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84. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Une fille qui se livrerait au théâtre serait encore plus coupable, elle aurait franchi de plus fortes barrières. […] Au contraire, il n’est pas permis au mari d’une Comédienne d’accuser sa femme d’adultère, ni même de la répudier ou de se séparer d’elle, sous ce prétexte, quelque coupable qu’elle soit. […] Les Préteurs et les Ediles, chargés des lois des théâtres, avaient droit, ainsi que les Consuls et tous les autres Magistrats chargés de la police, de faire fustiger les Comédiens, sans autre forme de procès, partout où ils les trouvaient coupables de quelque faute, de même que les maîtres avaient la liberté de châtier leurs esclaves. […] Tous les Magistrats purent donc chasser ou emprisonner les coupables, comme font parmi nous les Magistrats municipaux chargés de la police.

85. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

.), regarder cet argent comme une amende que le coupable s’impose à lui-même, et que la loi laisse à cette malheureuse pour la faire subsister et décharger l’Etat. […] Si quelqu’un est assez téméraire pour user de violence, ses biens seront confisqués, et il sera chassé de la ville : le Gouverneur de la province ne serait pas épargné, s’il était coupable (L. sacrum de Nupt. […] On ordonne à tous les Juges d’y veiller de près, de faire observer religieusement cet ordre, de procéder contre les coupables, leur interdire le théâtre et les punir. […] Il n’y a que certaines peines ecclésiastiques, comme les censures, les irrégularités, les vacances de bénéfices pour certains crimes, qui s’exécutent par le seul fait ; encore n’est-ce que devant Dieu dans le for intérieur, car dans le for extérieur l’excommunié ne doit être évité qu’après la dénonciation, le Bénéficier coupable n’est dépouillé de son bénéfice que par la sentence du Juge.

86. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

La Chaire de vérité est-elle destinée à détailler les mensonges du Théâtre, et ne me rendrais-je pas coupable si, en m’élevant contre les Spectacles, je venais vous en rappeler le souvenir ? […] quand elles couleraient pendant toute votre vie, elles ne seraient pas suffisantes pour expier vos péchés, et vous ne les réservez que pour vous rendre plus coupables, que pour exprimer votre sensibilité sur des aventures Romanesques vraiment dignes de mépris et de pitié. […] c’est là, vous le savez, qu’ont commencé tant de divorces qui mettent une misérable Actrice à la place d’une légitime Epouse, qui ruinent des familles entières, et qui sont des objets continuels de gémissements ; c’est là que des regards lascifs entraînent le cœur, et que l’âme devient coupable d’adultère. […] J’ai appris de l’Apôtre Saint Jean, que quiconque ajoute un seul iota aux Livres Saints, doit s’attendre à être retranché pour jamais du Livre de vie, et si je suis coupable aux yeux de celui qui sonde les cœurs et les reins, ce sera plutôt pour avoir adouci les expressions des Saints Pères, dans la crainte d’effaroucher un siècle aussi lâche que le nôtre ; car il est bon que vous sachiez que les Cyprien, les Jérôme, les Basile, les Chrysostome, les Augustin, ont tous parlé de l’assistance au Théâtre, comme d’une véritable Apostasie.

87. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Mais, efforts aussi coupables que superflus ! […] Effrayé de sa trop funeste indulgence, le législateur multiplie vainement les obstacles ; il ne saurait nous préserver d’une frénésie si coupable, et dont n’eut pas même à rougir l’ancienne Rome, encore asservie sous le joug du paganisme. […] Lui seul, sans l’appareil de l’autorité civile, sans invoquer la terreur des peines qu’elle a droit d’infliger aux coupables, lui seul les ramènera tous à des sentiments de justice et de raison. […] L’église en m’imprimant un signe ineffaçable, Défendit en nos mains le sang le plus coupable. […] ils ne rougissaient pas même de dépouiller de leurs vêtements les victimes abandonnées à leur coupable impéritie, quand l’absence de toute ressource pécuniaire mettait celles-ci dans l’impuissance absolue de satisfaire leur abominable cupidité.

88. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Puisque Dieu lit dans le fond de l’âme, vous devez savoir qu’il ne se fie jamais aux apparences, et que par conséquent il faut être coupable en effet pour le paraître devant lui. […] Comme je vois qu’on ne saurait tâcher de mettre à couvert Monsieur de Molière d’un reproche si bien fondé, qu’on ne se déclare l’ennemi de la raison et le protecteur d’un coupable, j’abandonne sans regret son parti, puisqu’il n’est plus bon, et confesse avec vous que ce valet est un malpropre et qu’il ne mange point comme il faut.

89. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Quoiqu’il en soit, quand on supposerait même qu’une personne serait assurée de ne point offenser Dieu en allant à la Comédie ; c’est-à-dire, que la Comédie ne produirait en elle aucun des mauvais effets qu’elle produit dans les autres, il ne suit pas de là qu’elle n’est pas coupable du péché des Comédiens. […] On doit conclure que ceux qui outre cela donnent encore de l’argent pour assister à la Comédie sont plus coupables, puisqu’ils contribuent d’une manière plus efficace à la faire jouer ; de sorte que l’argent qu’on donne aux Comédiens, dit Saint Augustin81, tend à les entretenir dans leur iniquité, comme celui que l’on donne à une femme débauchée. […] Plus une personne est réglée dans ses actions, plus ils sont hardis à l’imiter, son exemple est un scandale pour eux : car quoique, dit Saint Jean Chrysostome85, « par la force de votre esprit, vous vous soyez garantis de toute sorte de souillure, néanmoins à cause que par votre exemple vous avez inspiré de l’amour pour ces Spectacles à d’autres plus faibles : comment pouvez-vous dire que vous n’êtes pas coupable, vous qui avez donné aux autres le moyen de se rendre coupables. […]  » C’est pourquoi saint Chrysostome, Homélie 5 de la Pénitence, conclut absolument90 : « Dès le moment, dit-il, que vous avez regardé l’iniquité du Théâtre, vous êtes coupable. […] A l’égard de ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée, ou qui y assistent de leur plein gré, quoiqu’ils ne soient pas si coupables que les Comédiens, néanmoins c’est un péché en matière importante.

90. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Pour ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée, ou qui y assistent de leur plein gré, quoiqu’ils ne soient pas si coupables que les Comédiens : néanmoins les mêmes Docteurs ont décidé qu’on doit leur refuser l’Absolution, si les uns et les autres ne veulent point se corriger et changer de conduite, après avoir été suffisamment avertis. […] Au contraire les Comédiens sont plus coupables, parce qu’ils ont osé profaner une Histoire sacrée. […] Sans l’addition de l’intrigue de Misaël à l’Histoire de Judith, cette Pièce aurait été désagréable ; c’est pourquoi Misaël paraît dans la plupart des Scènes, et quoique Judith ne consente pas à la proposition de mariage qu’il lui fait, cette Veuve serait coupable même selon le monde réglé, de l’écouter et de lui répondre après l’avoir remercié.

91. (1647) Traité des théâtres pp. -

Tout autant qu’il y en a qui se rendent coupables de la même profanation des Ecrits sacrés, et les changent en des jeux, seraient tout à fait dignes de ce même jugement. […] « Tu compares, ô homme, 1e Criminel et le Juge ; le Criminel, qui à cause qu’il voit ces Spectacles, se rend coupable de crime ; le Juge, qui à cause qu’il les voit en est le Juge ». […] Ceux qui transgressent les Commandements de Dieu, sont coupables par cette violation prise en elle, et considérée au matériel propre du commandement ; et pèchent immédiatement contre Dieu, de l’autorité duquel il était aussi immédiatement émané ; Mais quant à ceux qui enfreignent quelqu’un des Règlements Ecclésiastiques, ce n’est pas le simple matériel du règlement qui les rend coupables, mais c’est la violation de l’ordre, et le mépris du commandement général, « obéissez à vos Conducteurs ». […] Cela étant, et les y ayant pour ainsi dire conduits, ils sont tout notoirement coupables de la ruine en laquelle ils les font tomber. […] Mais si cette règle doit être gardée, lorsqu’il est question de condamner les vices en général, il en va un peu autrement lorsqu’il s’agit des personnes qui en peuvent être coupables.

92. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

Un arrêt flétrissant fut signé… mais le Philosophe demanda la grâce du coupable.

93. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire, et tourments mérités, Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ses vérités donne l’air de la fable. » C’est donc, selon M.

94. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Voilà M. ce qui a foüillé le theatre de mille crimes, ce qui a rendu la comedie coupable de mille dereglemens, ce qui a corrompu les bonnes mœurs des peuples, ce qui a armé de zele de tous les Peres de l’Eglise contre ces spectacles publiques, & ce qui a attiré toute la severité des loix divines & humaines, contre ces sortes de plaisirs enchantés : mais avant que de prononcer un arrest de condamnation contre eux, l’ordre de la justice demande que nous informions du fait à charge & à décharge, & que nous examinions au poids du sanctuaire, si les plaintes qu’on fait contre la comedie sont legitimes, & si les crimes dont on l’accuse sont veritables. Or je remarque que ceux qui se sont declarés ouvertement ses parties, pretendent qu’elle est coupable de trois grands crimes Division. […] L’on peut dire aussi que celuy qui assiste à la comedie, commet une espece d’idolatrie, parce qu’il se rend coupable par sa presence de toutes les profanations qu’on y fait du Christianisme & de la Religion. […] , comme un soldat est censé deserteur de milice, perfide à l’état, & traître à son Prince, qui passe dans le camp des ennemis, aprés avoir quitté son baudrier & ses armes, aprés avoir abandonné son drapeau & son étendart, & aprés avoit violé le serment de fidelité qu’il avoit prêté à son Capitaine ; de même le Chrétien est coupable d’une pareille trahison qui va à la comedie : car si l’Eglise est semblable à une armée rangée en bataille, ut castrorum acies ordinataCantic. 6. […] Enfin l’innocence de vos mœurs y est corrompuë par vos pechez, ou par ceux d’autruy, puisque vous étes aussi coupables des crimes que vous faites commettre aux autres, que de ceux que vous commettez vous-même.

95. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Les regards, les ris immodérés, les paroles à double sens, les querelles, les desirs de convoitise, les chansons malhonnêtes, & les libertés criminelles qu’on y prend, rendent presque toujours coupables ceux qui s’y rencontrent. […] Ils ont beau dire qu’ils ne prétendent pas consentir au péché de ceux qui s’en servent, ils ne laissent pas d’être coupables : car s’il n’y avoit point d’artisans qui fissent & vendissent des masques, on n’en verroit pas tant dans les rues & dans les bals, au grand scandale des gens de bien.

96. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Vous louez, vous admirez cette danseuse ; vous êtes plus coupable qu’elle. […] Pourquoi donc faites-vous monter sur le théatre, pourquoi honorez-vous, pourquoi comblez-vous de présens de misérables débauchés, coupables d’un scandale & d’une séduction que vous châtiez ailleurs ?

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