Que si vous avez tant de passion pour vous divertir, il y a bien d'autres divertissements moins dangereux, et plus agréables que ceux-là.
Cependant il ne faut pas laisser négliger à votre fils les expressions vives agréables, et les tours insinuants qu’on trouve dans les Poètes, et qui peuvent servir à gagner les esprits.
Agréables de nos jours, vous qui lisez par désœuvrement, qui ne connoissez d’autres livres ; que ceux qui traînent sur la cheminée d’un boudoir, qui les prenez comme un écran en attendant le caffé ou les cartes, qui en parcourez deux pages en donnant une gimblette à un petit chien, puis les jugez souverainement en faisant repic, où va tout Laissez là Perse. […] sur la Tragédie ; de voir, de juger, de sentir, de jouir ; l’un satisfait la curiosité, le désir d’apprendre : l’autre la vanité de prononcer souverainement : le troisieme, l’épreuve des sentimens agréables de toute espece : le quatrieme, la volupté par des regards, des pensées, des goûts.
L’art n’est agréable, selon le principe de M. […] L’esprit l’effet du théatre est également par-tout de faire goûter le vice, & mépriser la vertu, & pour celà, de faire un jeu de l’un & de l’autre, d’affoiblir les idées qu’en donne la Réligion, d’en donner des idées fausses, pour rendre le vice agréable, & le faire aimer, excusable, & le faire pardonner, la vertu austere, & la faire craindre, ridicule, & la faire mépriser, & lui substituer des vertus prétendues, qui ne sont que des vices déguisés.
Socrate avec son ironie continuelle donnoit dans le persifflage, Diogene persiffloit continuellement les Atheniens, nos agréables des deux sexes sont de vrais persiffleurs, & persiffleuses, la plûpart de leurs conversations sont des persifflages ; c’est un Cinisme un peu mitigé par l’urbanité française, mais très dangéreux pour les mœurs, & pour l’esprit, qu’il tourne à la frivolité ; ce qui est très contraire à la réligion, à la vertu aux sciences, aux belles-lettres. […] Plusieurs d’entr’elles s’y sont trouvées personnellement intéressées, d’après plusieurs vers malheureusement trop agréables, elles se sont imaginées que l’auteur en leur attribuant le desir de plaire toute leur vie, leur a interdit la beauté à trante ans, elles lui auroient pardonné beaucoup de défauts ; elles ne peuvent lui pardonner cette erreur.
Le style en est aisé, coulant, vif & agréable, à quelque terme près qui a vieilli, ou qui sent le terroir. […] Il est vrai qu’il faut un peu masquer son extérieur, & paroitre tout autre que l’on est ; mais c’est au masqué que nous devons le respect avec lequel on nous reçoit ; c’est lui qui endort les maris jaloux, & nous rend agréables aux femmes qui ne sont visibles que pour nous, par la confiance aveugle que l’on a pour notre habit.
Cette scene pourroit être trés-instructive, & devroit l’être dans l’esprit même de la fête, qui donne la Rosiere pour un modelle de vertu, Cette folle plaisante le Bailli, se moque de lui, déclare sans façon qu’elle aime Colin, que Colin seul lui rend agréable la clarté de la lune , car tout se passe au clair de la lune. […] Il ajoute très-sensément : Le style du Poëte seroit en général agréable, si la frivolité ne s’y faisoit trop sentir.
Théodoric le félicite sur la victoire qu’il venoit de remporter près de Tolbiac, en 496 ; & il ajoute : Nous vous avons envoyé un Joueur d’instrumens, habile dans son art, qui joignant l’expression du visage à l’harmonie de la voix & aux sons de l’instrument, peut vous amuser ; & nous croyons qu’il vous sera d’autant plus agréable que vous avez souhaité qu’il vous fût envoyé. […] Chez eux, comme dans presque tous nos Poëtes comiques, le libertin est plaisant, enjoué & d’agréable humeur. […] Mais, en récompense, on y trouve une simplicité ingénue, une naïveté qui fait rire sans paroître trop ridicule, & quelquefois des traits de goût imprévus & assez agréables.
On ne croit pas voir sur le théatre un Cyd, un Alexandre véritable ; on sait que ce n’est qu’un vil Acteur, dont la majesté s’évanouit dans les coulisses ; on ne croit pas les hauts faits des Amadis & des Rolands, les hypogriffes de l’Arioste, les prouesses de Fierabras & des Chevaliers de la table ronde, & de cent autres dont le Curé & le Bachelier de Don Quichotte font une si juste & si agréable critique.
Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur.
« C’est par là que Molière illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer les figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. » M’écouterait-on, si je représentais que l’esprit d’irréligion, si funeste à tout le monde, et si commun au théâtre, se répand plus facilement dans le peuple, moins en garde contre la séduction, moins en état d’en repousser les traits et d’en démêler les pièges, lui dont la piété moins éclairée et plus simple confond aisément les objets, tient beaucoup plus à l’extérieur, et par conséquent peut être ébranlée à la moindre secousse, surtout quand on lui arraché les appuis nécessaires de l’instruction et des exercices de religion, en substituant le spectacle aux offices, et lui faisant oublier dans ses bouffonneries le peu qu’il sait de catéchisme, qu’on l’éblouit par le faste du spectacle, qu’on l’amollit par les attraits des Actrices, qu’on le dissipe par la science du langage ?
Ce que ce saint Docteur a dit contre les spectacles est infini, & son zele a esté si agréable à Dieu, qu’il a esté récompensé de la Couronne du martyre. […] Les uns faisoient ces sortes de représentations, parce qu’ils les croyoient agréables à leurs Dieux ; & les autres les font, quoyqu’ils sçachent que leur Dieu en est offensé.
En effet, les parties fines, le soupers délicieux sont bien plus agréables au flambeau ; les beautés y sont plus piquantes, on s’y livre plus à son aise à tous ses désirs, & on trouve moins de résistance ; on est plus à couvert des témoins & des reproches ; &, en cas de surprise, il est aisé de se dérober & de tendre des piéges. […] La décoration fait le mérite & le démérite, rend agréable ou désagréable, en impose ou décrédite.