à ces messieurs les beaux esprits de prendre le méchant parti pour exercer la facilité qu’ils ont de prouver ce qui paraît le plus faux, qu’ils ont cru que cette réputation ferait un tort considérable à l’ouvrage de Monsieur de Molière, s’ils écrivaient pour en montrer l’innocence et l’honnêteté, et, d’ailleurs, comme ils ont vu qu’il n’y avait point de gloire à remporter, quelque fort que fût le raisonnement qu’ils produiraient, ils en ont laissé le soin aux plumes moins intéressées que les leurs.
« Les sauterelles ont été produites de la fumée du puits et de l’abîme, et sont montées sur la terre. » Et un peu après, « Et ces sauterelles sont semblables à des chevaux préparés pour le combat, et elles ont des couronnes, qui semblent dorées, sur leurs têtes. » Il conclut enfin que dans le bal se trouve la pompe du siècle, le feu de l’impureté, la superbe et la vaine gloire, et que les hommes par conséquent y deviennent ennemis de Dieu.
Il s’agit de savoir si le goût que Molière a reconnu dans ses compatriotes, était un mauvais goût en lui-même, et si en le respectant c’était entretenir les défauts, les ridicules et les vices que ce goût mal dirigé pouvait produire. […] Pour prouver que « le Théâtre purge les passions qu’on n’a pas et fomente celles qu’on a »ad , vous dites qu’on n’ose mettre sur la scène « un homme droit, vertueux, simple, grossier et sans galanterie, qui ne dit point de belles phrases »ae , il y a cependant longtemps que Molière a produit cet homme sur la scène. […] La Comédie apprit à rire sans aigreur, Sans fiel et sans venin sut instruire et reprendre, Et plut innocemment dans les vers de Ménandre. » bc C'est la même chose que la Police a produit à Paris, elle a proscrit les satires atroces d’Aristophane et n’y souffre plus que la sage critique de Ménandre.
Desmares, du bon effet que devaient y produire les pièces qui ont un but moral ; vous soutenez que l’autorité en laisse représenter d’autres : c’est à l’autorité à répondre.
Cette derniere espèce d’intrigue est préférée, parce qu’elle fournit une matiere plus abondante ; parce qu’en effet elle produit plus de mouvemens contraires, & plus de combats.
Quoique absolument parlant nous ne condamnions pas quelques danses qui se font modestement & honnêtement, à l’occasion des mariages, néanmoins il faut avouer que ces assemblées de garçons & de filles produisent presque toujours quelques desordres.
La scène produit aussi des changemens, mais bien différens.
Quant aux Tyrans, on n’en a besoin nulle part : il suffit de les montrer ; et vous n’ignorez pas les motifs qui portent nos Auteurs à les produire sur la scène : c’est pour en faire l’objet de l’exécration publique, et quelque bien établie que soit à Genève la haine de la Tyrannie, il n’en est pas moins sage de justifier, de nourrir et de fortifier cette haine par les tableaux des horreurs que les Tyrans ont su commettre.
Ces trois sortes de faste que l’intention distingue, & dont elle rend l’usage bon ou mauvais, portent sur le même principe & produisent le même effet ; elles en imposent à l’homme, & en frappant les sens, aggrandissent ses pensées. […] L’Auteur du scandale se donne du scandale à lui-même, & se blesse le premier de ses propres traits, non-seulement parce que ses propres regards trouvent en lui comme les autres un aliment de péché, mais parce que le luxe produit d’abord sur lui les plus mauvais effets en flattant sa chair, il entretient sa sensualité en étalant les grâces, il entretient sa vanité en excitant l’impureté dans les autres, il se repaît de leur passion, s’expose à leur invitation, à leur poursuite, & multiplie les occasions & les facilités : vestis libidinem nutrit ; vestis fomitem peccati succendit .