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303. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

Le clergé, en se déclarant ainsi, ferait l’application de cette punition ecclésiastique d’une manière plus outrageante encore pour le prince et pour les lois, que pour les comédiens mêmes.

304. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement.

305. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Et confessez que la comedie qui a été substituée aux anciens spectacles des Payens, étant un reste d’idolatrie, on fait en quelque maniere autant d’honneur au diable & de deshonneur à la religion, en l’approuvant par leur presence, qu’en brûlant un grain d’encens au pied d’une idole, ou qu’en assistant aux sacrifices des Gentils. […] , fidei apostatatio , une abjuration & une apostasie de la foy ; comme s’il vouloit dire que le crime d’un Chrétien qui va à la comedie, est semblable en quelque maniere à celuy ou d’un Sorcier qui va au sabat, ou d’un Renegat qui renonce au nom de Chrétien pour se faire Mahometan, qui quite l’Eglise pour aller dans une Mosquée, & qui renonce à l’Evangile pour suivre l’Alcoran ; fidei apostatatio, voilà une abjuration de la foy de Jesus-Christ de part & d’autre ; disons donc que la comedie est une veritable profanation de la sainteté de la Religion, puis qu’elle est un ruisseau empoisonné d’une source corrompuë, nam & rivulus tenuis ex suo fontè, & surculus modicus ex sua fronde qualitatem originis continetI. de spect. […] Quoy, l’on verra l’histoire de leurs vies mêlée d’intrigues d’amour & d’incidens de galanteries, & representée par des vers qui expriment & émeuvent les passions d’une maniere si forte & si douce, qu’en faisant les portraits de ces saints & de ces saintes, ils font paroître avec éclat leurs petites foiblesses, & obscurcissent leurs plus grandes vertus. D’où il arrive que ces vers qui décrivent si finement & si spirituellement ces petites foiblesses, étans prononcés d’une maniere touchante & d’un ton languissant, & accompagnés du geste, de la voix & des autres graces du visage & de l’habit, font bien plus d’impression sur les cœurs, que le stile fade & insipide avec lequel on décrit leurs vertus : & c’est ce qui me conduit insensiblement à ma derniere preuve que je tire des Acteurs, c’est à dire des Comediens, pour vous convaincre que la comedie est effectivement un reste du paganisme, ou si vous aimez mieux, le paganisme pretendu reformé. […] L’experience nous apprend que comme les especes du vice frappent les gens d’une maniere plus douce & plus agreable, & qu’elles sont de plus fortes impressions dans l’ame que toutes les images de la vertu, ce n’est pas merveille si le cœur en est plûtôt corrompu, & si toutes les passions en sont plus promtement déreglées.

306. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Mais enfin, le Poëte Dramatique en seroit-il moins sensé, à votre avis, parce qu’il ne nous assiegeroit pas dans les formes, parce qu’il s’y prendroit d’une maniere un peu moins vive pour nous ramener sans effort au goût de la vertu & de la verité ? […] Condamnerois-je votre maniere ? […] Vous souhaitez des exemples non seulement excellens, mais de plus, proposés d’une excellente maniere, & placés dans le plus beau jour. […] Ils eurent, comme leur Maître, leurs Eriphiles & leurs Aricies qu’il fallut intriguer d’une maniere forcée, ou peu naturelle, avec des Iphigenies & des Phédres. […] Etrange maniere de guerir, Messieurs !

307. (1647) Traité des théâtres pp. -

Il y a eu même des Comédies entre eux, comme la plupart de celles d’Aristophane, où il ne se lit rien qui soit déshonnête, et qui pût corrompre les mœurs ; tant s’en faut, c’étaient des manières de Satires mordantes pour accuser la corruption qui s’y était glissée Etant fort peu répandu, le théâtre d’Aristophane passe souvent pour chaste, jusqu’au XVIIIe s. […] Nous avons ouï que ce sont les Païens à qui les Théâtres rapportent leur Origine, Or y ayant couru avec une manière de forcènerie, si est-ce que les Sages qui étaient entre eux, en ont fort bien reconnu le mal, l’ont improuvéao, et ont tâché d’y remédier. […] Comme nous ne voudrions pas envoyer nos filles à des Vilaines, en un lieu infâme, pour les instruire à la chasteté, sous ombre qu’on nous dirait, que soudain, et depuis peu, elles seraient devenues toutes saintes, toutes ces nouvelles louanges qu’on donne aux Théâtres, ne doivent pas faire que nous les confions non plus aux Comédiens, pour les former à être honnêtes, puisque de si long temps ils ont passé pour gens vicieux, et que mêmes entre les Païens, les Sages en ont parlé en la manière que nous avons ouï. […] C’est un très mauvais artifice pour retirer quelqu’un d’un péché auquel on voit qu’il est fort enclin, de commencer par lui en présenter l’amorce, et l’instruire de la manière qu’il lui faudra tenir, pour satisfaire aux mauvais et passionnés désirs qui l’y portent. […] C. l’institua » ; « Nous ne voulons pas nous vêtir à la manière ordinaire, et qui est tenue honnête, et bienséante, mais notre dessein est d’aller au Temple avec des habits extravagants et ridicules, ou bien de marcher tout nus, comme nos premiers Parents », selon qu’il y a eu des fols qui ont raisonné ainsi : Il n’y a celui qui sans beaucoup hésiter ne les condamnât.

308. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Non seulement les romans et les pièces de théâtre éloignent l’âme de tous les actes de religion et de piété, mais encore ils tendent, en quelque manière, à nous inspirer une profonde aversion pour toutes les actions ordinaires et sérieuses. […] « J’oserai leur indiquer un signe certain au moyen duquel elles pourront décider, d’une manière positive, de l’innocence et de la légitimité de semblables amusements, pourvu, je le répète, qu’elles soient sincères dans leur examen et franches dans leur aveu.

309. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Nous n’avons garde de dire avec l’auteur du Comédien, « que le Théâtre François se passe aisément des décorations ; que la vérité des Scènes & des discours, soutenue de la vérité du jeu des Acteurs, subjugue quelquefois tellement notre imagination, que nous ne prenons pas garde à la maniere dont la salle est décorée ».

310. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Il fait voir combien, dans son origine, fut méprisable la tragédie, dont toute la récompense étoit un vil bouc, & qui, malgré sa dignité, pour amuser le peuple grossier, sans loix & sans mœurs, s’abaissoit jusqu’à la bouffonnerie, & faisoit agir & parler les satyres sur la scène de la maniere la plus indécente, Satyros nudavit, jocum tentavit .

311. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

Mais pour remonter plus haut, Aristote nous en instruit par un beau discours en ses Problèmes, où il écrit que les tons ou modes qu'il nomme Soudoriens et Souphrigiens, qui étaient deux manières de chanter, n'étaient point usités dans les chœurs des Tragédies, parce qu'ils n'étaient pas assez doux et modérés, et qu'ils étaient magnifiques, impétueux et violents, mais au contraire, ils étaient propres et familiers aux Scéniques, parce que la scène imite les paroles et les actions des Héros ou Demi-Dieux, c'est-à-dire des Chefs des Armées, dont les anciens faisaient seulement leurs Héros ; ceux des autres conditions n'étant estimés que de simples hommes.

312. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Il n’y aura point de femme dans la Troupe qui ne soit mariée, et dont le mari ne vive avec elle, soit qu’il fasse la profession de Comédien, ou non : et, à l’égard de la conduite des Actrices, on suivra la méthode des Hollandais ;8 pour le moindre scandale qu’elles donneront on les congédiera ; lorsqu’elles sortiront de cette manière, elles ne jouiront que de la moitié de la pension ; et elles la perdront en entier, si elles continuent à faire mal penser d’elles, même après leur sortie de la Troupe.

313. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

Suivant mon système j’approuve la Pièce du Misanthrope : j’y trouve deux vices fortement attaqués, la Coquetterie, et la Misanthropie, dont le premier est commun et fournit bien des exemples dans Paris, et l’autre est singulier et très rare : il me paraît que tous les deux sont fort instructifs et fort propres à corriger de la manière que Molière les a traités.

314. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Desprez de Boissy 28 : « J’ai considéré de près les disciples de nos Théâtres, ceux qui avaient commencé à les fréquenter avec les dispositions les plus éloignées du vice : j’ai vu, pour l’ordinaire, leurs vertus disparaître, leurs mœurs se corrompre, leurs manières décentes et naturelles se métamorphoser en affectations ridicules, en frivoles compliments, en jargon théâtral, qui les annoncent pour des petits-maîtres, l’espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. » Il est cependant des Chrétiens qui osent avancer que les Spectacles contribuent beaucoup à former la Jeunesse. […] Cet homme si expert et si distingué dans son art, dit encore « que les sentiments qui seraient les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du spectateur même le plus indifférent. » La voie la plus sûre, selon lui, pour faire tomber le goût de nos Spectacles, c’est d’élever les jeunes gens de manière qu’ils ne s’exposent jamais à y aller. « Communément,36 jusqu’à l’âge de dix ans, dit-il, les enfants sont bien élevés : depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit, et les enfants commencent à être gâtés, souvent même par leurs pères et mères ; enfin, depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achèvent eux-mêmes de se corrompre. » « Les parents, pour l’ordinaire, plus occupés de l’extérieur que du fond de l’éducation de leurs enfants, ne s’attachent qu’à leur apprendre les manières et l’usage du monde où ils ont grand soin de les produire.

315. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Cet ouvrage a eu le plus grand succès, & une foule d’imitateurs ; il eût dû s’en contenter, tout au plus y ajouter son théatre historique, qui peut en être regardé comme la suite ; ce n’est qu’une autre maniere d’écrire l’histoire de France : qui se seroit attendu qu’à l’âge de 80 ans, ce grave Magistrat se donnât pour comédien, & voulut, pour terminer plus glorieusement sa carriere, joindre à sa couronne les lauriers de Melpomene & de Thalie, qu’il auroit dû craindre de flétrir en les y mettant. […] Il fut d’abord Religieux, mais il se défroqua de bonne heure à 22 ans, comme il le rapporte dans sa préface, où il avoue qu’il a été attaqué d’une maniere capitale, même par des écrivains contre qui il avoit écrit ; quoiqu’il en soit, il parle d’une maniere très-censée du théatre.

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