On répéte ce propos usé, « que Molière a plus corrigé de défauts à la cour, lui seul, que tous les prédicateurs ensemble ».
Il est étonnant que les Auteurs Italiens ne veulent pas se corriger, & rendre leurs Drames un peu moins monstrueux.
Le Theâtre a porté bien des gens à se corriger de leurs defaux. […] Il ne peut souffrir qu’on le joüe, & qu’on le fasse passer pour sot ; il aime mieux se corriger de sa sottise, & en quitant le ridicule du vice, il en quite ce qu’il y a de malin, il le quite tout entier. […] Quãd vn enfant abuse de quelques petites libertez que son pere luy soûfre, il les luy retranche toutes pour vn temps : mais l’enfant se corrige, & le pere relasche quelque chose de sa seuere defence. […] I’ay creu deuoir cette petite remarque à la grande veneration que j’ay toûjours eüe pour Messieurs de l’Academie Françoise, & a la reconnoissance que ie leur dois, pour m’auoir fourny dans leurs ouurages de quoy me corriger de mille fautes où tombent necessairement ceux qui passent toute leur vie hors du Royaume. […] Il a sceu l’art de plaire, qui est le grand art, & il a chastié auec tant d’esprit & le vice & l’ignorance, que bien des gens se sont corrigez à la representation de ses ouurages pleins de gayeté ; ce qu’ils n’auroient pas fait ailleurs à vne exhortation rude & serieuse.
La seconde fut la paresse des Poëtes, défaut de ces Poëtes même si étonnants par leur fécondité, des Lopes de Vega, des Hardis, parce que quand un Poëte a fait une Piéce, il lui est bien plus aisé d’en faire une autre, que de corriger celle qui est déja faite.
La critique que j'entreprends aujourd'hui n'est pas de cette nature, elle laisse à la Poétique toute sa juridiction, mais aussi elle lui est beaucoup supérieure, elle a droit de corriger ce qui est même selon les lois les plus étroites, et les plus sévères de cet art.
Leur conviendrait-il d’être moins vertueux que ceux qu’ils corrigent, et n’aurait-on pas droit de leur dire avec Jésus-Christ, « Medice, cura te ipsum », et avec S.
Véritablement quelques personnes s’étaient avisées de dire que Molière avait plus corrigé de défauts à la Cour et à la Ville lui seul, que tous les Prédicateurs ensemble : mais comme a dit fort judicieusement l’Auteur de la République des Lettres Avril. 1684. p. 201.
[NDE] Nous corrigeons l’édition originale qui propose « quelques vertueux qu’ils fussent » à la suite de Racine.
C’est se moquer étrangement que de soutenir qu’il est nécessaire, pour se délasser et se distraire, d’assister à un spectacle de trois heures et de se remplir l’esprit d’extravagances ; ceux qui sentent de semblables besoins doivent considérer cette disposition, non comme l’effet d’une faiblesse naturelle, mais comme un vice de l’habitude, qu’il est instant de corriger en y appliquant le remède d’une occupation sérieuse.
La Comédie, à parler régulièrement, est un Poème Dramatique qui représente une action commune et plaisante, dont la fin est gaie, qui d’une manière ingénieuse, corrige les défauts des hommes ; et divertit par la peinture naïve qu’elle fait de leurs différents caractères.
Quand Molière corrigea la Scène comique, il attaqua des modes, des ridicules ; mais il ne choqua pas pour cela le goût du public8, il le suivit ou le développa, comme fit aussi Corneille de son côté. […] Que si l’on veut les corriger par leur charge, on quitte la vraisemblance et la nature, et le tableau ne fait plus d’effet. […] Ils sont condamnés par tout le monde17 ; et il serait d’autant moins juste d’imputer à Molière les erreurs de ses modèles et de son siècle qu’il s’en est corrigé lui-même. […] Il n’a donc point prétendu former un honnête homme, mais un homme du monde ; par conséquent, il n’a point voulu corriger les vices, mais les ridicules ; et, comme j’ai déjà dit, il a trouvé dans le vice même un instrument très propre à y réussir. […] Or par une suite de son inutilité même, le Théâtre, qui ne peut rien pour corriger les mœurs, peut beaucoup pour les altérer.
& si en conscience, on ne peut assister aux piéces de nos Théatres, lorsqu’elles sont gazées, pourra-t-on en être Spectateur innocent, quand elles ne seront pas corrigées ? […] Telle est celle des Docteurs de Sorbonne, consultés sur cet article : « A l’égard de ceux qui coöpérent à la Comédie… ou qui y assistent de leur plein gré, on doit leur refuser l’absolution, s’ils ne veulent pas se corriger, & changer de conduite, après avoir été suffisamment avertis.
L’abus des choses ne les rend pas criminelles ; corrigez les abus, soit : mais sans proscrire les bonnes choses dont on abuse. […] , p. 144 : « […] et Sparte, qui ne souffrait point de Théâtre, n’avait garde d’honorer ceux qui s’y montrent. » Dans une note de l’édition de 1782, Rousseau corrige cette assertion sur la foi d’une lettre envoyée par Leroy.