Dans le Bouquet de Thalie ce sont les mœurs aisées des gens du grand monde (de parfaits libertins), &c. […] Il est certain que fi c’est rendre les gens parfaits que d’en faire des Comédiens, on ne peut y mieux réussir. […] Qu’elle seroit funeste, si nous en venions jusqu’à regarder les mœurs comme sans conséquence dans les gens à talens ! […] Est-il bien vrai qu’aucun rendez-vous n’y attire, qu’on n’espère point d’y trouver l’objet de sa passion ou d’y faire des conquêtes, qu’on ne prétend point y étaler ses charmes, s’y lier avec des gens de plaisir, y former des parties ? […] Les théatres en profiteront ; les gens de condition liés avec les actionnaires y trouveront une pepiniere d’excellens sujets, & un magasin ouvert de décorations & d’habits.
D’un autre côté vous voyez des gens dont la profession est grave courir à ces jeux avec empressement. […] Quels doivent-être les gestes, le maintien, le ton, la manière de s’habiller de pareilles gens ? […] J’ai déjà eu occasion de dire qu’il se trouvoit souvent parmi eux des gens de condition honnête. […] Du mépris pour le sexe naissent l’éloignement de toute galanterie, la brutalité, la haine du mariage, ou si ces gens se marient, dieux ! […] On montre au doigt, dans la capitale, une foule de gens qui ont englouti là leur patrimoine.
Ce n’est plus même tant pour calmer une conscience dont le théâtre ne s’embarrasse guère et enseigne à se débarrasser, c’est plutôt pour avoir droit de tourner les gens de bien en ridicule, et se faire gloire de l’irréligion, qu’on en prend l’esprit et qu’on s’en donne les airs. […] Mais en cela il ne parle que comme les gens de bien, et ce n’est pas seulement sur le Tartuffe, c’est sur la comédie en général, où il n’avait pas le même intérêt, que ce dénicheur des Saints, qui n’était pas superstitieux, a tenu le langage de la piété. […] La piété a toujours regardé comme un des plus grands dangers pour la foi la lecture des livres hérétiques et l’entretien des gens sans religion. […] sont-ce des gens d’esprit, des gens sensés, des gens pieux ? […] En a-t-il convaincu les gens de bien ?
Les Acteurs sont la plupart de la plus vile canaille, des gens de mauvaise vie, des misérables, sans pudeur et sans religion. […] Ce n’est que peu à peu, à mesure que l’esprit de frivolité et le goût du vice ont pris le dessus, qu’on a souffert, après bien des oppositions des voisins, et des gens de bien, que la folie et le scandale eussent des établissements fixes et des maisons publiques, où tout le monde fût reçu et invité à en aller prendre des leçons et voir des exemples. […] Plusieurs même très peu populeuses ont le leur, et dans les petites villes il y a toujours quelques gens officieux qui jouent des pièces. […] Les Princes leurs prédécesseurs avaient accoutumé de faire des présents à ces gens-là, et de leur donner leurs vieux habits (quels présents !) […] Quel rapport entre des mystères de la religion grossièrement rendus, il est vrai, mais édifiants, et des intrigues profanes, le plus souvent criminelles, polies, si l’on veut, élégamment composées, mais très pernicieuses, entre une confrérie formée par la religion pour des exercices pieux, et une troupe de gens dissolus rassemblés par le libertinage ?
Comme il n’est point de façon de satyriser plus piquante, plus divertissante, que de contrefaire les gens, de les faire agir & parler, on fit bien-tôt des pieces de théatre, qui ne sont qu’une satyre figurée & agissante. […] On se trompe : ils tombent sur une infinité de gens, auxquels chacun des spectateurs en fait l’application. […] Les gens sages, à la vérité, méprisent ces traits de malignité ; mais ils font des plaies profondes à la plûpart des hommes. […] Ce sont les pointes les plus dégoûtantes ; il n’est pas même plaisant pour le peuple, & il est insupportable aux gens d’honneur. On ne peut souffrir son arrogance, & les gens de bien détestent sa malignité.
Après l'éclaircissement de ces vérités, touchant les choses qui se pratiquaient dans le Théâtre des Romains, il sera facile de montrer que la juste censure des premiers Docteurs de l'Eglise, ne regardait point les Acteurs des Comédies et des Tragédies, mais seulement les Scéniques, Histrions, ou Bateleurs, qui par la turpitude de leurs discours et de leurs actions avaient encouru l'indignation et de tous les gens de bien, l'infamie des Lois, et l'anathème du Christianisme ; Il ne faut qu'examiner les paroles qu'ils ont employées en cette occasion, et qui nous en peuvent aisément donner toute assurance. […] Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique. […] Le Concile de Milan ordonne bien que l'on chasse les Histrions, les Mimes et Bateleurs, et tous les gens de cette sorte abandonnés au vice, et que l'on soit sévère contre les Hôteliers, et tous ceux qui les retirent, mais il ne dit rien contre les Acteurs des Comédies et des Tragédies qui n'ont jamais été traités de même sorte.
J’avais vu ma Lettre entre les mains de quelques gens de sa connaissance, qui en avaient ri comme les autres, mais qui l’avaient regardée comme une bagatelle qui ne pouvait nuire à personne ; et Dieu sait si j’en avais eu la moindre pensée. […] J’avoue qu’elles m’encouragèrent à en faire une seconde ; mais lorsque j’étais prêt à la laisser imprimer, quelques-uns de mes amis me firent comprendre qu’il n’y avait point de plaisir à rire avec des gens délicats qui se plaignent qu’on les déchire dès qu’on les nomme ; qu’il ne fallait pas trouver étrange que l’auteur des Imaginaires eût écrit contre la comédie, et qu’il n’y avait presque point de régent dans les collèges, qui n’exhortât ses écoliers à n’y point aller ; et d’autres des leurs me dirent que les Lettres qu’on avait faites contre moi étaient désavouées de tout le Port-Royal, qu’elles étaient même assez inconnues dans le monde, et qu’il n’y avait rien de plus incommode que de se défendre devant mille gens qui ne savent pas seulement que l’on nous ait attaqués.
