Il faut en convenir, ton galant mari est fait pour l’amour. […] Les Auteurs qui travaillent pour ce Spectacle se contentent de mettre beaucoup de fadeur dans leurs Poèmes : les mots d’amour, d’amant, de flâme, s’y font entendre à chaque rime ; tout doit céder à la tendresse ; tous les cœurs doivent s’enflamer : ces lieux communs feraient aujourd’hui peu d’effet, si les voluptueux Elèves de Terpsychore ne fondaient la glace du Drame. […] L’enthousiasme avec lequel on a suivi le Siége-de-Calais doit les animer : la Pièce n’est pas un chef-d’œuvre ; mais l’amour du Pays y a semé des beautés inconnues, & les Français se sont eux-mêmes prêtés à une illusion flateuse. […] Le beau Chœur de l’Acte de l’Amour & Psyché, ceux de Zoroastre, & peu d’autres, n’ont pas ces défauts. […] Un peuple voluptueux veut de la Musique & des Danses ; un peuple galant veut de l’amour & de la politesse ; un peuple badin veut de la plaisanterie & du ridicule.
Molière fait pis, il a déguisé cette Coquette, et sous le voile de l’hypocrisie, il a caché ses obscénités et ses malices : tantôt il l’habille en religieuse, et la fait sortir d’un Couvent, ce n’est pas pour garder plus étroitement ses vœux : tantôt il la fait paraître en Paysanne, qui fait bonnement la révérence, quand on lui parle d’amour : quelquefois c’est une innocente qui tourne par des équivoques étudiées l’esprit à de sales pensées, et Molière le fidèle Interprète de sa naïveté tâche de faire comprendre par ses postures, que cette pauvre Niaise n’ose exprimer par ses paroles : sa Critique est un Commentaire pire que le Texte, et un supplément de malice à l’ingénuité de son Agnès, et confondant enfin l’hypocrisie avec l’impiété, il a levé le masque à sa fausse dévote, et l’a rendue publiquement impie et sacrilège. […] La sagesse du Roi détournera ces malheurs que l’impiété veut attirer dessus nos têtes, elle affermira les Autels que l’on s’efforce d’abattre ; et l’on verra partout la Religion triompher de ses ennemis sous le Règne de ce Pieux et de cet invincible Monarque, la gloire de son Siècle, l’ornement de son État, l’amour de ses Sujets, la terreur des Impies, les délices de tout le genre Humain, vivat Rex, vivat in æternum.
Qui ne sait pas que de tout temps l’ambition a changé la face des Etats ; que l’amour de l’or à éteint celui de la vertu ; que par-tout où il y a eu des hommes, on a vu régner tour-à-tour le mensonge, la calomnie, la trahison, le luxe, le libertinage, la perfidie, la mauvaise foi, & généralement tous les vices dont le cœur de l’homme est malheureusement la victime ?
La nature avait donné à ces deux hommes le génie & les qualités extérieures ; l’application de l’étude, l’amour de la gloire, leur avaient développé toutes les ressources de l’art.
Ces crimes dont jadis a frémi la Nature Ne souillèrent jamais une Terre si pure : Si quelques Passions y règnent tour à tour, C’est celle de la Gloire, et celle de l’Amour Quitte la ruse Grecque, et la fierté Romaine, Choisis quelque grand Nom sur les bords de la Seine.
D’ailleurs,La Demoiselle en question était déjà mariée sans que son père le sût, il lui destinait un autre que celui qu’elle avait, pour époux : et Bulle prétend qu’elle doit prendre un second mari pour l’amour de la paix. […] Cette Prêtresse retire chez elle deux femmes sauvées d’un naufrage et reçoit de grands éloges au sujet de son amour pour l’hospitalité. […] La Demoiselle en question était déjà mariée sans que son père le sût, il lui destinait un autre que celui qu’elle avait, pour époux : et Bulle prétend qu’elle doit prendre un second mari pour l’amour de la paix.
Le premier est de s’étendre au point qu’ils font, sur l’amour. […] Ce penchant à se retrouver au dehors tel qu’on s’aime en soi-même donne du prix à des ouvrages dont l’amour est le but principal, et engage à les venir entendre. Alors ces représentations de l’amour agitent et mettent en action les esprits ; parce que cette passion trouve au dedans de nous un parti, pour ainsi dire, tout formé en sa faveur. […] Voilà comment le Théâtre répand la contagion : on y rappelle dans les cœurs d’infâmes amours, ou même on les y excite en ceux où elles n’étaient point. […] Les règles de la bienséance en général, les lois étroites de la modestie affectée à leur sexe, et l’amour de leur honneur, ne sont-ce pas de fortes raisons pour les éloigner de nos spectacles ?
Les ouvrages d’Eschyle, de Sophocle, & d’Euripide avoient repandu l’amour de la Tragédie dans l’Orient aussi-bien qu’en Sicile, où Denys avoit fait élever un Théâtre ; cependant la véritable Tragédie morte avec ces trois Poëtes, ne ressuscita point. […] Athenes, quoique prise par Demétrius, & traitée si inhumainement par Sylla, reduite presque en une solitude, conserva toujours l’amour des Vers, des Danses, de la Musique, & des Disputes philosophiques.
On sort du spectacle, le cœur si rempli des douceurs de l’amour ; & l’esprit si persuadé de son innocence ; qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vûs si bien représentés sur le Théatre.
Sur-tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passion si naturelle, si commune, si violente ; quel désordre ne cause-t-elle pas, lorsqu’armée des attraits & de la parure des actrices, de la licence des discours & des gestes, d’une danse voluptueuse, des chants efféminés d’une société libertine, elle livrera les plus dangereux assauts ?
Ainsi l’amour du monde, & des creatures se glisse imperceptiblement dans le cœur de ceux qui se trouvent à un bal.
Il a le contentement d’y considerer les tableaux de ses inclinations, les images des desirs, de l’amour, de la joye, de la haine, & des autres passions : les applications de tous ces mouvemens à des sujets differens, un mélange si bien disposé, qu’il laisse de la passion pour le retour des mouvemens que les Acteurs suspendent pour un temps, afin de recréer par la nouveauté de ceux qu’ils font paroistre. […] Ces premieres impressions ne s’effacent que difficilement ; il n’est pas aisé de rompre ces premieres liaisons, ces anciennes amours sont d’ordinaire les plus fortes ; & si les peres & les meres ne doivent pas permettre à leurs enfans de commettre des actions contraires à ce que Dieu leur ordonne, ils sont obligez, à plus forte raison, d’empescher qu’ils n’aillent en des lieux, d’où ils reviendront avec de méchantes inclinations, qui seront des sources perpetuelles de mauvaises actions. […] Mais qui répondra qu’il ne luy soit échappé quelque faute, & qu’il ne se soit laissé aveugler par l’amour des productions de son esprit ? […] Il n’est que trop offensé par ce mépris, & par le peu d’estime qu’elle fait du plaisir, de l’amour, & de la possession de ce divin Espoux.
Des vers de Virgile on a fait un centon nuptial & une vie de J.C. des amours d’Ovide un livre de dévotion ; du Cantique des Cantiques un livre infame. […] Enfin l’Amour d’Aliénor : car il faut toujours payer aux Actrices le tribut de quelque galanterie. […] Les amours d’Harcourt avec une Bourgeoise de Calais, sur lesquels il passe condamnation, ne sont plus qu’une intrigue d’Actrice qui fait la prude & pousse les beaux sentimens. […] double amour, qui la rendoit méprisable, indigne de ses deux prétendus amans, & l’exposoit au dernier supplice.