/ 312
77. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

A Athenes, à Rome, & par-tout il a fallu mille fois employer la sévérité des loix & l’animadversion des Magistrats, pour arrêter l’excès de ces désordres : Desinit in vim dignam lege Regis. […] Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] L’art dramatique n’est que l’art de se faire un amusement des malheurs & des désordres de l’humanité. […] Mais est ce donc là l’unique désordre que Dieu condamne, & l’unique péril que redoute la vertu ? […] Le Lieutenant de police, instruit du désordre, envoya sans tant de façons tous les quatre au Fort-l’Évêque.

78. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

L’un des plus grands désordres de la comédie, dont on rit, au lieu d’en gémir, c’est le mépris & le dégoût qu’il inspire pour le mariage & ses devoirs. […] M. de la Chaussée, touché sans doute de tant de désordres, a crû y remédier par le même endroit qui les cause. […] Le désordre doit assurément être bien commun pour avoir fourni la matiere d’un poëme, & frappé jusqu’à un Poëte comique, qui sans crainte d’être démenti, ose dire dans toute la piece que la bonne intelligence des époux passe dans le monde pour un prodige & est un ridicule. […] Quelle folie qu’un mariage en peinture sanctifie tous les désordres, ou éteigne les feux d’une concupiscence que tout allume ! […] Dans tout cela il y a encore moins de bonnes mœurs : la fripponnerie des domestiques, l’insolence des enfans envers leurs pères, leur licence dans leurs passions, la liberté entiere de leurs mariages, sont dans la société des désordres incomparablement plus grands que les ridicules de l’avarice, fussent-ils poussés aux excès où on les porte, aussi peu vrais que vraisemblables.

79. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Rien n’anime (ne dissipe) plus la société, ne forme plus le goût (du désordre), ne rend les mœurs plus honnêtes (moins honnêtes), ne resserre plus les nœuds de l’amitié (du libertinage) ; il n’y a que des barbares qui puissent les blâmer ou dédaigner. […] Ils rendent l’éducation molle, efféminée, licencieuse, dissipée, frivole ; ils portent dans chaque maison tous les désordres du spectacle, & s’y répandent plus facilement & plus rapidement. […] Vous étalez vos passions aux yeux de votre famille, comme sur un théatre où vous êtes l’Acteur de la piece, vos discours licencieux, vos emportemens, vos intrigues, vos désordres ; Auteur & Acteur, quelle comédie vous y jouez, & plus vivement que sur la scène ! […] Il en est de même de la tolérance des femmes publiques pour éviter de plus grands & de plus infames désordres, desquels S. […] Malgré tant de barrieres au désordre, les Pères, les conciles n’ont cessé de crier contre les spectacles, & d’exhorter les fidèles à les éviter : tant il est impossible de contenir des gens qui par état se dévouent au crime, ou par goût s’en rendent les spectateurs.

80. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Belle sans art, ton artifice Est aussi grand que la malice De ce Dieu, qui par les attraits De tes yeux met tout en désordre : Car rangeant tes cheveux en ordre, Tu fournis de corde et de traits.

81. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

C’est le gouvernement lui-même qui est en quelque sorte l’artisan du désordre qu’il fait naître ; il est le créateur des dangers auxquels il s’expose en violant les droits légitimes de chaque particulier. […] Ce pouvoir sans bornes a une tendance invincible vers l’immoralité politique et conduit infailliblement à cette corruption qui est la source des abus, des désordres et de l’anarchie. […] Tôt ou tard de pareils abus produisent des désordres et amènent insensiblement les révolutions. […] Le chef des chrétiens sera alors bien certain de rendre la paix à l’église, d’apaiser les désordres qui désolent les gouvernements, et fera le bonheur des souverains et des peuples.

82. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

On introduisit des personnes qui s’entreparlaient ; on en fit un divertissement tout profane : et les séparant tout-à-fait de la Religion, elles devinrent en plusieurs endroits une École de désordre : Car les Auteurs de ces Pièces cherchant leur propre avantage plutôt que l’honneur de ces fausses Divinités pour lesquelles ils n’avaient guères de vénération, prirent pour sujet de leurs Discours les matières les plus agréables, qui sont ordinairement celles qui traitent de l’amour. […] S’il prétend par ce qu’il appelle idolâtrie qu’il s’y faisait des Sacrifices aux faux Dieux g, il n’y a rien de plus contraire à la vérité : Et quand Tertullien ou les autres Pères invectivent avec tant de force contre les Théâtres, en les accusant d’idolâtrie, c’est à cause qu’on n’y parlait que des faux Dieux, que tous les appareils en étaient fabuleux, et que tout y ressentait la fausse Religion : ce qui est justement un désordre attaché à nos Théâtres. […] Ce Comédien lui répondit, comme le prétend notre Apologiste, qu’il n’y avait point de mal à dire et à faire des choses fausses, quand ce n’est que par divertissement : mais Solon plus éclairé et plus sage en cela que l’un et l’autre, frappant avec indignation la terre de son bâton, déplora le malheur des hommes qui souffraient un tel désordre, et dit ces belles paroles qui devraient confondre tous les partisants de la Comédie : « Nous souffrons et nous approuvons la fausseté dans les divertissements, nous la verrons bien-tôt, par notre faute, s’insinuer dans les sociétés et dans les Contrats. » Ovide lui-même qui a tant publié de Fables, et dont on a tiré tant de sujets pour des Comédies, ne laisse-pas de reconnaître de bonne foi que ces représentations sont la cause de beaucoup de désordres. […] Car encore qu’ils nous aient laissé plusieurs exhortations pathétiques, où ils ont blâmé les Spectacles comme des plaisirs sacrilèges et impurs,i il y a quantité d’autres endroits où ils les condamnent, n’y supposant même rien de ces désordres monstrueux. […] Cette idolâtrie ne consistait, qu’en ce que la multiplicité des Dieux y était introduite sous des noms consacrés à des Idoles : le blasphême n’était, que parce qu’on attribuait à la Divinité des passions, des faiblesses, des désordres dont il n’y a que les hommes qui soient capables : Et n’est-ce pas ce que l’on voit à présent sur les Théâtres ?

83. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Par-là il ouvre la porte à cette foule de désordres qui font le sujet de nos larmes.

84. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

« Fuis ce lieu dangereux, innocente pudeur ; Fuis ces rochers couverts des débris de l’honneur »r Comme l’amour profane est la source des plus grands désordres, rien n’est plus dangereux que d’allumer, de fomenter, de nourrir cette passion, et de détruire ce qui la tient en bride. […] L’harmonie des beaux vers, les agréments de la poésie, concourent à faire goûter les personnages vicieux que l’on produit sur la scène, à ennoblir leurs désordres et leurs excès, à les imprimer plus fortement dans la mémoire. […] Qu’il y ait des personnes qui ne se livrent point à ces excès et qui mettent des bornes à leurs passions ; il suffit d’en connaître qui ne doivent qu’à la fréquentation des spectacles l’origine et la continuation de leurs désordres : entre mille exemples que nous pourrions citer à l’appui de ce que nous avançons, nous nous contenterons de rapporter le suivant.

85. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Del Monaco fait ici une belle morale aux Chrétiens qui aiment et qui cherchent des Confesseurs faciles et complaisants ; c’est la source des désordres du siècle. […] C’est pourquoi dans le Chapitre 4. il fait voir que cet usage est opposé à la pudeur du sexe, très dangereux pour les jeunes gens qui y assistent, et la source de beaucoup de désordres. […] Dans le premier il examine les motifs qui doivent porter les Prédicateurs et les Confesseurs, à faire des instances pour obtenir la modération du Théâtre ; ces motifs sont le zèle pour le salut des âmes, et les désordres que les Théâtres causent.

86. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

De tourner la piété & la Réligion en ridicule, de rendre méprisables la pudeur & la modestie, d’autoriser les foiblesses les plus honteuses, & les désordres du cœur les plus criminels. […] Les Puissances ecclésiastiques ont apporté le reméde autant qu’il leur a été possible à ce désordre public. […] Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals. […] Doutera-t-on, après cela, qu’une source d’où coulent tant de désordres, ne soit une source infecte, & que des plaisirs si contraites à l’innocence & à la vertu, ne soient interdits aux enfans de la foi ? […] Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals.

87. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Un Théâtre où après avoir puisé nos passions nationales, & les ajoutant à celles de leur propre cœur, ils vont se précipiter dans l’abîme du luxe, du faste, enfin dans le désordre le plus déplorable & le plus déplorable & le plus ruineux. […] L’Historien de Rome parlant encore un peu plus bas de l’origine de ces Spectacles, dit qu’elle fut pure, mais qu’ils étoient déchus ; & que le désordre étoit presque monté jusq’uà la folie.

88. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Ni la politesse, ni les plus sages leçons, ni les plus grands intérêts, ni les plus nobles sentimens, ni les plus vives lumieres ne sont de sûrs garans contre un si grand désordre, quand on a la témérité de s’y exposer & le malheur de le goûter. […] Tous les Danseurs descendent avec précipitation, les Maçons jettent leurs outils, tout se mêle en forme de danse sans ordre en apparence, mais un beau désordre qui étoit un effet de l’art. […] Dans la poësie lyrique un beau désordre est un effet de l’art . Dans le bal un fort incommode désordre est un effet du délire, mais tout cela embelli avec la plus délicate élégance & la plus brillante magnificence, décoration, lustres, bougies innombrables, habits, parures, parfums, rafraichissemens, symphonie. […] A ces excès peuvent se rapporter les charivaris, especes de bal ambulant, où l’on insulte les veufs qui se remarient, & où, à la faveur de l’obscurité, se commettent les plus grands désordres, non par le peuple seul, mais par les personnes les plus distinguées que le masque & la nuit enhardissent, & que le vice dégrade au-dessous de la plus vile populace.

89. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Y a-t-il de danse où ne se trouve quelqu’un de ces désordres ? y a-t-il quelqu’un de ces désordres qui ne se trouve au bal & dans les danses de théatre, mille fois plus dangereuses que les autres ? […] Ils tonnent dans les chaires, ils sévissent au confessionnal, ils intéressent les Seigneurs, ils imploront le secours des Magistrats, quelquefois en viennent à des moyens indiscrets pour empêcher le désordre, & rarement réussissent-ils. […] Le bal, quoique plus régulier, ne vaut pas mieux que ces rustiques désordres ; le danger même y est plus grand. […] Je ne parle pas des désordres de toute espece & sans nombre qui s’y commettent, folles dépenses en habits, en décorations, en rafraîchissemens ; dérangement des domestiques, des enfans, des voisins ; jalousies, vivacités, querelles, filouteries, insultes, diffamations de bien des gens, indécences de certaines mascarades impies, satyriques, scandaleuses ; parties de plaisir, qui précèdent ou qui suivent, &c.

/ 312