En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple.
Je vous assure qu’ils plairont à bien des gens, et sans doute à trop. […] D’ailleurs il se trouve des gens qui faute d’instruction ou de connaissance sur cette matière, vont à la Comédie sans savoir le mal ou le danger qu’il y a. […] On peut dire en passant qu’on ne voit guère de gens qui se piquent d’être Docteurs s’ils ne le sont pas ; vous avez confondu doctes avec Docteurs. En effet on voit beaucoup de gens qui veulent passer pour doctes, sans être Docteurs ni doctes, il ne vous est pas difficile d’en connaître. […] Et quand il ajoute que ces gens entendaient des chansons déshonnêtes, etc. pouvait-il rien dire qui convînt mieux à l’Opéra ?
Cette foule de gens prêts à les déprimer, qu’ils voyent comme en perspective, leur en impose, les fait tenir sur leur garde, & leur fait peser avec soin les èxpressions & les pensées dont ils se servent. […] M’étant proposé d’aprofondir particulièrement tout ce qui concerne le nouveau Spectacle, j’ai cru que je devais insérer les louanges qu’on lui prodigue à côté des critiques qu’en font les gens éclairés ; afin qu’on ne pût rien m’objecter que je n’eusse déjà prévu ; & il m’a semblé que l’ironie me mettait plus à mon aise. […] Bien des gens n’approuveront pas les critiques ouvertes ou cachées sous le voile de l’allégorie que j’ai faites du Théâtre qui plaît à la plus grande partie de la Nation. « Que nous importe, s’écrieront-ils, que les Opéras-Bouffons, & les Comédies-mêlées-d’Ariettes, péchent souvent contre les règles, pourvu qu’ils nous amusent ?
Nous avons exposé précédemment, que les autorités temporelle et spirituelle se montrèrent également sévères contre les histrions, les cochers de cirque, les bateleurs et autres gens infâmes. […] En effet, les gens de théâtre appartiennent à l’autorité civile, et l’art théâtral est devenu légalement une profession dans l’Etat.
les hommes grossiers ne connaissaient point anciennement d’autre manière de culte que celui-là : car pour la Prière et l’Invocation, peu de gens en étaient capables. […] La malheureuse coutume vint ensuite d’honorer la Pompe funèbre des Grands qu’on voulait faire passer au rang des Dieux, par des Combats de gens qui se tuaient au bas du bûcher, comme pour dire, que la terre ayant perdu ces Héros, il n’y avait plus qu’à faire périr tout le reste. […] Enfin il défend par un Statut exprès à tous les Maîtres d’Hôtelleries de souffrir que les gens de mauvais commerce, que les femmes prostituées, que les Comédiens, que les Farceurs, et autre sorte de gens qui ne valent rien, soient reçus à demeurer quelque temps chez eux. » Est-ce-là favoriser la Comédie ? […] 2. « Plusieurs Religieux et gens de devotion, étaient à la même heure devant Dieu, chantaient ses loüanges, et contemplaient sa beauté : ô que leur temps a été bien plus heureusement employé que le vôtre ! […] La conversation des gens qui en sont possédés, n’a rien de charmant, ni qui fasse envie de prendre part à leur plaisir.
Et d’ici vous pourrez voir, messieurs, que c’est de s’écarter de la vérité pour suivre les erresaz du mensonge, auquel qui a une fois donné sa créance en matière de religion, ne tient plus à religion d’en controuverba pour diffamer les autres, et nommément s’il est question de donner sur jésuitesbb, que ces gens tiennent pour leurs déterminés ennemis, bien qu’en effet ilsbc ne désirent que le salut de leurs âmes. […] Vraiment les jésuites sont bien gens, qui pour l’espérance d’un tel lucre voulussent devenir bateleurs. Et il y a bien d’apparence que gens de bon lieu, tels qu’ils sont pour la plus part, gens d’honneur et de science devant Dieu, et devant les hommes, gens qui ont renoncé au monde, auquel ils pouvaient paraître, et avoir quelque chose, gens qui se sont tous donnés au service de Dieu, qui y persévèrent pour sa gloire, pour le bien du public, et le salut de leurs âmes, Il y a bien, dis-je, d’apparence, que jamais ils aient été si convoiteux, que ce médisant les veut faire reconnaître. […] Je n’en peux point conjecturer ou savoir autre cause, que sa malignité propre, accompagnée d’un mauvais naturel, formé pour médire, et disposé à mal faire : ou bien je l’attribuerai à son éducation, car étant du nombre de ceux que le schisme a séparé de l’Église catholique, apostolique et romaine, l’on voit par expérience que telles gens haïssent à mort les jésuites, voire avant que jamais ils les aient vus. […] Il est vrai qu’ils tiennent à assez de récompensecu d’avoir eu en ceci le désir et bonne volonté de vous servir, et vous servant, de glorifier celui, pour lequel ils endureront volontiers en ce monde, appuyés sur la ferme espérance qu’ils ont, qu’après le travail suivra le repos, qui est promis aux gens de bien au séjour de l’Eternité.