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329. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Elle dit des riens d’un air à prétention, joue finement sur les mots, rit & pleure tout à la fois.

330. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Mais, quand la Pièce a été jouée, que leur reste-t-il dans la mémoire ?

331. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

C’est précisément comme si dans la Comédie de l’Avare, la cassette ne se retrouvait pas,13 et que lors du dénouement de la Pièce le Roi envoya à Harpagon pour le consoler du vol qu’on lui a fait, quatre fois autant d’argent qu’on lui en a pris : ou que dans la Comédie du Joueur un ami donnât à Valère deux mille pistoles, pour le mettre en état de jouer encore, et de regagner ce qu’il a perdu.

332. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Moliere qui l’avoit joué ouvertement & par son propre nom, étant mort, il en fit lui-même l’éloge & l’appologie. […] Ne joue-t-on pas au théâtre toutes sortes de personnages ? […] Rousseau dans la Préface où il prétend excuser ses obscenes Epigrammes, dit avec raison : Les contes de la Fontaine tous licentieux qu’ils sont, sont incomparablement moins dangereux que les Eneïdes d’Ovide, & les Opéras de Quinaut, qui n’ont pourtant rien de licencieux, ni même d’équivoque ; mais, dit-on, ce ne sont pas ses propres sentiments qu’exprime l’actrice, ses propres foiblesses qu’elle détaille, ce sont ceux du personnage qu’elle joue ; qu’importe l’habit dont elle est couverte, le nom qu’on lui donne, est-ce moins l’objet du vice ? […] Ce fut à son retour de Rome qu’ayant été fait véritablement Roi par Auguste, & par conséquent la puissance souveraine ayant passé à un étranger ; Hérode bâtit des théatres, fit jouer des piéces à Jérusalem, à l’honneur de son bienfaiteur.

333. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Les quatte petits poëmes sur la Tragédie, la Comédie, le Geste, la Danse (je ne sai pourquoi il a négligé la Musique, qui joue un si grand rôle), poëmes qu’il réunit sous le titre général de Déclamation : titre mal rempli. […] Baron, jeune & fêté dans ce monde frivole, En sortant de la Scène alloit jouer son rôle. […] Ce n’est pas entendre les termes une faculté n’est pas un scandale  ; mais employer ses talens à jouer des comédies & fournir matiere au Théatre, & à favoriser l’infame & pernicieux metier des Comédiens, c’est aux yeux du sage Gresset & de tous les gens de bien, un scandale publique qu’il a dû réparer publiquement, très-sérieusement, comme il a fait. […] C’est dommage que cette expression tout-à-fait neuve ne soit pas venue à l’Auteur du Voyage de la lune, elle auroit très-bien figuré dans son Pédant joué, pour peindre l’immensité de sa science.

334. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Dans les commencemens de l’opéra & de la comédie en France on fut long-temps à admettre des femmes pour jouer des rôles, & après même qu’elles furent admises pour les rôles on n’y recevoit point de danseuses : les hommes seuls y dansoient, ce qui étoit bien moins indécent. […] Malheur à l’infortuné qui se laisse entraîner dans l’enfer, dit le Sage, comme un agneau qu’on mène à la boucherie, qui se joue, qui saute, qui bondit en y allant : Sicut agnus lasciviens & ignorans quod ad vincula stultus trahitur. […] C’est au bal, c’est au théatre que se tendent des pieges à la fidélité conjugale, qu’on apprend à en mépriser le lien, à se jouer d’un époux, & que se trouvent les écueils où la vertu fait un triste naufrage. […] C’est un spectacle tout en danses, qui dure toute la nuit, & ne donne aucune peine, ni aux Auteurs pour composer des pieces, ni aux Acteurs pour jouer des rôles ; il n’y a aucun dessein, aucune suite.

335. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Le Théatre n’est pas fait pour jouer les héros modernes ; l’idée genérale de sa frivolité & de son infamie semble avilir les grands hommes dont il s’empare ; on lui abandonne les anciens & les étrangers, auxquels on ne s’intéresse point : mais on est révolté de voir servir à ces jeux ceux qu’on connoît, qu’on estime, qu’on aime, comme si on les voyoit insulter sous ses yeux. […] Si la Ligue eut joué des pieces contre lui, elle n’en auroit point eu de plus insultantes. […] Jamais Henri ne fut moins grand qu’à la comédie : on y joue des personnages faux, on leur donne des caracteres imaginaires, on imagine des faits, on fait des anachronismes, pour amener quelques bon mots : ce sont des pompons qu’on attache avec une épingle, pour parer celui qu’on montre dans le jour le moins favorable. […] Le Parlement de Pau les a fait jouer solemnellement à la grande fête de son rétablissement. […] De-là on alla jouer les pieces de théatre dont ce Prince est le sujet, la Partie de Chasse & la Bataille d’Ivri, très-appropriées au lieu, au temps, au Prince, qui avoit tant chassé dans ce pays, vêcu avec les paysans, fait ses premieres armes en galanteries, & donné bien des comédies.

336. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

C’est-à-dire que c’est un drame impie qui joue l’état religieux & les Ministres des Autels, les fait paroître sur la scène contre le respect qui leur est dû, contre les loix de la décence & les dispositions des ordonnances, & les y fait parler d’une maniere indigne d’eux. […] L’Auteur, pour ne pas perdre le fruit de ses travaux, l’a fait imprimer à Amsterdam, où sa doctrine ne peut être mal accueillie, & avant l’impression il l’a lue & jouée dans la société particuliere où les talens de l’Acteur ont fait valoir ceux de l’Auteur. Il en a joué tous les rôles, il doit être bon Comédien ; mérite à la mode, dans un siecle qui n’en estime point d’autre. […] Mais ce sont ordinairement des jeunes gens livrés aux passions qui les composent, & les jouent, ils sont intéressés à justifier l’indocilité & l’indépendance. […] Le cœur humain est une machine, & le ressort joue, une étincelle met le feu à la poudre.

337. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Je dis doncques, Philothée, qu’encore qu’il soit loisible de jouer, danser, se parer, ouyr des honestes comédies, banqueter : si est ce que d’avoir de l’affection à cela, c’est chose contraire à la dévotion, et extrêmement nuisible et périlleuse. […] Voici ce que dit Bossuet sur ce point : « Elle (l’Église) condamne les comédiens, et croit par là défendre assez la comédie ; la décision en est précise dans les Rituels, la pratique en est constante ; on prive des sacrements, et à la vie et à la mort, ceux qui jouent la comédie, s’ils ne renoncent à leur art ; on les passe à la sainte table comme des pécheurs publics ; on les exclut des ordre sacrés, comme des personnes Infâmes ; par une suite infaillible, la sépulture ecclésiastique leur est déniée. […] « Le spectacle par lui-même n’est point mauvais, dit Mgr Gousset ; on ne peut donc le condamner d’une manière absolue, mais il est plus ou moins dangereux suivant les circonstances et l’objet des pièces qu’on y joue ; on ne peut donc approuver ceux qui ont l’habitude de le fréquenter : on doit même l’interdire à toutes les personnes pour lesquelles il devient une occasion prochaine de péché mortel. » Suivant les Instructions sur le Rituel de Toulon, fort connues et fort estimées d’ailleurs, « on doit regarder comme occasion prochaine de péché mortel, l’assistance à la comédie, à l’opéra et à tous les spectacles que représentent les comédiens et les bateleurs, et, sans aucune distinction, tous ceux de même espèce qui montent sur le théâtre pour le divertissement public ».

338. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Il fit promulguer cette loi sur son théâtre au commencement de la piéce mauvaise ploitique, il falloit attendre à la fin, on s’en seroit allé en murmurant, à cette proposition le tumulte fut effroyable, & la révolte générale, on ne voulut pas permettre aux acteurs de jouer, les loges & l’emportement alla si loin, qu’on démolit & qu’on détruisit tous les ornemens de la salle : il fallut supprimer la Loi, tout fut rétabli à grands frais, & l’on revint comme auparavent en ne payant à l’entrée, qu’à proportion du tems. […] Le Mercure de Septembre 1770, l’assure telle ; quoiqu’il en soit Garrik n’a pas quitté le théatre ; il joue à l’ordinaire avec applaudissement ; nouvelle preuve qu’il n’a pas été si vivement offensé, & qu’on n’a pas porté la colere si loin. […] On joue les actes de la passion en pleiue rue ; le chant, la couleur, les habits, tout est en deuil.

339. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Qu’on se rende justice, les Marquis qui courent le bal, déguisés de mille manieres les plus ridicules qu’ils peuvent imaginer, ceux qui montent sur le théatre de société pour jouer toute sorte de rôles les plus comiques, Arlequin, Pantalon, Scaramouche, &c. tous ces gens-là sont-ils plus sages ? […] Il est vrai que ce Prélat, qui étoit un grand Acteur, qui aimoit éperdument les spectacles, qui composoit & payoit bien cherement des drames, fut aussi très-aise de les faire jouer ; mais il n’est pas moins vrai que c’étoit un instrument de la politique dont le Duc fut un peu la dupe. […] Le Prince Charles, qui perdoit la succession de son oncle, quoique au désespoir, dissimula si bien son chagrin & ses desseins, qu’il y dansa, & joua son rôle avec une grace & une gaieté dont tout le monde fut surpris.

340. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Les comédiens, pour marquer leur reconnoissance & leur regret par un trait de leur métier, formerent le convoi depuis le palais jusqu’au tombeau ; &, dans tout le chemin, ils jouerent réellement la comédie, en représentant toutes ses actions, en vrais pantomimes, contrefaisant sa voix, copiant ses manieres, imitant son style, couvert de l’habit impérial, comme Moliere joua Georges Dandin & Pourceaugnac avec leur habit. […] On s’attroupe autour de lui, on le déplume, on le hue, on lui jette de la boue, on le poursuit, il est reconnu, on crie au scandale, il se dégage de la foule, dégouttant de miel & de sueur, va se jetter dans la riviere & se cacher dans les roseaux ; ses feux s’amortissent, un froid glaçant le saisit, une lymphe âcre se jette sur ses nerfs, se joue de tout le savoir des médecins, & en fait le racourci de la misere humaine : il n’avoit de libre que les yeux, la langue & les mains ; il étoit si défiguré, si replié sur lui-même en cul-de-jatte, qu’il ressembloit à la lettre Z.

341. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Tous ces esprits libertins qui travaillent pour vous donner du plaisir, tirent leurs sujets des actions déshonnêtes qu'ils attribuent à vos Dieux; Quand vous voyez jouer les pièces divertissantes d'un Lentulus, et d'un Hostilius, dites-moi si ce sont vos Farceurs, ou vos Dieux qui vous font rire; vous y entendez parler d'un Anubis impudique, d'une Lune de sexe masculin, et d'une Diane qui a été fouettée; On y récite le testament d'un Jupiter qui est mort; On y fait des railleries des trois Hercules affamés. […] Le Grand Pompée qui s'est surmonté lui-même par la magnificence de son Théâtre, ayant bâti cet asile de toutes sortes d'impuretés, craignant d'en être un jour repris par les Censeurs, et de s'attirer par là quelque flétrissure injurieuse à sa mémoire, fit bâtir en ce lieu un Temple à l'honneur de Venus, et dans l'Edit qu'il publia pour appeler le Peuple à la consécration de cet Edifice, il ne lui donna point le nom de Théâtre, mais de Temple de Venus, au-dessus duquel, dit-il, nous avons mis des sièges pour ceux qui assisteront aux Spectacles: ainsi sous le titre d'un Temple, il éleva ce bâtiment détestable, employant la superstition pour se jouer de la discipline.

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