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428. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Revenu chez lui, il se fait tambour dans ses armées, mousse dans les vaisseaux, & monte par dégré, est reçu lieutenant, capitaine, colonel, velt-maréchal, pilote, enseigne, capitaine de vaisseaux, amiral ; il épouse une gourgandine, & la fait couronner Impératrice ; il fait faire la barbe à tous ses peuples, les obligeant de se raser malgré eux ; comme si le Roi de France vouloit forcer tous les François à reprendre la barbe ; sur-tout il fait bâtir un Théatre, & joue la comédie au milieu de la neige & des glaces ; cependant il fait mourir son fils ainsi : sur un échafaud, sa sœur dans un couvent, & une infinité de gens dans les tourmens, & il est toujours dans la débauche.

429. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Voilà qui fait trembler, mes Freres ; & ce sont ici de ces verités d’autant plus terribles, qu’elles s’adressent à chacun en particulier : il n’est peut-être personne ici qui ne dise en lui-même : oüi, je vis comme ceux qui sont de mon âge, de mon rang, de mon état, de ma profession, & puisque je suis le plus grand nombre, je suis donc perdu : je me danne avec la multitude ; mais quoiqu’on se represente qu’il n’y aura de sauvés qu’un petit nombre de gens qui operent leur salut avec crainte & en tremblant, on ne laisse pas de se calmer & d’esperer contre toute esperance.

430. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Prémièrement, que l’Acteur qu’on fait venir à l’aide d’un Messager, ne soit pas trop éloigné de l’endroit où se passe l’action : en second lieu, celui qui en mande un autre doit être d’une condition un peu distinguée, parce que les gens de la lie du peuple n’ont aucune dignité qui les empêche d’agir à leur fantaisie, & qu’il ne serait pas naturel de les voir attendre gravement les personnes aux-quelles ils ont envie de parler : l’Opéra-Bouffon ne peut guères employer ce moyen.

431. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Notre maison, comme toutes les autres, a eu des gens de mérite, mais plus d’imbécilles & de scélérats. […] Ce qui me donnoit le plus d’inquiétude est la marche réguliere & constante des gens de loi.

432. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

J’ai vû bien des Gens enchantés de ce trait & d’une infinité d’autres. […] C’est de ces deux postes opposés que l’on dispute avec aigreur, sans avancer ni reculer, sans se concilier ni s’entendre ; il n’y a que les Gens de bon esprit qui se placent au milieu. […] De-là ces fausses impressions que l’on prend de la Littérature Françoise dans les pays étrangers, dans nos Provinces même, où le bon reçu indifféremment avec le mauvais, sous le passe-port de la Capitale, donne aux jeunes Gens un goût confus & incertain, aussi nuisible aux Lettres que le goût bizarre & dépravé des demi-connoisseurs de ce tems.

433. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Si former les gens au tyrannicide est un modèle d’éducation et le chef-d’œuvre du plus sage des Romains, fallait-il supprimer les Jésuites ? […] Le Journaliste, confus d’en avoir fait l’éloge, convient que l’ouvrage est mauvais, « loue les Ecrivains qui vengent les droits de la religion et de la société contre ceux qui se disant citoyens, ne parlant que de l’amour de la patrie, osent lui porter les plus cruelles atteintes, et s’excuse en disant que l’« Auteur étant jeune, il craignait de le décourager et de le chagriner », comme s’il fallait encourager des gens qui « portent à la religion et à la société les plus cruelles atteintes ». […] mon Père, ces gens-là sont-ils Chrétiens ? 

434. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

 » Platon pour ces raisons, chasse de sa République les Poètes impurslib. 2 do , tels que sont pour la plupart, les auteurs des Comédies, Aristote prenant pour chose confessée d’un chacun, que ce sont gens corrompus, et dépravés ; recherche, et déclare les raisons pourquoi ils sont telsdp : Et le Philosophe TaurusA.  […] En sa Cité de Dieu il allègue CicéronLib. 2. cap. 13 ex , qui fait dire à Scipion, Que les Romains estimant cet art du tout infâme non seulement déniaient droit de bourgeoisie aux Comédiens, mais ne les souffraient non plus entre les gens de guerre, tant ils les jugeaient dépravés et pernicieux. […] Voilà à quelles gens il appartient de se plaindre de nous, à savoir aux Païens ; non aux Chrétiens, qui se souviennent de la règle, que l’Apôtre prescrit à toutes nos actionsPhil. 4 ff , quand il dit : « Toutes choses qui sont vraies, toutes choses honorables, justes, pures, amiables de bonne renommée ; S’il y a quelques vertu, et quelque louange, pensez à ces choses.

435. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Quelques-uns attribuent l’origine des spectacles à la politique des Grecs, qui les inventerent, disent-ils, pour amuser les gens oisifs, & les empêcher de former des cabales contre l’état.

436. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Je réserve à un autre lieu la dignité de ses louanges, et reviens à la plainte que nous devons faire pour les Comiques qu’on accuse de faire revivre les anciennes dissolutions, qui sont bannies des Comédies de ce siècle, qui n’ont rien que le nom, commun à celles du passé : Celle-ci traitée par gens doctes, et savants, se doit plutôt appeller école de modestie et gentillesse, que lieu de honte : C’est pourquoi nos Juges nous les permettent ; nos Pasteurs ne nous le commandent pas, désirant s’il était possible qu’à l’imitation d’un nombre d’âmes, qui dès la terre vivent au Ciel, nous voulussions dénoncer la guerre aux plaisirs du monde, et nous donnant du tout à la contemplation, tirer de l’amertume de nos fautes, ces larmes de douceur qui attachent nos paupières, et nous font unir les jours et les nuits ensemble, souhaitant après saint Paul, notre séparation pour Jésus Christ, et comme dit Eudoxe, mourir et voir le Soleil.

437. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Il est difficile que des gens qui ne s’occupent qu’à faire rire, conservent assez de gravité pour mettre le sérieux qu’il faut dans leurs plaintes. […] Il réforma le luxe & la licence des gens du théâtre : défendit d’exposer dans les lieux publics, les portraits des pantomimes, histrions, &c.

438. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Pendant vingt ans, les gens de lettres et les amateurs ont sollicité, sans succès, ce second théâtre, et l’on n’imagine pas aujourd’hui comment il a pu éprouver tant de difficultés. […] Depuis long-temps les gens de lettres se plaingent de ce que les comédiens sont seuls les maîtres d’admettre ou de refuser les pieces qu’on leur présente, et ils ont raison.

439. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

 ; parce que j’estime qu’il n’est point convenable ny à la majesté de Dieu, ny à la discipline de l’Evangile, que l’honneur de l’Eglise soit ainsi offencé, & sa pureté fletrie par la communication avec des gens dont la profession est si infame & le métier si contagieux. […] Cependant M. d’où vient qu’il y a si peu de sainteté dans le monde, & si peu de Saints parmi les Chrétiens, qui sont neanmoins cette nation sainte dont parle le Prince des Apôtres, gens sanctaEpist. can. 1. […] L’experience nous apprend que comme les especes du vice frappent les gens d’une maniere plus douce & plus agreable, & qu’elles sont de plus fortes impressions dans l’ame que toutes les images de la vertu, ce n’est pas merveille si le cœur en est plûtôt corrompu, & si toutes les passions en sont plus promtement déreglées.

440. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Combien de gens qui n’ayant de connoissance de l’histoire que celle qu’ils ont puisée dans des romans & des tragédies, prennent pour des vérités ce que dit un Acteur, d’autant plus aisément qu’il sera plus approprié à nos mœurs, & plus vrai-semblable, & renfermera des choses dont on trouve le fonds dans son cœur & le modelle dans le monde, & qu’on le donne pour véritable, sous le nom imposant de personnes illustres !

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