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473. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Renou qui sait tenir des livres de compte, & des chapitres de recette & de dépense, veut bien avoir égard à toutes les reprises, mais il est juste de lui payer les intérêts de ses fonds à lui & à ses héritiers, à qui il laisse son patrimoine poëtique. […] Ce laborieux Secrétaire, ce graud Vicaire rampant, ce flatteur assidu ne prodigueront plus leurs soumissions, leurs services, leurs louanges, pour obtenir un bénéfice, une autorité, une dignité dans l’Eglise ; & l’autel détruit la vapeur de l’erreur dissipée ; ils ne laisseront plus voir que le monceau de bois ou de pierre, dont la pompe faisoit une idole. […] L’orchestre joue des airs de fuite, qui diminuent peu à peu comme venant de loin, & ne laissent qu’un bruit sourd, qui cesse enfin après quelque temps de silence.

474. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Vous en conviendrez, Mademoiselle, si vous avez la constance de me suivre : vous n’avez jamais peut-être réfléchi ni sur la Religion dont vous prenez l’étiquette, ni sur votre situation présente : je profite du moment de trouble & de frayeur où vous êtes plongée, persuadé que le Mémoire de votre Avocat n’a pû remplir votre attente, il vous a laissée en proie au ver qui vous ronge, & le seul secret de l’écarter est de changer d’état & de conduite.

475. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Il faut que les maris soient toujours complaisans, Jusques à leur laisser & Mouches & Rubans, Et courir tous les Bals & les lieux d’assemblée.

476. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Si malgré toutes les précautions que je prends pour ne rien laisser échapper à ma plume qui me puisse brouiller avec la Pudeur la plus délicate, il plaît à Votre Grandeur de m’employer à quelque chose de plus sérieux, mon obéissance à ses Ordres lui fera connaître avec combien de soumission et de respect je suis, Monseigneur, De Votre Grandeur, Très humble et très obéissant serviteur.

477. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Mais ces légers changements ne doivent point offenser les parties intéressées ; parce qu’ils sont inévitables, et qu’ils n’altèrent point le fonds d’un ouvrage : j’ai même eu la précaution de les citer à la marge ; du moins j’en ai cité assez pour qu’on ne revendique point ceux que je laisse, afin de ne pas surcharger les marges déjà pleines des citations de mon Auteur.

478. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Ils ne savent pas que cette curiosité est déjà un grand mal, et que c’est être tombé aux yeux de Dieu, que de se laisser affaiblir par la tentation de juger de ses commandements par sa propre expérience.

479. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

Si donnons en mandement au Prévôt de Paris, et à tous nos autres Justiciers et Officiers présents et à venir, ou à leurs Lieutenants, et à chacun d’eux, si comme à lui appartiendra, que lesdits Maîtres, Gouverneurs et Confrères, et à chacun d’eux fassent, souffrent et laissent jouir pleinement et paisiblement de notre présente grâce, congé, licence, don et octroi dessus dits, sans les molester, ne souffrir et empêcher, ores et pour le temps à venir ; et pour que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre scel à ces Lettres ; sauf en autres choses notre droit et l’autrui en toutes.

480. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

faut que chacun sente qu’il ne saurait trouver ailleurs ce qu’il a laissé dans son pays ; il faut qu’un charme invincible le rappelle au séjour qu’il n’aurait point dû quitter ; […] il faut qu’au milieu de la pompe des grands Etats, et de leur triste magnificence, une voix secrète leur crie incessamment au fond de l’âme : Ah !

481. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Racine, est la Pièce la plus singulière que j’ai trouvée dans tous les Théâtres de l’Europe : il y corrige deux passions, qui à la vérité paraissent rarement dans le monde, mais qui ne sont jamais médiocres dans ceux qui s’y laissent entraîner.

482. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Je les laisse aux Julies & aux Chapelains. […] Avec plus de bienséance, j’ai si bonne opinion de votre sagesse que je crois que vous eussiez été bien aisément consolée, si votre mal y eût laissé des marques. […] Enfin, forcé de se retirer, il laisse à la ville la liberté d’être soumise à son Roi. […] Il avoit fait un testament où il avoit laissé une bonne partie de son bien à son fils naturel, appellé le Chevalier de Longueville.

483. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Catilina ne fait point le rôle d’un grand homme, comme vous le pretendez, à moins que vous ne donniez ce nom à un furieux, d’autant plus méprisable, que sa constante perversité ne lui laisse aucuns remords. […] Mais remarquez que c’est une piece uniquement d’intrigue, presque dénuée d’intérêt, une piece par conséquent du dernier ordre, où l’on ne laisse pas cependant d’appercevoir encore le but toujours constant de l’art du Théâtre, qui est la peinture des mœurs, & le ridicule toujours jetté sur les personnages vicieux : car enfin, de quoi rit-on dans cette piece ? […] Toutes celles qu’une mauvaise éducation, l’exemple, ou des circonstances malheureuses, ont engagées à se dévouer au service de la Patrie, sous l’étendart de la volupté, vous doivent un remerciement ; mais ne donnez pas vos maximes pour regle : laissez aux femmes vertueuses le droit de nous attendrir sur la scene, & de nous donner, ainsi qu’à leur sexe, des leçons de vertu. […] Ce sentiment délicat fortifié dans nos villes de l’Europe civilisée par le commerce des deux sexes, ne produit point chez nous les excès auxquels les Turcs & les Persans se laissent emporter : on ne voit point l’amour barbare avilir la nature, l’outrage jusques dans le sanctuaire de la génération, sacrifier par une précaution criminelle l’espece humaine à sa honteuse jalousie, & créer des monstres pour anéantir ses soupçons.

484. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Elle excite en nous les passions ; c’est-à-dire, qu’elle arrose des plantes qu’il faudroit laisser sécher ; elle donne le commandement à ce qui ne devroit qu’obéir : elle met ce qui nous rend malheureux & vicieux à la place de ce qui seul peut nous rendre heureux & meilleurs. […] C’est qu’ils n’ont pas seulement sur l’immortalité de l’ame la notion qu’avoit le Poëte Euripide qui, dans l’Hyppolite, dit que l’amour que nous avons pour une vie aussi remplie de miseres que la nôtre, ne vient que de l’ignorance où nous sommes d’une autre vie que nous cache un voile ténébreux, & qui est cause que nous nous laissons emporter par des fables. […] Dans les Etats les moins policés, on punit du dernier supplice un seul homicide, un seul larcin ; & on laisseroit impunis des Auteurs qui, se faisant gloire d’être sans religion, & se croyant honorés de la réputation d’hommes licencieux & sans pudeur, se permettent insolemment & de ravager & d’empoisonner ; qui, cherchant moins à se satisfaire par le plaisir qui accompagne le crime, qu’à détruire la vertu, & à en étouffer toutes les semences, font publiquement des leçons de débauche, & s’applaudissent de leurs succès ? […] Cet Auteur, tout consacré qu’il fut à ce genre d’ouvrages, duquel il avoit eu le malheur de faire dépendre sa fortune, a du moins laissé échapper ce qu’il en pensoit. […] Mais revenons à notre Théatre que nous avons laissé à son premier âge, & dont les Poëmes se bornoient à ces Romans, inventions des Poëtes Provençaux.

485. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Tertullien considerant que les premiers Chrétiens dont la foy étoit encore tendre & delicate, se laissoient entraîner au plaisirs des spectacles publiques, par l’exemple des Gentils, a employé toute la force de ses raisons pour les en détourner, en leur faisant voir que les divertissemens du theatre n’étoient proprement qu’un reste de superstition & d’idolatrie, qui perseveroit encore dans le christianisme, à la honte des Chrétiens ; & que toutes les choses qui se representoient dans ces fortes de spectacles, n’étoient dans le fond qu’une idolatrie deguisée, & qu’un paganisme travesty, dont le demon étoit l’autheur ; je ne sçay pas ce que vous en pensés, mais voicy ce qu’il en a dit : dæmones ab initio prospicientes sibi . […] M. s’il vous reste encore dans le cœur quelques sentimens de pieté & de Christianisme, ne laissés point corrompre vôtre jugement par le mauvais goût du siecle, & que le plaisir de la comedie (que j’appelle un plaisir enchanté, parce qu’il vous trompe & entraîne par des prestiges secrets, & par une fascination dangereuse, fascinatio nugacitatis , l’appelle le Sage) que ce plaisir dis-je ne suborne point vôtre raison, cõtre vôtre conscience ; mais que tout le monde connoisse que vous ne cachés point les restes du paganisme, sous la profession apparente de Chrétien. […] Il est vray que, si de mundo fuissetis, mundus quod suum erat diligeret , si vous étiez du monde, le monde aimeroit ce qui seroit à luy, quia vero de mundo non estis, sed ego elegi vos de mundo, propterea odit vos mundus  ; Mais parce que vous n’étes point du monde, & que je vous ay choisis & separez du monde, c’est pour cela que le monde vous méprisera & vous persecutera, in mundo pressuram habebitis , ne laissez pas pourtant abbatre vôtre courage par crainte ou par lâcheté, confidite ego vici mundum , ayez au contraire grande confiance en mon esprit & en ma grace, j’ay déjà vaincu le monde en moy, j’en triompheray encore en vous. […] N’est-il pas veritable enfin que vôtre volonté se trouve comme abandonnée au pillage de mille appetits dereglés, & de mille desirs illicites, qui comme autant de tyrans domestiques, ne luy laissent plus la liberté de se donner à Dieu, ny la force de rompre ses fers, ny le courage de renoncer au monde ; en sorte que tel qui a été à la comedie chaste, devot, penitent, en revient impenitent, indevot, & impudique : témoin Seneque qui parlant de luy-même a fait cette confession sincere que, redeo crudelior , que quoy que mon humeur ne soit point portée au sang & au carnage, disoit-il, je n’assiste neanmoins jamais au combat des Gladiateurs, que je ne sorte de l’amphiteatre plus cruel & plus inhumain que je n’y suis entré, parce que mes yeux venant insensiblement à apprivoiser mon esprit aux meurtres & au carnage, il n’a plus tant d’honneur de ces spectacles sanglans. […] Voilà, M. les exemples que les Payens nous ont donnez ; voilà les leçons de pieté & de religion qu’ils nous ont laissez ; jugez aprés cela si je n’ay pas sujet de m’emporter avec Tertullien, & de m’en prendre à toutes les puissances de la terre comme il a fait, voyant la comedie tolerée dans le monde au prejudice de la religion.

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