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90. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

C’est peut-être la difficulté d’entendre tant de Personnes qu’on fait parler à la fois dans les Chœurs, qui engagea les modernes à les bannir entièrement de la Comédie & de la Tragédie. […] Il est probables que les chœurs des Pièces Grecques & Romaines étaient semblables à ceux de notre Opéra-Héroïque ; ces paroles du savant Ménage achèvent de nous le confirmer : « Les chœurs de l’ancienne Comédie étaient de vingt-quatre personnes ; ils étaient de quinze dans les Tragédies ; & ces quinze & ces vingt-quatre personnes parlaient même d’ordinaire toutes ensemble ». […] Rousseau a bien raison lorsqu’il parle de la forte(73) : « L’Auteur de la Lettre sur Omphale a déjà remarqué que les duo sont hors de la Nature ; car rien n’est moins naturel que de voir deux personnes se parler à la fois durant un certain tems, soit pour dire la même chose, soit pour se contredire, sans jamais s’écouter ni se répondre ».

91. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Je considère sa personne : j’admire ses talents : j’aime ses ouvrages : je suis sensible au bien qu’il a dit de mon pays : honoré moi-même de ses éloges, un juste retour d’honnêteté m’oblige à toutes sortes d’égards envers lui ; mais les égards ne l’emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale consiste en apparences. […] Il aurait dû l’en faire tomber, si j’aspirais à l’honneur de bien écrire ; mais j’ose en rechercher un autre, dans lequel je ne crains la concurrence de personne. […] Ajoutons que cette troupe deviendrait bientôt la meilleure de l’Europe ; plusieurs personnes, pleines de goût et de dispositions pour le théâtre, et qui craignent de se déshonorer parmi nous en s’y livrant, accourraient à Genève, pour cultiver non seulement sans honte, mais même avec estime un talent si agréable et si peu commun. […] Vivant seul, je n’ai pu le montrer à personne.

92. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Vous savez qu’en toute l’action aucun ne fut vu qui représentât la personne de Dieu, comme distincte de celle de Jésus-Christ, et qu’un seulement exhiba celle de Jésus-Christ comme de Dieu et homme, juge des vivants et des morts. […] Les jésuites sont trop versés aux saintes écritures pour ignorer ce qui est en saint Jean, que le Père ne juge personne, mais a donné tout jugement à son fils, et puissance de faire jugement parce qu’il est fils de l’hommey. […] Celui qui habite dedans icelle tour est homme de bien, et honnête personne, appelé Michel Gouille, qui assurera le même que je dis. […] [NDE] Nestorien : personne adhérant à la doctrine défendue par Nestorius (IVe siècle), affirmant que deux personnes, une divine et une humaine, coexistent en Jésus-Christ. […] [NDE] Le concile d’Ephèse (431) condamne en effet le nestorianisme comme hérésie en affirmant que Jésus-Christ n’a pas deux personnes, mais deux natures en une seule personne.

93. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

C’est, dit-il, une personne pieuse, attachée aux devoirs du Christianisme. […] Vous avez défendu à Mademoiselle votre fille, tout commerce avec certaines personnes. […] Une jeune personne ne s’est point confessée d’un péché honteux ; donc il n’est point péché. […] Nous ne devons calomnier personne, encore moins les Puissances Souveraines. […] Quelles sont les personnes qu’on se propose d’y amuser ?

94. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Il n’y avait presque plus de sainteté, et on pouvait dire alors ce que dit autrefois le Prophète Jérémie : « Viæ Sion lugent eo quòd non sint qui veniant ad solemnitatem : Les rues de Sion pleurent, parce qu’il n’y a personne qui vienne à la grande solennité. » On ne parlait plus de piété, la dévotion n’était presque plus connue, je ne dis pas des gens du monde, mais même des Prêtres. […] Dans le temps que j’étais au bal et à la comédie, il y avait dans l’enfer un nombre infini de personnes, qui n’y sont que pour avoir pris les divertissements que j’ai pris, et que je viens de quitter. […] On doit regarder ces sortes d’occasions dans lesquelles une necessité de bienséance engage quelques personnes ; on doit, dis-je, les regarder comme une espèce de persécution, où il faut s’armer de courage et de vertu. Saint Jerôme parlant des danseurs, dit que « c’est le démon qui danse dans leurs personnes, et qu’il se sert de ces lâches ministres pour seduire et tromper les hommes. » « His tripudiis diabolus saltat, his dæmonum ministris homines decipiuntur. » En effet tout ce que la volupté impudique est capable d’employer d’artifice, est attaché au bal, à la danse et à la comédie. […] Une infinité de personnes qui viennent à la comedie sans peché, s’en retournent avec l’adultere dans le cœur.

95. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Ils subdivisaient ensuite les jeux de théâtre en Tragédie, Comédie, Mimes et Pantomimes ; et les jeux du Cirque en combats de différentes espèces, luttes, courses à pied, à cheval ou dans des chars, et en autres exercices du corps, soit par des personnes libres, ou par des Gladiateurs, et quelquefois par ceux-ci contre les bêtes féroces. […] Dans les vieilles Comédies, en reprenant les vices, ils apostrophaient les personnes et les appelaient par leur nom, sans aucun déguisement. […] Cette manière de dire les vérités était assez du goût du peuple, et n’était pas désagréable à la plus grande partie des personnes de qualité. […] Alcibiade fit publier dans Athènes une Ordonnance vers l’an du Monde 3647. avant J.C. 407. qui défendit à tous Poètes de nommer les personnes dans leurs pièces comiques. Cette Loi donna naissance à l’autre espèce de Comédie que l’on a nommée moyenne ; elle consistait à représenter des actions véritables sans nommer les personnes.

96. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Que penseroit-on d’une personne à qui on auroit confié le soin d’un malade ; & qui au lieu de lui faire prendre des remedes propres à le soulager, lui accorderoit tout ce qui peut augmenter son mal ? […] Dieu attache, quand il lui plaît, le salut de certaines personnes à des paroles de verité qu’il a semées dans leurs ames vingt ans auparavant, & qu’il réveille, aprés ce nombre d’années, pour leur faire produire des fruits de vie. […] N’apprend-on point par là aux personnes qui auront la passion de se marier, de se servir des mêmes adresses pour arriver à leur fin ? […] Chacun condamneroit un Religieux, qui se trouveroit à ces sortes d’assemblées, parce que personne n’ignore la disproportion de ce divertissement avec la sainteté de la vie dont une ame voüée à Dieu doit faire profession. […] Une femme occupée des adorations qu’elle a vu rendre sur le théâtre à des personnes de son sexe, se rebutte de son mari, qui n’a point pour elle des maniéres comédiennes.

97. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

MONSIEUR, Il n’y a personne qui ne prît la Lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, pour une raillerie, et je croirais la même chose si je ne connaissais votre sincérité, et si je n’étais assuré que vous en avez fait profession, vous engageant dans la piété. […] Représentez-vous d’un côté le Calvaire, et de l’autre le Théâtre, et vous avouerez qu’il n’y a personne qui puisse assembler l’amour de l’un et de l’autre « Hinc vel maxime intelligunt Ethnici factum Christianum de repudio spectaculorum. […] Ce sont là les personnes que le B. […] Homme une licence pour tout le monde d’aller à la Comédie, encore qu’il ne la donne qu’à ceux-là seulement qui ne peuvent résister à une puissance Souveraine qui les y mène : qu’il n’use de cette condescendance que pour des personnes dévotes, qui comme des flambeaux bien allumés, dont la flamme croît par le souffle des vents, redoublent les ardeurs de l’amour sacré qu’ils ont dans le cœur au milieu des tentations. […] La qualité des personnes qui jouent la Comédie.

98. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Elles ne donnent pas toujours de l’amour, mais elles préparent à en sentir : elles ne choisissent peut-être pas dans le moment la personne qu’on doit aimer, mais elles forcent à faire ce choix. […] Qu’il y ait des personnes qui ne se livrent point à ces excès et qui mettent des bornes à leurs passions ; il suffit d’en connaître qui ne doivent qu’à la fréquentation des spectacles l’origine et la continuation de leurs désordres : entre mille exemples que nous pourrions citer à l’appui de ce que nous avançons, nous nous contenterons de rapporter le suivant. Un jeune homme venait d’épouser une jeune personne qui avait été élevée dans les meilleurs principes. […] Le spectacle agit encore sur vous-même après qu’il est fini : l’image de la courtisane, ses paroles, ses regards, ses gestes, ses postures, sa démarche, ses grâces affectées, toute sa personne en un mot reste gravée dans votre imagination, et vous ne vous retirez qu’avec mille blessures mortelles. […] La cause de tout cela, c’est que vous ne revenez pas seul dans votre maison, mais que vous y amenez avec vous une courtisane, non réellement en personne, ce qui serait un moindre mal, parce que votre femme l’aurait bientôt chassée, mais dans votre imagination et dans votre cœur, où elle allume un feu plus ardent que la fournaise de Babylone.

99. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

les seuls dimanches (que personne n’a le pouvoir de supprimer) emportent la septième partie de l’année. […] Chaque représentation distrait du travail quatre cents personnes, voilà deux cents journées perdues. […] Mais sans être artisan ou laboureur, y a-t-il personne qui ne doive avoir une profession honnête et utile à l’Etat, et en remplir les devoirs ? […] L’Etat qui nourrit tant de personnes inutiles, a-t-il moins raison de se plaindre ? […] N’y eût-il d’autres inconvénients, que personne ne peut désavouer, il serait du bien public de supprimer tous les théâtres.

100. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IX.  » p. 4623

On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c'est un spectacle qu'on expose à toutes sortes d'esprits, dont la plupart sont faibles et corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux. […] Les personnes du monde ne faisant point d'exemples ne sont presque coupables que de leurs propres péchés : mais ceux qui veulent passer pour vertueux, et qui pratiquent en effet quelques bonnes œuvres, sont coupables de leurs propres péchés et de ceux des autres ; et non seulement ils perdent le mérite de leurs bonnes actions, mais ils les empoisonnent en quelque sorte en les faisant servir à engager les autres dans le péché.

101. (1675) Traité de la comédie « X.  » pp. 286-287

On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c'est un spectacle que l'on expose à toutes sortes d'esprits, dont la plupart sont faibles et corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux. […] Les personnes du monde sur qui on ne prend point exemple, ne sont presque coupables que de leurs propres péchés : mais ceux qui veulent passer pour vertueux, et qui pratiquent en effet quelques bonnes œuvres, sont coupables de leurs propres péchés et de ceux des autres ; et non seulement ils perdent le mérite de leurs bonnes actions, mais ils les empoisonnent en quelque sorte, en les faisant servir à engager les autres dans le péché.

102. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et c’est de là même qu’il prend occasion de vouloir faire canoniser la Comédie, et qu’à ce dessein apparemment il y fait trouver le Pape en personne. […] Ce ne sont point de ces sortes de personnes qui fréquentent les Spectacles, et qui en savent des nouvelles ; elles en ont de l’horreur, loin d’y aller chercher du plaisir. […] Les Magistrats n’en empêchent pas la publication ; et Sa Majesté même n’a pas dédaigné d’y assister en personne. […] Passons avec lui à la troisième condition, qui consiste à prendre garde aux circonstances des temps, des lieux et des personnes. […] Je doute qu’on puisse dire la même chose des personnes zélées qui parlent si haut contre eux.»

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