Cet homme n’a point travaillé pour le Théatre, il ne n’aimoit pas la scene n’est point une guerr ouverte & tumultueuse, c’est un amusement & un jeu très-dangereux. […] On diroit nécessaire de donner ces jeux pour éviter de plus grands maux. […] Que dans des Poësies familieres on mette quelque rime semblable, c’est un agrément quand on le fait à propos ; mais s’imposer une loi gênante, & mettre des entraves à l’esprit pour faire venir & ajouter à des mots des idées burlesques, c’est le meme goût très-gothique qui avoit inventé les anagrammes, les acrostiches, les virelais, les rondeaux redoublés, qu’on honoroit du titre de jeu d’esprit. […] Une assemblée d’Auteurs dramatiques est pour moi une orgue composée de différens jeux, la voix humaine, le cromorne, la trompette, le hautbois, la pédale, &c.
Lully transporta l’Opéra de la rue Mazarine au jeu de paulme du bel air. […] Les Poètes lyriques de nos jours, en voulant faire dire à leurs personnages une pensée galante ou spirituelle, leur mettent souvent dans la bouche des complimens entortillés, d’une fadeur èxtrême, ou des jeux de mots ridicules : est-ce donc là l’image de la nature ? […] Cependant ne pourrions-nous pas croire que Quinault n’a tant mis la galanterie en jeu, que pour favoriser le Musicien, & afin qu’il lui fût possible de répandre de la variété dans sa musique ? […] Evremond n’écrivit contre lui que de belles phrases, que des jeux de mots.
Et il place les comédies parmi les derniers, et les fait aller de pair avec les adultères, les jeux de hasard, et les ivrogneries : « Multi, dit-il, acquiescunt in theatris, in alea, in luxuria popinarum, multi in libidinibus adulteriorum. » « Enfin étant pénétré de douleur de voir que quelques-uns ne laissaient pas d’aller encore à la comédie, il exhorte ainsi son peuple d’offrir à Dieu leurs prières pour eux. […] a bien raison de dire, qu’il faut bien garder les enfants d’aller aux jeux comiques. […] C’est pourquoi ce même Auteur se raille de la stupidité des Anglais, qui prenaient les Jeux que les Romains faisaient faire dans leur pays, pour un témoignage d’une affection particulière ; au lieu, dit-il, qu’ils devaient considérer cela comme faisant partie de leur servitude : « Istud apud imperitos humanitas vocabatur, cum pars servitutis esset. »Tac. in vita Agric. c. 4. […] Défendons aux Supérieurs, Sénieurs, Principaux, et Régents, de faire et permettre aux Ecoliers ou autres quelconques de jouer Farces, Tragédies, Comédies, Fables ni autres jeux en Latin ou en Français, contenant lascivetés, injures et invectives sur peine de prison, et punition corporelle.
Un Concile de Tours, en 1583, défend, sous peine d’Excommunication, les Comédies, Jeux de Théatre, & toutes sortes de Spectacles irréligieux : Comœdios, ludos Scenicos vel Theatrales & alia ejus generis irreligiosa spectacula, sub Anathematis pœna prohibet1 sancta Synodus. Le sieur de la M** avoit d’autres principes dans la tête quand il a composé son Mémoire : Au milieu de votre troupe, Mademoiselle (que je crois copiée d’après celle dont Scarron raconte les Aventures dans le Roman Comique) je me représente le vénérable Jurisconsulte que vous introduisez, pour y faire trophée de son sçavoir contre les censures qui vous lient : il triomphe à peu de frais, aucun des Auditeurs n’est en état de le contredire ; il peut sans aucun risque avancer autant de contre-sens, d’Anachronismes1, de citations fausses, qu’il lui plaira : c’est assez qu’il débite force loix pour éblouir, qu’il vomisse du Latin à grands flots, & s’exprime en bons termes de Palais, avec un déluge de paroles : Dans ce cercle de Sénateurs de nouvelle fabrique, feu M. de Noailles, Auteur prétendu de leur Excommunication, est fort maltraité ; le Clergé de France, surtout les Auteurs de la réclamation, n’ont pas eu beau jeu ; enfin on a concédé à l’Apologiste, sans la moindre repugnance, le titre de Docteur de l’Eglise : on l’a proclamé l’Interpréte des Loix, l’appui de l’État, la lumiere du monde entier, tandis qu’il érigeoit la troupe en Académie Royale, la faisant marcher de pair avec les premiers Académiciens de l’europe.
Les festins frequens à ceux qui se laissent aller facilement à boire avec excés : le jeu pour ceux qui connoissent qu’ils s’y laissent emporter aux juremens & aux blasphêmes : les assemblées & les parties de divertissemens d’hommes & de femmes, pour ceux qui se sentent foibles à concevoir de mauvais desirs, & à commettre d’autres semblables pechez : l’engagement dans une condition, comme de soldat, de marchand, ou d’officier de justice, lorsqu’on sçait qu’on n’a pas assez de courage pour resister aux tentations d’avarice, de larcin, de concussion, ou de vengeance, qui y sont frequentes. […] En quatriême lieu ceux qui estant adonnez au jeu, s’y laissent aller aux reniemens, aux blasphêmes, aux querelles, aux tromperies &c.
Les uns obérés de dettes, et réduits à la misère par la débauche, allaient y chercher du pain, d’autres, pour faire la cour à des Princes qui se plaisaient à ces jeux infâmes, un grand nombre par l’indigne plaisir, ou plutôt par l’ivresse du spectacle, par un air de petit-maître, une sorte de galanterie qui les faisait aimer des femmes (tous les siècles se ressemblent). […] Caligula et Néron méprisaient trop les bienséances, pour ne pas s’en faire un jeu.
., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Malgré le dernier résultat de ce grand procès, cette nominative et rude attaque a plus épouvanté et tiendra plus en respect les chefs de tontine que vingt comédies vagues, fussent-elles intitulées : les Tontinéries ou Tontinières, représentant la mauvaise foi, la honteuse avidité, les faux calculs, les jeux cupides, en un mot, les iniquités de ces administrations et d’autres prises en masse auxquelles ne président point des Larochefoucaulds. […] Je m’empresse de répéter ici ce que j’ai dit déjà ailleurs : hommes honnêtes de tous les états, puissé je ne pas vous flétrir même par cet énoncé simple et naturel, dépouillé de jeu magique !
Après le plus grand éloge de Vadé, Auteur Poissard, le plus bas & le plus licencieux des héros des Boulevards, couru par la populace, ose dire, avec aussi peu de goût que de décence : Ces aimables mortels, dont les noms adorés Sont aux faîtes des jeux à jamais consacrés ; Arbîtres délicats des plaisirs de l’autre âge, De la divine Orgie avoient admis l’usage. […] L’immortalité de l’ame, l’éternité de l’enfer, ses tourmens, la liberté de l’homme, la justice de Dieu à punir le crime, la sainteté de l’état religieux, l’obligation de la charité, le Pape, les Evêques, les Prêtres, les Moines, &c. tout est un jeu pour lui ; l’irréligion éclate à chaque page. […] Que je regrette ton genie, ton abandon, ta bonhommie, j’ai, comme toi, bien du loisir, avec beaucoup d’entousiasme, comme toi, j’aime le plaisir, & là finis la ressemblance ; que le temps me laisse mes jeux, & qu’il emporte mes ouvrages.
Telles les danses des Jeux Floraux dont la Courtisanne Flora fut l’institutrice, où le bal duroit la nuit & le jour, & la plus habile danseuse recevoit une couronne de fleurs. […] Henri III avoit l’esprit léger, le cœur gâté, l’ame foible, la pente la plus forte au libertinage ; elle en profita, elle mit en jeu le bal, les ballets, les mascarades, les plus belles femmes, les Courtisans les plus libertins, pour l’endormir sur le trône. […] Il est éclairé par un grand nombre de lustres ; plusieurs glaces reflectent & augmentent la lumiere, plusieurs pavillons aux environs offrent des caffés, des tables de jeux, des marchands de bijoux, des rafraîchissemens, la vue de la campagne, &c.
Sans doute les combinaisons de ces mouvemens sur la cadence d’un ait peuvent former un jeu, & amuser un moment, comme les échecs, les cartes, la course de bague ; mais au-delà de ces bornes c’est une extravagance. Le jeu, dit le proverbe, ne vaut pas la chandelle, c’est-à-dire, l’objet ne mérite pas cet attachement. […] Faire un art d’un jeu frivole, payer des maîtres pour l’apprendre, y consacrer une partie de sa vie & de son bien, est-ce chercher un remède à la foiblesse humaine, ou plutôt se nourrir de poison & augmenter sa foiblesse.
Les articles 29 & 35 des statuts de l’Université portent expressément : Afin d’ôter aux Ecoliers l’occasion de se détourner de leurs études, ou de se porter ou mal, que tous les Comédiens soient chasses du quartier de l’Université, & rélégués au-delà du Pont ; que les Principaux & Modérateurs des Colléges prennent bien garde qu’on ne représente ni tragédie, ni comédie, ni fable, ni satyre, ni autres jeux, en Latin ou en François, ces exercices dramatiques étant très-dangereux pour les mœurs. […] des gens curieux, légers & frivoles, qui veulent tout voir, excepté eux-mêmes ; des gens oisifs & paresseux, dont l’unique occupation est de ne rien faire, l’unique soin de n’avoir aucun soin, passant du lit à la table, de la table au jeu, du jeu au spectacle, sans discernement & sans goût ; des gens accablés d’affaires, qui comme dans un port après l’orage vont à la comédie se délasser ; des gens fatigués de querelles domestiques, qui vont s’y consoler ; des gens sans caractère, esclaves de la coutume, qui y suivent la mode & la foule ; de vrais libertins, qui veulent satisfaire leur goût pour le vice, & repaître leurs yeux & leur imagination d’objets impurs ; des jeunes gens, qui sous les drapeaux de la galanterie courent apprendre le rôle, le langage & les maximes de l’amour, & s’enfoncer de plus en plus dans le bourbier de la corruption.
« Ce Cardinal n'avait rien de mieux à faire que de laisser le Roi s'amuser tous les jours des plaisirs de son âge, et l'éloigner lui-même de toute sorte d'affaires ; il avait vingt ans qu'il ne savait que des danses, des mascarades, des tournois, des comédies, des jeux de cartes, etc. […] Ces jeux insensés d'une jeunesse pétulante n'auraient pas apparemment été l'objet de l'animadversion de la police, encore moins d'un concile écuménique ; mais malheureusement les Etudiants en droit voulurent imiter les autres, et faire leurs fêtes aussi, pour célébrer leur doctorat, et les maîtres ou professeurs se prêtèrent à ces extravagances. […] Elle introduisit cette nouveauté, dont elle ne prévoyait ni ne redoutait les suites, et fit sans peine goûter ces jeux à une femme de la Cour qui l'estimait et qui voulait plaire au Prince.
où sont les jeux et les fêtes de ma jeunesse ?