Ils sont peut-être plus dangereux que vous ne pensez.
N’a-t-il pas beaucoup dit quand il a déclaré que la Danse était très dangereuse, et qu’elle ouvrait la porte à plusieurs péchés ? […] Ambroise ne parle point de la danse, que comme du dernier aiguillon de la vie licencieuse : elle se plaît dans les festins somptueux, elle se divertit volontiers dans les jardins de plaisir, elle cherche les douces et agréables compagnies, mais le plus dangereux de ces appas, c’est la danse, qui fait la grande et la plus universelle corruption de la jeunesse. […] Quand elles n’en viendraient pas là, il est toujours dangereux de leur laisser percer les nuits pour voir la fin d’une entreprise qu’elles ont entamée : cela leur jette un aiguillon dans le cœur, qu’elles n’arrachent pas quand elles veulent : Ces belles grotesques sont si bien liées par ensemble, qu’un esprit curieux ne les quitte point qu’avec le dernier feuillet. […] Mais quoique le gain soit toujours dangereux en quelque jeu que ce soit, il ne fait néanmoins jamais tant de troubles que dans les jeux de hasard. […] Aristote qui parle des choses assez sainement, et ne se plaît point à l’hyperbole, condamne les joueurs de larcin, il dit que leur gain est injuste, et qu’il faut une grande bassesse de cœur pour se vouloir faire riche d’un si honteux métier : Dans sa pensée il n’y a pas grande différence entre un joueur et un larron : Pour continuer dans le Jeu, il faut de quoi ; si on ne le trouve point chez soi, on est en danger de le chercher ailleurs : Si l’appétit du jeu cessait aussitôt que la bourse est vide, il ne serait pas si dangereux ; mais il arrive tout le contraire ; plus on perd, et plus on a d’ardeur pour le jeu.
Qu’à la bonne heure le Mercure, qui chaque mois, au préjudice des bonnes mœurs, va ramassant avec le plus grand soin, comme autant de pierres précieuses, toutes les folies de galanterie du royaume, très-souvent licencieuses, toujours indignes de l’impression ; qu’à la bonne heure ce messager des dieux, payé par les actrices, donne plusieurs articles aux spectacles : mais qu’un livre destiné à conserver à la postérité le souvenir de ce qui s’est passé d’important pendant le regne d’un grand Roi, s’amuse des frivolités dramatiques, & veuille occuper ses lecteurs, comme d’un objet digne d’eux, des jeux pernicieux, que le gouvernement ne tolere qu’à regret, pour éviter, dit-on, de plus grand maux, c’est ce que la Religion & la vertu ne pardonne point à l’auteur, dans un écrit qui n’est pas fait pour elles, & où toutes ces folies sont aussi parasites que dangereuses. […] Il régna sur-tout à la cour de France, où Catherine de Médicis, plus actrice & plus dangereuse qu’Elisabeth d’Angleterre, le fixa.
Ce jeune Poëte qui avoit du mérite & auroit pu faire du bien, a été enlevé par la mort la plume à la main, composant une piece de théatre, comme Moliere l’avoit été en représentant ; il eût du apprendre aux Jésuites combien le goût de la Scène est dangereux pour eux-mêmes. […] L’art insidieux qu’un appelle décence, de déguiser & faire goûter le désordre des passions sous des termes choisis, pleins de politesse, d’élégance & d’harmonie où il a été le plus grand & le plus dangereux maître : art funeste qui fait sa gloire dans le monde & qui fait l’objet de son repentir.
