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56. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

J’ai la témérité d’attaquer un Atlhéte dans ses retranchemens : je le fais néanmoins avec d’autant plus de confiance, que j’ai cherché la loi en question ; je l’ai lue, & dans les termes qui l’expriment, je n’ai rien trouvé qui favorise son opinion touchant la Comédie Françoise. […] « Le luxe qui cherchoit par-tout des divertissemens, appella du fond de l’Italie une bande de Comédiens dont les piéces toutes d’intrigues, d’amourettes & d’inventions agréables, pour exciter & chatouiller les douces passions, étoient de pernicieuses leçons d’impudicite.

57. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

malheur à vous qui cherchez les plaisirs de ce monde ! […] cela est-il d’une ame qui cherche Dieu, qui travaille pour le Ciel, qui amasse des trésors pour l’éternité ? […] Vous sçavez ce que sont devenues certaines promenades, et ce qu’elles deviennent tous les jours ; vous sçavez ce qui les fait préférer à d’autres, et ce qu’on y va chercher. […] Car en premier lieu, si tout divertissement du monde a l’un de ces trois caracteres que j’ai marqués, ou d’être criminel en lui-même, ou d’être excessif dans son étendue, ou d’être scandaleux dans ses effets, il n’y a point dans le monde de divertissement que vous ne deviez avoir en horreur, bien-loin de le chercher et de vous le procurer : pourquoi ? […] L’Apôtre Saint Paul souhaitoit que les fideles fussent comblés de toute sorte de joie ; et le même souhait qu’il faisoit pour ses disciples, je le fais ici pour vous-mêmes : Je vous dis comme ce Docteur des nations, réjouissez-vous, mes Freres, et réjouissez-vous sans cesse : mais quelle doit être votre joie, cette joie intérieure et spirituelle dont Dieu remplit une ame qui le cherche en vérité, et qui ne cherche que lui, qui n’aspire que vers lui, qui ne veut se reposer qu’en lui, cette joie divine qui est au dessus de tous les sens, et que l’homme terrestre et charnel ne peut comprendre.

58. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Ainsi nous voyons que ceux qui cherchent à s’agrandir dans le monde, ne s’offensent point des injures que leur disent les Philosophes contemplatifs qui prêchent la vie retirée : ils les regardent dans un ordre dont ils ne sont pas, et où l’on juge autrement des choses. […] Mais peut-on nier que cette traduction ne soit un excellent moyen pour conserver la pureté et l’innocence de ceux qui ne cherchant dans cet ouvrage que ce qu’on y doit chercher, qui est d’y prendre une teinture de l’air et du style de cet auteur, et d’y apprendre la pureté de sa langue, se tiennent à ce que la traduction leur explique, et sont détournés de lire le reste où le secours de cette traduction leur manque, par la peine qu’ils auraient à l’entendre ? […] Ils y cherchent l’éclaircissement des contestations. […] On peut souffrir des gens qui trouvent dans « les Pères » tout ce qu’ils veulent, qui « examinent chrétiennement les mœurs et les livres », et qui vont chercher dans « Saint Bernard » et dans « Saint Augustin » des « règles » pour discerner ceux qui sont véritablement sages d’avec ceux qui ne le sont pas ? […] Vous auriez pu chercher quelque autre voie « pour arriver à la gloire » ; et quand vous y aurez bien pensé, vous trouverez sans doute que celle-ci n’est pas la plus aisée ni la plus sûre.

59. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Si l’on m’objectait qu’il est absurde d’imaginer que l’Opéra-Bouffon ait éxisté chez les Anciens, puisqu’on n’en rencontre nulle part aucune trace, & que l’Histoire n’en dit point le moindre mot ; je ne serais pas long-tems à chercher ma réplique, la voici. […] C’est une allusion à un article trop minutieux de l’Encyclopédie, au mot Perruquier, dans lequel on explique la manière de friser, de pomader les cheveux ; mais ce n’est pas le seul article un tant soit peu ridicule qui soit dans cet ouvrage immense, & dont surement la Postérité ne se souciera guères : cherchera-t-elle, par éxemple, à savoir comment il faut frire les artichaux ?

60. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Elles sont donc pires que les idoles des Payens qui n’étoient que de bois & du métail qui ne commettoient aucun crime, & n’étoient point responsables de ceux qu’on commettoit en les adorant, au lieu qu’ici on est coupable ; on fait des coupables, on ne cherche qu’à faire des coupables ; il n’y a donc ni esprit ni sagesse ni vertu : non est spiritus in visceribus ejus. […] Il y avoit dans ses états quelques Nains en petit nombre, venus apparemment des Lapons qui sont à l’extrêmité du côté du Nord, il imagina d’en former un peuple, fit chercher des Nains pour les unir, comme des chevaux dans des haras ; il en eut en effet quelques-uns qui depuis se sont multipliés, ces poupées sont aujourd’hui assez communes dans la Russie. […] Dans le Royaume voisin, dans la Prusse le Prince alors régnant par un goût tout opposé aimoit les Géans, il faisoit chercher de toutes parts & achetoit fort chèrement les hommes les plus grands ; il trouva le moyen de composer ses Gardes & plusieurs Régimens de Goliaths, en sorte que ces deux Royaumes voisins étoient comme l’Isle de Lilliput & l’Isle de Bodin Brac, du Docteur Suifh, l’une pleine de petits hommes, & l’autre de Géans, ce qui faisoit rire toute l’Europe ; leurs successeurs ont d’autres idées, & ne veulent que des hommes ordinaires. […] On est chaque jour paré comme un jour de nôce, aussi chaque jour en effet on forma alliance avec le péché ; le prétexte ordinaire de la parure des filles est de chercher un mari, ainsi plutôt cherche-t-on & ne trouve-t-on que trop le péché en le commettant & le faisant commettre. […] Il est permis de chercher le bien, donc il est permis de chercher le beau (la beauté) ; donc il est permis, louable d’en user, comme si la beauté du corps qui excite la passion, étoit la même chose que le bien de l’ame qui la réprime & évite le danger.

61. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Ils ne faisoient jouer les passions que pour les guérir ; nous ne cherchons qu’à les animer. […] Mais il faut plaire aux spectateurs, qui la plupart ne cherchent & ne goûtent que le vice : nouvelle source de la corruption des spectacles. […] Le Saint le plus durci dans les travaux, le plus aguerri dans les combats, n’ose point s’y exposer, & une vertu naissante, des gens sans vertu, déjà vaincus par les ennemis qu’ils cherchent, s’y soutiendroient ! […] Mais pour ne pas chercher la mort, ses traits blessent-ils moins, le poison épargne-t-il pour cela ceux qui le boivent ? […] Guimenius rejette avec raison une opinion si relâchée, qui même ne sauveroit pas la comédie, puisque celui qui y va volontairement, non-seulement ne fuit pas, mais cherche l’occasion du péché, ce que tout le monde condamne : car qui aime le péril y périra.

62. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Il est vrai qu’on n’accuse plus les Dieux du déréglement de son cœur, & qu’on ne cherche plus à l’authoriser par leur exemple, comme ceux dont S. […] Une révolution surprenante le frappe, il se livre entierement à l’émotion agréable qu’elle excite en lui ; & il en sent tout le plaisir, sans chercher à en corrompre la douceur par des réflexions ameres qui ne serviroient qu’à l’affliger. […] Mais pour suivre ici le progrès de nos pensées, & chercher toujours la raison de la raison même, d’où vient que nous prenons tant de plaisir à admirer, nous qui en trouvons un si grand à mépriser ? […] J’entends encore ce tissu ingénieux, qui forme si adroitement le nœud de la Piece, que le Spectateur cherche avec inquiétude comment le Poëte pourra le dénouer, & qui le dénoue ensuite si heureusement & d’une maniere si convenable au reste de la Tragédie, que le dénouement paroît sortir du nœud même sans que le Poëte ait été obligé de l’aller chercher bien loin, d’emprunter des secours étrangers pour sortir de l’embarras où il s’est mis, & de faire en quelque sorte une seconde Piece pour finir la premiere, comme il est arrivé à Corneille même dans les Horaces. […] C’est donc dans la beauté du sujet même & de toutes ses circonstances, c’est dans la grandeur singuliere de l’événement, dans les caracteres des Héros de la piece, dans leurs sentiments, dans leurs expressions, en un mot, dans ce que le Poëte imite, qu’il faut chercher la principale source du plaisir qu’il fait goûter.

63. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

On y emploie tous les ressorts, toutes les machines et toutes les décorations qui peuvent le plus l’augmenter et l’embellir, afin que le merveilleux qu’on s’attache à y faire briller puisse soutenir les spectateurs dans la douce illusion qu’ils viennent y chercher. […] Et tout cela n’était point l’effet d’un moyen prémédité, c’était celui de la grandeur des sentiments et de l’élévation des idées, qui cherchaient, par des accents proportionnés, à se faire un langage digne d’elles.

64. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

L’instant arrive : la toile se lève : il faut paraître : je m’avance sur la Scène : un profond silence règne jusque dans le Parterre : mes regards concentrés n’osent quitter le tapis : je chancelais ; ma seule timidité sans doute me fit des Partisans : enfin j’ose lever la vue… Ma sœur,… vis-à-vis de moi… dans l’Orquestre, enseveli dans ses pensées… mon époux… je le découvre cet Amant vers lequel toute mon âme cherchait à voler… Un mouvement involontaire m’échappe, & je lève vers le ciel des regards supplians. […] l’on n’en vit jamais de pareille. — C’est la chose la plus naturelle : mille fois on a vu… — En vérité, lorsqu’elle s’exprimait, je croyais vous entendre ; & maintenant que vous parlez, je crois que c’est elle : ce ton intéressant… Pardonnez, Madame, cette attention à vous chercher dans une autre pourrait m’attirer de votre part…  — Ah Monsieur ! me suis-je écriée malgré moi, cherchez-moi toujours, peu m’importe comment — … Je l’ai vu à mes genoux ; je l’ai vu répandre quelques larmes à la dérobée.

65. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Jetez-vous dans le petit nombre de ses défenseurs, commencez à faire les importants, mettez-vous dans la tête que l’on ne parle que de vous, et que l’on vous cherche partout pour vous arrêter, délogez souvent ; changez de nome si vous ne l’avez déjà fait, ou plutôt n’en changez point du tout, vous ne sauriez être moins connus qu’avec le vôtre : surtout louez vos Messieurs, et ne les louez pas avec retenue. […] J’avoue que le Provincial a mieux choisi ses personnages, il les a cherchés dans les Couvents et dans la Sorbonne, il introduit sur la scène tantôt des Jacobins, tantôt des Docteurs, et toujours des Jésuites ; combien de rôles leur fait-il jouer, tantôt il amène un Jésuite bon homme, tantôt un Jésuite méchant, et toujours un Jésuite ridicule. […] Vous voyez bien que je ne cherche pas à faire de longues Lettres, je ne manquerais pas de matière pour grossir celle-ci, je pourrais vous rapporter cent de vos passages, comme vous rapportez presque tous les miens ; mais, ou ils seraient ennuyeux, et je ne veux pas que vous vous ennuyiez vous-mêmes ; ou ils seraient divertissants, et je ne veux pas qu’on me reproche comme à vous, que je ne divertis que par les passages des autres ; je prévois même que je ne vous écrirai pas davantage ; je ne refuse point de lire vos Apologies, ni d’être spectateur de vos disputes, mais je ne veux point y être mêlé.

66. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

On y voit les premières complaisances, d’une beauté qui se terminent en des adultères, en des sacrilèges, en des jalousies enragées ; l’on y déploie tous les artifices de la perfidie, toutes les fureurs du désespoir ; tous les massacres, tous les venins de la cruauté, toutes les horribles cérémonies des démons ; les éléments sortent de leurs places, les furies de l’enfer, les morts des sépulcres, les Dieux de leur trône ; on va chercher les autres mondes pour soutenir les intérêts de cette funeste et malheureuse passion. […] Leur face nous semble déjà bien sévère, la nature n’appréhende que trop leurs difficultés, sans qu’on leur ôte tout ce qui leur reste de crédit, en faisant voir leurs entreprises, et leurs fins toujours malheureuses : déjà les hommes ne sont que trop portés, à l’ambition, à l’ennui, aux vanités, aux colères, aux vengeances, aux injustices qui cherchent leur propre intérêt dans la ruine des autres, et qui pensent bien acquérir tout ce qu’ils peuvent usurper ?

67. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Pouviez-vous trouver mauvais qu’on cherchât à dissiper le prestige qui fascine les yeux du commun des Lecteurs, & à ramener les Lettres à l’objet de leur véritable institution. […] Il faut, à son exemple, & lorsqu’il en est temps encore, oser dire la vérité aux risques d’affliger ceux qui l’entendent, & de passer pour un caractere dur & féroce, ou même pour un esprit contrariant & bizarre qui cherche à se faire un nom par la singularité de ses opinions. […] Fixez le goût du Public sur des objets vraiment intéressans, & tout rentrera dans l’ordre : bientôt nos Ecrivains, jaloux d’occuper l’attention publique, changeront de batterie, & chercheront à se surpasser mutuellement, non plus par la légereté & les graces, du style, mais par la profondeur & la vérité de leurs recherches. […] Si ce nouvel ordre de choses venoit à s’introduire, bientôt on concevroit du dégoût pour les Auteurs qui ne cherchent à se rendre recommandables que par des gentillesses & le coloris ; on leur diroit, avec dédain : Nîl sacri es.

68. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Que cherchent les misérables qui font ce métier ? ils cherchent à vivre, ils vendent leurs talens pour avoir du pain, & se prêtent à tout ce que le libertinage leur demande. […] Des barbares s’étant trouvés un jour au théatre, dirent une parole digne des plus grands Philosophes : Les Romains n’ont-ils point des femmes & des enfans, pour aller chercher ces frivoles & honteuses voluptés ? […] Ne cherchez pas de si vaines excuses.

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