Donc ce saint évêque, père de l’église, l’un des plus savants docteurs de son temps, allait à la comédie : mais Nicole disait aussi que le danger de la comédie, est qu’on y fait paraître bien souvent le vice aussi aimable que la vertu.
C’est là que vous paraissez vous croire invulnérable ; eh bien, Monsieur, c’est-là que j’aurai la douleur de vous trouver plus faible encore, s’il est possible, qu’en matière de théâtres. […] Peut-être en serait-il autrement, s’il y avait beaucoup de cavaliers aussi séduisants et aussi entreprenants que vous paraissez l’être ; mais, heureusement pour nos demoiselles, les hommes d’un si grand mérite sont en petit nombre.
Or rien n’affoiblit plus cette horreur, que la Comedie, où l’amour paroît d’une maniére, qui au lieu de rendre cette passion horrible, est capable de la faire aimer. […] D’autres, sans être touchez, representent un Comedien, ou une Comedienne, & affectent de faire paroître leur esprit à exprimer ce qu’ils ne sentent point : par là ils s’engagent insensiblement dans des passions qu’ils ne vouloient que contrefaire.
Mais les Poëtes ont à paroître devant deux autres. […] Il paroît à peine trois ou quatre nouveautés par an.
On donne, dit-il, des spectacles, on y fait paroître des chœurs de danseuses & d’hommes efféminés qui déshonorent la nature, on place le peuple dans un lieu élevé. […] On aura de la peine à me croire ; mais ce n’est que par défaut de vertu que cette vérité paroît nouvelle & peu croyable.
Cependant, je m’étonne que, dans le dessein qu’il avait de paraître, il n’ait pas examiné de plus près ce qu’il a mis au jour, afin que l’on ne lui pût rien reprocher et qu’il pût voir par là son ambition satisfaite ; car vous n’ignorez pas que c’est le partage de ceux qui font profession ouverte de dévotion. […] Il était difficile de faire paraître un athée sur le théâtre et de faire connaître qu’il l’était, sans le faire parler.
Cicéron, pour défendre Roscius, est obligé de dire qu’il est le seul qui mérite de paroître sur le théatre, parce qu’il est le seul qui par ses talens & ses mœurs, mérite d’être admis au nombre des honnêtes gens. […] On ne s’attache qu’à leur apprendre la politesse, les belles manieres & l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paroître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter. […] Madame Anne-Henriette de France disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance, qu’elle ne concevoit pas comment ou pouvoit goûter quelque plaisir aux représentations du Théatre, que pour elle c’étoit un vrai supplice : la personne à qui elle parloit ainsi, marqua de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison ; je vous avoue (lui répondit cette excellente Princesse) que quelque gaie que je sois en allant à la Comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe dans la plus profonde tristesse : voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré pour me divertir ; cette réflexion m’occupe & m’absorbe toute entiere pendant le spectacle, quel plaisir pourrai-je goûter ?
Elle a joint, dit-il, une modeste gravité à une douceur majestueuse, qui donne à même temps du respect & du désir, dont l’un attire & l’autre retire, d’un côté fait souhaiter, de l’autre désespérer (Ce style galant, très-fréquent dans les livres innombrables de cet Evêque, fort pieux, mais singulier, a paru prouver qu’il étoit un des délibérans du projet de Bourgfontaine, & un des exécuteurs : preuve légère d’un fait aussi grave & aussi contraire à la vie, aux sentimens, aux écrits de M. le Camus). […] Il paroît avoir plutôt voulu faire l’éloge de la femme que la censure de l’Actrice. […] il doit te paroître étrange.
Les yeux suffisamment satisfaits de toute cette magnificence, & les Spectateurs ayant remarqué les diverses beautez des équipages, ou la mine des Cavaliers qui devoient courre, on remenoit hors du Champ les Idoles & les Statues, & l’on plaçoit les Dames qui avoient paru dans la Pompe, pour leur rendre une partie du plaisir qu’elles avoient donné : & pour recevoir de l’honneur apres en avoir tant fait à la Feste, on leur donnoit dis-je des lieux favorables & bien choisis. […] Ces applaudissemens qui du commencement estoient volontaires, & qui n’eclatoient que par la force des sentimens convaincus, devinrent indispensables du temps des Empereurs, & passerent pour des devoirs ; de sorte que soit que les Princes parussent à la teste de ceux qui devoient combatre, soit que d’abord ils prissent simplement leurs places, si-tost qu’ils paroissoient, le Peuple les benissoit & leur soûhaitoit la durée de leurs jours & de leurs Empires, par des vœux solemnels & en desΠολυχρόνιον ποιήσει ο θεος την ἁγιαν βασιλειάν σας ἐις πὸλλὰ ἔτη. […] Enfin, les Acteurs couroient leur carriere, non-seulement sur la seule longueur, mais il y avoit encor plusieurs tours & plusieurs retours, où l’adresse des Cavaliers se faisoit paroître.
Cet Ouvrage parut la même année que le Traité de Monsieur le Prince de Conti ; c’est un petit Livre in 12. […] L’Auteur répond aux passages de saint Thomas et de saint François de Sales, qui paraissent favorables à la Comédie. […] Il cite saint Cyprien dans la seconde Epitre, qui nous apprend que les Chrétiens regardaient ces Spectacles comme une grande source de corruption pour les mœurs : le Théâtre était une école d’impudicité, l’Amphithéâtre de cruauté, et saint Augustin ajoute dans le sixième Livre de ses Confessions Chapitre 7. que le Cirque qui paraissait le plus innocent causait des factions, et produisait tous les jours des querelles et des animosités furieuses.
Ils eussent eû hõte de faire paroître mesme dans cette Guerre volontaire, plus de molesse que de force, de se vouloir épargner dans ces occasions, & éviter la peine qu’ils donnoient aux autres.
Que vous me paraissez injuste, je ne dis pas, de cesser de la préférer ; vous la préférez Monsieur : mais en voulant me tromper, moi, qui ne le méritais pas, qui vous distinguais, que vous aviez su rendre sensible ?
Car ils n’y ont commencé à paraître, qu’après que les grandes victoires des Romains eurent apporté dans la ville le luxe, et la corruption, avec les richesses.