Or c’est ce qui se trouve merveilleusement dans notre Hypocrite en cet endroit : car l’usage qu’il y fait des termes de piété est si horrible de soi, que quand le Poète aurait apporté autant d’art à diminuer cette horreur naturelle, qu’il en a apporté à la faire paraître dans toute sa force, il n’aurait pu empêcher que cela ne parût toujours fort odieux : de sorte que, cet obstacle levé, continuent-ils, l’usage de ces termes ne peut être regardé que de deux manières très innocentes, et de nulle conséquence dangereuse, l’une comme un voile vénérable et révéré que l’Hypocrite met au-devant de la chose qu’il dit, pour l’insinuer sans horreur, sous des termes qui énervent toute la première impression que cette chose pourrait faire dans l’esprit, de sa turpitude naturelle. […] Je sais encore qu’on me dira que le vice dont je parle étant le plus naturel de tous, ne manquera jamais de charmes capables de surmonter tout ce que cette comédie y pourrait attacher de ridicule : mais je réponds à cela deux choses ; l’une, que dans l’opinion de tous les gens qui connaissent le monde, ce péché, moralement parlant, est le plus universel qu’il puisse être ; l’autre, que cela procède beaucoup plus, surtout dans les femmes, des mœurs, de la liberté et de la légèreté de notre nation, que d’aucun penchant naturel, étant certain que, de toutes les civilisées il n’en est point qui y soit moins portée par le tempérament que la Française : cela supposé, je suis persuadé que le degré de ridicule où cette pièce ferait paraître tous les entretiens et les raisonnements, qui sont les préludes naturels de la galanterie du tête-à-tête, qui est la dangereuse ; je prétends, dis-je, que ce caractère de ridicule, qui serait inséparablement attaché à ces voies et à ces acheminements de corruption, par cette représentation, serait assez puissant et assez fort pour contrebalancer l’attrait qui fait donner dans le panneau les trois [qu]arts des femmes qui y donnent. […] Voilà, Monsieur, quels sont les dangereux effets qu’il y avait juste sujet d’appréhender, que la représentation de L’Imposteur ne produisît.
La malice naturelle aux hommes, est le principe de la Comédie : nous voyons les défauts de nos semblables avec une complaisance mêlée de mépris, lorsque ces défauts ne sont ni assez affligeans pour exciter la compassion, ni assez révoltans pour donner de la haîne, ni assez dangereux pour inspirer de l’effroi.
La forme que les Auteurs donnent à ces ouvrages profanes pour les mettre dans leur plus beau jour, les rendeg encore plus dangereux que la matière.
J’ai été d’avis en peu de paroles, non de vous instruire, mais admonester, de peur que si les plaies ne sont bien liées, et serrées, elles viennent à s’engregerg, et causer une plus dangereuse maladieh.
Voltaire, qu’autorisait l’exemple d’Euripide, ne le suivit pas en tout ; plus délicat dans le choix de ses sujets, il rejeta en général ces grands coupables qui ne peuvent rapprocher de la vertu que par l’horreur qu’ils inspirent, mais qui peuvent aussi faire avancer dans le crime. « Il y a du bon dans cette pièce , disait un avare assistant à l’une des représentations de Molière, elle offre d’utiles leçons d’économie. » La répugnance de Voltaire à donner au public cette dangereuse instruction, mérite notre reconnaissance ; son respect pour les mœurs, nos éloges et notre admiration ; car, il faut le dire, le vice alors infectait la nation, et siégeait impudent au conseil de son roi.
Les Ultramontains n’en ont jamais tant dit, ils n’ont jamais mis l’autorité entre les mains du peuple, infiniment plus dangereux & plus remuant que les Papes. […] C’est l’écueil de tous les jeunes gens, parce que les Actrices joignent à des talens séducteurs les charmes dangereux d’une figure que la nature & l’art concourent à rendre intéressante.
Les sages seroient enchantés de parcourir ainsi sans étude pendant quelque heure les fameux volumes de Bougeant, ils préféreroient ces représentations savantes aux frivoles & dangereux tableaux des passions & des foiblesses humaines. […] Mais si cet établissement, dont je ne dispute l’honneur à personne, est un mérite dramatique, il n’est point un mérite moral ; il rend le spectacle plus dangereux, en joignant aux dangers de la piece celui de la danse des femmes, mille fois plus redoutable, selon Ricoboni, que la comédie la plus licentieuse.
Même frivolité, même mensonge, même mollesse, elle y est même incomparablement plus dangereuse, ce ne sont pas des poisons froids, et comme morts dans l’écriture. […] bientôt on renouerait les dangereuses liaisons avec les ennemis auxquels il aurait déclaré la guerre.
Pourquoi cette prétendue Muse seroit-elle plus dangereuse que les autres ? […] Il y a du mal à toutes ces choses, & il n’y en a aucun ; elles sont bonnes en elles-mêmes, l’abus seul en est dangereux, il peut même être ridicule.