Il est le premier, et il n’en faut pas douter, à condamner le zèle indiscret et fanatique de certains prêtres séculiers et réguliers qui, plus ultramontains que les papes eux-mêmes, soutiennent avec tant d’orgueil et d’acharnement, que le père spirituel de la chrétienté, est sur terre au-dessus de tous les gouvernements, et qu’il peut disposer du trône et de la vie des souverains. […] Déjà les journaux sont courbés sous la loi de tendance du 17 mars 1822, qui heureusement n’a pas pris naissance sous le règne de Charles X, de ce roi franc et loyal, qui jamais n’aimera les lois inquisitoriales ; mais si une pareille loi, était dirigée contre les auteurs, elle serait terrible contre eux et pourrait un jour servir à condamner tout écrivain, qui déplairait à l’infâme société de Loyola. […] La secte de saint Ignace, obtiendrait enfin un triomphe complet en imposant silence à ses adversaires, elle serait toujours sûre de les faire condamner, lors même qu’elle aurait jugé à propos de les accuser d’avoir voulu voler les tours de Notre-Dame, comme le disait un célèbre jurisconsulteq.
Platon condamne toute Poësie qui excite les Passions.
Ceux qui apprennent la danse, au moins pour les jeunes hommes, et pour les jeunes filles, et qui trouvent mauvais qu’on les condamne, disent que le bal donne souvent occasion à beaucoup de mariages, qui ne se contracteraient jamais autrement, d’où ils voudraient conclure que ces assemblées, non seulement ne sont pas mauvaises et illicites ; mais qu’elles sont même quelques fois utiles.
Je ne veux donc point condamner cette pratique nouvelle par la simplicité de l’ancien chant, ni même par la gravité de celui qui fait encore le fond du service divin : je me plains qu’on ait si fort oublié ces saintes délicatesses des Pères, et que l’on pousse si loin les délices de la musique, que loin de les craindre dans les cantiques de Sion, on cherche à se délecter de celles dont Babylone anime les siens.
Quand on a quelques Ecrits à se reprocher, il faut s’exécuter sans réserve, dès que le remords les condamne : il seroit trop dangereux d’attendre ; il seroit trop incertain de compter que ces Ecrits seront brûlés au flambeau qui doit éclairer notre agonie. […] Si quelqu’un de ceux qui veulent bien s’intéresser à moi, est tenté de condamner le parti que j’ai pris de ne plus paroître dans cette carrière, qu’avant de me désapprouver il accorde un regard aux principes qui m’ont déterminé.
Il n’est pas besoin d’expliquer en détail les erreurs contenues dans les trois Chapitres ; c’est assez que l’Eglise en condamne la doctrine, comme elle l’a fait au second Concile de Constantinople ; & quelle que soit la forme de ses décisions, de quelque maniere elle les prononce, étant assemblée ou dispersée, il faut y adhérer sans examen & sans reserve, parce qu’elle est dans tous les temps, la colonne de la vérité, que le Seigneur a promis son assistance jusqu’à la consommation des siécles, pour empêcher que les portes de l’enfer ne prévalent contre elle. […] Aussi est-elle condamnée dans l’ancienne Loi : vous ne prêterez pas3 votre argent à usure, & vous n’exigerez pas une plus grande quantité de fruits que vous n’en aurez prêtés ; elle est défendue dans l’Evangile : prêtez sans esperer aucun intérêt4.
Deux sentimens opposés ; celui de Platon qui condamne toute Poësie qui excite les Passions, & celui d’Aristote qui veut au contraire que les Poëtes excitent, le plus qu’il est possible, la Crainte & la Pitié, les deux Passions, selon lui, essentielles à la Tragédie.
Et il faut remarquer que ces Docteurs n’ont pas été les premiers à condamner cette coutume de danser.
Il dit ici pour la louer qu’elle est si pure et si régulière, « qu’il n’y aurait pas moins d’imprudence, que de folie de la condamner, à cause que les Cardinaux, les Evêques, et les Abbés y vont ». […] Monseigneur l’Archevêque de Paris, bien loin d’approuver la Comédie, la condamne hautement dans son Rituel, en défendant d’administrer le sacrement de l’Eucharistie aux Comédiens dans leurs maladies, et pour Viatique. […] Il la fait condamner tous les Dimanches par autant de bouches, qu’il a de Curés dans son Diocèse. […] la rétractation publique qu’il l’a obligé d’en faire, n’est-elle pas une preuve visible, que bien loin de tolérer cet abus, il le condamne autant qu’il est en lui. […] condamner les Comédiens, à cause que les mauvaises paroles qu’on y entend par hasard, et que les actions et gestes peu honnêtes qu’on y voit, peuvent quelquefois donner de mauvaises pensées, et émouvoir les passions ?
Bossuet, ennemi déclaré de la comédie ; dédicace aussi maladroite que la piéce est déraisonnable, il ose lui dire, les Prélats qui condamnent la comédie ont des mœurs déréglées, elle doit donc être soufferte, les bons l’approuvent, c’est le goût du peuple, il en est infatué, (c’est une insulte à M. […] Bossuet, de Harlai, de Fenelon, Languet, tout l’Episcopat l’a toujours condamné. […] Il est ridicule d’avancer que ceux qui ont de mauvaises mœurs, condamnent la comédie ; & ceux qui ont de la vertu l’approuvent. […] Et ceux qui vivent mal, qui aiment les spectacles ; les condamnent contre leur intérêt & leur idée, & débitent la morale sévere qu’ils ne pratiquent pas, & qui les condamneroient par leur propre bouche ! […] Les mauvais condamnent la comédie, & vivent mal ; vivez donc bien, & n’allez pas à la comédie ; les bons l’approuvent, & vivent, bien, allez-y & vivez mal.
M. de Tourreil dans la Préface des Philippiques, décrivant les mœurs des Lacédémoniens, dit : Les plaisirs du theatre n’avoient point de privilege chez eux, au contraire une raison capitale les avoit rigoureusement proscrits ; on ne représentoit ni comédie ni tragédie, afin de n’accoutumer jamais les yeux ni les oreilles à voir l’image, à entendre les noms de ce que la loi condamne, ni l’apologie des passions & des crimes. […] Un Auteur dramatique ressemble à celui qui parcourroit la vie des Courtisannes ou l’histoire des voleurs, & ramasseroit quelque bonne parole, quelque trait de vertu qu’il trouveroit épars dans ce bourbier, à peu près comme une poule va bequetant, & ramassant les grains qu’elle trouve dans le fumier, & de ce recueil concluroit que la société de ces voleurs & de ces courtisannes est utile, un très-bon sermon, & qu’on a tort de les condamner. […] Ce raisonnement s’applique aussi facilement aux gens de bien ; ils font des fautes sans doute, ils pensent quelquefois imprudemment, nul n’est parfait sur la terre ; faut-il pour cela les éviter, les condamner, les tourner en ridicule ? […] Mais Thalie souille tout ce qu’elle touche, elle répand la corruption dont elle est pleine, presque sur tout ce qui est fait pour la condamner. […] Peut-on penser qu’une fille de bon sens insulte son Juge, lui oppose un rival aimé, lui fasse des aveux déshonorans qui doivent la faire condamner, & que ce soit la fille la plus sage, la plus modeste, distinguée par sa sagesse & sa vertu ?
Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré : et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole, puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme il ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando.
Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu, ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré ; et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole; puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme Dieu ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando.