De même que quand le Comédien Théodore joue, ce n’est par Théodore qu’on croit entendre, mais le Personnage qu’il imite ; le Poëte pour cacher son artifice, ne doit employer que les mots qui sont le plus en usage. […] Qu’on se rappelle qu’il entra dans la carierre, dans un tems où l’on n’étoit point choqué de voir le Sujet d’Œdippe orné d’une Episode amoureuse, dans un tems où la Galanterie regnoit dans la brillante Cour d’un jeune Roi, dans un tems où les Tragédies de Quinaut faisoient la fortune des Comédiens. L’Astrate tant vantée dans le Journal des Savans 1665, fut jouée pendant trois mois avec un concours si grand, que les Comédiens mirent les places au double : ce qui étoit nouveau.
Quoique l’Hôtel de Bourgogne n’ait été donné aux Comédiens que pour représenter des Histoires saintes, je ne crois pas que ces Messieurs voulussent reprendre aujourd’hui leur ancienne coutume, ils se sont trop bien trouvés des sujets profanes pour les quitter. […] Mais il me semble que je vous ai ouï dire autrefois que c’était abuser de la sainteté de notre Religion que de représenter l’Histoire des Saints sur un Théâtre profane ; et il me semble encore que vous approuviez l’Edit que l’on fit le siècle passé, pour défendre aux Comédiens de représenter la Passion de Notre Seigneur, et d’autres sujets semblablesac. […] On eut raison de faire cette défense, à cause de la manière indigne dont les Comédiens représentaient les plus augustes de nos Mystères ; et je suis toujours dans le même sentiment pour ce qui est de la représentation de ces choses où le Poète ne saurait, sans sacrilège, ajouter aucuns embellissements ou aucune fable. […] Quoi, si les Comédiens mettaient l’Hiver prochain dans leurs affiches : « Nous vous donnerons le Martyre de saint Eustache », vous croiriez qu’on irait à la Comédie ; le seul nom de saint Eustache serait capable de rebuter tout le monde. […] Les Auteurs vous diront aussitôt, qu’il est impossible de faire réussir une Tragédie sans femmes, parce qu’entre les Comédiens les femmes sont celles qui déclament le mieux.
Que les choses ont changé de face depuis l’établissement de la Salle des Comédiens Mirmidons ! […] Je crois que la conduite souvent peut régulière des Comédiens, & principalement des Comédiennes, est un des plus grands reproches que les détracteurs & les ennemis du Théatre puissent lui faire. […] Tâchons, & rien n’est plus facile, en les piquant d’honneur en les encourageant, en les récompensant, & même en les punissant, des donnes des mœurs aux Comédiens & aux Comédiennes ; alors nous aurons purgé le Théatre, au gré des Rigoristes, du plus grand tort qu’ils lui imputent. […] Les Comédiens de Bois, (plût au Ciel ! […] Il est constant que depuis le funeste établissement des petits Comédiens, les mœurs des Habitans de tous ces endroits ont terriblement dégénéré de leur ancienne simplicité.
f , Il nous suffira de dire que ce terme étant dérivé d’un verbe Grec, qui signifie voir ou regarder, emporte entre nous, selon l’usage commun, tous les lieux généralement où on s’assemble pour voir des Bateleurs, et Comédiens, qui montent sur l’échafaud. […] Que si en l’information de la vie et mœurs de quelqu’un, qui se présenterait pour un Office, il était porté que c’aurait été un Triacleurbo, et qu’il aurait suivi les Comédiens, nous ne croyons pas qu’il fût admis à sa charge. […] C’est une absurdité entre les plus grandes, de croire que quelqu’un deviendra plus chaste ou plus tempérant, pource qu’un Comédien l’y aura exhorté, lui qu’il voit est dissolu, et d’une vie abandonnée. […] 5. d’une composition sur quelque belle histoire, diligemment examinée par un Colloque, à toutes les pièces qu’il prendra fantaisie aux Comédiens de jouer, qui pour la plupart sont des fictions, dont le thème est un amour sale, et dont la représentation préjudicie à la Société ? […] Vincent sait bien que Richelieu défend activement le théâtre et que Louis XIII a fait le 16 avril 1641 sa célèbre « Déclaration sur la profession des comédiens qui leur défend les paroles lascives et déshonnêtes » qui, sous couvert de censurer les comédiens, affirme la légitimité intrinsèque du théâtre.
