Les Chrétiens eux-mêmes qui ne cessaient de condamner cet usage, comme on voit dans les écrits des Pères, ne purent l’abolir qu’après quelques siècles.
Et un Père sage peut-il avec prudence en procurer l’amusement à sa Fille ?
On fit un recueil de stratagèmes pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverserb tous les pères, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, et le faciliter par le jeu infâme des valets, des soubrettes et des confidents, qui furent toujours dans la comédie les rôles les plus intéressantsc.
ne prendront-ils jamais la bourse d’un fils prodigue ou d’un père avare pour celle de Léandre ou d’Argan ?
Ne diroit-on pas que ce saint Père avoit à peindre la N … ? […] Qu’au milieu même de la licence quelque personne respectable se présente, elle en rougira, fera des excuses, se couvrira ; elle n’osera paroître devant des femmes respectables, devant son père, devant ses enfans : tant la vertu se fait rendre justice par ses ennemis même.
L’Artisan qui travaille, n’y va pas ; le Magistrat, le Médecin, l’Avocat, l’Homme d’affaires, occupé de sa profession, le Père de famille, qui élève ses enfans, n’y vont guère. […] Ce fils d’une tige illustre (une tige a des rejetons, un père a des fils), au lieu du cœur de ses ayeux, ne trouvera au-dedans de lui qu’un cœur qui ne peut pas même l’élever aux vertus d’un homme né dans la foule.
Dans nos représentations antiques & grossières, l’esprit à la vérité ne brilloit pas, mais le cœur y gagnoit ; nos pères s’y délassoient ; ils en sortoient meilleursa.
Les hommes avaient l’idée remplie des objets de la campagne ; ils n’avaient point encore eu le tems d’oublier la vie que leurs Pères y menaient.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.
On convient que le théâtre païen doit être interdit aux Chrétiens, mais on soutient que c’est le seul que les saints Pères condamnent, et que le théâtre purgé, tel qu’il est aujourd’hui, de l’obscénité du spectacle, n’a rien d’incompatible avec un cœur droit qui n’y cherche qu’un honnête divertissement.
Saint Antoine (père et auteur des moines), lequel a mené une vie si austère et si sainte, fut trouvé un jour ès déserts d’Egypte avec aucuns de ses moines par un certain seigneur Arabe allant à la chasse, faire telles récréations honnêtes desquelles ledit seigneur Arabe voulant quasi se scandaliser fut tout à l’heure satisfait par ledit Saint AntoineSaint Justin en l’Epître qu’il écrit à Zenas et Sérénus baille une règle et institution de bien vivre au Chrétien, et lui permet d’user d’ébat et raillerie honnête et civile pour adoucir ou recréer celui qui est naturellement chagrin et fâcheux.
Depuis ce temps là, il s’en est marié beaucoup qui ont eu des enfans, & qui sont devenus grands pères, de sorte qu’on ne doit plus s’étonner que ces petites créatures se soient si fort multipliées en Russie. […] condamne avec tous les Auteurs, comme un péché, l’usage & la vanité du fard par les raisons ordinaires & les passages de l’Écriture & des Pères que nous avons cités ; il en ajoute qui lui sont propres, que nous allons examiner.
Nous serions plus séduits, plus frappés du tableau des malheurs de nos Pères, que de la peinture d’un Grec ou d’un Romain, qui vivait deux mille ans avant nous, ou qui n’éxista peut-être jamais.