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45. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Corneille déclare que la pièce est toute de son invention. Quelle fureur d’inventer de pareilles pièces ! […] Jusqu’ici on n’osait point dédier au Roi des pièces dramatiques. […] C’est la pièce la plus emportée contre le gouvernement monarchique. […] Voilà toute la pièce.

46. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Des Pièces pieuses. […] Si l’on donne quelque pièce pieuse, ce qui est très rare, est-ce la piété qu’y cherche et le spectateur et l’acteur ? […] La nouvelle pièce des Philosophes par M. […] Je le tiens à ceux qui par un esprit de religion voulant des pièces pieuses, doivent être pleins de ces sentiments. […] La pièce est un tableau animé.

47. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Les Pièces de Théâtre sur-tout doivent-être remplies de leçons de vertus, loin de rendre le vice aimable. […] Les mœurs des Personnages de cette Pièce sont on ne peut plus libres. […] Or une semblable Pièce peut-elle remplir les Spectateurs d’idées honnêtes ? […] Enfin, cette Pièce si vertueuse, si utile aux bonnes mœurs, se termine d’une manière digne d’elle. […] Il règne dans cette pièce une chaleur, une liberté cinique que bien des gens ont dû applaudir.

48. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Il en est d’une pièce à faire d’une certaine façon, comme d’un sujet donné. […] Une Pièce fournit quelquefois plus qu’il ne faut à l’action, & fût-elle jouée médiocrement, elle plaît. […] Ou l’on moule, pour ainsi parler, une Pièce sur un seul Acteur, ou tous les rôles sont ajustés au jeu de plusieurs. […] L’un & l’autre s’apprécie par la durée de la pièce puisque c’est cette durée qui fait la fortune des Auteurs. […] Le Comédien qui est maître absolu de son rôle, croit l’être de toute la pièce.

49. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Vous exceptez vous-même du nombre des mauvaises pièces Athalie & Esther. […] Tout, dans cette excellente pièce, contribue au triomphe de la vertu ; mais elle n’est pas la seule dans ce genre, & celles que je vous ai citées plus haut en font la preuve. […] Je fais plus : je vous avoue même que plusieurs des pièces de ce grand Comique ne répondent point à la pureté du théâtre ; d’autres auteurs l’ont profané à son exemple. Les comédiens doivent contenter tous les spectateurs ; s’ils ne jouoient que des comédies telles que souhaiteroient les honnêtes gens, leur sale seroit souvent déserte ; avec d’excellentes pièces les meilleurs comédiens mourroient de faim. […] Saint Charles Borromée examina lui-même les pièces que l’on jouoit à Milan.

50. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

 » Tout cela est vrai, nous diront peut-être ici quelques personnes, mais toutes les pièces ne sont pas aussi détestables, il y en a même encore de bonnes, et ce sont ces bonnes pièces que nous choississons. Nous avons vu plus haut ce qu’il faut penser des meilleures pièces du théâtre, et nous voudrions bien savoir quelles sont ces bonnes pièces modernes. […] Le but principal de la pièce paraît être le mépris du catholicisme. […] Telles sont les trois fameuses pièces qu’on osera peut-être appeler bonnes. — Or, si les bonnes pièces sont si contraires à la Religion et aux mœurs, que penser des autres ? Mais supposons que les pièces soient bon nes, ce que nous sommes loin d’admettre, les ballets le sont-ils ?

51. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

Il est si vrai que le Compositeur doit chercher à peindre dans ses accompagnemens, aussi-bien que dans les paroles du chant, qu’on veut que le morceau de musique par lequel il est d’usage de précéder les Pièces chantantes en tout genre, & qu’on appelle Ouverture, soit un tableau de ce qui doit se passer dans le cours du Drame. […] C’est proprement une simphonie, qu’on éxécute avant que la toile soit levée ; ou, si l’on veut, une longue Ritournelle du premier morceau de chant qui fait l’ouverture d’une Pièce. […] Les talens de Rameau peuvent être regardés comme une cause de cette délicatesse ; on peut aussi leur attribuer l’attention sévère qu’on fait aux Ouvertures des Pièces, par lesquelles on juge souvent des talens d’un Compositeur : toutes les Ouvertures de ce Musicien immortel, ont un rapport parfait aux Poèmes pour lesquels elles sont faites, & sont autant de chefs-d’œuvres. […] J’ai souvent vu telle Ouverture faire mal augurer de la musique de toute une Pièce. […] Loin d’avoir de tels objets à peindre dans l’Ouverture des Pièces du nouveau genre, rien ne se présente à l’enthousiasme du Compositeur ; il ne peut annoncer que les mêmes passions, que des intérêts aussi faibles les uns que les autres.

52. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Les noms des Personnages peuvent aussi être vrais & supposés ; en mettant des noms vrais dans une Pièce, il est permis malgré cela d’en imaginer le Sujet ; & en mettant des noms supposés, on est maître d’y placer des choses vraies & réelles. […] Les deux Pièces que je vais citer, prouveront si je lui fais des reproches mal fondés. […] On me dira que l’Auteur n’a point inventé le sujet, qu’il n’a fait que copier la Fontaine ; je répliquerai que ce n’est point une éxcuse : la Fontaine en a fait une Fâble & non une Pièce de Théâtre. […] Le Bailli est fait sur le modèle des Baillis actuels : rien ne nous avertit dans cette Pièce que le tems de son action remonte jusqu’à la plus haute antiquité. […] Il est inutile d’en dire davantage ; en continuant d’éxaminer cette Pièce si bisare, je craindrais à la fin de perdre le sang froid, la gravité nécessaire à l’Auteur d’un Ouvrage, tel que celui que j’offre au public.

53. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Est-il décent que des Prêtres assistent à des pièces exécutées par des filles ? […] Sans doute ces canons ne seraient pas plus indulgents pour ceux qui donnent leurs pièces au théâtre, si ce désordre eût été connu ; mais c’eût été un phénomène. […] Il devrait être défendu aussi de représenter des pièces de leur composition. […] Pour les pièces de Communauté ou de Collège, ce sont les spectateurs les plus bénévoles et les meilleurs acteurs. […] Cet Auteur permet encore aux Religieux de se masquer dans leur couvent, et d’y représenter des pièces de théâtre pour se divertir.

54. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

La seule condition qu’il imposa, fut que les pièces seroient soumises à l’examen. […] Valère Maxime rapporte que des femmes nues jouèrent dans une pièce où l’infâme Héliogabale représentoit Vénus, & dans laquelle il surpassa l’impudence du plus effronté satyre. […] On a vu des religieuses, à Rome, exécuter elles-mêmes la pièce de George Dandin, en présence de beaucoup de gens qui en furent très-satisfaits. […] Il ne songe point à Molière, à Dancour, à Montfleuri, qui jouoient eux-mêmes leurs pièces, & qui étoient aussi supérieurs la plume à la main, que sur le théâtre. […] A l’exception de quelques pièces, le théâtre de Molière est le code de la bienséance, de l’honnéteté, des bonnes mœurs.

55. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

On a déjà fait une pièce intitulée le Point d’honneur aq : cette pièce est de Lesage ; elle jette un si grand ridicule sur la fausse bravoure, que vous ne pourriez que souhaiter qu’on la représente plus souvent qu’on ne fait, si elle vous était plus connue. […] Rappelez-vous encore la pièce de M.  […] Mais en supposant que cette pièce fut la seule cause qui détermina ses Concitoyens à le condamner, il n’en est pas moins vrai que s’il y eût eu à Athènes la même police qu’à Paris, Socrate n’eût pas été la victime de cette pièce. […] [NDE] Dancourt écrit « Tout-à-bas » : nous rectifions en Toutabas, nom du maître de trictrac dans la pièce de Regnard. […] On dit que jamais une bonne Pièce ne tombe ; vraiment je le crois bien, c’est que jamais une bonne Pièce ne choque les mœurs de son temps. » Ibid., p. 20.

56. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

Pour ce qui est de la relation, on a cru qu’il était à propos d’avertir ici que l’auteur n’a vu la pièce qu’il rapporte que la seule fois qu’elle a été représentée en public, et sans aucun dessein d’en rien retenir, ne prévoyant pas l’occasion qui l’a engagé à faire ce petit ouvrage : ce qu’on ne dit point pour le louer de bonne mémoire, qui est une qualité pour qui il a tout le mépris imaginable, mais bien pour aller au-devant de ceux qui ne seront pas contents de ce qui est inséré des paroles de la Comédie dans cette Relation, parce qu’ils voudraient voir la pièce entière, et qui ne seront pas assez raisonnables pour considérer la difficulté qu’il y a eu à en retenir seulement ce qu’on en donne ici. […] Dans la première, il suppose l’innocence de cette pièce, quant au particulier de tout ce qu’elle contient, ce qui est le point de la question, et s’attache simplement à combattre une objection générale qu’on a faite, sur ce qu’il est parlé de la Religion ; et, dans la dernière, continuant sur la même supposition, il propose une utilité accidentelle qu’il croit qu’on en peut tirer contre la galanterie et les galants, utilité qui assurément est grande, si elle est véritable ; mais qui, quand elle le serait, ne justifierait pas les défauts essentiels que les Puissances ont trouvés dans cette Comédie, si tant est qu’ils y soient, ce qu’il n’examine point. […] Puis, l’archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, promulgue une ordonnance frappant d’interdit toute représentation et toute lecture de la pièce, sous peine d’excommunication. […] L’anonyme commence par faire le récit en détail de la pièce interdite (p. 1-79), puis formule « deux réflexions » sur la comédie (p. 79-124).

57. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. […] L’une de ces Sociétés commença à mêler dans ces pièces différents événements, ou Episodes, qu’ils distribuèrent en Actes, Scènes, et en autant de différents personnages, qu’il était nécessaire pour la représentation. […] Le Roi voulut voir leurs spectacles ; ils en représentèrent quelques pièces devant lui ; elles lui furent agréables, et cela leur procura des Lettres du quatrième Décembre 1402. pour leur établissement à Paris. Comme ces Lettres ne se trouvent imprimées en aucun lieu, et que c’est une pièce unique qui sert à éclaircir ce point d’histoire et de littérature ; nous les rapporterons ici dans leur entier ; voici ce qu’elles contiennent. […] premier théâtre Français a subsisté en ce lieu, à n’y représenter que des pièces de piété ou de morale, sous ce titre commun de Moralités, pendant près d’un siècle et demi.

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