Puisque le plan que je me propose, me conduira à parler successivement de tous les Poèmes joués actuellement sur nos Théâtres, & à faire remarquer ce qui les concerne séparément ou en général ; puisque, dis-je, mon dèssein est de ne rien passer sous silence qui intéresse vraiment le Poète, le Comédien, & les amateurs du Théâtre, je n’aurai garde d’oublier ce qui a rapport à la Musique.
Tu le vois, c’est une Comédienne, qui, dans mon cœur, marche l’égale de mon ép… de la vertueuse, de la tendre Ursule… Ce n’est pas tout, mon ami, de l’avoir admirée, d’avoir applaudi à ses talens, & de m’être soumis à ses attraits ; je n’ai pu m’empêcher de chercher à l’approcher ; je l’ai vue ; j’ai su l’attendrir ; moi !
La Parade subsistait encore sur le Théâtre Français du temps de la minorité de Louis le Grand ; & lorsque Scarron, dans son Roman-comique, fait le portrait du vieux Comédien La Rancune, & de mademoiselle de La Caverne, il donne une idée du jeu ridicule des Acteurs, & du ton platement bouffon de la plupart des petites Pièces de ce temps.
D'applaudir aux Comédiens, de les approuver, et de contribuer à les entretenir dans leur profession.
Quelle indignité, de mettre le théâtre en parallèle avec l’Evangile, et de comparer la parole d’un Comédien avec celle de Dieu !
Les Comédiens accoûtumés à donner des loix aux auteurs, font plus : ils en prescrivent à l’art lui-même. […] Les Comédiens ont leurs principes comme le Drame.
Les cirques, les amphithéatres, étoient des écoles, des exercices de futeur ; l’enchantement des Syrènes introduit la volupté dans les cœurs, la fait régner dans l’univers ; elle inspire les Poëtes dramatiques, & rend le métier de Comédien infame. […] Point d’examen de conscience on le spectacle ne soit compris, point de Confesseur qui en donne l’absolution ; c’est participer à l’excommunication des Comédiens, les entretenir dans leur révolte, payer leurs scandales, y entraîner par votre exemple, répondre des péchés qu’on y commet.
Ce que le Comédien doit observer en quittant la Scène. […] Je me crois obligé d’avertir les Comédiens de Province, de prendre garde à ne pas sortir du même côté que doit entrer un autre Acteur.
Il n’y a presque point de comédie où quelqu’un ne soit joué, & dont on n’eût pû faire des clefs satyriques ; les Précieuses ridicules sont la satyre de l’hôtel de Rambouillet ; les Femmes savantes, de Cotin, Ménage ; George Dandin, d’un bourgeois de ce nom ; le Tartuffe, de M. de Lamoignon ; le Misanthrope, de M. le Duc de Montauzier ; Pourceaugnac, d’un Limosin de ce nom ; le Philosophe, du Bourgeois Gentilhomme, Rosaut, dont il emprunta le chapeau pour le jouer mieux ; l’In-promptu de Versailles joue les Comédiens & Boursault ; la Critique de l’École des Femmes tous les censeurs ; les Facheux toute la Cour ; le Mercure a été joué par Boursault, ce qui lui fit faire un proces ; les Folies amoureuses de Regnard, le Rendez-vous de Baron, le Pédant de Bergerac, &c. […] Les Comédiens sont des maîtres en fait d’armes : le théatre est une salle d’armes, où s’exerçant sur des personnages fabuleux, comme avec le fleuret, on enseigne à donner des coups mortels à des personnages véritables. […] Je l’avoue en gémissant, aucune nation n’a fourni tant de Comédiens & de si habiles, tant de spectateurs & de lecteurs, & de si éclairés ; j’en rougis pour ma patrie, aucune n’a imaginé tant de genres de décoration, de machines, de spectacles, aucune n’enfante tant de musiciens, instrumens, danseurs, sauteurs, machinistes, tabarins, &c.